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Sociétés Secrètes Mars 2020
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Michel
Barbot
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Michel de
NOSTREDAME ou l’invitation au voyage en terre Vestalique Deuxième
partie Lorsque que Nostradamus
rédige le quatrain IV-95
(publié en 1557), il s’appuie
assurément – comme expliqué dans la première
partie de ce dossier – sur la Prophetia
Merlini de Jean de Cornwall mais aussi sur des enseignements
évoqués dans
les cénacles angéliques, tel celui de Nantes dont
l’origine est semble-t-il
italienne mais dont l’affiliation avec l’Académie
Angélique de Lyon semble tout
à fait recevable. Les troisième et
quatrième vers du quatrain… Les deux
Vestales contre rebelleront Victor
puisnay en Armonique terre. …paraissent confirmer cette
hypothèse. Nous
retrouvons les Vestales d’Armon associées au thème de la
rébellion (celle
d’Ésaü ou celle des Anges du Mont Hermon), suivie d’une
contre-rébellion. Ces
deux Vestales qui entretiennent le feu sacré, seraient suivant
certains
commentateurs, le Grand Monarque et le Grand Pontife. Il semble curieux
de
comparer ces deux personnages aux Vestales mais l’hypothèse
Grand Monarque se confirmerait avec
« Victor
puisnay ». Victor, apparaît, ceci est aujourd’hui
reconnu, comme l’un des
noms du Grand Monarque chez Nostradamus. Pierre Verne, le père
de Jules Verne, dans son
poème La Droitière, daté du 15 octobre
1865, évoque au travers de ces
quelques vers, cet énigmatique Victor le nouveau Moïse
Vainqueur : Tels les
livres sacrés, nous présentent Moïse Vainqueur,
mais écarté de la Terre Promise Des sommets
d’Abraïn, contemplant Chanaan, Toi, Victor
sans langueur, quarante ans sous la tente Tu baiserais
bientôt cette terre fuyante ; Et pourra à
loisir amender prés et champs Et
métamorphoser muscadets et gros plants. Ouvrez-vous,
ouvrez-vous, portes de la Droitière, Manoir, de
tes beautés ne nous fait pas mystère Sache que
nous livrant tes trésors, tes appas Tu vas en
acquérir que tu ne connais pas. Le manoir de la La
Droitière juché sur le coteau
du même nom, dans la commune de Mauves-sur-Loire, appartenait
à l’époque aux
frères Fleury (Jules et Victor… dont nous pourrions reparler
dans un article
consacré au cénacle angélique de Nantes). Pierre
Verne délocalise le coteau de
la Droitière, apparemment dans la cité de Nantes. Ce
coteau au nom parlant,
cette « terre fuyante », par un baiser (celui de
Victor), deviendra ce
qu’il prétend être : un lieu droit, une
droitière… Nous retrouvons dans ce
poème du père de Jules Verne, une reformulation de la
prophétie d’Isaïe qui est
elle-même présentée par le Rabbi Rashi de Troyes
(encore Troyes…) comme une
projection aux Temps Messianiques, de la traversée de la Mer
Rouge par Moïse et
les Israélites, traversée qui mènera Moïse
aux sommets d’Abraïn… Le
manoir de la Droitière Ainsi que j’ai pu
l’évoquer dans mon conte Noël
Ourifique pour Maître Hiéronymus Berlier et Anselme Rollat
(Regards du
Pilat), les Hospitaliers de Saint-Jean occupaient à Nantes la
Commanderie Saint-Jean-des-Abretims proche des Cordeliers. Le nom Abretims trouve son
origine dans le mot
Arreptins ou Arétins, ceux qui tombaient du haut mal, ou mal
caduc, autrement
mal de Saint-Jean. La forme définitive – Abretims – bien que
quelque peu
modifiée, évoque la Montagne des Abarim ou Abraïn
d’où Moïse aperçut la Terre
Promise (Nombres 27-12). Le Rabbi Rashi, dans son commentaire,
écrit en parlant
de Moïse : « il s’est réjoui et a
dit : '' On dirait que mon
barrage a été levé ! '' Cela ressemble
à un roi qui a interdit à son
fils de passer la porte de son palais. Le roi y entre, et son fils le
suit. Il
pénètre dans la cour, et son fils continue de le suivre,
dans le palais, et son
fils est toujours à le talonner. Mais au moment d’entrer dans la
chambre à
coucher, il apostrophe son fils : ‘’Interdiction d’aller plus
loin !’’ (Sifri). » Le nouveau Moïse prophétisé
par Pierre
Verne entrera dans la Droitière, ainsi que le
démontre ce vers du
poème : « Ouvrez-nous, ouvrez-nous, portes de la
Droitière ». Toutes ces variantes sont des
clefs permettant
une approche gilpine dans la cité de Nantes. L’une des clefs
apparaît avec le
mot Arétin(s). Nous connaissons la permutation du R / L que l’on
retrouve
notamment dans les mots couloir et corridor. Cette permutation nous
entraîne
vers la figure ambiguë de Pierre l’Arétin, (Pietro
Aretino). L’Arétin
signifie « venant d’Arezzo ». Cet humaniste
mort à Venise en
1556, se surnommait lui-même « le Divin
Arétin ». Ce surnom inspira
en partie, pouvons-nous le penser, Pierre Biré pour son
pseudonyme : Aletin le
Martyr. L’audace n’est pas la même… mais participe de la
même réflexion, au
même codage. Aletin signifie « venant
d’Alet », ainsi qu’il sera démontré
plus avant. Le voyage Vestalique de Nantes
ou le voyage de
Toulouse à Nantes La métamorphose des
vins évoquée par Pierre Verne
fut longtemps considérée comme magique, à l’instar
du tissage de l’embryon dans
le ventre de sa mère. Nous retrouvons en filigrane dans le
poème de Pierre
Verne, au travers de cette métamorphose, « Le
grand conduict »
des vignes « caché dans la
male » du quatrain II-17 de Nostradamus. « Le
camp du temple de la
vierge vestale », évoqué dans ce quatrain
pourrait se rapporter, dans un
premier temps, ainsi que nous l’indiquions précédemment,
à l’île de Maguelone
dont l’histoire symbolique n’est pas étrangère à
celle également symbolique de
Nantes. Dans la cité de Nantes,
se retrouvent les saints ès
vignes. Dans le Bourg-Main, le faubourg nantais des Chevaliers de
l’Ordre
du Temple, le patron des vignerons, également patron des
mariniers de la Loire,
était saint Nicolas. Pierre Verne qui résida dans la
paroisse saint Nicolas de
Nantes, par homonymie, pouvait privilégier saint Vernier, patron
des vignerons
dans l’Est et le Centre de la France. Mais saint Vincent (vin et
sang) reste le grand
patron des vignerons. Il scelle assurément dans la cité
de Nantes le secret
vinicole formulé par Nostradamus. L’instituteur et chercheur
Jean-Paul Lelu,
membre de la Société de Mythologie Française, a
démontré dans son étude La
géographie sacrée de Nantes au Moyen Age et les mythes du
forgeron et des
jumeaux (Éditions Maisonneuve et Larose) qu’il existait
dans la cité
nantaise, des axes calendaires et géographiques historiques,
assurément
d’importance, marqués par des « rapports, à la
fois complexes et
rigoureux ». Voir sur le sujet (http://www.mythofrancaise.asso.fr/mythes/cadres/NAcalenC.htm Deux axes calendaires majeurs
sont à retenir dans
le cadre de cette étude. Nous avons un premier Axe Nord /
Sud :
saint Vincent (22 janvier) / sainte Marie-Madeleine (22 juillet), ainsi
qu’un
second Axe Nord / Sud : saint Aubin (1er mars) / saint
Gilles
et saint Lau(d) ou Leu (le saint Loup de Sens), (1er
septembre).
Célébrés le même jour, ces deux saints sont
de tradition ancienne, associés
dans la dédicace de quelques édifices religieux, telle
l’église
Saint-Leu-Saint-Gilles à Paris. Plan
ancien du centre historique de Nantes avec ses axes calendaires Nous développerons dans
un prochain article
consacré à l’Académie de Nantes,
l’Angélique et Brumeuse, la présence Gilpine
dans la création du second axe qui se fera, comme le premier,
bien qu’à dates
différentes, sur plusieurs siècles… Si l’on projette, ainsi que le
fait Jean-Paul
Lelu, ces deux axes calendaires sur la cité de Nantes, il
apparaît qu’ils se
croisent sur la place du Change (des Changes au Moyen Âge)
où s’élevait
l’église Saint-Saturnin fondée par l’évêque
Clément. Ce monument fut bâti en
l’an 500 en l’honneur de Monsieur Saint Saturnin, l’apôtre du
peuple
toulousain. Le docteur Alcime Sinan dans
son livre Le
Vieux Nantes qui s’en va publié en 1935 indique :
« L’architecte
Fournier trouvera une pierre gravée, au moment de la chute de
cette église,
portant la date et le nom du fondateur. » Restitution
de la pierre gravée de Saint-Saturnin Le ministère de
l’évêque Clément Ier
dit aussi Vlemarius, ainsi que celui de son successeur le Grec
Léon,
s’intercalent dans la lignée nantaise des évêques
Nonnechius, importante
famille Bituriges. Rien ne permet d’affirmer que Clément fut
membre de cette
famille, mais il se peut que la dédicace de l’église n’y
soit pas étrangère.
Cette famille resta assurément très proche du
diocèse de Nantes depuis
Nonnechius Ier vers 462 jusqu’à Nonnechius II qui
succéda vers 583
pour quelques seize années à son illustre parent, saint
Félix. Gérard de Sède
dans son livre Le sang des cathares
a pu démontrer au travers des armoiries de Toulouse, les liens
unissant
l’antique cité de Bourges et la non moins antique cité de
Toulouse. Ces
armoiries se lisent : « De gueules à l’agneau,
la tête nimbée,
passant en pointe et portant en bannière une croix
clèchée et pommetée d’or,
accostée à dextre d’un château fort d’argent
surmonté de trois donjons de même,
à senestre d’une église d’argent surmontée d’un
clocher et de deux clochetons
de même. » Au sujet de ces deux
monuments, G. de Sède
écrivait : « Le monument qui figure à
dextre de l’écu de Toulouse est
le château des comtes, le Château Narbonnais, dont la
légende prête la
construction à Aquarius. À senestre figure
l’église Saint-Sernin. » Armoiries
de Toulouse L’église Saint-Saturnin
de Nantes se trouvait
dans le quartier du Bouffay, à proximité du château
du Bouffay édifié au
confluent de l’Erdre et de la Loire. L’une des clefs symboliques de
cette
énigme liée aux trésors de Delphes et
peut-être de Jérusalem, n’est autre que
saint Saturnin ou saint Sernin dont l’église apparaît sur
le blason. L’évêque
Clément de Nantes est contemporain
d’Héraclien, évêque de Toulouse, premier
évêque après la vacance provoquée par
le roi des Wisigoths Euric, chrétien de confession arienne qui
avait fait de
Toulouse sa capitale. Son successeur et fils, le fameux Alaric II
(484-507)
tolérant, permettra à Héraclien d’occuper le
siège épiscopal nicéen de
Toulouse. (Abbé Cayre Histoire des évêques de
Toulouse 1875) Le premier jalon, la
première borne, qui
permettra notamment – mais beaucoup plus tard – une projection au sol
des deux
Axes calendaires majeurs Nord / Sud de Nantes, est l’église
Saint-Vincent qui
sera édifiée suivant la tradition en 397, bien que les
historiens préfèrent
avancer, sans précision de date, le début du Ve
siècle. La construction de cet
édifice consacré au futur
saint patron des vignerons, apparaît à l’instar de son
bâtisseur, l’évêque
Didier, bien extraordinaire. Dans son Dictionnaire historique et
géographique de la province de Bretagne (1845) Ogée
nous apprend :
« Arisius, sixième évêque de Nantes, eut
pour successeur Didier, curé du
diocèse de Toulouse, prêtre zélé et
recommandable par ses vertus. »
L’information est d’importance, le zélé Didier
était un prêtre du diocèse de
Toulouse ! Natif de Pannonie, il se
trouvait en 385, voire
même un peu avant, pour ses études, dans la cité de
Rome. Il y rencontra pour
la première fois saint Jérôme, un compatriote, avec
qui il se lia d’amitié.
Grand voyageur, il étudia ensuite à Trèves puis se
rendra à Constantinople. Il
fit également deux voyages en Palestine. Il y rencontrera une
fois encore saint
Jérôme à Bethléem. Ses pas l’auraient
également porté jusqu’en Égypte. Ses grands voyages
terminés, fort de tout
l’enseignement accumulé, Didier entra dans les Gaules, dans la
Troisième
Aquitaine. Il exerça la prêtrise à Toulouse au
service de l’évêque saint
Exupère également ami du célèbre traducteur
de la Bible. Habitué aux voyages,
Didier s’affirme comme un prêtre itinérant. Il quitte
semble-t-il régulièrement
sa paroisse toulousaine, se dirigeant notamment vers l’Espagne
où il aurait
même prêché. Les listes des
évêques de Nantes présentent cet
évêque occupant le siège épiscopal
approximativement 40 années durant, de 400
ou 404 à 444, mais il apparaît aujourd’hui certain qu’il
occupait encore, bien
que très avancé en âge et physiquement mais non
intellectuellement, diminué par
les années, ce siège en 451 ou 453. Voir notamment sur le
sujet http://www.infobretagne.com/nantes-eveques.htm Ces années
déjà avancées au XIXe siècle
(Ogée : 451), sont aujourd’hui
validées par les historiens et universitaires Nantais. Arisius et Didier ou l’annonce
symbolique du
voyage à Alet-les-Bains ? Le prêtre Vigilance,
depuis sa paroisse du
Comminges, rédigea vers 403, son Traité
hérétique qui influença beaucoup plus
tard le Protestantisme. Les anciens historiens reconnaissent
unanimement que le
prêtre Didier se rendit en Comminges auprès de son ami
Ripaire, lui-même prêtre
dans une paroisse de ce diocèse. Ils ajoutent que Didier,
prêtre itinérant,
exerça lui aussi la prêtrise, dans une paroisse voisine.
Ils combattirent l’un
et l’autre, avec l’appui de saint Exupère évêque de
Toulouse, l’hérésie de
Vigilance. L’abbé Nicolas Travers
(1674-1750), historien
Nantais, avait une approche quelque peu différente mais
intéressante. Dans son
livre Histoire civile, politique et religieuse de la ville et du
comté de
Nantes il écrit : « DESIDARIUS ou DIDIER.
Cet évêque, attentif à éloigner
de son diocèse l’hérésie naissante de Vigilance de
concert avec l’évêque
Riparius, envoya les ouvrages de cet hérétique à
saint Jérôme, qui, à la prière
des deux prélats, écrivit pour réfuter les erreurs
que ces livres
contenaient. ». L’abbé Travers semble
le seul historien encore
lu, à présenter Ripaire non comme un prêtre, mais
comme un évêque. Il est
certain que la liste des
évêques du Comminges apparaît incomplète. Le
premier évêque mentionné
est : « Suavis 506- ? ». À
supposer que Travers ait raison,
ses propos tendraient à prouver que Ripaire, dans les quatre ou
cinq premières
années du Ve siècle, occupa le siège
épiscopal du Comminges. Il n'y était pas en
l’année 403 car Vigilance ne
fut pas inquiété par son évêque. Ce qui
aurait été bien différent si Ripaire
eut été cet évêque. La diffusion de
l’hérésie de Vigilance dut s’effectuer sur
plusieurs mois. L’évêque du Comminges
décédé, ou muté ailleurs, fut
peut-être
remplacé par Ripaire ? Bien que Travers ne mentionne
pas le lieu (en
l’occurrence, le Comminges), il reconnaît que Didier et Ripaire
œuvrèrent
ensemble. Ce raccourci lui permet d’évoquer
directement l’envoi des écrits
hérétiques de Vigilance, à
saint Jérôme. Il nous présente en premier lieu, un
Didier, en qualité d’évêque, attentif dans son
diocèse, à
éloigner cette hérésie qui
arriva assez rapidement, pouvons-nous le penser, aux portes de Nantes. L’histoire des
évêques de Nantes, nous présente
quelques évêques d’épée ayant
porté secours au nom de Dieu, à quelque
évêché ami dont l’existence était
menacé. Didier n’était certes pas un évêque
d’épée, mais son combat apparaît de même
nature. Lorsqu’il retrouve son ami
Ripaire en Comminges, se n’est assurément que pour mieux
détruire l’hérésie
dans son nid. Le Dominicain Albert Le Grand,
membre de
l’Académie de Nantes, dans son livre La vie des saints de la
Bretagne
Armorique, nous présente ainsi l’évêque
Didier : « Didier, en
latin Desiderius, Archidiacre de Nantes, esleu Evesque, fut
sacré par le mesme
S. Martin Archeuesque de Tours, l’an trois cens
octante-sept. » L’année
387 indiquée par le Dominicain ne peut être retenue, mais
il devient
intéressant d’y lire que Didier exerça dans un premier
temps la fonction
d’archidiacre de Nantes ; fonction qu’il occupa bien entendu, sous
l’épiscopat
d’Arisius. Cet évêque placé dans les Catalogues
entre Marcus (Mars) et Didier,
n’est guère connu par ailleurs. Souvent, même, alors que
Mars y est présenté
comme le 5e évêque, Arisius y apparaît
sur la même ligne et sans
numérotation. Didier y récupère à la ligne
suivante la position d’Arisius,
celle du 6e évêque. Certains Catalogues s’en
tiennent uniquement pour
Arisius à la date 395. On estime généralement
qu’il occupa le siège de Nantes
jusqu’au commencement du Ve siècle. Il n’est
guère que le Père
Albert Le Grand et l’historien Nicolas Travers pour donner vie
réellement à cet
évêque. L’abbé Travers dans le livre
précité, développe une approche toute
différente, surprenante même, à tel point qu’elle
ne semble pas avoir été
reprise. Le chapitre consacré
à l’évêque Arisius, comporte
un titre et un sous-titre qui résume en cinq parties le
chapitre. La cinquième
se présente ainsi : « D’un passage de saint
Jérôme applicable à
Arisius ». L’historien débute
sitôt ce chapitre :
« Arisius, autrement Arifius, Aristius, Alisius
et Alitius,
ne nous est connu que par les Catalogues qui nous ont conservé
son nom. On
croit qu’il occupa le siège de l’église de Nantes vers la
fin du IVe
siècle, et qu’il mourut au commencement du Ve. »
Ce qui différencie
l’abbé Travers des autres
historiens, apparaît dans la cinquième et dernière
forme du nom de cet
évêque : Alitius. Cet historien Nantais qui
vécut aux XVIIe et
XVIIIe siècles, développe ainsi
l’hypothèse Alitius : « Saint
Jérôme, dans sa lettre à Algasia,
dame armoricaine, qui habitait près de l’Océan, aux
extrémités de la Gaule, et
qui lui avait demandé la solution de plusieurs
difficultés sur l’Écriture,
s’étonne de ce qu’il l’envoie consulter jusqu’à
Bethléem, lorsqu’elle avait
auprès d’elle le prêtre Alitius, capable de
résoudre tous ses doutes. Je ne
sais, lorsqu’il y a tant de ressemblance entre les noms d’Arisius
et d’Alitius,
si Arisius, évêque de Nantes, n’est point
l’évêque que saint Jérôme désirait
que la dame bretonne eût consulté. Nous n’en connaissons
point d’autre dans
l’Armorique, et il y a plus de vraisemblance à l’assurer que
dire qu’Alétius
était évêque d’Aleth, et que cette ville prit le
nom de ce prélat en
considération de son mérite. Cette dernière
conjecture tombe d’elle-même. La
ville d’Aleth est beaucoup plus ancienne que saint Jérôme,
et n’a point été
ville à siège épiscopal avant le VIe
siècle, plus de cent ans après
la mort d’Arisius. » Saint Jérôme
mentionne le prêtre Alitius, (Alethium Presbyterum) dans
son EPISTOLA CXXI. Le
courrier de la dame Algasia fut amené à Bethléem
par un certain Apodemius (du grec apodemos,
« pèlerin,
voyageur »). Jérôme n’hésite pas
à
louanger ainsi cet homme : « Mon fils Apodemius a
parfaitement rempli
la signification de son nom en s'exposant à une si longue
navigation pour nous
venir voir. » Avant d’ajouter : « Il est
parti des bords de
l'Océan et des extrémités des Gaules ». Lorsque
l’abbé Travers identifie le prêtre Alitius à
l’évêque de Nantes Arisius, il
s’écarte de l’hypothèse habituellement suivie. Cette
hypothèse généralement
admise, s’oriente vers la Guyenne et plus précisément le
Quercy dont la
capitale historique était Cahors. L’Alitius évoqué
par saint Jérôme
correspondrait à l’évêque de Cahors saint Alithe,
Alethe ou Alithius qui
succéda à son frère, saint Florent de Cahors, de
407 environ à 409. Bien
que l’hypothèse cadurcienne soit intéressante, il
convient dans le cadre de
cette étude, de ne point écarter l’hypothèse
nantaise. Les
propos
de l’abbé Travers comportent peut-être un double sens.
Bien qu’il semble le
premier à noter par écrit cette hypothèse, elle
lui est, pouvons-nous le
penser, antérieure. Il aurait pu se contenter d’avancer
l’hypothèse Arisius /
Alétius mais il prolonge (tout en réfutant), vers la
cité d’Aleth (Saint-Malo),
cité du littoral breton. La force de son infirmation tente
à démontrer que
certains érudits, ont pu l’avancer précédemment…
Mais non, pour lui, il ne peut
y avoir de lien entre cet évêque et la cité
bretonne d’Aleth mais… bien qu’il
ne le dise aucunement… l’Aleth en question pourrait-être l’autre
Alet(h) située
dans l’Aude !? Vue
générale d'Alet-les-Bains (Aude) Carte
postale ancienne Jules Verne n’avait-il pas
fait pareillement dans
son roman Mirifiques aventures de maître Antifer,
lorsqu’il nous raconte
les aventures de Pierre-Servan-Malo (soit Aleth) Antifer… À
propos d'Alet dans
l'Aude, il convient de rappeler que cette cité se remarque entre
autres par une
ancienne maison ayant appartenu à la famille de Nostradamus,
où le Mage de
Salon aurait résidé quelque temps, fait probable mais non
établi
historiquement. Cette maison est décorée de plusieurs
symboles jugés
énigmatiques. Si nous ne connaissons
guère la vie de l’évêque
Arisius, sa mort reste par ailleurs totalement inconnue.
L’hypothèse Arisius /
Alitus avancée par l’abbé Travers fut peut-être
connue de Pierre Biré, le
Président de l’Académie de Nantes. Le titre qu’il donne
à son livre principal
pourrait l’affirmer : Épisemasie ou Relation d'Aletin
le Martyr
(1637). Le cénacle angélique de Nantes eut
peut-être pour saint patron l’évêque
Nantais du la fin du IVe siècle. Cet
évêque nommé Arisius, fut
peut-être surnommé Alitius, (Alethium)
car originaire d’Alet dans l’Aude ? En
cette année 1637 où Pierre Biré publie son livre,
Nicolas Pavillon est nommé
évêque d’Alet. L’histoire de cet évêque a
fait couler beaucoup d’encre.
Pierre Biré connaissait-il cet évêque ? Il
semble avoir connu son
grand-père également prénommé Nicolas,
avocat distingué au Parlement de Paris.
Ils avaient pour ami commun « Monsieur Rouïard tres
celebre Advocat au
Parlement de Paris ». Ces deux avocats Parisiens se prirent
d’intérêt pour
l’inscription gallo-romaine découverte près de l’ancienne
muraille
gallo-romaine. Nicolas Pavillon poète à ses heures et
latiniste, semble avoir
débordé allègrement dans sa traduction,
d’où ces quelques mots de Pierre
Biré : « […] ie ne puis acquiescer à la
diuination dudit
Pauillon ». À lire Biré, on s’aperçoit
que les membres du cénacle nantais
étaient assez directs entre eux, ce qui ne les empêchait
de s’apprécier. Le
Sieur Biré ne semble d’ailleurs pas contre la
« diuivation ». Il
donne une liste de personnages qui ont pour lui
« parlé que par
diuination ». On y trouve outre Nicolas Georges Pavillon, le
Sieur Lipse
(Juste Lipse 1547-1606, philologue et humaniste des Pays-Bas Espagnols)
cité
pas moins de deux fois dans une même phrase et qu’il qualifie de
« vraye
perle de son siecle ». Le
cénacle nantais dont Pierre Biré fut le Président,
fut, pouvons-nous le penser,
étroitement lié à la Société
Angélique lyonnaise. Et il paraît intéressant de
penser que l’Académie de Nantes, dont le nom a pu varier au
cours des
décennies, ne fut pas étrangère, ainsi que nous
l’indiquions plus haut, à la
finalisation du second axe calendaire nantais (XVIe
siècle), voire
même du premier axe avec les Gilpins qui pouvaient
déjà se trouver à Nantes
dans les années 1118, 1119 durant lesquelles
sera édifié le prieuré de la
Madeleine. Ces deux axes vont exister
parce qu’au début du Ve siècle
l’évêque Didier édifiera
l’église Saint-Vincent. Le chercheur
Nantais Jean-Paul Lelu indique que cette église se dressait
autrefois au
croisement du cardo et du decumanus, les deux axes de
la cité
romaine. Elle se situait tout à côté de
l’église des Cordeliers et de la
commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean des Arétins... Albert
Le Grand évoque en ces termes l’évêque
Didier : « Ce Prelat meu du
zele de la gloire Dieu, alla en Espagne prescher l’Evangile, ou ayant
fait
quelque sejour, il passa par la ville de Cesar Auguste, & obtint de
l’Evesque d’icelle des Reliques du glorieux Leuite & Martyr S.
Vincent,
lesquelles il apporta à Nantes, & colloqua dans une Eglise
qu’il fit bâtir
de son nom. » La
ville de César Auguste, c’est-à-dire Saragosse, est la
cité natale de saint
Vincent. Il était important que Didier se rende à
Saragosse et ramène les
reliques que lui donnera l’évêque de la cité
espagnole. Édifier
une église dédiée à Saint-Vincent, à
la toute fin du IVe, voire au
début du Ve siècle n’est pas chose
courante ! L’évêque ou futur
évêque Didier le fait, assurément, parce qu’il en a
été missionné. Exupère de
Toulouse et Arisius
(Alithius ?) de Nantes, sans en être pour autant les
initiateurs, ne sont peut-être pas étrangers à
cette mission, comme ne devait
pas l’être non plus l’évêque Valero
IV
qui occupait le siège de Saragosse en 380 et devait l’occuper
encore lorsque
Didier s’en vint dans la cité aragonaise surplombant le fleuve
Ebro dont le nom
est apparenté à celui des Ibères. Valero,
cinquième successeur de saint Valero
(290-315), maître de saint Vincent, apparaît comme
le dernier évêque
avant une longue vacance qui se prolongea jusque vers l’année
516 où l’on
évoque l’évêque Vicente I. Le premier vestige d’une
église consacrée au
diacre de Saragosse, hors de l’Espagne, se trouve dans les Gaules,
avant même
l’édification de la cathédrale Saint-Vincent de Viviers
(entre 474-475 et 487),
précisément sur le territoire de Narbonne. Il s’agit du
sanctuaire élevé en 450
par un prêtre nommé Othia. Voir: https://journals.openedition.org/pallas/3395?lang=fr Saint Vincent n’était
pas l’unique dédicataire de
l’église édifiée par Othia, il partageait cette
consécration avec sainte Agnès
de Rome et sainte Eulalie de Mérida. L’église de Nantes –
il est important de
le signaler – fut édifiée par Didier sous l’unique
dédicace de saint Vincent.
Vers la fin VIe
siècle le
natif de
Saragosse, fut associé dans la dédicace nantaise à
saint Aubin. Cette seconde
consécration permettra ainsi de poser le premier jalon du second
Axe Nord /
Sud : saint Aubin (1er mars) / saint Gilles et saint
Lau(d) ou
Leu (le saint Loup de Sens), (1er septembre). L’édifice nantais fut
peut-être le premier dans
les Gaules a être consacré à saint Vincent le natif
de Saragosse. Quand la Corne des Gaules
prend rendez-vous avec
la Corne de l’Espagne La Corne de la Gaule, la
Bretagne armoricaine,
fut évangélisée de tradition par Saint Clair,
premier évêque de Nantes, dont le
diocèse à l’époque débordait sur une grande
partie de la Bretagne. Missionné
par le pape saint Lin et par l’apôtre Philippe, il fut à
la Petite-Bretagne, ce
que Joseph d’Arimathie fut à la Grande-Bretagne, deux pays
frères qui ne
portaient, à l’époque, pas encore ce nom. Son diacre
Déodat, de concert avec
Drennalus, disciple de Joseph d’Arimathie, œuvrera dans la Corne de la
Gaule à
la Vigne du Seigneur. Le premier Axe calendaire
majeur Nord / Sud de
Nantes ou Axe saint Vincent (22 janvier) / sainte Marie-Madeleine (22
juillet)
se présente comme un Axe viticole. Le 22 janvier est aussi
consacré à saint Victor,
saint Oronce et saint Vincent martyrs à Gironne en Espagne en
304, d’où la
confusion qu’il s’en suivra avec saint Vincent de Saragosse,
fêté le même jour. Les confusions ne
s’arrêtent pas là, et l’on peut
se demander, s’il n’y avait pas quelques volontés à les
entretenir ! Le 21
juillet, soit la Vigile de sainte Marie-Madeleine, est
fêté saint Victor de
Marseille. Les moines de cette abbaye marseillaise, à la suite
de leur
fondateur, cultivèrent, sur la colline des vignes. Ils
contribuèrent du Ve
au XIIe siècle, au développement de la vigne
dans la Provence… Nous
comprenons mieux ainsi, pourquoi Pierre Verne dans son poème,
associe Victor
(le Grand Monarque) aux vins du Pays Nantais. Marie-Madeleine, il convient
de le mentionner,
reste la sainte patronne des vignerons. Jacqueline Kelen (Marie
Madeleine,
ou, La beauté de Dieu, La Renaissance du Livre – 2003)
écrit :
« À Rome, Marie Madeleine est la patronne des
vignerons, sans doute parce
que sa fête coïncide avec la maturation du raisin. La dame
d’abondance a
également donné son nom à diverses espèces
de fruits : depuis le XVIIe
siècle, on appelle ‘’madeleines’’ des variétés de
pêches, de prunes, de
pommiers et de poires, ainsi que certains cépages
précoces. Le grenadier, cet
arbre méditerranéen aux fleurs éclatantes et aux
fruits d’or remplis de rubis,
a été tout naturellement désigné comme le
‘’pommier de Marie Madeleine’’. Il
rappelle l’arbre de Vie du jardin d’Éden. » Dans le texte de l’Office
liturgique consacré à
Marie-Madeleine (2e leçon - 1ères
Vêpres) (https://www.introibo.fr/22-07-Ste-Marie-Madeleine#inter2), en usage
avant l’année 1955, nous découvrons le texte latin de
versets tirés du 8e
chapitre du Cantique des Cantiques de Salomon. Le verset 2 nous
permet
de comprendre pourquoi Marie-Madeleine devint la sainte patronne des
vignerons : « Apprehéndam
te et ducam in domum matris
meæ ; ibi me docébis, et dabo tibi póculum ex
vino condíto et mustum
malórum granatórum meórum. » « Je te prendrai,
et je te conduirai dans la
maison de ma mère ; là tu m’instruiras, et je te
présenterai une coupe de
vin aromatique, et le suc nouveau de mes grenades. » A.D. Grad dans Véritable
Cantique des
Cantiques (Éditions du Rocher) indique au sujet de ce
verset :
« Je te conduirai, Roi-Messie, et je t’introduirai dans mon
sanctuaire,
lit-on au commentaire targoumique. Tu m’apprendras à craindre
l’Éternel et à
marcher dans ses voies. Là, nous prendrons le repas du
Léviathan, et nous
boirons le vin vieux qui a été caché dans les
raisins depuis la Création du
monde. Et nous mangerons de ces grenades qui ont été
préparées pour les Justes
dans le Jardin de l’Éden. » Le vin, Yayin en
hébreu, évoque le Secret,
la partie la plus secrète de l’Enseignement, de la Loi que
symbolise la
grenade. Ce verset, dans les commentaires, se voit associé au 3e
verset du chapitre 4 du Cantique des Cantiques où il est
dit : « … ta
tempe est comme une moitié de grenade, sous ton
voile. ». Le commentateur
Rashi précise : « Vos tempes. C’est la partie
supérieure du visage,
appelée pomels en français, située
à côté des yeux. Et dans le langage
du Talmud, on l’appelle ‘’la grenade du visage’’. Cela ressemble
à la moitié
fendue d’une grenade de l’extérieur, rouge et ronde. C’est
l’éloge en termes de
beauté d'une femme. » Rashi ajoute que dans la
grenade, sont les préceptes
(mitsvot) que même l’ignorant peut acquérir. Dans ce verset la grenade est
dite « Ha-Rimon »,
dans laquelle nous retrouvons le nom de la cité de Nantes,
Ar-Mon ou Armon
suivant Pierre Biré. Ces deux versets du Cantique
des Cantiques (8-2
et 4-3) qui se rapportent au Temple de Jérusalem et au Messie,
donneront
naissance dans le second Temple à des demi-shekels,
pièces de monnaie
représentant trois grenades (les armories de Pierre
Biré…) dont l’histoire,
bien que méconnue, se retrouverait, pouvons-nous le penser, de
façon voilée,
dans la PROPHETIA MERLINI. Il suffit de lire Pierre Biré
pour s’en convaincre.
Mais cette étude mènerait trop loin. Pierre Biré numismate
éclairé, possédait un
cabinet de médailles et de monnaies anciennes. Il cite dans son
livre les
« rapporteurs de vieilles medalles des
anciens » qui avaient
pour nom : Golthius, Mazochius et… Guillaume Choul. S’appuyant sur
Draco
Corciræus (commentariis de Lapid…) il écrit que Janus a
« donné la
premiere marque de monnoye à l’airain, parce que le commerce ne
pourroit
susister sens argent ». Il serait étonnant que ce
numismate Nantais ne se
soit pas lui-même laissé entraîner par cet
intérêt naissant pour les anciennes
pièces de monnaie juives. Les pièces de monnaie
de Janus / Noé que le fondateur
de Nantes aurait frappées suivant le Sieur Biré, ne
devaient pas être
nombreuses dans son cabinet de médailles ! Biré
n’hésite pas rapprocher le
Temple de Nantes du Temple de Jérusalem. Ce temple, ainsi que le
révèlent les
inscriptions anciennes, comportait aussi une bourse du commerce. Cette monnaie
de Noé, ne devrait-elle pas s’entendre comme une monnaie
juive ?
La monnaie du Temple de Jérusalem, de la première
révolte juive contre les
Romains (66-70/71) apparaît comme la
monnaie de la Résistance juive, celle des Zélotes
commandés par Jean de
Gischala. Jésus de Nazareth avait
choisi ses apôtres dans
le cercle de Jean Baptiste mais aussi chez les Zélotes dont l’on
dénotait
plusieurs factions. Des études ont démontré que
certains Zélotes seraient venus
en Gaule dès le premier siècle de l’ère
Chrétienne. L’apôtre saint Simon le
Zélote, grand voyageur,
frère de l’apôtre Jude le Zélote, mort à un
âge avancé, fut suivant la
tradition scié dans la longueur attaché à une
roue. S’il prêcha en Égypte et en
Perse, d’anciennes traditions affirment qu’il traversa la
Méditerranée, puis
les Gaules, et aborda en Angleterre (Baron., an 44 n. 38 / Nicephor I /
Dorothée Synopse & Menologe des Grecs). Dans les années 40/44,
les premiers disciples de
Jésus accostent dans les Gaules. À leur tête, nous
trouvons Marie-Madeleine,
ainsi que Joseph d’Arimathie. L’Apotresse ou Apôtre des
Apôtres, restera en
Provence ou dans l’Occitanie, quant à Joseph il se rendra en
Grande-Bretagne.
Sa mission n’est assurément pas étrangère à
celle de l’apôtre Simon. L’ombre
(ou la lumière) du Saint-Graal plane sur ces apôtres. Il apparaît que la
première évangélisation des
Gaules et de la Grande-Bretagne se soit faite en ce premier
siècle, au contact
même de la classe druidique qui vénérait la Vierge
qui doit enfanter. À Nantes,
saint Clair, le premier évêque ne semble pas avoir
rencontré des difficultés.
Mais il préférera installer la première chapelle
sur les hauteurs de la cité
(le Coteau de Talensac), en un point où il pouvait observer
l’animation
permanente du Temple de Volkanos (Volianus). Pierre Biré associe
curieusement le dieu Volianus
aux « voliers » ou treilles de vigne de Bretagne.
Le jeu de mots
ainsi formulé nous ramène à Volianus que
Biré interprète comme le « Vieux
Vin » mais aussi au voile du Temple… Dans le second Temple de
Jérusalem se trouvait à
l’époque d’Hérode, une Vigne d’Or d’où pendaient
des grappes à taille humaine. https://har-habait.org/articleBody/31023 Étrange
volier, suspendu au-dessus de la porte d’entrée. Flavius
Josèphe dans ses Antiquités
judaïques, évoque l’émerveillement
suscité par cette splendeur sur tous
ceux à qui il était donné de la voir. Cette Vigne
d’Or affirmée également par
Tacite (Hist., V,5), disparut à la destruction du Temple en 70. Quelle était sa
véritable fonction ? La
vigne figurée sur les pièces de monnaie de la Grande
Rébellion (66-70/71) et de
la rébellion de Bar Kochba, était suivant les
spécialistes, liée à la Vigne
d’Or du Temple qui représentait la Terre d’Israël et ses
enfants et son Messie. Les fresques de la synagogue
de Doura-Europos sur
l’Euphrate, érigée en 244-245, comportait des fresques
rappelant cette Vigne
d’Or. L’arc de la niche de la Thora orientée vers
Jérusalem, décorée de grappes
de raisins et de grenades, est surmontée d’une fresque dont le
motif central
est une grande vigne au tronc unique d'où surgissent de nombreux
rameaux
pourvus de feuilles et de vrilles vertes. Deux motifs sont
disposés de
part et d'autre du tronc : à gauche, un siège sans
dossier sur lequel est
placé un grand objet ovale, probablement un coussin supportant
un objet
sphérique ; à droite, deux lions rampants jaunes
d'or sont affrontés et
servent de support à un plateau de table. Ces deux objets sont
identifiés
respectivement à un trône sans dossier et à une
table d'apparat. La
fresque de Doura-Europos Ainsi qu’indiqué dans
le très intéressant article
Wikipédia consacré à la « Synagogue de
Doura Europos », le trône vide
dans le contexte juif, représente le trône céleste,
établi pour un « vrai
juge » sous la tente du roi David, un symbole eschatologique
repris
ensuite dans l'art chrétien avec le motif de l’étimasie,
l'attente du retour du
Christ lors de la Seconde Parousie. L’Étimasie ! Ainsi
que j’ai pu le développer
dans l’article Étimasie en terre guérandaise (revue Histoire & Patrimoine N°94), ce
thème ô combien énigmatique, se retrouve dans une
symbolique propre à saint
Clair, premier évêque de Nantes. L’Étimasie
nantaise et guérandaise associe le
trône du Messie au trône du roi Salomon… Elle se cache dans
les brumes oubliées
de la cité guérandaise de Chris ou Ébris-Chris
sise dans la Britania-in-Paludibus. Vitraux
de l’église Saint-Clair de Réguiny. (Photos Christian
Lelièvre) L’Étimasie, soit la
« Préparation », du
Trône,
sonne étrangement avec L’Épisemasie ou Relation
d’Aletin le Martyr… du
Sieur Pierre Biré de la Doucinière… L’abbé
Bourdeaut, historien Nantais,
indiquait dans sa conférence Autour d’Albert Le Grand et du
dieu Volianus
(16 juillet 1924) au sujet de cet auteur et du titre de son
livre :
« Il parlait grec en français : Episemasie
ou Relation d’Aletin le
Martyr […] Episemasie veut dire Relation ; Aletin le Martyr
signifie vrai
témoin. C’était le pseudonyme nouveau de Pierre
Biré qui en a pris
plusieurs ». La Relation, soit le
Récit, le Rapport, ou la
Narration d’Aletin… Ainsi qu’évoqué plus haut, cet Aletin
dont le Sieur Biré
reprend l’identité, pourrait correspondre à
l’évêque de Nantes, fin du IVe
siècle, Arisius ou
Alitus (?), possiblement originaire d’Alet dans les
Pyrénées Audoises et
prédécesseur de l’évêque Didier qui
érigea l’église Saint-Vincent. Dans
sa Relation d’Aletin ou Épisemasie, Pierre Biré insiste
sur la Vigne de Noé ou
Vieux Vin, que les Druides auraient placé dans l’ancien Temple
de Volianus ou
Temple d’Armon. Nous pouvons assurément effectuer quelque
rapprochement avec la
Vigne d’Or du Temple de Jérusalem et la Vigne de Noé ou
Volianus du Temple
d’Armon. Dans la Bible, la vigne
représente la descendance
d’Abraham et à travers ce patriarche, la lignée
messianique. Cette vigne
lorsqu’elle apparaît dans les quatrains de Nostradamus, nantaise
ou occitane,
bien qu’unique, nous semble double. Nous avons à la fois une
vigne dont la
gardienne serait Marie-Madeleine et une autre vigne dont les gardiens
seraient
Noé et son épouse. La vigne noachique est un sujet qui
résonna d’étrange façon
dans la cité nantaise. Jean Lemaire de Belges dans Les
illustrations de
Gaule et sĩgularitez de Troye, offre au roi Louis XII et à
la reine Anne de
Bretagne, dont il est devenu le secrétaire, des figures
gravées sur bois attribuées
à Jean Perréal dont le nom reste associé avec
celui de Michel Colombe pour le
Tombeau de François II de Bretagne. Les
illustrations de Gaule et sĩgularitez de Troye, 1512. Noé
et son épouse – La reine Anne de Bretagne la Junon d’Armorique Jean
Lemaire de Belges (author) — Houghton library. Cambridge,
Mass. La gravure de gauche nous
présente la Barque
de Noé, également Barque de Pierre, image de
l’Église. Noé et son
épouse, coiffés d’une auréole, achèvent
leur second voyage, thème accepté à
l’époque. La reine Anne connaît les légendes de la
cité de Nantes et elle les
accepte comme d’autres érudits Nantais on pu les accepter.
Près de la barque,
évolue une ane (une cane) dont le nom apparaît homonymique
de celui porté par
la reine. Noé dans la Barque tient de la main gauche, le fameux Bois
Tortu
nantais, la vigne chère aux Templiers de Nantes et de la main
gauche un livre
fermé ainsi que les deux clefs. Le Bois Tortu de la
vigne fruitée,
affecte la forme d’un arc, dans lequel se reconnaît l’Arc en ciel
de la Bible,
signe de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Les deux clefs ont
été comparées
aux clefs de saint Pierre, bien que certains auteurs aient
rejeté cette
assimilation. Nous retrouvons dans la Barque, les affirmations de
Pierre Biré.
Noé et Janus (Volianus) ne font qu’un ! Biré n’est
pas le premier à avoir
affirmé cette bien curieuse allégation. Le livre tenu par
le patriarche résume
« le College des Druides » que le patriarche
aurait fondé dans la
cité d’Armon, la cité de la Pomme de grenade. L’arbre se
dressant à gauche de
Noé sur la montagne, pourrait être le grenadier. Le Livre
fermé peut
correspondre à la cité de Nantes dont le Sieur
Biré écrit : « on peut
à bonne & iuste cause appeler cette ville de Nantes, Cariat
Sepher,
qui est à dire, Ville des Sciences. » La Bible
évoque la cité cananéenne
de Kiryat Sepher, soit mot-à-mot, la Cité du Livre.
Nantes devient à son tour
une Kiryat Sepher que le Sieur Biré interprète comme la
Cité des Sciences. Sur la fresque de la synagogue
de Doura Europos,
ainsi que nous l’avons évoqué plus haut, la grande vigne
est associée à gauche
à l’Étimasie, le Trône encore vide du Messie et
à droite à un plateau de table
supporté par deux lions, présentoir devant accueillir les
rouleaux de la Torah
que le Messie viendra expliquer aux fidèles, selon la Genèse Rabbah. Biré nous affirme
ensuite que Noé aborda en ce
lieu « par une secrette ordonnance et volonté de
Dieu, lequel ayant, comme
ie vous ay dafia dit, fait ce Patriarche vray type tant de son Verbe
nostre
Sauveur, & de son Eglise, que de S. Pierre pareillement
appellé Claviguer
cœli, voulut qu’il abordast inopinément en ce même
lieu… » Volianus ou Vol-Janus, alias
Noé pour les Vieux
Nantais, fut compris comme un nom hébreu : Vol ou Bol-Iana.
Vol ou Bol
signifie « Vieux, Ancien » et Iana :
« Vin ». Le
« Vieux Vin » de Noé, soit le Noah
médiéval, apparaît bien
antérieur au vin américain du même nom introduit en
France dans la seconde
partie du XIXe siècle. L’Hébreu Vol/Bol qui
désigne tout
d’abord une production (un fruit), un morceau de bois ou une branche
d’arbre,
fut reconnu dans la cité de Nantes comme la ‘’Branche de
Vigne’’, le ‘’Cep de
Vigne’’ planté par Noé ou Volianus. Les Templiers Nantais
appelaient ce
Cep : le Bois Tortu. Nostradamus dans l’un de ses
quatrains
nantais, le nomme baston tortu. La rue du Bois Tortu,
jadis, aussi sinueuse qu’un cep de vigne, aurait
été ainsi nommée, en
1818, en souvenir des ceps des vignes disparus du Bourg Main le
quartier des
Templiers Nantais. Alain Poulard dans la revue La
Dépêche du Vignoble,
publia les articles Vigne de Nantes et ses faubourgs et Histoire
des
eaux-de-vie de Nantes, dans lesquels il révèle qu’au
XIIIe siècle
le Bois-Tortu fut le nom d’un Clos de vignes appartenant aux Templiers
de
Nantes, avant d’ajouter : « Les Templiers furent
d’habiles
vignerons, tant dans la pratique que sur le plan
spirituel... » En 1611, Nicolas Horry dans
son Rabelais
Ressuscité Récitant les Faicts présente
« Grangosier ne sçachant plus
de quel bois faire flesche, comme on dict en commun prouverbe, et
voyant que
les vivres et l’eau rouge qui provient du bois tortu luy
desfailloient ». Le chercheur
Nantais Jean-Paul Lelu a su mettre en relief toute une symbolique
templière du
Bois Tortu nantais apparaissant dans les ouvrages graaliques de
Chrétien de
Troyes ainsi que dans le Parzival de Wolfram von Eschenbach.
Près de
Carnant ou Karnant (la Pierre de Nantes… soit le Borc Men ou Bourg
Main : Bourg
de la Pierre, faubourg nantais des Templiers… M. Lelu ne s’attarde
pas sur
cette Pierre), le forgeron Trébuchet
régénère l’épée brisée de
Perceval. Ainsi
que nous l’apprend ce chercheur (La géographie sacrée
de Nantes au Moyen Age
et les mythes du forgeron et des jumeaux – Éditions
Maisonneuve et Larose / L’enracinement nantais de la Légende
Arthurienne en
pays nantais – in La
Légende Arthurienne – Sources, dérivations et
ruissellements – Éditions
OdS) le Bois Tortu nantais est évoqué sous le nom de
Cotoatre. Jean Markale y a
reconnu en rappelant la confusion possible entre le t et le c
dans les manuscrits médiévaux, la francisation Cotoacre du breton Coat-gwarec, le bois-courbé.
(Jean
Markale : L’épopée celtique en Bretagne
Éditions Payot) J.-P. Lelu
ajoute dans un note : « gworec se traduit
aussi par arc
(Le Gonidec, Dictionnaire breton-français,
Saint-Brieuc, 1850 p.
356) Or c’est le signe zodiacal du Sagittaire qui nous a amenés
au mythe de
Forgeron… » Cette
réflexion
linguistique de Jean-Paul Lelu associant dans la langue bretonne, le tortu
ou
courbé et l’arc, se retrouve dans l’illustration
présentée par
Lemaire de Belges. La chapelle
Sainte-Catherine des Templiers de Nantes, dite aussi du Bois-Tortu,
serait
reconnaissable dans la chapelle de Cotoatre évoquée par
Gerbert de Montreuil.
« Trébuchet donne sa vie pour réussir à
ressouder l’épée de Perceval. Il
meurt et Perceval, en repassant Cotoadre, entent les cloches de son
service
funèbre (que l’on peut imaginer célébrer dans la
chapelle des
Templiers). » J.-P. Lelu
nous
évoque ainsi cette chapelle : « Dans cette rue
longeant l’Erdre et
côtoyant une zone marécageuse où l’on pourrait
situer le ‘’lac qui est sous
Cotoatre’’, s’élevait une chapelle Sainte-Catherine, construite
par les
Templiers, et où siégeait une confrérie de
Saint-Éloi, patron des forgerons et
autres artisans du métal. Peut-être voyaient-ils là
l’emplacement de l’atelier
de Trébuchet des romans arthuriens. » Ainsi que
l’indique cet auteur, une
importante famille d’artisans du métal nommés
Trébuchet œuvra à Nantes et dans
le Pays Nantais. Sophie Trébuchet, mère de Victor Hugo
était membre de cette
illustre famille. Sophie
Trébuchet descendante de Jean Trébuchet Maître
fondeur au Camp de la Forge à
Moisdon-la-Rivière http://www.radio-aspic.net/campdelaforge/articles.php?lng=fr&pg=50 Trébuchet, le forgeron
du Bois-Tortu portait un
nom symbolique : le Trébuchant, le Boiteux, ainsi que
l’était Vulcain le
dieu forgeron supplanté dans le christianisme par saint
Éloi. Vulcain ou
Volkano (alias Volianus) était vénéré dans
la cité gallo-romaine de Nantes
ainsi qu’en témoignent plusieurs inscriptions mises à
jour à partir du XVIe
siècle. Jean-Paul Lelu qui a fait dans
le domaine un
travail exceptionnel, conclut : « La transmission des
traditions
légendaires nantaises vers les romans arthuriens se serait-elle
faite par
l’intermédiaire des Templiers que nous avons déjà
rencontrés à la chapelle
Sainte-Catherine ? Ce pourrait être l’explication du mot Templeise
utilisé par Wolfram pour désigner les chevaliers gardiens
du Graal au château
d’Anfortas que Perceval visitera bientôt. » Ce Bois Tortu nantais, cette
vigne noachique
chère aux Templiers de Nantes, cache assurément quelque
mystère lié au Temple
de Jérusalem. Ce mystère connu également des
Hospitaliers de Saint-Jean de
Nantes fut assurément transmis aux Gilpins Nantais auxquels
Pierre Biré et ses
confrères du cénacle angélique peuvent-être
rattachés. Les deux quatrains de
Nostradamus évoquent, de façon bien hermétique,
cette mystérieuse vigne plantée
à Nantes ainsi que dans un lieu assurément proche de la
cité audoise d’Alet. Le nom de l’apôtre Simon
le Zélote ne serait pas
étranger à cette énigme, ainsi que nous l’avons
noté dans la première partie de
cet article. Nous avons évoqué L’Oracle de la Fleur
Merveilleuse, conte
paru en 1933 dans l’ALMANACH PAROISSIAL DE HERBIGNAC. Cette
commune se
situe dans le Pays de Guérande. Simon le Zélote est
représenté sur la scène
II-5 d’un chapiteau. Le saint est attaché à une roue
à six rais. « Deux
bourreaux lui passent un ‘’harpon’’ de scieur de long sur le
corps. »
(Fernand Guériff La Collégiale Saint-Aubin de
Guérande Éditions
Jean-Marie Pierre). Chapiteau
de la collégiale Saint-Aubin de Guérande Les jeux de mots possibles
dont les Œuvriers
médiévaux étaient passés maîtres, me
rappellent l’article de notre ami Patrick
Berlier Viens, suis-moi, de Cucugan à Lille (La seconde
partie). Notre ami Jean-François
Deremaux, le Chti, nous
avait envoyé une image pieuse trouvée dans une brocante
du Nord de la France.
Cette image avait été placée par une main
inconnue, dans une édition des Lettres
de mon moulin d’Alphonse Daudet, à la page du Curé
de Cucugnan. L'image
« Viens, suis-moi » L’image daterait
approximativement de l’année
1933, soit l’année même où LE MAGE d’Herbignac
publiait son conte. Ainsi que l’écrit
Patrick : « Elle
représente un jeune prêtre en soutane rencontrant le
Christ dans la campagne,
sa croix sur l’épaule, qui lui dit ‘’Viens, suis-moi’’…
Coïncidence ? Ce
prêtre offre un certain air de famille avec l’abbé
Bérenger Saunière. C’est
d’autant plus piquant que Cucugnan n’est qu’à une quarantaine de
kilomètres de
Rennes-le-Château. » Nous avions à
l’époque pas mal échangé sur cette
pieuse image avec Jean-François. D’intéressantes pistes
étaient nées de nos
échanges auxquels l’ami Roger Corréard avait prestement
participé. Il est vrai qu’un
collègue de travail,
aujourd’hui à la retraite, originaire de Port-la-Nouvelle (point
Est du Chemin
Cathare) reconnaissait avec certitude le Cap Leucate dans la falaise
que l’on
peut reconnaître derrière l’arbre sec et tordu.
À l’époque docker à
Port-la-Nouvelle, il arrondissait ses fins de mois en accompagnant les
pêcheurs
en mer. Lorsqu’il me disait reconnaître le Cap Leucate,
j’insistais pour plus
de sûreté. Marius, tel est son surnom, me répondait
avec son accent
inimitable : « Je suis passé tellement souvent
avec les pêcheurs au
large du Cap Leucate, que je ne peux me tromper ». J’avais
totalement
envie de faire confiance à Marius et puis il faut
reconnaître que la région ne
pouvait que nous parler… Détail
du paysage d'arrière-plan de l'image et
comparaison avec le Cap Leucate L’impossible rencontre,
ainsi que nous
l’avions nommée, transposait en un autre temps, la
cinquième station du Chemin
de Croix : Simon de Cyrène aide Jésus à
porter sa croix. Il était vraiment
tentant d’affirmer que ce Simon apparaisse dans l’image pieuse sous les
traits
de l’abbé Saunière. Ce que Patrick remarqua
apparaît vraiment merveilleux…
Voici comment notre ami nous racontait cette merveille :
« Mais je voudrais surtout attirer l’attention sur cette
image subliminale
entre les deux personnages. Ses contours sont dessinés par les
deux bras
symétriques, par la main de Jésus, et par le bas de la
croix. C’est un calice
qui apparaît lorsqu’on regarde l’image avec un peu d’attention.
Sa base est
même dessinée, de manière imperceptible, par le
contour du nuage que prolongent
des traits à peine plus sombres. De même, juste au-dessus
de la branche de la
croix, un nuage souligne le contour supérieur, dont les bords
viennent
s’encastrer entre le menton et l’épaule de l’abbé, et
entre le nimbe et
l’épaule de Jésus. Ce calice est bien évidemment
le Graal, qui est ainsi
transmis au prêtre par Jésus de manière
invisible... » Le
Graal subliminal de l'image Je faisais allusion aux jeux
de mots possibles
pour le tableautin du chapiteau de Guérande représentant
Simon le Zélote. Le
Zélote ne correspond aucunement au Cyrènien mais la
langue des oiseaux n’en a
cure… Patrick, sans doute tenant compte des deux personnages,
après avoir
écouté les oiseaux, nous clame : « Six
monts, deux scient Rennes.
Cette version m’arrange bien, évidemment, car elle permet de
faire revenir
Rennes-le-Château sur le devant de la scène. La phrase
nous invite à considérer
six des montagnes qui entourent Rennes, dont deux qui doivent le
« scier », c’est à dire que si l’on
tendait une corde d’un sommet à
l’autre elle passerait par le milieu du village. Or il suffit d’ouvrir
une
carte de la région pour constater que deux montagnes sont
justement
diamétralement opposées par rapport à
Rennes-le-Château. Il y a côté
nord-nord-ouest le Mont-Sec, près d’Antugnac où notre
abbé Saunière exerça un
temps son ministère, et côté sud-sud-est la Serre
de Bec, près du Bézu. Il
resterait à déterminer quels sont les quatre autres monts
désignés par cette
formule, mais si la démonstration est amusante, en
vérité elle ne débouche sur
rien de concret sur le terrain. » Patrick a affiné sa
réflexion dans son livre Jules
Verne, matériaux cryptographiques (Arqa 2015) en constatant
que le sommet
de la Serre-de-Bec constitue le centre géométrique du
« voyage
circulaire » que Clovis Dardentor, dans le roman
éponyme, effectue en
Algérie mais qui en réalité se déroule dans
l'Aude, selon le système de
cryptage cher à l'auteur des Voyages extraordinaires.
Mais ce qu’il nous
soufflait à l'époque comportait déjà son
lot d’enseignement. Personnellement la
langue oiselée me rappelle que nous pourrions lire
« Simon, Sirène »,
c’est d’ailleurs ce que Patrick nous écrit, il suffit de le
ouïr. Simon apparaît double,
voir même triple. Nous
avons le Zélote, le Cyrénien et le Lépreux,
celui-même qui approcha les
Vestales de Maguelone. La nouvelle Vestale, nous l’avons vu, ne serait
autre
que Marie-Madeleine qui prend subitement les traits d’une
Sirène ! Le romancier Walter Scott a
fait rêver moult
petites têtes blondes qui ont pu découvrir les aventures
de Robin des Bois et
de la belle Marianne. Robin dans la tradition celtique de
Grande-Bretagne est
le rouge-gorge, il a été comparé au dieu Janus…
tandis que Marianne apparaît
comme Marian, l’antique déesse Brigitte ou Etne… Marianne ou Marian se
transforme avec le
Christianisme en Merry maid, « fille de joie », ou Mermaid « fille de la mer,
sirène »,
la Marie Morgane des Bretons, attributs de la
déesse Vénus / Aphrodite. Nous retrouvons en fait notre
lecture du quatrain
II-17 de Nostradamus : la Vierge Vestale, Ethne (Elne) et
Marie-Madeleine… Le chercheur Jean-Paul Lelu
insiste dans ses travaux
sur l’importance sirénienne dans les mystères nantais
dans les récits
médiévaux. Écoutons le chant des
Sirènes, qui sait, il nous
amènera peut-être au Bois Tortu… |