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Projection  de la Sainte Lance sur le Pilat druidique et templier

Première partie : des origines de la Sainte Lance aux Templiers










Présenté par
Michel Barbot











Mai
2025




La Sainte Lance ou Lance du Destin, relique de la Passion, est l’arme avec laquelle le centurion Longinus, le Porteur de la lance, perça le flanc droit de Jésus lors de sa Crucifixion. La tradition chrétienne l’a identifiée à la Lance de Phinée ou Pinhas, fis d'Éléazar et petit-fils d'Aaron frère de Moïse. Il dut sa renommée à ce terrible épisode biblique connu comme « l’acte de Pinhas » (Livre des Nombres 25-verset 7 et suivants), acte fondateur de la Sainte Lance. Bien que son nom soit apparenté à l’égyptien Pe-Nehasi ou Pa-Nahsi, «le noir (le Nubien) », il reste associé aux termes hébreux néhosha: « la « bouche de cuivre » et pé nahash : la « bouche de serpent ».. Le mot nahash, « serpent, serpent volant », signifie aussi « pratiquer la divination ». Dans ce nom reconnu du premier Porteur de la Lance se révèle toute sa maîtrise dans l'exercice de pratiques secrètes. La référence serpent / cuivre se retrouve dans l'expression nahash néhoshet : « serpent de cuivre » (Livre des Nombres 21 – 8 et 9). Les Israélites mordus par le serpent brûlant du désert devaient regarder le serpent de cuivre dressé par Moïse sur un poteau et ils étaient guéris. Dans l’Évangile de Jean 3-14, Jésus annonce que le Fils de l’homme sera élevé comme fut élevé par Moïse, le serpent dans le désert. L’historien israélien Shmuel Ahituv de l'université Ben Gourion du Néguev, évoque dans son Encyclopédie biblique (Jérusalem, 1972) le grand prêtre égyptien Pa-Nahsi originaire de Nubie (Soudan) qui offica à l'époque du pharaon Akhenaton. Pinhas ainsi que son père Éléazar reposent suivant la tradition en Samarie sur la colline de Pinhas.

 

Tombes d'Eleazar et de Pinhas

 

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Gaius Cassius, tel était le nom du futur Longinus, était handicapé par une cataracte. Lorsqu’il perça le flanc droit de Jésus, il fut miraculeusement guéri par l’eau et le sang qui sortirent de la plaie. Sa guérison au pied de la croix rappelait celle des Israélites face au serpent de cuivre durant l’Exode.

 

Scène classique de la Crucifixion : le centurion Longinus perce de sa lance le flanc droit de Jésus, et il en sort du sang et de l'eau, comme le signalent les mots latins SANGUiS ET AQUA gravés au-dessus de la croix (basilique de Fourvière, Lyon)

 

Après la Passion, Gaius Cassius à présent connu sous le nom de Longinus, le Porteur de la Lance, s’en retourna dans sa patrie et adopta la vie monacale. Les vieux auteurs le disaient originaire de Cappadoce, voire même des Abruzzes ou d’Espagne. Les descendants de Longinus auraient gardé la Sainte Lance jusqu’en 287, année où elle fut dérobée par l'empereur Maximien, puis dit-on déposée à Constantiople… Denis Chevignard dans son livre La Terre Sainte et la France (Éditins VIA ROMANA), écrit : « Cette présence de nos ancêtres en Terre Sainte est également attestée par Flavius Josèphe, qui précise que la garde personnelle d’Hérode était composée de Gaulois, de Germains et de Thraces, ce qui montre la confiance que les puissants ne manquaient pas de leur accorder. » (Antiquités Judaïques, XVII, 8, 3 ; Guerres des Juifs, I, 33, 9) Cet auteur poursuit : « Ajoutons, pour souligner les prévenances et les préordinations divines, que la tradition rapporte que le centurion du Calvaire était originaire d’Autun, diocèse choisi par notre Seigneur pour demander à sainte Marguerite-Marie la dévotion réparatrice à Son Sacré-Cœur, en 1675. » Ce choix divin se réfère bien sûr à Paray-le-Monial, ville où eut lieu cette apparition.

La cité d’Autun, ville natale supposée de Longinus, fut aussi historiquement marquée par la présence de l’empereur Constantin le Grand, autre détenteur de la Sainte Lance. En 310 cet empereur affronta à Marseille l’usurpateur Maxence, puis remonta le Rhône en s’arrêtant dans des temples du dieu Apollon (gaulois Bélénos). Le Druidisme à l’époque était encore la religion de l’empereur. Il s’en retourna à Trèves en Germanie où il avait établi sa capitale, mais conseillé semble-t-il par les Druides, prêtres d’Apollon, il bifurqua possiblement depuis Lyon, dans un premier temps, vers la cité d’Autun où se trouvait un temple apollinien. L’historienne Anne Lombard-Jourdan dans Montjoie et saint Denis Le centre de la Gaule aux origines de Paris et de Saint-Denis (Presses du CNRS), affirme qu’il poursuivit ensuite sa route jusqu’au Lendit, lieu de la décollation de saint Denis. En ce lieu se trouvait suivant cette historienne, le plus grand temple d’Apollon. Les Druides auraient remis à Constantin la Sainte Lance. L’hypothèse avancée par cette historienne ne fait pas l’unanimité pami ses confrères, d’autant plus qu’elle prolonge son hypothèse en affirmant que le lieu de rassemblement annuel des Gaulois affirmé par César dans La Guerre des Gaules, ne se trouvait pas à Chartres mais au Lendit. Elle développe en fait une hypothèse déjà avancée au XIVe siècle par Raoul de Presles. Mais n’oublions pas, ainsi que l’évoque Noël Gardon dans son livre Mon Pilat Etymologies Rêves,  Légendes… et Réalités, que « C’est à Pilat, au ‘’Crêt de l’Airelier’’ que se tenait, autrefois cette assemblée annuelle gauloise. Puis après la transformation en province romaine du territoire des Allobroges et de la Narbonnaise, il n’était plus concevable, ni logique de maintenir en ce lieu ces réunions où les principaux chefs guerriers et religieux se trouvaient rassemblés. » Suivant cet auteur les rassemblements sur le Crêt de l’Aralez ou Airelier eurent lieu quelques 120 ans avant notre ère avant que le lieu de rassemblement des tribus celtes ne fût transféré à Chartres… Il convient d’évoquer cette autre tradition plutôt intéressante dans sa symbolique, associant la commune de Longes adossée au contrefort du Pilat, dans le département du Rhône, au centurion Romain Longinus.

 

Longes, vue générale

 

Présence du nombre 30 dans la géographie sacrée

Les lieux marqués par le nombre 30 conservent une auréole druidique et souvent templière. Des romanciers comme M. Gouazé de Foix (Le dernier Druide), puis Maurice Leblanc (L’île aux Trente Cercueils) ont centré leur intrigue insulaire autour de la magie entourant ce nombre. J’ai pu évoquer dans mon article LE VIEUX SECRET, consacré à l’énigme de Trèves, les anciens sites templiers de Rezé, cité faisant face, sur la rive gauche de la Loire, à la ville  de Nantes. Il y avait l’ancien Trivium avec la chapelle Notre-Dame de la Blanche et sa commanderie templière et le non moins mystérieux triplet d’îles dont l’une avait nom Trentemoult. http://regardsdupilat.free.fr/soutrevesb.html Élément d’importance, la commune de Trèves (le Trivium) dans le Rhône fut anciennement une annexe de Longes… Les travaux de l’historienne Anne Lombard-Jourdan donnent à penser que ces différents toponymes révèlent ce que l’on peut considérer comme une géographie sacrée apollinienne. L’historienne reprenant le récit du Panégyriste de 310, indique : « C’est à Trèves, à la fin de juillet 310, que le panégyriste, très vraisemblablement le Gaulois Eumène, professeur aux écoles d’Autun, évoqua à mots couverts la consultation de l’oracle, qui datait du mois précédent. […] l'empereur « a vu Apollon accompagné de la Victoire et lui offrant des couronnes de laurier’’, qui portaient chacune un signe cruciforme assimilable au chiffre romain X et répété trois fois. Il semble bien que Constantin ait voulu, à l’exemple d’Alexandre, se faire garantir une origine divine. La visite que celui-ci rendit, pendant l’hiver 332-331 avant notre ère, à l’oracle d’Amon dans l’oasis égyptienne de Siwa, Constantin l’accomplit au sanctuaire celtique ‘’le plus beau du monde’’ au printemps 310. » Les trois X (XXX) seront interprétés par le panégyriste gaulois dans « un sens conforme aux usages romains – les 30 années de règne, expression des vota publica courante à Rome – » Le nombre trente dans son aspect géographique se reconnaît au Moyen Âge sous le nom Tricena, soit l'oracle Tricine mentionné par Raoul de Presles. Anne Lombard-Jourdan commente : « L’emploi insolite du distributif latin : ‘’chaque fois trente’’, comme toponyme, autorise le rapprochement avec le tricennum omen annorum que portaient […] les couronnes offertes par Apollon à Constantin. » Elle rappelle ensuite que le faubourg de Trion à Lyon doit son nom au lieu-dit Triguncius (932) « qui postule un type primitif latinisé Tricontis ou Tricontim, du gaulois Tricontis ou Tricontin ; ce dernier mot a été considéré comme l’ordinal : ‘’trentième’’, tiré du cardinal tricont, qui se retrouve dans le breton tregont. » Près du Trion lyonnais vers le Gourguillon se trouvait un quartier Saint-Georges où se trouvait le bain d’Apollon et une fontaine dite plus tard, « des Trois cornets ».

 

Fontaine rue de Trion à Lyon. Bien qu'inspirée de l'art gallo-romain, elle date en réalité du XIXe siècle

 

Le Trion ne fait pas l’unanimité pour son étymologie : nombre 30 pour les uns et nombre 3 pour les autres… L’énigme du Trente apollinien se prolonge dans le héros solaire du conte breton : Tregont à Baris ou « Trente de Paris », personnage solaire tout droit venu du Finistère breton. La route suivie par Constantin était marquée par les temples consacrés au dieu Apollon. Nous nous arrêterons sur l’hypothèse avancée par l’éditeur et érudit allemand Christoph Cellarius (né en 1638 à Schmalkalden et mort en 1707 à Halle), principalement connu pour ses travaux en histoire et en géographie et dont l’œuvre principale fut son Historia Universalis qui divise l'histoire en trois périodes : l'Antiquité, le Moyen Âge et les Temps modernes, une division toujours utilisée de nos jours. Son hypothèse rapportée par Lietzmann qui l’étend quant à lui jusqu’au lac de Genève, voire le Rhin supérieur (Silzungsber. der preuss. Ak. der Wiss., 1937, p. 264), s‘énonce ainsi : « Lugdunum forsan aut Viennam aut aliam eiusdem tractus », soit : « Lyon, peut-être, ou Vienne, ou une autre de la même région. » fie:///C:/Users/miche/Downloads/rea_0035 004_1950_num_52_3_3433%20(2).pdf
Pour cette hypothèse formulée par Cellarius nous resterons dans la partie du tractus délimité par les cités de Lyon et de Vienne et plus précisément dans la section bordant le Mont Pilat. Un temple d’Apollon, fut-t-il satellite du temple du Lendit pourrait-il, être envisagé en ces lieux ? La région où se localise le Lendit, ainsi que celle du Pilat, partagent le privilège d’avoir été reconnues possiblement, pour deux époques différentes, comme le Centre des Gaules évoqué par César. Une recherche dans l’index du tome I des livrets Le guide du Pilat et du Jarez (Action graphique éditeur) de Patrick Berlier, me permit de découvrir qu’il existait dans le mystérieux massif, un Col de Trente Sous. Ce col situé dans la commune de Saint Paul-en-Jarez, par son nombre trente se placerait d’emblée dans cette géographie sacrée apollinienne. Patrick dans la brochure n° XI évoque ainsi ce col : « De la Barollière partait une deuxième voie ; elle montait le long de la ‘’Côte Bayolle’’ jusqu’au ‘’Col de Trente Sous’’, nom qui est une déformation de ‘’Trente Sauts’’. » Suite à cette découverte je me rapprochais de Patrick qui m’écrivit : « Le col de Trente Sous est en réalité à 2 km au sud de Saint-Paul-en-Jarez, plus près donc de la Terrasse-sur-Dorlay. Pour moi le ‘’vrai’’ col n'est pas à l'endroit où il est indiqué sur la carte, mais à 1 km plus au sud. Tout cela je l'expliquais dans un sujet pour Regards du Pilat : htt://regardsdupilat.free.fr/barolliere.html

 

Le col de Trente Sous

 

Si le toponyme Trente se veut révélateur d’une géographie sacrée liée au culte d’Apollon, se pourrait-il que dans le Pilat, nous ayons d’autres indices permettant de l’affirmer ? Intrigué par cette hypothèse, Patrick me présenta une intéressante piste postulant pour une approche géographique apollinienne dans le Pilat : « Dans sa partie la plus méridionale se trouve le village de Saint-Appolinard, curieusement écrit avec deux P et un seul L, contrairement à Apollon.

 

Saint-Appolinard, l''église

 

Si les manuels d'hagiographie connaissent saint Apollinaire, martyre à Ravenne au Ier siècle, seuls des ouvrages locaux signalent un saint Appolinard évêque de Valence mort en 520. Cet incongru Appolinard pourrait bien être aussi une christianisation d'Apollon déguisée sous une orthographe fantaisiste. » S’appuyant sur les Fiches archéologiques de Georges Pétilon, Patrick ajoutait : « Une voie romaine importante venait de la vallée du Rhône et se dirigeait sur le Velay, permettant ainsi de passer de la vallée du Rhône à celle de la Loire, et cette route passait par le lieu  qui deviendra Saint-Apollinard. Avant d'arriver à la Loire, la voie passait donc par Polignac, autre lieu dédié à Apollon, dont subsiste le masque, la statue grossière qui délivrait des oracles, exposée dans les soubassements du donjon du château médiéval. » Il apparaît que le village de Saint-Appolinard puisse être retenu comme un probable jalon permettant de voyager, notamment, vers Polignac, lieu marquant de la géographie sacrée apollinienne.

 

Le masque d'Appolon qui servait à délivrer des oracles
(château de Polignac, Haute-Loire)

 

Projection géographique de la croix décussée dans le Pilat

Je découvris en parallèle que, suivant la tradition, Longin devenu saint, transmit la Sainte Lance à saint Georges le Cavalier « solaire » mort en Asie Mineure vers 305… Ici, seule la symbolique compte…htts://actu.fr/occitanie/lascabanes_46158/saint-georges-de-lascabanes-protecteur-despelerins_4142837.html

Or, il apparaît que ce saint pourfendeur de dragons, fut vénéré dans deux sites importants du Pilat. L’un de ces deux sites fut assurément la chapelle Saint-Georges de Virieu  à Pélussin et le second, la chapelle Saint Georges d’Argental.

 

Les deux chapelles Saint Georges : Virieu et Argental

 

L’abbé J. Batia dans son livre Recherches historiques sur le Forez Viennois nous apporte de précieuses réflexions centrées autour de ces deux édifies : « Tous les documents sont d’accord pour faire remonter à l’an 1300 l’érection de la chapelle de Virieu. Jacques de Jarez, seigneur de Saint-Chamond, marié à Béatrix, fille de Pagan, seigneur d’Argental, était alors seigneur de Virieu et Chavanay. Se souvenant sans doute que la chapelle d’Argental, fondée au XIIe siècle, était dédiée à Saint-Georges, il voulut, peut-être pour être agréable à son épouse Béatrix et pour qu’elle pût retrouver à Virieu le souvenir de sa chapelle d’Argental, placer la chapelle de Virieu sous le vocable de Saint-Georges. »

 

Saint Georges, armé de la Lance, pourfend le dragon
(gravure ancienne)

 

En reliant ainsi les deux chapelles, l’abbé Batia nous permet de tracer une ligne, image de la Sainte Lance arborée par saint Georges. Derrière le culte médiéval de ce saint plane l’ombre des Chevaliers de l’Ordre du Temple auxquels les Pagan étaient possiblement liés. Dans le département de la Loire nous pouvons découvrir, à tire d’exemple, la commune de Saint-Georges-Haute-Ville sur un ancien Chemin de Compostelle. Dans un reportage de TL7 (Télévision Loire 7), la chroniqueuse Justine Ouillon met en avant la vénération de saint Georges par les Templiers. Au retour de croisades, ils ont reçu « la mission de protéger les routes de notre pays et plus particulièrement les chemins de Compostelle. Voilà donc l’explication la plus probable sur l’origine du nom de Saint-Georges-Haute-Ville. »

htts://www.dailymotin.com/video/x80ie5x

Cette lecture templière Saint-Georgienne dans son aspect axial généré par les chapelles d’Argental et de Virieu, apparaît soudain bien étrange si l’on trace également un second axe entre le Col de Trente Sous et la commune de Saint-Appolinard. Ces deux axes en se croisant face à l’épine dorsale du Mont Pilat vont matérialiser la croix décussée apollinienne ou croix de saint André (apôtre important dans la redécouverte de la Sainte Lance) qui nous mène au talisman de Phinée. Patrick Berlier informé de ma découverte, reproduisit sur la carte l’hypothétique croix :

 

Travail de Patrick Berlier : Matérialisation de la croix sur la carte à gauche.   Et vue aérienne du centre de la croix à droite

(images © IGN)

 

L’une des branches de la croix prend naissance dans la commune de Saint-Paul-en-Jarez, ce qui permet à notre ami d’avancer le commentaire suivant : « elle est donc constituée de ce que l'on pourrait nommer la lance de saint Georges et l'épée de saint Paul, entrecroisées, entre les deux chapelles Saint-Georges, Argental et Virieu, le Col de Trente Sous et l'église de Saint-Appolinard constituant le 4e point. Le centre de la croix se situe sur la commune de Véranne, non loin du hameau de Cubusson. À cet endroit il n'y a rien... encore que l'image satellite montre des traces claires, comme des ruines, mais comme il ne doit pas être facile d'y aller nous ne sommes pas prêts d'avoir le fin mot. »

 

Le Saut vers la Lumière

Le FIN MOT ? Non, il ne se trouve pas au centre de la croix dans l’ancien « Locus de Cublusone, (B 1057, f° 159 v°)».

htts://www.amisdesparcs.fr/IMG/pdf/lieux_dits_canton_de_pelussin_maj_2016-.pdf

La croix de saint André fut arborée dès le Moyen Âge par la Maison de Bourgogne et par le Royaume d’Écosse, d’où sa présence dans l’Ordre de la Toison d’Or et dans l’Ordre de Saint-André-du-Chardon. Le drapeau d’Écosse pérennise la présence de Templiers autour du futur Roi d’Ecosse, Robert the Bruce, lors de la bataille de Bannockburn (1314) qui libéra le pays du joug des Anglais. Ce drapeau, croix d’argent de saint André sur champ d’azur, est appelé Saltire (sautoir) en anglais. Cette croix fut aussi une signature… X… le NOM, le MOT dans la Maçonnerie. Jean- Claude Marol dans son livre BLASON langue vivante (Éditins Dangles) écrit : « Trouvons notre nom dans cette vie, il nous aidera à trouver notre place d’instant en instant : ici et maintenant, dans la multiplicité. » Car oui « le signe est le même pour indiquer un point précis et pour multiplier. En se situant précisément, on se relie au Tout. Mon nom se découvre et s’écrit à la confluence de la lumière et de la résistance que je lui offre. Cette résistance sera bientôt disponibilité. » Le sautoir héraldique correspond à l’étrier qui permettait au cavalier ou cabalier de sauter sur sa monture, la cavale ou cabale. En latin, le saut c’est la danse. Cette danse solaire se reconnaît-elle dans le nom du Col des Trente Sous ou Sauts ? Trente sauts tels les 30 jours du mois solaire ? Mais ce nombre 30 est aussi le nombre de saint André qui suivant la tradition accéda à la Lumière paradisiaque un 30 novembre. Le point de la croix géographique de saint André marqué par la chapelle Saint-Georges d’Argental, est aujourd’hui localisé dans la commune de Bourg-Argental dont l’église paroissiale est placée sous la dédicace de saint André. Faut-il y voir plus qu’un hasard ? Le nom d’Argental serait bien mystérieux si l’on en croit cette étymologie avancée : « mot d’origine gauloise ‘’are-canto-avo’’ qui signifie “domaine près de la frontière”. » Ceci en référence à la proche Pierre des Trois Évêques… htts://www.bourgargental.fr/ma-ville/bienvenue-bourg-argental/

Pascal Gambirasio d’Asseux (La voie du blason – Éditins Télètes) rapproche le sautoir héraldique du « cheval de frise » : « qui, d’obstacle immédiat devient l’occasion d’un saut, d’un bond vers le haut ». Ce saut du cavalier effectué dans la lumière, est précisément celui que Constantin dans l’imagerie médiévale a effectué. Dans la cathédrale Saint-Lazare d’Autun le chapiteau représentant le Cavalier de la Victoire attire de nombreux visiteurs.

 

Chapiteau de la cathédrale d’Autun : Constantin le Grand

 

Denis Grivot, Maître de Chapelle de la Cathédrale d’Autun et Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de Saône-et-Loire est l’auteur d’un très intéressant livre : La sculpture du XIIe siècle de la cathédrale d’Autun (Éditions S.A.E.P.). Il le rappelle : « Dans l’Ouest de la France, on trouve fréquemment ce sujet d’un cavalier couronné écrasant un ennemi sous le sabot de son cheval : il a été prouvé que ce sujet représentait l’empereur Constantin. Constantin, c’était celui qui avait autorisé le christianisme ». Ainsi que l’indique le Conservateur, le cheval « ne repose sur rien, ce qui est assez rare à Autun ». Il rappelle aussi que dans la cité d’Autun se trouvait un temple d’Apollon que Constantin visita. Puis il poursuit : « le cheval a une étrange parenté avec l’âne de la Fuite en Egypte, et avec l’âne de Balaam ». Le Cavalier de la Victoire très présent dans l’Angoumois, est présenté par Fulcanelli (Demeures Philosophales) comme le Cavalier de l’Apocalypse : « le chevalier mystique dont parle le visionnaire de Pathmos, qui doit venir dans la plénitude de la lumière et surgir du feu, à la manière d'un pur esprit. » Le célèbre hermétiste insiste sur l’aspect solaire du cavalier : « à cause de son orientation, au rayonnement solaire. » Bien que la cité indiquée par Fulcanelli où se trouve le cavalier, soit la bonne, l’église ne le serait point. http://www.archerjulienchampagne.com/article-2050527.html


Un Saut de Lumière dans les pas des Chevaliers du Temple

Cette projection de la croix décussée ou croix de saint André sur le sol du Pilat, porte, pouvons-nous le penser, le sceau de l’Ordre du Temple. Patrick Berlier dans l le livret déjà cité rappelle que le château d’Argental au XIIe siècle « passa aux mains d’Artaud de Pagan. Le château resta la propriété de la famille de Pagan jusqu’en 1352 […] mort de Guigues de Pagan. » Artaud ainsi que l’indique Patrick (sur la foi de ce qu'affirmait Jean Combe) était frère d’Hugues de Pagan (ou de Payns), fondateur de l’Ordre des Chevaliers du Temple… En réalité ce n'est pas aussi simple, car les membres de cette famille portaient des prénoms héréditaires qui souvent les ont fait confondre par les historiens  : http://regardsdupilat.free.fr/HuguesdePagan.html

 

Si le point sud de l’axe « Sainte Lance » de la croix est marqué par la présence des Pagan, importante famille quant à la création de l’Ordre du Temple, le point nord est quant à lui localisé à Virieu dans la commune de Pélussin où plane aujourd’hui encore l’ombre de cet ordre monacal et chevaleresque. Notre ami Thierry Rollat dans son article « Les Châteaux de Pélussin », à l’appui du livre de l’abbé Batia et de la tradition orale, évoque une présence templière à Pélussin. L’Histoire conserve le souvenir de ces chevaliers implantés dans la commune à La Valette sous le nom de Chevaliers de Pélucin. http://regardsdupilat.free.fr/chateauxdepelussin.html
Patrick Berlier dans son livre Avec les pèlerins de Compostelle (Actes graphiques éditeur), évoque le site de La Valette où se dressait une maison forte « à l’emplacement d’une grange dont on ne sait rien, hormis le nom : ‘’Grange-lez-Pélussin’’. » Puis il ajoute : « Les croyances populaires y ont vu un lieu de rassemblement secret des Templiers… «  Patrick évoque à proximité une bien étrange inscription, qui fleure bon l’époque où ces mystérieux Chevaliers de Pélucin occupaient les lieux. Il y a aussi, toujours à proximité de La Valette, dans la montée goudronnée qui conduit au vieux château disparu, une curieuse croix. Thierry Rollat reprenant les paroles de Michel Lhortolat (livre du patrimoine publié par l’association Visages de notre Pilat en 2004) reconnaît qu’il s’agit de la plus étrange croix de la région. Patrick dans le tome 18 Le Pilat au fil du Rhône De Vérin à Chavannay (actes graphiques édition) présente une belle photo de « L’étrange croix de La Valette »… « spécimen magnifique et méconnu » : « Au-dessus d’un fût carré, un cœur quadrangulaire et entouré de trois branches trilobés, ‘’comme des petits-beurre’’. Ce cœur s’orne d’un motif dans lequel le profane ne verra que cinq ‘’bosses’’ en relief… L’initié, lui, saura y voir une croix pattée inscrite dans un cercle (et bien d’autres choses encore…) selon le même principe que pour la clé de voûte visible à Chavanay. »

 

La croix de la Valette, dans les années 80 et aujourd'hui

 

Page 16 de ce même tome, Patrick évoque cette « belle clé de voûte ornée d’un motif alliant rouelles, rose, et croix pattée ». Avant d’ajouter : « On parle bien sûr de trésor et de mystérieux souterrains… » Sous la représentation de cette œuvre d’art notre ami Stéphanois note en légende : « Clé de voûte, rue de Serves : en inclinant la tête à 45°, on y voit apparaître une croix pattée. » Cette inscription et cette croix de La Valette sur lesquelles nous ne pouvons nous étendre, semblent confirmer une présence templière.

 

Clé de voûte de Chavanay – à droite matérialisation en rouge de la croix pattée ou croix de de Malte quand on tourne le dessin à 45°

 

Les Chevaliers de Pélucin disparaissent en 1307, une année clé. Les domaines templiers après la fin de l’ordre, furent généralement attribués à l’Ordre Hospitalier de Saint- Jean, futur Ordre de Malte mais il arrivait qu’ils devenaient l’apanage d’une noble famille de la région. Tel sera le cas de La Valette. Ainsi vont apparaître au gré des mariages les Rochefort de La Valette. Dans la première moitié du XVIIe siècle, Marguerite de Rochefort de la Valette, épouse de Claude du Treuil, greffier de Virieu en 1624, vécut dans une mystérieuse maison du Pilat rhodanien « en un lieu que l’on ne va pas déterminer plus précisément afin de préserver une tranquillité bien légitime aux occupants de la vieille bâtisse que nous allons évoquer. » Telle était le souhait légitime de Thierry Rollat en février 2019. http://regardsdupilat.free.fr/dessignesvenusd%27ailleurs.html
Thierry dans son article Des signes venus d’ailleurs, reconnaît que cet édifice « semble indéniablement templier puisqu’à deux cents mètres de notre énigmatique maison se trouve une ancienne maison forte remarquable des Templiers du Pilat rhodanien, magnifiquement rénovée. » Bien que post médiévale, cette maison n’en demeure pas moins baignée d’une aura templière. Un homme dont nous ne pouvons donner que le nom et le prénom, Joseph Blaché, contacta Thierry et lui permit d’accéder aux « Signes » d’un autre temps visibles sur la cheminée :

 

Photo des signes sur la cheminée

(extraite de l'article de Thierry Rollat)

 

Thierry dans son article, nous présente une reconstitution en couleur de ces signes. Il nous apparaît que ces signes bien que présentés ainsi sur la cheminée, peuvent se lire également dans l’autre sens :

 

Relevé des Signes venus d’ailleurs article de Thierry Rollat.
À droite le même relevé mais inversé

 

Une fois inversés, leur schéma générateur paraît se retrouver dans ces hiéroglyphes égyptiens

:htts://en.wikipedia.org/wiki/Gardiner%27s_sign_list#Reading_list

 

 Les signes inversés et leur équivalence hiéroglyphique

 

La représentation de gauche visible sur la cheminée, paraît s’inspirer du hiéroglyphe égyptien représentant des collines et signifiant « pays des collines, terre étrangère ». La représentation de droite, après retournement, paraît s’inspirer du hiéroglyphe égyptien représentant l’horizon : lever de soleil entre deux montagnes. Cet idéogramme nommé Akhet, l’Horizon, apparaît dans le nom de la cité d’Akhenaton: « l'horizon d'Aton », la ville fondée par le pharaon Akhénaton, mais aussi – c’est important – dans le nom égyptien de la Grande Pyramide de Gizeh : Akhet Khufu, l’Horizon de Khéops !

 

Les hiéroglyphes égyptiens

 

Cette représentation des « Signes venus d’ailleurs » dans le sens « Akhet-Horizon », met en relief deux pyramides égyptiennes. On reconnaît à son sommet le pyramidion (la pierre angulaire) ou Benben, symbole du rayonnement solaire sur lequel se tient symboliquement le Phénix ou Benou.  L'égyptologue Américain Mark Lehner, expert du Sphinx affirme que les Égyptiens auraient pris le solstice d’été en considération en construisant les pyramides. Ses observations démontrent que lorsqu’une personne se tient près du Sphinx lors du solstice d’été, le soleil semble se coucher exactement entre les pyramides de Khéphren et de Kéhops. « Ceci est remarquablement similaire à un hiéroglyphe, Akhet, qui signifie approximativement ‘’horizon’’ »

https://www.aime-jeanclaude-free.com/blog/akhet-khufu/
Les deux pyramides représentées sur la cheminée, mais après retournement du haut vers le bas, correspondraient-elles à Khephren et à Khéops ? Le Phénix évoqué ci-dessus est quelque fois, dans l’explication du pyramidion, remplacé par le Sphinx. Nous retrouvons ici le voyage effectué depuis l’Égypte jusque dans le Pilat ; voyage relaté dans mon article De Péluse à Pélussin. Il apparaît que Patrick Berlier c’est intéressé à la projection de la Grande Pyramide dans le Pilat. Dans son conte de Noël LE SECRET DE LA GRANDE PYRAMIDE - UN CONTE D’UN AUTRE MONDE, il n’a pas hésité à projeter le Saint des Saints de la pyramide en un lieu qui ne peut être que Sainte-Croix-en-Jarez, ou ses environs immédiats… Inspiration plutôt judicieuse si l’on tient compte des observations faites par notre ami Éric Charpentier (Sainte-Croix-en-Jarez Un symbole de Perfections…) : « Le Magister de Sainte-Croix, s’il se positionnait au centre du Triangle de la Chartreuse, centre du lieu sacré, ne pouvait qu’observer les levers réels et non les lieux théoriques qui ont pourtant toute leur importance comme nous venons de le voir. « Il se trouve que par un heureux (?) hasard de Dame Nature, le soleil se lève à Sainte-Croix-en-Jarez le jour du solstice d’été à l’endroit où le relief est le plus bas et précisément au creux de de la ‘’cuvette’’ formée par les pentes des collines de Rochassieux et de Chantaloup. Éric reconnaît « que ce phénomène très étrange, entièrement lié à la topographie du lieu » fut « manifestement »… « pris en considération dans un premier temps par les bâtisseurs du néolithique mais aussi dans un second temps par les bâtisseurs du Moyen-Âge. » Avant d’ajouter : « Ce phénomène est certainement le même qui a donné naissance à l’un des plus vieux symboles des observations astrales, le hiéroglyphe égyptien ‘’akhet’’, symbole de l’horizon, figurant un lever de soleil au creux d’une cuvette. » Dans mon article De Péluse à Pélussin, j’ai pu évoquer l’influence du Royaume juif de Septimanie sur l’Histoire secrète du Pilat. Créé sous Pépin le Bref en 759, ce royaume exista durant 140 ans puis se pérennisa avec le titre de ''roi juif'' qui se transmit de manière héréditaire plusieurs siècles durant au sein de la dynastie makhirite des Nessiim de Narbonne venue de Bagdad, jusqu’en 1306, année où le roi Philippe le Bel, expulse tous les Juifs de son royaume et se proclame détenteur de leurs biens.

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Les plus grands Kabbalistes vont séjourner un temps dans ce territoire. L’un d’entre eux, fut Abraham ibn Ezra dit Raba’a (1092-1167) célèbre linguiste, astrologue, commentateur biblique et philosophe. Ce grand voyageur (Terre Sainte, Italie, Angleterre, Égypte, Afrique) natif de Tudela en Navarre, étudia la Kabbale dans la cité de Safed, la « ville des Kabbalistes » en Israël. Au retour il séjourna à Babylone et en Perse, où le calife de Bagdad avait permis aux Juifs d’avoir leur propre prince… les fameux Makir David dont un rameau s’installa dans le Forez. Raba’a séjourna un temps en Italie et en Provence, avant de rentrer dans l’ancien royaume de Septimanie à Narbonne. Il rencontrera les Kabbalistes de Lunel, et étudia trois ans à Béziers. Il rédigea un intrigant commentaire sur les mystères évoqués ci-dessus. Voici après traduction ce commentaire :

« Et il y avait des hommes, combien peu, qui croyaient en un homme qui avait le Nom de Dieu. Et quand Rome crut aux jours de Constantin qui renouvela toute la religion et mit sur son étendard une forme soutenue par un prêtre Édomite, il n’y avait personne au monde qui garderait la nouvelle Torah, hormis quelques Édomites ; c’est pourquoi Rome fut appelée ‘’le Royaume d’Édom’’. »

Cet homme qui avait le Nom de Dieu ou Éloah, c’est bien sûr Jésus. C’est bien l’empereur Constantin qui instaura la religion des chrétiens en tant que religion d’état. Son étendard est le fameux labarum, sur lequel fut apposé le Chrisme (symbole christique, initiale X…) avec la fameuse inscription : In hoc signo vinces, soit en français : « Par ce signe tu vaincras ». Il était brandi par un prêtre Édomite. Edomi signifie « rouge » d’où une possible traduction en « prêtre Rouge » et l’on pense aux Druides Rouges qui dans les combats maniaient l’épée ou la lance… Étrangement le commentaire de Raba’a s’applique à deux versets bibliques. L’un se trouve dans le Livre des Juges (5-4) et l’autre dans le Livre du Deutéronome (33-2) dont voici l’intéressante traduction présentée dans la Bible du Semeur : « Il dit : L’Éternel est venu du Sinaï, il s’est levé pour eux ; aux confins de Séir tel le soleil à l’horizon, et il a resplendi de la montagne de Parân. Et les saints anges par myriades étaient autour de lui. » Cette traduction s’éloigne du mot-à-mot. En effet, dans le texte hébreu (partie du verset où est évoquée Séir), seul le mot Zara’h ou Zariha : « se lever » ou « briller », caractéristique du soleil, apparaît :  (il) a brillé sur le Séir pour eux ! » Les mots soleil et horizon, n’apparaissent en fait que dans l’exégèse hébraïque. Le commentateur juif Malbim (XIXe siècle) explique que le mot Zariha, « fait référence au début de l'apparition de la lumière et non à sa persistance. » Le mot est donc synonyme de l’égyptien Akhet. Les quatre lieux indiqués dans le verset, suivant le Sifre Deutéronome, commentaire juif du IIIe siècle accepté depuis par tous les grands exégètes Juifs ainsi que par saint Jérôme, doivent être ainsi compris : Il est venu du Sinaï - lorsque le Tout-Puissant a révélé qu'il devait donner la Torah à Israël, non pas dans une seule langue, mais en quatre langues […] : Il est venu du Sinaï - c'est la langue hébraïque. Et il s’est levé sur le Séir, pour eux ! : c'est une langue romaine (Romi). Apparue du mont Paran - c'est une langue arabe. Et a quitté les saintes myriades (les anges) – c'est une langue araméenne ». Le Séir désigne le Mont Séir, la montagne biblique d’Édom qui dans l’exégèse juive, notamment dans les Manuscrits de la Mer Morte, correspond à Rome et à l’Empire Romain dont la langue est le Romi (latin). Saint Jérôme au siècle suivant, à l’appui de ce commentaire traduira : Et de Seir ortus est nobis » soit en français : « Et il s’est levé pour nous de Séir » ! alors que le texte hébreu dit « pour eux » ! Jérôme par sa compréhension du commentaire juif ose cette traduction audacieuse. Suivant le commentaire juif, cette phrase tirée du Deutéronome, doit être associée à un verset du Livre des Juges 5-4 (Bible du Semeur) : « Ô Eternel, lorsque tu sortis de Séir, lorsque tu t’avanças depuis les champs d’Edom, la terre se mit à trembler et le ciel se fondit en eau : les nuées déversèrent une pluie abondante. » Mais ce commentaire du Sifré Deutéronome reconnu par tous les Kabbalistes à commencer par Raba’a qui établit une correspondance entre le Mont Séir d’Édom (territoire des fils d’Ésaü ou Édom) et la région où Constantin a été acclamé empereur, se prolonge ainsi : « Tout d’abord, Dieu s’approche des fils d’Ésaü et leur demande s’ils sont prêts à recevoir la Torah. Ils s'enquièrent de son contenu mais, après avoir appris qu'il inclut une interdiction du meurtre, ils expliquent que l'effusion de sang est l'essence de leur patriarche, qui accomplit la bénédiction d'Isaac : ‘’Par ton épée tu vivras » (Genèse 27 - 40).’’ » D’où il appert que : « Le meurtre est donc un aspect intrinsèque du caractère et du patrimoine de Rome « Cette épée d’Ésaü par laquelle vivent les Édomites est présentée comme leur « héritage ». Rashi de Troyes, le Rabbi Champenois qui commentait le texte hébreu au mot-à-mot, expliquait qu’Édom/Ésaü vivra non « par », mais « sur » son épée… Ce qui semble indiquer que cette épée peut s’entendre tout à la fois comme l’arme de guerre qu’elle est mais aussi comme un lieu. N’oublions pas que Rashi vivait dans le royaume de France. Dans les « Signes venus d’ailleurs » nous découvrons une épée. Était-elle à l’origine, aussi rouge qu’elle apparaît sur la reconstitution ? L’épée d’Édom après traduction apparaît comme l’épée Rouge… Cette épée semble bloquée dans une roue. En avril 2020 l’hermétiste Renard Gambline inspiré par les « Signes venus d’ailleurs », nous présentait dans les Regards du Pilat, une pertinente étude des signes. htt://regardsdupilat.free.fr/renard.html Il décrypte de belle façon la présence dans ces signes de l’hermétique S, le Serpent, « hiéroglyphe du Principe alchimique primordial » et « signe graphique du soleil , père de la lumière c'est la notation de mouvement, du devenir et du déplacement sur la roue avec ses rayons, nécessaire à la coction de la matière ». Nous retrouvons la roue à proximité du S : « Pour la roue surmontée d’une épée ; elle représente la roue de la fortune dans l'art du Moyen Age avec un sens plus étroit auxquels sont attachés des hommes ou des figures allégoriques puisque l’ensemble symbolise les changements de fortune, la roue est liée à la symbolique du cercle, à laquelle s’ajoute la notion de mouvement, du devenir et du déplacement. » Cette roue, symbolique du soleil apparaît surmontée de l’épée, rayon lumineux solaire dont Renard Gambline nous rappelle qu’elle est l’hiéroglyphe du feu des Philosophes. Posée sur la lame de l’épée, la roue apparaît comme un cercle partagé en deux partis égales chargées d’une croix en X ou croix de saint André : la Lumière. L’épée est placée à l’extérieur de la pyramide. Elle veille telle le Sphinx sur la pyramide.

 

Détail de la roue et l'épée

 

Dans l’article De Péluse à Pélusin, citant le Rav Roiter j’indiquais que le mot Sphinx était étymologiquement apparenté à l’hébreu Tsaphon qui désigne ce qui est « caché », un « mystère », le « Nord » d’où vient la lumière (Livre de Job) et le dieu du Nord, Baal Tsephon. Ce que je ne savais pas lorsque je rédigeai cet article, c’est que cette étymologie du mot Sphinx était déjà ancienne. En effet, Frédéric Portal (Les symboles des Égyptiens comparés à ceux des Hébreux suivi du texte intégral en français du Hieroglyphica d’Horapollon – 1840 – réédité avec commentaires par Georges Lahy) évoquait déjà pour le mot Sphinx « l’hébreu […] TŠAFAN signifie cacher et garder, et […] TŠAFON ou […] TŠEFOUN, un mystère, un arcane et la région des ténèbres, le nord. »… « Le sphinx  possédait encore la signification de maître ou seigneur ». Le mot Sphinx dans le sens de « Seigneur » apparaît ainsi comme un synonyme de Séir (nom de la montage d’Édom) dont l’une des étymologies est précisément « Seigneur » en akkadien. Le baron Frédéric de Portal terminait ainsi son exégèse du mot Sphinx : « Pharaon délègue sa puissance à Joseph, et le nomme interprète des sphinx, […], ou interprète des choses cachées. Le premier ministre était le gardien et l’interprète des ordres cachés du souverain et des lois secrètes de l’empire. » Ceci est d’autant plus intéressant, car ainsi que je l’ai évoqué dans mon article, Joseph suivant les commentateurs juifs, avait transformé le blé en or. Cet Or que les Hébreux quittant l’Égypte au temps de Moïse auraient retirés des pyramides… (De Péluse à Pélussin… ). Les Hieroglyphica d’Horapollon ont été traduits et même adaptés par Nostradamus. Le Mage de Salon affirmait avoir traduit l’Orus Apollo non pas l’édition vénitienne de 1505 d’Alde Manuce mais « SCELON UN TRES ANCIEN EXEMPLAIRE GREC DES DRUIDES ». Patrice Guinard (Nostradamus traducteur Horapollon et Galien – BoD Édition) a révélé dans la traduction de Nostradamus la présence d’un véritable codage. Il émet l’hypothèse suivant laquelle l’exemplaire druidique que Nostradamus aurait possédé, pourrait provenir de la station gallo-romaine de Glanum où se trouve cette curieuse inscription : « L. HO. SCRI. » ainsi commentée par P. Guinard : « Une allusion à des livres d’Horus ? Ceux d’Horapollon ? Transmis par un copiste ? » Peut-être « L : Liber : Livre(s) », « HO : Horus et « SCRI : SCRIBO, Scribe » Nostradamus n’a pas omis de traduire en un huitain la section désignée par cet incipit : « [A75] Comment ilz signifient la bouche » dont voici les premiers vers  :

Et quant ilz veulent bien descrire la bouche
A paingdre au vif ung serpent ont s’esforce
Car par la gueulle nous nuict quant il nous touche

Au travers des trois premiers vers de ce huitain nous retrouvons en termes hiéroglyphiques, le nom du premier porteur de la Sainte Lance (pé nahash : la « bouche de serpent ») tel que suivant l’Orus Apollo les Égyptiens décrivaient la bouche. Le cryptage de l’ouvrage tel que le conçut Nostradamus, serait peut-être à prendre en compte pour la compréhension des mystères pilatois évoqués ci-dessus. Ce traité aurait été écrit en langue copte et traduit en grec par un certain Philippos dont le nom qui est aussi celui d’un apôtre de Jésus, signifierait suivant la Légende Dorée : « Bouche de lampe »… Les « Signes venus d’ailleurs » donnent à penser qu’il faille associer l’épée à la croix de Lorraine, placée sous la vigilance du Serpent, l’S ou la Grosse S (le Gros Airain nostradamique).

Cette croix se retrouve dans le Pilat. Patrick Berlier nous en parle dans le tome 18 du Guide du Pilat et du Jarez : Le Pilat au fil du Rhône De Vérin à Chavannay… Avant de s’arrêter longuement à La Valette, Patrick s’arrête à la Morcellarie où l’on accède après avoir fait une halte à la Pierraborna marquée par son socle rocheux. Sur la paroi rocheuse est gravée une croix de Lorraine « à l’intérieur d’un V » croix qui, Patrick nous le rappelle, « se nommait ‘’croix d’Anjou’’, en raison d’une relique, un fragment de la Sainte-Croix taillé en croix à double traverse, ramené de Terre Sainte en Anjou par les Croisés. Parmi eux était un certain Gordin de Roucout, templier de la commanderie de Marlhes. Le bon roi René en fit son emblème, et la rebaptisa ‘’croix de Lorraine’’ après avoir vaincu Charles le Téméraire à Nancy en 1477. ». Patrick rappelle ensuite que : « Si la province d’Anjou est bien loin du Pilat, la ville d’Anjou en est au contraire très proche, de l’autre côté du Rhône. Elle fut le fief de l’une des branches de la famille de Roussillon. »

Une croix de Lorraine dans un V se retrouve à Montreuil-sur-Mer. Philippe Valcq, historien de la cité, la présente comme le « Signe de ralliement des Ligueurs » (L’énigme de la ville secrète des Templiers Montreuil-sur-Mer – Éditions Ramuel). La croix d’Anjou fut utilisée par les Templiers, il est donc possible que les Ligueurs au XVIe siècle aient utilisé ce symbole en toute connaissance de ses origines. Les « Signes venus d’ailleurs » ne semblent pas étrangers aux graffitis de Chinon, le Testament des Templiers : Nous reconnaissons sur cette partie des graffitis de Chinon, la Sainte Lance.

 

Comparaison des  « signes venus d'ailleurs » et des graffitis de Chinon : la grosse S forme leur point commun

 

Albert Heron de la Chesnay (Les graffiti de la tour du Coudray à Chinon – revue Atlantis n° 268), Président-fondateur à Chinon du C.A.N.O. (Compagnons d’archéologie et d’iconographie pour nantir les œuvres) qui œuvra dans cette cité avec Louis Charbonneau-Lassay, s’interroge sur la découverte de la Sainte Lance : « Est-elle pour eux un signe, un présage ? Les Chevalier du Temple sont-ils la ‘’lance de Dieu’’, comme Jeanne d’Arc faisant prendre à sainte Catherine l’épée de Fierbois qui devint ‘’l’épée de Dieu’’ ? » Ente la Sainte Lance et le Templier auréolé à genou, apparaît « un ange dont il est séparé par un signe S (qui ressemble à un col de cygne) dans lequel est placée une main. » A. Heron de la Chesnay reconnaît dans cette représentation une Annonciation… une Grosse S (grossesse) à venir ?

Le fondateur du C.A.N.O. nous entretient de la théorie avancée par certains chercheurs suivant laquelle ces graffiti seraient une carte géographique de type trésoraire. Le Templier militaire qui « défend les Lieux saints symbolisés par les deux calvaires » et portant « le bouclier du Temple marqué de l’ennéade », localiserait « la Commanderie de Payns, ‘’fief d’Hugues de Pays, fondateur du Temple’’. L’auteur de cet article poursuit : « En bas à droite du graffiti, nous considérons avoir saint Bernard comme en bas à droite de la carte, nous avons sa fondation : l’abbaye de Clairvaux ». La carte ici mentionnée est celle présentée par Louis Charpentier dans son livre Les mystères Templiers. « L’énigme… serait donc dans la forêt, dans la partie dite du Grand Orient… ? » L’hypothèse forêt d’Orient, zone marécageuse créée par les Templiers, demeure très intéressante. Il serait peut-être envisageable de proposer une lecture similaire avec les « Signes venus d’ailleurs ». Les lieux s’il faut en retenir apparaissent peut-être dans cet article. S’il fallait retenir une abbaye cistercienne nous la découvririons assurément dans les propos suivants : Saint Bernard qui donna à l’Ordre du Temple ses statuts, s’en vint « sur les confins de la Bourgogne, du Forez et du Lyonnais, dans la vallée de la Tessone* […] visitant ces lieux, avec quelques-uns de ses frères, arrivé à l'endroit où s'éleva depuis le couvent de la Bénisson-Dieu, s'écria dans un transport d'enthousiasme et d'inspiration : ‘’Hic, fratres, benedicamus Domino’’. Ici, mes frères, bénissons Dieu. Solitude, silence, vallée humide et profonde, c'était l'image de la vallée d'Absinthe (premier nom de Clairvaux). Une émotion bien naturelle tira de l'âme du saint cette exclamation prophétique qui détermina le nom et le séjour de la XXXème fille de Clairvaux. » *La vallée de la Tessone formait une enclave du territoire Lyonnais entre le Forez et la Bourgogne.

 htts://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=htt%3A%2F%2Fabbaye.benisson.dieu.free.fr%2FHistoire.htm%23_Toc65030696#federatin=archive.wikiwix.com&tab=url

Nous pouvons découvrir ces informations sur le site de l'abbaye de la Bénisson-Dieu [en mode archive] dans l’article Abbaye Royale de la Bénisson-Dieu. Cette abbaye cistercienne se trouve dans la commune La Bénisson-Dieu (département de la Loire). Ces faits ont été notamment rapportés par le chanoine Jean-Marie de La Mure, dans son Histoire du Forez.

 

À suivre... Prochainement vous découvrirez la seconde partie de cette recherche passionnante : De la maison aux « Signes venus d’ailleurs » aux divinités OSIRIS et ISIS

 


                        

                                



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