DOSSIER NOVEMBRE 2015
Par Patrick Berlier
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MARCELLIN CHAMPAGNAT LE SAINT DU PILAT |
Le
petit hameau du Rozet, sur la commune de Marlhes, serait sans doute
oublié
aujourd’hui, s’il n’avait vu naître saint Marcellin Champagnat,
canonisé en
1999 par le pape Jean-Paul II. Eh oui, parmi tous les saints de la
chrétienté,
l’un d’eux est né dans le Pilat, ce qui ne peut qu’ajouter une
étoile
supplémentaire dans les cieux au-dessus de notre chère
montagne. Plusieurs
livres, plusieurs sites Internet, ont déjà raconté
la vie de Marcellin
Champagnat. Aussi notre prétention n’est-elle pas d’ajouter une
biographie supplémentaire,
mais seulement de mettre l’accent sur les faits de sa vie en rapport
direct
avec le Pilat. Marcellin
Champagnat jeune Le
petit Marcellin Joseph Benoît Champagnat voit le jour le 20 mai
1789, dans la
ferme paternelle du hameau du Rosey (orthographe de l’époque),
paroisse de
Marlhes, diocèse du Puy-en-Velay. Il est le fils de
Jean-Baptiste Champagnat et
de Marie Chirat son épouse. C’est le neuvième enfant de
la famille, qui en
comptera dix. Les Champagnat jouissent d’une certaine aisance, ils
exploitent
leur ferme, et possèdent un petit moulin. Le père est un
homme instruit, il
sait lire et écrire, ce qui est exceptionnel pour un paysan de
l’époque. Il
professe volontiers des idées progressistes, et lorsque la
Révolution éclate,
alors que le petit Marcellin n’a pas encore deux mois d’existence, il
en
approuve les idéaux. Il sera secrétaire de mairie et juge
de paix. La ferme natale
de
Marcellin Champagnat au hameau du Rozet (carte postale
ancienne) Néanmoins
la famille Champagnat reste fermement attachée à la
religion catholique. La
mère est profondément croyante, et Jean-Baptiste a
accueilli dans sa maison sa
sœur Louise, une religieuse des sœurs de Saint-Joseph que la
Révolution a chassée
de son couvent. C’est dans cette ambiance que grandit le petit
Marcellin, enfant
intelligent mais timide et sensible. Il fréquente un peu
l’école du village,
mais n’y apprend pas grand-chose. La vie à la ferme est
prenante, le travail
n’y manque pas, Marcellin est courageux et tient à aider ses
parents. Son père
l’initie aux travaux manuels, menuiserie et maçonnerie. C’est
surtout sa tante Louise
qui va lui apprendre quelques rudiments de lecture, lui enseignant le
peu
qu’elle sait elle-même. Quant à sa mère, elle lui
communique son amour de la
Sainte Vierge. Le
temps passe, les choses évoluent, et la France connaît
successivement plusieurs
régimes. La Révolution abolit la monarchie et apporte la
République, entachée
par période de la Terreur. Lui succèderont le Consulat et
l’Empire. Nous voici
en 1803. Depuis le Concordat de 1801, la paroisse de Marlhes est
passée dans le
diocèse de Lyon, à la tête duquel vient
d’être nommé le cardinal Fesch, l’oncle
de Napoléon. Il incite les professeurs du Grand Séminaire
à parcourir les
campagnes pendant leurs vacances pour tenter de recruter de futurs
prêtres.
C’est ainsi que l’abbé Cartal se présente à
Marlhes, où l’abbé Allirot, curé de
la paroisse, lui suggère d’aller visiter la famille Champagnat. Marcellin,
qui a alors 14 ans, lui fait bonne impression. L’idée de se
mettre au service
de Dieu séduit le jeune homme, qui passe de longues heures
« à parler
avec Jésus »… Mais il sait à peine lire,
encore moins écrire, la
pensée de devoir apprendre le latin le panique. « Si
le Bon Dieu veut
que tu deviennes prêtre, il s’arrangera pour que tu y arrives »,
dit
l’abbé Cartal. Marcellin est encore hésitant. Pour finir
d’apprendre à lire et
écrire il entre au collège de Saint-Sauveur,
dirigé par Benoît Arnaud, le mari
de sa sœur aînée. Lorsque
Marcellin revient à Marlhes à la fin de l’année
scolaire 1804, c’est pour
apprendre que son père vient de décéder, le 13
juin. Le lendemain des obsèques
il décide d’aller en pèlerinage à La Louvesc.
C’est une excursion dans les pas de
saint François Régis, celui que l’on surnommait le
marcheur de Dieu, un saint
qui est venu dans le Pilat, un saint qu’il a appris à admirer et
à aimer. C’est
à pied évidemment que Marcellin parcourt les 40 km du
chemin montueux. Deux
jours pour y aller, autant pour revenir, montées et descentes se
succèdent. La
rudesse du voyage lui éclaircit les idées : il fera
une autre année à
Saint-Sauveur, et il ira ensuite au séminaire pour devenir
prêtre, « puisque
Dieu le veut ». Saint
François Régis
(vitrail de l’église de Saint-Régis-du-Coin) Toussaint
1805 : Marcellin Champagnat entre au Petit Séminaire de
Verrières, près de
Montbrison. Les débuts sont difficiles, il est plus
âgé (16 ans) et plus grand
que ses camarades, qui se moquent de lui. Mais son sérieux et
son sens de la
justice, un trait de caractère qu’il tient de son père,
finissent par lui
valoir l’estime de tous. Huit ans passent, Marcellin revient à
Marlhes pendant
les vacances, logeant dans une petite chambre à laquelle on
accède, depuis le
fournil de la ferme familiale, par une volée de marches. Un lit
placard, une
petite table, une chaise, un prie-Dieu qu’il a lui-même
fabriqué, une
bibliothèque, tels sont les meubles modestes de cette
chambrette, dont la
fenêtre unique donne sur la campagne apaisante. Une
manière de prier Dieu et de
le remercier de nous avoir donné une terre aussi belle… Marcellin
réunit les adultes du village, depuis son escalier il s’adresse
à eux et
prononce des sermons sur les devoirs du chrétien. Il rassemble
aussi les enfants
autour du four à pain pour leur faire le catéchisme. Son
charisme séduit petits
et grands : « il enseignait si bien aux
adultes et aux enfants
qu’on pouvait demeurer deux heures à l’écouter, sans en
ressentir aucune
fatigue »
dira de lui une voisine, Julienne Epalle. Elle assiste avec son
fils de sept ans au fameux « sermon de la
pomme ». Marcellin saisit
un fruit et le montre à l’assemblée en disant :
« supposons que
cela représente le globe terrestre. Nous autres, nous sommes
ici, à cet
endroit-là de la pomme. Mais si l’on pouvait percer la terre
comme on perce ce
fruit pour le traverser, de l’autre côté on trouverait de
pauvres hommes qui ne
connaissent pas encore le bon Dieu. » Cet enfant, qui
écoute avec
attention le prêche de Marcellin Champagnat, est le futur
Monseigneur Epalle, qui
mettra en application les paroles de son maître en devenant
évêque missionnaire
en Océanie. Il sera massacré en 1845 par les
indigènes des îles Salomon, et
deviendra l’un des derniers martyrs chrétiens. L’ancien
séminaire de
Verrières au début du XXe siècle (carte postale
ancienne) Le
1er novembre 1813 Marcellin Champagnat arrive à Lyon,
il entre au
Grand Séminaire situé sur les pentes de la Croix-Rousse,
place de la
Croix-Paquet. Il se lie d’amitié avec Jean-Marie Vianney, futur
curé d’Ars,
Jean-Claude Colin, futur fondateur des Pères Maristes, et
Jean-Claude
Courveille, qui était déjà son camarade à
Verrières. Ce Courveille est quelque
peu mystique, il revient d’un pèlerinage au Puy-en-Velay et il
est persuadé que
la Vierge Marie lui a demandé de créer une
société de prêtres, qui se
nommeraient les Maristes, pour assurer le salut des âmes en ces
temps
d’incertitude. Il en parle à Colin et Champagnat, lequel avait
eu à-peu-près la
même idée en allant prier devant la statue de Marie, dans
la vieille église de
Marlhes. C’est cette Vierge dite des Templiers, en
réalité une statue en bois
du XVIe siècle provenant des Hospitaliers.
Vierge dite des
Templiers
(église de Marlhes) Ensemble,
ils projettent de fonder une Société de Marie, un dessein
que le directeur du
séminaire encourage. Cependant, alors que Colin et Courveille
restent dans
l’idée d’une société de prêtres, aux
objectifs essentiellement spirituels, Marcellin
Champagnat imagine une congrégation plus ouverte, et commence
à envisager une
communauté de frères enseignants. Il se souvient de son
enfance à Marlhes et
sait que l’illettrisme est à-peu-près
général dans les campagnes. Éduquer les
enfants, et en faire de bons chrétiens, lui paraît
primordial. Le 22 juillet
1816, tous sont ordonnés prêtres. Le lendemain, Marcellin
Champagnat et ses
amis montent prier à la vieille chapelle Notre-Dame de
Fourvière, comme ils
l’ont fait souvent au cours des trois années passées au
Grand Séminaire. Là ils
renouvellent leurs vœux à Marie, et font le serment solennel de
créer la
société. Chapelle N.-D. de
Fourvière, à l’époque où Marcellin
Champagnat la fréquentait Marcellin
reçoit son affectation : à partir du 12 août
1816 il est nommé vicaire de
la paroisse de La Valla-en-Gier, dans le Pilat. Il quitte Lyon et
revient
passer quelques jours à Marlhes. Puis il part rejoindre sa
nouvelle patrie. À
pied, naturellement. Il suit ce vieux chemin par l’Allier, le bois du
Sapt, l’Ollagnière,
les Tours, Tarentaise… Encore quelques pas et le voici sur sa paroisse.
La
Valla est alors très étendue, elle compte 2500 habitants
dont le cinquième
seulement dans le bourg lui-même. Le reste est réparti
dans plus de 60 hameaux,
dont celui du Bessat qui n’a que quelques maisons autour d’une
chapelle.
Marcellin descend dans la vallée du Ban, qu’il suit
jusqu’à son confluent avec
un autre ruisseau, le Jarret. Là il monte à droite par ce
raide chemin pavé, et
bientôt le voici en vue du village de La Valla. Une croix se
dresse là, comme
un signe. Marcellin tombe à genoux et remercie Dieu. Depuis, la
croix est
peinte en rouge. Croix rouge
à l’entrée de
La Valla (photo prise lors
de
l’inauguration du sentier Marcellin Champagnat en 1989) Le
curé Rebaud l’accueille à bras ouverts. Il n’est plus
très jeune, et ne
parvient plus à aller voir ses fidèles dans les hameaux
les plus éloignés. En
plus, il faut dire que dans la paroisse de La Valla, tout est en pente.
Marcellin est jeune et vigoureux, à lui reviendra la charge
d’aller visiter les
malades et de porter les derniers sacrements aux mourants. Pour le 15
août,
c’est lui qui prend la tête de la procession, entre la chapelle
Notre-Dame de Leytra,
et l’église du village. C’est le seul chemin
à-peu-près plat sur l’ensemble de
la paroisse. D’ailleurs Leytra est une déformation de
l’Étrat, nom désignant un
replat, comme une estrade. Vue
générale de La
Valla-en-Gier (carte postale ancienne) L’automne
1816 a commencé. Depuis son arrivée à La Valla,
Marcellin en marcheur
infatigable a parcouru les sentiers de la montagne : « que de
chemises j’ai mouillé dans ces chemins, dira-t-il. Je crois que si
toute l’eau que j’ai suée dans mes courses était
réunie dans ce vallon, il y en
aurait assez pour prendre un bain ! Mais j’ai la douce consolation
qu’aucun
malade, grâce à Dieu, n’est mort sans que je sois
arrivé à temps. » Le
28 octobre, Marcellin apprend que Jean-Baptiste Montagne, demeurant au
hameau
des Palais près du Bessat, est mourant. Il s’y rend sans plus
tarder et arrive
en début d’après-midi. Le jeune homme n’a que 17 ans. Son
inculture religieuse
atterre le vicaire : il va lui enseigner les rudiments de la foi,
durant
les quelques heures qui lui restent à vivre. Marcellin
décide de ne plus tarder
dans son projet d’une congrégation de frères
éducateurs. Sur place, aux Palais,
une plaque apposée contre un rocher rappelle cet
évènement essentiel. Plaque
commémorative aux
Palais Dans
les jours qui suivent, il fait venir à lui deux disciples,
anciens camarades. Ensemble
ils projettent de se réunir en communauté et de
créer une école à La Valla.
Pour cela Marcellin loue la maison Bonnair, à côté
du presbytère. Le curé
Rebaud ne voit pas cette initiative d’un très bon œil, il craint
que la maison
soit trop grande et que Marcellin ne trouve pas l’argent
nécessaire à la
location. « Je suis sûr que la Vierge Marie ne me
laissera pas tomber »,
lui rétorque son vicaire. Avec l’année 1817 les premiers
frères Maristes
commencent leur activité. L’année suivante, Marcellin
quitte le presbytère pour
loger avec les frères et devient l’animateur spirituel de la
communauté. Chambre de
Marcellin
Champagnat à La Valla (carte postale ancienne) Le
succès est fulgurant, et d’autres frères rejoignent les
premiers. Un autre
établissement est fondé à Marlhes en 1819,
à Saint-Sauveur-en-Rue en 1820, à
Bourg-Argental en 1822. Cette année-là huit nouveaux
novices arrivent de
Haute-Loire. Ils permettront l’ouverture de maisons à Vanosc,
Chavanay,
Charlieu… Marcellin Champagnat décide de donner un habit
distinctif à ses frères :
il sera composé d’une « lévite »,
longue redingote de couleur bleue, d’un
pantalon noir et d’un chapeau. À cause de cette lévite
bleue les frères
Maristes gardent pendant longtemps le surnom de
« Frères bleus », un
nom synonyme de sévérité pour les
élèves qui fréquentent leurs
établissements.
On les nomme aussi « Frères quatre bras »
à cause de leur habitude de
poser un manteau sur leurs épaules sans l’enfiler. Mais on dit
aussi que ce
surnom leur vient des châtiments corporels qu’ils
n’hésitent pas à infliger aux
élèves indisciplinés : ceux-ci
reçoivent une telle correction qu’ils ont
l’impression d’avoir été frappés par quatre bras. Arrive
l’hiver 1823. Un jour de février, Marcellin Champagnat apprend
qu’un de ses
disciples à Bourg-Argental est souffrant. Il décide
d’aller le voir. Il prend
avec lui un jeune novice, frère Stanislas, et marchant d’un bon
pas en quatre
heures ils font le trajet de La Valla à Bourg-Argental, par la
Croix de
Chaubouret. Finalement ils trouvent leur frère
complètement remis. Le temps
d’avaler une légère collation, et en début
d’après-midi ils reprennent le
chemin de La Valla. Mais entre temps la neige s’est mise à
tomber ; on les
exhorte d’attendre le lendemain, mais Marcellin est
décidé à rentrer le soir
même. Mauvaise décision, car à peine ont-ils
dépassé l’embranchement du chemin
de Thélis-la-Combe que la neige redouble. Ils devinent à
peine le pont sur le
Riotet, ensuite ils prennent au jugé la direction du nord, vers
Graix. La
progression est de plus en plus pénible, dans une couche de
neige collante et
épaisse. Frère Stanislas est épuisé, la
nuit tombe maintenant et la neige a
effacé tous les repères. Le père Champagnat n’a
plus que la solution de prier
la Vierge. Il entonne le « Souvenez-vous, ô
très douce Vierge Marie… ». Le hameau de la
Chaperie
aujourd’hui Un
peu plus haut sur le coteau est le hameau de la Chaperie. Une ferme
isolée,
habitée par un nommé Donnet, qui vit là avec sa
jeune épouse. À ce moment-là il
décide d’aller voir ses vaches à l’étable. Mais
alors qu’il existe une porte
entre la cuisine et l’étable, ce qui évite de sortir de
la ferme, curieusement il
lui prend l’idée de passer par dehors, malgré le mauvais
temps. Il allume une
lampe tempête et sort dans la neige. Il croit entendre une voix
réciter le
« souvenez-vous ». Il lève sa lampe, des
cris retentissent. Marcellin
et Stanislas sont sauvés. Le jeune novice revient à lui
dans la cuisine bien
chaude que plusieurs bougies éclairent. Madame Donnet se penche
sur lui,
Stanislas croit être au Paradis et commence à remercier la
Vierge de
l’accueillir. Marcellin Champagnat restera, durant toute sa vie,
persuadé que
ce soir-là une inspiration divine a poussé le paysan
à sortir dehors avec une
lampe. L’histoire est touchante, elle aussi fait l’objet d’une plaque
commémorative
posée contre la maison (partiellement effacée
aujourd’hui). Plaque
commémorative à la
Chaperie Le
succès de Marcellin Champagnat et des frères Maristes
commence à susciter des
critiques. On juge bien culotté ce simple vicaire de campagne
qui se permet de
créer une congrégation et d’ouvrir des maisons un peu
partout. Les curés de La
Valla et de Saint-Chamond sont les premiers détracteurs, mais
Monseigneur
Gaston de Pins, nouvel administrateur du diocèse de Lyon, le
prend sous sa
protection. Marcellin Champagnat est déchargé de ses
fonctions de vicaire et
peut désormais se consacrer totalement à son œuvre. En
1824 il entreprend la
construction d’un vaste bâtiment de cinq étages,
près de Saint-Chamond, dans le
creux de la vallée du Gier, Notre-Dame de l’Hermitage. La
chapelle est bénie
l’année suivante, et à la fin de l’hiver 1825 le
bâtiment est terminé et peut
accueillir 150 personnes. Il ne cessera d’être agrandi par
l’ajout d’ailes
supplémentaires. Notre-Dame de
l’Hermitage
(carte postale ancienne) Marcellin
Champagnat remue ciel et terre pour faire reconnaître son
institution. La
révolution de 1830 vient compliquer les choses. Il
s’épuise et tombe malade. Le
pape Grégoire XVI autorise la société des
prêtres maristes en 1836. Le père
Jean-Claude Colin est élu supérieur des pères,
Marcellin devient son assistant
et continue à animer les frères. Marcellin
Champagnat à la
fin de sa vie Sa
santé se dégrade. Il souffre d’un cancer et meurt le 6
juin 1840 au terme d’une
longue agonie. À son décès, l’ordre compte 280
frères et 48 écoles. La tombe de
Marcellin Champagnat à Notre-Dame de l’Hermitage fera rapidement
l’objet d’un culte
fervent. À Marlhes, on ne doute pas qu’il sera un jour
canonisé : le
village deviendra un lieu de pèlerinage et aura besoin d’une
grande église.
Alors on construit un nouvel édifice en remplacement de la
vieille église,
devenue de toute façon trop exiguë. Mais ce n’est qu’en
1920 que le pape Benoît
XV fait de Marcellin Champagnat un vénérable, puis il est
béatifié en 1958 Pie
XII, et enfin canonisé en 1999 par Jean-Paul II. Tombeau de
Marcellin
Champagnat à Notre-Dame de l’Hermitage (carte postale
ancienne) En
1989, pour le bicentenaire de la naissance de Marcellin Champagnat, le
Parc
Naturel Régional du Pilat décide de lui dédier un
sentier de randonnée allant
de Notre-Dame de l’Hermitage, lieu de décès, au Rozet,
lieu de naissance, en
passant par La Valla-en-Gier. C’est l’un des derniers sentiers
linéaires du
Parc du Pilat, qui privilégiera ensuite les sentiers en boucle.
D’une longueur
de 33 km et d’un dénivelé cumulé de plus de 1000
m, il est réservé aux très
bons marcheurs. La solution de facilité étant de le
prendre à l’envers,
autrement dit dans le sens de la descente, ou de le scinder en deux
parties.
Seuls les pèlerins les plus courageux le parcourent encore, les
autres font le
trajet en autobus… Inauguration du
sentier
Marcellin Champagnat en 1989 Passage des
marcheurs au Rot 11
août 2015 : l’équipe des Regards du Pilat est en
balade dans le secteur de
Marlhes. Après une visite à l’église, nous
déambulons dans les rues du village.
Puis à midi halte dans le hameau du Rozet. Après le
repas, le frère Lucien
vient nous raconter la vie de Marcellin Champagnat, puis nous fait
visiter sa
maison natale. Il est intarissable. Une partie des
Regards du
Pilat et frère Lucien dans l'ancien fournil de la famille
Champagnat La
découverte se termine par la chapelle construite en 1958. C’est
un bel édifice
en moellons de granit bleu de Marlhes, dû à l’architecte
Moreau de
Saint-Chamond, à l’initiative des frères et des anciens
élèves, qui ont
recueilli des fonds dans le monde entier. Des vitraux modernes, dans
les tons
de rouges très lumineux, racontent la vie de saint Marcellin
Champagnat. Ils
sont dus au talent du vitrailliste parisien Jean-Jacques Borghetto. Chapelle
Notre-Dame,
édifiée en l’honneur de saint Marcellin Champagnat au
hameau du Rozet |
A présent nous allons retrouver notre nouvel invité ; une sorte de légende bien vivante. C’est dans le décor feutré et quelque peu « secret » d’un restaurant stéphanois, que nous avons rencontré André Picon, cinéaste bien connu, président des Films du Hibou, et réalisateur entre autres du Druide du Pilat et de La Route des Aigles du Pilat, deux films produits par l’Association des Guides Animateurs du Parc Naturel Régional du Pilat, et commercialisés en DVD. |
1/
Regards du Pilat : bonjour André Picon, merci de nous
accorder cet entretien. Commençons par le commencement… Comment
vous est venue
la passion du cinéma ?
André
Picon : le cinéma me fascine depuis mon enfance. Quand
j’étais gamin, ma grand-mère
m’emmenait voir les films de Laurel et Hardy. J’étais
très intrigué par la
façon dont l’image se projetait sur l’écran. Alors j’ai
voulu faire la même
chose, mais faute de pellicule je me suis amusé à
projeter des négatifs
photographiques à l’aide d’une lampe de poche. Cela me
passionnait tellement
qu’un jour mes parents m’ont offert un projecteur jouet
« NIC », qui
utilisait une espèce de bande dessinée sur papier
translucide. Chaque case étant
composée de deux images superposées, projetées
alternativement plusieurs fois
par seconde, comme les personnages avaient des positions un peu
différentes
d’une image à l’autre, cela ressemblait à un dessin
animé.
Le projecteur
jouet NIC
Après
la guerre, j’ai vendu tous mes jouets pour m’acheter un
« vrai »
projecteur de cinéma. C’était un appareil à
manivelle, mais mon père m’a
bricolé un petit moteur électrique. Je louais des films
chez Cizeron, célèbre
magasin de photo à Saint-Étienne, et le soir je les
projetais en famille. J’allais
aussi souvent voir les vitrines du magasin d’optique Grenier, et je
rêvais
devant les appareils « Pathé Baby » qui y
étaient exposés. À
l’époque, c’était ce qui se faisait de mieux en
matière de cinéma familial. Le
système « Baby » se composait d’une
caméra et d’un projecteur, en
format 9,5 mm avec perforation centrale, ce qui permettait une image
plus
large, de bonne qualité. Un peu plus tard, j’ai
rêvé de même façon devant le
projecteur 35 mm « Phébus » de la
cinémathèque.
Le projecteur
Phébus
2/
Regards du Pilat : après avoir projeté des films, il
vous
est donc venu l’idée d’en tourner vous-même ?
Je
suis devenu instituteur en 1955. J’ai pu alors m’acheter une
caméra 8 mm. En
même temps, j’ai adhéré à un
caméra-club d’enseignants, qui possédait une
caméra 16 mm. J’ai filmé plusieurs Fêtes de la
Jeunesse à Saint-Étienne. Mon
premier poste était à l’école du Soleil, ensuite
à Côte-Chaude, des quartiers
populaires et ouvriers de Saint-Étienne. J’ai été
frappé par l’attrait des
élèves pour le cinéma, surtout quand on leur
permettait de réaliser leurs
propres films. C’est ainsi que sont nées mes premières
réalisations
cinématographiques.
Je
me souviens d’avoir filmé la place Chavanelle à
Saint-Étienne, à l’époque il y
avait encore le marché de gros, qui devait être
démoli peu après pour être
remplacé par une gare routière, avant que la place ne
connaisse d’autres
destinées. Ce film constitue aujourd’hui un témoignage
précieux sur cette
époque.
Ensuite
j’ai été en poste pendant deux ans dans une école
de plein air à
Saint-Paul-en-Jarez. C’était à la fois une école
et une colonie de vacances.
Les élèves y restaient 24 h sur 24. Ils cultivaient des
fleurs qu’ils vendaient
le dimanche à la sortie de la messe. Les instits devaient
assurer à la fois la
classe et les activités de loisirs. Naturellement, j’ai mis en
place une
activité cinéma. Je louais une caméra 16 mm et
nous avons fait plusieurs petits
films, comme Jeannot et le faucon. Là encore, les gamins
était
enthousiasmés par cette activité.
3/
Regards du Pilat : on peut dire que la région de
Saint-Étienne a été favorisée pour le
cinéma scolaire ?
André
Picon : en effet, nous avons eu le bonheur d’avoir le
Ciné-Jeunes
Stéphanois. On peut faire remonter sa création aux années 1955/56. A
cette
époque, les patronages laïques offraient des projections de
films, prêtés
gracieusement par la Cinémathèque de
Saint-Étienne. Mais les films proposés aux
jeunes enfants n’étaient pas des oeuvres suffisamment
intéressantes au goût des
enseignants cinéphiles qui encadraient ces après-midi.
Devant l’insuffisance de
la programmation, deux instituteurs passionnés, aujourd’hui
décédés, Aimé
Tavaud et Lucien Levy, décidèrent d’adhérer
à la Fédération Jean Vigo. Celle-ci
avait à son catalogue des films beaucoup plus pointus.
L’ambition d’Aimé Tavaud et
Lucien Levy fut
d’organiser des projections pendant l’horaire scolaire et, pour y
parvenir, il
fallait convaincre les collègues, les parents et
l’administration de
l’importance de l’image et du film dans l’univers des enfants et de
tous les
partis que l’on pouvait tirer d’une telle pratique. Il a fallu mettre
en place
une programmation irréprochable, assortie d’une documentation
qui ouvrait des
pistes de travail dans toutes les disciplines de l’enseignement. C’est
à ce
prix que le Ciné-Jeunes Stéphanois a pu se
développer et toucher près de 4000
élèves dans les années 70.
André
Picon (à gauche) avec ses élèves en 1959
4/
Regards du Pilat : mais reprenons le cours de votre vie…
André
Picon : en 1959 je suis parti pour le service militaire, en
emportant ma
caméra. C’était l’époque de la guerre
d’Algérie, qui m’a permis de gagner
quelques galons. Ma solde de lieutenant était supérieure
au salaire d’un
instituteur, mais pourtant je n’ai pas eu envie de rempiler. En 1962 je
suis
rentré au pays, j’ai repris mon métier, et ma passion.
J’ai tourné plusieurs
courts-métrages, dans différents styles. Pour La
bagnole, petit conte
satyrique, j’apparais dans le rôle d’un militaire auto-stoppeur.
J’ai profité
d’un voyage touristique dans l’Espagne de Franco pour réaliser Espagne,
tu
me fais mal, sur un scénario de Jean Duperray. Puis j’ai
rencontré Michèle,
qui allait devenir ma femme. Nous nous sommes mariés en 1965, et
très
rapidement nous avons eu trois enfants.
À
cette époque je me suis inscrit à plusieurs stages de
formation cinématographique
de la Ligue Française de l’Enseignement. Puis en 1967, suite au
départ d’Aimé
Tavaud, j’ai été détaché à la
Fédération des Œuvres Laïques, où j’ai pris
en
charge son secteur cinéma (UFOLEIS). Je suis même devenu
le responsable pour la
région Rhône-Alpes. J’assurais la formation en
audio-visuel des élèves
instituteurs. Dans des ateliers nous réalisions des films qui
entraient dans la
notation de leur diplôme de fin d’année
Nous organisions des stages à Cannes, avec accès au
Festival. C’est de cette
époque que date entre autres mon court-métrage Timothée
le rêveur.
J’ai
aussi travaillé avec la Maison du Cinéma de Grenoble, ou
encore avec des
professeurs de l’École Normale, avec qui j’ai
réalisé des films sur le thème de
la France face à l’avenir. Et puis j’ai été
animateur à la Maison de la Culture
de Saint-Étienne, ce qui m’a valu de rencontrer deux
personnalités du cinéma
français, Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Mocky.
5/
Regards du Pilat : racontez-nous ça en détails.
André
Picon : j’avais organisé à la Maison de la Culture
un festival Jean-Luc
Godard. Quelqu’un m’a proposé de l’inviter en personne. Je lui
ai fait visiter
la Maison de la Culture, ce qui ne l’a pas spécialement
impressionné ! Il
a voulu voir la ville, en commençant par « les
Verts ». Je l’ai donc
emmené dans ma voiture jusqu’au stade Geoffroy Guichard.
Fermé,
malheureusement, et impossible de se faire ouvrir tout de suite. Il a
perdu
patience et nous avons continué. On est passés devant la
gare de Châteaucreux.
Il a voulu s’y arrêter, prétextant des repérages
pour un futur film éventuel.
En réalité, il en a profité pour filer… Le soir,
devant une salle comble, j’ai
dû annoncer que Jean-Luc Godard ne serait pas présent.
J’ai ensuite renouvelé
l’expérience avec Jean-Pierre Mocky, qui lui a été
plus sympa heureusement.
6/
Regards du Pilat : dans les années soixante-dix, on vous
retrouve aussi à la tête de deux cinémas à
Saint-Étienne ?
André
Picon : en effet, je me suis occupé du France, une
salle gérée par
les Amis du Bon Cinéma, qui existe toujours, tout en ayant
changé de structure,
ainsi que du Lux, une petite salle d’art et d’essai qui
malheureusement
a disparu. D’ailleurs j’ai eu l’occasion d’en racheter les fauteuils,
pour les
installer dans la grange d’une vieille ferme que j’avais
achetée, du côté
d’Ambert, et retapée avec mon épouse. Je faisais des
projections pour mes
enfants et les enfants du village.
7/
Regards du Pilat : votre carrière s’est
réorientée dans les
années quatre-vingt…
André
Picon : par la force des choses ! Avec l’élection de
Joseph
Sanguedolce à la tête de la municipalité de
Saint-Étienne, position renforcée
par l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir,
n’étant pas jugé assez
« à gauche » je suis devenu un peu
l’indésirable de la vie culturelle
stéphanoise. J’ai profité de cet éloignement
contraint, ayant trouvé des
financements ailleurs, pour réaliser en 1983 mon
court-métrage Julie et
Grégory, que j’ai présenté au Festival de
Cannes, et qui a ensuite été
diffusé sur France 3.
8/
Regards du Pilat : nous arrivons aux années quatre-vingt
dix, un grand tournant dans le cinéma avec l’apparition de la
vidéo et de
l’informatique.
André
Picon : une révolution, en effet. La vidéo apportait
de nouvelles facilités
pour tourner. Plus de pellicule à développer, et surtout
on pouvait visionner
le résultat tout de suite après la prise de vue, et
recommencer au besoin.
Quant à l’informatique, elle a révolutionné le
montage des films. Aujourd’hui,
l’ordinateur a remplacé l’ancienne table de montage. C’est
devenu plus facile
aussi pour la commercialisation des films, avec les cassettes VHS et
aujourd’hui les DVD ou Blue-ray. Une autre petite révolution a
été le passage
au numérique.
André
Picon aujourd’hui (juillet 2015)
9/
Regards du Pilat : parlez-nous maintenant de votre
association Les films du Hibou.
André
Picon : depuis toujours, mes productions étaient
estampillées Films du
Hibou. C’est donc naturellement ce nom que j’ai repris quand j’ai
fondé
cette association. Nous avons créé la collection Mémoire
d’hommes pour
réaliser les portraits de quelques acteurs de la vie culturelle
régionale.
C’est ainsi que j’ai immortalisé des personnages comme le
dessinateur Pierre
Zellmeyer, le conservateur et ethnologue Daniel Pouget, ou le sculpteur
Albert
Louis Chanut, pour n’en citer que trois parmi tant d’autres. Un autre
film
important a été celui consacré au souvenir
d’Aristide Briand, que le regretté
Jean Navrot a fait revivre magnifiquement en s’appropriant les textes
de ses
discours.
10/
Regards du Pilat : et donc vous avez été
amené à réaliser
ces deux films pilatois, Le druide du Pilat et La Route des
Aigles du
Pilat. Pouvez-vous nous en parler, nous expliquer comment ils sont
nés,
comment ils ont été tournés ?
André
Picon : tout d’abord je dois préciser que j’avais
déjà réalisé d’autres
films sur le Pilat. J’ai beaucoup travaillé avec Jean Andersson,
qui était animateur
culturel pour le Parc Naturel Régional du Pilat. Ensemble nous
avons fait un
film sur Saint-Genest-Malifaux, montrant par exemple les
différentes étapes de la
construction de la salle Jules Verne. J’ai aussi tourné des
films sur la
journée Vélocio, ou sur la Jasserie, avec un plan
filmé en ULM, que j’ai
réutilisé pour l’introduction du Druide du Pilat.
Pour
fonder l’association Les Films du Hibou j’avais retrouvé
mon ami Pierre
Bessenay. C’est un camarade d’enfance, nous étions ensemble au
lycée Claude
Fauriel, puis nous nous sommes perdus de vue arrivés à
l’âge adulte, avant de
nous retrouver à l’âge de la retraite ! Pierre qui
était également membre
de l’association des Guides du Pilat, en est devenu le président
en 2004. Il se
trouve que le secrétaire de cette association était alors
un certain Patrick
Berlier. Or j’avais connu Patrick dans les années 1968/70, alors
qu’il était au
Lycée du Mont, où il avait ma femme comme professeur.
C’était l’époque de
l’après mai 68, les établissements scolaires
s’étaient vus imposer la création
de Foyers Socio-éducatifs destinés à organiser des
activités d’éveil pour les
élèves, à l’intérieur même des
établissements. Patrick s’était inscrit au club
photo et cinéma, encadré entre autres par ma femme. Je
suis intervenu pour
l’aider et le conseiller. Ensemble nous avons réalisé un
diaporama, présenté au
lycée en fin d’année. Puis nous nous sommes perdus de
vue, et retrouvés par
hasard bien des années plus tard, lors de l’exposition Zellmeyer
à la
Médiathèque, en 2005 je crois. Entre temps, Patrick avait
fait le chemin que
l’on sait, et publié ses livres sur le Pilat et sur la
Société Angélique.
L’idée
de faire un film sur lui s’est alors imposée. Comme les Guides
avaient surnommé
Patrick « le Druide », Pierre Bessenay s’est
écrié : « le
titre du film sera Le Druide du Pilat ». Puis ce
projet a évolué
vers l’idée d’un film de fiction dont il serait le personnage
principal.
Patrick nous a proposé un synopsis, puis a écrit le
scénario. Il avait bien
retenu mes leçons puisqu’il s’est souvenu de la façon de
découper un scénario
en plans. Les Guides du Pilat se sont beaucoup investis dans
l’aventure, en
acceptant de jouer des petits rôles. Patrick et les Guides m’ont
emmené dans
des coins perdus du Pilat que je ne connaissais pas, et où je
serais incapable
de retourner ! Je dois dire que j’ai eu un peu de mal à
entrer dans l’univers
imaginé par Patrick, mais j’ai suivi ses directives et j’ai
tourné, sans trop comprendre.
Ce n’est qu’en montant le film que j’ai fini par saisir le sens de
l’histoire !
Le DVD est sorti en 2008 pour le 25e anniversaire de
l’Association
des Guides Animateurs du Parc Naturel Régional du Pilat.
Tournage à
la table d’orientation du Crêt de
Chaussitre
11/
Regards du Pilat : et vous avez renouvelé l’aventure avec La
Route des Aigles du Pilat…
André
Picon : le projet était porté par le nouveau
président des Guides, Bernard
Jamet, qui avait envie que l’association produise un nouveau film,
à vocation
touristique cette fois. Lors d’une réunion préparatoire,
Patrick Berlier a
proposé le thème de « la route des
aigles », nom poétique donné au
chemin parcourant la ligne de crête du Pilat, d’un bout à
l’autre. Finalement,
c’est lui aussi qui a enregistré le commentaire, ce qui
était logique puisqu’il
en était l’auteur. Les Guides se sont cependant moins
enthousiasmés que la
première fois, et puis en accord avec le Parc il a
été décidé de demander une
participation financière à la région
Rhône-Alpes. Les premières images ont été
tournées
en été 2010, nous avons réalisé l’une des
balades pour montrer concrètement ce
que pouvait donner le projet.
En
2012, alors que le film était déjà bien
avancé, Patrick est tombé malade et a
dû être hospitalisé pour une délicate
intervention de neurochirurgie.
Franchement, nous étions pessimistes… Lorsque, avec Joseph
Machabert, autre
maillon fort à la fois des Guides et des Films du Hibou,
nous sommes
allés le voir à l’Hôpital Nord début
novembre, il était encore en Réanimation.
Pas très brillant… Il commençait juste à reprendre
ses esprits, mais il
manifestait quand même son désir de poursuivre le film. Et
le DVD est sorti en
2013, avec une première projection publique en salle Jules Verne
à
Saint-Genest-Malifaux.
André
Picon au chevet de Patrick hospitalisé
(novembre 2012)
12/
Regards du Pilat : Pour terminer cet entretien, pouvez-vous
nous parler de vos projets ?
André
Picon : je ne suis plus tout jeune, alors je voudrais finir de
mettre de
l’ordre dans mon catalogue, pour pouvoir monter tous mes vieux films en
DVD et
les déposer à la Cinémathèque, ce que j’ai
déjà fait pour un certain nombre. Et
puis je viens enfin d’avoir l’accord financier de la ville de
Saint-Étienne
pour réaliser un portrait de Jacques Plaine, qui fut un libraire
bien connu, et
l’organisateur de la Fête du Livre. L’idée serait de
sortir le film pour le
trentième anniversaire. Enfin je vous signale que depuis
quelques années je
dispose d’un site Internet, où il est possible de voir les
vidéos de plusieurs
de mes films anciens ou nouveaux : www.lesfilmsduhibou.fr
Regards
du Pilat : il ne nous reste plus qu’à vous
remercier de nous avoir consacré un peu de votre temps.