....PAGE SPÉCIALE...
...NOUVELLE ANNÉE....
"A l'aube de cette nouvelle année, 2007,
les REGARDS du PILAT
ont le plaisir de vous présenter
tous leurs voeux de bonheur et santé,
à vous et à vos proches."
 

Le "Druide du Pilat", notre ami Patrick, en tournage,
en décembre 2006,à Ste Croix,
pour le futur DVD des Guides du Pilat.

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    L'arrivée d'une nouvelle année s'accompagne souvent d'élans spontanés d'optimisme et de joie, qui mettent au passage de côté, au moins temporairement, certains soucis. C'est cet état de fait qui caractérise la symbolique des "voeux" et nous voulons en profiter pour marquer le coup avec cette page "spéciale nouvelle année". A notre grand plaisir, notre site a fêté ses trois ans d'existence et entamé sa quatrième année. Nous vous l'avons déjà écrit, mais si nous présentons chaque mois, sous l'impulsion d'une forte motivation, de nouveaux articles, c'est avant tout parce que nous avons rencontré une adhésion franche. Pour mémoire, retenez un chiffre, à savoir au moins 1200 connections mensuelles au site, soit une quarantaine par jour ! A notre création, fin 2003, le pari était loin d'être gagné, car durablement intéresser un public internautique, en général plutôt de tendance volage, ne peut s'appuyer que sur une attractivité sans cesse renouvelée et foncièrement crédible ; le plus difficile étant au départ de se faire connaître ! Notre objectif a toujours été de pouvoir faire perdurer dans le temps ce mode d'information auprès d'un public demandeur et en l'occurrence croissant. D'ailleurs, combien de sites se contentent de proposer un contenu validé une bonne fois pour toutes ? A la base, ce n'est pas notre but parce que le Pilat offre beaucoup en matière de sujets variés, de mystères et de curiosités. De plus, la recherche progresse et les évolutions nécessitent de l'information actualisée. Aujourd'hui, nous sommes une équipe, qui va au-delà des signatures mentionnées sur les articles mis en ligne. N'oublions pas que nos sujets reposent sur un travail préalable, conséquent et fouillé, bien souvent de terrain et là les investigations sont menées dans un esprit de camaraderie et de complémentarité, avec des compagnons, qui, le cas échéant, ne se retrouvent pas forcément à la rédaction des articles. Nos différents amis apportent soit leurs compétences, toujours leur bonne humeur (c'est le plus important) et également leurs remarques constructives lors de réflexions de groupe incontournables. Les Regards du Pilat s'appuient donc sur un travail collectif et c'est là une clef importante de l'enthousiasme qui nous anime. Notre état d'esprit demeure résolument celui d'une équipe soudée. A présent quatre rédacteurs (Patrick B., Eric, Jean-Claude, Thierry), vont vous présenter leurs voeux au travers de messages personnels ; le créateur informatique des Regards du Pilat, Patrick M., vous adressera aussi les siens. Bonne année 2007 à vous tous au nom aussi de nos autres copains d'aventures. Merci de votre fidélité.
 
Les Regards du Pilat

 

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Patrick BERLIER

"SYLVESTRE SAINT-SYLVESTRE"

Ou comment avons-nous réveillonné dans les bois du Pilat...

Conte original - Décembre 2006- Création Patrick Berlier

    Cela faisait un petit moment déjà que je cheminais dans la neige. J’étais venu en car depuis Saint-Étienne, la ligne d’Annonay. J’étais descendu à l’arrêt de la Versanne. Le village désert m’avait paru endormi, comme emmitouflé dans une blanche houppelande, seul son clocher pointu paraissant vouloir percer le ciel bas, gris et triste, où voletaient quelques blancs flocons égarés. Oh ! Ce n’était plus la neige d’antan… Comme m’avait dit le chauffeur du car : « une simple pellicule, un saupoudrage ! ». Néanmoins cette neige était lourde, elle collait aux souliers qui à la longue finissaient par devenir pesants. De temps en temps je devais cogner mes chaussures de marche l’une contre l’autre pour m’en débarrasser. Trop de neige pour la marche, et pas assez pour les raquettes. En plus elle estompait les chemins au point de les rendre peu discernables. Mais par chance je connaissais bien les lieux, et je m’étais dirigé sans hésiter vers la forêt. Avant de pénétrer dans le bois, au niveau du hameau de Digonnel que je devinais, blotti dans le creux de son vallon sur ma gauche, je me suis retourné une dernière fois pour regarder le village de la Versanne, anciennement hameau de Ruthianges, dont les premières lumières s’éclairaient, en cette sombre après-midi. Puis j’ai attaqué la côte des Chaurillonnes, à pas lents et mesurés, réguliers, soufflant dans ma barbe noire, qui depuis quelques années commençait à se ponctuer de poils blancs. Mon sac à dos bien rempli me pesait sur les reins. Je tirai sur les sangles pour le faire remonter au niveau des épaules, la charge devenait ainsi plus aisée à porter dans la montée. Heureusement, en sous-bois la neige se faisait moins épaisse, tamisée par les frondaisons des pins sylvestres qui en avaient retenu la majeure partie. Les derniers randonneurs rentraient vers le village, ou descendaient à Bourg-Argental, dans la vallée. Les cafés n’allaient pas tarder à faire le plein pour servir vins chauds ou chocolats. La soirée promettait d’être longue. C’était le 31 décembre, chacun s’apprêtait à réveillonner, à sa façon. Pour moi, la veillée s’annonçait assez singulière, et la Saint-Sylvestre particulièrement… sylvestre !

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    « Quelle idée biscornue, quand même, ce réveillon dans les bois du Pilat », fis-je à haute voix. Pourtant j’étais seul maintenant, seul humain dans l’immensité de la forêt désormais livrée aux animaux, dont la présence eût été indiscernable sans leurs multiples traces dans la neige. Mais entendre ma voix me fit du bien, me rassura d’une certaine manière. Non que j’eusse peur, je connaissais parfaitement les lieux et je me savais en totale sécurité. « Sûrement plus qu’en plein centre ville », marmonnai-je en écho à mes pensées. Je sortis de ma poche une feuille de papier pliée en quatre. Un courriel, que j’avais reçu quelques jours plus tôt. Je le relus, une énième fois :

« Jean-Claude t’attendra là où les fées attendaient leurs époux,
au pied de la grotte où ils amassaient leurs trésors.
Sois arrivé à l’heure évoquant l’année de publication du livre de Jean du Choul »

    Je savais très bien ce que cela signifiait, ce qu’avait voulu dire l’expéditeur du message, qui me conviait à ce rendez-vous mystérieux. Dans les croyances populaires, les fées étaient les épouses des Sarrasins. Alors tout devenait clair. La grotte où ils amassaient leurs trésors, c’était, selon la légende, la Grotte Sarrazine, au sommet de la montagne à mi-chemin entre la Versanne et Thélis-la-Combe. Un simple grand trou humide, où l’on pouvait quand même se tenir debout. La nature seule l’avait créé dans le haut d’un chirat, l’un de ces vastes éboulements de pierres grises, résidus de l’ère glaciaire, si typiques du Pilat. Du sommet, la vue portait au loin sur les montagnes de l’Ardèche, ou sur la vallée de la Déôme, où s’étirait sagement Bourg-Argental. Et pendant que les Sarrasins cachaient dans ce trou les fruits de leurs rapines, leurs chères et tendres épouses dansaient autour d’un l’arbre aux fées, un fayard, nom local du hêtre. Plus tard on l’abattit, mais un paysan se servit de deux de ses branches pour dresser une croix rustique à cet emplacement, et sacraliser ainsi ce lieu qui se nomme toujours aujourd’hui : Croix Fayard.

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    Je regardai sa montre : 15 h 50. J’y serais dans cinq minutes, juste à l’heure. 15 h 55, cette heure évoquait, bien sûr, l’année 1555, date de la publication du livre de Jean du Choul, cet humaniste et magistrat lyonnais qui visita le Pilat et en laissa une description en latin, le tout premier livre écrit sur cette région à la fois pittoresque et mystérieuse… Je débouchai dans la percée à l’orée de laquelle s’élevait le modeste calvaire de la Croix Fayard. Je notai avec satisfaction que la tradition d’une croix champêtre en hêtre y était toujours maintenue, génération après génération : deux branches torses de fayard, assemblées par un écrou, plantées au carrefour de six chemins en étoile, point de passage du G.R. 42. Jean-Claude m’y attendait apparemment, battant la semelle devant la croix. De loin je l’avais reconnu à sa grande barbe blanche. Il avait garé sa voiture près de la petite maison restaurée avec soin, inoccupée à cette époque, qui s’élevait à côté du carrefour. Je m’approchai à longues enjambées, heureux de retrouver cet ami que je n’avais pas revu depuis le printemps. Nous avons échangé une chaleureuse poignée de mains.
— Dis donc, Patrick, fit Jean-Claude de sa voix douce. Tu connaissais cette croix ? Elle est étrange, non ?
— Je te raconterai son histoire, pendant que nous marcherons, ça nous permettra de faire une pause. Au fait, Jean-Claude, tu as trouvé facilement ce lieu de notre rendez-vous ?
— Oh ! Les indications de notre hôte mystérieux étaient limpides. Je suis venu par le Col de la République et j’ai pris la route passant par le hameau de la Biousse. J’ai réussi à venir jusqu’ici en voiture, le dernier tronçon est un chemin, mais bien carrossable. En plus il m’avait fait une carte tout à fait claire, je ne risquais pas de me paumer. Mais d’ailleurs je connaissais déjà un peu les lieux, une fois j’étais venu voir « le cimetière des Polonais ». Tu sais qu’un maquis d’immigrés polonais s’était créé dans ce secteur, pendant la seconde guerre mondiale. Ils ont tous été cueillis par les Allemands et fusillés sur place. C’est quand même étonnant que le petit monument commémoratif, au milieu des bois, ne soit pas mieux signalé. Heureusement que j’avais rencontré un brave homme de la Biousse pour me montrer le chemin. Il était gamin, à l’époque, mais il se souvenait parfaitement d’avoir vu les corps alignés par terre. Et toi, Patrick, tu as décrypté son jeu de piste, puisque tu es là.
— Pas de problème : les légendes, les superstitions et les croyances populaires n’ont pas de secret pour moi, tu sais bien !
— Souhaitons que tu sois aussi incollable sur l’œuvre de Jean du Choul, parce que moi je ne suis pas sûr du tout de situer le second jalon du jeu de piste. Dis, je suppose que nous ne pourrons pas y accéder en voiture, alors j’espère que ce n’est pas trop loin, moi je n’ai pas comme toi l’habitude de marcher.
— Je te dirai ça quand tu m’auras montré son message, moi il m’a juste fait comprendre par son énigme que je devais te retrouver à la Croix Fayard à 15 h 55, La suite c’est toi qui l’as…
— Ça c’est bien de lui. Moi il me dit clairement que je dois être ici un peu avant 16 h, toi il te le dit sous une forme cryptée, et pour la suite on doit se débrouiller tous les deux. Ah ! Voilà son mail :

« Relisez Jean du Choul et suivez-le bien.
Éric vous retrouvera au sommet de Calcis Mons.
Serez-vous capables de sortir des sentiers trop battus
pour vous y diriger directement depuis les toupines noires ? »

— J’ai relu comme conseillé ce livre de du Choul, continua Jean-Claude. La traduction commentée faite par Claude Longeon, de l’Université de Saint-Étienne. Pour lui, ce que du Choul nomme Calcis Mons ou Montagne de la Chaux, c’est la colline des Rochettes, dans le Grand Bois. Je retrouve sans problème ce toponyme sur la carte topographique, mais il ne correspond pas à un sommet ! Y’a un truc, non ?
Jean-Claude me montrait la carte dépliée, et tapotait de son doigt la mention « les Rochettes ». Je me fis un plaisir de lui apporter quelques précisions :
— En fait, il y a deux sommets : les Grandes Rochettes et les Petites Rochettes. Ils sont à 600 m l’un de l’autre, à-peu-près. À l’I.G.N. ils ne se sont pas cassé la tête, ils ont placé le nom les Rochettes « tout court » entre les deux ! Le vrai sommet, c’est celui qui est coté 1316 m, le point culminant du Grand Bois. Note qu’il y a aussi un hameau nommé La Chaux, plus bas. Il y a un long filon rocheux, qui part des Rochettes et passe par La Chaux, en émergeant ça et là comme à Marlioux, un site de roches à cupules, ou plus bas encore au Jalinon, au bord du ruisseau, sous la forme d’une grande table de pierre que les eaux tourbillonnantes ont creusée d’un joli bassin nommé « Talon de Roland ».
— Eh ben ! Tu en sais, des choses… Et les toupines noires, qu’est-ce que c’est ? Là, mon cher maître, j’ai besoin de tes lumières…
— Une toupine, en patois, c’est une marmite.
— Ah oui, je commence à comprendre, les fameuses marmites noires du Grand Bois, les chaudières qui servaient à fabriquer le charbon de bois, tu en parles dans l’un de tes articles publiés sur Internet, justement celui qui est consacré aux Rochettes.
— Exact. Ce n’est pas très loin, 1,5 km à-peu-près, à faire à pied évidemment comme tu le supposais, mais ça va grimper, je te préviens… On va monter par les Loges de Lapras, ça ne change pas le dénivelé bien sûr, mais comme c’est un peu plus long que par le G.R. 42, ça sera un peu moins raide.

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    Nous prîmes le chemin annoncé. La neige avait cessé. Sur notre gauche, les nuages se déchiraient et il se créait une trouée, basse sur l’horizon. Le soleil semblait vouloir sortir, en toute fin de journée, pour venir nous illuminer de ses derniers rayons. Mais le chemin pénétra dans une épaisse forêt, nous privant de lumière. Une rude côte s’annonçait. Lorsque nous arrivâmes au sommet, ou plutôt sur un replat car la côte ne faisait que s’adoucir, Jean-Claude demanda à faire une pause, le froid lui asséchait la bouche et l’assoiffait terriblement. Je sortis une gourde de mon sac et la lui tendit, en précisant :
— C’est Thierry qui doit se charger des boissons, moi j’ai le civet comme prévu, mais j’ai toujours un litre d’eau dans mon sac à dos. Comme c’est de l’eau de la ville, j’y ajoute quelques gouttes de jus de citron, ça lui donne un petit goût acidulé plus agréable. Ça ne vaut pas certains petits vins blancs moelleux à base de cépages viognier que l’on produit du côté de Chavanay, mais pour garder l’esprit clair et trouver notre chemin, c’est sûrement mieux…
Jean-Claude se désaltéra à longues gorgées.
— Bonne idée, le citron, c’est vrai que ce n’est pas mauvais.
Il but encore un peu et continua :
— Un réveillon au milieu des bois du Pilat… Et un rendez-vous final au terme d’un jeu de piste dont chacun de nous détient un élément en forme d’énigme. Et tout ça dans la neige et le froid, à pied par des chemins muletiers, pas entretenus depuis Charlemagne, au moins ! Faut vraiment avoir l’esprit tordu…
— Mais c’est marrant, aussi… Et quel plaisir de se retrouver tous les quatre, pour cette soirée qui promet de nous gaver de souvenirs pour le restant de nos jours…
— Ouais…En attendant, c’est là qu’on rigole, pour aller direct sur les Rochettes en coupant à travers bois.
— T’en fais pas, Jean-Claude, on prend ce chemin à droite et au terme de la montée, dès qu’on aperçoit les marmites, c’est plein ouest. Les Rochettes, on ne peut pas les rater.

    Comme prévu, en haut de la dernière grimpette nous nous sommes engagés dans la forêt où trônaient les restes de deux chaudières, tordues et noircies par le temps. Puis nous piquâmes en direction de l’ouest. Sauf que je ne pris pas la peine de consulter une boussole, j’annonçai simplement « c’est par là ».
— C’est le crépuscule et on a la chance d’apercevoir le soleil, expliquai-je à mon compagnon, il se couche au sud-ouest à cette époque de l’année, donc il suffit de tirer 45° plus à droite et on est plein ouest. Élémentaire, mon cher Jean-Claude ! Et puis les Rochettes, c’est un sommet, donc tant qu’on monte on est sur la bonne voie…
— Et s’il n’y avait pas de soleil, comment on ferait ?
— Oh ! C’est bien simple : je connais chaque arbre par son prénom !
J’avais dit cela avec un tel aplomb que Jean-Claude se demanda un instant si je plaisantais ou si j’étais sérieux. Je vis à sa mine réjouie qu’il avait opté pour la première solution ! Il reprit :
— Dis, pourquoi on suit pas le sentier, tout bêtement, il doit bien y en avoir un, non ?
— Oui, il aurait fallu le prendre un peu plus loin sur le chemin. Oh ! Il ne doit pas être à plus de 50 mètres à droite, on pourrait l’atteindre facilement. Mais comme je connais notre hôte, il a dû placer un piège sur ce sentier, un fil en travers qui doit déclencher un fumigène, une corne de brume, ou une amusette de ce genre. Mais nous ne lui donnerons pas cette joie ! T’inquiète pas, il sait très bien que je suis capable d’y arriver, ce n’est pas si compliqué…

    La forêt de feuillus — hêtres, chênes et bouleaux principalement — était peu dense à cet endroit, rendant sa pénétration facile, d’autant que le sol n’était encombré d’aucune ronce ou liane traîtresse. La progression n’en était que plus aisée. Le sommet annoncé se profila bientôt, sous la forme d’un gros amoncellement de blocs de rochers. Nous dûmes courber l’échine pour passer sous les arbres bas couronnant ce bouton lithique, puis nous escaladâmes quelques pierres pour grimper au sommet. Jean-Claude sortit un papier de son sac.
— J’ai imprimé l’article que tu as publié sur Internet, en partant du texte que Jean du Choul consacre à ce lieu, expliqua-t-il. Je voulais voir sur place si sa description était toujours valable.
    Puis il lut à voix haute quelques phrases extraites du passage que du Choul consacrait aux Rochettes :

« Brisée naturellement en mille rochers, cette montagne offre tantôt des coins ombragés, tantôt des places ensoleillées. Le charme de la colline invite seulement le voyageur à la contemplation : on ne peut, en effet, la gravir, même en utilisant des échelles. Des rochers, gonflés en bosses comme bijoux et pierres précieuses, empêchent les passants d’aller plus avant. Rien ne fut créé par la nature sans quelque raison plus cachée. »

— Ben dis donc, fit-il, il n’était pas de Marseille, l’ami du Choul ? Il exagère « à peine », non ?
— C’est vrai que l’escalade des Rochettes n’est qu’un jeu d’enfant, même avec la neige. Mais mets-toi à la place de notre homme, et imagine-toi ici même en 1555. Le choc par rapport à la vie lyonnaise. Et pas de G.P.S., par de cartes précises, pas de téléphone portable. Comme je le dis dans mon article, le Pilat a dû lui apparaître comme une autre planète, alors on peut comprendre qu’il ait un peu forcé la dose pour exprimer à ses lecteurs toutes les impressions grandioses qu’il avait dû éprouver.

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    Le froid commençait à s’installer. Le soleil se couchait et la nuit n’allait pas tarder à tomber. Heureusement, la neige la rendrait moins sombre. Nous étions en train d’apprécier le silence total de la nature, tout en attendant le troisième invité de ce singulier réveillon, lorsque le bruit sec d’un pétard nous fit sursauter. Aussitôt, un peu en dessous, une intense lueur rouge illumina le sous-bois où l’ombre régnait déjà.
— Ça, je parie que c’est Éric qui s’est fait prendre au piège, annonçai-je. Il a fait partir une pièce de feu d’artifice en montant sur le sentier !
— Gagné ! Le voilà qui sort du bois… Ho ! Éric ! On est ici…
Le nouvel arrivant grimpa sur les rochers pour nous rejoindre. Il y eut des effusions et des embrassades.
— Joli temps pour la salade de fruits que je traîne dans mon sac, observa-t-il. On la laissera dans la neige et elle sera fraîche à point.
— Elle va geler, oui ! Mais t’inquiète pas, on y ajoutera une goutte de gnôle, conclut Jean-Claude, pragmatique.
La soirée s’annonçait festive… Jean-Claude reprit :
— Alors comme ça tu as quand même pris le sentier, pour monter… Et tu as fait péter le piège à feu que notre hôte avait malicieusement placé !
— Mais, c’est ce qui était prévu… Après être passé par Doizieu pour acheter une boule de pain de campagne cuit au feu de bois, j’ai laissé ma voiture à la Croix de Chaubouret et je suis venu à pied par la Croix des Fosses et le Creux du Loup.
— Une belle promenade, notai-je en connaisseur.
— Ça tu peux le dire… Ensuite j’ai pris le sentier jusqu’ici. Notre ami avait tout balisé, je ne craignais rien. Et le feu de Bengale, ça devait vous signaler mon arrivée.
— Quand je vous dis qu’il a l’esprit tordu, notre hôte distingué, maugréa Jean-Claude. Bon, il faut que tu nous lises le troisième jalon du jeu de piste, sinon on est coincés ici…
— Je vous avertis, ce n’est pas gagné…

Éric sortit de sa poche le courriel formant la troisième énigme. Il lut :

« Ajoutez trois au Bourg Neuf.
Honorez Sanch Batia.
Et vous connaîtrez le lieu où vous attend Thierry »

— Houla ! Ça se corse ! s’exclama Jean-Claude, soudain aussi blanc que sa barbe. Pour moi c’est clair comme de l’eau de boudin… Je vous le dis : on n’y est pas encore, au réveillon.
— J’avoue que je sèche moi aussi, fis-je décontenancé. À part Bourg-Argental, qui est quand même loin, je ne vois aucun bourg, ni neuf ni ancien, dans le secteur…
— Moi, j’ai un début d’idée, avança Éric qui, fidèle à sa réputation de chercheur discret mais opiniâtre, avait dû déjà bien travailler sur l’énigme. Dans « Bourg Neuf », expliqua-t-il posément, si on considère le second mot non pas comme le mot neuf dans le sens de nouveau, mais comme le chiffre neuf, et si on y ajoute trois ainsi qu’il est demandé, cela donne « Bourg Douze ». Et d’après la carte il y a un lieu nommé Bourdouse, tout près d’ici.
— Ho ! Chapeau ! Ça c’est de la déduction !
— Cela dit, ce n’est pas très précis. Il nous faut travailler sur la seconde ligne de l’énigme. Sanch Batia, ça te dit quelque chose, Patrick, à part l’évocation de l’abbé Batia, auteur d’un livre bien connu sur l’histoire du Pilat ?
— « Recherches historiques sur le Forez Viennois », j’en ai un exemplaire, bien sûr, c’est un bouquin de référence. Mais « Sanch », pourquoi ? Ça veut dire « saint », en patois. C’est à cause de ce mot que le nom de la paroisse Saint-Ennemond, prononcé Sanch-Amond en patois, est devenu celui de la ville de Saint-Chamond.
— Attendez, les jeunes, vous tombez dans le piège, intervint Jean-Claude. L’astuce du Bourg Neuf qui devient Bourg Douze, fallait la trouver… C’est de la Langue des Oiseaux, ça ! Appliquez la même méthode…
Jean-Claude avait tracé dans la neige recouvrant une pierre plate, avec son doigt, les mots SANCH BATIA. Puis au bout d’un moment il écrivit en dessous son anagramme : SAINT BACHA.
— Saint Bacha, priez pour nous, sinon on est encore là demain matin, ironisait Éric.
— Phonétiquement, Saint Bacha ça donne « cinq bachats », annonça sereinement Jean-Claude, pas peu fier d’avoir trouvé la solution.
— Et alors ?
— Jadis, il y avait des quantités de bachats dans le Grand Bois — des abreuvoirs si vous préférez, alimentés par des sources captées — parce qu’il y avait moins de forêts et plus de prairies, donc beaucoup de vaches qu’il fallait abreuver. Dans les années 70, quand il n’y eut plus de vaches, on décida de supprimer la majeure partie des bachats. Mais comme il commençait à y avoir des randonneurs qui fréquentaient le Grand Bois, nos élus durent résoudre cette difficile équation : sachant qu’un randonneur boit moins qu’une vache, mais que certains jours il y a plus de randonneurs que de vaches autrefois, combien faut-il laisser de bachats à disposition des promeneurs ? La réponse fut : cinq. Les cinq bachats du Grand Bois ! Le bachat de la Maison des Gardes, le bachat de Pré Dorel, le bachat de Pré Biacon, le bachat de Lescure, et… le bachat de Bourdouse. C’est là que Thierry nous attend, avec ses bouteilles…
— Belle démonstration, maître, fit Éric sur un ton faussement obséquieux. Maintenant, si Patrick veut bien nous montrer le chemin, qu’il doit connaître assurément, nous pourrions abréger nos souffrances, car cela commence à cailler sérieusement…
— Rajoutez une couche à vos vêtements, prenez des vestes polaires sous vos parkas, conseillai-je. Et suivez-moi, pour aller plus vite on va couper directement à travers bois, c’est plein ouest, facile !
J’avais mes repères dans la forêt, l’ayant parcourue mille fois à l’automne, à la recherche de ces délicieux petits champignons couleur améthyste qui poussent sur les parties herbeuses des sous-bois, et sont particulièrement abondants dans ce secteur. Je n’hésitai pas un instant pour prendre la direction de Bourdouse. Mais cette détermination impressionnait Éric.
— Dis, sans soleil, sans boussole, sans carte, comment il fait pour trouver l’ouest ? demanda-t-il à Jean-Claude. Pas au pendule, quand même, comme le Professeur Tournesol ?
Jean-Claude répondit, imperturbable :
— Oh ! Il connaît chaque arbre par son prénom, alors…

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    C’est à la nuit presque tombée que nous sommes arrivés au bachat de Bourdouse. Thierry nous attendait en effet, un volumineux sac à dos posé au sol à ses pieds. Nous abrégeâmes la joie des retrouvailles, en renonçant à savoir comment Thierry était arrivé ici — en suivant sans doute les indications de ce mystérieux personnage qui dans l’ombre tirait les ficelles — et nous priâmes le dernier membre du quatuor de nous délivrer l’ultime partie de l’énigme.
Thierry dut sortir une lampe de poche de son sac pour éclairer convenablement le texte du courriel, où chacun put lire :

« Rendez-vous à la Cambuse.
Mais n’ouvrez pas la Porte de Fer, suivez les regards et restez sur vos gardes »

— On dirait que c’est facile, hasarda Jean-Claude. Regardez la carte : le ruisseau de la Cambuse semble prendre naissance au lieu-dit la Porte de Fer. C’est juste en dessous, tout droit, à 500 mètres.
— On y va ? demanda Éric. Je commence à avoir la dalle, avec toutes ces péripéties.
— Attendez ! fit Thierry. Je vais peut-être vous épater, mais je crois que j’ai la solution. Grâce à Patrick qui m’a déjà envoyé un article sur le sujet, à paraître bientôt sur Internet, je me rends compte que le message évoque clairement l’aqueduc des sources du Grand Bois, qui alimentait la ville de Saint-Étienne en eau potable. La Porte de Fer, c’est un « épanchoir » sur l’aqueduc, une canalisation fermée par une porte en fer, qui rejette le trop-plein. C’est tout près, en effet. Mais « n’ouvrez pas la Porte de Fer », dit le message, cela veut dire sans doute qu’il ne faut pas s’arrêter là. Il faut « suivre les regards », c’est-à-dire prendre le chemin qui est bordé par ces lourdes plaques de fer circulaires, qui intriguent souvent les promeneurs. Ce sont les ouvertures des regards, des sortes de puits qui permettaient de descendre dans l’aqueduc souterrain pour l’inspecter. Ensuite « restez sur vos gardes », c’est clair, notre hôte veut nous voir remonter jusqu’à la Maison des Gardes. Or, la Cambuse, où nous avons rendez-vous, c’est le véritable nom du cabanon que les cartes nomment « Maison des Gardes ». A l’origine, les gardes chargés de surveiller et d’entretenir l’aqueduc logeaient dans une maison en bois, qui a disparu aujourd’hui. La maisonnette en pierres qui reste, c’était en fait l’écurie destinée aux chevaux, surnommée la cambuse à cause de son inconfort. Tu es d’accord, Patrick ?
— Absolument ! Brillante analyse… Dans les années 70 la Cambuse a été rénovée pour servir d’abri aux randonneurs. On peut coucher dans l’ancienne grange, au premier étage. C’est là qu’il nous attend. C’est à un bon kilomètre, mais je vous y conduis les yeux fermés…

    À la lumière des lampes torches qui faisaient scintiller la neige de manière féerique, nous arrivâmes une bonne demi-heure plus tard à la Maison des Gardes. Le modeste bâtiment était tout illuminé, des dizaines de bougies l’éclairaient, à l’extérieur comme à l’intérieur. Nous franchîmes la porte pour nous retrouver dans une pièce toute simple, avec une cheminée où régnait un agréable et odorant feu de bois. Des chaises avaient été placées autour d’une grande table ronde, couverte d’une nappe blanche où étincelait une vaisselle raffinée. Un homme de haute stature se chauffait devant le feu. Barbu comme Jean-Claude et moi-même, il offrait aussi quelques ressemblances avec nos deux autres compères. « Un clone formé à partir de nos quatre ADN », avait un jour lancé Thierry… Presque trois ans que nous le connaissions, ce personnage étrange, qui avait réussi le tour de force de nous inviter pour un réveillon au milieu des bois du Pilat. Aucun de nous ne s’était demandé dans quelles conditions cela pouvait se faire, ni même si nous aurions un gîte à disposition dans cette forêt déserte. Mieux encore : aucune de nos épouses ou compagnes n’avait émis la moindre réserve à l’énoncé de ce projet saugrenu. Un véritable enchanteur, cet hôte mystérieux. D’ailleurs, à mieux y regarder, il ressemblait aussi à l’enchanteur Merlin des romans arthuriens. Un rendez-vous à la « Pierre qui Chante » eût été tout aussi plausible…
Sans un mot, nous nous sommes mis à vider nos sacs à dos. Jean-Claude déposa sur la table quelques bocaux de foie gras de Marlhes, qu’il accompagna d’un odorant pain au maïs. Il y ajouta des rigottes de chèvre de Planfoy. Pour ma part je mis à réchauffer au coin du feu la marmite, hermétiquement close, contenant le civet de lapin de garenne que j’avais amoureusement cuisiné. On mit à cuire sur le gril deux bonnes douzaines de pommes de terre en robes des champs, qui marinaient au préalable dans un mélange d’huile d’olive, d’herbes et d’aromates. Les odeurs mêlées et enchanteresses de ces deux plats emplirent rapidement la maison. Les boules de pain avaient été placées non loin du feu également. Éric disposa comme annoncé son saladier, hermétique lui aussi, à l’extérieur dans la neige. Et Jean-Claude y versa une rasade d’alcool de poire provenant de la distillerie artisanale de Malleval. La salade de fruits ne craindrait pas de geler ! Thierry, préposé aux boissons, alignait des bouteilles prometteuses, provenant d’une certaine maison réputée de Chavanay, « des descendants de Jean du Choul », précisai-je à l’intention de mes compagnons. Les blancs allèrent rejoindre la salade de fruits dans la neige, les rouges furent mis à chambrer sur les marches de l’escalier montant à la grange. Mais il sortit aussi plus sagement de son sac quelques bouteilles de jus de pommes artisanal, sans adjonction de sucre, qui furent placées au frais également.

— Mes chers amis, dit notre hôte en ouvrant ses bras en un geste chaleureux, je suis heureux de vous accueillir en cette humble maison jadis dévouée aux bêtes, alliées dociles des hommes, gardiens de l’aqueduc des sources du Pilat. Des hommes qui entretenaient, jour après jour, ses mille et un regards… les regards… du Pilat… Les regards du Pilat…

    C’est à ce moment-là que je me suis réveillé, chers amis internautes, car vous l’avez compris, tout ceci n’était qu’un rêve. Un rêve sur l’histoire et les mystères du Pilat, un rêve sur l’amitié et l’esprit d’équipe… Un rêve sur les « Regards du Pilat », ce site Internet né de la complicité de quatre compères passionnés. Je compris en cet instant que l’hôte mystérieux de mon rêve n’était rien d’autre que l’incarnation de notre site, une création virtuelle ayant pris forme humaine… Pas étonnant qu’il ait ressemblé un peu à chacun de nous.
Ils étaient tous là, mes amis : Jean-Claude Ducouder qui riait dans sa barbe blanche de me voir dans cet état, Éric Charpentier, toujours réservé mais qui n’en pensait pas moins, et enfin Thierry Rollat qui lui se laissait aller à une franche rigolade…
— Le Condrieu Vendanges Tardives, ça ne te vaut rien, observa Jean-Claude. C’est vrai qu’il tape sur la cafetière, le bougre…
Tout à fait réveillé, je regardai autour de moi. Les douze coups de minuit venaient de sonner et nous nous apprêtions à boire à la santé des « Regards du Pilat ». C’est ce qui m’avait tiré de ma rêverie. Nous étions chez Lionel, à Trèves, qui avait mis sa grande maison à notre disposition pour le réveillon. Il y avait là tous les membres de la fine équipe, tout le maillage qui se tisse autour du noyau dur des « Regards du Pilat », ce site Internet que vous êtes plus de 1200, chaque mois, à apprécier… Et cela ne fait sans doute que commencer, car de notre côté nous mettrons tout notre cœur et toute notre énergie à le développer et à en faire LE site de référence sur le Pilat.

    Je lève mon verre embué rempli d’un liquide doré (du jus de pommes, bien sûr ! qu’alliez-vous imaginer ?), pour souhaiter une vie longue et heureuse aux « Regards du Pilat »,

Pour vous souhaiter, à vous tous amis internautes, ainsi qu’à vos proches, une bonne et heureuse année 2007. Recevez tous mes vœux de santé, de joie et de bonheur.

Puisse ce millésime voir la réalisation de tous nos rêves !

Patrick

 

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Eric CHARPENTIER

   Incontestablement, la  région du Pilat recèle un patrimoine riche et étendu qui depuis des générations attise toutes les curiosités.

   Parmi ces  monuments du passé qui jalonnent notre massif, il y a ceux dont l’histoire a su être retracée par les historiens et chercheurs, mais nombreux encore sont ceux qui s’auréolent de légendes et de mystères. Propres à agrémenter les discussions « au coin du feu », ces légendes sont souvent le résultat d’une volonté collective de fournir des explications à un passé oublié depuis trop longtemps…

   Quelques auteurs, déjà, ont su réunir pour partie ces  mystérieuses histoires : nous pensons entre autres à Jean Combe dans ses « contes et légendes du Mont Pilat », ou encore à Patrick Berlier dans ses « chemins secrets du Pilat » ; et, avouons le, quel plaisir de s’y replonger lorsque la véritable histoire nous fait défaut !

   Au travers des divers articles, reportages, dossiers et témoignages que proposent les Regards du Pilat, s’affirme également une volonté d’éclairer ce passé oublié.

   Ces publications sont le fruit de passions communes plus que d’un travail acharné. Elles résultent de compétences diverses, de goûts propres à chacun et encore de sensibilités différentes sur la manière d’aborder l’histoire et le patrimoine.

   Cette union, c’est la mise en commun de toutes ces opinions, de tous ces « Regards du Pilat » ; autant de points de vue qui nous rappellent sans cesse qu’il n’existe pas toujours une vérité unique…

   Gageons que l’année 2007  soit aussi riche et féconde que la précédente . Qu’elle apporte enfin  à chacun sa part de réponse

   C’est en tous les cas, le vœu le plus cher que je puisse vous souhaiter.

 

Eric

 

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Jean-Claude DUCOUDER

  Bonjour à tous,

  Thierry m’ayant, depuis la création de son site « REGARDS du PILAT », fait l’amitié de me considérer comme faisant partie de l’équipe, me demande aujourd’hui d’exprimer mon sentiment vis-à-vis de notre site.

  Bien que ma participation ait été et reste fort modeste, c’est avec grand plaisir que je souscris à sa demande.

  Avant de faire un bilan des « REGARDS DU PILAT », je crois qu’il est bon de remonter aux sources de ce que fut, il y a une vingtaine d’années, la recherche de l’histoire locale. Le recensement des différents lieux et légendes s’y rattachant a donné lieu à beaucoup d’interprétations folkloriques pour ne pas dire farfelues. Chaque ‘chercheur’ y allait de son avis, et, en toute bonne foi, se lançait dans des exposés qui ne satisfaisaient bien souvent que son auteur. A cette époque, il n’y avait aucune intention de tromperie dans ces récits, la narration se faisait sur le style ‘veillée au coin du feu’.

   Cette approche des choses a quand même eu un énorme avantage, c’est celui de mettre en exergue les lieux perdus au fin fond de leur campagne et ignorés du grand public le plus souvent.

   Dans le contexte de cette époque, il me faut immédiatement rendre un vibrant  hommage à un des piliers de notre groupe : je veux parler de notre ami Patrick Berlier. Grâce à ses dix huit fascicules, - ils n’étaient que quinze à cette époque - j’ai pu mettre mes pas dans les siens et découvrir des sites fantastiques. Je n’étais pas toujours d’accord avec ses explications, mais comme à cette époque mon ‘érudition’ était plus intuitive que raisonnée, je me gardais bien de prendre le contre-pied de ce puits de science qu’est Patrick.

   Au fil des années, la situation s’est dégradée.

   Certains protagonistes qui avaient besoin de redorer leur blason s’ils voulaient continuer à occuper le devant de la scène médiatique, n’ont pas hésité à trafiquer sans vergogne les choses de l’histoire.

   A cette époque, on a affirmé beaucoup de choses sans en montrer la moindre preuve. Seul le fantastique comptait. L’épicentre de ce magma d’inepties se situait à Sainte-Croix-en-Jarez. Je ne m’étendrai pas plus avant sur ces débordements, mais que le lecteur sache que lorsqu’il a fallu renchérir sur l’histoire de Sainte-Croix, on n'a pas hésité une seule seconde à connecter l’histoire de cette dernière sur celle de Rennes-le-Château !  Et en 2006, l’outrance et le délire continuent !

   Depuis, est né « REGARDS DU PILAT » sous l’impulsion de Thierry. Il a su s’entourer de ‘chercheurs’ sinon compétents – mais qui peut se targuer de l’être, dans le monde des amateurs ? – pour la plupart, foncièrement honnêtes et qui se donnent un mal fou pour apporter la preuve de ce qu’ils avancent.

   Des pierres à cupules au souterrain de Trèves en passant par l’histoire de Guillaume de Roussillon, il s’est fait plus de recherches sérieuses en quelques années qu’en plusieurs décennies précédemment.

   Bravo à Thierry, à Patrick, à Eric et à tous les copains et bonne année 2007 à tous.
 

   Jean-Claude.

 

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Thierry ROLLAT

   Je constate, qu'il y a de cela encore quelques années, je n'avais pas d'attirance pour m'investir, même modestement, dans la recherche et l'histoire liées au Pilat. Tout au plus j'appréciais, et pas toujours à sa juste valeur, ce joli territoire. En ce sens et je le reconnais bien volontiers, ma rencontre avec Lionel Chevallier a été déterminante.

   Depuis, j'ai également pu apprécier les très sérieux travaux de l'association Visages de notre Pilat, notamment diffusés depuis 26 ans au travers de la revue annuelle Dan l'Tan. J'ai en plus la chance aujourd'hui de cotoyer ces personnes particulièrement dévouées et impliquées. Je veux faire ici un petit clin d'oeil à César né en 2006, le bébé de Valérie, ma collègue, membre de l'association VDNP, dont le site Internet, Tourisme Pilat.com, figure dans nos liens ; elle abrite le site de Visages de notre Pilat. Elle y met notamment en avant des tas de livres intéressants sur le Pilat ; ces derniers sont distribués par l'association.

   Pour revenir à mes premiers pas sur le terrain, jalousement balisé, des chercheurs "en tous genres", attachés au Pilat, ils ont commencé avec ma découverte de l'énigme de Trèves. C'est ce même Lionel qui m'a progressivement initié au mystère, le faisant également partager à cette époque, à notre troisième mousquetaire, Patrice Mounier, devenu depuis un ami cher.   Nous nous sommes énormément investis, ensemble et aussi séparément, pour ce sujet exceptionnel et d'une portée extraordinaire...

   Un groupe hétérogène est né ; il s'est consolidé et développé au fil des rencontres et progressivement nous avons entrepris et diversifié nos investigations "pilatiennes". Merci à Michel Lhortolat, vice-président de l'association Visages de notre Pilat, qui nous a très gentiment et surtout au début, beaucoup guidé sur de nombreux sites. Depuis on peut dire que notre groupe s'est comme pris en main avec d'abord notre incontournable guide "de métier", Patrick, mais également grâce à l'esprit de partage des connaissances et informations de Lionel, Gérald, Jean-Claude, Guy, Patrice, Eric, Richard, du Père Mougin... etc ; cette année une sortie aussi avec Rémy (je le mentionne pour le remercier encore : il comprendra...). Les Regards du Pilat bénéficient aussi des compétences subtiles et multiples de Michel Barbot.

   A propos de Trèves, c'est donc logiquement qu'aujourd'hui et dans la suite de mon ouvrage "le Vieux Secret", nous vous proposons cette rubrique "Trèves et son énigme", où là nous évoquons des sujets en rapport direct et indirect, aux travaux passionnants, mais inachevés proposés à la postérité par l'abbé Chavannes en 1865.

 

Lionel CHEVALLIER

Patrice MOUNIER

    Principalement par souci de discrétion, notamment envers des tiers et aussi dans l'attente de vérifications indispensables, souvent longues et également incertaines, nous ne pouvons bien sûr mettre en ligne toutes nos avancées, pistes et progressions... En tous les cas, au fil du temps et depuis ces nouvelles amitiés, les multiples sentiers et monuments du Pilat sont devenus les sites privilégiés de nos différents travaux.

   Dans ce contexte d'échanges et de recherches, quelques affinités plus fortes sont apparues. Celles-ci stimulent un esprit de groupe fort ; c'est celui-ci que nous nous efforçons de véhiculer au travers du site. Les Regards du Pilat sont une vitrine, un moyen de partager et faire passer des messages au public, là encore demandeur. C'est vrai qu'en 2003, je n'imaginais pas une telle dynamique pour le site. En ce sens je remercie toutes les personnes qui de près ou de loin ont contribué à cet élan. J'insiste plus particulièrement pour mes trois "compères rédacteurs" qui aujourd'hui vous présentent avec moi leurs bons voeux.

   Sachez qu'à des degrés divers, c'est pour les trois "l'énigme de Trèves" qui m'a rapproché d'eux.
                                         brièvement :  ...

   Après de nombreux coups de fils dispersés, j'ai un jour réussi à joindre l'écrivain Patrick Berlier, auteur régional reconnu pour ses solides compétences. Je terminais alors l'écriture de mon ouvrage "le Vieux Secret". Outre le fait de vouloir le connaître, je souhaitais qu'il m'éclaire avec exactitude sur les liens de parenté entre Guillaume de Roussillon, personnage important de l'énigme (voir article, "Ombre du Temple") et Guillaume de Beaujeu, pas moins que le 20ème (21ème pour d'autres) Grand Maître du Temple, ceci de 1273 à 1291. J'ai obtenu deux documents distincts et sérieux, que j'ai mentionnés comme source dans mon livre. Patrick est un puits de connaissances, un personnage authentique du Pilat, avant tout humble et généreux. 2007 sera j'espère une belle année pour lui et ses Guides du Pilat avec la réalisation de leur DVD. Patrick et vous ne vous y trompez sûrement pas, s'est énormément investi pour notre site ; il anime deux rubriques qu'il a créées, propose régulièrement des développements pertinents dans d'autres, au moyen de textes précis et variés. Sachez pour être complet, qu'il prépare aussi de futurs thèmes "Regards du Pilat"...

   Jean-Claude est lui apparu au devant de notre scène, restreinte en participants à l'époque (+ d'un an avant Patrick), en rapport à des moyens techniques et des compétences pratiques, pour essayer de localiser physiquement le souterrain de Trèves, lors d'investigations ayant largement précédé la sortie de mon ouvrage. Il s'est beaucoup impliqué dans l'enquête, a apporté de nombreux éclairages, judicieux, par exemple, sur les moyens employés jadis pour construire les souterrains médievaux. Je me suis sérieusement appuyé sur lui pour ces descriptifs dans mon livre (puits d'air, multiplier les points pour creuser, se diriger sous terre au moyen âge... etc). Il possède un bon sens inné et des connaissances multiples. Curieux, chaleureux et entier, je reconnais en lui quelqu'un pour qui l'amitié n'est pas un vain mot.

   Eric est lui arrivé dans notre groupe après avoir lu "le Vieux Secret" ; je dirais après un décryptage judicieusement complémentaire de son contenu et de ses sujets annexes. Il est impressionnant dans son approche de la vérité. Il ne laisse rien au hasard, pousse loin les reflexions. Qualifier quelqu'un du titre de "chercheur", peut parfois être présomptueux mais avec Eric, j'irai un peu plus loin, puisqu'il est à mon sens et sans qu'il ne le revendique nullement, proche du chercheur-historien et là peu de personnes possèdent ce tempérament de rigueur exemplaire. Ainsi ses méthodes pointues viennent à bout de bien des problématiques. Il se montre fréquemment source de propositions et moteur d'initiatives pertinentes ; j'espère en l'occurrence que nous pourrons vous proposer dans le futur une nouvelle rubrique souhaitée par Eric...

   En tous les cas, mes trois amis, de part leurs nombreuses qualités, contribuent à aller très loin dans l'analyse. Travailler avec eux demeure un grand plaisir et grâce à cette équipe, j'insiste élargie à une dizaine d'autres personnes, chers internautes, je n'ai pas peur d'écrire, que nous verrons dans le futur de nouvelles découvertes et rectifications de vérités éclater au grand jour. Laissez-nous le temps nécessaire pour apréhender sereinement chaque élément.

   Indépendamment, j'ai aussi une pensée de reconnaissance à l'égard des invités du site qui se sont chaleureusement prêtés aux interviews ; cet investissement personnel mérite un

remerciement appuyé. Je mentionnerai seulement ici le Père Mougin, car il vient de quitter la région et prendre de nouvelles responsabilités au sein de l'Eglise. Lors des vibrants adieux qu'il nous a fait en comité restreint, il nous a confié une "mission". Le terme est gênant, un peu pompeux,  mais c'est pourtant le sien. Très attaché au patrimoine local, il a lourdement insisté pour que nous ayons un oeil attentif au devenir de l'intérieur de l'église de Malleval. C'est plus largement l'affaire de tous et nous ne pouvons bien sûr nous reconnaître compétents, même si nous serons respectueux de ce souhait et le cas échéant lors de futurs et envisageables travaux, vigilants à la mesure de nos moyens. Cette église mérite vraiment le détour et le Père Mougin admirait cette richesse du Pilat.

Père MOUGIN

   Je n'oublie pas évidemment mon ami Patrick Mercier qui a installé informatiquement le site, lors de sa création et qui patiemment m'a formé pour que je puisse l'alimenter ; sans lui, vous ne nous lieriez pas. Nous pouvons tous vivement remercier ce personnage méthodique et particulièrement compétent. Voici le message de bons voeux en sa provenance ; je vous reviens ensuite...

Patrick MERCIER

    Chers internautes,

    Quand T. Rollat m’a demandé de rédiger ces quelques lignes à votre intention j’ai tout d’abord refusé. Mais après réflexion, je ne résiste pas à la possibilité qui m’est donnée de vous dire toute ma satisfaction.

    Satisfaction d’avoir permis à Thierry et ses amis de vous faire partager leur passion, d’en avoir suscité d’autres, de voir grandir " les Regards du Pilat ", de voir que nous avons réussi à vous intéresser.

    En cette nouvelle année, je souhaite que Thierry et ses amis continuent à nous faire découvrir les richesses du passé. Quand à vous chers visiteurs, j’espère vous voir toujours plus nombreux à parcourir ces pages.

    Enfin, je ne saurais terminer sans vous souhaiter à toutes et à tous mes meilleurs vœux pour cette année 2007 et bon surf   ! ! !

Patrick
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    Les Regards du Pilat ont beaucoup de projets. Des travaux nous tiennent à coeur. De nombreuses recherches sont en cours. Mais notre première satisfaction est celle d'appartenir à un groupe où règne une formidable ambiance de convivialité et d'échanges. La véritable recherche est une confrontation constructive de points de vue au sein d'un groupe évolutif. Nous n'avons jamais fermé la porte aux personnes que nous avons cotoyées et même bien au contraire. L'ouverture d'esprit est clef d'avancée ; elle permet bien souvent d'élargir une approche. Parallèlement nous n'oublions pas que l'ensemble de ces rapports entre personnes sont basés avant tout sur la confiance et c'est seulement avec le temps et les épreuves que cette dernière se consolide.

   Que 2007 vous apportent plein de bonnes choses à vous et à vos proches. Evidemment la santé, mais aussi la joie, dans un quotidien pas forcément toujours facile. Le Pilat à ce titre demeure une fabuleuse terre d'évasion. La goutte d'eau "Regards du Pilat" s'efforce en ce sens de vous divertir et caresse l'ambition de vous faire apprécier ses recherches. Demain est un autre jour, mais en voulant parfois comprendre son passé, on arrive sans doute à mieux appréhender le lendemain et au moins avoir une meilleure connaissance de l'histoire des hommes qui nous ont précédés. Sachez que cette philosophie m'a en l'occurrence été comme insuflée et je pense avec justesse, par Lionel Chevallier, décidément influent à plus d'un titre de ce site avec l'introduction de ses travaux sur le souterrain de Trèves.

   Nous avons été un peu long ? Maintenant vous nous connaîtrez un peu mieux... Bonne année encore une fois à vous tous, vous qui par le bouche à oreille avez également contribué à nous faire connaître et nous vous en remercions...

 

Thierry.
...Vive 2007...

...Vivement la Suite...

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