Les
Châteaux de Pélussin
|
Présenté
par
Thierry Rollat |
Juin
2023 |
De
nos jours le seul château de Virieu, une propriété
privée, qui semble laissée à
l’abandon, se présente comme le dernier vestige d’une riche
Histoire de
châteaux sur la commune de Pélussin. Tout
un chacun peut observer ce château qui
mériterait une sérieuse rénovation ; il ne
manque pas de projets pour
l’occuper utilement et notamment au service de la collectivité.
Vue générale sur
le château de Virieu de Pélussin
Le
nom « Virieu » proviendrait de
Virius, qui était un personnage romain qui aurait occupé
en son temps ces lieux.
Cette famille a laissé une trace de son passage sur une
inscription aujourd’hui
disparue à l’Abbaye Saint-Pierre de Vienne. Il
est fort probable qu’une maison romaine
puisse avoir pris place ici même à Virieu. Les Romains
s’installaient là où il
y avait de l’eau en abondance et c’était le cas à Virieu.
La position est
dominante en plus. On
ne sait rien de cette époque romaine, pas
plus que de ce qui prenait place ici même au Haut
Moyen-Âge. On peut
raisonnablement envisager que ces lieux furent constamment
occupés. Le
château que l’on peut observer aujourd’hui à
Virieu fut construit au 16ème siècle, bien
qu’une rénovation de ce dernier fût réalisée
vers
les années 1890. Le
château du 16ème siècle aurait eu 4
tours pourtant il n'y en avait plus que deux en 1780 (voir plan). Ces
deux tours en fin du 19ème
siècle
seront retouchées avec ce style néo roman. Au
16ème siècle il ne fut pas
décidé
de fortifier ce château. Il a donc été construit en
style renaissance. Il en
était bien autrement au Moyen-Âge car hautement
fortifié, il était réputé
imprenable. Il
possédait alors un puissant donjon, un fossé
à l’ouest et un mur d’enceinte conséquent se refermant
sur un bourg fermé. On
peut toujours observer l’emplacement de la porte ogivale de cette
époque, tout
près de la Halle.
L’histoire
de ce château se perd dans les
méandres du 11ème siècle. Au 12ème
siècle il est une des
possessions des comtes de Forez qu’ils vont remettre au Lavieu lorsque
ceux-ci
s’installent dans le Jarez et alentours. Ce
sont les Jarez, cousins des Lavieu et même
sans doute branche ainée qui a pris le nom de Jarez, qui vont
succéder à ces
mêmes Lavieu ici même à Virieu. En
1173 Virieu dépend officiellement du Comté
du lyonnais et c’est une dépendance des Seigneurs de
Saint-Chamond, en
l’occurrence les Jarez. La
construction de la chapelle Saint-Georges en
1300, sans doute en lieu et place d’une plus ancienne d’un autre
vocable, n’est
pas anecdotique. Jacques
de Jarez, le Seigneur régnant, la fit
construire sur le modèle identique à celle d’Argental,
d’où venait sa bien-aimée,
Béatrix de Pagan.
La chapelle Saint-Georges du château de Virieu Ce
couple n’a officiellement pas eu d’enfants
et ce point important a précipité la fin de ce nom de
Jarez puisque les deux
frères de Jacques qui vont lui succéder ne vont
même pas se marier. Jacques
et Béatrix résidaient à Saint-Chamond
et Virieu n’était qu’un château parmi d’autres de ce
couple puissant. Notons
aussi que Jacques était le neveu de Guillaume de
Roussillon ; sa mère
étant la sœur de Guillaume. Je
me suis, de longue date, interrogé sur cette
fin précipitée des Jarez. Maintenant est-ce qu’il faut
retenir qu’ils n’ont
réellement pas eu de descendance. Je ne répondrai pas oui
et donc dans ce
cas-là elle serait officieuse ou clandestine comme vous le
voulez ; un
changement de nom n’étant pas à exclure. Lorsque
nous aborderons le second ou même
troisième château de Pélussin, nous reviendrons un
peu sur ce point intrigant. Les
Jarez qui auraient contracté des dettes
importantes vont d’abord se séparer de l’un de leur
château de Chavanay puis
viendra le tour de celui de Virieu. En
1307, les Dauphin du Viennois vont acheter
Virieu aux Jarez, en leur laissant l’usufruit jusqu’à la mort de
Jacques. Ces
mêmes dauphins de Vienne ne vont pas le
conserver bien longtemps puisque dès 1336 ils le revendirent
à Renaud de Forez
le Baron de Malleval. Cette
baronnie de Malleval était unique en
France car elle était le résultat d’un petit
découpage du comté de Forez dont
le siège était à Montbrison. A Malleval il y
était surtout rendu justice ;
oui, le baron avait ce pouvoir-là.
La dite commanderie de Malleval,
là où était rendue la justice Malleval,
à cette époque était une place forte
très importante, beaucoup plus puissante que Virieu dont
dépendait ce dernier
château, au même titre que ceux de Chavanay. Il
faudra attendre les Guerres de Religion pour
voir Virieu reprendre de l’importance. La Famille de Fay, protestante
au départ
va incendier Malleval en 1574. Devenus
catholiques en suivant systématiquement
les positions d’Henri IV, et ayant conquis la baronnie de Malleval, ils
vont
finalement s’installer à Virieu qu’ils firent remettre
provisoirement en état
de défense sous l’impulsion de Jean de Fay. Le
fils de Jean de Fay, François, ne laissera
lui à sa mort que des enfants en bas âge et avec eux, bien
trop jeunes, viendra
la fin du rôle militaire de Virieu. Nous sommes à peine au
milieu du 17ème
siècle alors. Puis
les de Fay vont délaisser Virieu au profit
de leur Château de Chavanay. C’est d’ailleurs là-bas que
François de Fay est
mort. L’Histoire
retient que ce sont les de Fay lors
de leurs campagnes d’Italie au 16ème siècle
qui vont ramener avec
eux les premiers futurs mouliniers de soie du Pilat. Le
fief de Virieu, autour de son château verra
donc de nombreux mouliniers s’installer. C’est aussi là la base
d’une future
division du futur village de Pélussin. Effectivement
de nombreux immigrés italiens
vont réussir dans leurs différentes entreprises et
certains vont même faire
fortune et susciter quelques jalousies tels que les Benaÿ.
En souvenir de cette Famille italienne
arrivée au 16ème siècle et qui a lancé
l'industrie textile dans le Pilat
En
1787, un édit découpe les circonscriptions
électorales. Virieu au dépend de Pélussin devient
centre d’un arrondissement.
Pourtant à la Révolution avec la création des
cantons, ce sera Pélussin qui
sera choisi comme chef-lieu de canton. A
ces époques, il faut bien comprendre qu’il
existe deux entités séparées, à savoir
Virieu et le bourg de Pélussin situé
dans ce dernier cas autour du quartier Notre Dame ; le quartier
des Croix
actuel est un lieu de prairies. Notons
aussi qu’en termes de paroisse Virieu avait été
rattaché à Pélussin dès 1375. Nous
avions laissé François de Fay avec des
enfants en bas âge à Chavanay. Son jeune fils Gabriel
finira par épouser une
demoiselle de l’Estang qui ne lui donnera point d’enfants. A
la mort de Gabriel, Dame Marguerite de
l’Estang devient baronne de Malleval. A ce titre, elle rend hommage au
roi de
France. Prise dans des tourments judiciaires,
elle
préfère faire hériter rapidement son neveu Claude
de L’Estang. Nous
pouvons toujours observer de nos jours à
la Chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, deux cellules financées
ou plutôt
rénovées par les soins respectifs de Marguerite et de
Claude de L’Estang.
Blason au dessus de l'une des deux
cellules à Sainte-Croix choyée par les de l'Estang
Beaucoup
de conflits sont à noter entre Claude
de L’Estang et des tiers revendiquant des droits plus ou moins
justifiés dans
les environs directs du château de Virieu. Différents
accords sont passés, entremêlés de
procès intentés par des fermiers du domaine royal. Claude
de L’Estang aura gain
de cause en 1695 par un arrêt du roi de France. A
son décès survenu en 1701 c’est Joseph
François de Grolée, comte de Viriville qui devient
l’héritier en titre. Il est
alors baron de Malleval et Seigneur de Virieu. Joseph
François de Grolée meurt très vite et en
1705, il laisse deux enfants de 11 et 12 ans. Le garçon, Claude
François va
mourir à son tour en 1714 à l’âge de 20 ans. Virieu,
au gré de ces évènements tragiques va
revenir alors à la Famille Olivier de Sénozan, toujours
par héritage.
Effectivement, la sœur de Claude François avait
épousé en 1711, François Olivier
de Sénozan. Ce
sont 4 générations d’Olivier de Sénozan qui
vont se succéder de 1714 à 1794 ; François,
Jean Antoine, Jean-François et
enfin Madeleine Henriette Sabine. A
la Révolution, les biens de Madeleine
Henriette Sabine vont être saisis puis rendus à la Famille
en 1798. Entre
temps, en 1794 Sabine est arrêtée comme aristocrate et
noble. Elle mourra sur
l’échafaud. Le
mari de cette dernière va lui survivre et
prendra le titre de duc de Talleyrand. Il sera l’héritier du
vieux château de
Virieu avant que ce dernier ne passe aux mains de sa fille
Françoise Xavier
Mélanie Honorine de Talleyrand Périgord. Elle
a 16 ans lorsqu’elle épouse le comte Just
de Noailles qui sera son tuteur. La Famille de Sénozan
était endettée et pour
éponger ses dettes le comte de Noailles a vendu la baronnie de
Malleval dont le
château de Virieu.
Autre vue sur le château de Virieu
Les
acheteurs sont des négociants lyonnais,
Etienne Marlier et Henry Rousselon. Ils n’ont pas eu pour but de garder
les
nombreux biens acquis avec cette opération dont aussi Malleval,
Chavanay,
Pélussin, Bœuf… Ces domaines seigneuriaux furent vendus par
parcelles au plus
offrant. Nous sommes en 1812-1813. C’est
à cette date qu’apparaissent les Jullien
comme propriétaire du château de Virieu. Ils le sont
toujours aujourd’hui bien
qu’entre- temps leur nom est devenu Jullien de Pommerol. C’est
Roch Jullien qui va acquérir le château
de Virieu en l’achetant aux enchères proposées par les
négociants lyonnais
évoqués il y a deux paragraphes. La
Famille Jullien et Pélussin sont à la source
d’une longue histoire. On dit que Roch Jullien fut le premier maire de
Pélussin. Son fils Alexandre du Colombier sera également
maire de Pélussin et
là sur deux longues périodes, de 1815 à 1830 et de
1830 à 1848. Jullien
du Colombier fut également conseiller général.
Il est à l’origine de la construction de l’église des
Croix. C’est son neveu,
Benoit, qui lui succède à Virieu, même s’il passe
sa vie entre Pélussin et
Lyon. En
1865 sera construite la magnifique maison
bourgeoise des Jullien que l’on apparente encore de nos jours à
un château, à
ne pas confondre bien entendu avec le château de Virieu dont
Benoit était
évidemment propriétaire.
La maison bourgeoise des Jullien
construite en 1865
C’est
à partir du fils de Benoit, un nouvel
Alexandre, que la particule de Pommerol sera ajoutée au nom de
Jullien. Alexandre
Jullien de Pommerol sera maire de Pélussin de 1852 à 1870
et à nouveau de 1871
à 1875 car entre temps révoqué par le
préfet. Le
château de Virieu, en ces époques, continue
donc d’être la propriété des Jullien de Pommerol.
Gabriel succède à son père
Alexandre, puis ce sera le tour de François puis d’un nouveau
Gabriel. Pélussin
ne devient plus qu’un pied à terre
avec principalement la maison bourgeoise évoquée un peu
avant. Le château de
Virieu est délaissé malgré la rénovation en
1890 des deux tours que nous
connaissons aujourd’hui. Gabriel
va confier la propriété de Pélussin à
son fils Roger en 1967. Roger est aujourd’hui
décédé et c’est une société
immobilière propriété de la Famille Jullien qui
gère les intérêts notamment
pélussinois. Je
viens de m’efforcer de remonter le temps
avec cette longue histoire du château de Virieu et je
déplore à nouveau dans le
texte qu’un si beau patrimoine ne puisse pas profiter à la
collectivité d’une
manière ou d’une autre car il est en état d’abandon
depuis des lustres. Si
on ne cherche pas à fouiller plus avant
l’histoire de Pélussin, on pourrait imaginer que Virieu fut le
seul château
ayant jamais existé dans cette jolie petite ville, or il en est
bien autrement. Si
on admet qu’il y eu de longue date une
occupation du site de Virieu, il en fut jadis de même au quartier
Notre-Dame. Aucune
trace ne laisse présager qu’un château puisse avoir pris
place en ce dernier
lieu cité. Pourtant
un château primitif, peut-être
apparenté à une maison forte, a bien pris place autour de
l’an mil dans les
environs directs de l’église actuelle de Notre Dame.
L'église Notre Dame aujourd'hui
L’histoire
religieuse de Pélussin commence en
ce secteur. On peut retenir qu’un prieuré dépendant de
Saint-André le Bas à
Vienne fut érigé ici même à partir du 6ème
siècle. Quelques
religieux accompagnés d’un prieur vivaient
en ces lieux. Ce prieuré se situait dans la rue dite du cloitre,
derrière la
boulangerie actuelle. On
peut envisager qu’en lieu et place de
l’église, toujours au 6ème siècle,
prenait place une chapelle avec
en ces sous-sols la crypte Notre Dame soubs Terre que nous connaissons
encore
en 2022. L’abbé
Batia, dans ses précieux écrits laissés
à la postérité en 1923, n’hésite pas
à retenir qu’il y avait déjà un site
religieux à l’emplacement de Notre Dame soubs Terre en l’an 177. De
toutes les manières, on peut affirmer que
cette crypte est la plus vieille construction chrétienne de tout
le Pilat. A
une date inconnue une première église apparut
forcément et au 11ème
siècle, une église flambant neuve fut construite. Cette
église du 11ème siècle sera
rasée à la fin du 19ème siècle
pour laisser place à celle que nous
connaissons aujourd’hui. Notons que la crypte Notre Dame soubs Terre
fut
conservée lors de l’érection de la nouvelle église.
Pour
revenir au prieuré il faut savoir qu’ils
étaient forts nombreux en ces époques ; 1500
dépendaient de Saint André le
Bas. Pour les protéger des pillards, les monastères font
fortifier leurs
prieurés. On
sait qu’une galerie souterraine permettait
aux religieux d’aller prier en bonne sécurité de leur
prieuré jusqu’à la crypte
Notre Dame soubs Terre située à moins de 100
mètres. On
ne sait pas en revanche à quelle date exacte
ce prieuré fut transformé en paroisse mais il
l’était de manière certaine en
l’an 1030 puisqu’à cette date on retrouve dans les textes la
paroisse de
Pulcin. C’est
dans cet environnement historique là
qu’il faut envisager l’apparition de ce premier château, que nous
retenons
plutôt comme une maison forte. Le
commun des mortels n’a pas conscience
aujourd’hui de cette réalité fort ancienne pourtant la
courageuse mémoire
collective de vieilles familles porte encore la trace de ce
château primitif. Ce
château primitif avait vocation à protéger
ces sites religieux et par là même sans doute aussi les
rares habitants du
futur quartier Notre Dame. Il
est légitime de se demander où prenait place
cette maison forte. La mémoire collective précise que
c’est dans la rue
actuelle de la Ranconie qu’il faut rechercher cet emplacement ancestral. Un
puit magistral qui a traversé de très
nombreux siècles pourrait bien être comme le souligne
Noël Oriol une mémoire du
pays, le puits de cette première maison forte du futur village
de Pélussin. L’abbé
Batia évoque des Chevaliers de Pélucin qui
auraient eu leur fief en ces lieux de cette maison forte primitive.
L’histoire,
là devient plus précise, puisque ces Chevaliers de
Pélucin auraient abandonné
ce petit château primitif aux alentours de 1307. Cette
date de 1307 sera notre transition puisqu’elle
nous entraine directement vers l’histoire du 3ème
château de
Pélussin. Les Chevaliers de Pélucin écrit un temps
Pulcin ou encore Polcin,
vont intégrer le futur site de La Valette. Aujourd’hui
quand on s’intéresse à l’histoire
de Pélussin, on apprend très vite qu’un château fut
démantelé à la Révolution
française dans le hameau toujours actuel de La Valette. La
Valette présente une grande histoire qui
commence dans l’obscurité de réalités
oubliées et gommées par le temps qui
passe et efface. Sans le travail de l’abbé Batia beaucoup de
pans de cette
histoire auraient disparu. Lorsque
les Chevaliers de Pélucin intègrent le
site de La Valette celui-ci se nomme La Grange-lez-Pélucin. Nous
sommes en 1307
et on ne sait que bien peu de choses de cette époque. Qui
étaient ces Chevaliers de Pélucin ? La
question reste posée. Ces seigneurs ont pris le nom du petit
bourg qu’ils
avaient en garde sur le quartier Notre Dame mais qui étaient-ils
vraiment, nous
ne pouvons y répondre. En
première intention, l’abbé Batia les voit
plutôt comme des non affiliés aux seigneurs de Jarez qui
règnent entre autres
sur Virieu. Etaient-ils concurrents ou au contraire étaient-ils
alliés voire parents ?
Nous ne pouvons répondre par une quelconque affirmative. Il
existe à La Valette de nos jours quelques
rares vestiges de ces époques révolues mais il reste
difficile de les dater
avec exactitude. L’histoire de La Valette s’étend au moins
jusqu’à La
Révolution française. Lorsque
l’on se rend sur le site du vieux
château disparu, dans la montée goudronnée qui nous
y conduit, nous pouvons
observer sur la droite, une croix en granit aussi intéressante
que curieuse.
La croix énigmatique de La Valette
Dans
le livre du patrimoine publié par
l’association Visages de notre Pilat en 2004, Michel Lhortolat
n’hésite pas à
écrire que cette croix s’avère la plus étrange de
la région ; je partage
son point de vue. Elle
possède au dos, deux symboles non
chrétiens à proprement parler à savoir la lune et
le soleil. Le plus
intéressant se trouve sans doute sur sa face avec au centre une
belle croix
pattée en mouvement. Il
est tentant de lorgner du côté des Templiers
car de vieilles rumeurs évoquent la présence
templière ici même à La Valette.
Outre la mémoire collective qui porte ces vieilles rumeurs,
Patrick Berlier a
aussi argumenté dans ce sens. En
2002, Patrick a publié un ouvrage
« Avec les pèlerins de Compostelle ».
Lorsqu’il mentionne le site de
La Valette, il s’étend quelque peu sur des croyances populaires
qui parlent
carrément de rassemblements secrets de Templiers ici même
en ces lieux. Claude
Bonnard et Louis Ericher, tous deux
décédés évoquaient également la
trace de l’ombre du Temple ici même. On peut
d’ailleurs se demander si cette date de 1307 qui correspond aussi
à la date
d’arrestation des Templiers sur le sol de France reste ici le fruit du
hasard. Il
n’est pas possible de dater cette croix mais
elle nous arrive d’une époque fort reculée, cela on ne
peut en douter. Est-ce
qu’elle est la dernière signature nous rappelant la
présence ancestrale des
moines soldats ici même ? Nous
ne
franchirons pas le pas en répondant par la négative. La
maison forte de Grange-lez-Pélucin n’était
pas apparemment au départ un château. Ce site le deviendra
au fil du temps. Avant
d’en arriver aux différents propriétaires successifs,
attardons nous sur une
autre construction toujours en place et qui génère des
questionnements.
Une des sorties, bouchée, de la
galerie souterraine de La Valette
A
environ 100 mètres de l’emplacement du château
prend place une construction titanesque dont on n’arrive pas clairement
à
définir la raison d’être. Certains
parlent de caves, d’autres d’un
souterrain, d’autres encore d’un site jadis religieux. Il n’est pas
à exclure
que ce soit encore une autre utilisation alors inconnue qu’il faille
retenir. Cette
construction a traversé les siècles mais
combien ? Elle possède des ouvertures, des fenêtrons
ouverts plein sud.
Ceci empêche de retenir que ce soit une cave traditionnelle car
le soleil brûlant,
en période estivale, l’aurait réchauffée. Un
souterrain, même si cette construction est
en partie enterrée, qui à
priori ne
mènerait nulle part, n’a pas à première vue un
réel intérêt. Maintenant, il est
vrai que ces voutes majestueuses qui la composent sur toute sa longueur
pourraient
rappeler une grande chapelle, mais ceci reste tout de même
difficile à retenir. Nous
ne détenons aucune réelle certitude sur la
raison d’être de cette construction longue de près de 60
mètres sur 10 m de
large pour plus de 4 m de hauteur. En revanche, il y avait eu
forcément une
bonne raison pour se lancer dans une telle construction en parfait
état de
conservation encore aujourd’hui. Pour
être exhaustif sur les vestiges extérieurs
au château encore debout ou presque, signalons les murs
d’enceinte sur
plusieurs kilomètres de ce qui était une réserve
de chasse importante. Ces
murs très hauts, sont à mes yeux les plus
beaux de la commune de Pélussin. Des pierres de 300 kilos au
moins se
retrouvent en hauteur et on ne peut être qu’admiratif face
à ces constructions
d’un autre temps. Si
l’on se rend sur place aujourd’hui pour
comprendre le château de La Valette à proprement parler,
eh bien sans
explication cela devient impossible. Plusieurs
cartes postales anciennes du début du
20ème siècle commencent à
définir un pourtour. Ce pourtour est
toutefois clairement tracé par le cadastre napoléonien.
On
retient qu’à La Révolution le château de La
Valette fut entièrement démantelé. Ceci reste bien
erroné car une habitation
actuelle constitue encore en réalité une partie intacte
de ce château oublié. On
peut même écrire avec exactitude que les
caves du château disparu sont encore visibles. Elles sont
magnifiques sur leurs
plafonds voutés même si le niveau du sol a
été sérieusement remonté par de multiples
inondations qui ont drainé de la terre en quantité. Au
commencement de l’histoire connue ou
partiellement connue avec La Grange-lez-Pélucin, on connait les
premières
familles ayant occupé les lieux. Ceci n’indique nullement que
c’étaient les
toutes premières. Il
n’est pas rare de voir dans les livres que
le site puisse avoir été occupé avant et de
très longue date. Il était sur le
chemin de Compostelle né au 12ème
siècle et peut-être même une halte
étape de celui-ci. La
Valette était juridiquement un arrière fief
de Malleval et non de Virieu par exemple. Il y avait en plus de La
Valette deux
autres arrières fiefs avec notamment la seigneurie de
Lupé et son château.
On
retrouve dans les textes anciens quelques
traces des seigneurs de Pélucin avec des mariages ou des
traités et ce, dès
1200. A La Valette, lorsqu’ils y furent possessionnés
définitivement en ayant
abandonné leurs positions au Bourg de Pélussin (quartier
Notre Dame), ce nom va
vite disparaitre. Par
mariage, ce sont des Clavel qui vont leur
succéder. Les de Pélucin et les Clavel restent les
premiers seigneurs connus du
site à l’époque de La Grange-lez-Pélucin. Il
faudra attendre l’arrivée d’un nouveau nom,
toujours par mariage d’une demoiselle avec un autre patronyme masculin
pour voir
un changement de nom et ce sont les Rochefort dit de La Valette qui
vont
arriver. C’est
à partir de cette arrivée des Rochefort
et au cours du 15ème siècle que
Grange-lez-Pélucin va céder son nom
au profit de celui de La Valette. De nombreux seigneurs Rochefort de La
Valette
vont se succéder jusqu’en 1617. A
cette date, c’est le nouveau mariage d’une
demoiselle, ici en l’occurrence d’une Rochefort de La Valette qui va
amener un
nouveau patronyme celui de Fontanès de Cheme. Ces derniers vont
régner ici même
jusqu’en 1759 au travers de multiples seigneurs de ce nom-là. A
propos des Fontanès l’abbé Batia s’interroge
à propos de leur blason qui rappelle à s’y
méprendre celui des Jarez, Jarez dont
le nom a disparu quelques trois siècles plus tôt. C’est
là un questionnement
intéressant car je l’ai signalé dans ce travail, les
Jarez ont officiellement
disparu par les mâles de manière bien surprenante. Les
Fontanès vont laisser la place par le nom
au Pradier d’Agrain en 1759 mais cette fois en ne laissant pas
d’héritier
direct en l’occurrence pas d’enfants. Les
Pradier d’Agrain, des cousins éloignés des
Fontanès, vont avoir le triste privilège de
clôturer la longue histoire des seigneurs
de La Valette, une fin précipitée par la
Révolution française. Le
seigneur qui régnait à cette date de 1789
sera en fuite et échappera à la mort. Ces biens en
revanche seront confisqués
et vendus aux enchères. Le
château de La Valette qui était surnommé le
Fontainebleau du Forez, ne trouvera pas preneur et ce sont des
maçons de Véranne
et Maclas qui vont l’acquérir comme carrière de pierres. Il
est parfaitement exact qu’une bonne partie
du vieux colosse qui n’a jamais été fortifié
à proprement parler malgré la
présence de fossés, va disparaitre en termes de
constructions. L’abbé
Batia, à défaut de présenter un dessin ou
encore une lithographie de ce beau château de plaisance, propose
un descriptif
complet de ce dernier dans son ouvrage référence
« le Forez Viennois ». On
peut alors se laisser à rêver à l’imaginer
en parcourant à travers les lignes besogneuses du religieux
historien toutes
les pièces du château démantelé. Quel
dommage ! Aujourd’hui,
il ne reste qu’une seule
habitation pouvant se déclarer être un reste authentique
du château. On doit
quand même y ajouter une ferme attenante à cette
propriété. A
travers ce dossier consacré à l’histoire des
châteaux de Pélussin, je viens d’essayer de proposer une
synthèse seulement car
un livre ne suffirait pas à contenir tous les nombreux
développements qui
seraient nécessaires. J’espère
que vous avez apprécié ce voyage que j'ai pu vous
proposer grâce à mes recherches personnelles, celles de
Tonin Chavas et bien entendu celles de l'abbé Batia. |