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JANVIER 2013


AUX ORIGINES DE LA LEGENDE DU ZICLE




Par Michel BARBOT


Les légendes du Mont Pilat ont su pérenniser tout au long des siècles le fonds secret mais  lumineux de cette terre de montagne. Jean Combe dans son recueil « LE MONT PILAT  CONTES ET LÉGENDES » fait revivre en 1958 aux Editions Dumas de Saint-Etienne, les merveilleuses légendes de ce terroir secret. L’un de ces plus beaux contes est sans nul doute la Légende du Zicle.

Un roitelet, pas plus gros qu’un pouce, le répétaret local, ne se lassait pas de répéter « Zi-zel, zi-zel, zi-zel ». Tel un follet, il saluait par trois petits « zi, zi, zi », tous ces amis de la campagne, les papillons et les fleurs de genêt du mont Pilat.

Au matin, sur le versant de la montagne, au col de Chavanol, après avoir conversé avec une grive et une mésange, il songeait : « (…) je n’ai jamais rencontré le Zicle, dont ma défunte mère m’a si souvent parlé. Ce gros serpent est précisément aussi vieux qu’un corbeau et ses yeux, noirs comme des airelles, doivent encore attirer ceux qui ont la malchance de les regarder. »

Soudain le roitelet se sentit tout remué… il vit dans un rayon de soleil, le « Zicle » étendu sur les grosses pierres d’un « chirat ». Te voilà, répétaret, toi qui répètes toujours la même chanson, dit lentement le Zicle, tout brillant d’écailles vertes et jaunes.

En ce jour printanier la vie terrestre du Zicle s’achevait. L’heure était venue pour lui de transmettre son secret. Une fée qui peignait ses longs cheveux lui révéla jadis l’endroit où elle cachait des pierres de lumière, des grains d’or et de la poussière plus brillante que le soleil levant. Le roitelet fut l’heureux dépositaire de ce secret que le Zicle comparait à un grand jardin plein d’arbres, de fruits et de fleurs, dont on garde la porte fermée…

Les ultimes paroles formulées par le Zicle au roitelet se voulaient un joli souhait : « que lorsque avril reviendra, ta compagne ponde six œufs roses au fond d’un nid de plumes et de mousses. A présent je puis mourir en paix. »

Lorsque le Zicle s’éteignit : « Le ciel, dit la légende, « perdit peu à peu sa teinte de fleurs sauvages. » Le roitelet n’attendit pas la fin de la nuit pour aller saluer les trésors du Zicle. Tout joyeux, il lança ses « zi-zel... zi-zel… zi-zel... ». Le Zicle lui avait dit : « Il faut que je te donne maintenant la clé de ce domaine, ou si tu préfères, que je dise la bonne formule te permettant de trouver sans peine le coin de la montagne où dorment mes trésors. » Le Saut du Gier était ce coin de la montagne où le roitelet, intronisé nouveau gardien, devait prononcer la bonne formule qui ouvrirait le passage. Le répétaret, par trois fois, d’un trait, psalmodia la formule qui « soulève au galop pierres et rochers,  collines et montagnes… » :

« Ouvre-toi, montagne, scartapène, scartapon, scartapé, hé. »

«  Aussitôt les vieilles pierres s’écartèrent. » Le roitelet « ferma les perles de ses yeux tant les richesses du Zicle lançaient des traits de clarté. Il n’osait poser l’étoile de ses petites pattes sur des grains d’or, des pierres teintées de rouge et de vert et de paillettes plus jaunes que le blé mur. »

Le roitelet regagna la terre et lança un cri de joie. En cette nuit de la Saint-Jean, la répétaret, apparaissait transformé. Ainsi que le remarqua un berger, sa huppe était devenue rouge, pareille à une crête de feu et une raie d’or était apparue au-dessus du bec.

Perché sur la grosse branche d’un chêne, le roitelet entendit la conversation de deux pauvres hommes du Mont Pilat s’en venant sur le chemin. L’un d’eux disait : « (…) l’or est comme une fleur au milieu de l’hiver, comme un fruit bien frais au cœur de l’été… »

En ce matin : « L’aurore s’ouvrait comme une fleur au-dessus de la barre des collines… » Cette fleur matinale inspira le roitelet. Il était lié par une promesse que ni les fées ni le Zicle n’eurent jamais le temps de faire pour les braves gens du Pilat... « Chaque nuit, le roitelet gagnait les rochers, prononçait la bonne  formule, puisait dans les trésors du Zicle et s’en allait semer… semer les richesses à plein bec dans la rivière. »

La Légende du Zicle narrée par Jean Combe se clôt par ce bel happy end plein de promesse :

« Voilà pourquoi les roitelets ont depuis, dans le vert de leurs plumes, une ligne couleur d’aurore et voilà pourquoi le Gier roulais jadis, dans ses eaux, des paillettes d’or, que les hommes du mont Pilat ramassaient en riant et en chantant… »

Cette belle légende qu’il convient de lire dans le recueil de Jean Combe pour en connaître  toutes les lignes, peut s’entendre à différents niveaux.

Un hermétiste des siècles passés, nourrit de tradition kabbaliste, aurait pu donner vie à cette légende dans laquelle nous trouvons un résumé du Grand Œuvre.



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LE ROITELET DANS LA SYMBOLIQUE



Roitelet huppé

    Image libre de droits   




Tout un légendaire accompagne le roitelet. Pour différents peuples de
la Terre, le plus petit des oiseaux ramena d’auprès de Dieu, le Feu à l’homme.  Aussi n’est-il pas surprenant de découvrir le roitelet, au retour du grand jardin plein d’arbres, de fruits et fleurs,  la huppe devenue rouge, pareille à une crête de feu.




Ce petit roi, était l’oiseau sacré des Druides. Le gallois Dryw et le breton Drev confirme la tradition. En irlandais, le roitelet est appelé Dreoilín : le « Druide des oiseaux », appellation que l’on retrouve, ainsi que l’indique Divi Kervella (Emblèmes et symbloles des Bretons et des Celtes – éditions coop breiz) avec le breton Dreolan. « Au Pays de Galles, écrit cet auteur, quiconque détruit un nid de roitelet va en enfer. »

La symbolique royale et druidique du roitelet semble avoir perdurée au Moyen Âge avec le lâché de l’oiseau, symbole de délivrance et de joie, dans l’église lors de la messe de Noël. Jean-Paul Clébert dans son « Bestiaire Fabuleux » (éditions Albin Michel) raconte que l’oiseau était capturé quelques jours auparavant par les garçons du village. « (…) il était solennellement porté, au bout d’une perche, et présenté vivant au prêtre qui le bénissait, le détachait et lui rendait ainsi la liberté. L’oiseau voletait dans l’église avant de s’échapper par la porte laissée ouverte. »

Le lâché d’oiseau dans les églises avait lieu pour le sacre des rois, ou lors de l’entrée solennelle d’un souverain dans la capitale. » J.-P. Clébert rappelle que : « Les oiseleurs du Pont-au-Change, sur l’ordre de Charles VI, ouvrirent ainsi les cages de quatre cents oiseaux dans le chœur de Notre-Dame. En Provence, cette cérémonie conserve encore aujourd’hui le nom de Petouso, qui était celui de l’oiseau choisi, le roitelet ou plus exactement le troglodyte (parvulus troglodytus) qui est le plus petit des oiseaux européens. La Petousso était encore récemment commune à plusieurs villages provençaux. »

Enfin, autre élément de nature à expliquer la présence du roitelet dans les églises : la légende se rapportant à la Passion du Christ,  évoquée par Louis Charbonneau-Lassay dans son livre « Le Bestiaire du Christ » (éditions Albin Michel) :

« (...) le Roitelet compatissant serait venu verser incessamment, sur les lèvres exsangues du Crucifié divin, de fraîches gouttes d’eau qu’il apportait aux creux d’un pétale de rose, ne pouvant faire plus et mieux. Les bonnes gens d’autrefois, dans le Poitou septentrional et l’Anjou, prétendaient bien que ce roitelet-là était venu, tout riche de dons divins, terminer ses jours chez eux, et que tous les roitelets de cette région sont ses arrière-petits-enfants ! »


LE ZICLE ET SON CYCLE


Si le nom donné au petit oiseau, guère plus gros qu’un pouce, est bien connu des Français, reconnaissons que  celui du gros serpent de la légende l’est beaucoup moins. Quelle est donc l’origine du mot Zicle ?

La réponse apparaît dans un lexique de l’abbé Joseph Meunier, curé de Saint-Paul-de-Vézelin. Ce lexique connu sous le titre « Patois de la Région de Charlieu », a été mis en ligne sur le Net (forezhistoire.free.fr/images/patoisdecharlieu.pdf). Il s’agit d’une copie d’après l’exemplaire de la Diana, 1er février 2004. Ce lexique est ainsi évoqué par J.B. :

« Il y a environ un demi-siècle l’abbé J. Meunier, curé de Saint-Paul-de Vézelin, a recueilli un peu plus de 650 mots du patois de la région de Charlieu (zone limitrophe du Forez historique). (…) Cette brochure, malheureusement non datée, est difficile à trouver. Les archives de la Diana en possèdent un exemplaire. Même imparfait et inachevé, ce travail à le mérite d’exister, aussi mettons-nous ce lexique à la disposition des personnes intéressées par le patois. Il peut permettre d’intéressantes comparaisons avec le vocabulaire d’autres régions de France. »

Le mot Zicle de par sa position dans l’alphabet, ferme précisément le lexique de l’abbé Joseph Meunier :

« Zicle ou cycle : grande couleuvre de couleur jaune. »

Le Cycle autre nom du Zicle  apparait intéressant, il nous parle de cercle, de cycle, et ainsi de période d’années. Le Zicle, gardien de la porte, apparaît également comme un maître du temps : le Temps du Zicle. Révélateur de la nature du Zicle apparaît également cet autre nom du serpent dans le patois lyonnais : le Jicle.



LE LANGAGE DU ROITELET ET DU ZICLE


Le Zicle entend la langue chantée du roitelet : « Zi-zel, zi-zel, zi-zel ». Le « Zi », première syllabe de son nom, le prédispose à comprendre le chant du répétaret. Lire n’est pas entendre, peut-être convient-il dans la lecture du chant, de déplacer d’une lettre sur la droite le tiret de Zi-zel. Voici que jaillit à présent le chant « Ziz-el, ziz-el, ziz-el ». Ce chant, cantique divin, pourrait avoir été chanté par un Hébreu. Oui, en effet, « Ziz » est un mot hébreu, aux significations très importantes qui seront développées plus avant dans le texte. « El », seconde partie de Ziz-el, signifie « Dieu » ou « Héros ». Ce chant s’adresse au Zicle dont le nom dans la langue des oiseaux, peut se lire Zi-clé : la Clé du Zi.  Lorsque le roitelet salue ses amis et sans doute les trésors du Zicle – car oui, il salue d’après la légende, les trésors – sa salutation consiste en trois petits cris : « zi, zi, zi »...

De quelle nature peut-être la sa lutation du triple Zi ? En hébreu la racine Zi désigne ce qui réfléchit comme la lumière, toute idée de grâce et d'éclat (Fabre-d'Olivet  "La Langue Hébraïque restituée" Editions L'Âge d'Homme). Georges Lahy dans "OTIYOTH les lettres hébraïques" évoquee Zi, l'action de rayonner, le mouvement lumineux coulant ainsi que : "Ne pas rester seul".

La triple salutation du roitelet est très belle. Le répétaret souhaite à ses amis de rayonner certes, mais de rayonner en (bonne) compagnie. C'est dans un rayon de soleil que le roitelet rencontra le Zicle... Lorsqu'il salue les trésors du Zicle, le roitelet permet ainsi à l'or et aux pierreries de rayonner ; ce qui est le propre des trésors - qui plus est du Zi-cle - mais de rayonner pour les hommes. Les pierreries ont également besoin de la présence de l'homme... Les pierres rayonnantes que le roitelet salue, ont peut-être une nature angélique, telles les pierres de feu du Livre d'Ezéchiel 28 - 14 que la tradition présente comme des anges ...

N’oublions pas non plus que le zizi désigne les petits oiseaux (zoizeaux –zoziaux…) et par extension ( ?! ) le sexe masculin. En hébreu la lettre Zaïn désigne une arme (épée…) et dans le langage populaire, le sexe masculin. Cet aspect populaire apparaît dans la Légende du Zicle de façon voilée lorsque le Zicle formulant sa bénédiction dit au roitelet : « que lorsque avril reviendra, ta compagne ponde six œufs roses au fond d’un nid de plumes et de mousses ».



















LE ZIV OU L’ECLAT DE LA FLEUR AU PRINTEMPS


Zizel ou Ziz-El nous parle du Ziz de Dieu, voir du Ziz du Héros. Le Dictionnaire Hébreu-Français Sander/Trenel, présente le mot ZIZ comme un synonyme de ZIV, mot signifiant « Eclat », « Sérénité », « Floraison », « Bourgeonnement ». Ziv, «  Fleur » en phénicien est aussi le nom  que les célèbres navigateurs de l’Antiquité donnèrent à un comptoir sicilien,  la future cité de Palerme. Ziv fut aussi aux temps bibliques (I Rois 6 – 1), avant la déportation des juifs à Babylone, le nom du deuxième mois de l’année durant laquelle a commencé la construction du Temple de Salomon. Le mois de Ziv, ainsi qu’indiqué dans le dictionnaire Sander/trrenel, est le mois de floraison d’arbres et de plantes. Il correspond à avril-mai, le mois du Taureau et c’est bien semble-t-il durant cette période que commence la Légende du Zicle, ainsi que le démontre la bénédiction du Zicle appelant au prochain mois d’avril.

 

 
La légende se déroule en apparence, sur deux jours et pourtant, ce sont bien deux mois qui se sont écoulés entre la mort du Zicle et le retour du roitelet du Jardin des trésors ! C’est durant la nuit de la Saint-Jean, c’est-à-dire au matin du 24 juin que le roitelet réapparait. Dans le calendrier juif, cette période est celle du mois de Tamouz (juin-juillet), mois durant lequel est commémorée la destruction du second Temple.

Bien que Tamouz soit à l’origine le nom d’un dieu babylonien de la végétation, les Juifs expliquent de tradition, le mot Tamouz, en le décomposant ainsi : Tam~Vav~Zaïn. Tam, première syllabe du mot signifie « reliés », « achevés ». Les deux lettres hébraïques qui terminent le mot : Vav et Zaïn (soit le son OUZ) correspondent respectivement, suivant la tradition, aux deux mois bibliques précédents Tamouz : Ziv (avril-mai) et Sivan (mai-juin). En hébreu carré, le Vav s’écrit ו et le Zaïn ז. Si l’on relie ( hébreu Tam) ces deux lettes entre elles sur le dessus par un « pont » très fin, on obtient un Heth : ח, lettre correspondant au mois de Tamouz. Ces trois mois sont liés les uns aux autres et forment ainsi un véritable pont dans l’année, pont que le roitelet à franchi à tire-d’aile, en un temps qui n’a semblé durer que deux jours. Or, ces deux lettes, en défective, c’est-à-dire sans Iod central écrive le mot Ziv…

Suivant la tradition c’est durant le mois de Ziv que la Manne serait tombée du ciel sur la terre. Le don de la Manne, Pain du Ciel, est remplacé dans la Légende du Zicle par le don des paillettes d’or que le roitelet sème à plein bec dans la rivière.




LE ZIV OU LA LUMIERE EN MOUVEMENT DANS LE FIL DU TEMPS


Ziz-El est le Ziz de Dieu, voir le Ziz du Héros, de la Force ou du Pouvoir… Bien, mais qu’est-ce que le Ziz ? En hébreu comme en araméen, le mot Ziz signifie « Eclat. Ziz évoque aussi  un mystérieux animal dont le nom vient de Zouz, nom commun et verbe évoquant « ce qui se meut », « bouger », « se mouvoir », « s’agiter », d’où le Zouz, pièce de monnaie en argent valant un quart de sicle ou de chékel. Certains étymologistes pensent que ce mot araméen, aurait donné le français « sou ».

Le mot Ziz, désignant un animal apparaît dans le Livre des Psaumes au chapitre 50 verset 11, verset qu’il convient pour cette étude, de ne pas dissocier de celui qui le précède, principalement dans la traduction d’André Chouraqui :

« Oui, tous les animaux de la forêt sont à moi, les bêtes des monts-milliers.

« Je connais tout oiseau des monts ; à moi, la vivacité des champs.

La traduction d’André Chouraqui diffère quelque peu des autres traductions d’où son intérêt car elle laisse entrevoir certaines notions qu’aucune traduction ne peut véritablement dévoiler. Il y a tout d’abord à la fin du verset 10, l’hébreu BéHarreï-Eleph que la majorité des traductions transcrivent par « des milliers de monts », là où A. Chouraqui traduit « des monts-milliers ». Il y a ensuite le mot ZIZ que le traducteur interprète dans l’esprit par « la vivacité ». Bien que l’ensemble des traducteurs opte pour un pluriel, ce mot apparaît effectivement au singulier dans le texte hébreu. Le Dictionnaire Sander/Trenel donne la traduction « les bêtes », tout en expliquant ce choix, suivant la racine du mot Ziz : « De זוז  (ZOUZ) ce qui se meut ». Le mot Ziz dans ce verset des Psaumes ne désignerait pas un animal précis mais une diversité d’animaux vivants dans les champs, diversité dénommée Ziz et implicitement liée, de par son nom, à l’oiseau des monts  qui ouvre ce verset.

A présent que le décor est dressé, il convient de revenir aux « monts-milliers » mis en relief par ce traducteur atypique. Il y a assurément de sa part, la volonté d’orienter le lecteur vers le Pays des Mille Monts où suivant la légende vivait Béhémoth. Auquel cas, le Ziz du verset suivant se voudrait le rappel voilé d’un Ziz antérieur, oiseau gigantesque des monts, dont l’envergure dit la légende éclipsait le soleil.  Dans la célèbre Jewish Encyclopedia, ces deux versets sont précisément donnés comme un rappel du Béhémoth et du Ziz.




Image Wikipedia

Miniature juive – Béhémoth est figuré sous la forme d’un  bœuf, Liviathan sous la forme d’un Dragon des mers

 et le Ziz sous la forme d’un griffon.




Le Ziz fut représenté sous différentes formes allant du coq gigantesque au griffon, le gardien des mines d’or.

Dans le Livre des Proverbes 30 – 31 est évoqué un énigmatique ZARZIR MATANAÏM,  animal disparu pour certains exégètes.  Les traductions tentent à banaliser ou actualiser cet animal l’assimilant à un lévrier, à un cheval ou bien à un coq. Son nom biblique est un mot composé très étrange, d’où la difficulté pour les traducteurs. ZARZIR (redoublement de la racine ZOUR, « presser »), signifie : « ceint », « sanglé » mais aussi suivant le Dictionnaire Sander/Trenel : « fort », « agile » des cuisses. MATANÏM, un pluriel, désigne le niveau des reins, les hanches ou les flancs. Cet animal disparu est avant tout « celui qui est puissant des reins », « celui qui est ceint des reins », ou « celui qui a les flancs biens harnachés ».

La traduction biblique John Nelson Darby (1885) de ce verset apparait intéressante : « le (coursier) qui a les reins ceints ». L’idée de coursier reste dans l’esprit du texte originel, texte dans lequel le véritable nom de l’animal est absent. Cette carence a naturellement favorisée l’exégèse donnant naissance à des Midrashim (légendes) dans lesquels  cet étrange animal aujourd’hui disparu, est évoqué comme un gigantesque coq. Et ce coq suivant la tradition ne serait autre que le ZIZ. A supposé que l’homme l’ait véritablement connu, le Ziz,  dans un lointain passé, fut-il utilisé comme un coursier, tel l’Oiseau Rokh des légendes arabes, autre nom suivant certains commentateurs du Ziz ? L’Oiseau Rokh supplanta chez les Arabes l’Eléphant des jeux d’Echecs indiens qui portait sur son dos une corbeille remplie de soldats armés. Cette pièce devenue la Tour est nommée Rook par les Anglais, d’où le terme rocade désignant une figure du jeu intéressant la Tour. Cette rocade qui nomme de nos jours les voies périphériques urbaines prolonge symboliquement la route que suivait le Rokh/Ziz dans le ciel préhistorique.



L’ŒUF DU ZIZ OU LA LUMIERE JAILLANTE DANS L’ESPACE


Elément ô combien intéressant, me semble-t-il, les première et dernière lettres de l’oiseau ZiZ se retrouvent dans le mot ZARZIR (זרזיר). Il serait surprenant de penser que les Kabbalistes n’aient pas  vu dans ce mot le ZiZ (זז) qu’il convient de lire ici en défective afin que les lettres restantes révèlent en hébreu le mot RIRריר, évoquant essentiellement la « salive », voir le liquide de certaines plantes mais aussi dans le Livre de Job 6 – 6, le « blanc d’œuf ».


זרזיר  ZARZIR

ז  ז             ZIZ

RIRר יר         




Retrouver l’oiseau Ziz dans la structure même du mot ZARZIR associé à l’œuf – ne serait-ce en l’occurrence qu’un blanc d’œuf – c’est déjà fort intéressant ! Le verset du Livre de Job où figure cet obscur « blanc d’œuf » est, pour exemple, traduit ainsi dans la traduction du Rabbinat : « Peut-on manger un mets insipide sans y mettre du sel? Trouve-t-on quelque saveur au blanc de l’œuf? » Le texte hébreu se termine par les mots « béRir H’alamout ». Ces deux mots apparaissent comme un véritable casse-tête pour les traducteurs. « BéRir » signifie : « au (dans le) blanc d’œuf ». Là où ça se corse, c’est avec le « H’alamout » final qui n’est pas véritablement pris en compte dans les traductions évoquant l’œuf. Il convient une fois encore de se rapprocher du Dictionnaire Sander/Trenel dans lequel il est rappelé que ce mot signifie « jaune d’œuf » et que le texte sous-entends : « dans le jus (le blanc qui entoure), (חלמות) le jaune d’œuf ». Mais il est indiqué en premier lieu que H’alam- est identique à H’alab-, « blanc ». Pourquoi faire simple quant on peut faire compliquer ! Convenons, qu’il y ici, de quoi s’en gratter la tête ou son crâne d’œuf ! Le texte hébreu côtoie ici le pléonasme, raison pour laquelle certains traducteurs, reprenant ainsi l’opinion de quelques commentateurs Juifs, voient dans H’alamout une plante : le pourpier, la buglosse ou la guimauve et retiennent pour le mot Rir qui précède, le sens de « jus ».

Pour cette présente étude, l’intérêt réside dans le Rir désignant le « blanc d’œuf ». L’idée de l’œuf seule est déjà bien parlante. L’œuf de Ziz est identique à l’œuf du Rokh dont l’importance nous est révélée dans les légendes arabes. Michel Gall dans son livre « Le secret des mille et une nuits – Les arabes possédaient la tradition » (éditions Robert Laffont), consacre de longues pages à l’Oiseau Rokh apparaissant dans le deuxième voyage de Sindbad : « Abandonné par ses compagnons sur une île, Sindbad aperçoit à l’horizon comme un grand fantôme blanc, un dôme prodigieux. C’est l’œuf d’un gigantesque oiseau, si grand qu’en volant il ‘’ obscurcit le ciel ‘’ : le Rokh, qui arrive bientôt à tire-d’aile. » Attaché à la patte du Rokh, Sindbad est embarqué pour un voyage dont le terminus est « La Vallée aux Diamants ». Tient, tient ! Ceci ne nous rappelle-t-il par la Légende du Zicle ?

Michel Gall poursuit : « dans Aladin ou la Lampe merveilleuse, le magicien conseille à la femme d’Aladin d’appeler le génie de la lampe pour qu’il suspende au plafond du grand salon, en guise de lampe, un œuf de rokh. A cette demande, le génie s’étrangle de rage : ‘’ Le Rokh, dit-il, est mon maître suprême ! Pas question de lui dérober un œuf ! »

Cet œuf de lumière, le dôme blanc, nous entraîne dans le monde du rêve. Mes recherches sur le Net m’ont permis de découvrir la Young’s Litéral Translation, traduction biblique de langue anglaise qui propose pour le verset 6 du chapitre 6 du Livre de Job, la transcription suivante :

« Eaten is an insipid thing without salt ? Is there sense in the drivel of dreams ? »                      

« Manger est une chose insipide sans sel ? Y a-t-il des sens dans le radotage de rêves ? »

Cette traduction est intéressante, si elle remplace « le blanc d’œuf » par le « radotage », elle traduit « ‘Halamout » par « rêves » et c’est assurément-là que se trouve la clé du verset. Sur le Net se trouve également le récit d’Albert Soued  (8 septembre 2004 - Conférence à Lille) titré « La symbolique dans la Bible » (http://soued.chez.com/symbique.htm). L’auteur évoque le rêve, hébreu « H’alam » dans le sens de songe ou vision prophétique, tel qu’il apparaît dans la Bible :

« En hébreu la racine de "h'alom" qui est h'/l/m signifie récupérer, être fort, sain. Elle a d'autres connotations liées à l'extra lucidité, la folie, mais aussi à des liants, ciment ou blanc d'œuf. Ainsi le rêve est un lien. Entre quoi et quoi? Entre deux états, éveil et sommeil; entre deux univers, angélique et matériel; entre deux composantes du psychisme, conscience et inconscient.

« En hébreu rêver ou "h'alam" a pour anagramme le "pain" (léhém) et le "sel" (mélah'), bases de l'équilibre physiologique et dont la carence est dangereuse. Rêver est aussi nécessaire à la vie que le pain et le sel. Le rêve comme le sel peut compenser l'insipidité d'une vie.

Bien que l’auteur ne mentionne pas le Livre de Job, il est certain qu’il s’y réfère et tout particulièrement aux versets 6 et 7 du 6e chapitre où sont évoqués le sel et le blanc d’œuf, ainsi que le pain.

Le mot ZARZIR, « ceint », « sanglé » nous a orienté, de par le contenu de ses lettres, vers le Ziz et son blanc d’œuf. Il nous révèle au final la notion prophétique du rêve. La Légende du Zicle ne se veut-elle pas prophétique ? Le vieux Zicle avant de mourir adresse au roitelet la bénédiction prophétique des 6 œufs… ça en fait des blancs d’œufs ! Lorsque le roitelet s’en revint du Jardin des trésors, il entend l’un des vieux du Pilat gémir : « Jamais la fortune ne prendra les sentiers de notre montagne, où l’on rencontre plus de neige et de brouillard que de beaux jours, plus de champs de bruyères que de bonnes terres à blé. Jamais, en travaillant de l’aube à la nuit, nous ne pourrons avoir écus en poche et miches dans le pétrin. »

L’ombre de Job se lamentant sur la qualité de sa nourriture, se refusant à toucher à son pain… réapparait avec le vieux du Pilat qui voudrait bien manger du bon pain mais qui par expérience reste résigné. Le Zicle mourant mais survivant au travers du roitelet, peut être pareillement rapproché de Job. La langue hébraïque connaît également une pierre appelée H’alam, peut-être l’améthyste ; cette pierre est étymologiquement une pierre de rêve. Et ce sont bien des pierres de rêves que le roitelet découvrira dans le Jardin des trésors.

Bien, que la Bible n’évoque pas directement le Ziz, contrairement à ses deux rivaux, le Léviathan et le Béhémoth, il n’y est pas véritablement absent non plus ainsi qu’indiqué sur le site « knowledger ».  Dans II Chroniques 20 – 16, est mentionnée la Montée de Ziz, ou plus précisément la Montée de Tsits. Le nom de ce petit mont, passage permettant d’accéder à Ein Gedi, rappellerait le Ziz. Les dictionnaires hébreux, tel le Sander/Trenel, rappellent que le Zaïn, initiale de Zicle, peut permuter avec le Tsadé. C’est ainsi que les deux Zaïn de Ziz permutent ici avec deux Tsadé donnant naissance au mot Tsits de mêmes significations que Ziz. La montée en question traduit le mot Maalah qui signifie « lieu élevé », « personnage élevé » ainsi que « montée des tombeaux de personnages royaux ». Le Dictionnaire Sander/Trenel évoque le mont appelé Sis (lire Tsits) (…) sur le coteau qui conduit à Sis. Une telle lecture laisse entrevoir une possible cité du Ziz et son coteau, sa montée où s’élevai(en)t peut-être quelque(s) tombeau(x) lié(s) au Ziz. Tout ceci bien sûr n’est que pure hypothèse mais elle a sa place dans la présente étude.

En 1849, Jean-Augustin Bost dans son Dictionnaire de la Bible évoque l’hypothèse de Barris qui compare le mot hébreu Shish ou Shesh (marbre), à la montée de Tsits. Pour Barris, la montée de Tsits pourrait être la carrière ou l’une des carrières où les Hébreux choisissaient leur marbre. Bien que l’auteur de ce dictionnaire ne valide pas cette hypothèse, il convient de reconnaître, au niveau du jeu de mots, qu’elle comporte un certain intérêt. En effet, si Sish signifie « marbre », il signifie également « six ». Et dans la Légende du Zicle, c’est bien six œufs que le Zicle souhaite au roitelet pour le mois d’avril suivant. Les six œufs analogues aux six jours de la Création et aux six jarres des évangiles, seraient quant à leur nombre, intimement liés au Ziz primordial dont le Zicle ou Cycle, apparaît – bien qu’ayant perdu ses ailes – comme un lointain descendant. Répétaret, lui-même, le roitelet, devient après sa rencontre avec le Zicle, intimement lié au nombre six. Peut-être l’a-t-il d’ailleurs toujours été, sachant que le mot « six » en hébreu signifie aussi « heureux »…




LA BONNE FORMULE  OU LE BOUQUET FINAL


« Il faut que je te donne maintenant la clé de ce domaine, ou si tu préfères, que je dise la bonne formule te permettant de trouver sans peine le coin de la montagne où dorment mes trésors. » Le Zicle à l’heure de passer dans l’autre monde, révèle au roitelet la montée du Ziz… enfin du Zicle,  en lui donnant la clé du domaine : la bonne formule qui soulève au galop pierres et rochers, collines et montagnes…

                              Ouvre-toi, montagne, scartapène, scartapon, scartapé, hé.         

La bonne formule se veut bien étrange, surtout dans sa seconde partie composée de quatre mots ô combien sibyllins. Les trois premiers mots de cette seconde partie, se présentent comme une déclinaison de l’un de l’autre. Le hé final apparaît comme une respiration née du scartapé qu’il prolonge. Libre à qui veut de n’y voir qu’une formule onomatopée dont le seul intérêt serait d’ordre phonétique et sans aucune signification précise. Mais le hé final peut aussi donner à penser que nous avons ici la lettre hébraïque Hé qui évoque le souffle de vie. Les premiers pictogrammes représentant le Hé, figuraient un homme en prière, alors que la forme dite protosinaïtique évoque un peigne qui nous permet ici de saluer la fée qui intronisa le Zicle, gardien du Jardin. Le Hé dans sa forme dite carré représente une Fenêtre : ה. Prononcer la formule dans son intégralité, c’est ouvrir cette Fenêtre.

Dans la formule le Hé apparaît comme l’écho du « pé » de « scartapé ». En hébreu le mot Pé signifie « Bouche », prononcé Po, il signifie « ici », « à cet endroit ». Ainsi que l’indique Virya dans « L’alphabet hébreu et ses symboles » aux éditions Georges Lahy : « Ce nom vient de la racine ‘’ Paah ‘’ (פאה), dont le sens est ‘’ souffler ‘’, ‘’ dispenser ‘’, et par extension : ‘’ vent ‘’, ‘’ région du ciel ‘’, ‘’ côté ‘’, ‘’ coin ‘’. » Ce « coin » que nous découvrons au travers du « pé » nous rappelle « le coin de la montagne où dorment les trésors du Zicle.  

La bonne formule se crie : « scartapène, scartapon,  scartapé ». Le « pène », première proclamation du scarta- signifie en hébreu « coin ». Il annonce déjà le « pé » final ainsi que le « pon » central. Ce « pon » qui relie « pène » à « pé », répond semble-t-il au Pona biblique (II Chroniques 25 – 23) qui nomme une porte de Jérusalem, dénommée aussi Pina (II Rois 14 – 13). Pona, c’est la porte qui « tourne » et « Pina » la porte de « l’angle », du « coin ». En fait, ces deux significations sont interchangeables. Elément d’intérêt, l’araméen Pom/Poum qui, de par la permutation valide du Mem en Noun, peut s’écrire Po(u)n, signifie « bouche », « gueule », « entrée » mais aussi « faisceau », « bouquet »... Enfin, il convient de signaler que l’araméen BaPhoum, « Dans la Bouche », « Dans l’Entrée », serait d’après Gérald Scozzari (Apocalypses dans le ciel – Editions TSEDEK) l’origine étymologique du Baphomet des Templiers. Cette porte, « Phoum », ainsi que l’indique l’auteur est « littéralement : Porte-Univers, Parole du Père et Porte de l’Infini ». Cette image nous dit l’auteur est figurée dans le Livre de Daniel 7 – 5 où est évoquée la « deuxième bête » : « elle se dressait sur un côté avec trois côtes dans sa gueule (BPhMh, pr. Bephouma) » qui pour l’auteur est « Escalier  vers l’Infini, Porte du Père, du Royaume : la Bouche du Père ou la Clé de l’Infini… par la Kabbale et l’Architecture sacrée des Anciens basée sur l’Homme-Temple-Univers ». Il convient de rappeler que le Baphomet a été rapproché par certains auteurs au fameux Béhémoth, l’un des deux compagnons du Ziz, déjà évoqué dans les précédents articles consacrés au tableau de la Madeleine.

« Pène », « Pon » et « Pé » ferment respectivement le mot SCARTA- dont il est, il faut bien le reconnaître, difficile d’en donner clairement la signification. La première syllabe « SCAR » pourrait être, tant en ancien français qu’en hébreu, la contraction d’un possible « ES(H)CAR ». Dans l’hypothèse ancien français, le verbe « escarrer » pourrait être retenu. Ce verbe signifie « équarrir », « polir » les pierres et « rendre carré », « escarrer un dyamant ». Philibert Delorme dans « Architecture » édité en 1568, écrit : « Il faut equarrer la terre et place ou il veult faire les fondements de son œuvre. ». Le verbe escarrer, contient le mot « carré » qu’il serait intéressant de retenir dans l’optique d’un carré magique, bien qu’au Moyen Âge les mots tabula, table ou tablette était peut-être plus usités dans le domaine.

Pour la formule SCARTAPÉ-, l’idée d’un carré magique semble cohérente. Cette bonne formule n’est pas sans rappeler la formule magique de Montreuil-sur-Mer : SARTATRAS qui donne son nom au méconnu carré magique SARTATRAS. L’historien et romancier Montreuillois Philippe Valcq apporte d’intéressante révélations sur cette énigme montreuilloise dans son livre « La troublante et très étrange aventure de Maître Pasquier Alard » (édition Ramuel). Bien que l’auteur soit loin de livrer toutes ses recherches dans le domaine, il n’est je pense, guère hasardeux de se tourner pour cet énigmatique carré, vers la langue hébraïque.






Si l’on superpose la formule SCARTAPÉ (PON ou PENE) à la formule SARTATRAS, on obtient une intéressante symétrie.

SCARTA‎‎‎

      S   ARTATRAS





Le 29 août 2010, la VOIX DU NORD (édition de Montreuil),  publie un bref résumé des recherches de Jean Leroy, historien de Montreuil et correspondant du journal. Ses recherches sont axées autour de cet énigmatique carré auquel il a consacré une étude de 200 pages toujours inédite. Pour lui, ainsi que l’indique le titre de l’article consultable sur le Net « ‘’ SARTATRAS ‘’, une énigme autour des chiffres et des lettres »,  le décryptage du carré passe par le latin, « la langue de l’église (clef de l’ensemble) qui fut utilisé, suivant une formulation subtile et originale, ingénieusement dissimulée dans la valeur des lettres de l'alphabet (A = 1, B = 2 etc.). »

Pour cet historien, « ‘’ SART ‘’, le début du mot « SARTATRAS » évoque un champ de friche, comme une énigme précisément à défricher ! »

Les dictionnaires de français médiéval présentent des variantes pour le mot « SART ». Parmi ces variantes apparaissent  les formes « ESSART », « ESÇART » ou ESCART ». Ces deux dernières trouvent place dans la formule magique SCARTAPENE, bien que le « E » initial y soit absent.

Jean Leroy cite l’ancien historien de Montreuil, Roger Rodière qui, présentait le carré comme suit : « Le mot carré semble être SARTATRAS, au faux air d’abracadabra, ou une formule cabalistique ».

Rogier Rodière, avait assurément raison, tout comme Jean Leroy semble avoir pareillement raison, le carré doit se lire tant en latin, qu’en hébreu. Ce carré jadis visible dans l’ancienne Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil est l’œuvre d’un moine chartreux (1735-40) nommé Nicolae Allou.

Bien qu’assurément complémentaire, l’approche de Ph. Valcq est différente. Dans son roman ésotérique, l’historien Montreuillois, évoque un document (hypothèse de roman ?) rédigé par Nicolae Allou (nommé dans le roman Hirodimus) resté accroché à un parchemin. Le romancier et historien évoque des parchemins rédigés en latin, grec, arabe et « en écriture que seuls peuvent déchiffrer ceux qui s’intéressent à la Kabbale ». Le document comporte notamment les deux phrases suivantes : « là est la formule… le livre aux noires aisselles, le livre aux mots de feu… SARTATRAS la solution est dans les lettres… »

SARTATRAS, n’est pas SCARTAPÉ, raison pour laquelle il ne convient pas ici de s’attarder sur l’importance de ce carré mais il y eut peut-être pour la bonne formule de la Légende du Zicle, une main appartenant au même ordre que la main qui conçut la formule magique de Montreuil et l’on peut concevoir l’hypothèse suivant laquelle cette main serait celle d’un frère de l’Ordre des Chartreux installé à Sainte-Croix-en-Jarez. ?

SCARTAPÉ serait-il à l’instar de SARTATRAS, un mot carré, ou escarré ? Et ce mot carré, ce pourrait-il qu’il ait quelque rapport avec le thème du feu ? La réponse semble positive si l’on suit la piste hébraïque. SCARTA- pourrait se décomposer en ESH-CAR-TA. « Esh » signifie « Feu ». Le  Kabbaliste A. D. Grad dans son livre « Les clefs secrètes d’Israël » (éditions Robert Laffont) s’est longuement intéressé au Livre de l’Alliance du Feu. Nous sommes ici en pleine Kabbale, domaine qui dans ce cas précis, intéresse les Hermétistes.

ESH-CAR ou ESH-KAR peut se traduire : le Champs du Feu. Tel est le nom du point culminant du Bas-Rhin, à 1099 mètres d’altitude. Sur Wikipedia, il est indiqué qu’en 1489, les archives désignent les pâturages par Champé (uff Schampe. L’auteur de l’article avance l’hypothèse suivant laquelle il conviendrait d’assimiler Champé (Champ Pé) à Champ do Fé (formulation dialectale vosgienne) = Champ du Feu. Ce Champ de Feu ou Champ de Pé alsacien auquel s’intéressent des chercheurs ésotéristes, nous interpelle dès lors qu’on le rapproche de la bonne formule pilatoise qui comporte également son Pé au souffle fuégien...

L’ESH-CAR fuégien hébraïque, écrit ESHCAR ou ESHKAR, va signifier « cadeau », « présent ». Dans le Livre des Psaumes 72 – 10 il est écrit : « Les rois de Tarsis et des îles paieront des tributs. Les rois de Séba et de Saba offriront des présents (Eshkar). »

ESHKAR vient de la racine SAKAR, « récompense », « salaire », « droit de passage ». L’ESHKAR évoqué dans le Livre des Psaumes devient intéressant en ce sens qu’il correspond aux présents de Saba, chers à l’hermétiste Fulcanelli...

La lecture de SCAR- en ESHCAR, « Champ de Feu » ou « Cadeau », s’associe dans la bonne formule à « TA » mot hébreu signifiant : « cellule », « loge » « chambre » et c’est aussi ce mot qui apparaît dans la formule magique SARTATRAS.  Il s’agit de la chambre aux trésors, ou de l’entre-deux chambres, de l’antichambre qui ouvre sur les trésors.

La bonne formule du Zicle : SCARTAPÉ HÉ (PEN/PON)  a assurément beaucoup plus à dire mais voilà, sans autre indice il apparaît – peut-être – hasardeux de l’expliquer comme un véritable mot carré, même si le faire apparaît bien tentant.

FIN


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