REPORTAGE REGARDS DU PILAT
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VIVA ANGELINA

SEPTEMBRE 2006

   Nous avons reçu de notre ami M. Roger Corréard le texte qui suit, intitulé « Viva Angélina ». C’est un article qui aurait eu toute sa place dans l’un des multiples sites consacrés à la ténébreuse affaire de Rennes-le-Château, mais comme il parle aussi du Pilat et de Dom Polycarpe de la Rivière, prieur de la chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, et porte sur notre région favorite un « regard » très particulier, nous avons décidé de le publier, en laissant cependant à l’auteur la responsabilité de ses propos et de ses conclusions, pour le moins audacieuses.
    En préambule rappelons quelques faits pour les internautes non avertis. Le 1er novembre 1987 l’abbé Antoine Gélis, curé de Coustaussa (Aude), était assassiné dans des circonstances pour le moins mystérieuses. En particulier, il est avéré que l’abbé ouvrit lui-même sa porte à son ou ses meurtriers, lesquels ne seront jamais retrouvés. Cette histoire ne serait sans doute qu’un fait divers tragique si elle ne s’insérait pas, à tort ou à raison, dans une autre affaire, celle de la paroisse voisine de Rennes-le-Château et de son sulfureux abbé Bérenger Saunière, « le curé aux milliards ». Nous laissons Roger Corréard nous raconter la suite, à sa façon, sans altérer son texte. Nous avons seulement pris la liberté d’y apporter quelques précisions complémentaires sous formes de notes. Enfin nous renvoyons le lecteur intéressé aux livres de Patrick Berlier « La Société Angélique », tomes I et II, où certains des thèmes abordés sont également développés (voir en rubrique Librairie).
Les Regards du Pilat
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    C’est le grand archange Raphaël qui aurait fait connaître aux humains cette plante nommée ANGELIQUE. Pour nos ancêtres les vertus médicinales de l’angélique archangélique étaient miraculeuses. Cependant, vu que ici bas toutes choses sont soumises aux lois de l’ambivalence alternative, il convient de prendre garde aux possibles actions négatives de l’angélique. Impératif : ne pas toucher les tiges et les feuilles de l’angélique à mains nues, leur suc est particulièrement irritant pour la peau et les muqueuses. Des précautions de prudence sont conseillées lorsqu’on est en présence de cette plante d’origine extraterrestre. Souvenons-nous du sort de certaines villes bibliques réduites en cendres par l’action d’un commando des anges de l’Éternel, qui sont les extraterrestres de l’Ancien Testament. Ce que savait l’abbé Gélis, curé de Coustaussa. Il aurait dû en tenir compte alors qu’il attendait « certains visiteurs »… Très certainement d’une « étrange organisation catholique » dont parle Daniel Dugès dans son livre « Le secret de Nicolas Poussin » (1). Car il fut écrit sur une feuille de papier à cigarettes « le Tsar », trouvée dans une mare de sang de la victime : VIVA ANGELINA. Serait-ce une allusion à cette fantomatique Société Angélique à laquelle aurait appartenu Jules Verne ?
    Plongeons-nous dans le roman « Le château des Carpathes », écrit par Jules Verne en 1892. Le comte Franz de Télek vient d’arriver au village de Werst, en Transylvanie, dans l’auberge à l’enseigne du Roi Mathias, chez Maître Jonas. Le comte dit à l’aubergiste son intention de visiter le Burg, vieux château féodal situé sur un piton, à 2 km du village. Ces paroles paraissent horrifier la société des buveurs de bière et fumeurs de pipe attablés dans la salle de l’auberge. Le comte s’étonne de cette frayeur chez ces rudes montagnards habitués à chasser les loups et les ours des montagnes de la Transylvanie, et à côtoyer les vampires draculaniens.
— À quelle famille appartient ce Burg ? demande le comte.
— à la famille des barons de Gortz, répond l’aubergiste.
— est-ce la famille du baron Rodolphe de Gortz ?
— oui, monsieur le comte.
Franz de Télek pâlit, et répète machinalement : « Rodolphe de Gortz », en manifestant une grande émotion. Quel drame ténébreux aurait opposé le comte de Télek au baron de Gortz ? Voici ce qui motivait le profond ressentiment du jeune comte envers le baron. Après la mort de ses parents, Franz de Télek quitta son château de Krajowa, en Roumanie, pour visiter l’Europe en commençant par les splendeurs de l’Italie : Venise, Florence, Rome, puis Naples. Ce fut dans le théâtre San-Carlo de Naples que Franz de Télek entendit la voix divine de la Stilla, splendide jeune femme de 25 printemps, vivant uniquement pour son art. Le jeune comte tomba dans l’instant éperdument amoureux de la divine cantatrice et fit en sorte qu’elle se sache. Ses gerbes de fleurs encombraient la loge de la Stilla, qui ne resta pas indifférente au charme de Franz de Télek. Mais voila, un autre homme de haute noblesse nourrissait d’identiques sentiments pour la Stilla. Il s’agissait du baron Rodolphe de Gortz, qui suivait assidûment la cantatrice de théâtre en théâtre depuis des années. La Stilla subissait la présence de cet homme de plus de 50 ans comme une obsession. La déclaration d’amour de Franz de Télek arrivait au point crucial pour lui permettre d’échapper à l’envoûtement des yeux diaboliques du seigneur du Château des Carpathes.

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    Une rumeur parcourut Naples : la Stilla aurait décidé d’abandonner le théâtre pour épouser Franz de Télek. Arriva l’ultime soirée où la cantatrice se produisait sur la scène du théâtre San-Carlo, dans son splendide rôle d’Angélica, de l’opéra « Orlando » (2). Dans les ténèbres de sa solitude, le baron de Gortz avait décidé du sort funeste de la Stilla. Si elle ne lui appartenait pas, elle n’appartiendrait à aucun autre homme. Arrivèrent les dernières minutes du dernier acte d’Orlando. La Stilla, toute de blanc vêtue, était splendide ; sa voix faisait vibrer les voûtes du théâtre et plongeait les spectateurs dans l’extase. Avec fracas, le baron de Gortz ouvrit la grille de sa loge. Il apparut en pleine lumière, ses yeux lançaient des lueurs infernales. La Stilla chantait alors les derniers vers sublimes : « Innamorata, moi cuore tremante, Voglio morire… ». Une épouvante paralyse la diva. Elle porte ses mains à sa poitrine. Elle chancelle, du sang coule de ses lèvres. Elle tombe. Le comte se précipite sur la scène, prend la Stilla dans ses bras, ses yeux sont fixes. « Morte !... Morte !... s’écrie-t-il, morte !... »
    Le dernier acte du drame se joue dans le Burg des Carpathes, où sont le baron et Orfanik, un savant fou spécialiste de l’électricité et des explosifs. Le comte Franz pénètre par escalade dans la forteresse et après diverses péripéties labyrinthiques se retrouve face-à-face avec le baron. Il s’ensuit une lutte sans merci au désavantage du jeune comte qui se retrouve enfermé dans une crypte, d’où il s’évade. Sur les ordres du baron, Orfanik avait miné le château. La gendarmerie alertée par un compagnon du comte s’apprête à forcer les défenses du Burg. Le baron s’en aperçoit et déclanche l’explosion. Dans les ruines du donjon on retrouvera le corps du baron. Le comte de Télek, abrité sous les voûtes épaisses de la chapelle est seulement blessé. Cependant cette succession de chocs émotifs détruisit sa raison. Il passa le restant de ses jours les yeux dans le vague, à chantonner les derniers vers d’Angélica d’Orlando : « innamorata… Voglio morire… ».
    Jules Verne publia « Le château des Carpathes » en 1892. L’assassinat du curé Gélis eut lieu fin 1897. Ce ne fut pas ce meurtre qui inspira Jules Verne, que l’on dit très informé sur le déroulement de l’affaire Rennes-le-Château, marquée du sceau des anges… et de leur présence dans l’église du curé Bérenger Saunière. La Stilla vêtue de blanc est un ANGE BLANC, le baron vêtu de sombre est un ANGE NOIR. Ce qui représente les deux faces de l’humanité terrestre. Je présume qu’en écrivant cette succession d’évènements funestes, Jules Verne lançait une « bouteille à la mer » pour avertir « certains » qu’il existait un « danger potentiel » à manipuler sans précaution les tiges urticantes de l’Angélica archangélique. Dans la même époque, Anatole France écrivit un bien étrange ouvrage : « La révolte des anges ». Je l’ai lu. J’en suis resté très interrogatif et perplexe… Apparemment, il existerait bien des anges blancs et des anges noirs. Je n’en dirai pas plus sur ce sujet très « épineux ».

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    Ce n’est pas tout. « Le château des Carpathes » est du genre des poupées gigognes russes… donc du Tsar ! Le papier à cigarettes trouvé sur le lieu du crime. La première poupée est le prélude du roman. Voici ce qu’elle nous raconte : « cette histoire n’est pas fantastique, elle n’est que romanesque. Faut-il en conclure qu’elle ne soit pas vraie, étant donnée son invraisemblance ? Ce serait une erreur. Nous sommes d’un temps où tout arrive ». L’ami Jules ferait-il allusion au temps de l’Apocalypse ? Car il ajoute : « si notre récit n’est pas vraisemblable aujourd’hui, il peut l’être demain » (3). La deuxième poupée fait apparaître le berger Frik, qui fait paître son troupeau sur une colline d’où l’on voit le vieux château des Carpathes. « Ce berger n’avait rien d’arcadien », écrit Jules. Je me pose la question : ce berger évoquerait-il un certain tableau et sa devise ET IN ARCADIA EGO ? Continuons à explorer les méandres de la très subtile prose vernienne : « Le Lignon ne murmurait point à ses pieds : c’était la Sil valaque, dont les eaux fraîches et pastorales eussent été dignes de couler à travers les méandres du roman de l’Astrée ». Alors là, ces mots « Lignon, Astrée » s’entrechoquèrent dans les eaux fraîches de la Sil Valaque et firent des éclaboussures dans ma tête.
« L’Astrée ». Roman pastoral d’Honoré d’Urfé, contant les amours de la bergère du même nom et de Céladon, son amant.
Lignon du Forez. Affluent de la Loire. Nous sommes loin de la Valachie. Sur ses rives Honoré d’Urfé fait vivre les amours de la bergère Astrée et de son amant Céladon.
Honoré d’Urfé. 1567 – 1625. Né à Marseille. Ce romancier fréquenta la cour de Marguerite de Valois, épouse d’Henri IV. La « reine Margot » vivait recluse dans le château d’Usson en Auvergne.
    Parmi les gens de la cour de la reine Margot était le chanoine Loïs Papon. Suivant ce que nous révèlent les investigations très érudites de Patrick Berlier, auteur de « La Société Angélique », Loïs Papon et Honoré d’Urfé étaient membres très actifs de ladite Société des Anges, fondée sur la colline de Fourvière, à Lyon, par Nicolas de Langes. Le « logo » de la Société Angélique est un ange à l’intérieur d’une grande lettre A, entouré de cette devise : « GVIDE MOY SV LA TERRE ». Comptez les lettres de cette maxime, il y en a 17, ce qui nous conduit vers la dalle mortuaire de la « Dame d’aux Poules », de Rennes-le-Château (4). En dédoublement de la Sil Valaque l’Astrée nous conduit par « jeux de miroirs » vers la Société Angélique et le cadavre du curé de Coustaussa, par le papier à cigarettes « le Tsar » et « Viva Angelina ». Nous pratiquons la langue des oiseaux troubadouriens. Patrick Berlier nous en fait de magistrales démonstrations dans les pages sublimes de sa merveilleuse « Société Angélique ». Aucun doute, Jules Verne, par la Sil Valaque, par le Lignon, par l’Astrée d’Honoré d’Urfé, par le berger Frik — qui n’est pas un Berger d’Arcadie — rattache la Société Angélique à Rennes-le-Château. Quant à la Stilla, elle évoque Emma Calvé, la diva du château de Cabrières. Le baron de Gortz n’est autre que Jean Orth, allias Mr Guillaume, l’archiduc Jean de Habsbourg (5) qui, du temps où Bérenger Saunière était curé du Clat, se rendait à Axat pour le rencontrer en compagnie de l’abbé Henri Boudet, curé de Rennes-les-Bains. Le curé Rescanière, d’Axat, assistait à leurs conciliabules qui évoquaient de multiples trésors dissimulés dans le Razès.

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    À la cour de la reine Margot résidait un jeune homme qui devait entrer en religion sous le nom de Dom Polycarpe de la Rivière. Il devint le prieur de la chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, dans le Pilat où devait venir, paraît-il, le curé Bérenger Saunière, sur les traces de Marie-Magdeleine, la prostituée des Évangiles. Apparemment, Dom Polycarpe de la Rivière découvrit dans la chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez les archives des premiers temps du christianisme. À la fin de son existence, alors qu’il était prieur de la chartreuse de Bonpas, près d’Avignon, il entreprit la rédaction d’une Histoire des diocèses de la Provence. Ce travail ne fut pas du goût sa hiérarchie, qui en interdit la publication. Les travaux de Dom Polycarpe sont relatés dans la « Chorographie de Provence », éditée en 1665, écrite par Honoré Bouche, prévôt du monastère de Chardavon, près de Sisteron. Nous sommes sur les terres de Théopolis, cité disparue dont le souvenir nous est resté par une monumentale « Pierre écrite », gravée sur ordre de Dardanus, ancien gouverneur de la province de Vienne (6), préfet du prétoire des Gaules de 409 à 414, au temps des grandes invasions qui conduisirent à l’effondrement de l’empire romain.
    Avant de disparaître sur la route du Mont-Dore en Auvergne, ou du Mont d’Or de Manosque, en Haute-Provence, Polycarpe rencontra Honoré Bouche. Suivant ce qu’écrit Jean-Luc Chaumeil, Polycarpe serait venu sur le site de Chardavon – Théopolis : « Nous étions non loin de La Javie, célèbre dans l’affaire UMMO, à coté de Théopolis l’un des sites favoris du Chartreux Polycarpe de la Rivière qui disparut à la fin de sa vie, et très près de Saint-Geniez où notre ami Olivier Rieffel poursuivit l’enquête du crash du 18 mars 1972 » (7). Je dois dire que ce « crash » ou « boule de feu » était un ovni qui venait déposer sur le flanc nord de la montagne du Trainon, à 2 km du rocher du Dromon, site de Théopolis, des « tôles d’un satellite Cosmos soviétique en perdition au-dessus de la Provence ». Ces tôles, l’équipage de l’ovni les avait très certainement récupérées sur le Cosmos avant qu’il ne se consume dans les basses couches de l’atmosphère terrestre. Pourquoi ramener ces tôles d’un Cosmos sur terre ? Tout simplement pour jouer un tour pendable à la société scientifique des terriens, car les ovniens sont d’abominables farceurs comico-cosmiques. Qui sont ces ovniens ? Tout simplement les descendants des anges qui trouvèrent belles les filles de la terre et leur firent des enfants – lire la Genèse.
    Ceux qui fondèrent la Société Angélique possédaient-ils des informations sur l’énigme des anges ? Il est remarquable que l’ange du logo de la Société Angélique est sexué, contrairement à l’iconographie de l’Église catholique romaine (8). Devons-nous déduire de cette « monstruosité » que cet ange est un de ceux qui trouvèrent belles les filles de la terre ? Il est sage de le supposer, car dans l’immensité cosmico-temporelle TOUT EST POSSIBLE.
 

Roger Corréard
Archiviste autoproclamé de Théopolis
NOTES
1 : Récemment réédité aux éditions Pégase, 1 rue des Aspres, 66180 Villeneuve-de-la-Raho. Rappelons que le célèbre tableau de Poussin « Les Bergers d’Arcadie » serait l’une des clés dans la compréhension de l’énigme de Rennes-le-Château. L’organisation catholique évoquée par Daniel Dugès est l’Aa, une société cléricale née de l’ordre des Jésuites.
2 : « Orlando » est un drame musical de Vivaldi, repris par Haendel, qui est tiré du livre « ’Orlando furioso » de l’Arioste. Mais Jules Verne attribue l’opéra à Maestro Arconati, un musicien imaginaire.
3 : Et il le sera, en effet ! Dans ce roman, Jules Verne imagine des procédés d’enregistrement et de restitution de la voix et des images, qui préfigurent très étrangement l’ère de la vidéo numérique haute définition.
4 : Comprendre « dame d’Hautpoul », dont la pierre tombale, marquée par de nombreuses et étranges singularités, fait référence de plusieurs manières au chiffre 17, un nombre clé dans l’affaire Rennes-le-Château.
5 : l’archiduc de Habsbourg voyageait en effet en France sous le nom de Jean Orth. Jules Verne glisse astucieusement cette information dans un autre de ses romans, « Clovis Dardentor ».
6 : Une province qui comprenait alors le Pilat !
7 : Jean-Luc Chaumeil, « Le temps et les OVNI », page 53.
8 : À l’époque de la Renaissance les anges étaient couramment représentés avec un sexe mâle, malgré la condamnation par l’Église qui s’appuyait sur l’Évangile de saint Marc (12, 25) voyant les anges ni homme ni femme.

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