DOSSIER

JUILLET 2021











PAR

CHRISTOPHE ET LIONEL PERRAIS

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La Pierre des deux Fadas



Nous avons découvert le massif du Pilat lors de notre installation dans la vallée du Rhône en 1976. Longtemps, cette curieuse montagne serpentine n'a été pour les adolescents que nous étions alors qu'un terrain de promenades familiales tout autant que de parties de luges hivernales. Le temps a passé, le massif presque oublié, jusqu'au jour où nous découvrîmes les Regards du Pilat et tous ses intervenants.

Nous commençâmes par aller à la rencontre du Menhir du Flat, puis des Roches de Marlin, de la pierre du Châtaignier, nous revisitâmes Saint Sabin et ses remparts antiques pour finir par la Pierre des Trois Évêques.

Nous fûmes frappés par les «énergies» très spéciales qui entourent cette Pierre, propices aux palabres apaisées. Une montée d'énergie se fait de plus en plus palpable quand nous redescendons dans la vallée. Une vraie cure de Jouvence, qui nous fit comprendre le choix de ce lieu extraordinaire par les anciens.

Nous fîmes donc de ce lieu un incontournable du ressourcement tout autant qu'un excellent coin à cèpes en saison.

C'est en octobre 2019, lors de ces promenades propices aux rêveries que nous découvrîmes un tumulus remarquable en premier lieu.

Il est situé précisément dans le sous-bois qui fait face à la clairière, maintenant une sapinière, sur laquelle on tombe en empruntant le chemin de droite à partir du parking à 200m environ.


Localisation sur Google Earth : 45°17'56.16 N et 04°29'05.32 E

Au premier abord, un de ces simples tas de granit que l'on trouve partout, mais flanqué en son centre d'une échancrure maçonnée de mains d'homme, qui forme comme un siège. Un nouveau siège du Diable ?

Deuxième visite de janvier 2020

Notre curiosité ayant été piquée, nous retournons sur place le 25 janvier 2020, compas de relèvement en poche (nous avons beaucoup navigué).

 

Nous dégageons l'échancrure de ses branchages


Le compas nous indique que l'échancrure est orientée plein nord. Aucune fouille n'est naturellement entreprise, nous nous contentons d'écarter les branches et la mousse. Le fond de l'échancrure est façonné de blocs insérés par la main de l'homme.


Les pierres verticales au fond de l'échancrure ont été insérées en force.




Il nous semble que ce tumulus mérite de plus amples investigations

Lors de notre dernière visite début avril 2021, nous rencontrâmes le jeune propriétaire des lieux, un garçon charmant, qui nous laissa explorer son terrain, et auquel nous communiquâmes les coordonnées des Regards du Pilat, lui indiquant que le tumulus ferait l'objet d'un article.

Après avoir exploré le tumulus, nous décidons de pousser jusqu'à la pierre des Trois Évêques par le bois et le «castel» ou «carrière» dans son nord-est.

En nous dirigeant de la «carrière» à la Pierre des Trois Évêques, à 44m environ juste après le vieux muret, nous butons sur une roche plate. Nous la dégageons rapidement poussés par l'instinct, l'impression de quelque chose de spécial.

Elle possède un «coussin» central côté Est qui rapidement mis au jour nous invite à persévérer. Ce n'était pas naturel.


C'est le «coussin» en haut de la pierre qui nous interpelle en premier lieu et nous invite à poursuivre le travail de dégagement.


En mai 2020, confinement levé, nous retournons à notre Pierre, décamètre, compas, GPS et brosses en mains, bien décidés à terminer le travail d'exhumation. Les pluies ont terminé pour nous le nettoyage.



Nous retournâmes par 4 fois à la pierre pour terminer le travail de dégagement, après avoir pris contact avec l'équipe des Regards du Pilat qui nous invita généreusement à en rendre compte.

La Pierre en avril 2021, totalement dégagée de sa gangue d'humus et brossée comme un sou neuf.


Les premières mesures de la pierre furent bâclées, aussi nous mîmes d'avantage de rigueur par la suite.

Il en ressort que la Pierre mesure 2,08m x 1,64m, soit très exactement 1 Toise Mégalithique par 2 Yards mégalithiques, ce qui est presque trop beau pour être vrai, mais nous récompense des efforts entrepris depuis 2 ans.

Il commence aussi à apparaître comme évident que cette pierre était une pierre levée et que ce nous avions pris pour un coussin est en fait le socle sur lequel reposait la pierre, même s'il est vrai que couchée, elle fait penser à un lit, ou couche funéraire.

Soit la pierre était posée sur sa base, et auquel cas elle mesurait 1 Toise mégalithique, soit elle était enfoncée de la hauteur du «coussin», auquel cas, 2 Yards mégalithiques environ émergeaient du sol. Des conclusions partagées sur la base des propositions de Thomas de Charentenay avec lequel nous échangeons. Aucune marque d'enfouissement n'ayant laissé de trace, nous proposons que la Pierre était dressée sur sa base de toute sa hauteur.

Avec son téton bien marqué au faîtage, la base parfaitement rectiligne, deux genres de jambages de chaque côté, une Pierre dédiée à la Déesse apparaît sous nos yeux.

Sa sensualité est palpable, et ses rondeurs ne sont pas sans un certain Charme.

Après avoir pensé que les rainures dans la pierre étaient le fait du gel et de l'érosion, nous penchons pour le travail de l'homme. Le gel depuis le temps aurait fendu et cassé la pierre. Un travail remarquable.





La pierre mesure environ 80cm d'épaisseur après dégagement de l'humus.


Situation



Coordonnées 45°18'05.63 N et 04°29'16.96 E Google Earth


La pierre est distante d'environ 115,60m de la Pierre des Trois Évêques, mesure prise sur place au décamètre et ensuite vérifiée sur Google Earth. L'angle entre les deux est de 60°, relevé au compas avec un gnomon improvisé de 4 mètres pour compenser la différence de dénivelé entre les deux pierres.

La base de la pierre est orientée à 100°. Nous pouvons aussi la localiser grâce aux relevés effectués par Thomas de Charentenay qu'il nous a généreusement communiqués :

 

https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1VU8as84DyW6voqvLFKzd-0eFdvM&ll=45.3015588250821%2C4.4885339785847345&z=18




La Pierre face au «mur descendant carrière» de Thomas de Charentenay.

 

Cerise sur le gâteau



Lors de notre première visite, il semblerait que la Pierre avait des choses à nous dire. A notre grande surprise, et après transfert sur l'ordinateur, cette «fumée» et ces deux «orbs» bien visibles apparaissent alors que nous dégageons la pierre.

Photo prise au flash avec un vieil appareil numérique Olympus entre chiens et loups.

Un lieu assurément très chargé.

Avons-nous réveillé quelque chose en grattant les mousses ?

Ajoutons que c'est la première fois que nous sommes confrontés à ce phénomène et que la beauté et la qualité de ces «orbs» est spectaculaire.

L'excellente conteuse Élisabeth de Caligny, riche de ces expériences surnaturelles, pense que les vrais «orbs» vont toujours par deux. Le même jour, un telle «fumée» était apparue aussi sur le site du tumulus alors que nous dégagions la mousse.




Les deux orbs, détails


Étant donnée la nature de nos pérégrinations pilatiennes, la Pierre des deux fadas s'imposa d'elle-même, la pierre de ceux qui vont par les chemins les pieds légers, à la manière de Goethe, toujours prêts à se laisser surprendre par les apparitions fugaces de Celle qu'il chérissait lorsque les brumes sont de la partie par les sentes montagneuses. Dédicace !

Nous ne pensions pas que la Belle prendrait les atours du granit.

Cocasse tout autant que troublant, en flânant sur le site suivant, après avoir baptisé la Pierre et terminé notre article :

https://leprogres.shorthandstories.com/dolmens-menhirs-megalithes-legendes/index.html

Nous découvrons que les Fadas en ancien patois sont les Fées !

Décidément !

Nous remercions l'équipe des Regards du Pilat de nous avoir ouvert ses colonnes pour rendre compte de cette découverte impromptue, Thierry Rollat, Eric Charpentier dont les livres et les échanges nous ont inspirés, Thomas de Charentenay pour ses travaux et conseils, Patrick Berlier, sans oublier d'autres rencontrés sur notre chemin comme André Douzet et Mary Ange Tibot, ou encore tous les passionnés comme Howard Crowhurst, Quentin Leplat, Jacques Bonvin ou Oleg de Normandie, et tous ceux qui se reconnaîtront, qui chacun avec leurs talents tentent de lever le voile sur ce Château de la Belle au Bois Dormant que constitue le mégalithisme.

Il ne reste plus qu'à réunir une équipe de courageux, nous n'oserions dire de fadas, obtenir l'aval du propriétaire du terrain, et avec force pelles et palans, remettre la Pierre debout, face au soleil levant.

Et qui sait, peut-être qu'une surprise nous attend sur l'autre face ?

Nous invitons par ailleurs les lecteurs à ajouter leur grain de Sel, nous faire part de leurs remarques, de nature géodésique ou qualitative qui nous auront échappé, et évidemment à se rendre sur place.

Ce fut un véritable plaisir d'écrire sur cette petite entreprise, un travail assurément collectif avec l'équipe des Regards.

Au plaisir de se rencontrer de visu.

Nous rappelons n'avoir entrepris aucune fouille, ou emporter quelconque artefact, nous nous sommes contentés de dégager la mousse et l'humus que ce soit au niveau du tumulus ou de la pierre.

Nous dédions cet article à nos parents, tous deux originaires d'un pays des «pierres», la Bretagne et le Périgord Noir.


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Vous pouvez à présent retrouver notre nouvelle invitée :
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Monique Perraud