CLISSON : ET IN ARCADIA EGO
OU LES DEUX NEFS DU SECRET
Première partie
Ainsi
qu’évoqué dans le premier
volet de cette série d’articles, il apparaîtrait suivant
Bernard Faulque de
Bezaure (« A la Recherche du TRESOR Matériel et
Spirituel des Templiers
– T. 1 - Provençalement Votre ») que face
à la cité de Clisson : « ex
port templier de Nantes, 2 navires de la Milice du Temple auraient
coulé à 2
milles au large, en août 1307, ne laissant aucun survivant. Ces
navires, Le
Nazaré, et le Marbelia étaient des navires du Temple
d’Espagne. » Pour rappel, si Clisson fut le siège de la commanderie templière de la Madeleine, la cité médiévale de par sa position aux confins de la Bretagne, de l’Anjou et du Poitou ne peut en aucun cas être le port de mer dont nous entretient B. F. de Bezaure. Aucune nef templière n’a pu remonter les quelques 90 km qui séparent par voie fluviale Saint-Nazaire de Clisson. Faut-il pour autant rejeter cette légende templière ? Mon précédent article montre qu’il convient au contraire d’en retenir son aspect insolite. « Face à la cité de Clisson » doit sans doute se comprendre « au niveau de la cité de Clisson », mais en mer. La précision « à 2 milles au large » le confirme. Le naufrage aurait donc eu lieu à la même latitude que Clisson, à un peu moins de 4 km de la côte (1 mille marin = 1852 m), ce qui correspond à la Baye de Bretaigne, actuelle Baie de Bourgneuf. Une telle localisation serait plus vraisemblable, même si l’Histoire ne semble pas avoir conservé le souvenir du double naufrage du Nazaré et du Marbelia en août 1307 dans cette baie. Il est certain que les échouages ainsi que les naufrages de navires n’y étaient pas rares. La nature symbolique du naufrage a déjà été étudiée par certains auteurs et cet aspect n’est assurément pas à rejeter pour la présente énigme. 01 Carte schématique des lieux
évoqués Les deux navires échoués à 2 milles au large n’auraient laissé aucun survivant. Le premier navire, le Nazaré ainsi que le démontre son nom d’origine hébraïque est le navire « Mis à part », le navire « Séparé de ses frères » ou de « son frère »… Nous dirions aujourd’hui un navire jumeau, soit l’équivalent anglais d’une sister ships. Le Nazaré est aussi de par son nom « celui d’entre les frères (les navires) qui détient la couronne ». Ce navire mis à part, n’en est pas moins, suivant la légende templière, accompagné. Mais s’agit-il vraiment d’un accompagnement rapproché ? Pouvons-nous envisager un accompagnement à distance… une distance plus temporelle que géographique ? Soit deux navires pour deux époques ? Le naufrage des deux navires mentionné par B. F. de Bezaure évoquerait deux phases d’une opération finalisée par l’Ordre du Temple en cette année 1307 mais initiée par quelque groupe ésotérique dont les Templiers pouvaient se prétendre les lointains successeurs. Laissons pour l’instant les deux navires à leur triste sort, pour nous intéresser à un quatrain de Nostradamus qui semble faire référence à cette même région du Pays Nantais. D’ailleurs nous allons voir que les deux énigmes ne vont pas tarder à se rencontrer. Dans mon article « Pharamond et Mérovée : ou les brumes de la Mérovingie intemporelle » (LA GRANDE AFFAIRE), me référant au quatrain II – 22 de Nostradamus, j’envisageais une Opération « Classe phalange ». Bien que l’article ne permettait pas véritablement de développer cette hypothèse, je plaçais l’épicentre de cette opération dans la Presqu’île de Guérande. L’hypothèse Pays Nantais du quatrain impliquait un second épicentre occupant un territoire couvrant le Pays de Retz et le Pays des Mauges qui le prolonge. Le quatrain de Nostradamus indique : Le camp Ascop*, d’Eurotte** partira S’adioignant proche de l’isle submergee D’Arton*** classe phalange pliera, Nombril du monde plus grand voix subrogee. *
Variante : Aso. ** Variante : Europe. *** Variante :
Aron et Artimon Bien que ma lecture du quatrain ne suive pas l’exégèse traditionnelle évoquant la bataille de Platée en 479 avant J.-C, je n’en reconnais pas moins la pertinence. La coalition grecque vainqueur de la flotte perse se rendit à Delphes le nombril du monde d’où sortait la voix oraculaire. Oui les noms évoqués dans le quatrain pourrait tout à fait évoquer cet épisode de la seconde guerre médique bien que le second vers, ainsi que le reconnaissait Jean-Paul Clébert, cause problème. L’hypothèse Pays Nantais du quatrain que personnellement je vais suivre, semble celle que suivit André Bouguenec dans son livre « L’Ultime Grand Secret » (édition Opéra). Le secret évoqué par l’auteur serait celui du Grand Monarque auquel l’île Dumet, le Nombril du monde, bien présent dans le livre doit être rattachée. Cette île se situe au large de la commune de Piriac où se trouve le Tombeau d’Almanzor. 02 Piriac, le « Tombeau
d’Almanzor » Dans le chapitre « LE GRAND MONARQUE A NANTES ! », l’auteur Nantais A. Bouguenec se rapproche des recherches de Maurice Poulin, auteur du livre « Le Grand Monarque Messager du Verseau – éditions Louise Courteau ». Il note au sujet du 4e vers du quatrain « Nombril du monde plus grand voix subrogée » : « J’ajoute que subrogée signifie ici : la plus grand voix qui supplante tout ce qui fut dit avant. ». L’hypothèse
Grand Monarque suivie
par les deux auteurs, n’est pas celle que je retiendrai pour cet
article mais il
parait important de signaler que Maurice Poulin s’appuyait sur le livre
hermétique « Clefs des Œuvres de Saint Jean et de
Michel de Nostredame »
édité en 1871 et réédité par ARMA
ARTIS en 1983. L’auteur publiait anonymement cet
ouvrage en qualité de M. A. de Nantes,
soit le Maître Anonyme de Nantes. M. Poulin,
s’appuyant
sur l’hypothèse formulée par certains chercheurs, pensait
que l’auteur Nantais n’était
autre que Jules Verne, hypothèse aujourd’hui infirmée.
Cet hermétiste Nantais
que l’on peut entendre également comme un M. A. ou Maître
Artiste de la
Rose+Croix, écrivait : « De nuict par Nantes l’iris apparaitra. (II,
44). L’iris hermétique parait en
même temps que le Jupiter des sages. La couleur grise se
manifeste à la
superficie pendant que le bas ou le dessous est encore noir ou couvert
du
manteau coloré comme la queue de paon. Les Nantais ne peuvent
manquer de
recevoir bientôt celui en qui doivent revivre le caractère
et les vertus
d’Henri IV et de saint Louis. » Je possède depuis plusieurs années l’édition ARMA ARTIS du Maître Anonyme de Nantes ainsi que l’ouvrage de Maurice Poulin. Le Nantais que je suis plaçait le premier livre, ainsi que le second qui permettait en partie de décrypter le premier, dans la liste des curiosités ou mystères nantais sans pouvoir en pénétrer les arcanes, n’étant guère familier dans l’Art d’Hermès. Très intéressé par l’histoire mystérieuse de la Presqu’île de Guérande je dévorais tous les livres, monographies ou articles rédigées par l’historien de la presqu’île, Fernand Guériff. L’auteur qui écrivit notamment pour la Société Atlantis ou pour la Société de Mythologie Française, citait très souvent dans ses ouvrages, l’historien du XIXe siècle Pierre-Aristide Monnier. Il y a déjà bien des années, désireux de découvrir les ouvrages de cet auteur je me rendais à la Médiathèque de Nantes afin de consulter tous ses livres. Surprise ! Dans la pile d’ouvrages que l’on déposa sur la table se trouvaient deux ouvrages d’hermétisme dont l’un était une édition originale des « Clefs des Œuvres… » déposée et dédicacée par le Maître lui-même dans l’ancienne Bibliothèque municipale de Nantes. La signature était celle de Pierre Aristide Monnier… Les années passèrent et je découvris sous la plume de Nicodème dans le livre « Le Maître secret de Fulcanelli » (éditions la Pierre Philosophale) que le Maître Anonyme de Nantes aurait été le mentor de Fulcanelli. Il est vrai que souvent l’auteur Breton, plutôt que d’interpréter un toponyme breton de la Presqu’île de Guérande par la langue bretonne qu’il utilisait pourtant à d’autres moments, cherchait une autre signification dans la langue grecque ainsi que le faisaient Fulcanelli ou Grasset d’Orcet. Bien que l’île Dumet ne semble pas évoquée par Monnier dans ses ouvrages, sa présence dans cet article se révèlera plus loin, d’importance. Nostradamus termine son quatrain en évoquant le Nombril du monde plus grand voix subrogee. C’est en 1912 que le professeur Berger, de l'Institut océanographique annonce à l'Académie des sciences que le pôle continental du monde ou pôle des terres émergées est situé à l'île Dumet. Le mage de Salon ne fut pas en mesure de connaître le résultat des recherches du professeur Berger, mais il fut peut-être informé de la présence de cette pierre noire qui marquait jadis sur l’île ce nombril du monde… 03 L’île Dumet : le
nombril du monde La
présence de l’oracle dans le 4e
vers de Nostradamus ne serait pas sans rappeler la légende des
Moines Rouges de
« Caput Blanca » racontée par André
Douzet dans l’article « L’ÎLE
DUMET Le nombril du monde » (revue L’INCONNU). Dominique
Setzepfandt
dans l’article « Géographie
sacrée du Jarez » (www.pilatinsolite.com/geographiesacree1.html) alors qu’il évoque la figure
de Raymondin, époux de
Mélusine, juge nécessaire d’évoquer l’île
Dumet : « un " roi
du monde " si l'on en juge par son nom, est le fils d'Hervé de
Léon, dont
le " royaume " en
Basse-Bretagne s'organisait autour de l’île Dumet, au large
de
Piriac-sur-Mer, île de 8 hectares habitée uniquement par
les oiseaux mais aussi
- et surtout ! - le pôle continental des terres
émergées, le " nombril du
monde "... » 04 Mouillage à
l’Île Dumet (carte postale
ancienne) Maintenant
disséquons le quatrain vers par
vers. Le camp Ascop, Le mot Ascop n’est pas sans évoquer le breton Escop : « Évêque ». Auquel cas, de quel évêque s’agit-il ? Dans l’hypothèse pays de Guérande pour le quatrain, je penchais pour Gislard le Breton de Vannes, unique évêque de Guérande au IXe siècle. L’histoire de cet évêque, favori du roi Breton Nominoé pour le siège de Nantes, se poursuivit avec le roi Érispoé et son successeur le roi Salomon. Ces rois suivant B. F. de Bezaure auraient été liés au secret entourant le double naufrage de Clisson. Cet évêque dont le camp se trouvait dans l’Aula Quiriacus à Piriac marqua pour les siècles à venir l’église de Guérande, deuxième cité du Pays Nantais. La variante Aso pour le mot Ascop peut évoquer l’âne : Ase en occitan et Aso en béarnais. Au Béarn l’Aso était surnommé « lou Ministré » ou « Monsenher l’Aurelhut »(Monseigneur aux grandes oreilles). Au Moyen-Âge la Fête de l’Âne rapprochait l’âne de l’évêque. Un jeune clerc décoré du titre d’évêque des fous, Episcopus stultorum, occupait durant cette fête du Carnaval le siège épiscopal, revêtu des ornements pontificaux à l'exception de la mitre, qui était remplacée par une sorte de bourrelet. Fulcanelli, le possible disciple du Maître Anonyme de Nantes évoque dans : « Le Mystère des Cathédrales » cette fête dont la symbolique aura son importance dans la suite de ce texte : « Ce fut encore la Fête de l’Âne, presque aussi fastueuse que la précédente, avec l’entrée triomphale, sous les arceaux sacrés, de maître Aliboron, dont le sabot foulait, jadis, le pavé juif de Jérusalem. Notre glorieux Christophore y était célébré dans un office spécial où l’on exaltait, après l’épître, cette puissance asine qui a valu à l’Eglise l’or de l’Arabie, l’encens et la myrrhe du pays de Saba. Parodie grotesque que le prêtre, incapable de comprendre, acceptait en silence, le front courbé sous le ridicule, versé à pleins bords, par ces mystificateurs du pays de Saba, ou Caba, les cabalistes en personne ! » d’Eurotte partira Le
mot Eurotte est assez souvent entendu comme
« Europe » autre variante du quatrain. La
question se pose : De
quelle Europe nous entretient Nostradamus ? Car si l’Europe est
aujourd’hui bien établie géographiquement il n’en fut pas
toujours ainsi.
Laurence Talbot dans son article « Le mot de la fin sur
l’emplacement
de l’Atlantide » (revue Atlantis N° 267)
écrit : « - Pour les
anciens, l’Europe fut
strictement une terre occidentale et quasiment mystique. Tout ce qu’ils
savaient de cette Europis se confondait avec ce qu’ils savaient par
ailleurs de
la fabuleuse Méropis, un ancien continent jamais nettement
identifié, mais
qu’ils situèrent à l’occident de la terre, et qu’il y a
lieu d’assimiler à
l’Atlantide. » Cet auteur ajoute que le mot Europe doit être rapproché du grec Erébos, l’Érèbe et de l’hébreu Oreb (ne pas confondre avec le Mont Horeb) signifiant « obscur », « pays du couchant ». La racine de ces deux mots, ainsi que l’ajoute l’auteur est Orb : « obscur » et « cercle » que l’on retrouve dans le mot Orbe, « méridien » en vieux-français. L. Talbot
indique ensuite que
Heyd dans son ouvrage « Ethym. Versuch », « signale que eurus est
un terme scythe qui désignait la terre en général.
C’est en effet l’équivalent
du gaélique uir, comme du nordique aurr
qui ont exactement le même sens.
Curieusement et logiquement (…) dans la même langue
gaélique, uiras désigne un tumulus, en
même temps
qu’une longue distance et un long espace de temps. » C’est sans doute l’idée d’espace et de temps qu’il faut semble-t-il retenir dans l’EUROTTE de Nostradamus. Soit : Eurotte ou Eur(e)-Otte ? Le mot EUR en vieux-français désigne le « présage » ou « augure » d’importance dans cette étude, mais aussi l’heure. Le mot Otte ou Otto pourrait désigner le nombre « huit » qui se dit ainsi en italien et en danois et dont les formes en vieux-français oscillent entre les OIT, OITT, OCT, etc., soit au total une trentaine de variantes. EUR-OTTE forme hybride désignerait l’HEURE HUIT ou la HUITIÈME HEURE. Si la 8e Heure évoque l’Heure de la Saint Michel ou Saint Michel du 8 mai, elle pourrait désigner ici une ÈRE de l’Histoire passée, voir future que le second vers pourrait confirmer en partie ? Nostradamus annonce-t-il un départ de l’Europe, devenu nécessaire suite à une gigantesque inondation ? Ceci impliquerait que le quatrain aurait une double articulation, deux époques totalement différentes mais (re)liées (s’adjoignant) l’une à l’autre… S’adioignant proche de l’isle submergee… mais il est apparemment trop tôt dans ce texte pour évoquer ce second vers. D’Arton
classe phalange pliera, Ce troisième vers vient, semble-t-il, confirmer pour le quatrain l’hypothèse Baie de Bourgneuf et Pays de Retz. Au fond de la baie apparait la petite cité de Pornic dont le port, ainsi que l’indique l’historien Émile Boutin « se prolongeait par un bras de mer assez important jusqu’à Haute-Perche, soit à 14 kilomètres dans les terres. Le canal de Haute-Perche était navigable jusqu’au village de Port d’Arthon. » (Pays de Retz Noirmoutier Île d’Yeu - Éditions France-Empire). Des navires coincés à marée basse ont assurément dû s’échouer sur le sable. Mais est-ce bien dans ce Port d’Arthon que le Nazaré aurait sombré ? Le nom Nazaré, comme nous l’avons vu, peu s’interpréter comme étant le ou la « Couronné(e) ». Or, nous avons à l’entrée Nord de la Baie de Bourgneuf, à environ 6 km. au large de Préfailles face à la Pointe de Saint-Gildas, le Rocher de la Couronnée. Nous lisons dans « LE LITTORAL DE LA France », 3e partie 587 de Ch.-F. Aubert (V. Vattier d’Ambroyse – 1886) : «Vers 1869, un patron de barque de la Guérinière, M. CHANTEREAU, ayant sauvé trois naufragés du Queen of the South, grand navire anglais perdu sur l'écueil de la Couronnée, fut décoré pour ce fait. » Ce naufrage bien postérieur à celui du Nazaré nous montre combien la zone fut et reste très propice aux naufrages. L’accès du navire par le Nord, à supposer que le nom de cet écueil soit bien celui où sombra le navire, pourrait indiquer que le Nazaré navire ibérique faisait route depuis un point situé plus au Nord… la Presqu’île de Guérande ? L’idée de la « phalange » évoquée dans le quatrain à Arton apparait doublement à Batz-sur-mer, île de l’ancien Golfe de Guérande dont le nom ancien Baf ou Bas peut évoquer le bâton du Belek, le prêtre Breton dont le nom s’appuie sur celui du prêtre de Bel de l’époque druidique. Marteville et Varin, rappelaient qu’en breton Batz signifie aussi « submergé ». Batz apparait assurément comme un indice dans la compréhension symbolique de cette Opération « Classe phalange » mentionnée par Nostradamus. Cette opération remontant peut-être à l’Antiquité et puisant ses racines dans une époque possiblement antérieure, trouvera sa finalité au Moyen Âge. Alain Barbetorte, 1er Duc de Bretagne, associé aux moines de Landévennec, en fut assurément, après ses ancêtres royaux, l’un des acteurs. Écoutons Fernand Guériff, historien du Pays de Guérande nous évoquer quelques mystères de Batz-sur-mer dans son livre « De gloire De poudre et De misère » (L’aventure maritime du Croisic) : «
N’oublions-pas non plus que les moines de Landévennec,
possesseurs du
prieuré de Batz, se réfugièrent pendant les
invasions normandes, en Picardie, à
Montreuil-sur-mer. Cette nouvelle succursale, prit le nom de
Bas-Montroï, pour
se distinguer de l’ancienne : Bas-Werran ; elle offrit
même une
relique : un doigt de Saint Gwenolé, et l’église
batzienne se para du titre
de Saint Guénolé du doigt de Batz. » Bas-Montroï, la nouvelle succursale évoquée par l’historien Nazairien, unit dans son nom l’île de Batz et la cité de Montreuil. L’abbaye de l’île car, il s’agit bien de cette abbaye, apparait comme le Montreuil ou Monastère de Batz. Le Bas-Montroï ou Montreuil de Bas dont l’historicité ne peut être mise en doute, apparait bien intriguant. Le roi Érispoë, ainsi que l’indiquerait le Cartulaire de Redon, octroie en 855 une saline à l’abbaye de Redon dans l’île dite « Baf Montroï ». Ceci est bien étrange car historiquement ce n’est qu’après leur exil à Montreuil que les moines de Landévennec seraient venus dans l’île en l’an 945, soit quelque quatre-vingt-dix années plus tard ! Ce lieu était-il prédestiné ou conviendrait-il de penser que les moines de Redon auraient ajouté au Cartulaire, un siècle après le don du roi, ce nouveau nom monastique de l’île ? Le M. A. de Nantes, l’Alcyon de l’Hermétisme, publie en 1890, sous le nom d’Aristide Monnier, le livre « Le Pouliguen et ses environs ». Dans cet ouvrage il affirme l’hypothèse avancée par d’autres chercheurs, suivant laquelle l’ancienne île de Batz aurait été habitée dans l’Antiquité par des femmes exaltées, les Samnites ou Sannites dont certains ont supposé qu’elles étaient originaires de San (Tanis) en Égypte rapport à la coiffure particulière qu’arborèrent leurs lointaines descendantes du village voisin de Saillé. L’auteur qui cite cette hypothèse sans pour autant la retenir, pense que les prêtresses d’Élusis auxquelles devaient se rattacher les prêtresses Samnites devaient tenir cette coiffure des prêtresses d’Égypte. Monnier s’attarde également sur le nom ancien de Batz, qu’il écrit Baf-Montroi : « Batz, écrit au IXe
siècle (Cart. de Redon) Baf – Baf-Montroi
et non bafus. Baf viendrait du
grec βαφη, immersion, βαθεις βαθυς,
(bathus), immergé. Montroi de μονη,
μονιμος de μενω, attendant de pied ferme, stable ; τρωσιν, le
dommage, ce
qui signifierait : terrain immergé défiant par sa
stabilité les coups de
la mer. » Monnier l’hermétiste nous parle ici d’une île assurément bien particulière ! Non pas bafus, d’accord, mais nous retrouvons bien ici une lecture baphométique qui n’est pas sans rappeler celle avancée par Fulcanelli lui-même. Sachant que Montroï c’est le Monastère, il n’est pas inintéressant de s’interroger sur le primitif Baf-Montroï ou Monastère du Baf… Baf-Montroï qui est l’autre Montreuil situé dans le Bro Naoned ou Pays Nantais, vient nous rappeler que certains érudits Bretons, situaient à tort, l’antique Quentovic (Montreuil) à Nantes (Condivic)... Monnier
indique ensuite : « Dans la
plupart des langues
anciennes, l’idée de pays et de terre était rendue par le
mot île et le mot île
exprimait étymologiquement l’idée d’aquatique ou issue de
l’eau (…). » Le Bas ou Baf-Montroï, au travers de ses lectures hermétiques, permet à présent un éclairage semble-t-il plus précis du second vers du quatrain de Nostradamus : S’adioignant proche de l’isle submergee. Gislard, l’unique évêque de Guérande ou peut-être, l’un des prévôts qui lui succéda, se serait adjoint (à) un proche de l’isle submergee ? Le proche en question pourrait-être l’abbé du Monstroï de Batz ? L’adjoint comporte ici une connotation religieuse assurément proche de celle émergeant du chapitre 29, verset 34 du Livre de la Genèse : « Encore enceinte, elle enfante un fils et dit: « Maintenant, mon homme, cette fois, s’adjoindra à moi: oui, j’ai enfanté pour lui trois fils. » Sur quoi, elle a crié son nom: Lévi-l’Adjoint. » Traduction André Chouraqui – éditions J.-C. Lattès. A.
Chouraqui commente ainsi la
naissance de Lévi fils de Léa : « 34.
Lévi formé de la racine lava, ‘’ accompagner ‘’, en akkadien lawu,
‘’ entourer ‘’. Dans les futurs
sanctuaires, le lévi, descendant de
Lévi sera l’adjoint du kohèn ou
desservant. Le Rabbin
Alexandre Meloni dans
« Les douze fils de Yacov » (maimon.blog.lemonde.fr)
apporte le commentaire suivant : « לוי (Lévy) [Lévi] : la mère est
Léa Son nom signifie accompagner.
Selon le midrash Lévi est accompagné par les cadeaux des
prérogatives du
sacerdoce offert par l’ange Gavriel d’où ce nom. Mais dans le
verset il y a la
parole attache (ילוה - Yllavé) de même racine
(Genèse 29,34) :
« ...עתה הפעם ילוה אישי אלי...” (…’Ata Ha-Pa’am Yllavé
Ichi Elay…)
[… cette fois ci, mon mari me sera attaché …]. Le Rabbi Rashi de Troyes, au XIe siècle apportait un commentaire de la Genèse, qui aujourd’hui encore, fait autorité. Voici ce qu’il écrivait au sujet de ce verset : « Cette fois mon mari m’accompagnera : Comme les matriarches étaient prophétesses, elles savaient que douze tribus naîtraient de Ya’aqov (Midrach tan‘houma Wayétsé 9). Or, il a épousé quatre femmes. Elle a donc voulu dire : « Il n’aura plus désormais à se plaindre de moi, puisque j’ai pris toute ma part en lui donnant trois fils » (Berakhoth 60a). « C’est pourquoi : Pour chacun des fils à l’occasion de la nomination duquel il est écrit : ‘’ c’est pourquoi ‘’, cette expression est l’annonce qu’il aura une descendance nombreuse, sauf pour la tribu de Léwi, chargée du transport de l’Arche Sainte, dont toute faute commise par ses membres était passible de mort (Beréchith raba 71, 4). Dans le « Devarim raba », un midrash indique que le Saint béni soit-Il a chargé l’ange Gabriel d’amener l’enfant devant Lui et c’est Lui qui lui a donné ce nom. Il lui a offert les vingt-quatre prérogatives dues aux prêtres. C’est parce qu’Il l’a accompagné (levahou) de ces cadeaux qu’Il lui a donné le nom de Lévi, « accompagné ». Le midrash évoquant les cadeaux divins faits à Lévi par Dieu et son messager Gabriel, préfigurent étrangement les cadeaux des Rois Mages présentés à l’Enfant Jésus… De
l’Édem à Édom ou la perte temporaire du proche S’adioignant
proche : Le
PROCHE en question puise pareillement son origine dans la tradition
biblique.
Marc-Alain Ouakin dans son livre « Zeugma »
(Éditions du Seuil), au
VINGT-DEUXIÈME CAHIER, s’intéresse au
« proche » ou « prochain »
de l’évangile de Marc (12–31) qui répercute
« l’ami » ou le
« prochain » du Lévitique 19–18. Le Rabbin
s’appuie sur les
réflexions que Jacques Neuburger faites d’après une Bible
latine de 1653 : « Quant
à proximus,
il n’est pas aussi banal que l’habitude le
fait percevoir : c’est le superlatif de propior,
lui-même comparatif d’un prope
inusité ; proximus,
ce n’est pas le ‘’proche ‘’ mais le ‘’ plus proche ‘’, celui qui me
touche de
près, comme le premier héritier, le fils
aîné… » Le
proche ou prochain du Livre du Lévitique traduit le mot
Réa :
« ami » mais aussi
« autre » : « Tu
aimeras ton prochain (Réa) comme toi-même ». Cet « autre » lorsqu’il
est
prononcé Ra, désigne le mal. Ainsi que l’évoque
Dominique Saada dans son livre
« La Moisson de Lumière »
(éditions Biblieurope), ce mot s’applique
à l’origine à un conflit. Bibliquement le conflit
s’initie avec Adam face à
Dieu (le fruit défendu…). Il en résultera la perte de
l’Éden. Le conflit se
prolonge avec Caïn et Abel. Ce premier conflit fraternel
serait notifié, suivant le Livre des Jubilés, sur les
Sept tablettes célestes. Il vaudra à Caïn la perte
du Koa’h de la Terre, soit la
Force de la Terre. Ce conflit fraternel se prolonge avec celui d’Isaac
et
d’Ismaël puis, surtout pour la présente étude, avec
celui d’Ésaü et de Jacob.
Ésaü pour un plat de lentilles rouges perdit son droit
d’aînesse et devint Édom le Rouge, le
rival de Jacob ou
Israël. Il
semble intéressant de noter que le Pays Nantais, important dans
cette énigme,
est le Pays du roi Namnès,
l’ancêtre éponyme
de la tribu celtique des Namnètes de Condivicnon (Nantes) dont
la signification
en langue gauloise était le « Proche
(Nes/Nexio) du Ciel (Nam/Nem-). Le Port Brillant ou la promesse
pérenne
de l’Épiphanie En 913 les Vikings incendient l’abbaye de Saint-Guénolé de Landévennec. Les moines, sous la houlette de l’abbé Yann quittent la presqu’île de Crozon pour la cité nordique de Montreuil-sur-Mer. Dans cette cité du Ponthieu, les moines préparent activement le retour du comte Alain exilé en Grande-Bretagne. Le futur duc Alain Barbetorte, surnommé par les Bretons Al Louarn, Le Renard, de retour dans l’ancien royaume breton de son grand-père Alain le Grand, livre un combat acharné aux Vikings. En 945 le prince Breton remerciera l’abbé Yann en lui donnant outre le monastère de Saint-Médard de Doulon près de Nantes, l’île de Batz en Pays Nantais où sera édifiée l’abbaye de Baf-Montroï. Après avoir battu les Vikings à Plourivo près de Dol, Alain Barbetorte achèvera son œuvre de reconquête en délivrant en 937 la cité de Nantes dont il fera la capitale du Duché Breton. L’année suivante il chasse les Vikings du Pays de Retz et récupère les Pagi de Tiffauges et des Mauges... Dans le Portus Nitudis, le Port Brillant, actuel Pornic il élève une forteresse qui stoppera les incursions normandes dans le Pays de Retz. La cité de Pornic, tout comme la cité de Bourgneuf deviendra un grand port de l’Océan. Récemment le maire de Pornic, modifiant les armes de la cité, au grand dam des puristes et des nostalgiques, a souhaité néanmoins remettre la couronne navale pourvue de voiles gonflées. Cet insigne honneur, cercle d’or souvent formé de poupes et de proues de navires, est utilisé pour signifier un grand port de l’Océan. La couronne navale récompensait jadis le premier marin prenant pied sur un vaisseau à l’abordage. 05 Pornic, le château à la sortie du
port. En médaillon : la couronne navale du
blason de la cité La commune
d’Arthon évangélisée par saint Martin de Vertou
est mentionnée en 1100 dans le
cartulaire de Redon sous le vocable Artum, puis au XIIe
siècle Arcon
et enfin en 1287 Arton. Bien que l’unanimité ne soit pas de mise
sur le sujet,
son nom d’origine gauloise atteste un ancien Art-Dunon : la
Forteresse de
l’Ours. La forme Arcon apparait quant à elle, bien curieuse.
S’agit-il d’une
erreur du scribe ou bien ce nom évoque-t-il quelque
particularité de la
commune ? Les communes françaises dénommées
ARCON ou ARCHON portent un nom
d’ancien-français dont le sens est petite arche (latin arcus
« arche »)
et aussi archonte :
« seigneur »
ou « catégorie d’anges ». Cet Arcon
pourrait, peut-être, se rapporter
à l’ancien aqueduc dont il reste quelques
éléments. À ce stade de lecture du
quatrain de Nostradamus il est intéressant de noter la variante
dans ce second
vers du mot ARTON par le mot ARON. Or, ce mot n’est autre, en
hébreu que celui
de l’Arche… d’Alliance ! Une seconde variante du mot, ARTIMON confirmerait le mot CLASSE qui le prolonge. Bien que ce dernier apparaisse en vieux-français sous la forme CLAS avec le sens de « flotte », il convient peut-être de retenir ici le sens dit poétique ou métonymique du latin, CLASSIS : « un (seul) vaisseau ». D’Arton* classe phalange pliera… la voile d’artimon serait pliée à Arton. Si la commune d’Arthon est connue pour son aqueduc romain, elle l’est est aussi pour son énigmatique souterrain de la Roche Troquante, aux origines celtiques voir préceltiques, situé près du château de la Meule. La légende prétend qu’une clé en or cachée dans un pré voisin permettrait d’accéder au trésor caché dans le souterrain. Cette galerie très ensablée mériterait la venue d’archéologues pourtant bien présents sur la commune mais œuvrant sur l’aqueduc gallo-romain, ce qui par ailleurs se justifie pleinement. Nombril
du monde plus grand voix subrogee La notion de « Nombril du monde » qui apparait avec l’île Dumet va transcender la voix, lui insuffler sa grandeur oraculaire. Le légendaire de l’île Dumet évoque l’étrange oracle de la Caput Blanca : la Tête blanche. Mais ainsi que nous l’avons vu ce quatrain aurait une bipolarisation, deux pôles et donc deux oracles. La « plus grand voix subrogee », cette voix qui se substitue à une autre, pouvait être ouïe dans l’ancien Golfe de Machecoul ou Portus Secor, comme la voix sub-rogee ou sub-Roger… Écoutons à présent Émile Boutin nous entretenir dans son livre « Les grands naufrages de l’Estuaire » (Éditions Siloë) de l’histoire des Filles du Vent qui vivaient sur l’ilot rocheux du Pilier d’un kilomètre de pourtour et situé à cinq kilomètres de l’île de Noirmoutier : « Et
pourtant, dès le 1er siècle, le
géographe grec
Strabon évoque cette île, l’insula Puellarum ou île
des filles. Là vivaient 9
vierges gauloises, réputées de l’Occident. Elles savaient
prédire l’avenir.
L’une d’elles annonça même à Dioclétien
qu’il deviendrait empereur. Leurs dons
et leurs pouvoirs magiques étaient terrifiants. Filles
d’Éole, ces vierges
vendaient les vents aux navigateurs fréquentant l’estuaire et la
baie. Tous
ceux qui doublaient le promontoire des Pictons, c’est-à-dire la
pointe de
Noirmoutier, ou qui sortait de la Loire, demandaient leur aide. Parfois
leurs
caprices provoquèrent des naufrages, à tout le moins des
échouages. Sur leur
îlot, elles avaient construit l’un des temples les plus
vénérés de la Gaule.
L’insula Puellarum conserva donc ce nom de ‘’ l’île des Filles
‘’, puis devint
au cours des siècles ‘’ île
de Pyllers,
de Pillario, Pyllero et enfin Pilier. » L’historien du Pays de Retz évoque ensuite la venue en 1172 des Cisterciens de l’abbaye de Buzay sise auprès de Vue en Pays de Retz. L’île des Filles, devient l’île de Dieu, Insula Dei. La vie y était si difficile, même pour des moines de saint Bernard, qu’ils furent contraints après 33 ans de vie sur ce rocher, de quitter l’ilot pour l’ile de Noirmoutier autrement plus hospitalière. Il se peut que le départ des Moines Blancs de l’îlot « à cause de la difficulté de l’endroit », « propter difficultatem loci », soit dû à l’affaissement d’une partie du lieu séparant le Pilier des Chevaux, l’îlot rocheux voisin sur lequel des vestiges bernardins du Moyen-Âge ont été retrouvés. 06 phare sur l’Île du Pilier Les moines Blancs édifient sur l’île de Noirmoutier la célèbre abbaye de la Blanche. Patrick de Villepin dans son pertinent livre « LABAYA, Noirmoutier, Yeu, baie de Bourgneuf & côtes vendéennes, Cartes marines depuis 1313 » (éditions Larmentier) révèle : « Pour
la première fois en 1313, une carte d’Europe donne un
aperçu détaillé des côtes vendéennes.
Ce chef-d’œuvre du génois Pietro Vesconte
fête aujourd’hui son 700e anniversaire. Noirmoutier y
est désigné
Labaya, déformation de l’abbatia ou abbaye de la Blanche, amer
essentiel pour
la navigation, alors même que depuis le VIIe
siècle, l’île est
baptisée Her, Herio ou Herius par saint Philibert et ses moines.
Dès le XVe
siècle, Labaya glisse vers le continent. Par contagion le
toponyme désigne
bientôt La Baya, la Baÿe et, plus tard, la ‘’ Baie de
Bourgneuf ‘’. Dans les
langues étrangères, la traduction de BAIE dérive
de cet évènement
fondateur : le glissement incroyable et irréversible de
Labaya (île) en La
Baye (baie). » Honoré
de Balzac dans son roman « La Maison de Nucingen »
(1838)
évoque Noirmoutier de bien curieuse façon en la reliant
au Grand Argentier de
France : Jacques Cœur qui ne fut assurément pas
étranger, avec ses frères,
à l’énigme qui intéressa plus tard les banquiers
Lumagne de Lyon. Voici ce que
révèle H. de Balzac : « Jacques
Cœur a fait une grande maison noble, celle de Noirmoutier,
éteinte sous Louis
XIII. Quelle énergie chez cet homme, ruiné pour avoir
fait un roi
légitime ! » L’évocation de la maison
noble de Noirmoutier par le
romancier apparait des plus curieuse, sachant qu’il n’y reviendra pas… MARTROGER
ou le trait d’union entre les Cisterciens et les Templiers Une digue permettait dit-on aux moines de relier les rochers voisins du Pilier, les Pères et les Bœufs. Le Rocher des Pères, tout comme celui de Pierre-Moine, rappellent la présence des Moines Blancs. Mais ces Moines Blancs sont-ils toujours les moines Cisterciens ? Entre le Pilier et la Roche des Pères se trouve un énigmatique trio de rochers nommé MARTROGER. Ces trois rochers ne seraient-ils pas un indice permettant d’affirmer pour le 4e vers du quatrain de Nostradamus le lieu oraculaire de la Baie de Bourgneuf ? Le nom de Martroger fut donné à trois baliseurs à voiles, ainsi que le rappelle le Martroger III qui fut construit aux Sables-d’Olonne en 1933. Ce bateau a été au service des Phares et Balises de l’île de Noirmoutier pendant 58 ans pour assurer le bon fonctionnement de tout ce qui est signalisation maritime et assurer la relève des gardiens du phare de l’île du Pilier. Le Martroger III aujourd’hui classé est devenu l’ambassadeur de l’île de Noirmoutier et fait partie du Patrimoine Maritime Régional et National que l’on souhaite « transmettre dans de bonnes conditions aux générations futures ». Bien qu’il existe sur le pourtour de la Baie de Bourgneuf, à la Bernerie, le site de la Rogère, ce sont bien les Rochers de Martroger et le baliseur du même nom qui nous permettent de mieux cerner la grand voix subrogee mentionnée par Nostradamus. Marc Elder en 1913 évoque dans son roman « Le Peuple de la Mer », soit les marins de Noirmoutier, le Martroger navigant dans les eaux séparant Noirmoutier du Pilier. L’étymologie de Martroger est inconnue, bien qu’une Marthe Roger ait été envisagée mais j’aime à pense qu’il puisse résulter de la fusion d’un vieux mot de la langue française : MARTRE avec le Roger, terme utilisé par le peuple de la mer. Le Martre, dérivé du mot Martyr, désignait un cimetière. Il se retrouve avec ce sens dans le nom des communes de Martres en Haute-Garonne et en Gironde. Le Roger (prononcé Rogère) pourrait évoquer tout à la fois le latin ROGUS dont la signification est « bûcher funèbre », « tombeau » et le terme maritime Jolly Roger désignant le pavillon à tête de mort et tibia croisés des pirates. Le Jolly Roger est de tradition, l’héritier d’un pavillon primitif des pirates français nommé le Joli Rouge. 07 Représentation
classique du Jolly Roger David Hatcher
Childress, en 2003, dams son livre « Pirates and
the Lost Templar
Fleet : The Secret Naval War Between the Knights Templar and the
Vatican » (Adventures Unlimited
Press - version numérique non traduite),
avance l’hypothèse suivant laquelle Roger II de Sicile le Templier (1095 - 1154), surnommé "Jolly
Roger"
(?), aurait été désigné patron de la flotte du Temple
par les
capitaines de navires templiers et aurait hissé ce pavillon lors
du schisme Anaclet II
(anti-pape) / Innocent II, et de son combat
contre les
forces papales. Dans la suite, les Templiers qui seraient parvenus
à échapper à
la dissolution de l'Ordre, ne pouvant plus porter le pavillon templier,
auraient en signe de révolte contre Rome., hissé le Jolly
Roger
lorsqu'ils croisaient les navires français, anglais ou de la
papauté. (Informations
trouvées sur Wikipedia et
sur les sites de langue anglaise.) Hypothèse
intéressante, le Jolly Roger templier serait une
représentation schématisée du
mystérieux Baphomet dont l’hermétiste Pierre-Aristide
Monnier semble nous
entretenir lorsqu’il étudie la forme ancienne du nom de l’abbaye
de
Batz-sur-mer. Le Baphomet dont le nom peut trouver un début
d’explication en
grec ancien comme en hébreu ou araméen biblique, serait
d’après une hypothèse
intéressante, une figure symbolique d’origine celtique. Les
moines Kuldées de
tradition celto-chrétienne auraient transmis l’initiation
baphométique
druidique. Alain Le Goff dans « Les méandres de la
Transmission »
(les dossiers de l’histoire mystérieuse N° 9)
écrit : « Car chez
certains Templiers, comme d’ailleurs chez certains de
leurs frères cisterciens, se perpétuait une filiation
crypto-celtique (les ‘’
Frères du secret ‘’) qui à travers les âges
pérennisait une tradition et visait
des objectifs sociaux et politiques qui étaient
déjà ceux des druides anciens
(…). « Quant au ‘’ baphomet ‘’, réellement
vénéré par les ‘’ Frères du
Secret ‘’, il était l’image de Cernunos, divinité
celtique du renouvellement
saisonnier, donc du Temps et de la Fécondité. À suivre… |