RUBRIQUE CATHARES |
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Daniel Dugès
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Déodat
Roché
désintéressé et modeste |
Il était né en 1877 à
Arques petit village de
l’Aude. Il s’orienta professionnellement vers la magistrature. Mais
très jeune,
à peine vingt ans, il s’intéressa à
l’ésotérisme, et à l’histoire qui
l’accompagne, en particulier celle de son pays, et de ces gens dont
à l’époque
on ne savait pas grand-chose : les Cathares. C’est ainsi que très tôt il s’engagea dans des mouvements de réflexion, comme le« Groupe indépendant d'études ésotériques » dirigé par Papus. La fin du XIXe siècle est fortement marquée par un bouillonnement des idées ésotériques, et de nombreuses sociétés de pensées prennent naissance à ce moment-là. Déodat Roché en homme de son temps participe pleinement à cette vision du monde. Il cherche son chemin à travers l’Eglise Gnostique, qu’il abandonne au bout de quelques années pour ne pas y trouver tout à fait sa voie. Mais au contact du Docteur Fugairon, il commencera à aborder le problème cathare, il crée d’ailleurs avec lui la revue : « Le Réveil des Albigeois ». ![]() Maison de Déodat Roché
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Sur le plan professionnel, il fut d’abord avocat, puis magistrat à Limoux. Pensant, sans doute, que le droit ne lui suffisait pas il passa avec succès une licence de philosophie. Il fut toujours fidèle à ses idées qu’il plaçait au premier plan, même au détriment carrière professionnelle. Il était résolument opposé à la peine de mort, contre laquelle il militait avec véhémence. Ainsi, il refusa un poste de conseiller à la Cour d’appel, car cette situation pouvait l’amener à statuer sur le sort d’un tel condamné. En 1921 il rencontra l’œuvre de Rudolf Steiner avec qui il entretiendra des relations suivies toute sa vie. Sans doute ce moment fut-il précieux pour lui, car il devint membre de la Société Anthroposophe, fondée par Steiner. Entre les deux guerres, il fut initié en Franc maçonnerie, à Carcassonne, dans la loge des « Vrais Amis Réunis ». Il restera fidèle à cette loge jusqu’à la fin de sa vie, après en avoir été Vénérable Maître. C’est probablement au sein de cette fraternité qu’il trouvera un sens à sa démarche ésotérique. Voici ce qu’il écrit à ce sujet : « J’étais
déjà quelque
peu instruit de la franc-maçonnerie par la science occulte du Dr
Gérard Encausse.
J’ai depuis lors recueilli des documents décisifs qui
établissent la filiation
manichéenne de la franc-maçonnerie, bien qu’il n’en soit
pas fait mention dans
des livres. En effet un des chapitres manichéens
(Képhaïla), découverts en Nag
Hamadi en Haute Egypte, nous parle de l’homme Universel, et de sa
fonction de
Grand Architecte de l’Univers ». ![]() |
Juste avant
la guerre, il fut
nommé président du tribunal de Béziers. Sous le
gouvernement de Vichy il refusa
de prêter serment à la cause de Pétain. Il est
aussitôt « mis à la
retraite ». Notons que la justification de cette mise
à l’écart fut
d’abord l’appartenance à la franc-maçonnerie, puis
étant avéré qu’il n’y était
plus actif, on utilisa un argument de la plus belle mauvaise
foi : « S’occupe de l’histoire de religions et de
spiritisme » ! ![]()
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Poussé
par cet élan, il fonda la
« Société du souvenir et des études
cathares » en 1950. C’est dans le
cadre des activités de cette association qu’il fit
ériger, en 1961, la
stèle au pied du château de Montségur
intitulée en
Occitan : « Aux Cathares aux martyrs du pur amour
Chrétien ». Ce sont ces années-là qui
ont été celle du plus grand
rayonnement des « Cahier d’études
cathares » On y trouve tous les
grands noms de cette époque : Fernand Niel, René
Nelli, Jean Duvernoy,
Michel. Roquebert, etc. ![]()
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Déodat Roché est mort à cent ans, il repose dans sa terre d’Aude au cœur du pays cathare. ![]()
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