REPORTAGE REGARDS DU PILAT
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FEVRIER 2016


Par
Philippe Monteil
(Césame)



Et Lionel Chevallier
(Mémoire Trivienne)

Le barrage du Couzon et ses aqueducs.

 
Barrage du Couzon (commune de Châteauneuf) octobre 2015, le niveau d'eau est très bas dans cet immense réservoir, conséquence de la sécheresse de cet été et de ce début d'automne lui aussi très sec dans la région. (photo 1)


Le canal de déviation, en rive gauche, lui aussi est complètement sec. Ce canal dévie les eaux du Couzon en amont et avant de récupérer les eaux du trop plein du barrage, il transite sous terre sur une vingtaine de mètres. (photo 2)


Ce barrage fut inauguré en 1812, en lien avec le canal de Givors. Sur une plaque de marbre on peut lire :

Exhaustis tribuit lacus ille canalibus undas navigiisque refert quam negat amnis opem

En se vidant, le lac apporte à ce canal des flots pour les navires et en retour, les richesses que la rivière ne pouvait rapporter. (traduction personnelle)

Projeté par Aléon de Varcours dès 1751 pour relier le Rhône et Loire, le canal de Givors fut entreprit par François Zacharie dès 1761. Ruiné, ce dernier mourut en 1768. Son fils forma une nouvelle compagnie et termina le canal en 1780. Celui-ci offre alors une voie navigable qui relie la ville de Rive de Gier à Givors. Il va remplaçer la descente par mulets du charbon du bassin minier de Rive de Gier et de Tartaras vers le Rhône. Cela permet une exportation plus rapide vers Lyon et le sud. Les nouveaux exploitants prospèrent, les barques fleurissent, mais l'été le niveau d'eau est trop bas. Face au projet de ligne de chemin de fer qui pointe du doigt les difficultés d'acheminement par le canal en été, les exploitants décident de créer un réservoir sur le Couzon et un aqueduc reliant cet édifice à un bassin au niveau de l'hôtel de ville de Rive de Gier. Ce dispositif permet d'alimenter le canal l'été pour maintenir un niveau d'eau suffisant. Aujourd'hui ce canal a disparu. On peut toutefois visiter une double écluse au niveau du Rocher Percé au sud de Rive de Gier en aval de la Madeleine. (photo 3)


Depuis le barrage, nous suivons un aqueduc en rive droite du Couzon, qui semble se diviser en deux branches. Une branche qui reste en rive droite (la première réalisée) se prolonge en aval. Cet aqueduc alimenterai le bassin de l'hôtel de ville (cela reste à vérifier). (photo 4)


Du coup nous nommerons l'autre aqueduc qui traverse la vallée du Couzon sur un bel ouvrage aérien de cinq arches, et se perd sous terre quelques centaines de mètres plus en aval : l'aqueduc d'Arcole. (photo 5 - 6). Après dix mètres de progression aquatique un mur en obstrue l'accès. L'aqueduc d'Arcole, est réalisé un peu plus tard en 1838 en même temps que l'extension du canal de Givors, jusqu’à la Grand-Croix, (extension qui fut ouverte en 1839). Il permet donc d'acheminer l'eau du barrage du Couzon plus en amont de Rive de Gier.



L'aqueduc d'Arcole traverse donc la vallée du Couzon puis entre sous terre pour un cheminement de près d'un kilomètre. Il traverse ensuite la vallée  de l'Egarande par le Pont d'Arcole. (pont qui a été détruit en 1976 dont il n'en reste que les ruines au fond de la vallée). (photo 7)


En amont du pont d'Arcole on pénètre dans un tunnel aquatique sur près de 700 mètres. La progression nécessite un matériel technique spécifique, une néoprène et un bon éclairage (photo 8). Nous avons observé quatre puits creusés certainement pour donner une bonne direction au tunnel et avoir un bon avancement des travaux (photo 9). Un 5ème puits a visiblement été obstrué ; une partie du remblai en se détrempant s'est étalé comme une coulée de boue dans le boyau. Un peu plus loin nous stoppons face à un comblement.




En aval du Pont, l'aqueduc rentre à nouveau sous terre. Mais malheureusement, aujourd'hui, des remblais stockés au-dessus ont bouché l'entrée. Nos efforts pour essayer de désobstruer cette entrée seront vains. Et nous nous contenterons du très bel article publié par G. Le François (Spéléo Club des Oreillard dans la Botte n°21 revue du Comité Départemental de Spéléologie de la Loire). Cet aqueduc souterrain se développe sur plus de 800 mètres pour émerger au niveau des stades du Grandpont. Il a été parcouru et topographié en 1980 par cette équipe.

Nous avons là un ensemble d'ouvrages patrimoniaux exceptionnel qui démontre la vitalité industrielle de la vallée du Gier depuis le XVIIIème siècle.

Bilbiographie

Krupa D, Contribution préliminaire à l'inventaire des sites souterrains du département de la Loire, Comité Départemental de la Loire, 1999.

Lefrançois G., Aventure ligérienne : l'aqueduc du pont d'Arcol, Botte n°21, revue du Comité Départemental de la Loire,

C.E.R.P.I., TARTARAS et le canal de Givors, 2006

EPALLE C., Un canal oublié, 2012

A.R.R.H., Le canal de Rive de Gier à Givors, 1997

A.R.R.H. n°17, 2004

Docteur Francus, Voyage humoristique, politique et philosophique au Mont Pilat, Ed Simone Sudre, 1985.

http://givors.69.free.fr/canal/chomienne04.html mise en ligne en 2001 révisé en 2012, consulté le 29 novembre 2015.

Site du Césame : cesame.ardeche.free.fr

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