La Croix ST ADON ET ZENON de MACLAS

Ou le Livre de la Chronique Universelle




Par Michel BARBOT


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Sise sur les contreforts du Pilat la commune de Maclas présente de nombreuses croix dont la plus curieuse est sans conteste l’énigmatique croix de ST ADON ET ZENON. Pierre Dumas dans le N° 35 de la revue le Maclaire, se penche sur « Les croix de Maclas ». Au sujet de l’énigmatique croix il écrit :

 « La croix de saint-Adon située à la sortie sud-ouest du Bourg, sur la droite, route de Saint Julien, est sans doute une des plus anciennes, tout en granit local. Le socle est en pierres assez grossièrement taillées ; le fût de la croix composé de trois pièces, porte à la base l'inscription : ‘’ St-Adon et Zénon ‘’. Ce fut de tout temps un lieu de procession à l'Ascension. »

L’auteur conclut son article par une maxime qui conviendrait, ô combien, à l’énigmatique croix de St ADON et ZENON : « Le Temps passe, tâchons de nous souvenir ! »

 

La croix de Maclas

De gauche à droite : Michel BARBOT, Patrick BERLIER, Thierry ROLLAT

Photo Christian LELIÈVRE (août 2008).

 

Dans la plaquette Terre d’histoire – A la découverte du Pilat Rhodanien (Communauté de Communes du Pilat Rhodanien/Office du Tourisme du Pilat Rhodanien), un court mais instructif article nous présente cette croix comme étant : « certainement la plus vieille de Maclas, bien que non datée. » L’auteur anonyme de cet article dresse un résumé de la vie des deux personnages mentionnés sur la croix. La vie de saint Adon apparaît ainsi résumée :

« Adon était de famille noble, probablement des environs de Ferrières. Il avait dû naître vers 800. Pendant son séjour à Lyon, il rédigea son martyrologe, compilation célèbre dont l’influence est encore visible à chaque page de notre martyrologe romain. Il occupera le poste d’évêque de Vienne vers 860. Adon mourut le 16 décembre 875 et fut enseveli dans l’église des Apôtres ou de Saint-Pierre de Vienne. Il sera canonisé entre le Xème et le XVème siècle. »

 

Ce résumé hagiographique de saint Adon, aussi succinct soit-il, apparait tout à fait conforme à ce que le lecteur attend. En ce qui concerne Zénon, il n’en va pas de même ! Pour l’auteur, le Zénon de la croix serait le philosophe Grec. Une telle identification a de quoi surprendre les spécialistes des inscriptions chrétiennes gravées sur les croix de chemin ! Qui plus est, il faut bien le reconnaître, une rencontre Adon/Zénon est historiquement impossible, ces deux personnages vécurent à des époques bien différentes. Dans l’hypothèse d’une rencontre devenue possible dans l’Éternel présent, faudrait-il encore accepter l’idée de la présence sur une croix chrétienne, d’un St ADON bien catholique et d’un ZENON philosophe mais païen.

 

Comme on peut le constater sur la photo présentée plus bas, les lettres St apparaissent bien au-dessus des noms ADON et ZENON et s’appliquent, théoriquement, aux deux personnages. Reconnaître dans le Zénon de la croix, l’un des saints Zénon connus serait somme toute plus logique ? 

 

L’absence des lettres St devant le nom de ZENON serait peut-être la raison pour laquelle les auteurs de la plaquette présentent un Zénon philosophe, historique certes, mais totalement étranger au Christianisme. Le ZENON en question est ainsi présenté dans la plaquette :

« Zenon (495 avant JC) est un philosophe, mathématicien grec, hédoniste, dont les théories mathématiques sont, seulement aujourd’hui, controversées. Il est l’auteur de 4 paradoxes : La Dichotomie, l’Achille, la Flèche et le Stade, tous portant le mouvement et les suites infinies. »

 

Nous verrons plus avant que les paradoxes de Zénon, aussi contestés soit-ils, ne seraient effectivement pas étrangers à l’énigmatique inscription de la croix ainsi gravée :

 

Détail de l’inscription : photo et relevé

 

Un premier regard sur l’inscription nous révèle d’emblée certaines particularités. Il y a bien sûr le D d’ADON dont l’inversion n’est assurément pas anodine. Pas plus anodin, assurément la présence d’un A et un Z, initiales d’ADON et de ZENON. Nous découvrons ainsi l’expression « De A jusqu’à Z » identique aux expressions grecque ou hébraïque « De l’Alpha à l’Oméga » et « De l’Aleph jusqu’au Tav »… soit du Commencement à la Fin : la totalité du Temps, voir de l’Éternité. Il convient pareillement de souligner et de retenir aussi le final en ON du nom des deux personnages.

 

 

Cabale phonétique ou la substitution d’un saint par un autre saint

 

Par quel processus oiselé le concepteur de l’inscription a-t-il pu produire la graphie St ADON ET ZENON ? Notre philosophe grec s’il semble bien avoir, ainsi qu’il sera vu plus avant, sa place dans l’inscription, ne peut aucunement par un simple coup de baguette magique ni-même de burin, accéder à la canonisation ! Le concepteur de l’inscription de la croix, en associant ST ADON à un personnage nommé ZENON, avait le désir de mener le lecteur au-delà de la rime… une rime que nous avions déjà rencontrée en 2007 dans l’article « Le pentagramme de Champailler » (La Grande Affaire). Six années ont passé et voici qu’au travers de l’inscription de la croix de Maclas, cette suite déjà annoncée à l’époque, s’impose plus que jamais ! Bien que cet article ne puisse en être véritablement la suite.

 

Le Zénon bien heureux devant qui va s’effacer le philosophe, pourrait-être saint Zénon ou Zéno évêque de Vérone au IVème siècle. Originaire de Mauritanie, Zénon patron des pêcheurs, se trouva confronté à l’Arianisme. Vivant de la pêche, il est souvent représenté avec sa canne à pêche ou avec son poisson.

 

Le poisson de Zénon devient très parlant dans les Monts du Pilat. Il n’est pas sans nous rappeler le DAG de la Grotte aux Fées du Mont Ministre que j’évoquais notamment dans mon article « Le Poisson Nourriture de Vérité ». Le titre de ce texte pourrait dans une traduction hébraïque se lire : « Dag Zeno Emeth ». En effet, Zeno d’étymologie grecque peut aussi être rapproché de la racine hébraïque Zan dont la signification est « nourriture ».

 

Patrick Berlier dans le tome II de la Société Angélique (éditions Arqa), suivant de près la graphie particulière du DAG de la grotte (le G est en réalité un Gamma grec ressemblant à un L renversé), utilise la rime en L du langage anglé cher à Grasset d’Orcet. Ce décodage lui permet de découvrir une énigmatique « Demeure universelle ». Cette Demeure pourrait semble-t-il répondre, à la Chroniqueuniverselle d’Adon. Nous aurions ainsi la Demeure qui est à l’Espace ce que la Chronique est au Temps.

 

Maclas et ses saints miroir

 

Il est aisé de reconnaître dans la graphie ST ADON ET ZENON une variation phonétique ou cabalistique pensée à partir de cet autre couple de saints, lui bien réel : ST ABDON ET SENNEN (ou ZENNEN). Ce jeu phonétique interroge quant à ses raisons. La croix de Maclas se double ainsi d’une nouvelle (voir ancienne) croix. Cette seconde (ou première) croix nous rappelle que les bienheureux Abdon et Zenon ont toujours fait l’objet d’une vénération dans le Pilat. Ces deux fils de la Perse sont les saints patrons de l’église de Graix. Dans son livre « Notice sur la commune de Trèves », l’abbé J. Chavannes évoque « cette croix de Saint-Abdon, sous laquelle on prétend, sans fondement, que repose le corps d’un officier tué lors de l’un des engagements rapportés plus loin. Cette croix a été érigée à la fin du XVIe siècle, en témoignage de la sincère réconciliation entre deux ennemis. On y va en procession le mercredi des Rogations. »

 

La croix virtuelle (?) de St ABDON ET SENNEN, ou mieux encore ZENNEN, acquiert à présent une nouvelle dimension. L’abbé J. Chavannes nous le confirme : « on y va en procession le mercredi des Rogations ». Ce jour clôture dans le calendrier liturgique le triduum des Rogations. Ce mercredi des Rogations est célébré également l’Office de la Vigile de l’Ascension. Autrement dit, les deux croix marquent dans l’année liturgique deux jours qui se suivent. De ce fait, les participants à la procession du mercredi des Rogations, pouvaient ainsi, dès le lendemain participer à la procession de l’Ascension. Le triduum des Rogations fut introduit dans la vallée du Rhône par saint Mamert évêque de Vienne en 470, afin de mettre fin à une série de calamités naturelles. Cette fête fut établie à toute la Gaule lors du concile d’Orléans en 511.

 

Originaires de Perse, Abdon et Sennen étaient priés pour mettre fin aux calamités naturelles, ainsi n’est-il pas surprenant de les retrouver dans la procession du mercredi des Rogations. Ces deux saints subirent le martyr à Rome au IIIème siècle. Ils furent inhumés au cimetière de Pontien, sur la voie de Porto où subsiste un sarcophage qui a contenu leur corps. En l'an 960, Arnulfe, abbé du monastère de Vallespir ramena dans le barillon rempli d’eau, les restes des deux saints. La région d’Arles-sur-Tech, en Roussillon, théâtre de terribles orages de grêle, était hantée par des créatures féroces, mi-bêtes sauvages, mi-démons, ressemblant à des singes : les simiots. Le saint abbé plaça les reliques dans un ancien sarcophage de l’église d’Arles. Dès lors, les simiots disparurent de la région et les terribles orages cessèrent.

 

La Coronatio de Abdon et Sennen

http://hodiemecum.hautetfort.com/archive/2007/07/30/30-juillet-st-abdon-et-st-sennen-seigneurs-persans-martyrs-a.html

 

Bnx cardinal Schuster dans Liber Sacramentrorum situe la tombe romaine des saints Abdon et Sennen dans le cimetière de Pontien : « Aujourd’hui le Calendrier Philocalien porte cette note stationnale : 177 Kal. Aug. Abdos et Semnes in Pontiani, quod est ad ursum pileatum. » Des auteurs anciens établirent une confusion entre ursum pileatum (l’ours coiffé) et l’ursus galetaus (l’ours casqué). Bien que non loin du cimetière où furent inhumés les deux saints, se trouvait la taverne de l’Ursus Galetaus, l’Ursum pileatum devait son nom au bonnet phrygien, le bonnet des hommes libres.

 

Le pilateum (us), le « bonnet d’affranchi » qui coiffait ursum, apparait dans sa phonétique comme l’une des étymologies avancées du Mont Pilat. L’antique montagne coiffée de son bonnet nuageux devient ainsi semblable à ursum l’ours, dont la piste, parallèle à celle du loup, traverse le territoire du Jarez.

 

 

ADON~ET ou le Shem (Nom) de la croix du Temps et de l’Espace

 

La croix de St ADON ET ZENON nous plonge au cœur même du TEMPS. Les deux mots ADON ET, nous rappellent les noms de familles juives ADONETH et ADONNAY dont la signification est SEIGNEUR ou MAÎTRE, déclinaison de l’hébreu, ADON.

 

Dans l’inscription, au contraire du nom de famille, il convient de dissocier ADON de ET. L’hébreu ET ou ETH signifie « Temps », « époque d’un évènement », « soir », « heure », « destinée ». ADON ET nous entraîne dans les sillons temporels du « Seigneur » ou « Maître du Temps ». Le mot ET a pour racine l’hébreu AD : « Perpétuité », « Pérennité », « Pour toujours », « Continuant dans le futur ». La racine AD se cache dans l’inscription avec la première syllabe du nom ADON. Bien que le « A » de ADON retranscrive le Aleph hébraïque et que, l’initiale du mot AD, « Pérennité », soit un Ayin, il devient intéressent d’envisager, par jeu de mot, une projection AD-ON, soit « La Pérennité du ON ». Le « ON » apparait ici comme une création kabbalistique dont la lecture secrète se déploie au travers du mot « ONEG ».  Ce mot qui signifie « plaisir » entre dans la composition de l’expression « Oneg chabbat ».

 

Cet « ON » figure comme l’une des nombreuses énigmes apparaissant dans le Zohar ou Grand Livre de la Tradition Hébraïque. Dans la section I 26a et b, le mot Oneg, prononcé également Anag, apparait de tradition, composé des lettres initiales des mots « Eden », « Nahar » (fleuve) et « Gan » (jardin). « ON » serait donc à entendre comme l’acronyme des mots « Eden Nahar » : Eden/Fleuve. Cette section zoharique insiste sur le fait que le mot ONEG/ANAG de par les lettres qui le composent, comporte une part obscure : Nega’h : « plaie ». À Israël est promis ONEG – Délice – tandis que les peuples – telle l’Égypte – ayant opprimé Israël, récolteront Nega’h : la « plaie » ou la « peste ». Cet important thème de la Kabbale hébraïque sera développé dans un prochain article consacré au Crêt de l’ARALEZ.

Dans la tradition hébraïque, l’Éden, bien que terrestre, est un lieu situé hors de notre espace. Les eaux du Déluge ne l’ont pas inondé.

 

La lettre D du mot ADON tournée vers la gauche, oriente, dans un premier temps, la recherche vers l’alphabet hébraïque dont les lettres sont dirigées vers la gauche. En hébreu, le D ou Daleth signifie « Porte ». Si l’on retire cette « Porte » de « ADON », on obtient le mot « AON », prononcé « ON » et désignant dans le Livre de la Genèse, la cité égyptienne où vécut Joseph fils de Jacob.

 

Cette lettre inversée, placée en deuxième position du nom semble inviter le chercheur à se concentrer sur la lettre qui la précède, soit l’initiale du nom ADON donc d’étymologie hébraïque. Il conviendrait possiblement d’opérer pareillement avec le nom grec ZENON que l’on peut également entendre comme un mot hébreu. La seconde croix, la croix virtuelle, pourrait, elle aussi répondre à la même règle, applicable au nom hébreu d’ABDON et au nom qui l’accompagne : SENNEN ou ZENNEN. Cette seconde forme du nom, au vu du ZENON, serait celle qu’il conviendrait de retenir.

 

Deux fois deux saints

 

Ces quatre lettres écrivent en hébreu deux noms : EZ (OZ) et AZ.  

- Le premier mot (Ayïn – Zaïn) prononcé EZ signifie « chèvre » et prononcé OZ, « force », « forteresse », «  éclat », « gloire », « majesté ».

- Le second mot (Aleph – Zaïn) signifie « de tout temps », « depuis longtemps ».

Les mots « OZ AZ » pourraient donner l’idée d’une « Forteresse… depuis longtemps » dans les Monts du Pilat ? Sachant que les mots EZ « chèvre » et OZ « forteresse » sont de même étymologie, il serait tentant de les rapprocher du Crêt de la Chèvre. 

 

Les deux mots « OZ AZ » de par les lettres qui les composent, et tenant compte du fait qu’une lettre hébraïque est aussi un nombre, ont une guématrie respective de 77 et de 8, soit une guématrie totale de 85. Le nombre 8 est la valeur de la lettre Heth dont la forme ancienne représente une barrière. Bien que l’hébreu n’ait pas conservé ce mot en ce sens, il se retrouve semble-t-il dans l’akkadien Hêtou : « mur ». Les trois lettres (Heth – Yod – Tav) qui écrivent en hébreu cette lettre lorsque qu’on l’interprète, écrivent de même le mot Hayath dont la signification est le « vivant » et s’applique communément à « l’animal sauvage ». Ce mot qui désigne la VIE, est traduit dans certains versets bibliques par « force », « nourriture », « troupe », « armée », « peuple », « commune » ou « village ».

 

Virya (Georges Lahy) dans son livre L’alphabet hébreu et ses symboles indique que « Le mot hébreu pour huit est ‘’shmonah’’ (…) qui contient la racine ‘’shémén’’ (…), l’huile et plus particulièrement l’huile d’onction. » Comment ne pas se rappeler ici de la signification royale donnée au Crêt de la Perdrix… En ce qui concerne le nombre 77 et plus précisément le mot « chèvre » qu’il nombre, Virya dans son livre Abécédaire du Langage des Animaux note « La chèvre est très respectée dans les mythes antiques, en tant que nourricière. » Le thème de la nourriture parait très important dans la présente énigme ainsi que nous le reverrons plus avant.

 

En hébreu le nombre 85 (OZ + AZ / 77 + 8) est connu et reconnu pour être la guématrie de Péh : la « bouche », « l’entrée » d’une ville, du Shéol (les Enfers)… mais aussi la « parole », « l’ordre donné ».

 

 

Le Seigneur du Temps et ses fidèles Serviteurs

 

Si ADON~ET signifie « Seigneur du Temps » ou « Maître du Temps », il devient intéressant de s’arrêter une première fois sur les paradoxes temporels du fameux philosophe Grec ZENON. Dans l’article Modernité des paradoxes de Zénon (strangepaths.com/modernite-des-paradoxes-de-zenon/2007/01/16/fr/), Xantos interprète les paradoxes de Zénon. Le paradoxe de la flèche demeure essentiel pour les spécialistes de la mécanique quantique. Ce paradoxe affirme qu’une flèche lancée avec un arc occupe un espace égal à lui même au repos, et lorsqu’elle est en mouvement elle occupe toujours cet espace à chaque instant, la flèche en vol est donc immobile. Ainsi donc la flèche n’atteint jamais la cible… Voici comment Xantos explicite le paradoxe de la flèche :

« Dans le modèle continu classique, la flèche doit assumer une infinité d’états pour parcourir la distance entre deux points. Si une telle séparation infinie entre chaque couple d’événements, modélisée par l’absence de successeur d’un nombre réel, équivaut ou non à leur isolement physique, est une question physique, sur un même plan de raisonnement que les idées sur la ‘’ catastrophe ultraviolette ‘’ qui amenèrent à la mécanique quantique. Si la divisibilité infinie est mathématiquement cohérente, elle n’est pas nécessairement physiquement significative (cf. aussi le paradoxe de Banach-Tarski). Cette image change avec la mécanique quantique puisque, selon le principe de Heisenberg, une particule en mouvement déterminé n’a pas de position déterminée. On peut également noter avec intérêt que Zénon prête son nom à un effet quantique décrit par le théorème de Misra-Sudarshan : si l’on observe continuellement si une ‘’ flèche quantique ‘’ a quitté la région d’espace qu’elle occupe, elle ne quittera effectivement jamais cette région par l’effet de l’observation elle-même.

« Dans un modèle discret (paradoxe de la flèche), l’argument de Zénon est encore plus fort, et il est même reformulé en gravitation quantique à boucles, où le temps est considéré une variable de pure jauge, ce qui implique son inexistence fondamentale.

 

Différents articles du Net montrent la pertinence des paradoxes de Zénon dans la physique quantique mais à supposer que les concepteurs de la croix de Maclas aient maîtrisé quelques notions véhiculées par les paradoxes de Zénon, quelle place auraient ces notions dans l’énigme de cette croix ? Il apparait suivant ces paradoxes qu’entre deux points figure un deuxième mais également une infinité de points… entre deux nombres figurent un autre nombre et une infinité de nombres. L’effet Zénon quantique consiste à répéter des mesures répétées dans des temps très courts. En quoi des sauts quantiques de la lumière – effet Zénon – effectivement expérimentés pas les physiciens quantiques modernes auraient-ils leur place dans l’énigme de la croix de Maclas ? Cette réponse trouvera peut-être sa place lorsque nous aurons bien pénétré le pourquoi des noms présents sur les deux croix et la Dichotomie qu’ils révèlent. Le paradoxe de Zénon est précisément nommé par les physiciens quantiques : Dichotomie. Nous trouvons sur www.matierevolution.fr/spip.php?article354 de très intéressantes réflexions sur « Les paradoxes de Zénon d’Elée » et donc sur la Dichotomie, par Robert Paris et Tiekoura Levi Hamed : 

« DICHOTOMIE : Le mouvement est impossible, car avant d’arriver à destination, ce qui se meut doit d’abord arriver au milieu, et ainsi de suite ad infinitum. • ACHILLE : La tortue plus lente ne peut pas être rattrapée par le plus rapide Achille, car il doit d’abord aller au point où la tortue était, et entretemps elle aura déjà quitté ce point, et ainsi de suite ad infinitum. • LA FLECHE : Une flèche lancée avec un arc occupe un espace égal à lui même au repos, et lorsqu’elle est en mouvement elle occupe toujours cet espace à chaque instant, la flèche en vol est donc immobile. »

 

Il convient à présent de revenir au nom composé ADON~ET : le Seigneur du Temps. Ce titre nous plonge tout à la fois dans le passé, le présent et le futur, période à la fois temporelle et intemporelle durant laquelle les Serviteurs s’opposent, dans un éternel présent, le plus souvent sans qu’ils en aient véritablement conscience, au péril même de leur vie, aux forces ténébreuses œuvrant sur cette terre. La lutte est souvent inégale mais la Justice finira par triompher lorsqu’apparaitra le Messie... C’est pour le moins ce révèlent les traditions.

 

ADON, le Seigneur, ainsi que nous l’avons vu, cache tout en le révélant le nom ABDON. Ce dernier nom d’origine hébraïque vient de ABAD : « Serviteur » et plus justement, de par son final en ON, « Petit Serviteur »… Il s’agit dans ce cas précis, d’un Serviteur de Dieu ainsi que le confirme le nom ABDIAS ou plus précisément OVADIA : le Serviteur de Dieu ; signification que l’on retrouve également dans le nom arabe ABDALLAH. L’ABAD de Dieu, désigne un homme pieux, vertueux. Les Serviteurs de Dieu, ainsi qu’indiqué dans le Dictionnaire Sander et Trenel d’hébreu biblique, sont « Ceux à qui Dieu donne une mission, qui sont ses instruments, principalement les prophètes ».

 

Le nom ABDON dans la présente énigme apparait assurément comme une CLEF. Une clef qui nous renvoie, au-delà du saint originaire de Perse, dans l’Antiquité biblique (Livre des Juges), précisément aux Temps des Juges, avant qu’Israël ait un roi.

 

Le Juge Abdon apparait comme le centre d’un trinôme de Juges dont le nom comporte en son final l’énigmatique « ON ». D’autres Juges, tel Gédéon, très important… affichent pareillement ce final mais seuls trois Juges le possèdent sans discontinuité dans la liste. Il s’agit d’Èlon ou Èilon, d’Abdon et de Samson.

 

Le premier, Eilon, gouverna Israël pendant 10 ans. Quand il mourut, il fut enterré à Ayalon dans le pays de Zabulon (Juges XII – 11,12). Le nom d’Eilon s’écrit en hébreu comme le nom de la cité d’Ayalon où il reposa. Seuls les points-voyelles permettent de vocaliser différemment ces deux noms. Les commentateurs affirment une identité étymologique entre l’homme et la cité. Ils considèrent comme probable qu’Eilon soit un clan personnifié et n’a jamais eu d’existence historique en tant que Juge. Cette cité d’Ayalon qu’il convient de ne pas confondre avec les autres Ayalon bibliques quant à elles, bien localisées, désignerait « l’endroit du cerf » et le nom d’Eilon, signifierait « chêne ». La racine commune de ces deux mots : Ayil, désigne un « bélier », un « grand homme », un « grand arbre », voire des « poteaux » et des « vestibules », ainsi que la « peau de bélier » utilisée dans le Tabernacle avant que le Temple ne fût édifié. L’association de Eilon – arbre – aux imposantes ramures et de Ayil – cerf – arborant lui aussi ses imposantes ramures, apparait comme une vision de l’Éden. Dans le Christianisme cette image édénique évoque le Christ et rappelle l’ermitage des moines solitaires vivant leur foi dans la forêt. La notion d’arbre évoquée au travers du nom d’Eilon pourrait être présente dans la croix de ST ADON ET ZENON de Maclas.

 

La troisième tête du trinôme est Samson ou Shimshon (le Petit Soleil), célèbre héros biblique qui sa vie durant fut soumis au Naziréat. Le Nazir ou consacré à Dieu se devait d’observer rigoureusement quelques abstinences parmi lesquelles se trouvaient l’interdiction de consommer tout produit de la vigne ainsi que l’obligation de garder ses longs cheveux, symbole de sa consécration et de sa force…

 

La Mythologie française s’est emparée de la figure herculéenne de Samson. Le Juge Samson, soudainement nanti du don ubiquité, apparait dans la Mythologie française sous les traits du Géant Samson pérégrinant sur les vieux chemins de la vieille France. Juché sur son cheval (sa cavale ou cabale…) s’en venant du Pays Lyonnais, il franchit le Rhône pour pénétrer les Monts du Pilat. On montrait sur la commune de Chuyer deux empreinte en creux sur des rochers, nommées « Pied de Samson. » Le pied gauche, toujours visible, est au lieu-dit Bonne-Bouche ; le rocher avec le pied droit a servi de socle à la croix de Pilherbe, il a donc disparu. ILa légende affirme que le géant aurait laissé ces traces en se baissant pour laper l’eau du Rhône.

 

Le « Pied de Samson »

 

Le Samson biblique se retrouve dans la Loire à Saint-Étienne-le-Molard précisément dans l’énigmatique Bâtie d’Urfé. Une huile sur toile de Gerolamo Sicciolante da Sermoneta représente Samson trouvant du miel dans la gueule du lion (XVIe siècle). Cette bâtisse hermétique de la Renaissance semble avoir été un lieu de rencontres des membres de la Société Angélique dans le Forez.

 

Le tableau de Gerolamo Sicciolante rappelle l’énigmatique devise formulée par Samson : « Du mangeur est sorti un aliment, et du fort ( AZ) est sortie la douceur. » Samson avait combattu et vaincu un jeune lion en le déchirant. Il est souvent représenté tel la Force dans les Tarots, écartant la gueule du lion. Lorsque Sanson repassa un temps plus tard non loin du lieu même de son  combat, « il s’écarta afin de voir le cadavre du lion, et il trouva dans le corps un essaim d’abeilles et du miel. » (Traduction du Rabbinat)

 

Samson se rendait aux cérémonies de son mariage et c’est ainsi qu’il proposa aux 30 invités l’énigme. Les invités avaient sept jours – temps des festivités – pour découvrir la solution. N’y parvenant pas ils forcèrent l’épouse du Juge à la leur donner. C’est ainsi qu’au septième jour, ils répondirent à Samson : « Qu’y a-t-il de plus doux que le miel, et de plus fort (AZ) que le lion ? » (Traduction du Rabbinat)

Samson leur répondit : « Si vous n’aviez pas labouré avec ma génisse, vous n’auriez pas deviné mon énigme. » (Traduction du Rabbinat)

 

Nous retrouvons tout d’abord dans cette parabole l’important thème de la nourriture déjà présent dans la lecture hébraïque des noms ZENON et ZENNEN, ainsi que dans l’initiale hébraïque (le Zaïn) de leur nom. Les exégètes reconnaissent dans cet essaim d’abeilles une communauté organisée autour de la divine Parole. L’Ermitage d’Eilon fait ici place à la Communauté de Samson mais la symbolique est la même. Dans cette communauté la Parole divine a élu domicile. En effet, le nom hébreu de l’abeille est Déborah de la racine Davar qui signifie « parler ». Le miel est un symbole de sagesse. Le Livre des Proverbes (16 – 24) indique : « Les paroles agréables sont un rayon de miel. »

 

Dans sa toile de la Bâtie d’Urfé, Gerolamo Sicciolante a peint un Samson récupérant le morceau de miel dans la gueule de Samson. Le rayon de miel devient ici semblable à la langue, organe de la Parole.  Une lecture angélique du tableau pourrait indiquer que du LION ou de LYON est sortie la langue douce comme le miel. Cet épisode de la vie de Samson vu par Gerolamo Sicciolante n’est pas sans évoquer le Cantique des Cantiques (4 – 11) : « Tes lèvres distillent le miel, Épouse, le miel et le lait sont sous ta langue (Ta’hat Leshon èkh) »

 

Le tableau dans la chapelle de la Bâtie d’Urfé

 

Le mot Leshon, la « langue » va apparaitre comme un mot clef. Ce mot dans le verset est précédé du mot Ta’hat : « sous », « dans les profondeurs »… Il a été vu plus haut que la racine étymologique du nom du Juge Eilon est Ayil et que ce mot peut désigner la « peau de bélier » utilisée dans le Tabernacle :        « Tu ajouteras, pour couvrir le pavillon, des peaux de bélier teintes en rouge et, par-dessus, une couverture de peaux de tahach… » (Exode 26 –14 – Traduction du Rabbinat).

 

Le Rabbi médiéval Rashi apporte le commentaire suivant :

« Un couvercle pour la tente – Au-dessus du toit en tapisseries de poils de chèvre, tu feras encore un couvercle de peaux de béliers teintes en rouge, et au-dessus encore un couvercle de peaux de ta‘hach. Ces couvercles ne couvraient que le toit, leur longueur étant de trente coudées et leur largeur de dix. Telle est l’opinion de rabi Nè‘hèmia. Quant à rabi Yehouda, il estime qu’il s’agit d’un couvercle unique, réalisé pour moitié de peaux de béliers teintes en rouge et pour moitié de peaux de ta‘hach (Chabath 28a). »

 

Le ta’hach ou ta’hash est un animal inconnu, raison pour laquelle le Grand Rabbinat Français préfère laisser le mot hébreu. Ce mot au pluriel – ta’hachim – apparait dans l’Exode 25 – 5). Voici les indications présentées par Rashi dans ce passage :

« Te’hachim C’est une espèce animale qui n’a existé que pour la circonstance (Chabath 28b). Elle portait de multiples couleurs et le Targoum Onquelos traduit par sasgouna : elle se réjouissait (sass) et se glorifiait de sa polychromie (gavna). »

 

La traduction de la Bible des Peuples traduisait « peau de poisson ». Il est reconnu par la tradition que cette « espèce » ou cette « sorte » d’animal évoquée par Rashi, viendrait de l’océan. Ce « poisson » au cuir résistant serait pour certains traducteur un dauphin ce que la tradition hébraïque réfute. André Chouraqui évoquait le dugong mais il s’agirait suivant le midrash d’un animal pur possédant sur son front une corne. Pour Rabbi Né’hamya Té’hachime ou Ta’hash ressemblait à la peau (tigrée) de la civette, parce que, comme elle, elle avait plusieurs teintes mais il ne s’agissait pas de la civette.

 

L’hébreu Ta’hash est-il apparenté à Ta’hat que l’on trouve dans le Cantique des Cantiques (4 – 11) précédant le mot Leshon (Langue) et dont la signification est  « sous », « en bas », « dans la profondeur », « au pied de la montagne » ?

 

Eilon et sa cité où perdure sa mémoire apparait ainsi comme un sanctuaire et ce sanctuaire n’est peut-être pas – au-delà du texte biblique – sans lien dans la compréhension de certains mystères liés au Mont du Pilat.

 

Signe au centre du croisillon

 

Nous apercevons au croisement des deux branches de la croix ce qui n’est pas sans évoquer un chevron héraldique, signe fuégien. Le chevron renvoie aussi au capricorne, à la chèvre : EZ en hébreu. En fait, ce chevron, apparait comme un lien unissant les deux branches de la croix. Il rappelle les liens quelque fois végétaux attachant les deux bois d’une croix improvisée.

 

 

Le Saint Coffre ou la Force divine au Temps des Nations

 

La croix en pierre de ST ADON ET ZENON fait ainsi place à une autre croix plus rustique, une croix dont la branche verticale prendrait naissance dans un socle non plus de pierres mais de bois ? Nous aurions peut-être l’idée d’un coffre en bois surmonté d’une croix elle-même de bois ? Il s’agirait, peut-être de la croix première de ST ABDON ET ZENNEN ? Bien qu’un tel coffre pourrait rappeler certains meubles de sacristie surmontés d’une croix, il serait peut-être plus judicieux d’y reconnaitre un lieu – peut-être une montagne – surmonté d’une croix de bois ?

 

Cette croix de bois, bien que consacrée à St Abdon et Zennen, nous renvoie pareillement à ABDON BEN HILLEL, « Abdon fils de Louange », la tête centrale du trinôme de Juges étudiés ci-dessus. Abdon eut quarante fils et trente petits-fils que le texte biblique nous présente montés sur 70 ânons (Livre des Juges 12-14). Ce symbolisme affirme d’une part l’importance de ce Juge bien que dit mineur et d’autre part, l’emprunte toute symbolique soit-elle, de ce Juge face à l’Histoire du monde. En effet, dans la tradition juive, le nombre 70 symbolise les différentes nations et langues de la Terre. Abdon apparait comme une clef ouvrant sur le monde. L’un de ses prédécesseurs (Livre des Juges 10-4), Jaïr le Gaaladite, avait 30 fils montés sur 30 ânons. Ses 30 fils possédaient 30 villes. La symbolique asine se double d’une symbolique géographique : liée à la ville pour les fils de Jaïr ou liée à la nation pour les fils et petits-fils d’Abdon.

 

Flavius Josèphe dans ses Antiquités Juives nous présente en ces termes le Juge Abdon :

« Abdon, fils de Hillel, qui appartenait à la tribu d'Ephraïm et à la ville des Pharathônites, nommé chef souverain après Elon, ne mérite de mention que pour son heureuse paternité, car lui non plus n'accomplit rien de notable, grâce à l'état de paix et de sécurité où l'on se trouvait. Il eut quarante fils, dont trente laissèrent une postérité ; il parcourut le pays avec ces rejetons au nombre de soixante-dix, tous brillants cavaliers ; il les laissa tous vivants, mourut âgé, et reçut une sépulture splendide à Pharathôn. »

 

Au-delà de l’existence même du Juge Abdon, il convient peut-être de s’arrêter sur sa sépulture splendide. E. Duplessis, dans le Dictionnaire de la Bible (1912) du prêtre de Saint-Sulpice, Fulcran Vigouroux, indique :

« Abdon fut enseveli à Pharathon, dans la terre d'Ephraim. Son tombeau était là, creusé dans la montagne qu'on appelait montagne d'Amalec ou des Amalecites. »

Dom Calmet dans son Dictionnaire de la Bible (456-bible.com) évoque en ces termes la montagne d’Amalec :  

« Montagne dans le pays d'Ephraïm, sur laquelle était située la ville de Pharaton, où Abdon, fils d'Hillel, juge d'Israël, fut enterré (Jug 12 :15), en l'an du monde 2848, avant J.-C. 1152, avant l'ère vulgaire 1156. — (Il est fait allusion à cette montagne d'Amalec dans le cantique de Debbora (Jug 5 :14 ; 4 :5)... »

 

Le tombeau du Juge est creusé dans la montagne d’Amalec où s’élève la ville de Pharaton. La cité de Piratéon – tel est son nom véritable – n’était qu’un lieu, suivant le géographe de la Bible de Vence.

 

D’après la Chronique samaritaine, (XIIeme siècle) ch. XLI, edit. Juynboll, Ley.de, 1848, p. 41. L. HEIDET, Piratéon ou Pharaton aurait été ainsi appelé, de la racine fara’, parce que là, à l’occident du Mont Garizim, les Juifs Samaritains dissidents, se seraient retirés et « multipliés à l’instar des rameaux d’un arbre touffu ». La racine fara’, para’ ou parat désigne une branche mais aussi l’ornement de l’arbre, les fruits que donne cet arbre.

 

 

Souviens-toi d’Amalek !

 

Barthélemy d’Herbelot dans sa célèbre Bibliothèque Orientale, Ou Dictionnaire Universel… 1781 écrivait :

« (…) du temps d’Abdon, Juge des Hébreux, une colonie d’Iduméens passa en Italie où elle s’établit, (ce qui a quelque rapport avec le passage d’Evandre avec les Arcadiens) que Latinus régna eux, & que Romulus, fondateur de Rome, tiroit d’eux son origine. » 

 

Ce serait donc sous le règne du Juge Abdon qu’une colonie d’Iduméens ou Édomites quitta Édom pour la future Italie. Nous aurions ici l’évènement matriciel, qui donnera naissance à l’EMPIRE D’ÉDOM. Ce Quatrième Empire correspond, sur le plan géographique à l’Empire fondé par les Romains, comprenant tout le pourtour méditerranéen dont la France, et sur le plan temporel à une période commencée au premier siècle av. J.-C. et se poursuivant encore aujourd’hui. Il doit son nom à Édom ou Ésaü (frère de Jacob/Israël) et se prolonge dans l’Empire d’Occident, le Temps des Nations. Aujourd’hui et en France, nous vivons donc dans ce Quatrième Empire annoncé par le prophète Daniel. Cet Empire fait suite aux Empires de Babylone (le Premier Empire), de la Médie et de la Perse (le Deuxième Empire) et de la Grèce (le Troisième Empire).

 

Les quatre empires prophétisés par Daniel

http--www.bibliquest.org-Prophetie-BRPI-Tableau_4_empires_Daniel.jpg

 

Le Premier Empire s’ouvre avec Nabuchodonosor en 603, voir 606 avant J.-C., ainsi que nous le montre ce remarquable tableau. Le Juge Abdon dont la vie fut bien antérieure à l’avènement de ce premier empire, apparaît comme un projecteur dirigé à travers le temps dans l’Empire d’Edom. Il apparait comme un point placé entre d’autres points… Le tombeau d’Abdon fut creusé dans la Montagne d’Amalek ou plus précisément ainsi que l’indique le texte hébreu dans la Montagne de l’Amaléqi : BéHar HaMaléqi (בְּהַר הָעֲמָלֵקִי). Le nom même d’Amalek symbolise à travers les siècles, le terrible destin du peuple d’Israël.

 

Amalek est le premier peuple à avoir attaqué Israël durant l’Exode biblique, alors que les Israélites étaient affaiblis. Bileam dans le Livre des Nombres 24-20 profère un énigmatique oracle : « Amalec était le premier des peuples; mais son avenir est voué à la perdition (ABAD : אֹבֵד). » Notons tout d’abord qu’Amalek est voué à Abad. Nous retrouverons plus avant ce nom.

 

Daniel Saada dans le livre Les moissons de lumière (Biblieurope) s’interroge :

« Il y a cependant dans le verset une expression très surprenante : Amalek est qualifié de ‘’ réchit goyim ‘’, ‘’ premier des peuples ‘’. Le mot réchit connote l’idée de commencement, comme dans beréchit, voir de principe, le principe d’une chose étant son origine, sa cause première. Bileam établit ainsi entre Amalek et les peuples, c’est-à-dire l’ensemble de l’Humanité un rapport apparemment incompréhensible. Amalek n’est premier ni en termes historiques ni en terme de puissance. Il ne fait pas partie des soixante dix nations qui  selon la Torah, constituent ce que l’on pourrait appeler les civilisations-mères. On ne peut pas non plus identifier Amalek avec Edom, dont il est une branche. »

 

D. Saada rappelle que si Édom désigne bien l’Empire de Rome, Amalek bien que né de cet empire, s’en démarque. L’auteur évoque ce qu’il appelle « La vision amaléciste du monde » :

« Amalek n’est pas un ennemi d’Israël comme les autres. Son nom parcourra toute l’Histoire, transcendant les vicissitudes historiques. Amalek n’a été un peuple au sens ethnique du terme que pendant quelques siècles. Après sa disparition de la scène de l’Histoire, sa vision du monde et surtout la haine d’Israël qu’elle véhicule, a subsisté et s’est transmise de génération en génération, d’un peuple à un autre, d’un empire à un autre. Amalek est appelé Réchit Goïm ‘’ premier des peuples ‘’, où plutôt précurseur, premier ferment de la haine d’Israël dans les nations. »

 

Les exégètes explicitant les différends terribles opposant Israël à Amalek, et surtout l’impossibilité tout au long des siècles pour Israël d’anéantir Amalek malgré l’ordre que Dieu avait donné, donc ces rapports reliant ces deux entités, sont présentés comme une DICHOTOMIE ! Et c’est ici, peut-être, que la DICHOTOMIE quantique de ZENON révélée par la croix de Maclas prend tout son sens. La flèche lancée par l’arc d’Israël demeure jusqu’à ce jour immobile en son vol.

 

Ce voyage dans le temps ayant pour cadre la DICHOTOMIE Israël/Amalek a véritablement été décrite dans l’étonnant roman de Thibault Verbiest AMALEK, sous-titré LEUR MISSION, SAUVER ISRAËL. LEUR DESTINATION, L’ENFER paru aux Ed. Avant-Propos. Roman étonnant « à la croisée de plusieurs genres, mêlant histoire, géopolitique, physique quantique et kabbale » (4e de couverture). Neuf soldats israéliens sont sélectionnés pour une mission de la dernière chance. Un téléporteur basé sur une technologie jusqu’alors inconnue doit envoyer le commando dans une base égyptienne secrète. La destination n’est pas celle initialement prévue car ils se retrouvent téléportés à quelques kilomètres d’Auschwitz en… 1943 ! d’où le titre du roman… AMALEK !

 

Suivant la tradition, la première ignominie commise par Amalek contre Israël dans l’Histoire, le fut par la ruse. La ruse d’Amalek fut le déguisement et la langue. Amalek prit l’apparence du Cananéen et utilisa la langue cananéenne pour mieux anéantir Israël. Il apparait suivant les exégèses que cette ruse perdura tout au long des siècles.

 

Le nom d’Amalek est diversement interprété. Ce peuple vivait dans la plaine près du Mont Séïr la montagne d’Édom d’où la signification « Peuple de la Plaine ». L’autre signification est : « Peuple de la lèche » : « Am Leq » et ainsi « Am Leshon » : « Peuple de la langue ». De tradition, les Amalécites sont ceux qui lèchent le sang… des Israélites. Autrement dit ceux qui ce repaissent de leur mort. Ainsi qu’indiqué dans Juges 12-15 le Juge Abdon fut enseveli dans la Montagne d’Amalek qui devient ici la Montagne du Peuple de la lèche, voire de la langue.

 

Chaque année, le Shabbat précédant la fête de Pourim, est consacré à Zakhor : le devoir de souvenir, afin que ne s’efface jamais le souvenir de l’attaque criminelle durant l’Exode d’Amalek et de ses implications pour les Temps qui suivront jusqu’à la venue du Messie qui anéantira Amalek.   

 

La fête de Pourim prend sa source dans la Méguila d’Hester, le Livre d’Hester. Pourim perpétue le souvenir de la destruction programmée du peuple juif par Haman – descendant d’Amalek – et grand-vizir d’Assuérus roi des Mèdes et des Perses. L’intervention d’Hester ruinera les plans d’Haman qui trouvera la mort ainsi que ses 10 fils. Or, curieusement, alors que les 10 fils sont morts, Hester demande au roi qu’ils soient pendus !

 

Haman apparaît 300 ans avant J.-C. comme l’initiateur de ce que l’on nommera plus tard la Solution finale. Dans le texte hébreu du Livre d’Hester la liste des noms des 10 fils d’Haman est disposée sur une page en colonne. Fait unique dans toute la Bible, cette énumération devient d’autant plus étrange que quatre des noms sont écrits avec une lettre plus petite ou bien une lettre plus grande : un Vav ו qui symboliserait dans le cas présent la potence du pendu. Un blanc apparait dans le texte, une 3e colonne qui pourrait, bien que non écrite, correspondre à 10 autres pendus dont l’existence deviendra réalité durant le 6e millénaire du calendrier juif. Les lettres différentes du texte originel révèleraient l’année hébraïque 707 du 6e (le grand Vav ou nombre 6) millénaire du Temps juif.  

 

Lire sur le sujet Esther ou le Livre Caché par Moshé Katz (sentinellenehemie.free.fr/moshekatz1.html‎) ainsi que le livre Bernard Benyamin et Yohan Perez : LE CODE D’HESTER - First Editions. Des révélations étonnantes apparaissent également dans la conférence du Rav Ron Chaya consacrée à Guermania (http://www.leava.fr/cours-torah-judaisme/veracite-de-la-torah/495_guermamia.php).

 

 

Illustration du Rouleau d’Esther tirée du livre de B. Benyamin et Y. Perez « Le Code d’Esther »

 

Cette année 707 du 6e millénaire correspond à l’année 1946 de notre calendrier. Le 16 octobre 1946 suite à la décision du tribunal de guerre de Nuremberg, les 10 fils d’Haman furent pendus ! Le père de la Solution finale, proche d’Hitler avait nom : Haman ! Juste avant d’être pendu, le Nazi Julius Streicher, l’un des 10 fils spirituels d’Haman s’écria, ainsi que le révèlent les journalistes présents : « Fête de Pourim 1946 ». Ce cri démontre que Streicher et les hauts dignitaires Nazis avaient une connaissance terrible et précise du célèbre « Souviens-toi d’Amalek » et de son prolongement la Fête de Pourim !

 

Bernard Benyamin et Yohan Perez, les auteurs du livre précité, rencontrèrent à Jérusalem le Rav Ron Chaya. Le Rav évoqua le traité de Meguila, rédigé en l’an 450 de l’ère chrétienne. Dans ce recueil de commentaires de règles liés au Livre d’Esther on peut lire aux pages 6a et 6b :

« Jacob s’adressa à Dieu et Lui dit : ne laisse pas Esaü accomplir ses mauvais desseins. Il s’agit des trois cents têtes couronnées de Germamia d’Edom car si elles sortaient, elles détruiraient le monde entier. »

 

La Germamia ou Guermamia correspond suivant les grands maîtres du rabbinisme à la Germania, région d’Édom (l’Occident). L’Encyclopædia Britannica ainsi que l’indiqua le Rav comporte les indications suivantes : « Après 1648, l’Empire germanique est constitué d’États absolutistes (…). L’Empire se compose alors de 300 États souverains ou principautés. »

 

Nous retrouvons bien sûr dans cet Empire germanique composé de 300 États, les 300 têtes couronnées de Germamia d’Edom prophétisées dans le traité de Meguila. Ces 300 rois correspondent à l’Ésaü d’Édom qui est aussi Amalek. Il apparait suivant le Livre de la Genèse que l’Ésaü d’Édom, de l’Occident, habitera la Montagne de Séïr. Ainsi que le démontre le Rav dans sa conférence : en hébreu Séïr peut signifier « 300 Villes » !

 

Amalek suivant la Bible demeure au pied de la Montagne de Séïr. Amalek, qui correspond suivant la tradition au serpent du Jadin d’Éden, fut détruit en cette année 1946 mais tel l’hydre à sept têtes, Amalek n’est pas encore mort. Sur la Montagne d’Amalek suivant le Livre des Juges, repose Abdon. Certains auteurs ont rapproché les noms hébreux ABDON et ABADON.  Abdon le « Serviteur », est phonétiquement très proche de Abadon ou Abaddon, forme intensive de Abad. Suivant l’oracle de Bileam (Livre des Nombres 24-20), ainsi que nous l’avons vu, pour Amalek son avenir est voué à la perdition (ABAD : אֹבֵד).

 

ABAD ou ABADON apparait comme nom de famille. Le mot désigne le Shéol : les Enfers ou monde des morts ou bien encore un lieu de perdition où les bateaux faisaient naufrage. Il est estimé que ce nom de famille était à l'origine un surnom se rapportant à la profession de marin. Dans l’Apocalypse de Jean, AB(B)ADON apparait sous les traits de l’Ange de l’Abîme (Apocalypse 9-11).

 

La Montagne d’Amalek, de par son étymologie doit s’entendre comme la Montagne du Peuple de la Lèche, voir de la Langue. Il est temps à présent de matérialiser sur la Terre d’Édom cette énigmatique montagne où repose ABDON.

 

Nous avons évoqué le trinôme de Juges, Èlon, Abdon et Samson dont le nom se termine par la phonétique « ON ». Nous aurions pu ajouter à cette liste Gédéon bien que ce Juge régna sur les enfants d’Israël durant une période antérieure à celle du trinôme. Dans son livre Vérité historique et esprit historien – L’historien biblique de Gédéon face à Hérodote paru aux Éditions du Cerf, Pierre Gibert, professeur d’Ancien Testament aux facultés catholiques de Lyon, démontre le parallèle évident entre l’annonce des vocations de Gédéon et de Samson énoncées par l’Ange de YHWH. Dans les deux cas l’annonce de l’ange se voit clôturée par Gédéon et par les parents de Samson dont la naissance miraculeuse vient d’être annoncée, par un même repas (chevreau…) ; mais ce repas de par la nature angélique du messager, deviendra un holocauste offert à Dieu dans le feu de l’autel.  

 

Pierre Gibert conclut : « Mais en jouant des similitudes une hypothèse s’impose : n’aurions-nous pas dans le récit de l’annonce de la naissance de Samson le modèle ou l’application d’un modèle qui aurait servi à une rédaction sinon finale du cycle de Gédéon, du moins de ces premiers récits ? »

 

Pareillement, si le cycle de Samson peut trouver sa place dans l’énigme suggérée par la croix de Maclas, se pourrait-il que le cycle de Gédéon puisse pareillement trouver sa place dans cette même énigme ? Une réponse positive pourrait apparaitre avec l’énigme des 300 Guerriers de Gédéon. On retrouve le thème des 300 avec les 300 guerriers Spartiates popularisés par le film « 300 » sorti en 2006. L’élite des combattants opérant autour de Gédéon a été choisie suivant un mode bien particulier ordonné par Dieu lui-même :

« Gédéon fit descendre le peuple vers l'eau, et l'Éternel dit à Gédéon : Tous ceux qui laperont l'eau avec la langue comme lape le chien, tu les sépareras de tous ceux qui se mettront à genoux pour boire. » Juges 7-5.

 

A priori la méthode de sélection parait bien étrange. Ce sont bien ceux qui « laperont l’eau avec la langue comme lape le chien », sans mettre les genoux à terre qui seront retenus pour former les rangs du corps d’élite dirigé par Gédéon. Pour Pierre Gibert ce test « relève sans doute d’une coutume guerrière contemporaine ou d’un rite magique. » Le professeur avance l’hypothèse suivant laquelle « le récit sacré rendrait compte aujourd’hui d’un tirage au sort ultérieurement placé sous l’autorité de YHWH, mais probablement plus prosaïquement réalisé. » Nous aurions ici un type de guerrier que l’on pourrait rapprocher des chiens de guerre celtes pérennisés dans le nom ou surnom Conan. Un tel guerrier boira l’eau du ruisseau sans déposer son arme. Il peut ainsi répondre plus rapidement à l’ennemi s’il est attaqué.

 

Les 300, ainsi qu’indiqué dans Juges 7-12 vont lutter contre Madian, Amalek et toutes les peuplades d’Orient déployées dans la vallée. Benoît Hébert (www.jeunessentiel.fr/messages/Gedeon_Ep2.html‎) présente ainsi cette étrange armée :

« Explication : pour poursuivre Amalek, Gédéon sait qu’il a besoin de résistants physiquement, de guerriers toujours en alerte.

D’un point de vue symbolique, ce sont ceux qui ne fléchissent pas le genou devant l’ennemi. »

 

Le Rabbi Rashi enseignait qu’Amalek est décrit comme un chien de berger. La tradition interprète le nom d’Amalek par l’hébreu Am : « peuple » et « Laq » ou « Laqaq » : « lécher ». Les Amalécites étaient semblable au chien léchant le sang des victimes sur un champ de bataille. C’est le même verbe, conjugué au future (יָלֹק IaLoq ou YaLoq) qui est employé dans Juges 7-5 pour évoquer la façon particulière de se désaltérer des Trois-Cents. Qu’est-ce à dire ? Pour combattre et vaincre Amalek, il convient de se fondre ou peut-être plus justement de le confondre ? Il faut s’adapter, ruser tel Amalek le chien de berger.

 

La Montagne d’Amalek sise en Édom pourrait si l’on se réfère aux enseignements véhiculés par la croix ST ADON ET ZENON de Maclas et par la croix aujourd’hui virtuelle, mais pas moins réelle, de ST ABDON ET ZENNEN, correspondre au Mont Pilat.

 

En 1901 F. Gabut dans ses ETUDES D’ARCHEOLOGIE PREHISTORIQUE, parues à Lyon, aux éditions A. Storck & Cie. Imprimeurs – Editeurs) écrivait : 

« Au crêt de la Perdrix, la montagne par sa forme se suffit à elle-même : cependant c'est un des hauts lieux par excellence, un bouton lithique qui distille aux esprits de l'air le lait mystique de la terre ; c'est une des montagnes sacrées sur lesquelles s'arrêtait l'arche de Noé, c'est-à-dire où hommes et animaux ont trouvé la sécurité, alors que les plaines étaient envahies par les eaux provenant de la fonte des grands glaciers. »

 

Le crêt de la Perdrix apparait pour F. Gabut comme une des montagnes sacrées sur lesquelles s'arrêtait l'arche de Noé. Écoutons le encore nous parler ces peuples sémites occupant les cimes dénudées du Pila :

« Ce ne sont point des Israélites assurément qui sont venus s'établir sur les cimes sauvages et dénudées du Pila ; il faut aux Juifs les gras pays, où ils peuvent mettre à profit leurs aptitudes industrieuses. Mais, cependant, ce sont des peuplades, ou tout au moins des familles ayant les mêmes traditions religieuses, c'est-à-dire l'adoration, l'hommage, l'holocauste offert sur la pierre brute et non taillée. Ces peuplades ou familles qu'on désigne sous le nom de sémites sortaient sans doute, dès leurs premiers pas, non de l'Ararat, sommet granitoïde où Noé, sa famille et les animaux qui l'entouraient furent assez heureux pour trouver un asile lors du déluge ou de l'inondation des plaines, provoquée par la fonte des grands glaciers, mais bien des vallées visant l’est ou le nord du plateau central de l’Asie. »

 

Le Mont Pila (sans « t »), montagne noachique, devient semblable – tout en étant différente – au Mont Ararat. Ce rapprochement devient des plus intéressants dans l’hypothèse Montagne d’Amalek/Montagne du Pila(t) ainsi que nous le verrons dans notre prochaine étude qui sera consacrée au Crêt d’Aralez dont le nom apparait comme une clef pouvant ouvrir une porte dont le linteau pourrait être marqué d’une inscription où figurait le mot le JOIE, le tout surmonté par un mystérieux chien ailé…


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