JUIN 2014

ARALEZ : UN PASSÉ, OU LE REFLET D’UN AVENIR ?


Par Michel BARBOT

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    Nous avons vu dans la première partie de cet article que le nom du Crêt de l’ARALEZ du Mont Pilat (ancien nom du Crêt de l’Airellier) peut se lire en hébreu de deux façons. La première lecture, exotérique, s’entend HAR ALEZ : la Montagne de la Joie ou Montagne de la Réjouissance. En ce lieu ont retenti les chants de joie. La seconde lecture, ésotérique, peut s’entendre HARAL EZ, soit l’Autel de Dieu qui rend fort ou HARAL IEZ : l’Autel de Dieu qui rendra fort. IEZ ou EZ, abréviation d’Iéhezqel ou Hezqel, soit respectivement : « Dieu rendra fort » ou « Dieu rend fort », s’applique au prophète Ézéchiel. En effet, le nom du prophète s’appuie sur un verbe signifiant « rendre fort ». Et ainsi qu’expliqué dans le précédent article le Iod ou Yod initial du nom du prophète indique en hébreu un futur.

 

Voyage autour du verbe Hazaq

Le verbe Hazaq (Heth-Zaïn-Qof) sur lequel s’articule le nom du prophète juif, signifie « être et devenir fort », « être ferme », « vaillant », « soutenir ». Autre signification présentée par le Dictionnaire Sander/Trenel : « contenir » ou « contenance », suivant les traductions. L’exemple donné apparait dans le Second Livre des Chroniques, chapitre 4, verset 5. Il s’applique à la capacité en eau de la cuve appelée Mer d’Airain placée dans la cour du Temple de Salomon. Cette cuve fondue par Hiram, était soutenue par 12 bœufs dont trois regardaient le Nord, trois le couchant, trois le Midi et trois le levant, symbole des 12 signes du zodiaque.

Cette cuve contenait l’eau lustrale permettant aux prêtres de se laver les mains et les pieds. Le contenant de la Mer d’Airain comporte une idée de force. L’eau de cette mer est une eau forte, une eau chargée.

Cette Mer d’Airain se reformule dans la Mer de Cristal du Livre de l’Apocalypse de Jean.

 

La Mer d'airain, dans le temple de Salomon. (Bible de Mortier et Covens).

 

L’HAREL au travers du miroir

Nous avons vu que le prophète Ézéchiel associe le nom HARIEL au nom ARIEL. L’un et l’autre nom évoquent deux parties de l’Autel du Temple d’Ézéchiel. Le mot hébreu HAREL signifie « Autel » et cet autel se compose de HAR : « Montagne » et de EL : « Dieu ». Ce haut-lieu divin reformule la ziggurat babylonienne. HAREL s’écrit en hébreu, de droite à gauche, avec les lettres Heth – Resh – Aleph – Lamed.

Pour une étude plus précise du mot HAREL, il convient d’utiliser la méthode du chiffre Atbash. Cette méthode cryptographique hébraïque dont l’aspect oraculaire est à retenir, a été utilisée avec certitude par les Kabbalistes, dès 500 avant Jésus-Christ. Elle consiste à remplacer la première lettre de l’alphabet par la dernière, la seconde par l’avant-dernière, etc…

Pour cette raison, on l'appelle aussi code miroir. Bien que très simple, cette méthode n’en fut pas moins très efficace. Les exégètes bibliques se sont longtemps tirés les cheveux quant à la localisation de régions bibliques inconnues, jusqu’au jour où ils purent enfin découvrir le chiffre. Il est certain que les commentateurs éclairés de la Bible annotée de Neufchâtel (achevée début de l’année 1900) connaissaient le code Atbash et ses deux utilisations dans le Livre de Jérémie (Leb-Kamaï du chapitre 1-1 et Shéshak dont les références sont indiquées ci-dessous) ainsi que le démontrent les commentaires suivants :

« Le cœur de mes adversaires : en hébreu leb-kamaï, mots qui, d’après l’alphabet Athbasch (25.26, note), correspond à Chasdim, Chaldéens (comme pour Sésac, 25.26). Ce jeu de mots a son éloquence. Il caractérise la puissance babylonienne comme le centre de l’opposition à la puissance divine (comparez Apocalypse 17.5) et motive ainsi son jugement. »

« Sésac. 51.41 montre que ce nom désigne Babylone. D’après la tradition juive, ce serait simplement le nom de Babel, prononcé d’après l’alphabet Athbasch, usité en Orient, qui consiste à remplacer la première lettre de l’alphabet par la dernière, la seconde par l’avant-dernière, et ainsi de suite (ainsi dans le mot Babel Sch pour B et C pour L). Comparez 51.1. Mais il ne faudrait pas voir ici un simple jeu d’esprit. Le nom de Sésac paraît faire allusion au mot schaka, s’affaisser, s’enfoncer, et son sens devient ainsi symbolique. Il trouve son commentaire dans le texte même du prophète 51.64 : Babylone sera plongée, submergée. »

Le prophète Jérémie obtient dans un premier temps : Leb-Kamaï, en cryptant le mot Kasdîm (Chaldéens) puis dans un second temps, après cryptage du nom Babel, il obtient le nom Shéshak. Dans le premier cas, nous avons un Kaf au début du nom qui a été crypté, alors que dans le second cas nous avons un même Kaf non plus au début mais à la fin d’un nom et ce non plus dans le nom qui a été crypté mais dans le cryptage lui-même.

Deux variantes de la lettre Kaf apparaissent dans l’alphabet ou AlephBeth hébraïque. Dans l’écriture carrée ou majuscule, le Kaf lorsque positionné dans un mot avant la lettre finale, ressemble à un C inversé. Lorsqu’il apparaît à la fin d’un mot, il ressemble à un chiffre 7.

 

Il conviendra d’analyser plus avant la symbolique de cette lettre car, si elle est une clef importante du cryptage/décryptage Kaf-asdîm et Shésh-Kaf final (qui apparaissent dans ce cas synonymes) elle apparaissait assurément pareillement dans le cryptage Atbash du mot HAREL :

Les lettres Heth – Resh – Aleph – Lamed deviennent alors Samekh – Guimel – Tav – Kaf.

 

Cryptage Atbash du mot HAREL

En haut mot original (de d. à g.) : Heth – Resh – Aleph – Lamed

En dessous mot crypté (de d. à g.) : Samekh – Guimel – Tav – Kaf final

Paysage du Pilat évoquant l’autel primitif de l’Aralez

 

La lettre Lamed terminant le nom HAREL, devient en cryptographie Atbash un Kaf final… Sachant que le HAREL ou Autel du Livre d’Ézéchiel puise son origine dans la symbolique babylonienne, il n’est pas hasardeux de penser que le cryptage Atbash du HAREL participe de la même symbolique babylonienne que les deux noms retenus dans le Livre de Jérémie.

La lettre Kaf qui est aussi le nombre 20, désigne la paume de la main mais aussi le plateau de justice ou plateau de la balance. Dans le livre « L’Alphabet sacré » (éditions Fayard), le rabbin Josy Eisenberg bien connu pour ses émissions sur France 2, fixe dans l’écrit, l’enrichissant dialogue qu’il eut avec le rabbin et mathématicien Adin Steinsaltz au sujet de l’alphabet hébreu. Kaf est dans un premier temps présentée comme l’initiale du mot Kéter : la couronne divine. Le rabbin A. Steinsaltz indique :

« Tout d’abord, kaf est la onzième lettre. Elle couronne les dix premières. Dans la cabbale, les dix premières lettres de l’alphabet représentent les dix séfirot, les dix émanations, et keter, la couronne, est le signe de ce qui est au-delà des dix lettres.

« Le kaf c’est un autre monde, l’infini.

Josy Eisenberg rappelle ensuite : « Dans la cabale, la couronne, keter, figure souvent le rideau de l’Arche sainte comme emblème de la volonté de Dieu, car ce qui distingue un roi d’un homme ordinaire, c’est précisément le fait qu’il ait une couronne. La couronne représente donc, symboliquement, le pouvoir de Dieu, la royauté. »

Ces deux spécialistes de la tradition hébraïque évoquent ensuite la symbolique attachée aux deux formes de la lettre Kaf. Celle appliquée au Kaf final, va comporter une véritable importance dans le cryptage Atbash du mot HAREL.  Voici les réflexions, présentées par le rabbin Eisenberg, relatives au Kaf final face au Kaf ordinaire ou Kaf courbé :

« J.E. À ce sujet, il y a un commentaire hassidique très pertinent, concernant la différence entre le kaf ordinaire et le kaf final. Le kaf ordinaire, suivant ce commentaire, ressemble à un homme courbé. Il est, en quelque sorte, en prière, dans l’attente et dans la recherche de quelque chose. Alors que la kaf final est complètement droit. »

Pour Josy Eisenberg ce commentaire évoque le peuple juif en exil, « courbé », qui redevient « droit » lorsqu’il retrouve sa terre – Israël.

L’équation kabbalistique révélée par le Atbash du HAREL évoque plus encore l’homme droit retrouvant assurément sa terre d’Israël mais plus précisément l’homme droit retrouvant son Temple.

 

Au commencement est le Nombre

Nous découvrons ici un nom composé. Mais ce nom se présente avant toute chose comme l’association de deux nombres. La partie formée des lettres Samekh et Guimel évoque le nombre 63, que l’hébreu écrit de droite à gauche.

La partie formée des lettres Tav et Kaf, évoque le nombre 420 pareillement écrit en hébreu de droite à gauche.

Le premier nombre, 63 évoque ce que les Kabbalistes nomment le SAG, rapport aux deux lettres – Samekh et Guimel – qui le composent. Le SAG, orthographié tel le nombre 63, apparaît comme l’une des quatre extensions du Tétragramme YHVH, jadis transcrit Jéhovah et plus logiquement de nos jours (bien qu’imprononçable pour le Juifs), Yahvé.

Ces deux lettres dont l’enseignement, hautement spirituel, s’appuie sur l’Arbre de Vie ou Arbre des Séphiroth, annoncent le mot araméen SÉGA ou SAGUI dont la signification est « multiplier », « augmenter », « grand », « nombreux », « considérable », « puissant », « bien des années ». Il signifie aussi « aveugle » et… « Abondance de lumière » ! Cette dernière notion apparait semble-t-il très importante dans la symbolique du HAREL.

La forme SAGUI se retrouve avec l’une des permutations valides mais rares du Samek initial en Sin (variante du Shin de ponctuation différente). Dans le Livre d’Esdras 5-11, elle s’applique spécifiquement à la construction du Second Temple :

« Voici la déclaration qu'ils nous ont faite en réponse: ‘’ Nous sommes les serviteurs du Dieu du ciel et de la terre, et nous reconstruisons la maison qui avait été bâtie, il y a de longues (SAGUI) années de cela ; c'est un grand roi d'Israël qui l'avait bâtie et achevée.’’ » Traduction du Grand Rabbinat.

« … il y a de longues années de cela… » C’est assurément dans cette optique qu’il convient d’interpréter le SAG– ou SAGUI révélé par le Atbash. Nous retrouvons d’ailleurs ce sens dans le SAGUI initial Samekh dans une prière du Rituel juif : « qu’il augmente leurs jours ».

Le nom crypté du HAREL doit-il être compris comme une prière ? Le désir d’augmenter ses jours ? Les jours de Qui… ou de Quoi ?

La seconde partie du nom crypté pourrait répondre à cette question dont la réponse, en fait, serait déjà avancée dans Esdras 5-11. En effet, les lettres Tav et Kaph écrivent le nombre 420 et il apparait suivant la tradition que le Second Temple détruit par Titus en 70 subsista 420 ans. Les quatre lettres obtenues par le cryptage Atbash peuvent ainsi se lire :

« Qu’il augmente ses 420 (années)… »

Il serait ici fait mention du Temple et plus précisément du Troisième Temple, le Temple d’Ézéchiel dont la longévité espérée dans la prière, se doit de dépasser les 420 ans du Second Temple. Détail intéressant ici, la guématrie de 420, retenue dans la Kabbale, est celle du mot Shemesh, « Soleil ». Le temps du Troisième Temple ou temps du Messie apparait comme le temps du Soleil.

 

Samekh – Guimel – Lamed (de droite à gauche)

 

Samekh      Guimel… Lamed–  ou le Trésor royal

Le mot SÉGA (initiale Samekh : le Soutien) : Qu’il augmente, se décline en SAGOL et SÉGOULA ou SÉGOULAH

Dans son livre autoédité « Les Secrets de Salomon » Robert Graffin développe une courte mais intéressante étude autour du mot SAGOL dont voici un aperçu :

« Violet, en hébreu SAGOL, contient dans sa racine une idée de "corps, cadre", de "s’adapter", de "ovale, elliptique", de "spécifique, caractéristique", de "trésor, bien précieux".

Un "peuple de prédilection", ou encore des "hommes exceptionnels" sont dit "ségoula", de même racine. »

L’auteur de la cité de Meaux, évoque ensuite la « race violette » s’appuyant sur un long passage du livre de Jean Parvulesco, « Cergy-Pontoise, 1969-1989 » (éditions Moniteur Images) :

« Cette "race violette"’, qui sert de "corps"’ ou de "cadre" a tout un champ de pensée, qui a su s'adapter pour "traverser" (Yvri) les temps, dont l'art est "ovale" et l'expression est elle aussi tellement elliptique qu'elle a donné naissance à la formule "raisonnement qabalistique" ; dont l'alphabet et la langue sans aucun idiotisme sont tellement "spécifiques et caractéristiques" qu'ils sont devenus "trésor et bien précieux" pour l'humanité terrienne... cette "race violette", donc, n'est-elle pas précisément celle dont nous parlons depuis le début ? »

Le thème lié aux Races Violettes est intéressant mais au final, assez variable suivant les auteurs. Liées aux Chroniques d’Urantia pour les uns, races terrestres pour les autres, vivant dans un passé lointain, voir même dans un futur lointain !!! R. Graffin s’en tient plus justement à son aspect spécifiquement hébraïque qui peut d’ailleurs renfermer son pesant de mystère.

C’est la notion de trésor attachée aux mots SAGOL/SÉGOULA qui semble avec le mot SAGUI, la plus appropriée à l’équation Atbash du HAREL.

Cette notion de trésor apparait tout d’abord dans le Livre de l’Exode 19-5 : « Désormais, si vous êtes dociles à ma voix, si vous gardez mon alliance, vous serez mon trésor entre tous les peuples ! Car la terre est à moi. » (Bible du Rabbinat)

Le Rabbin médiéval Rashi de Champagne, commentait ce trésor bien particulier de la façon suivante :

« Un trésor Un trésor bien-aimé, comme dans : « et le trésor des rois » (Qohèleth 2, 8) constitué par les objets de valeur et les pierres précieuses amassés par les rois. De même serez-vous pour moi un trésor plus cher que les autres peuples. Mais ne dites pas que vous seuls m’appartenez, et que je n’en ai pas d’autres que vous ! Qu’ai-je d’autre qui puisse rendre évident l’amour que je vous porte ? « Car à moi est toute la terre ». Mais à mes yeux et devant moi ils ne comptent pas. »

La Bible annotée de Neuchâtel présente pour le même verset le commentaire suivant :

« Mon peuple particulier. C’est en hébreu la même expression que Tite 2.14 (1Pierre 2.9). Dans une vaste monarchie, il y a toujours un peuple qui tient de plus près au souverain, et qui a une position privilégiée. Telle était, par exemple, la position des Chaldéens par rapport à Nébucadnetsar, comparativement aux autres peuples réunis à son empire. Le mot hébreu signifie proprement l’épargne propre ou la cassette privée du prince (1Chroniques 29.3). »

La Ségoula apparait donc, en tant que synonyme de trésor, comme l’épargne propre ou la cassette privée du prince. L’idée même de bijou ou joyau bien particulier, voire étrange, apparait dans les différents commentaires ou traductions s’y référant. Ce dernier aspect bien spécifique de la Ségoula/Trésor royal se retrouve dans la Ségoula/Sigil ou talisman. La Ségoula retenue également dans le sens de remède, s’applique à une prière ou invocation permettant de retrouver la santé. Cette formule-ségoula comporte généralement le nom rabbinique d’un grand personnage, suivi de sa ville de naissance. Les Hassidim, disciples de Nahman de Braslav, aiment à répéter la Ségoualh de Nahman qu’il convient de chanter en tout temps (Dictionnaire encyclopédique de la Kabbale – Georges Lahy, éditions Lahy). Il n’est pas hasardeux d’imaginer quelques rabbins chantant quelque formule-ségoula destinée au rétablissement du Troisième Temple.

 

Tav – Kaph – Vav – Noun (de droite à gauche)

 

Tav  – Kaph… Vav – Noun– Un Trésor au pied du Trône

Si la première partie du code Atbash du mot HAREL – le nombre 63 – initie la Ségoula/Trésor, la seconde partie – nombre 420 – initie, semble-t-il une autre particularité liée à ce « trésor ». Le mot à découvrir semble être TÉKOUNA. Deux Tékouna, mot féminin, apparaissent dans les dictionnaires. La première évoque un lieu déterminé, établi, préparé. Elle s’applique également à un « trône », symbole de ce qui est ferme, établi, fixé. La seconde évoque la disposition d’un bâtiment, en l’occurrence le Temple d’Ézéchiel (43-11). Elle évoque également en Nahum 2-9 (10 ou 11 suivant les Bibles), ce qui a été préparé, l’or, les œuvres d’art ou bien encore les trésors infinis. Ces trésors suivant le verset du Livre de Nahum, sont emportés sur des Kéli précieux, vaisseaux, vases. Les Kéli précieux, précieux par eux même ou pour leur contenu, peuvent être des vases ou des petites embarcations de jonc mais aussi des ustensiles cultuels.

 

Un édit royal pour de longues années

Le Livre d’Esdras 5-11, ainsi qu’il a été vu plus haut, remémore la création du Temple de Jérusalem, le Premier Temple, « il y a de longues (SAGUI) années de cela ». Cette remémoration fait échos à l’édit royal du roi Cyrus et annonce en fait la construction du Second Temple.

Les versets 13 à 17 de ce chapitre du Livre d’Esdras, s’avèrent très importants pour cette étude :

 « 13 Toutefois, dans la première année de Cyrus, roi de Babylone, le roi Cyrus rendit un édit prescrivant de rebâtir ce temple de Dieu. 14 En outre, les ustensiles de la maison de Dieu, en or et en argent, que Nabuchodonosor avait enlevés du sanctuaire de Jérusalem et transportés dans le sanctuaire de Babylone, le roi Cyrus les fit retirer du sanctuaire de Babylone et remettre au nommé Chêchbaçar, qu'il avait désigné comme gouverneur, 15 en lui disant : "Les ustensiles que voici, prends-les et va les déposer dans le sanctuaire de Jérusalem ; que la maison de Dieu soit rebâtie sur son emplacement." 16 C'est alors que ce Chêchbaçar vint ici ; il posa les fondations de la maison de Dieu à Jérusalem; depuis lors on travaille à la construction et elle n'est pas achevée ! 17 Maintenant si tel est le bon plaisir du roi, qu'on recherche dans le dépôt des archives royales, là-bas, à Babylone, s'il est exact qu'un édit ait été rendu par le roi Cyrus, prescrivant de rebâtir ce temple de Dieu à Jérusalem ; et que le roi nous communique sa volonté dans cette affaire ! » Traduction du Grand Rabbinat.

Le roi Cyrus de Babylone rendit un édit prescrivant de rebâtir ce temple de Dieu. Cet édit royal apparait très important. Il fut remit à Chêchbaçar. Pour les exégètes, ce personnage serait l’oncle de Zorobabel bien qu’il fût longtemps considéré comme Zorobabel lui-même. Zorobabel, le Fils de Babel ou le Natif de Babel, donne son nom au Second Temple, il apparait en fait comme le véritable bâtisseur de la Maison de Dieu.

L’édit royal de Cyrus était conservé, suivant le verset 17, dans le dépôt des archives royales, également traduit Maison des trésors. Dans la Bible annotée de Neufchâtel, nous trouvons le commentaire suivant :

« 17 Maison des trésors, ou des archives (6.1). Le roi avait donc un lieu où il serrait, avec son trésor, les documents écrits, traités, mémoires, édits, à la conservation desquels il tenait le plus. Cette lettre est des plus correctes et peut passer pour un modèle d’impartialité et de rectitude. »

La Maison des Trésors du roi Cyrus se localisait dans la cité de Babylone. Cette localisation est importante.

La figure messianique du roi Cyrus trouve sa place dans la prophétie hermétique et chrétienne ainsi que le révélait en 1871 le Maître Anonyme de Nantes (Pierre Aristide Monnier – l’Alcyon…) dans son livre « CLEF DES ŒUVRES de Saint Jean et de Michel de Nostredame » :

« On reste convaincu que Dieu suscitera bientôt un nouveau Cyrus (Soleil, – Christ, – Sauveur), pour délivrer la France, la papauté et la société du joug de leur oppresseurs, comme il envoya autrefois Cyrus pour délivrer le peuple hébreu du joug des Babyloniens. »

Ce nouveau Cyrus acquiert sous sa plume du Maître Anonyme de Nantes, une couleur propre au XIXe siècle. L’hermétiste Breton intègre ce nouveau Cyrus aux enseignements de saint Augustin présentant la cité de Rome comme la fille de Babylone :

« Rome fondée comme une seconde Babylone, comme la fille de la première dont il plait à Dieu de se servir pour dompter l’univers, et une fois réduite à l’unité de la république et de ses lois, le pacifier jusqu’à ses derniers confins. 

« Comme à l’origine de l’empire des Assyriens dont Babylone fut la capitale, Abraham s’est rencontré à qui furent confiées les promesses évidentes de la bénédiction des peuples en sa postérité (…). (Cité de Dieu., lib. XVIII, cap. XXVII.)

Le Maître Anonyme de Nantes, s’appuie ensuite sur ce qu’il appelle :

« une étude plus sérieuse de l’Évangile, des épitres et de l’Apocalypse de saint Jean, puis à celle des développements prophétiques que Michel de Notredame a donnés sur ces livres sacrés, on découvre sans peine la troisième Babylone fille de Rome païenne, dans la ville de Paris, cette reine du monde où la science, l’industrie, les arts et les lettres ont étés portés à leurs dernières perfections, mais qui a centralisé aussi les vices, les erreurs, les prostitutions et les souillures de l’univers entier. »

Et c’est après l’évocation de cette troisième Babylone – la cité de Paris – que l’érudit Breton évoque la figure du nouveau Cyrus.

L’édit du roi Cyrus est un document crucial pour le peuple de l’exil. Sa présence dans la Maison des trésors à Babylone le confirme. Cet édit est la clé permettant dans un premier temps, l’ouverture d’une porte, la porte du retour, puis dans un second temps, la reconstruction du Temple.

Bien que remis par le roi à Chêchbaçar, prince de l’ancienne maison royale d’Israël, ce fut bien Zorobabel, neveu probable de ce dernier, qui en sera, avec le Grand Prêtre Josué, le véritable dépositaire et exécuteur. Le Temple peut renaître.

Zorobabel et Josué sont les deux fils de l’huile, les deux oliviers placés à droite et à gauche du chandelier à sept branches dans la vision de Zacharie (Livre de Zacharie : 4-11 à 14). Ils se tiennent près du Seigneur de toute la terre.

Les deux oliviers réapparaissent dans le Livre de l’Apocalypse de Jean (11-3 et 4) sous les traits d’Énoch et d’Élie, suivant la tradition rapportée par Raoul Auclair (La Prophétie des Papes – Nouvelles Éditions Latines).

Dans l’Apocalypse de Jean (2-5), le Verbe dans la Lettre d’Éphèse, affirme : « Je vais venir à toi pour changer ton candélabre de son rang… »

Raoul Auclair (Histoire et Prophétie – Nouvelles Éditions Latines) écrit : « Le candélabre sacré était dans le Temple ; mais parce qu’Israël n’a pas su reconnaître celui que ses prophètes annonçaient, le Temple a été brûlé, le peuple massacré, la synagogue rejetée et la capitale religieuse transférée à Antioche, puis à Rome. »

Dans la première partie de cet article : « Vol d’Aralez au-dessus des Autels brûlants de la Réjouissance », est figurée la Ménorah ou chandelier à sept branches (détail d’un vitrail de l’église de Véranne). Cette représentation annonçait déjà l’importance dans cette étude de ce grand symbole de la tradition judaïque, aujourd’hui symbole du Parlement Israélien (la Knesset) :

 

La Ménorah

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fc/Menora_vor_der_Knesset.jpg

 

Cette Ménorah, œuvre du sculpteur Allemand Benno Elkan, apparait comme l’arbre généalogique du peuple d’Israël.

Le vitrail au sommet duquel est représentée la Ménorah fut étudié par Patrick Berlier dans l’article « UN BIEN CURIEUX VITRAIL À VÉRANNE » mis en ligne sur ce même site en mai 2008. Sollicité par Patrick, je participais à l’étude de ce vitrail représentant l’échange de l’anneau nuptial de Joseph et Marie :  

La particularité du vitrail – mais est-ce la seule… ? – où figurent également les Tables de la Loi, m’apparut dans la représentation du pectoral du Grand Prêtre :

 

Vitrail de Véranne - Détail du pectoral du grand prêtre

 

La rangée verticale centrale du pectoral, représente quatre pierres précieuses disposées en losange. Cette particularité me semblait démontrer, la volonté, peut-être conjuguée, ou pas, du verrier Mauvernay et/ou du concepteur du vitrail, visant à faire passer un message que je tentais de décrypter.

 

Schéma du pectoral


Pour plus de compréhension en caractères latins

 

Sur les douze pierres, apparaissent de droite à gauche dans une écriture hébraïque, le nom des douze fils de Jacob. Au-dessous de ces noms apparaissent dans un premier temps le nom hébreu des trois patriarches : Abraham, Isaac et Jacob, puis la mention ShéBéti Yeshourou : « Tribus de Yeshouroun ». Yeshouroun était un nom attribué au peuple d’Israël dans divers textes poétiques.

 

Les Anciens de Saint-Sabin ou la Lumière du Soleil

Tel était le titre que je donnais dans l’étude faite à la demande de Patrick, au décryptage de la rangée centrale verticale composée de pierres losangées. J’utilisais dans un premier temps l’initiale des quatre fils de Jacob figurant sur cette colonne, en les associant à la lettre ou aux lettres figurant au dessous de chacun de ces quatre noms. Ainsi, pour la première case nous prenons le Shin qui est l’initiale de Shiméon, et le B ou lettre Beth placée au-dessous du nom du fils de Jacob. Et ainsi de suite : le Yod initiale d’Issakar, le Ts qui est un Tsadé - le Noun initiale de Neftali, le oV qui est une autre manière d’écrire le Beth, selon sa prononciation - le Yod initiale de Joseph et le OUN qui est formé d’un Vav et d’un Noun. Nous obtenons donc la suite de lettres hébraïques suivantes :

 

Shin – Beth – Yod – Tsadé – Noun – Beth – Yod – Vav – Noun (de droite à gauche)

 

Les trois premières lettres dévoilent le mot SABEÏ dont la traduction est : les « Anciens ». Ce mot apparait dans le Livre d’Esdras au chapitre 5 ou figure précisément le mot SAGUI évoquant les longues années du Temple… En 520 av. J.-C., les travaux de reconstruction du Temple ordonnés par Cyrus, sont menacés par le gouverneur perse Tatnaï, pacha de la région. Il interroge les Sabeï ou Anciens : « Qui vous a donc donné l’autorisation de bâtir cette maison et d’achever ce rempart ? L’œil de leur Elohîm (Dieu) est sur les anciens les Iehoudim (Juifs) ». – versets 4 et 5, traduction André Chouraqui. La réponse des Sabeï apparait en 5-11 : « Nous sommes les serviteurs de l’Elohîm des ciels et de la terre, et nous rebâtissons la maison qui été bâtie voici de nombreuses (Sagui) années. Un grand roi d’Israël l’avait bâtie et achevée. »

Il convient de remarquer que le mot Sabeï « Anciens » apparait intimement lié au mot Sagui s’appliquant aux nombreuses années du Temple. Ceci, rappelons-le, nous a été curieusement, révélé en partant du Atbash du mot HAREL !

Le mot araméen SABEÏ a pour racine l’hébreu SOUV ou SIV : « avoir les cheveux blancs… lumineux », symbole de Sagesse.  Cette luminosité se retrouve dans l’hébreu SHABIV (araméen Shabiba) : « flamme, étincelle », et dans l’hébreu SHEBISSIM désignant une coiffe à réseaux, un serre-tête, bijou porté par les femmes autour du cou (Isaïe 3-18). Dans mon décryptage, j’ajoutais : « Comment ne penser ici au mot ANAQ : ‘’ collier ‘’, qui donna le nom ANAQUIM… les fils d’Anaq d’origine céleste qui portaient un collier solaire et faisaient des trous dans le ciel ! »

Or, si nous regardons de plus près le vitrail de Véranne et tout particulièrement le sommet de la tête du Grand Prêtre, ne retrouvons-nous pas toute cette symbolique sémantique s’appliquant au SABEÏ d’Israël aux cheveux lumineux comme la flamme ! Cette particularité sera étudiée dans un prochain article.  

Mais poursuivons à présent notre décryptage. Nous trouvons ensuite les lettres Tsadé et Noun écrivant le mot TSIN ou Çin (suivant les transcriptions), et signifiant « sainteté », « saint » ou « sanctuaire ».

La racine bilitère Tsad/Noun évoque un « havre de sécurité » mais aussi un bouclier, terme désignant dans certains cas un char céleste…

SABEÏ TSIN par association d’idée, peut s’entendre : SAINT-SABIN… ! Voir le « Havre de sécurité de Saint-Sabin »…

Les quatre lettres restantes Beth, Yod, Vav, Noun, écrivent le mot BÉÏAVEN : « dans le limon », « dans la boue ». Prononcé béiavan, ce mot évoque la Grèce et ses Grecs qui suivant Jean du Choul ne furent pas étranger au Mont Pilat.

Cette rangée de pierres précieuses losangées du pectoral du Grand Prêtre évoquerait de façon cryptée : « Saint-Sabin, un havre de sécurité où les Anciens Sages gardent la flamme cachée dans le limon ».

 

Oui, observons bien le sommet de la tête du Grand Prêtre dans le vitrail de Véranne….

 

Vitrail de Véranne – détail tête du Grand Prêtre

 

… et voici, semble-t-il qu’apparait une nouvelle particularité du vitrail ; particularité sur laquelle il conviendra de revenir dans un prochain article.

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