NOVEMBRE
2022
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ENTRETIEN-INTERVIEW
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MICHEL
PIERRET, sylviculteur
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1/
Les Regards du Pilat : Passionné de La Forêt au sens
large, comment
et depuis combien de temps vous investissez-vous dans ce domaine ?
Michel Pierret : Quand j’étais jeune
j’aimais empiler le bois que le
scieur venait scier le dimanche matin ; cela sentait bon. Mes parents
sont
entrés en possession d’une petite parcelle de bois en Champagne
et c’est là que
mon aventure forestière a commencé.
Aujourd’hui
j’ai construit une
petite forêt en devenir de quelques ha dans le Pilat sur la
commune de Doizieux.
Bois
de La Neyranche Planfoy
2/
Les
Regards du Pilat : Pouvez-vous
nous indiquer la principale
espèce d’arbres qui composent la Forêt du Parc Naturel
Régional du Pilat ?
Michel Pierret : La forêt du
Pilat est très étagée ; elle varie
de l’étage méditerranéen à l’étage
montagnard. Elle est de ce fait composée
d’une multitude d’essences feuillues et résineuses. A
l’étage montagnard c’est
la hêtraie sapinière qui prédomine. Sur les
crêts ce sont des zones très
froides et très ventées où survie une
végétation herbacée et arbustive.
Creux
du Loup Grand Bois
3/
Les
Regards du Pilat : Connait-on
la surface que représente La
Forêt du Parc Naturel Régional du Pilat ?
Michel
Pierret : Elle avoisine les 35000 hectares. Elle appartient pour 90%
à
la propriété privée et les 10% restants à
la propriété publique.
Sous
le Col du Planil
4/
Les
Regards du Pilat : Selon
le secteur où l’on se trouve dans ce
même Parc Naturel Régional, existe-t-il une grande
diversité dans l’implantation
de ces mêmes essences ?
Michel Pierret : La forêt du
Pilat est une forêt étagée. En dessous
de 800 m c’est l’étage collinéen où pousse
essentiellement du feuillus. Au-dessus
de 800 m c’est l’étage montagnard ou se développe une
forêt de type hêtraie /
sapinière.
Hêtraie
de Bélise au printemps
5/
Les
Regards du Pilat : Depuis
un siècle, la Forêt du Massif du
Pilat a-t-elle évolué quant à son implantation
territoriale ; a-t-on toujours
à faire aux mêmes variétés en
présence ?
Michel Pierret : Les
activités humaines ont transformé le paysage.
Il y avait des activités agricoles dans l’étage
montagnard (cultures et
pâturages). A partir des années 1950 la déprise
agricole a provoquée l’abandon
des terres agricoles. A cette
époque
pour ne pas laisser ces parcelles à l’abandon il était
proposé d’enrésiner ces
parcelles avec des épicéas.
6/
Les
Regards du Pilat : Combien
de décennies faut-il pour qu’un arbre
parvienne à maturité pour être coupé et
commercialisé ?
Michel Pierret : Il n’y a pas de
règle générale. 2 systèmes peuvent
s’affronter : faire de la ligniculture (massif landais) ou faire
de la
forêt à couvert continu. Pour ma part j’ai choisi de faire
une forêt à couvert
continu où mes investissements vont vers l’amélioration
de la qualité des bois.
Respecter la biodiversité et ouvrir ma forêt au public par
des visites de la
propriété. Il n’y aura pas de coupe rase. La
régénération naturelle sera ma
priorité.
Les
Préaux à La Versanne
7/
Les
Regards du Pilat : Planter
un arbre représente un coût certain,
un vrai investissement. Qu’en est-il ?
Michel
Pierret : Oui, cela représente un coût mais c’est un pari
sur l’avenir. Il existe aussi des aides. Pour avoir un ordre
d’idée la
plantation d’un hectare coute environ 4000 euros. L’Etat,
le département et la région avec le plan
forêt bois en 2021
soutiennent la filière.
Le Grand-Bois vu des Palais
Michel Pierret : La Forêt :
c’est trois piliers indissociables.
Le pilier économique a toute son importance, avec la production,
la
transformation et les métiers qui en
découlent. Il y a aussi le pilier environnemental avec la
biodiversité et le
stockage de carbone. Et puis il y a le troisième
pilier, le pilier social avec les sentiers de randonnées, le
partage avec
différents publics etc…
Sentier Gratteau-Saint Sabin
9/
Les
Regards du Pilat : La
Forêt est donc en perpétuelle évolution
avec une gestion de plus en plus pointue semble-t-il. Vous
évoquez l’arrivée du
Lidar comme outil d’avenir pour le Parc Naturel Régional du
Pilat entre autre.
Pouvez-vous nous en dire un mot.
Michel Pierret : Dans le
cadre de la renégociation de la charte
du Parc Naturel Régional du Pilat et en partenariat avec
l’interprofession, le
projet d’utiliser le Lidar est en bonne voie. On pourra tout simplement
grâce à
cet outil mieux décrire la forêt du Pilat.
Actuellement les propriétaires
publics et privés se
préparent au changement climatique en expérimentant des
essences plus adaptés
aux climats futurs. La méthode de sylviculture va
également changer pour avoir
une sylviculture plus résiliente et respectueuse de
l’environnement.
Michel
nous vous remercions vivement pour
l’ensemble de vos réponses spontanées, celle d’un vrai
passionné de la Forêt.