AUX ORIGINES DE |
Les
légendes du Mont Pilat ont su
pérenniser tout au long des siècles le fonds secret mais lumineux de cette terre de montagne. Jean
Combe dans son recueil « LE MONT PILAT CONTES ET LÉGENDES »
fait
revivre en 1958 aux Editions Dumas de Saint-Etienne, les merveilleuses
légendes
de ce terroir secret. L’un de ces plus beaux contes est sans nul doute Un roitelet, pas plus gros qu’un pouce, le répétaret local, ne se lassait pas de répéter « Zi-zel, zi-zel, zi-zel ». Tel un follet, il saluait par trois petits « zi, zi, zi », tous ces amis de la campagne, les papillons et les fleurs de genêt du mont Pilat. Au matin, sur le
versant de la
montagne, au col de Chavanol, après avoir conversé avec
une grive et une
mésange, il songeait : « (…) je
n’ai jamais rencontré le Zicle, dont ma défunte
mère m’a si souvent parlé. Ce
gros serpent est précisément aussi vieux qu’un corbeau et
ses yeux, noirs comme
des airelles, doivent encore attirer ceux qui ont la malchance de les
regarder. » Soudain le
roitelet se sentit
tout remué… il vit dans un rayon de
soleil, le « Zicle » étendu sur les
grosses pierres d’un
« chirat ». Te voilà,
répétaret, toi qui répètes toujours la
même
chanson, dit lentement le Zicle, tout brillant d’écailles vertes
et jaunes. En ce jour
printanier la vie
terrestre du Zicle s’achevait. L’heure était venue pour lui de
transmettre son
secret. Une fée qui peignait ses longs cheveux lui
révéla jadis l’endroit où elle
cachait des pierres de
lumière, des grains d’or et de la poussière plus
brillante que le soleil
levant. Le roitelet fut l’heureux dépositaire de ce secret
que le Zicle
comparait à un grand jardin plein
d’arbres, de fruits et de fleurs, dont on garde la porte fermée… Les ultimes
paroles formulées par
le Zicle au roitelet se voulaient un joli souhait : « que
lorsque avril reviendra, ta compagne ponde six œufs roses au
fond d’un nid de plumes et de mousses. A présent je puis mourir
en paix. » Lorsque le Zicle s’éteignit : « Le ciel, dit la légende, « perdit peu à peu sa teinte de fleurs sauvages. » Le roitelet n’attendit pas la fin de la nuit pour aller saluer les trésors du Zicle. Tout joyeux, il lança ses « zi-zel... zi-zel… zi-zel... ». Le Zicle lui avait dit : « Il faut que je te donne maintenant la clé de ce domaine, ou si tu préfères, que je dise la bonne formule te permettant de trouver sans peine le coin de la montagne où dorment mes trésors. » Le Saut du Gier était ce coin de la montagne où le roitelet, intronisé nouveau gardien, devait prononcer la bonne formule qui ouvrirait le passage. Le répétaret, par trois fois, d’un trait, psalmodia la formule qui « soulève au galop pierres et rochers, collines et montagnes… » : « Ouvre-toi, montagne,
scartapène, scartapon, scartapé, hé. » «
Aussitôt les vieilles pierres
s’écartèrent. » Le
roitelet « ferma les perles de ses
yeux tant les richesses du Zicle lançaient des traits de
clarté. Il n’osait
poser l’étoile de ses petites pattes sur des grains d’or, des
pierres teintées
de rouge et de vert et de paillettes plus jaunes que le blé
mur. » Le roitelet
regagna la terre et
lança un cri de joie. En cette nuit de Perché sur la grosse branche d’un chêne, le roitelet entendit la conversation de deux pauvres hommes du Mont Pilat s’en venant sur le chemin. L’un d’eux disait : « (…) l’or est comme une fleur au milieu de l’hiver, comme un fruit bien frais au cœur de l’été… » En ce
matin : « L’aurore s’ouvrait comme une
fleur
au-dessus de la barre des collines… » Cette fleur
matinale inspira le roitelet. Il était lié par
une promesse
que ni les fées ni le Zicle n’eurent
jamais le temps de faire pour les braves gens du Pilat... « Chaque nuit, le roitelet gagnait les
rochers, prononçait la bonne formule,
puisait dans les trésors du Zicle et s’en allait semer… semer
les richesses à
plein bec dans la rivière. » « Voilà pourquoi les roitelets ont depuis, dans le vert de leurs plumes, une ligne couleur d’aurore et voilà pourquoi le Gier roulais jadis, dans ses eaux, des paillettes d’or, que les hommes du mont Pilat ramassaient en riant et en chantant… » Cette belle légende qu’il convient de lire dans le recueil de Jean Combe pour en connaître toutes les lignes, peut s’entendre à différents niveaux. Un hermétiste des siècles passés, nourrit de tradition kabbaliste, aurait pu donner vie à cette légende dans laquelle nous trouvons un résumé du Grand Œuvre. |
LE ROITELET DANS LA SYMBOLIQUE
![]() Roitelet
huppé
Image
libre de droits |
|
Ce petit
roi, était l’oiseau sacré des Druides. Le gallois
Dryw et le
breton Drev confirme la tradition. En irlandais, le roitelet est
appelé
Dreoilín : le « Druide des oiseaux »,
appellation que l’on
retrouve, ainsi que l’indique Divi Kervella (Emblèmes et
symbloles des Bretons
et des Celtes – éditions coop breiz) avec le breton Dreolan. « Au Pays de Galles, écrit cet
auteur, quiconque détruit un nid de
roitelet va en enfer. » La symbolique royale et druidique du roitelet semble avoir perdurée au Moyen Âge avec le lâché de l’oiseau, symbole de délivrance et de joie, dans l’église lors de la messe de Noël. Jean-Paul Clébert dans son « Bestiaire Fabuleux » (éditions Albin Michel) raconte que l’oiseau était capturé quelques jours auparavant par les garçons du village. « (…) il était solennellement porté, au bout d’une perche, et présenté vivant au prêtre qui le bénissait, le détachait et lui rendait ainsi la liberté. L’oiseau voletait dans l’église avant de s’échapper par la porte laissée ouverte. » Le
lâché d’oiseau dans les
églises avait lieu pour le sacre des rois, ou lors
de l’entrée solennelle d’un souverain dans la
capitale. » J.-P.
Clébert rappelle que : « Les
oiseleurs du Pont-au-Change, sur l’ordre de Charles VI, ouvrirent ainsi
les
cages de quatre cents oiseaux dans le chœur de Notre-Dame. En Provence,
cette
cérémonie conserve encore aujourd’hui le nom de Petouso, qui était celui de l’oiseau choisi, le
roitelet ou plus
exactement le troglodyte (parvulus troglodytus) qui est le plus petit
des
oiseaux européens. Enfin, autre
élément de nature à
expliquer la présence du roitelet dans les églises :
la légende se
rapportant à |
Si le nom donné au petit oiseau, guère plus gros qu’un pouce, est bien connu des Français, reconnaissons que celui du gros serpent de la légende l’est beaucoup moins. Quelle est donc l’origine du mot Zicle ? La
réponse apparaît dans un
lexique de l’abbé Joseph Meunier, curé de
Saint-Paul-de-Vézelin. Ce lexique
connu sous le titre « Patois de « Il
y a environ un demi-siècle l’abbé J. Meunier, curé
de
Saint-Paul-de Vézelin, a recueilli un peu plus de 650 mots du
patois de la
région de Charlieu (zone limitrophe du Forez historique). (…)
Cette brochure,
malheureusement non datée, est difficile à trouver. Les
archives de Le mot Zicle de par sa position dans l’alphabet, ferme précisément le lexique de l’abbé Joseph Meunier : « Zicle
ou cycle : grande couleuvre
de couleur jaune. » Le
Cycle autre nom du Zicle apparait intéressant, il nous
parle de cercle,
de cycle, et ainsi de période d’années. Le Zicle, gardien
de la porte, apparaît
également comme un maître du
temps :
le Temps du Zicle. Révélateur de la nature du Zicle
apparaît également cet autre
nom du serpent dans le patois lyonnais : le Jicle. |
LE LANGAGE DU ROITELET
ET DU ZICLE
Le
Zicle entend la langue chantée du
roitelet : « Zi-zel, zi-zel, zi-zel ».
Le « Zi », première
syllabe de son nom, le prédispose à comprendre le chant
du répétaret. Lire
n’est pas entendre, peut-être convient-il dans la lecture du
chant, de déplacer
d’une lettre sur la droite le tiret de Zi-zel. Voici que jaillit
à présent le
chant « Ziz-el, ziz-el, ziz-el ». Ce chant,
cantique divin, pourrait
avoir été chanté par un Hébreu. Oui, en
effet, « Ziz » est un mot
hébreu, aux significations très importantes qui seront
développées plus avant
dans le texte. « El », seconde partie de Ziz-el,
signifie
« Dieu » ou
« Héros ». Ce chant s’adresse au Zicle
dont le
nom dans la langue des oiseaux, peut
se lire Zi-clé :
De quelle nature peut-être la sa lutation du triple Zi ? En hébreu la racine Zi désigne ce qui réfléchit comme la lumière, toute idée de grâce et d'éclat (Fabre-d'Olivet "La Langue Hébraïque restituée" Editions L'Âge d'Homme). Georges Lahy dans "OTIYOTH les lettres hébraïques" évoquee Zi, l'action de rayonner, le mouvement lumineux coulant ainsi que : "Ne pas rester seul". La triple salutation du roitelet est très belle. Le répétaret souhaite à ses amis de rayonner certes, mais de rayonner en (bonne) compagnie. C'est dans un rayon de soleil que le roitelet rencontra le Zicle... Lorsqu'il salue les trésors du Zicle, le roitelet permet ainsi à l'or et aux pierreries de rayonner ; ce qui est le propre des trésors - qui plus est du Zi-cle - mais de rayonner pour les hommes. Les pierreries ont également besoin de la présence de l'homme... Les pierres rayonnantes que le roitelet salue, ont peut-être une nature angélique, telles les pierres de feu du Livre d'Ezéchiel 28 - 14 que la tradition présente comme des anges ... N’oublions pas non plus que le zizi désigne les petits oiseaux (zoizeaux –zoziaux…) et par extension ( ?! ) le sexe masculin. En hébreu la lettre Zaïn désigne une arme (épée…) et dans le langage populaire, le sexe masculin. Cet aspect populaire apparaît dans |
Zizel
ou Ziz-El nous parle du Ziz de Dieu, voir du Ziz du Héros. Le
Dictionnaire
Hébreu-Français Sander/Trenel, présente le mot ZIZ
comme un synonyme de ZIV,
mot signifiant « Eclat »,
« Sérénité »,
« Floraison »,
« Bourgeonnement ». Ziv, «
Fleur » en phénicien est aussi le nom
que les célèbres navigateurs de
l’Antiquité donnèrent à un comptoir
sicilien, la future cité de
Palerme. Ziv
fut aussi aux temps bibliques (I Rois 6 – 1), avant la
déportation des juifs à
Babylone, le nom du deuxième mois de l’année durant
laquelle a commencé la
construction du Temple de Salomon. Le mois de Ziv, ainsi
qu’indiqué dans le
dictionnaire Sander/trrenel, est le mois
de floraison d’arbres et de plantes. Il correspond à
avril-mai, le mois du
Taureau et c’est bien semble-t-il durant cette période que
commence
Bien
que Tamouz soit à l’origine le nom d’un dieu babylonien de la
végétation, les Juifs
expliquent de tradition, le mot Tamouz, en le décomposant
ainsi : Tam~Vav~Zaïn. Tam, première
syllabe du
mot signifie « reliés »,
« achevés ». Les deux lettres
hébraïques qui terminent le mot : Vav et Zaïn
(soit le son OUZ) correspondent
respectivement, suivant la tradition, aux deux mois bibliques
précédents
Tamouz : Ziv (avril-mai) et Sivan (mai-juin). En hébreu
carré, le Vav
s’écrit ו et le Zaïn ז. Si l’on relie
(
hébreu Tam) ces deux lettes entre
elles sur le dessus par un « pont » très
fin, on obtient un
Heth : ח, lettre correspondant
au mois
de Tamouz. Ces trois mois sont liés les uns aux autres et
forment ainsi un
véritable pont dans l’année, pont que le roitelet
à franchi à tire-d’aile, en un
temps qui n’a semblé durer que deux jours. Or, ces deux lettes,
en défective,
c’est-à-dire sans Iod central écrive le mot Ziv… Suivant
la tradition c’est durant le mois de Ziv que |
Ziz-El
est le Ziz de Dieu, voir le Ziz du Héros, de Le
mot Ziz, désignant un animal apparaît dans le Livre des
Psaumes au chapitre 50
verset 11, verset qu’il convient pour cette étude, de ne pas
dissocier de celui
qui le précède, principalement dans la traduction
d’André Chouraqui : « Oui, tous les animaux de la
forêt sont à moi, les
bêtes des monts-milliers. « Je connais tout oiseau des
monts ; à moi, la vivacité des
champs. La traduction d’André Chouraqui diffère
quelque peu des
autres traductions d’où son intérêt car elle laisse
entrevoir certaines notions
qu’aucune traduction ne peut véritablement dévoiler. Il y
a tout d’abord à la
fin du verset 10, l’hébreu BéHarreï-Eleph que
la majorité des traductions
transcrivent par « des milliers de monts »,
là où A. Chouraqui traduit
« des monts-milliers ». Il y a ensuite le mot ZIZ
que le traducteur interprète
dans l’esprit par « la
vivacité ».
Bien que l’ensemble des traducteurs opte pour un pluriel, ce mot
apparaît effectivement
au singulier dans le texte hébreu. Le Dictionnaire Sander/Trenel
donne la
traduction « les bêtes », tout en
expliquant ce choix, suivant la
racine du mot Ziz : « De זוז (ZOUZ)
ce qui se meut ». Le mot Ziz dans
ce verset des Psaumes ne désignerait pas un animal précis
mais une diversité
d’animaux vivants dans les champs, diversité
dénommée Ziz et implicitement
liée, de par son nom, à l’oiseau des
monts qui ouvre ce verset. A
présent que le décor est dressé, il convient de
revenir aux
« monts-milliers » mis en relief par ce
traducteur atypique. Il y a
assurément de sa part, la volonté d’orienter le lecteur
vers le Pays des Mille
Monts où suivant la légende vivait
Béhémoth. Auquel cas, le Ziz du verset
suivant se voudrait le rappel voilé d’un Ziz antérieur,
oiseau gigantesque des monts, dont l’envergure dit la
légende éclipsait le soleil. Dans
la
célèbre Jewish Encyclopedia, ces deux versets sont
précisément donnés comme un
rappel du Béhémoth et du Ziz.
|
![]() Image
Wikipedia Miniature
juive – Béhémoth est
figuré sous la forme d’un bœuf,
Liviathan sous la forme d’un Dragon des mers et le Ziz sous la forme d’un
griffon. |
Le Ziz fut
représenté sous différentes formes allant du coq
gigantesque au griffon, le gardien des mines d’or. Dans le Livre
des Proverbes 30 – 31 est évoqué un énigmatique
ZARZIR MATANAÏM, animal disparu pour
certains exégètes. Les
traductions tentent à banaliser ou
actualiser cet animal l’assimilant à un lévrier, à
un cheval ou bien à un coq. Son nom biblique
est un mot composé
très
étrange, d’où la difficulté pour les traducteurs.
ZARZIR (redoublement de la
racine ZOUR, « presser »), signifie :
« ceint »,
« sanglé » mais aussi suivant le
Dictionnaire Sander/Trenel :
« fort », « agile » des
cuisses. MATANÏM, un pluriel, désigne le niveau des
reins, les hanches ou
les flancs. Cet animal disparu est avant tout « celui
qui est puissant des reins », « celui qui est ceint des reins », ou « celui qui a les flancs biens
harnachés ». La traduction biblique
John Nelson Darby (1885) de ce verset apparait intéressante : « le (coursier) qui a les
reins ceints ».
L’idée de coursier reste dans
l’esprit du texte originel, texte dans lequel le véritable nom
de l’animal est
absent. Cette carence a naturellement favorisée
l’exégèse donnant naissance à
des Midrashim (légendes) dans lesquels cet étrange
animal aujourd’hui disparu, est
évoqué comme un gigantesque coq. Et ce coq suivant la tradition
ne serait autre que le ZIZ. A supposé que l’homme
l’ait véritablement connu, le Ziz, dans un lointain
passé, fut-il utilisé
comme un coursier, tel l’Oiseau Rokh des légendes arabes, autre
nom suivant
certains commentateurs du Ziz ? L’Oiseau Rokh supplanta chez les Arabes
l’Eléphant des jeux d’Echecs indiens qui portait sur son dos une
corbeille
remplie de soldats armés. Cette pièce devenue |
Elément ô combien intéressant, me semble-t-il, les première et dernière lettres de l’oiseau ZiZ se retrouvent dans le mot ZARZIR (זרזיר). Il serait surprenant de penser que les Kabbalistes n’aient pas vu dans ce mot le ZiZ (זז) qu’il convient de lire ici en défective afin que les lettres restantes révèlent en hébreu le mot RIRריר, évoquant essentiellement la « salive », voir le liquide de certaines plantes mais aussi dans le Livre de Job 6 – 6, le « blanc d’œuf ». |
זרזיר ZARZIR ז
ז
ZIZ
RIRר
יר
|
Retrouver l’oiseau Ziz
dans la structure même du mot ZARZIR associé à
l’œuf
– ne serait-ce en l’occurrence qu’un blanc
d’œuf – c’est déjà fort intéressant ! Le
verset du Livre de Job où
figure cet obscur « blanc d’œuf » est, pour
exemple, traduit ainsi
dans la traduction du Rabbinat : « Peut-on
manger un mets insipide sans y mettre du sel? Trouve-t-on quelque
saveur au
blanc de l’œuf? » Le texte
hébreu se termine par les mots
« béRir H’alamout ». Ces deux mots
apparaissent comme un véritable
casse-tête pour les traducteurs.
« BéRir » signifie : « au
(dans le) blanc d’œuf ». Là où ça se
corse, c’est avec le « H’alamout »
final qui n’est pas véritablement pris en compte dans les
traductions évoquant
l’œuf. Il convient une fois encore de se rapprocher du Dictionnaire
Sander/Trenel dans lequel il est rappelé que ce mot signifie
« jaune
d’œuf » et que le texte sous-entends : « dans
le jus (le blanc
qui entoure), (חלמות) le
jaune d’œuf ». Mais il est indiqué en premier
lieu que H’alam- est
identique à H’alab-, « blanc ». Pourquoi
faire simple quant on peut
faire compliquer ! Convenons, qu’il y ici, de quoi s’en gratter la
tête ou
son crâne d’œuf ! Le texte
hébreu côtoie ici le pléonasme, raison pour
laquelle certains traducteurs,
reprenant ainsi l’opinion de quelques commentateurs Juifs, voient dans
H’alamout
une plante : le pourpier, la buglosse ou la guimauve et retiennent
pour le
mot Rir qui précède, le sens de
« jus ». Pour cette
présente étude, l’intérêt réside dans
le Rir désignant le
« blanc d’œuf ». L’idée de l’œuf seule est
déjà bien parlante. L’œuf
de Ziz est identique à l’œuf du Rokh dont l’importance nous est
révélée dans
les légendes arabes. Michel Gall dans son livre « Le
secret des mille et
une nuits – Les arabes possédaient la tradition »
(éditions Robert
Laffont), consacre de longues pages à l’Oiseau Rokh apparaissant
dans le
deuxième voyage de Sindbad : « Abandonné
par ses compagnons sur une île, Sindbad aperçoit à
l’horizon comme un grand
fantôme blanc, un dôme prodigieux. C’est l’œuf d’un
gigantesque oiseau, si
grand qu’en volant il ‘’ obscurcit le ciel ‘’ : le Rokh, qui
arrive
bientôt à tire-d’aile. » Attaché
à la patte du Rokh, Sindbad est
embarqué pour un voyage dont le terminus est « Michel Gall
poursuit : « dans Aladin ou Cet œuf de
lumière, le dôme blanc, nous entraîne dans le monde
du rêve. Mes
recherches sur le Net m’ont permis de découvrir « Eaten is
an insipid thing without salt ? Is there sense in the drivel of
dreams ? »
« Manger
est une chose insipide sans sel ? Y a-t-il des sens
dans le radotage de rêves ? » Cette
traduction est intéressante, si elle remplace « le
blanc d’œuf » par
le « radotage », elle traduit
« ‘Halamout » par
« rêves » et c’est
assurément-là que se trouve la clé du verset. Sur
le Net se trouve également le récit d’Albert Soued (8 septembre 2004 - Conférence à
Lille) titré
« La symbolique dans « En
hébreu la racine de "h'alom" qui est h'/l/m
signifie récupérer, être fort, sain. Elle a
d'autres connotations liées à
l'extra lucidité, la folie, mais aussi à des liants,
ciment ou blanc d'œuf. Ainsi le
rêve est un lien. Entre quoi et quoi? Entre deux
états, éveil et sommeil; entre deux univers,
angélique et matériel; entre deux
composantes du psychisme, conscience et inconscient. « En
hébreu rêver ou "h'alam" a pour anagramme le
"pain" (léhém) et le "sel" (mélah'), bases de
l'équilibre
physiologique et dont la carence est dangereuse. Rêver est aussi
nécessaire à
la vie que le pain et le sel. Le rêve comme le sel peut compenser
l'insipidité
d'une vie. Bien que l’auteur ne mentionne pas le Livre de Job, il est certain qu’il s’y réfère et tout particulièrement aux versets 6 et 7 du 6e chapitre où sont évoqués le sel et le blanc d’œuf, ainsi que le pain. Le mot ZARZIR,
« ceint »,
« sanglé » nous a orienté, de par
le contenu de
ses lettres, vers le Ziz et son blanc d’œuf. Il nous
révèle au final la notion
prophétique du rêve. L’ombre de Job se lamentant sur la qualité de sa nourriture, se refusant à toucher à son pain… réapparait avec le vieux du Pilat qui voudrait bien manger du bon pain mais qui par expérience reste résigné. Le Zicle mourant mais survivant au travers du roitelet, peut être pareillement rapproché de Job. La langue hébraïque connaît également une pierre appelée H’alam, peut-être l’améthyste ; cette pierre est étymologiquement une pierre de rêve. Et ce sont bien des pierres de rêves que le roitelet découvrira dans le Jardin des trésors. Bien, que En 1849, Jean-Augustin
Bost dans son Dictionnaire de |
« Il
faut que je te donne maintenant la clé de ce domaine, ou si
tu préfères, que je dise la bonne
formule te permettant de trouver sans peine le coin de
la montagne où dorment mes trésors. »
Le Zicle à
l’heure de passer dans l’autre monde, révèle au roitelet la montée du Ziz… enfin du Zicle, en
lui donnant la clé du domaine : la bonne
formule qui soulève au galop pierres et
rochers,
collines et montagnes…
Ouvre-toi,
montagne, scartapène, scartapon, scartapé, hé. La bonne formule se veut bien étrange, surtout dans sa seconde partie composée de quatre mots ô combien sibyllins. Les trois premiers mots de cette seconde partie, se présentent comme une déclinaison de l’un de l’autre. Le hé final apparaît comme une respiration née du scartapé qu’il prolonge. Libre à qui veut de n’y voir qu’une formule onomatopée dont le seul intérêt serait d’ordre phonétique et sans aucune signification précise. Mais le hé final peut aussi donner à penser que nous avons ici la lettre hébraïque Hé qui évoque le souffle de vie. Les premiers pictogrammes représentant le Hé, figuraient un homme en prière, alors que la forme dite protosinaïtique évoque un peigne qui nous permet ici de saluer la fée qui intronisa le Zicle, gardien du Jardin. Le Hé dans sa forme dite carré représente une Fenêtre : ה. Prononcer la formule dans son intégralité, c’est ouvrir cette Fenêtre. Dans la formule le Hé apparaît comme l’écho du « pé » de « scartapé ». En hébreu le mot Pé signifie « Bouche », prononcé Po, il signifie « ici », « à cet endroit ». Ainsi que l’indique Virya dans « L’alphabet hébreu et ses symboles » aux éditions Georges Lahy : « Ce nom vient de la racine ‘’ Paah ‘’ (פאה), dont le sens est ‘’ souffler ‘’, ‘’ dispenser ‘’, et par extension : ‘’ vent ‘’, ‘’ région du ciel ‘’, ‘’ côté ‘’, ‘’ coin ‘’. » Ce « coin » que nous découvrons au travers du « pé » nous rappelle « le coin de la montagne où dorment les trésors du Zicle. La bonne
formule se crie : « scartapène,
scartapon, scartapé ».
Le « pène »,
première proclamation du scarta-
signifie en hébreu « coin ». Il annonce
déjà le « pé »
final ainsi que le « pon » central. Ce
« pon » qui relie
« pène » à
« pé », répond semble-t-il au Pona
biblique (II
Chroniques 25 – 23) qui nomme une porte de Jérusalem,
dénommée aussi Pina (II
Rois 14 – 13). Pona, c’est la porte qui
« tourne » et
« Pina » la porte de
« l’angle », du « coin ».
En
fait, ces deux significations sont interchangeables. Elément
d’intérêt,
l’araméen Pom/Poum qui, de par la permutation valide du Mem en
Noun, peut
s’écrire Po(u)n, signifie « bouche »,
« gueule »,
« entrée » mais aussi
« faisceau »,
« bouquet »...
Enfin, il convient de signaler que l’araméen BaPhoum,
« Dans « Pène », « Pon » et « Pé » ferment respectivement le mot SCARTA- dont il est, il faut bien le reconnaître, difficile d’en donner clairement la signification. La première syllabe « SCAR » pourrait être, tant en ancien français qu’en hébreu, la contraction d’un possible « ES(H)CAR ». Dans l’hypothèse ancien français, le verbe « escarrer » pourrait être retenu. Ce verbe signifie « équarrir », « polir » les pierres et « rendre carré », « escarrer un dyamant ». Philibert Delorme dans « Architecture » édité en 1568, écrit : « Il faut equarrer la terre et place ou il veult faire les fondements de son œuvre. ». Le verbe escarrer, contient le mot « carré » qu’il serait intéressant de retenir dans l’optique d’un carré magique, bien qu’au Moyen Âge les mots tabula, table ou tablette était peut-être plus usités dans le domaine. Pour la formule SCARTAPÉ-, l’idée d’un carré magique semble cohérente. Cette bonne formule n’est pas sans rappeler la formule magique de Montreuil-sur-Mer : SARTATRAS qui donne son nom au méconnu carré magique SARTATRAS. L’historien et romancier Montreuillois Philippe Valcq apporte d’intéressante révélations sur cette énigme montreuilloise dans son livre « La troublante et très étrange aventure de Maître Pasquier Alard » (édition Ramuel). Bien que l’auteur soit loin de livrer toutes ses recherches dans le domaine, il n’est je pense, guère hasardeux de se tourner pour cet énigmatique carré, vers la langue hébraïque. |
Si l’on superpose la formule SCARTAPÉ (PON ou PENE) à la formule SARTATRAS, on obtient une intéressante symétrie. SCARTAPÉ S ARTATRAS |
Le 29 août
2010, Pour cet
historien, « ‘’ SART ‘’, le début du mot
« SARTATRAS » évoque un champ de friche,
comme une énigme précisément
à défricher ! » Les dictionnaires de français médiéval présentent des variantes pour le mot « SART ». Parmi ces variantes apparaissent les formes « ESSART », « ESÇART » ou ESCART ». Ces deux dernières trouvent place dans la formule magique SCARTAPENE, bien que le « E » initial y soit absent. Jean Leroy cite l’ancien historien de Montreuil, Roger Rodière qui, présentait le carré comme suit : « Le mot carré semble être SARTATRAS, au faux air d’abracadabra, ou une formule cabalistique ». Rogier
Rodière, avait assurément raison, tout
comme Jean Leroy semble avoir pareillement raison, le carré doit
se lire tant
en latin, qu’en hébreu. Ce carré jadis visible dans
l’ancienne Chartreuse de
Neuville-sous-Montreuil est l’œuvre d’un moine chartreux (1735-40)
nommé Nicolae Allou. Bien
qu’assurément
complémentaire, l’approche de Ph. Valcq est différente.
Dans son roman
ésotérique, l’historien Montreuillois, évoque un
document (hypothèse de
roman ?) rédigé par Nicolae Allou (nommé dans
le roman Hirodimus) resté
accroché à un parchemin. Le romancier et historien
évoque des parchemins
rédigés en latin, grec, arabe et « en
écriture que seuls peuvent déchiffrer ceux qui
s’intéressent à SARTATRAS,
n’est pas
SCARTAPÉ, raison pour laquelle il ne convient pas ici de
s’attarder sur
l’importance de ce carré mais il y eut peut-être pour la bonne formule de |