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Présenté par
Patrick Berlier










MARS
2019



Le Dossier

PIERRES & MÉGALITHES DU CHEMIN DES ÉTOILES

 

Avec « Quand les pèlerins de Compostelle traversaient le Pilat », toujours en ligne sur La Grande Affaire, j'ai évoqué le passage, sur le sol pilatois, des pèlerins se rendant au Puy-en-Velay, pour prendre de départ du pèlerinage de Saint-Jacques de-Compostelle, le grand chemin des étoiles comme on le nommait aussi. Divers édifices religieux jalonnaient ce parcours, et ce premier volet se limitait à cet aspect. Mais les pèlerins ne manquaient pas de s'arrêter également sur les mégalithes et autres pierres visibles sur leur chemin ou à proximité – quitte à faire un léger détour. Ce sera l'objet de ce second volet.

En préambule, il convient de rappeler que tous les auteurs du XIXe siècle, et même d'une bonne partie du XXe, attribuaient les monuments mégalithiques à ceux qu'ils pensaient être les premiers habitants de notre pays : les Celtes (ou Gaulois). Mais on sait aujourd'hui que les mégalithes datent en réalité d'une période allant de 4000 à 1500 ans avant notre ère, donc bien avant les Celtes. Néanmoins ceux-ci – qui commencèrent à arriver vers -600 – furent les dépositaires du savoir mégalithique, et on trouve dans le Pilat des vestiges purement celtiques, auxquels nous allons aussi nous intéresser.

 

Répartition temporelle des mégalithes et des Celtes
Protohistoire et histoire

 

AU PAYS DES PIERRES QUI CHANTENT

Le premier site abordé, passée la montagne des Tourettes qui barrait l'horizon sud dans la montée depuis Rive-de-Gier, est celui des Roches de Marlin. Ou de Merlin, puisque tel fut son nom jusque dans les années quatre-vingt. Les deux appellations ne sont d'ailleurs que les deux variantes d'un même nom, Marlin étant la forme populaire de Merlin. Le passage obligé pour accéder au site de ce côté-là est la Croix de Crème, située au col entre les Tourettes et la colline de Marlin proprement dite. Crème, variante de crémation, est un toponyme révélant un lieu souvent soumis aux incendies, et cela s'est vérifié une fois de plus durant l'été 2015. Même la croix, en bois, a brûlé, elle a depuis été refaite à l'identique.

 

L'arrivée sur le site

 

Le site des Roches de Marlin représente une surface de terrain axée sur la ligne de crête, longue d'un peu plus de 1000 m, pour 200 à 300 m de largeur. Il se partage entre les communes de Châteauneuf, Sainte-Croix-en-Jarez, Longes, et donc entre les départements de la Loire et du Rhône. Dans cet espace, sont dispersés une trentaine de rochers de micaschiste, de toutes les tailles. Certains émergent naturellement du sol, et d'autres sont des pierres détachées posées sur le socle rocheux. La plupart présentent des cupules ou bassins, plus ou moins marqués. Les Roches de Marlin constituent l'un des sites mégalithiques majeurs du Pilat. On en trouve sur Internet une description exhaustive et précise.

La première roche à se présenter, à l'entrée du site côté est, est à l'écart du chemin ; il faut traverser le pré à droite pour l'atteindre. C'est la Roche du Châtaignier, nommée ainsi sur d'anciens documents car elle sert de limite de parcelles. Elle est creusée d'un beau bassin d'une trentaine de centimètres de diamètre, alimenté par tout un système de cupules reliées entre elles par des canaux, et reversant le trop-plein de liquide par une rigole.

À l'autre extrémité du site, côté ouest, un grand rocher émerge du sol et pointe son éperon vers l'horizon, comme l'étrave d'un navire. La Proue est d'ailleurs le nom qui lui est donné le plus souvent. Plus bas, fermant le site à l'ouest, un abri sous roche est formé par un amoncellement de dalles.

Entre ces points extrêmes, vers le centre du site deux roches se remarquent principalement. C'est d'abord la pierre dite du Dauphin, nom qui lui a été donné parce que sous un certain angle, et avec un peu d'imagination, on lui voit la silhouette d'un dauphin bondissant hors de l'eau. C'est une pierre détachée et posée sur le socle, elle a une forme oblongue, comme une amande... ou un visage humain. Cet aspect est d'ailleurs souligné par une arête, naturelle ou taillée par l'homme, qui semble dessiner un nez, tandis qu'un bassin de taille moyenne paraît vouloir représenter l'œil droit.

 

Le Dauphin

 

Un peu plus bas on trouve la roche principale, la plus connue, c'est la Pierre qui Chante ou Pierre du Diable. Comme le Dauphin, à qui elle ressemble beaucoup, mais en paraissant plus aboutie dans sa conception, la Pierre qui Chante est une roche détachée de forme oblongue, de 4,20 m de long pour 1,60 m dans sa plus grande largeur. Ces proportions ne sont pas anodines, elle découlent du nombre d'or 1,618. En effet, la longueur 4,20 m est le produit de la largeur 1,60 m par le nombre d'or 1,618 élevé au carré soit 2,618. La pierre présente une arête dessinant un nez, et trois bassins d'inégales grandeurs dessinant deux yeux et une bouche largement ouverte, comme si elle criait... ou chantait.

 

La Pierre qui Chante

 

Pour expliquer le nom Pierre qui Chante, certains n'hésitent pas à affirmer que la pierre émet un son, comme un chant, sous l'action du vent. Dans certaines régions on place sur le toit des maisons une « tuile à loup » émettant un son semblable au hurlement d'un loup sous l'action d'un certain vent. Ailleurs c'est une « pierre qui chante », émettant un son modulé. Mais cela fait maintenant plus de quarante ans que je connais le site des Roches de Marlin ; j'y suis allé en toutes saisons, à toutes les heures du jour ou de la nuit, et par tous les temps. Je n'ai jamais entendu la Pierre qui Chante émettre le moindre son sous l'action du vent. Cette expression doit donc se comprendre autrement. D'abord, en ancien français, le verbe chanter signifie aussi enchanter, jeter des sorts, d'où sans doute l'idée de dédier les roches à l'enchanteur Merlin. Ensuite, par pierre qui chante il faut comprendre pierre en chant, une pierre angulaire, une balise. Voir à ce sujet : « En suivant le regard de la Pierre qui Chante », disponible en ligne sur Les Regards du Pilat.

Quant au nom de Pierre du Diable, il est dû à une légende affirmant que le diable était allé chercher cette pierre en Dauphiné, pour finalement venir la poser sur cette colline du Pilat, sur le conseil d'un preux chevalier rencontré en chemin. On trouve d'ailleurs un peu plus bas une petite roche zébrée de trois sillons plus clairs, et l'on dit que ce sont les traces laissées par les griffes du diable, lorsqu'il s’agrippa à ce rocher pour se baisser et poser sa pierre. La légende de la Pierre du Diable est tout à fait comparable à celle de la Pierre Druidique de Tence (Haute-Loire) que certains pèlerins trouveront ensuite sur leur chemin en direction du Puy-en-Velay.

 

Les Griffes du Diable

 

Il est probable que les pèlerins quittaient la colline de Marlin par le chemin classique, celui emprunté par Béatrix de la Tour lorsqu'elle suivit l'apparition divine devant l'amener à fonder la chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, selon la légende bien connue. Mais certains descendaient peut-être par la face ouest, pour rejoindre ce rocher parfaitement visible jadis depuis la Pierre qui Chante, ce pseudo-dolmen composé d'une pierre oblongue posée sur un affleurement rocheux en forme de berceau, lui-même creusé d'une vingtaine de cupules. Par ce « collimateur » ainsi ménagé, on visait directement la Pierre qui Chante. Ce curieux mégalithe se dresse au lieu-dit les Loives, près du hameau de Jurieu. Aujourd'hui la végétation abondante ne permet plus ces visées, ni dans un sens ni dans l'autre.

 

La roche des Loives

 

Quel que soit le chemin suivi, les pèlerins passaient obligatoirement par Jurieu et sa chapelle Sainte-Brigitte. Une tradition dit que ladite chapelle fut construite sur l'emplacement d'un tumulus, ce qui reste sans doute à prouver. Par contre dans le petit cimetière qui jadis jouxtait la chapelle, on observait plusieurs pierres tombales constituées de simples dalles de micaschiste, certaines creusées de petites cupules, peut-être détachées d'une roche plus importante. Certaines de ces dalles sont aujourd'hui dans les jardins des maisons avoisinantes, selon les Fiches archéologiques de Georges Pétillon.

 

SUR LES CRÊTS DE QUATREGRAINS ET DE BARONNETTE

Après une halte dans la chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, ou, selon les époques, dans le château qui l'a précédée, les pèlerins attaquaient l'ascension de ces deux collines jumelles. Sur le Crêt de Quatregrains – nom qu'il faut peut-être comprendre « quatre granges »– s'élève un grand rocher dont le sommet semble creusé en une sorte de fauteuil, mais il paraît difficile de déterminer s'il s'agit là de l'œuvre de la nature ou des hommes. Quoi qu'il en soit, lorsque l'on s'y assied, on dirige son regard vers le point de l'horizon où se lève le soleil le jour du solstice d'hiver. C'est une particularité propre à tous les « fauteuils » mégalithiques de ce secteur.

Le premier « archéologue » à s'être intéressé à ce crêt semble être F. Gabut, employé à la Compagnie des Eaux de la ville de Lyon, qui en 1892 déposa plusieurs notes manuscrites à la mairie de Pélussin. Il devait publier en 1901 Essais d'archéologie préhistorique, petit ouvrage laissant une part belle aux sommets du Pilat, mais sans utiliser lesdites notes qui concernaient la région de Pélussin. Aussi lorsque Louis Dugas publia en 1927 son Étude sur quelques monuments celtiques du Mont Pilat, il signala l'existence de ces notes, dont il reprit le texte in extenso pour les rendre publiques. Pour F. Gabut il y avait quatre grands rochers sur le Crêt de Quatregrains, ce qui pour lui justifiait l'orthographe « Quatre Grands » qu'il utilisait, en mentionnant toutefois le nom « Quatre Grains » que lui donnait le propriétaire de la Grange-Rouet en contrebas. Sur l'une des roches, écrit-il, « on voit une grande cuvette en forme d'arc de cercle, elle garde l'eau. » Cette cuvette ne peut pas être autre chose que le « fauteuil » signalé plus haut.

 

Le rocher du Crêt de Quatregrains et son fauteuil

 

Voisin du Crêt de Quatregrains, le Crêt de Baronnette (ou de Bourchany) abrite sur sa face occidentale la grande enceinte celtique dite Château de Bélize. Pour les anciens, ces amoncellements de pierres ne pouvaient être que les ruines d'un château, d'où ce nom. En réalité il s'agit des vestiges d'une enceinte de l'époque celtique, l'une de ces fortifications que les Ségusiaves avaient édifiées sur les sommets, entre autres pour surveiller leurs turbulents voisins les Allobroges.

L'un des premiers auteurs à signaler l'existence du Château de Bélize semble être Étienne Mulsant, dans ses Souvenirs du Mont Pilat, tome II. Puis c'est F. Gabut, précédemment évoqué, qui vint sur le terrain vers 1892 et laissa une description assez précise du site, reprise et vérifiée en 1927 par Louis Dugas.

 

Plan sommaire de l'enceinte de Château de Bélize
(d'après le croquis de Louis Dugas, convenablement réorienté)

 

Le plan schématique joint à l'ouvrage de Louis Dugas montre que l'enceinte possédait une entrée à l'ouest (en 1 sur le plan ci-dessus) à laquelle succédait une sente sinueuse ménagée dans l'épaisseur de la muraille du nord (2) pour finalement accéder à l'intérieur de l'enceinte par l'est (3). F. Gabut a vu une sorte de « petite caverne » en forme de triangle rectangle longue d'1,50 m (4), ainsi qu'une grande pierre de 3 x 2 m pour 0,90 m d'épaisseur, qu'il identifiait comme « une sorte de table destinée à recevoir les offrandes des fidèles ». (5). F. Gabut nous apprend également que l'enceinte mesure 70 m de long ; la largeur des murailles varie de 4 à 8 m, pour une hauteur apparente de 1,50 m. Le mur sud, côté falaise, était selon l'auteur « relevé en parement avec des roches énormes calées au moyen de pierres et de pierrailles ».

 

Vestige de muraille du Château de Bélize

 

Dans l'épaisseur de ce mur sud, F. Gabut voyait une sorte de réduit, protégé du nord par une grande pierre verticale, qu'il imaginait comme le lieu où se tenait le prêtre. Ce réduit toujours visible aujourd'hui a fait l'objet fin 2002 d'un tag mystérieux – comme plusieurs autres sites de la région, entre autres les Roches de Marlin.

 

Pierre de protection du réduit décrit par F. Gabut – tag tracé fin 2002

 

Côté nord de l'enceinte on peut voir encore diverses murailles, déjà signalées par F. Gabut, dont un fond de cabane carrée bien visible sur le croquis de Louis Dugas (6).

Peu après sa création en 1974, le Parc Naturel Régional du Pilat publia une série de Fiches archéologiques, réalisées par son directeur adjoint Georges Pétillon. La Fiche n° 1 de Pélussin est consacrée au Château de Bélize. On y apprend qu'en 1973, un sondage a révélé plusieurs fragments de céramique, grise pour la plupart, et un fragment apparenté aux sigillées jaunes, qui semblaient traduire une longue occupation du site, allant depuis le bronze moyen jusqu'à la guerre de cent ans.

Cette fiche signale aussi la découverte par Raymond Grau, au pied de la falaise, d'une tête humaine en forme de boule, de 15 cm de diamètre environ, dont les yeux et la bouche sont parqués d'un trait creux. Georges Pétillon ajoute que cette tête était extrêmement semblable à celle de la statuette encastrée dans le mur d'une grange au hameau du Montant près de Chuyer, au pied du Crêt de Baronnette côté est. Cette figure paraît dater, selon les spécialistes venus l'examiner, de l'âge du bronze.

 

La statue du Montant

 

Autour du Château de Bélize on voit de nombreux fonds de cabanes dans les bois, ce qui prouve que le lieu connut une certaine occupation. Le site était même déjà fréquenté dès l'époque des mégalithes. F. Gabut signalait la présence d'une cuvette avec déversoir qui paraît être un bassin mégalithique. Au centre de l'enceinte, on voyait encore dans les années 80 une dalle de roc, creusée d'un grand bassin, brisée en deux morceaux.

En poursuivant sur le sentier qui traverse tout le site et sa belle hêtraie, en direction du sommet proprement dit du crêt, on accède au Rocher de la Fausse Monnaie, un nom qui a disparu des cartes actuelles alors qu'il figurait sur les éditions précédentes. De toute évidence ce nom doit être la déformation d'un nom ancien, dont les gens ne comprenaient plus le sens, et qu'ils ont transformé en un équivalent phonétique compréhensible, mais incongru. Par exemple on trouve à Marseille l'Anse de la Fausse Monnaie, un toponyme sujet à bien des interprétations. Fausse pourrait aussi dériver de fosse, ou du grec phos, lumière, ou encore de fau, nom local du hêtre, un arbre abondant sur ce crêt. Quant à monnaie, ne pourrait-on pas y voir la déformation du celtique nemeton, temple ou clairière consacrée, par sa ressemblance avec le mot monnaie en latin : monetæ (prononcer monété) ? Cela dit, en dehors de son nom curieux, ce Rocher de la Fausse Monnaie n'a rien de particulier. C'est un gros bloc de micaschiste émergeant du sol, sur lequel reposent plusieurs pierres détachées, couvertes de mousse. Le site est donc tout à fait comparable aux Roches de Marlin, sauf qu'ici aucune cupule ne vient particulariser ce rocher, qui n'aurait rien de plus intéressant s'il n'avait pas été répertorié sous ce nom particulier.

 

Le site du Rocher de la Fausse Monnaie

 

AUTOUR DE PÉLUSSIN

Plusieurs sentiers descendent sur le versant sud des collines de Quatregrains et de Baronnette. Tous permettent de rejoindre la vieille voie romaine, qui depuis le col de la Croix de Montvieux descend sur Pélussin. Elle passe à deux pas du hameau de la Roche, où un grand rocher, orné de cupules et bassins, a été amputé d'une partie en 1935 pour élargir la route. Dans le morceau qui a disparu, on pouvait voir jadis un fauteuil taillé regardant le soleil levant du solstice d'hiver, ainsi que la gravure d'un svastika, comme l'a signalé Louis Dugas dans son livre Étude sur quelques monuments celtiques du Mont Pilat, paru en 1927.

En descendant de la Roche, les pèlerins pouvaient accéder à la « carrière de meules » située près du Pont du Mas. Dans l'angle d'un pré un rocher granitique émerge du sol, on peut y voir plusieurs traces d'extraction de meules, une technique utilisée jusqu'au Moyen-Âge pour fabriquer des meules de moulin. Jusque dans les années 80, on voyait également à l'autre bout du pré une belle meule intacte, non détachée de son socle, mais elle a disparu et il n'en reste plus que des photos. Il y a plusieurs carrières de ce type dans la région, celle du hameau du Moulin, tout proche, celle du bois de la Chanal, également à proximité, ou un peu plus loin celle des Alouettes près de Gencenas.

 

Pierres à meules près du Pont du Mas – à droite la meule disparue

 

Après Pélussin, les pèlerins avaient le choix entre plusieurs itinéraires possibles. L'un d'eux passe par le Bois de la Valette, dans lequel on trouve plusieurs sites mégalithiques. Il y a un grand rocher, dominant le paysage, avec de multiples cupules, bassins, rigoles. Puis en contrebas plusieurs rochers dans le sous-bois, avec de beaux bassins. Tout en haut du même bois, au sommet de la colline, se cachent les Pierres Juton (orthographe ancienne) ou Juthon (orthographe sur les cartes plus récentes). C'est un site dégagé dans les années 70, mais la végétation ayant repris ses droits il est un peu difficile à retrouver aujourd'hui. Plusieurs pierres émergent plus ou moins du sol, dont un dôme principal en deux parties. Chacune est creusée d'un bassin ; le premier est rond, très net, de 30 cm de diamètre environ, pourvu d'une petite rigole d'écoulement ; le second est ovale, moins marqué et utilisant une cassure naturelle de la roche. Dans le premier bassin le liquide devait atteindre un certain niveau avant de s'écouler, dans le second il s'infiltrait dans la roche dès qu'on l'y versait.

 

Pierres Juton – les deux bassins du dôme rocheux principal

 

Il y a aussi cette grande dalle, où l'on peut voir ce qui ressemble à la gravure d'un personnage, ainsi que des lignes qui paraissent désigner les levers du soleil aux solstices d'été et d'hiver. Et puis encore une autre trace d'extraction de meule, bien nette, de près d'un mètre de diamètre.

 

Pierres Juton – trace d'extraction de meule

 

VERS LES SOMMETS

Commençait ensuite la partie la plus ardue du parcours, l'ascension en direction du Pic des Trois Dents, laquelle pouvait se faire par différentes approches. Signalée dès 1555 par Jean du Choul, cette montagne au profil caractéristique est devenue emblématique du Pilat. L'une des variantes dans la légende de Ponce Pilate dit qu'elle fut créée en une nuit par un tremblement de terre, afin que l'ancien préfet de Judée ait devant lui l'image des trois croix du calvaire. Au printemps, quand les genets sont en fleurs, le paysage magnifique fait oublier la rudesse du sentier d'accès.

 

Le Pic des Trois Dents

 

Entre les deux premières dents, les Celtes avaient édifié deux murailles parallèles, qui isolaient un espace sacré. Étienne Mulsant dans ses Souvenirs du Mont Pilat, tome II, fut l'un des premiers à décrire cette enceinte. Lorsque dans les années 60 Jean Combe écrivit son Histoire du Mont Pilat, des Temps perdus au XVIIe siècle, il fit appel à Raymond Grau pour dessiner un plan de l'enceinte des Trois Dents, et lui demanda de la décrire. Il ressort de ses indications que la muraille du haut, construite au sommet de la crête, a 50 m de long pour 1 m de large ; une entrée, située au milieu, a 1 m de large (1 sur le plan ci-dessous). La seconde muraille est située 50 m plus bas ; elle mesure 100 m de long pour 1,50 m de large ; une entrée de 2 m de large (2) est située en regard de l'entrée du haut. Au bout de cette muraille côté SE, une sorte de passage de 2 m de large remonte en pente douce (3).

 

Plan sommaire de l'enceinte des Trois Dents
(d'après le croquis de Raymond Grau, convenablement réorienté)

 

Outre sa fonction de surveillance, le site des Trois Dents devait aussi servir de temple en plein air réservé à une élite religieuse, ce que pressentait Étienne Mulsant lorsqu'il écrivait à propos de son enceinte : « elle était chargée d'isoler, de la multitude, les druides ou prêtres des Gaulois, quand ils offraient leur prières ou leurs sacrifices à l'Éternel. »

 

Carte postale ancienne – les murailles sont bien visibles

 

On a assisté à un boisement de la montagne au XXe siècle, qui a eu pour effet de masquer totalement l'enceinte celtique – bien visible sur les cartes postales du début du siècle – jusqu'à ce que le Parc Naturel Régional du Pilat vienne débroussailler le site et lui redonner son aspect ancien, dans les années 90. Le sentier, qui partait du Crêt du Graland en descendant à travers un chirat, était assez sportif. Il a été remplacé par un nouveau sentier, partant du col du Gratteau, un peu plus facile.

 

La muraille inférieure aujourd'hui

 

L'enceinte des Trois Dents ne devait pas accueillir un grand nombre de desservants, car l'alimentation en eau se limitait à ce que l'on nomme le Puits des Fées, décrit par plusieurs auteurs, dont L.-Pierre Gras dans son Essai de classification des monuments pré-historiques du Forez paru en 1872. L'eau sort d'un orifice circulaire, creusé dans le roc à 1,70 m de hauteur environ, puis suit un large chenal jusque dans une vasque au niveau du sol. Ce n'est pas à proprement parler une source, mais plutôt semble-t-il un système de drainage des eaux pluviales infiltrées dans le rocher. Ce Puits des Fées (en 4 sur le plan) est situé au pied de la première dent, à l'amorce de la muraille du bas. Le sentier d'accès arrive à ce niveau, et longe ensuite la muraille inférieure.

 

Le Puits des Fées

 

Après avoir pérégriné sur le Pic des Trois Dents, les pèlerins se dirigeaient vers Saint-Sabin. Les Gaulois avaient transformé le sommet de cette montagne en enceinte de forme elliptique. Côtés nord, ouest et sud, c'est une muraille en pierres sèches qui fermait l'espace ; côté est le talus abrupt suffisait à interdire l'accès au site. Cette enceinte devait faire dans les 400 m de long pour 150 de large, avec une entrée à chaque extrémité, au nord et au sud. Il reste par endroits de beaux vestiges de la muraille, en particulier au niveau de l'entrée du sud, où l'on peut voir encore les restes de deux cabanes carrées, l'une tournée vers l'extérieur et l'autre vers l'intérieur.

 

Entrée sud - Vestige de la cabane intérieure

 

L'entrée du nord a été élargie en 1683 lors de la reconstruction de la chapelle, pour permettre le passage des chars apportant les matériaux. À l'origine elle devait présenter une physionomie comparable à celle de l'entrée sud. Au centre nord de l'enceinte se trouve cette grande pierre que Louis Dugas – et tous les auteurs qui lui ont succédé – qualifiait de « cubique » et de « pierre à sacrifices ». Sa surface présente une légère concavité, et l'eau s'y amasse par temps de pluie. Une cuvette triangulaire y est visible, mais elle semble d'origine purement naturelle.

 

La chapelle Saint-Sabin vue de la « pierre à sacrifices »

 

Une sorte de tumulus jouxte cette pierre au sud. Ce grand tas de pierre a été fouillé dans les années 30, et des poteries ont été mises à jour. En contrebas, au bord du sentier, une pierre levée haute de 1,60 m environ, qualifiée de menhir par certains, présente sur sa face plane trois croix, dues aux failles naturelles de la roche. Par contre une petite croix latine très nette a été gravée au sommet. Il est certain que Saint-Sabin a toujours été un site sacré, occupé par toutes les religions qui s'y sont succédé, depuis le temps des mégalithes jusqu'aux premiers chrétiens.

 

Le « menhir » de Saint-Sabin

 

VERS COLOMBIER ET SAINT-JULIEN

Les pèlerins quittaient Saint-Sabin par le vieux chemin, bien oublié aujourd'hui, qui descend à travers le Bois de la Corée jusqu'au hameau de Buet. De là ils poursuivaient en direction de Colombier par le Moulin-Michel. Ils passaient donc immanquablement devant ce grand rocher auquel la tradition populaire a donné le nom de Pierre à Dents. C'est une petite falaise dominant le ruisseau du Ternay. Vue de loin, elle paraît « montrer les dents », d'où son nom. Lorsqu'on s'approche, on découvre deux rangées sculptées chacune d'une sorte de frise, sans qu'il soit possible de déterminer ce que celui qui a ainsi taillé le rocher a voulu représenter. Aucun auteur ancien ne parle de ce site, il faut attendre les Fiches archéologiques de Georges Pétillon pour le voir mentionné.

 

L'étrange Pierre à Dents, aussi mystérieuse de loin que de près

 

Il était possible autrefois de monter directement vers le hameau des Roches, par un sentier disparu aujourd'hui. Ce hameau doit son nom à la présence de grands rochers aux formes un peu tourmentées. Deux blocs semblent adossés l'un à l'autre. En face d'eux, une sorte de banc naturel invite le promeneur à s'asseoir. Dans cette position, par le faible espace entre les deux rochers, on « vise » exactement le Menhir du Flat, distant d'environ 1200 m.

 

Les Roches – visée vers le menhir du Flat

 

Ce menhir constituait donc l'étape suivante. C'est une grande pierre haute de 4 m, encore attachée au socle rocheux. Ce n'est donc pas strictement un menhir – au sens de pierre détachée, déplacée et replantée – mais plutôt une aiguille de roc taillée dans un rocher plus gros à l'origine. Le résultat est le même sans doute, et le cas n'est pas unique. Les pierres débités ont servi à édifier le tumulus situé en contrebas. Le menhir appartient à une veine rocheuse aux fractures verticales, bien visible quelques mètres à l'est, où elle a été taillée pour permettre le passage d'un chemin creux formant une sorte d'enceinte. L'érosion naturelle, ou les hommes, a creusé dans ce rocher deux « gorges de visée » permettant d'apercevoir depuis le chemin le sommet du menhir. Deux bassins sont également creusés dans ce roc, l'un rond à rigole et l'autre ovale sur une cassure naturelle, exactement sur le principe déjà observé aux Pierres Juton.

 

Le Menhir du Flat

 

Un visage paraît taillé sur la face ouest du menhir. Il était déjà visible sur des photos prises au début du XXe siècle. La ressemblance avec les « statues-menhirs » de Filitosa en Corse est frappante. Un peu plus près de nous, le menhir central du cromlech des Perrarines sur le Causse de Blandas (Gard) s'orne lui aussi d'un visage sur sa face occidentale. La comparaison avec celui du Flat est troublante.

 

Patrick et le menhir de Blandas – en médaillon le visage du Flat

 

Suivant toujours plus ou moins le cours du Ternay, le chemin quittait Colombier pour se diriger vers Saint-Julien-Molin-Molette. Si la route actuelle longe la fameuse carrière tant controversée, le chemin ancestral longe quant à lui l'ancêtre de cette carrière, un front de taille paraissant particulièrement ancien, et abandonné depuis longtemps. Ici se termine le sentier des pierres, car plus aucun mégalithe ne viendra émailler le chemin des pèlerins en terre pilatoise, à moins de consentir à quelques écarts significatifs.

 

SUR LES DEUX VERSANTS DE LA DÉÔME

Après Bourg-Argental, les étapes suivantes sur le chemin des étoiles étaient Saint-Sauveur-en-Rue et le col du Tracol. Certains pèlerins faisaient peut-être des détours par l'un ou l'autre versant de la haute vallée de la Déôme, soit côté nord, soit côté sud. Par le versant nord, ils pouvaient monter jusqu'au Menhir du Bouchet, grande pierre posée sur une aire rocheuse creusée de cupules et bassins. Par le versant sud, la grimpette encore plus rude les amenait jusqu'à Montchal, et un peu au-delà aux sites de Joanabel et de la Baignoire des Gaulois.

Le hameau de Joanabel semble devoir son nom au dieu Bel ou Belenos, l'Apollon gaulois, dieu du soleil, qui a donné de nombreux toponymes en Bel, comme Bel-Air que l'on rencontre très fréquemment. Un grand rocher est à l'écart du hameau. Outre de nombreuses cupules, certaines aux formes très suggestives de sexe féminin, il est creusé d'un fauteuil dans lequel on peut s'asseoir, pour fixer une fois encore le lever du soleil au solstice d'hiver.

 

Le rocher de Joanabel

 

En continuant un peu plus loin par le même chemin, on accède au lieu-dit la Volière et à ce site auquel on a cru bon de donner, dans les années 90, le nom saugrenu de Baignoire des Gaulois. Invention journalistique probablement, ce vocable a malheureusement perduré. Pourtant, si on y voit un rocher avec un grand bassin ressemblant en effet vaguement à une baignoire, celle-ci ne doit rien aux Gaulois, lesquels d'ailleurs n'appréciaient l'eau que très modérément. Pour les géologues ce bassin est totalement naturel, il est dû au phénomène de gel et dégel de l'eau infiltrée dans les cassures naturelles du « granite à cordiérite », ce qui a fini par créer cette excavation. Pour les tenants d'une hypothèse mégalithique, ce sont évidemment les hommes qui ont créé ce bassin, destiné à des bains à valeur purement thérapeutique. Il faut noter qu'une « sœur jumelle » de cette baignoire est visible sur le site du château fort de Polignac (Haute-Loire).

 

La « Baignoire des Gaulois »

 

Après Saint-Sauveur-en-Rue, les pèlerins grimpaient vers le col du Tracol. Un dernier regard sur le Pilat, et c'était la descente vers le Velay. Et c'est une autre histoire... La suite est à découvrir dans mon livre Avec les pèlerins de Compostelle, en Lyonnais, Pilat et Velay, Actes Graphiques éditeur.



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     A présent il est temps de retrouver notre nouvel invité, notre Ami Adrien Tidjarian.






   

 

         Adrien Tidjarian est un vrai personnage. Il est le santonnier du Pilat. Il est aussi l'initiateur de la fabuleuse crèche de Noël de Sainte-Croix-en-Jarez qu'il réalise chaque année depuis plus de quinze ans avec de belles innovations toujours au rendez-vous. Il nous a accueillis chez lui à Antouilleux pour y réaliser cet entretien-interview des plus chaleureux. Il a réuni l'aventure et le courage pour se lancer dans un défi loin d'être gagné d'avance. Cette alchimie constitue en fait un bel exemple de l'entrepreneur audacieux qui a mis son enthousiasme au service d'autrui. Implanté dans le Pilat, il commercialise son art partout. Nous vous proposons, à présent, de mieux connaître cet artisan, ce Maitre santonier, dont les coordonnées figureront à la fin de cette chaleureuse entrevue.










1/ Regards du Pilat : Bonjour Adrien. Vous exercez la profession très peu connue de santonnier. En quoi consiste ce métier d’art ?

Adrien Tidjarian : Bonjour à vous. Il s’agit pour moi de réaliser des santons, en réalité de petites figurines régulièrement de 8 centimètres de hauteur, mais parfois plus grandes aussi. Pour ce faire, j’utilise uniquement l’argile. Avant la Révolution française, les premiers santons étaient en plâtre et sont arrivés en provenance d’Italie.

2/ Regards du Pilat : Comment est-ce que l’on fabrique un santon et combien de temps faut-il pour arriver jusqu’à sa commercialisation ?

Adrien Tidjarian : Un santon est fabriqué à partir de moules qu’il me faut préalablement réaliser ; chacun est en fin de compte un prototype en deux parties. Pour réaliser un santon, je mets de l’argile à l’intérieur et une fois la quantité nécessaire bien répartie, j’appui très fort. J’obtiens donc ainsi un santon qu’il me reste à cuire et à peindre. Avant ces deux opérations, je retire préalablement avec de petits outils les quelques imperfections laissées à la suite du démoulage. Pour résumer les différentes étapes successives sont : la création du prototype et du moule, le pressage de l'argile dans le moule, puis l'ébarbage, le séchage, la cuisson et la peinture.

 

Pour remplir mon four, pour l’optimiser, j’attends d’avoir réalisé environ 300 pièces ce qui signifie environ deux mois de travail. La cuisson à proprement parler se fait à une température de 980 degrés. Il faut environ 6h30 pour monter le four à 650 degrés puis 1h30 supplémentaire pour atteindre les 980 degrés requis. Il me reste ensuite l’opération ‘peinture’. Cette dernière phase impose beaucoup de précision et de minutie. Il faut compter de 1 à 2 heures par santon pour atteindre l’objectif de qualité recherchée.

3/ Regards du Pilat : Quelle est votre formation initiale et comment vous est venue l’idée de devenir santonnier ?

Adrien Tidjarian : Je suis titulaire d’un BTS Système Constructif Bois Habitat. Avant de devenir santonnier, j’ai préalablement exercé la profession de menuisier-ébéniste. J’ai de très longue date, depuis ma petite enfance, apprécié la réalisation de crèches à l’occasion des fêtes de Noël. C’est là que j’ai manipulé mes premiers santons et que remonte sûrement ma vocation. Je crois bon d’ajouter qu’il est souhaitable d’avoir à la base de bonnes aspirations pour la sculpture.

4/ Regards du Pilat : Avez-vous suivi une formation complémentaire pour pouvoir exercer ce métier ?

Adrien Tidjarian : Oui. Durant mes études, j’ai déjà eu l’occasion de vivre des expériences riches et variées chez différents maitres de stages. Mais la plus enrichissante de mes rencontres fut sans doute celle  avec un vieux monsieur, un santonnier qui normalement ne dispensait pas de formation. Je ne le remercierai jamais assez. Aujourd’hui, il a près de 80 ans et exerce toujours ce beau métier de santonnier.

5/ Regards du Pilat : A combien estimez-vous le nombre de santonniers en France et ce chiffre est-il plutôt en hausse ou en baisse ?

Adrien Tidjarian : A ma connaissance, il y a environ 250 santonniers en France principalement en régions Rhône-Alpes et PACA ; vient ensuite le Languedoc. Nous sommes seulement 2 dans le département de la Loire et je suis seul dans le Parc Naturel Régional du Pilat.


Je ne connais pas l’évolution future du nombre de santonniers sachant que beaucoup sont déjà aujourd’hui âgés. Je préciserai toutefois que bien souvent c’est un métier d’appoint, une seconde profession exercée par exemple par des paysans qui l’hiver réalisent des santons là où leur activité première est moins intense.

6/ Regards du Pilat : Est-ce que ce métier demande des investissements financiers importants avec notamment l’achat de matériels couteux ?

Adrien Tidjarian :Le plus gros de mes investissements fut l’acquisition d’un four pour un montant voisin de 3 000 euros. Autrement, mes dépenses courantes sont destinées à l’achat de l’argile et des peintures. Je dispose d’un vaste choix parmi 300 teintes pour réaliser toutes les nuances nécessaires à la décoration des figurines.

7/ Regards du Pilat : Vous participez à des salons, vous pratiquez également la vente par correspondance grâce à un magnifique site Internet que nous invitons vivement nos internautes à aller visiter www.lessantonsadrien.fr. Est-ce là les seuls moyens pour vous faire connaitre ?

Adrien Tidjarian : Ce sont effectivement les principaux. Je participe à 8 salons majeurs situés entre Loriol sur Drôme et Arles. La Vallée du Rhône reste le principal point d’ancrage des santonniers. Parallèlement, mon site Internet a permis et continue de me faire connaitre aux quatre coins de l’hexagone et aussi progressivement à l’étranger.

8/ Regards du Pilat : Combien de santons différents propose votre catalogue qui semble riche et en constante évolution ?

Adrien Tidjarian : J’avais, pour vous donner un ordre d’idée, 47 santons dans mon catalogue en 2017 et 65 à fin 2018. Je travail par thème et ceux-ci sont en développement permanent. Pour exemple, je propose bien évidemment la Sainte Famille incontournable pour les crèches mais pas seulement. Les métiers comme les foins, l’agriculture, les lavandières … mais également le thème des gitans très apprécié dans le sud de la France … Résidant sur la commune de Sainte-Croix-en-Jarez, là où l’on peut admirer une ancienne Chartreuse renommée, il m’est apparu naturel de réaliser des santons concrétisant des Pères Chartreux.


9/ Regards du Pilat : Est-ce qu’il se dégage une origine territoriale de la clientèle ou bien au contraire cette dernière provient vraiment des quatre coins de l’hexagone ?

Adrien Tidjarian : Je développe mes ventes maintenant dans toute la France mais comme je vous l’ai dit un peu avant, le grand quart sud-est, de par ma présence à des salons ; demeure encore mon premier secteur de vente. Internet faisant le reste, j’ai des commandes en provenance de toutes les régions et aussi de l’étranger.

10/ Regards du Pilat : Depuis de nombreuses années, vous proposez au public de venir à l’église de Sainte-Croix-en-Jarez durant les mois de décembre et janvier pour y admirer l’une des plus belles crèches de Noël de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Positionnée dans le chœur de l’église, cette dernière, une crèche provençale animée, dépasse les 60 mètres carrés. Comment est né ce magnifique projet ?

Adrien Tidjarian : La réalisation de cette crèche, améliorée chaque année, s’avère, effectivement, une très belle aventure, commencée voici plus d’une décennie. J’ai toujours aimé les crèches. Tout petit, ma mère, qui travaillait à Saint-Chamond chez les Frères Maristes, m’emmenait tous les ans voir leur crèche de Noël et cela m’enchantait. Avec le temps, je m’efforçais à mon tour d’en réaliser une à la maison et de l’embellir sensiblement chaque année. Une année, le bulletin municipal de Sainte-Croix-en-Jarez a glissé une photo de mon travail sur l’une des pages du bulletin municipal. Puis, un jour, c’est le Maire du village qui m’a proposé de réaliser une crèche dans l’église de Sainte-Croix. J’avais 14 ans et cette première crèche de 4 mètres carrés fut présentée sur la table de communion. Progressivement, au fil des ans, cette crèche est passée à 8 puis à 20 mètres carrés. J’ai un temps investi, une chapelle latérale de l’église. En 2011, on a décidé de l’installer dans le chœur. C’est une entreprise conséquente que de monter la crèche aujourd’hui, un travail collectif soigné, réalisé avec des amis bénévoles, regroupés au sein d’une vraie association. Même si avec le temps, on prend certaines habitudes, c’est sur près d’un mois et demi que l’on monte progressivement la crèche de Noël de Sainte-Croix-en-Jarez qui aujourd’hui dépasse les 60 mètres carrés en occupant tout le chœur de l’église.

Regards du Pilat : Adrien, nous vous remercions beaucoup pour l’ensemble de vos réponses et pour le bel accueil que vous nous avez réservé dans votre atelier, ici chez vous à Sainte-Croix-en-Jarez. Si des internautes veulent en savoir plus ou sont intéressés par vos magnifiques santons, voici le lien qui permet d’entrer en contact avec vous : contact@lessantonsadrien.fr





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