De par le monde il existe
de nombreux sites qui portent le
qualificatif de sacré. Ils sont ainsi
régulièrement, officiellement et
publiquement reconnus comme tels, pour des raisons variées mais
connues. On ne
peut pas dire que de nos jours, le commun des mortels reconnaisse le
Parc
Naturel Régional du Pilat comme sacré. Ce massif
montagneux l’a pourtant
concrètement été durant de nombreux
millénaires à la vue et à la connaissance
de beaucoup d’Hommes. Dans cette disparition de la connaissance, si le
temps
qui passe et efface s’avère en partie responsable de cet
état de faits, on ne
peut pas dire pour exemple majeur, que l’Eglise puisse avoir
assuré sa part
dans la transmission de plusieurs Traditions liées à un
passé ancestral sacré ;
du moins en apparence et en tous les cas pas auprès du profane
de base.
Si ces trois dossiers
s’imposent comme une réponse ou une
tentative de réponse à la question pourquoi, c’est avant
tout au pourquoi peut-on
parler d’une montagne sacrée. La plus vieille mention connue
dans les textes du
mot Pilat remonte à 1405. C’est important de le souligner car
aux époques où
nous vous proposons de plonger en arrière, eh bien on ne
connaît pas le
véritable terme à employer. Par conséquent
affirmons simplement qu’avec le
Pilat nous nous retrouvons avec l’extrême pointe nord de la
chaîne de montagne
des Cévennes. Jules César aurait paraît-il
évoqué pour sa part les Cémènes,
mais gardons un conditionnel ici suffisant pour ne pas franchir
à notre tour ce
pas. D’ailleurs les spécialistes, malgré de nombreuses
tentatives, surtout
depuis deux siècles, ne sont mêmes pas d’accord sur
l’origine toponymique du
mot Pilat.
L’essentiel de la saveur
qui aromatise la notion de sacrée à
propos du Pilat c’est d’abord et principalement sur les hauteurs de ce
Massif
qu’il nous faut aller la rechercher. Nous ne croyons pas que nous
devons
retenir une seule raison à ce méritant qualificatif de
sacré doublé du reste
par nos soins de hautement. Bien entendu il a bien fallu commencer un
beau jour
à ce que les Hommes s’entendent ou s’accordent à retenir
le Pilat comme non
anodin, important, voire plus tard sacré. Il nous faut à
nos yeux remonter fort
loin dans le temps, à des époques complètement
oubliées et mal connues. Des
périodes où certes l’Homme était
chasseur-cueilleur, mais en réalité déjà
doté
d’une intelligence bien plus remarquable que ce que l’on nous a
enseigné durant
des siècles et des siècles. On se réveille en
quelque sorte seulement ces
dernières décennies. Malgré un environnement ardu
à apprivoiser, l’Homme a
certainement vécu dans de biens meilleures conditions que ce que
l’on nous a
enseigné durant trop longtemps, volontairement ou
involontairement. On
redécouvre de nos jours des sciences oubliées grâce
à Howard Crowhurst, Quentin
Leplat, Eric Charpentier, Alan Béquet ou encore Pierre Coussy
qui nous enseignent la géométrie
sacrée, la géographie sacrée…
On pourrait introduire le
premier site que nous allons
visiter ici en Pilat et étudier quelque peu aussi, par
« Le Pic des Trois
Dents, c’est le Pilat ». Effectivement, Noël Gardon
nous apprend que la
véritable origine toponymique du Pilat serait tirée
indirectement de ce Pic
mais nous n’entrerons pas dans toutes ces hypothèses car un
livre n’y suffirait
pas. Notre première halte s’avère donc être Les
Trois Dents. Loin, très loin
dans le temps, à une époque encore indéfinie en
2024, quand l’Homme est apparu
finalement, eh bien, même si c’est avec peu de spécimens,
Les Trois Dents ont
raisonnablement pu avoir leur grande importance car elles sont un
marqueur
géographique naturel incontournable depuis toujours. On
aperçoit Les Trois
Dents, on les reconnaît de la vallée du Rhône par
leur forme inimitable. Les
marqueurs géographiques pour nos ancêtres lointains, ne
sont pas légion. Comme
nous l’explique patiemment dans l’un de ses films le cinéaste
pélussinois
Robert Helsop, les tribus appréciaient de se retrouver au moins
une fois l’an
en un lieu facile à retrouver. Nous parlons évidemment
là d’époques fort
reculées, indéfinies en réalité, mais on
franchit allégrement le pas d’entrer
en période mégalithique, sans doute même
paléolithique et même peut-être plus
loin encore. Ces rencontres qui avaient pour vocation de favoriser
l’échange,
ont longtemps perduré, n’en doutons pas. Ces échanges
pouvaient avoir comme
nature des biens matériels mais aussi des Hommes et plus
précisément des
femmes, femmes à la base du repeuplement de ces mêmes
petites tribus ; on
favorisait le mélange par le sang.
Les Trois Dents
possèdent des traces de l’occupation ou du
passage de l’Homme avec une, voire deux enceintes mais là nous
sommes déjà sans
doute plus près de nous dans le temps même si
néanmoins à quelques millénaires
en arrière. Le chercheur Noël Gardon déjà
cité avant, nous évoque une possible
surveillance des Ségusiaves par les Allobroges ou
réciproquement. Notons
toutefois qu’il est lui aussi d’accord, comme de plus en plus de
spécialistes,
d’établir la frontière celtique de ces deux tribus,
là-haut aux Trois Dents
proche des Crêts. Longtemps, fort longtemps, il y a encore 20 ou
30 ans, on
faisait simple en définissant le fleuve Rhône comme
frontière entre Ségusiaves
et Allobroges. Maintenant les choses ont changé puisque les
savants de ces sciences
difficiles prennent la vallée du Gier, puis celle d’Egarande,
enfin les
sommets, les Crêts du Pilat comme véritable
frontières. Dans ce débat qui
semble donc tranché à présent, soulignons que la
capitale des Allobroges était
Vienne, excentrée de leur vaste territoire. Chambery aurait
été déjà plus
logique car située au cœur de cette même vaste
étendue qui allait de Genève à
Valence en englobant au moins la Savoie actuelle. Alors on peut
raisonnablement
se demander si la présence et même l’attirance
géographique du Pilat sacré ne
fut pas la raison du choix de Vienne ? Laissons maintenant les
Allobroges
et replongeons plus en arrière, restons encore un peu aux Trois
Dents.
Lorsque l’Homme s’est
aperçu que Les Trois Dents s’imposaient
comme un efficace marqueur géographique, là où par
exemple les feux pouvaient
gérer bien des venues. D’ailleurs on parle de Trois Dents alors
qu’il y en a
six en réalité. On retient ce chiffre Trois car
effectivement de la vallée du
Rhône on ne perçoit que Trois Dents et c’est de là
que le marqueur joue son
plein rôle actif. En ces époques reculées il ne
devait pas être question de
religion, de site religieux à proprement parler, tourné
alors vers telle ou
telle croyance. Pourtant on devrait peut-être parler à un
moment indéterminé
dans le temps, de changement de rôle, d’ajouts pour ce marqueur
géographique ?
Nous pouvons appuyer ce
propos avec Vallon Pont d’Arc et tout
près de ce site se trouve la grotte Chauvet. Là-bas nous
croyons reconnaître un
autre marqueur géographique notoire. La grotte Chauvet est
à deux pas, nous
sommes quelques 36 000 ans en arrière au bas mot pour la
datation minimum des
peintures laissées à la postérité. Certes
il reste difficile ou délicat de
parler d’une religion mais déjà des prémices sur
l’importance des animaux dans
les croyances d’alors. En ces époques, l’Europe n’est
peuplée que de quelques
dizaines de milliers d’individus ! Sans mouvement et sans marqueur
géographique naturel, l’Homme peut passer une vie sans croiser
d’autres tribus.
Or l’Homme bougeait et des secteurs étaient plus garnis
humainement que
d’autres. Notre ami Robert Helsop pense que le Pilat était peu
peuplé tout
simplement parce que ce dernier ne possédait pas de
matières ou de matériaux
importants échangeables lors de trocs rituels annuels ou plus
rapprochés à
l’échelle de cette même année. Il n’y avait pas par
exemple de précieux silex
dans le Pilat, eux qui servaient à découper les animaux
consommés par exemple.
Aujourd’hui on commence
à envisager que le Pilat a un beau
jour indéterminé commencé à jouer un
rôle de sanctuaire, un espace voué au
royaume des morts. La dynamique association des Pierres et des Hommes
travaille
dans ce sens ; les nombreux tumulus retrouvés un peu
partout dans le Pilat
tendent à concrétiser cette conclusion, ce rôle de
sanctuaire. On entre ici en
plein dans la notion de sacré, et nous pouvons ajouter,
doublé de religieux.
Nous pensons effectivement que nous pouvons commencer à parler
de sacré visant
le territoire du Pilat à partir du moment où s’est
répandue à grande échelle,
que là-bas on pouvait aller y finir ses jours ou plus
sûrement encore y être
enterré et ce de manière assez précise. Les
tumulus du Pilat sont pour la
plupart des amas de pierres granitiques visant à favoriser
l’enfouissement d’un
corps, lui-même enterré dessous. A partir du moment
où on s’accorde pour
déterminer un tumulus, notons qu’ils n’ont certes pas tous la
même taille. La
mort chez nos lointains ancêtres était sacrée, un
grand respect pour ses morts
était de rigueur. On touche là à des croyances
religieuses, sacrées. La
définition même du mot sacré a une forte
connotation religieuse spontanément.
Si de nos jours, nous pensons souvent tout de suite à la
religion chrétienne,
c’est bien vite oublier les civilisations qui nous ont
précédés sur ce même
territoire. La religion chrétienne avait des options assez
radicales qui
s’offraient à elles à savoir détruire les anciens
lieux de cultes ou les
christianiser. Ce second choix s'opérait par exemple avec
l’apparition d’une
chapelle ou d’une croix plus simplement encore. Quant à la
première option, eh
bien imaginons un instant tout ce qui peut avoir été
détruit et qui aujourd’hui
a complètement disparu dans le Pilat et bien entendu de partout
...