LES TABLEAUX PERDUS DE PRAROUET
Situé sur la commune
de Tarentaise, le hameau de Prarouet, au sud du village, ne compte qu'une
poignée de maisons, groupées autour d'un bâtiment plus imposant, qui fut au
XIIIe siècle la propriété de Gaudemar II de Jarez, seigneur de
Saint-Chamond de 1255 à 1289. C'était une petite maison forte, contrôlant l'un
des chemins empruntés par les muletiers ou les pèlerins pour traverser le
Pilat. La demeure passa ensuite aux Mazenod, famille de notables lyonnais
bienfaiteurs de la chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez. Puis en 1696 les
Mazenod la revendirent aux pères Chartreux. Cette possession leur permettait de
gérer au plus près leur immense domaine du Bessat, composé de bois, prés,
moulins et scieries. Ils bâtirent une chapelle à l'extérieur de la maison,
probablement une forge aussi. Ils aménagèrent l'intérieur avec des meubles et
des boiseries provenant de la chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, et
décorèrent la pièce principale, à l'étage, avec trois grands tableaux, peut-être
eux aussi de la même origine.
Pendant la
Révolution, les Chartreux furent dépossédés de tous leurs biens, et leur maison
de Prarouet n’y échappa pas. Le 6 septembre 1791 tous les meubles, accessoires,
outils, furent cédés au plus offrant. Ce qui ne trouva pas acquéreur fut laissé
sur place, en particulier les tableaux. Le bâtiment fut ensuite vendu en deux
parties, desservies par une entrée et un escalier central communs.
La maison de Prarouet aujourd'hui
Le temps passa. Au XXe
siècle la partie gauche du bâtiment, où se trouvaient toujours les tableaux,
était la propriété de Monsieur Jean-Baptiste Furet, qui y habitait avec sa sœur
Marie. Célibataires tous les deux, ils vivaient là comme au XIXe
siècle. L'âge venant, ils décidèrent de vendre leur bien pour se retirer dans
une demeure plus confortable. C’est au début des années 70 que Monsieur
Jourdat, gendre du couple propriétaire de la partie droite du bâtiment, s'en
porta acquéreur. Lors de la signature de la vente en juillet 1971 les tableaux
étaient encore là, mais lorsque ce nouveau propriétaire prit possession des
lieux quelques semaines plus tard ils avaient disparu, il n’en restait que la
trace sur les murs. Qui avait réalisé ces tableaux ? Que
représentaient-ils ? Quelles étaient les sources d’inspiration de ce
peintre ? Si la première question reste encore sans réponse, il est
possible de répondre aux deux autres.
Reconstitution de la grande pièce de l'étage avec les trois
tableaux
(d'après les souvenirs de Monsieur Jourdat)
C'est à la fin des années
70 que j'ai découvert l'ancienne maison des Chartreux de Prarouet, et c'est un
copain qui m'y emmena, sachant que je m'intéressais à l'histoire et au
patrimoine du Pilat. Par le plus grand des hasards, les propriétaires de la
partie droite, les beaux-parents de Monsieur Jourdat, étaient son oncle et sa
tante. Puis mon ami disparut prématurément lors d'un tragique accident. C'est
avec ses parents que, plus tard, je suis retourné à Prarouet.
Mon ami m'avait donné
une coupure de presse jaunie par le temps, un long article, presque une page
entière, consacré à la maison de Prarouet, publié par le journal stéphanois Le Nouveau Mémorial le 25 août 1964. Ce
reportage, laissant une large place aux fameux tableaux, était un véritable cri
d’alarme. Car à l'époque, si les toiles étaient encore sur les murs, elles
étaient en piteux état. Voici un extrait de l'article.
PEUT-ON
SAUVER LES TRÉSORS ARTISTIQUES DE PRAROUÉ ?
Ces trois toiles
ont-elles une grande valeur artistique ? C’est aux experts à répondre de
façon pertinente. Mais un fait est aujourd’hui certain, ces émouvants souvenirs
des Pères Chartreux de Sainte-Croix doivent être sauvés et la toile qui a le
plus souffert de la sottise des hommes, peut être restaurée aisément. Ces
« vieilleries » devraient sans retard attirer la vigilante attention
des Beaux-Arts et des Monuments historiques. Aujourd’hui il est temps,
peut-être demain il sera trop tard pour conserver ce patrimoine artistique de
notre région.
L'article du journal de 1964
Suite à cette
publication, des experts vinrent en effet examiner les trois tableaux. Selon
leur estimation, malgré leur état calamiteux laissant quand même envisager une
restauration possible, chaque toile valait 100 000 Francs de l'époque, une
petite fortune. On peut supposer que les Furet frère et sœur furent troublés
par cette estimation, et virent dans ce qu'ils considéraient comme des
vieilleries une source de profit non négligeable, leur assurant une retraite
dorée. Il est probable que les tableaux furent vendus, mais on ignore à qui, et
ce qu'ils sont devenus.
Lors d’une
conversation avec Monsieur et Madame Jourdat en
1995, ils me donnèrent une information qui devait me mettre sur la trace
non pas des tableaux, mais de leurs photographies. En 1965 un photographe
stéphanois, Monsieur Roger Goudin, était venu à Prarouet et avait pris des
clichés de la maison, de ses habitants et de leur cadre de vie d'un autre
temps, ainsi que des tableaux. Retrouver ce photographe fut chose aisée, car
bien que retraité il était encore vivant. Et surtout je l'avais bien connu
quand il avait son magasin en centre ville. Son fils lui avait succédé, et je
suis allé le voir pour lui exposer l'objet de ma recherche. Il se souvenait
d’avoir accompagné son père à Prarouet. Il était encore enfant, mais avait été
frappé par le mode de vie d’un autre âge des occupants de cette maison. Il me
dit que son père, qui avait fait des clichés en noir et blanc, conservait tous
ses négatifs dans ses archives, et Monsieur Goudin a bien voulu rechercher ceux
qui m'intéressaient. Il poussa même la gentillesse jusqu’à réaliser de nouveaux
tirages.
C'est ainsi que j'ai
obtenu les clichés des trois tableaux. Deux d'entre eux représentaient des
musiciens, un joueur de violon et un joueur de flûte, le troisième figurait un
groupe de moines Chartreux entourant une femme. Et Monsieur Jourdat, qui se
souvenait parfaitement de leur disposition dans la pièce, m'apprit dans quel
ordre ils étaient disposés. Les clichés témoignaient de l'état lamentable dans
lequel se trouvaient les toiles à l'époque. Pour tenter de rendre plus
lisibles, j'ai les ai interprétées en
dessins « plume et lavis ». Pour autant que l’on puisse en juger, les
trois œuvres étaient de facture extrêmement classique. Toutes dans le sens
« portrait », c’est-à-dire en hauteur.
Clichés des trois tableaux. De gauche à droite : le joueur
de violon, le joueur de flûte, le groupe de Chartreux (photos Roger Goudin)
L'une des photos de
Monsieur Goudin, celle du tableau représentant un joueur de flûte, éveilla en
moi un souvenir. J'étais certain d'avoir déjà vu une photo de ce tableau, dans
un livre sans doute, mais lequel ? Les ouvrages consacrés à la chartreuse
de Sainte-Croix-en-Jarez ne sont que très peu illustrés, la seule exception
étant celui de Robert Lacombe, La chartreuse de Sainte-Croix en vues et
cartes postales anciennes publié en 1983. Dans ce livre, page 35, il y a
une photo de l’ancienne cuisine des Chartreux, prise sans doute dans les années
70, bien avant sa restauration. On y voit un grand tableau posé sur un
chevalet, et il s’agit manifestement du joueur de flûte de Prarouet. Cette
toile-là au moins a donc été exposée quelque temps à Sainte-Croix-en-Jarez, à
l’époque où l’association des Amis de la chartreuse tentait de créer un petit
musée dans l’ancienne cuisine. L’Association de Sauvegarde, qui a pris sa suite
durant des années, interrogée à ce sujet disait ne rien savoir sur ce tableau,
ni sur ce qu’il avait pu devenir. Saint-Étienne Métropole, qui aujourd’hui gère
l’ancienne chartreuse, avoue également son ignorance. Comment ce tableau
s'est-il retrouvé à Sainte-Croix-en-Jarez ? Qu'est-il devenu ? Où
sont les autres ? Autant de questions auxquelles il est impossible de
répondre.
L'un des tableaux de Prarouet exposé à Sainte-Croix-en-Jarez dans
les années 70 (photo extraire du livre de Robert Lacombe)
J'ignorais qui était
ce joueur de flûte. Mais j'avais l'intuition que ces tableaux représentaient
des scènes de la mythologie grecque ou romaine. Alors j'ai cherché quel
personnages mythologiques étaient des musiciens. Cela m'a permis d'identifier
le joueur de violon : c'était Amphion, qui dans la mythologie grecque
était le fils d’Antiope, séduite par Zeus. L’Odyssée
d’Homère le présente comme le fondateur de Thèbes. On dit qu’Amphion jouait
d’une lyre d’or avec une telle dextérité qu’il pouvait faire danser les arbres,
et que des pierres taillées se mirent d’elles-mêmes en place les unes sur les
autres pour édifier la cité de Thèbes. C’est précisément ce que représente le
premier tableau, même si le personnage joue du violon et non de la lyre. En
fait, selon une habitude fort répandue, le peintre a représenté un instrument
de musique de sa propre époque, un violon, et non un instrument antique, une
lyre. Au XVIe siècle, Raphaël a peint au Vatican une fresque
représentant le Parnasse où Apollon joue de la même façon d’un instrument
semblable.
Pour confirmer cette
déduction, j'ai voulu trouver des images d’Amphion, et j'ai découvert qu’une
gravure du peintre Antoine Caron correspondait au tableau de Prarouet. Il
s'agissait de l'une des gravures de ce peintre qui furent utilisées pour
illustrer le livre Les images, ou tableaux de platte peinture des deux
Philostrate, traduit par Blaise de Vigenère, dont la première édition
remonte à 1578. Cet ouvrage attribué à l’orateur grec antique Philostrate de
Lemnos recense et commente un certain nombre de tableaux, imaginaires pour la
plupart, représentant des scènes mythologiques. Antoine Caron (1521 – 1599),
était membre de l’École de Fontainebleau, qui influença nombre de grands
peintres français, Nicolas Poussin entre autres. Caron, qui fut le peintre
attitré de Catherine de Médicis, est considéré comme le précurseur du
maniérisme. Il fut très influencé par l’art italien, et s’inspira
particulièrement pour cette illustration d’Amphion à la fois de Raphaël et du
Dominiquin, peintre qui dirigeait une académie à Rome, fréquentée par Poussin à
son arrivée en Italie. Grâce à Internet, il est possible d'accéder à une
version numérisée de ce livre de Philostrate illustré par Caron, dans lequel
j'ai découvert, avec une certaine excitation, les trois modèles des trois
tableaux de Prarouet, qui devaient donc dater de la fin du XVIe
siècle, ou plutôt du XVIIe. Je vais maintenant les détailler un par
un.
Frontispice du livre « Les images, ou tableaux de platte
peinture des deux Philostrate »
Le joueur de violon,
alias Amphion construisant la cité de Thèbes, était placé à gauche de la
fenêtre, sur le mur perpendiculaires. Des frottements multiples et des
perforations de la toile sont à déplorer. On distingue malgré tout, en
arrière-plan un paysage urbain, la cité de Thèbes avec des bâtiments crénelés.
C’est ce paysage du fond qui a le moins souffert. Sous un ciel nuageux, on
distingue plusieurs maisons à l’arrière-plan, une haute tour à gauche, puis au
centre un petit bâtiment circulaire orné de colonnes, comme un temple antique.
Cette cité paraît presque déserte, on n’y voit que trois ou quatre silhouettes
humaines. Sur la droite on remarque deux murs perpendiculaires crénelés, comme
l'angle d'une tour ou d'un bâtiment. Le détail le plus caractéristique est la
forme des créneaux, qui se terminent en doubles pointes courbes, comme des
accolades. On retrouve un détail identique dans La lapidation de saint Étienne (Musée Condé, Chantilly), tableau du
Dominiquin.
Concernant le
personnage, on remarque tout d’abord ce qui ressemble à un violon, peint de
couleur claire et se détachant sur le fond, qu’Amphion frotte à l’aide d’un
archet, en se tenant debout sur un amoncellement de pierres taillées. On devine
que ces pierres, charmées par la musique, se mettent en place toutes seules
pour édifier la cité.
Premier tableau : « Amphion construisant la cité de
Thèbes »
Juxtaposition de la gravure de Caron et du tableau de Prarouet en
dessin plume et lavis
Passons au second
tableau, inspiré d'une gravure de Caron représentant Olympe jouant de la
flûte. Il était placé sur le mur à droite de la fenêtre, et c'était le
mieux conservé des trois tableaux. Il est très ressemblant à la gravure publiée
dans le livre de Philostrate. C’est un paysage champêtre, où se dessinent les
rives d’un fleuve ou d’une rivière, sous un ciel nuageux. Sur la rive se tient
debout un personnage vêtu d’une cape claire. À gauche une masse peu précise
occupe l’espace, le peintre n’a pas dû trop savoir interpréter la gravure
originale, où l’on peut voir une petite falaise, abrupte et comme taillée en
parallélépipède. C’est un homme jeune, le pied gauche posé sur une pierre, qui
joue d’une longue flûte traversière. Olympe (ou Olympus, ou Olympos) est
présenté dans la mythologie grecque comme le musicien fils ou élève de Marsyas,
joueur de flûte émérite. Dix ans avant la publication du Philostrate,
Poussin a peint le tableau bien connu Olympos et Marsyas, montrant les
deux musiciens assis côte à côte, Marsyas jouant de la flûte et Olympos
écoutant. Marsyas devait défier Apollon et pour cette faute il allait finir
tragiquement, pendu à un pin et écorché vif. « À qui donnes-tu cette
aubade gentil Olympe ? Quel besoin est-il de Musique en une telle
solitude ? », s’interroge Philostrate dans son commentaire,
remarquant l’aspect désertique du paysage. Olympe semble jouer pour son seul
reflet inversé dans l’eau, image subliminale du supplice de Marsyas, pendu par
les pieds.
Deuxièma tableau : « Olympe jouant de la flûte »
Juxtaposition de la gravure de Caron et du tableau de Prarouet en
dessin plume et lavis
Le troisième tableau
était exposé à gauche de la fenêtre, contre le mur perpendiculaire, à droite du
premier. Il a souffert de frottements mais reste globalement compréhensible. Il
s’inspire de la gravure du Philostrate consacrée à Vénus Éléphantine.
Expression curieuse signifiant que cette Vénus-là est celle que l’on pouvait
voir dans l’Île Éléphantine, sur le Nil, en Égypte. La gravure originale
représente la déesse de l’amour, nue, brandissant de la main droite une
couronne, et se masquant le pubis de la main gauche, le tout sur un fond de
végétation. Le jeune Cupidon est à ses pieds. Elle est entourée de six « jeunes
filles délicates », à peine plus vêtues que leur déesse ; trois
femmes à gauche, debout et paraissant converser entre elles, trois femmes à
droite, deux assises lisant des livres et la troisième debout derrière elles et
paraissant les conseiller. Sur le devant, posé sur un petit piédestal, est un
brûle-parfums en forme de cuvette allongée, muni de poignées ouvragées et de
pieds, dans lequel se consument des rameaux dégageant une épaisse fumée sans
doute aromatique.
Le tableau de
Prarouet n’est en réalité que très lointainement inspiré de la gravure
originale. Si Vénus est toujours représentée, détail étonnant, et si elle
brandit toujours sa couronne, elle n'est plus nue mais vêtue d’une draperie
diaphane, avec laquelle elle se voile à demi la face de la main gauche, pour
autant que l’on puisse en juger, cette partie-là de la peinture ayant bien
souffert de grattements ne laissant plus que la toile blanche. Cupidon a
disparu, de même que la végétation, remplacée par un fond uniforme. Plus
curieux encore, aux jeunes filles se sont substitués des moines, reprenant
cependant leurs postures et attitudes. Ils sont tonsurés et vêtus de longues
robes à capuchons. Dans le groupe de gauche les trois moines sont debout et se
font face mutuellement, comme s’ils étaient en conversation. Le groupe de
droite est composé de deux moines assis, consultant des livres, pendant qu’un
troisième, debout, paraissant plus âgé, se penche sur eux et semble répondre à
leurs questions. Au premier plan la curieuse cuvette est toujours là, mais si
elle sert toujours à brûler des rameaux la fumée est à peine discernable. Un
détail dans la tenue des moines permet de les identifier comme des Chartreux.
Il s'agit des « guiches », petites bandes d'étoffe reliant les deux
pans de leur coule. Or si cette toile représente des Chartreux, c’est qu’elle a
été peinte à leur demande, et l’artiste, sans doute un petit maître, n’a pu que
suivre leurs recommandations. Il en fut certainement de même pour les deux
autres tableaux. Mais leur auteur restera un inconnu.
Le troisième tableau de Prarouet
Juxtaposition de la gravure de Caron « Vénus
éléphantine » et du dessin plume et lavis
À côté des deux autres tableaux, celui représentant un groupe de moines Chartreux semble plus logique et rassurant. L’étonnement ne vient que lorsqu’on le compare à la gravure qui lui a servi de modèle. Remplacer des jeunes filles par des moines, il fallait oser. Mais il est bien évident que les Chartreux ne pouvaient pas décemment demander à leur peintre de représenter des femmes nues ou peu vêtues. Quant à Vénus, les Chartreux ne paraissent même pas l’apercevoir. Même si elle n'est plus nue comme pour la gravure-modèle, elle est pourtant restée très charnelle, séduisante et séductrice. Non, il est évident que le peintre a fait de la déesse de l’amour un symbole. Elle n’est pas physiquement présente avec les Chartreux, c'est une sorte d'image virtuelle, une pure allégorie. La clé de l’énigme nous sera fournie par une chartreuse espagnole.
Nostra Señora de Las Fuentes (Notre-Dame des Sources) est une chartreuse fondée en 1507 près de Huesca. Au milieu du XVIIIe siècle elle fut décorée de peintures murales dues au talent de Manuel Bayeu, peintre de métier et beau-frère de Goya. Parmi ces peintures, une série d’allégories illustre les vertus, sous un aspect anthropomorphique. Elles sont inspirées de l'ouvrage Iconologia de Cesare Ripa (1597). Ces figures sont, pour la plupart d'entre elles, des plantureuses jeunes femmes vêtues de longues draperies, une curiosité qui fut révélée par le 10e colloque d’histoire et de spiritualité cartusiennes qui s’est tenu à Villeneuve-lès-Avignon du 15 au 18 septembre 1988. Au vu de cette galerie de portraits, le tableau de Prarouet devient clair : la Vénus éléphantine du Philostrate est devenue une représentation allégorique de la Générosité, sous les traits d’une femme qui se voile la face pour mépriser les vaines richesses du monde, tout en exhibant une couronne, symbole de la noblesse de sa générosité. Rejet des richesses du monde extérieur, mais en même temps générosité du moine qui prie pour ce monde en s’inquiétant pour lui, générosité de la lecture et de l’étude qui enrichit l’homme spirituellement, générosité de la purification par la fumée aromatique d’un brûle-parfums antique : tels semblent être les messages de cette œuvre surprenante.