LES GUERRES DU PILAT

JANVIER 2009

Par Lionel Chevallier





<Retour au Sommaire du Site>


La Bataille du Fautre à Trèves



   Est-ce qu’il y a eu autrefois, une bataille au lieu-dit « Le Fautre » au-dessus du village de Trèves ?

   L’abbé Chavannes qui a écrit sur cette commune dans la deuxième partie du XIX° siècle (1865, 1870, 1871) s’autorisait à croire que tel était le cas. Il s’appuyait pour cela sur le célèbre livre de Jean Duchoul, « Description du Mont Pilat », de 1555. Il est dit dans ce livre qu’une bataille avait été livrée au lieu nommé en latin « ad fossas ».

Le prêtre pensait que ce lieu ne pouvait être que le Fautre de Trèves. Cependant si on étudie plus en détail le livre de l’abbé, on peut noter de nombreuses erreurs notamment celles en lien avec le livre de Duchoul. En effet celui-ci parlait, ailleurs dans son ouvrage, d’une maison des Fayes et Chavannes disait qu’elle devait être au lieu du Fay à Trèves. Il n’en est rien. Cette demeure se trouvait au Breuil sous Doizieu, dans les eaux de l’actuel barrage de La Terrasse-sur-Dorlay.

Mulsant dans sa traduction de Duchoul, parue en 1868, nous le disait déjà. Le cardinal Donnet qui rappelait, dans un ouvrage paru en 1866, la traduction de Duchoul, évoquait lui aussi ce lieu qu’il plaçait aussi sous Doizieux. Seytre de la Charbouze, en 1874 en fera de même, ainsi que le docteur Francus en 1890.(Voir aussi Noël Gardon, Claude Longeon). Attention si de tous ces auteurs, un seul peut être à l’origine de notre information, qui a pu être reprise sans donner de références par les autres, comme cela se fait trop souvent, il est certain que du temps de l’abbé on savait que Les Fayes étaient au Breuil. Il ne faut cependant pas oublier qu’à l’époque du prêtre, les moyens de locomotions et de recherches n’étaient pas ce qu’ils sont de nos jours. Ceci peut plaider en la faveur de l’abbé, bien qu’il faille se garder de le juger.

Nous commettons tous des erreurs, et son livre, formidable témoignage sur notre commune de Trèves, révèle de nombreuses indications qui seraient sans lui tombées dans l’oubli.

On note aussi qu’il prenait quelques libertés avec Duchoul en disant qu‘il n’avait pu traverser le Gier qu’à Trèves, au pont Percey. En effet dans les propos de Duchoul, selon les traductions de cet ouvrage, il n’est jamais évoqué le fait qu’il traverse le Gier.

   Pour revenir, après cette digression, au lieu « Ad Fossas », Mulsant dans « Souvenir du Mont Pilat et de ses environs », 1870, disait que ce lieu se trouvait sur la commune de la Valla-en-Gier. D autres le signalaient avant lui, tel Jean Pélisson, XVIII° siècle, et aussi le cardinal Donnet, « Voyage au Mont Pilat », 1866.



   Il faut noter que le mot « Fautre » semble plutôt tirer son origine des fenaisons qui pouvaient se faire en cet endroit.

   Alors, y-a-t-il eu une bataille au Fautre ?
   A l’école de Trèves dans la classe de notre instituteur M. Vicat, vers 1978, celui-ci disait, sauf erreur de ma part, en faisant allusion au passage du livre de l’abbé, que des ossements avaient été retrouvés lors du terrassement du stade
de football du Fautre. Après avoir dernièrement demandé à celui qui avait effectué le terrassement du stade, s’il se souvenait d’avoir trouvé des ossements, il ne pouvait confirmer la découverte.

   Chavannes parlait aussi, selon des témoignages, d’une bataille entre deux généraux vers le lieu du Fautre, mais il émettait des réserves sur cette thèse, rattachant plutôt ce fait aux guerres de religion. L’abbé énumérait des découvertes, fort intéressantes, faites vers le Fautre. Malheureusement elles ne traduisent rien de certain.

   Dans « Histoire de Condrieu… » 1850 (ou nouvelle histoire… de AB. Lafond), Trèves tiendrait son nom du tombeau du capitaine Trévis, tombé dans un affrontement du temps de Septime-Sévère. On signale ici, que des historiens donnaient l’origine de Trèves, à la trêve passée entre Albinus et Sévère. Ceci signifie, selon cet ouvrage, qu’il y aurait donc bien eu des combats aux alentours de Trèves. Ces thèses sont cependant peu crédibles.

   Pour conclure, on peut penser qu’il y a eu sans doute des affrontements sur la commune de Trèves, notamment au temps des guerres de religion, avec l’épisode fort connu de la bataille de Métrieux. Trèves étant autrefois sur une frontière entre peuplades gauloises, (Allobroges et Ségusiaves), Trèves étant sur une voie de passage antique relativement importante, il y a peut-être eu des « accrochages » liés à ces deux situations, mais d’ici à parler de bataille rangée, il faudra trouver des éléments plus convaincants...


    Extrait des notes de Lionel Chevallier sur la commune de Trèves











<Retour au Sommaire du Site>