NOVEMBRE 2022



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ENTRETIEN-INTERVIEW



MICHEL PIERRET, sylviculteur


    


Michel est un homme calme et posé, c’est aussi un vrai passionné. La Forêt ravive chez lui un enthousiasme à toute épreuve qui remonte à l’enfance. Installé depuis plusieurs décennies dans le Parc Naturel Régional du Pilat et maintenant à la retraite, il s’est complètement investi au service de La Forêt. Sur les traces de tous ceux, notamment agriculteurs, qui ont lancé des plantations massives dans les années 1960-1970, il entretient et innove dans sa propriété, dans son bois bien à lui. Presqu’incollable sur son sujet de prédilection, c’est un plaisir que d’échanger avec lui ; un questionnement en appelant un autre. Vous allez découvrir au travers de cet entretien, un homme spontané, qui aime argumenter en nous montrant des documents.
Ce n’est donc pas une surprise s’il aime guider et éveiller la curiosité de jeunes enfants en les sensibilisant sur La Forêt dont la superficie a doublé en 150 ans dans le Pilat.





1/ Les Regards du Pilat : Passionné de La Forêt au sens large, comment et depuis combien de temps vous investissez-vous dans ce domaine ?

Michel Pierret : Quand j’étais jeune j’aimais empiler le bois que le scieur venait scier le dimanche matin ; cela sentait bon. Mes parents sont entrés en possession d’une petite parcelle de bois en Champagne et c’est là que mon aventure forestière a commencé.

Aujourd’hui j’ai construit une petite forêt en devenir de quelques ha dans le Pilat sur la commune de Doizieux.


Bois de La Neyranche Planfoy

2/ Les Regards du Pilat : Pouvez-vous nous indiquer la principale espèce d’arbres qui composent la Forêt du Parc Naturel Régional du Pilat ?

Michel Pierret : La forêt du Pilat est très étagée ; elle varie de l’étage méditerranéen à l’étage montagnard. Elle est de ce fait composée d’une multitude d’essences feuillues et résineuses. A l’étage montagnard c’est la hêtraie sapinière qui prédomine. Sur les crêts ce sont des zones très froides et très ventées où survie une végétation herbacée et arbustive.


Creux du Loup Grand Bois

3/ Les Regards du Pilat : Connait-on la surface que représente La Forêt du Parc Naturel Régional du Pilat ?

Michel Pierret : Elle avoisine les 35000 hectares. Elle appartient pour 90% à la propriété privée et les 10% restants à la propriété publique.


Sous le Col du Planil

4/ Les Regards du Pilat : Selon le secteur où l’on se trouve dans ce même Parc Naturel Régional, existe-t-il une grande diversité dans l’implantation de ces mêmes essences ?

Michel Pierret : La forêt du Pilat est une forêt étagée. En dessous de 800 m c’est l’étage collinéen où pousse essentiellement du feuillus. Au-dessus de 800 m c’est l’étage montagnard ou se développe une forêt de type hêtraie / sapinière.


Hêtraie de Bélise au printemps

5/ Les Regards du Pilat : Depuis un siècle, la Forêt du Massif du Pilat a-t-elle évolué quant à son implantation territoriale ; a-t-on toujours à faire aux mêmes variétés en présence ?

Michel Pierret : Les activités humaines ont transformé le paysage. Il y avait des activités agricoles dans l’étage montagnard (cultures et pâturages). A partir des années 1950 la déprise agricole a provoquée l’abandon des terres agricoles.  A cette époque pour ne pas laisser ces parcelles à l’abandon il était proposé d’enrésiner ces parcelles avec des épicéas.

Aujourd’hui en 2022 Il s’opère des changements, notamment sous l’action du réchauffement climatique et des sècheresses à répétition. L’épicéa pour citer ce résineux va disparaître. Le hêtre également va progressivement disparaitre.


Vue depuis Saint-Sabin

6/ Les Regards du Pilat : Combien de décennies faut-il pour qu’un arbre parvienne à maturité pour être coupé et commercialisé ?

Michel Pierret : Il n’y a pas de règle générale. 2 systèmes peuvent s’affronter : faire de la ligniculture (massif landais) ou faire de la forêt à couvert continu. Pour ma part j’ai choisi de faire une forêt à couvert continu où mes investissements vont vers l’amélioration de la qualité des bois. Respecter la biodiversité et ouvrir ma forêt au public par des visites de la propriété. Il n’y aura pas de coupe rase. La régénération naturelle sera ma priorité.


Les Préaux à La Versanne

7/ Les Regards du Pilat : Planter un arbre représente un coût certain, un vrai investissement. Qu’en est-il ?

Michel Pierret : Oui, cela représente un coût mais c’est un pari sur l’avenir. Il existe aussi des aides. Pour avoir un ordre d’idée la plantation d’un hectare coute environ 4000 euros. L’Etat, le département et la région avec le plan forêt bois en 2021 soutiennent la filière.


Le Grand-Bois vu des Palais

8/ Les Regards du Pilat : En vous écoutant on se rend compte que la forêt au sens large ce n’est pas qu’une affaire de plantations. Comment la définiriez-vous succinctement ?

Michel Pierret : La Forêt : c’est trois piliers indissociables. Le pilier économique a toute son importance, avec la production, la transformation et  les métiers qui en découlent. Il y a aussi le pilier environnemental avec la biodiversité et le stockage de carbone. Et puis il y a le troisième pilier, le pilier social avec les sentiers de randonnées, le partage avec différents publics etc…


Sentier Gratteau-Saint Sabin

9/ Les Regards du Pilat : La Forêt est donc en perpétuelle évolution avec une gestion de plus en plus pointue semble-t-il. Vous évoquez l’arrivée du Lidar comme outil d’avenir pour le Parc Naturel Régional du Pilat entre autre. Pouvez-vous nous en dire un mot.

Michel Pierret : Dans le cadre de la renégociation de la charte du Parc Naturel Régional du Pilat et en partenariat avec l’interprofession, le projet d’utiliser le Lidar est en bonne voie. On pourra tout simplement grâce à cet outil mieux décrire la forêt du Pilat.

Actuellement les propriétaires publics et privés se préparent au changement climatique en expérimentant des essences plus adaptés aux climats futurs. La méthode de sylviculture va également changer pour avoir une sylviculture plus résiliente et respectueuse de l’environnement.

Michel nous vous remercions vivement pour l’ensemble de vos réponses spontanées, celle d’un vrai passionné de la Forêt.



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