Est-ce
qu’il y a eu autrefois, une bataille au lieu-dit « Le Fautre »
au-dessus du village de Trèves ?
L’abbé
Chavannes qui a écrit sur cette commune dans la deuxième
partie du XIX° siècle (1865, 1870, 1871) s’autorisait à
croire que tel était le cas. Il s’appuyait pour cela sur le célèbre
livre de Jean Duchoul, « Description du Mont Pilat », de 1555.
Il est dit dans ce livre qu’une bataille avait été livrée
au lieu nommé en latin « ad fossas ».
Le prêtre pensait que
ce lieu ne pouvait être que le Fautre de Trèves. Cependant si
on étudie plus en détail le livre de l’abbé, on peut
noter de nombreuses erreurs notamment celles en lien avec le livre de Duchoul.
En effet celui-ci parlait, ailleurs dans son ouvrage, d’une maison des Fayes
et Chavannes disait qu’elle devait être au lieu du Fay à Trèves.
Il n’en est rien. Cette demeure se trouvait au Breuil sous Doizieu, dans
les eaux de l’actuel barrage de La Terrasse-sur-Dorlay.
Mulsant dans
sa traduction de Duchoul, parue en 1868, nous le disait déjà.
Le cardinal Donnet qui rappelait, dans un ouvrage paru en 1866, la traduction
de Duchoul, évoquait lui aussi ce lieu qu’il plaçait aussi
sous Doizieux. Seytre de la Charbouze, en 1874 en fera de même, ainsi
que le docteur Francus en 1890.(Voir aussi Noël Gardon, Claude Longeon).
Attention si de tous ces auteurs, un seul peut être à l’origine
de notre information, qui a pu être reprise sans donner de références
par les autres, comme cela se fait trop souvent, il est certain que du temps
de l’abbé on savait que Les Fayes étaient au Breuil. Il ne
faut cependant pas oublier qu’à l’époque du prêtre, les
moyens de locomotions et de recherches n’étaient pas ce qu’ils sont
de nos jours. Ceci peut plaider en la faveur de l’abbé, bien qu’il
faille se garder de le juger.
Nous commettons tous des erreurs,
et son livre, formidable témoignage sur notre commune de Trèves,
révèle de nombreuses indications qui seraient sans lui tombées
dans l’oubli.
On note aussi qu’il prenait
quelques libertés avec Duchoul en disant qu‘il n’avait pu traverser
le Gier qu’à Trèves, au pont Percey. En effet dans les propos
de Duchoul, selon les traductions de cet ouvrage, il n’est jamais évoqué
le fait qu’il traverse le Gier.
Pour revenir,
après cette digression, au lieu « Ad Fossas », Mulsant
dans « Souvenir du Mont Pilat et de ses environs », 1870, disait
que ce lieu se trouvait sur la commune de la Valla-en-Gier. D autres le
signalaient avant lui, tel Jean Pélisson, XVIII° siècle,
et aussi le cardinal Donnet, « Voyage au Mont Pilat », 1866.
Il faut noter
que le mot « Fautre » semble plutôt tirer son origine
des fenaisons qui pouvaient se faire en cet endroit.
Alors, y-a-t-il
eu une bataille au Fautre ?
A l’école de Trèves dans la classe de notre
instituteur M. Vicat, vers 1978, celui-ci disait, sauf erreur de ma part,
en faisant allusion au passage du livre de l’abbé, que des ossements
avaient été retrouvés lors du terrassement du stade
de football du Fautre. Après avoir
dernièrement demandé à celui qui avait effectué
le terrassement du stade, s’il se souvenait d’avoir trouvé des ossements,
il ne pouvait confirmer la découverte.
Chavannes parlait
aussi, selon des témoignages, d’une bataille entre deux généraux
vers le lieu du Fautre, mais il émettait des réserves sur
cette thèse, rattachant plutôt ce fait aux guerres de religion.
L’abbé énumérait des découvertes, fort intéressantes,
faites vers le Fautre. Malheureusement elles ne traduisent rien de certain.
Dans « Histoire
de Condrieu… » 1850 (ou nouvelle histoire… de AB. Lafond), Trèves
tiendrait son nom du tombeau du capitaine Trévis, tombé dans
un affrontement du temps de Septime-Sévère. On signale ici,
que des historiens donnaient l’origine de Trèves, à la trêve
passée entre Albinus et Sévère. Ceci signifie, selon
cet ouvrage, qu’il y aurait donc bien eu des combats aux alentours de Trèves.
Ces thèses sont cependant peu crédibles.
Pour conclure,
on peut penser qu’il y a eu sans doute des affrontements sur la commune de
Trèves, notamment au temps des guerres de religion, avec l’épisode
fort connu de la bataille de Métrieux. Trèves étant
autrefois sur une frontière entre peuplades gauloises, (Allobroges
et Ségusiaves), Trèves étant sur une voie de passage
antique relativement importante, il y a peut-être eu des «
accrochages » liés à ces deux situations, mais d’ici
à parler de bataille rangée, il faudra trouver des éléments
plus convaincants...
Extrait des notes de Lionel Chevallier sur la
commune de Trèves
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