LA BALADE DES REGARDS DU PILAT

AVRIL 2006 / QUATRIEME ÉTAPE

LA GROTTE DE LA SARRASINIÈRE
ET AUTRE CURIOSITÉS DU GRAND BOIS


Par PATRICK BERLIER
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   On trouve dans le Grand Bois des noms de lieux parfois étranges, en apparence du moins. Par exemple sur le « chemin des sources » apparaît cette pancarte :
ICI LA PORTE DE FER
   Inutile d’imaginer une sombre histoire de cachot où le Masque de Fer aurait été enfermé, cette porte n’est qu’un « épanchoir », terme un peu barbare pour désigner le canal évacuant le trop-plein des eaux de l’aqueduc des sources, qui alimentait les fontaines de la ville de Saint-Étienne. Notre chronique « les eaux du Pilat » y consacre un article détaillé. Ce canal est fermé par une porte, ou plutôt une grille. Question posée au cours d’une balade par un touriste naïf ou facétieux : « Dites, Monsieur, elle est en quoi, la porte de fer ? ». À votre avis ? La « maison des gardes » est aussi un souvenir de cet aqueduc, et de l’époque où ses gardiens vivaient en permanence dans les bois.
   D’autres noms étonnent les promeneurs, tel « le pont de bois » dont la pancarte est placée à un endroit… où il n’y a pas de pont, ni en bois ni en fer ! Le pont existait pourtant, autrefois, il servait à enjamber un chemin creux et était utilisé par les bûcherons. Sur les cartes anciennes on voit aussi apparaître « le chemin du foin », curieux, au milieu des bois ! Mais justement ces bois n’ont pas toujours été là, il y avait jadis de nombreux pâturages, donc du foin à couper et à engranger, en le transportant par le chemin du même nom. « La source du moine » a disparu, du terrain et des cartes, elle rappelait que ce Grand Bois fut jadis la propriété des Chartreux de Sainte-Croix-en-Jarez, qui possédaient à proximité la maison de Prarouet, d’où ils pouvaient surveiller leur domaine sylvicole et agricole.


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   Il y a dans le Grand Bois un site peu connu : la Sarrasinière. Dans l’esprit des croyances populaires, n’importe quel trou dans le sol ou dans un rocher était une grotte « des Sarrasins », ou « des fées », lesquelles étaient, c’est bien connu, les épouses des premiers ! Depuis le parking du Tremplin près du Bessat, il faut suivre le chemin en montée qui s’enfonce dans les bois. 500 m plus haut, au carrefour, continuer tout droit par le chemin large et bien tracé, à peu près plat. Encore 300 m et un deuxième carrefour se présente. Il faut descendre par le sentier, à droite, et peu après apparaît à gauche un amas rocheux, à une trentaine de mètres du sentier.

   C’est une petite falaise, un simple escarpement. À sa base se découpe une ouverture rectangulaire haute de moins d’un mètre, celle d’un boyau qui semble s’enfoncer dans le sol. C’est à peine si un enfant ou une personne de petite taille peut y entrer, mais un bâton engagé entre deux pierres, au fond de ce trou, disparaît entièrement. La grotte fut découverte dans les années 40 par Monsieur Bargeton, instituteur au Bessat. L’un de ses élèves réussit à pénétrer dans la grotte. Il s’y engagea sur une longueur de quatre ou cinq mètres. Cette cavité serait en fait le débouché de l’un des souterrains du château du Toil. M. Bargeton avait peint une inscription, en noir sur fond blanc, à l’entrée de la grotte :

La SARRASINIERE
Souterrain  XVe siècle.
   Le château du Toil est à moins de trois kilomètres de là, à vol d’oiseau, plein nord, mais à une altitude inférieure : 130 m de dénivelé. Le boyau devait passer sous le Bessat et descendre vers le château. Les anciens se souviennent encore qu’étant enfants ils allaient au Toil pour s’amuser dans ses souterrains. Tout cela reste évidemment à démontrer. Peut-être la Sarrasinière n’était-elle qu’un simple souterrain-abri creusé à une époque indéterminée ?
   M. Bargeton fut le pionnier de la randonnée pédestre dans le Pilat, on lui doit les premiers topoguides et les premiers balisages, mais il fut aussi un infatigable dénicheur de curiosités. Par exemple, il découvrit près du bachat de Lescure un arbre merveilleux. Sur son tronc élancé, la nature avait dessiné, par la fantaisie des lichens qui s’y étaient accrochés, le visage du Christ, semblable à celui du Suaire de Turin ! Cette image n’a eu qu’une vie éphémère, seuls les yeux étaient encore visibles il y a quelques années.
EN AOUT 2006

PROCHAINE ETAPE : LA PYRAMIDE DU BESSAT,
LA CROIX DE CHAUBOURET ET LA CROIX DES FOSSES.

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