RUBRIQUE

ALCHIMIE
Juillet 2016






Par
Renard Gambline




FULCANELLI

 

L'énigme de l'alchimiste inconnu



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Ayant eu le privilège d’entretenir des relations amicales avec la famille Eugène Canseliet, et plus particulièrement avec l’une de ses filles Isabelle au cours des années 1983 à 1998, je conserve de cette période un souvenir très émouvant et l’impression d’y avoir vécu une aventure merveilleuse. Bien que je n’ai pas cru y avoir bénéficié de révélations particulières. Aussi ai-je pris très au sérieux ce que j’ai pu entendre de leur part. Après avoir glané pendant ces quelques années des informations je pense que ce qui est tout spécialement important dans l’œuvre de l’Adepte Fulcanelli, (celui qui a obtenu la Pierre philosophale) est la doctrine qu’il y expose, ainsi que les quelques détails de sa personnalité que son disciple, Eugène Canseliet, garant de ses intérêts a jugé digne de dévoiler.

Il me fallait en savoir plus au sujet de ce personnage d’exception. Aujourd’hui voilà ce que je sais.




Eugène Canseliet


 

D'après les indications de Melle Isabelle Canseliet, Fulcanelli a été un ancien élève de l'École Polytechnique et a défendu Paris pendant la guerre Franco-prussienne (1870-1871) sous les ordres de Mr. l'architecte Viollet-le-Duc (1814-1879), lieutenant-colonel de la Légion du Génie auxiliaire de la Garde Nationale de la Seine, ce qui veut dire qu'il était un des 16 ingénieurs des Ponts et Chaussées (Corps P.C.) nés en 1839. — Et que Mr Eugène Canseliet, « le nègre muet de Fulcanelli » son disciple a participé à la mise en forme des œuvres que le maître lui aurait confiés, sous forme de manuscrit scellé à la cire. Ainsi que sa dernière œuvre restée inédite, « Finis Gloria Mundi », où selon des extraits dont l’authenticité est à démontrer, il évoquerait une apocalypse prochaine, par une submersion consécutive à un basculement des pôles, ainsi qu’un éventuel déluge de feu...Le Maitre de Savignies dans l’Oise a jugé digne de préfacer les Œuvres du Maitre Fulcanelli.




Isabelle Canseliet devant la maison de son père 1996

 
 

Alors, que peut-ton dire sur le personnage Fulcanelli qu'il est intéressant, qu’il est un célèbre et mystérieux alchimiste moderne, français du XXe siècle, qu’il a vécu sous l’ influence de la littérature et la peinture de son époque. Du cabaret du Chat Noir aux œuvres de Raymond Roussel, Alfred Jarry, Maurice Leblanc, Gaston Leroux, en passant par les toiles de Steinlen et de Toulouse-Lautrec.

 

Il serait né dans la première moitié du XIXe siècle, peut-être en 1838 ou en 1839, et aurait consacré une partie de sa vie à l'alchimie pour la réalisation du grand œuvre, la pierre philosophale.

 

Rappelons l’épisode rapporté par Eugène Canseliet : « A l’automne de 1919, alors que je me trouvais avenue Montaigne, avec Julien Champagne qui travaillait là, pour Paul de Lesseps, Fulcanelli arriva inopinément. Crêpe au bras gauche, j’étais en deuil de ma grand’mère, de sorte que, surpris, le Maître continua ses questions : « Mais quel âge avait-elle ? Comme mon aïeule paternelle était née en 1839, je répondis : « 80 ans.»  « Tiens ! s’exclama-t-il, tout juste le mien ! ».

 Analysons un peu cette conversation : Comme mon aïeule paternelle était née en 1839, je répondis 80 ans. (1919-1839 = 80).

Mais, en matière d’âge, il faut distinguer entre : « elle était dans sa 80ème année » de « elle avait 80 ans révolus », c’est-à-dire elle venait d’avoir ses 80 ans.

C’est ce seul chiffre de 80 que reçoit Fulcanelli et qui le fait s’exclamer : « Tout juste le mien ! », laissant ainsi entendre qu’il vient d’avoir ses 80 ans (tout juste), il était donc né en 1838, peut-être même à l’automne 1838...  Car ainsi, il n’avait pas encore 1 an en 1838 (mais seulement moins de1 an), il n’eut 1 an qu’en 1839, 2 ans en 1840, etc.... et 80 ans à l’automne 1919 =1838+81= 1919.

 

Il est l'auteur de deux ouvrages majeurs de la littérature ésotérique sur la symbolique alchimique : Le Mystère des Cathédrales publié en 1926 et Les Demeures philosophales paru en 1930.

 

Tout d'abord, il faut considérer le nom de Fulcanelli comme un pseudonyme. Un pseudonyme qui ne fut certainement pas pris au hasard et renferme une signification précise.

 

L’auteur de ces deux livres est le premier a proposé une lecture sous la forme de la Langue des Oiseaux qui est la technique du cryptage et de décryptage des livres de Pierres accompagnée d’une relecture de l’art gothique sous l’angle symbolique de l’aspect de l'art médiéval bien trop négligé. Donc une compréhension en profondeur, de la langue française ; elle correspond à la Kabbale pour l'hébreu, à la Science des lettres (ilmul-hurûf) pour l'arabe classique et à la Hiéroglyphite pour l'égyptien ancien. Toutes ces langues sacrées, langue diplomatique, Cabale euphonique, phonétique, solaire, hermétique, langue des Cabaliers, Chevaliers, de Pégase, Gaie science, Gaye sçavoir. Elles sont utilisées en général surtout pour « extraire l'esprit, (...) saisir la signification secrète » des ouvrages didactiques et des « sciences ésotériques ». Percevoir la signification « originelle » de tout mot, avant leur déformation par les connotations émotionnelles et culturelles du langage « courant »; cela rejoint les concepts d'une Langue-mère très recherchée depuis le XVIIIe siècle.

 

Les deux ouvrages de Fulcanelli, exceptionnels, font des révélations inédites, introuvables dans l'ensemble de la littérature alchimique, sur des points minutieusement mis sous silence par les Anciens.

 

Dans son premier ouvrage, il évoque bon nombre de ses illustres prédécesseurs tout en livrant quelques clés d’interprétation : Ces suggestions aident à comprendre l'erreur dans laquelle quantité d’Alchimistes sont tombés, en prenant le sens littéral des récits purement allégoriques, il a écrit avec l'intention d'enseigner aux uns ce qu'il fallait cacher aux autres. Puis, dans le second, un état supposé des connaissances scientifiques et philosophiques.

De toutes les figures présentes dans ces ouvrages, Fulcanelli a assurément su faire l'interprétation du symbolisme ésotérique et hermétique du grand œuvre.

 

Fulcanelli a, fait couler beaucoup d'encre du fait qu’il était rattachait, par les Rose-Croix, à l'ésotérisme égyptien et aux Frères chevaliers d'Héliopolis ce qui veut dire « cité du soleil, » : F.C.H. « Philosophe par le feu » et divers autres titres, tenus toujours au secret confirmeraient ces différentes hypothèses.

 

Son patronyme, qui serait bien une combinaison de Vulcain et d'Élie signifierait en langage hermétique « Le Feu du Soleil ››. Quant à son nom véritable, il continue toujours à alimenter les controverses….

 

Sa légende commence en 1920 dans les petits cercles ésotéristes, et elle dit qu'il serait parvenu à réaliser le grand œuvre vers la fin de sa vie.

 

Eugène Canseliet et Jean Julien Champagne ces deux amis laissent entendre que Fulcanelli est un aristocrate d'un certain âge, distingué et extrêmement cultivé : Mais l'homme reste très discret, travaillant en marge des cercles n'assistant à aucune réunion ésotérique.




 

 

Pour ses travaux pratiques, Fulcanelli met à l'essai hors de la période canonique diverses petites recherches qui aident à vérifier l'unité du processus alchimique (la matière est UNE et elle évolue). Il travaille également à la préparation du feu secret et du Mercure Philosophique. La période du printemps est riche en feu secret partout en France. Pendant la période canonique il travaille à l'élaboration des matières philosophiques : Le Mercure des Sages, Le Soufre Philosophique et le Sel Philosophique.

 

Au début de 1919, Fulcanelli semble avoir résolu tous les problèmes majeurs du grand œuvre. Quand il retourne sur Paris venant de Marseille, il lui apparaît qu'il n'a plus qu'à mettre à profit toute l'expérience acquise et à finaliser la grande coction.

 

Fulcanelli était marié : Dans la seconde préface au "Mystère des Cathédrales" (datée d'Août 1957) Eugène Canseliet cite une lettre que Fulcanelli avait écrite de nombreuses années auparavant. Cette lettre permet d'une part de certifier qu’Eugène Canseliet connaissait fort bien le nom de la personne qui se cache derrière Fulcanelli. D'autre part Fulcanelli a également accédé à l'Adepta (désigne adepte qui a obtenu la Pierre philosophale). tel que c'est exprimé dans la lettre, il évoque dans cette lettre « lorsque ma femme m'a annoncé la bonne nouvelle ... ma femme avec cette intuition inexplicable des êtres sensibles avait fait un rêve... " » De la façon dont il parle ici de sa femme laisse véritablement penser que son épouse était tout à fait au courant des travaux alchimiques de son mari, voir éventuellement elle y prenait part à sa manière étant en contact avec Fulcanelli son mari.

Enfin le fait que Eugène Canseliet n'ait jamais parlé de son épouse ni fait une seule référence à son sujet laisse à penser qu'en 1915 (année où Canseliet rencontra Fulcanelli) madame Fulcanelli était décédée...




Eugène Canseliet dans son laboratoire à la balance - en noir 


Voilà une petite synthèse.

 

Quelques réflexions : Or, depuis bien des années, la lecture de l’ouvrage « Les Demeures Philosophales » m’avait fait remarquer un passage de quelques lignes baignées d’un climat spécial, d’une atmosphère propice à l’aveu, nous le rendant distrayant, évocateur et d’un caractère plus spécialement littéraire.

 

« Défiez-vous donc de faire intervenir, en vos observations, ce que vous croyez connaître, car vous seriez amené à constater qu'il eût mieux valu n'avoir rien appris plutôt que d'avoir tout à désapprendre................................

......... Nous savons ce qu'il en coûte pour troquer les diplômes, les sceaux et les parchemins contre l'humble manteau du philosophe. Il nous a fallu vider, à vingt-quatre ans, ce calice au breuvage amer. Le cœur meurtri, honteux des erreurs de nos jeunes années, nous avons dû brûler livres et cahiers, confesser notre ignorance et, modeste néophyte, déchiffrer une autre science sur les bancs d'une autre école. »

 

Les Demeures Philosophales - FULCANELLI - chapitre : La salamandre de Lisieux (extrait).

 

Court texte qui, certes, donne les plus précieux conseils pour se bien conduire dans la Science (laquelle ne peut qu’être Unique) quand s’y manifestent les forces que les sciences matérialistes ont éliminées de leurs considérations : Cette l'Alchimie est la « science hermétique », une chimie spiritualiste qui « tente de pénétrer le mystérieux dynamisme qui préside » à la « transformation des «corps naturels». L'archimie poursuit à peu près un des buts de l'Alchimie soit « la transmutation des métaux les uns dans les autres », mais pour se faire, elle utilise « uniquement des matériaux et des moyens chimiques », limitée au « règne minéral ».

 

Mais quelle est donc cette première école, quelle est donc cette première science qui a été reniée par l'auteur au profit d'une science antique ? C'est le savoir qui lui a été inculqué autrefois dans sa jeunesse, en contraste avec la connaissance antique à laquelle il a dû s’initier. Je vais essayer de vous en révéler le décryptage ; vous pourrez ainsi en vérifier vous-mêmes les opérations et juger des résultats.

 

"Il nous a fallu vider, a vingt - quatre ans, ce calice au breuvage amer". " Calice " en latin est calix, phonétiquement qu'à l'X, ce qui nous oriente sur une école Polytechnique qui est appelée l'X et dont les amphithéâtres étaient également pourvus de bancs. La manière dont Fulcanelli, nous parle d'ailleurs de celle-ci ainsi que de la préparation à son admission dans les classes appelées " Taupes ", me laisse penser qu’elle lui était familière. Encore très récemment, on n’en sortait avec un " diplôme " d'ancien élève qu'en fin d'études au plus tard vers l'âge de 24 ans précisément.

Enfin, ce " breuvage amer ", en quelque sorte, grise et, de celui qui s'en contente, l'âme erre sans trouver la Vérité. C'est un breuvage officiel communément administré au début de la vie, un breuve âge pour le bref âge, et seuls, les Hommes les plus valeureux sont ensuite appelés, à l’écart des voies officielles, à une quête individuelle de la Vérité ; il faut vider ce poison, c'est-à-dire l'épuiser, le passer entièrement au crible de l'analyse critique.

Les termes utilisés par Fulcanelli, pour nous peindre sa conversion à la Science Antique au sortir d'un cursus scientifique classique, sous un aspect littéraire destiné à distraire, c'est-à-dire détourner le lecteur peu perspicace, tous les vocables qu’il utilise sont choisis avec un soin tout particulier pour nous indiquer cabalistiquement un certain nombre de données entrelacées d'une manière très cohérente ; cohérence, donc, qui amène la certitude au sujet de chacune de celles-ci.

Se défier, ne pas se fier, ne pas croire sans preuve, mais constater et tirer soi-même son analyse des constatations ; ce qui est d'autant plus difficile pour qui croit avoir déjà appris, se défier c’est aussi se porter un défi à soi-même, un auto-défi amenant à l’autodafé qui fait brûler les livres et les cahiers professant la doctrine illusoire. C’est « se surpasser » ; ce qui est d'autant plus difficile pour qui, « trop confiant » et manquant de (cœur-agir), de force d’âme, croyait valable la solution qui lui avait été apprise. « Amené à constater » : dans amené, on perçoit amen, qui, en hébreux signifie vérité ; donc constater véritablement. « Désapprendre » : laisse entendre un retour en arrière caractérisé par l’adverbe palin, palin en grec ancien signifiant en sens inverse, à rebours ; à l’opposé, au contraire.  Les « diplômes » (la diplomatie peut être l’art de prêcher le faux pour savoir le vrai, ou bien le masquer, voire le travestir), les « sceaux » (sots) et les « parchemins » (perd-chemin, et donc erre), qui devraient témoigner d'un savoir sûr, s'opposent à l'humble manteau du philosophe. « Humble », du Latin humilis, suggère la terre (humus) et nous rattache à des faits concrets qui s’opposent aux idées très abstraites. « Manteau » fait penser au grec manqanw, manthanô, apprendre, s'instruire, étudier, comprendre. Il évoque aussi manteia, mantéia, qui signifie, entre autre, langage mystérieux, qu'il faut donc humblement déchiffrer ", lequel évoque celui des alchimistes. « Désapprendre », pour s'instruire d'une autre manière, est d'ailleurs metamanqanw, métamanthanô ; on y retrouve le " manteau ".  « Troquer » : évoquant le grec trocoV, trokhos, roue, course en rond, roue instrument de torture, suggère, à lui seul, cette révolution douloureuse. Le « cœur meurtri » que l'auteur a dû assumer. Le cœur, c’est le for intérieur, la conscience, le courage, la jugeote, la manière de percevoir. C’est aussi le siège de la mémoire (savoir par cœur) qui se trouve bouleversé. « Une autre science ». Cette science, aussi bien que celle que l'auteur a reniée ne sont pas des savoirs purement intellectuels, car elle nécessite l’observation de faits. C’est donc plutôt ce qu'on nommait jadis des arts, comme dans Arts et Métiers. En grec ancien ce serait donc le mot tecnh, tekhnê, c'est-à-dire technique, qui rend bien ce sens. Et l'épithète relative à ces sciences est tecnicoV,h,on, tekhnikos, ê, on. Cet adjectif signifie d'ailleurs ingénieux, proche d'ingénieur. Un autre mot banausotecnew-w, banausotekhneô-ô, signifie exercer un art mécanique. Il est composé de banausoV, banausos, celui qui travaille auprès d'un fourneau, et par extension celui qui exerce un art mécanique. Ces mots dérivent de baunh, baunê, qui signifie forge, fourneau, cheminée, foyer. Nous voici donc amenés aux arts du feu.  Or la racine de baunh est ban, que l'on transcrira en ban, rappelant très précisément les « bancs d'une autre école ». C'est à l'école du fourneau (ban) que l'on déchiffre alors la nouvelle science.



 
 
Références Les Demeures Philosophales, Fulcanelli : (Edition - Tome - Page-Phrase).

Schemit  89- 08 à 89-12 , Omnium  I .117-01 à 1.117.05 ,  Pauvert n°1  I .186-01 à 1.186-05, Pauvert n°2  I .268-04 à I.268.08 .





Eugène Canseliet au fourneau  dans son laboratoire  -  en noir

 

 

 

Il est singulier de constater que ces deux sciences contradictoires, la première aussi bien que l'antique, nous acheminent pourtant sur le même qualificatif de palaia tecnh, palaia tekhnê, dont l'école la dispensant ne peut s’appeler que palaia tecnikh, palaiatekhnikê polytechnique ; car l’adverbe palai, en grec signifie aussi bien depuis longtemps, antique, dans une acception forte, que dans un sens adouci, avant le temps présent. D'ailleurs, "une autre science", c'est une seconde science, vu que autre est souvent synonyme de second, également une science nouvelle, ou encore, dans le cas présent, une science en sens contraire, toutes significations qui convergent vers le préfixe grec palin, palin, rencontré plus haut. Il s'agit donc d'une palit-tecnh, palit-tékhnê, et l'école qui l'enseigne ne peut être que palittecnikh, palittékhnikê !

 

 

Nous avons parlé plus haut de conversion de notre auteur relativement à la science rationaliste qui, depuis le siècle "des Lumières" a petit-à-petit conquis le caractère officiel ; mais écrire Lumières au pluriel quand son initiale est majuscule montre déjà l’irrévérence envers le Sacré et concrétise la déchéance de la pensée, car La Lumière est Unique. En tous cas, conversion peut se dire polhsiV, polèsis, du verbe polew, poléô, tourner, ce qui nous ramène à la roue et au troc. Rapprochés, ces mots, signifiant en grec conversion avec science, nous donnent encore polèsis tekhnê.

 

 

C'est donc bien de l'École Polytechnique de Paris qu'il s'agirait. Au cours des "bizutages" des nouveaux admis à cette École, il arrivait d’ailleurs que ceux-ci, pris au dépourvu au cours de leur sommeil, fussent soumis par les "Anciens" à l’épreuve de l’ingestion d’une mixture d’une amertume vraiment repoussante.

 

 

Détail supplémentaire, manquant peut-être de force probante, dans les phrases que Fulcanelli consacre à la lettre X, on rencontre, dispersés, les mots "patrie", "sciences" et "gloire", figurant dans la devise de l'École Polytechnique "Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire". Il parle aussi des "taupins et chers camarades", montrant sa bonne connaissance des manières de cette École de Paris.

D'ailleurs l'École Polytechnique suisse est appelée "Le Polytechnicum". Il ne semble pas qu'elle ait un nom plus familier.

 

Petite touche d’humour, si l’Adepte est ancien élève de l’École Polytechnique, il a dû fréquenter une Taupe, c’est-à-dire une classe de préparation, ce qui est amusant sachant que par la suite, il a beaucoup fouillé la terre alchimique au sein de ténèbres qu'il a dû dissiper. Terminons donc, si vous le voulez bien par ce diagramme qu’il donne lui-même dans son texte, et qui s’énonce :

 

 

Soufre (S) et Potasse (KOH) pour l’X

 

S   X   KOH

Un microphone inconnu    

 

 

S  X  KOH , en héraldique, pourrait se dire :  X accosté (de) S et KOH,  et, par les méthodes de Grasset d’Orcet : X coste S et KOH, ou aussi  X acost S et KOH soit : X coûte S et KOH, c’est-à-dire Soufre et Potasse c’est le prix de l’accueil à l’X, ou, autrement, Soufre et potasse pour l’X, puisque S est le "symbole" du soufre et KOH celui de la potasse en chimie.

De l’ancien Français : " cost ", coût, dépense, et du verbe " coster ", coûter ; coûter de la peine. Et également de " acost ", accueil ; voisinage, union.

 

Canseliet nous fournie un autre renseignement précieux : « L’Alchimie est spirituellement, la volonté d’élévation, de progression constante et, physiquement, l’extraction du suc, de la saveur ; elle satisfait le besoin de la spéculation, de l’expérience, aux aspirations de l’esprit de la matière. [...] L’alchimiste s’applique surtout à la réalisation du Grand-Œuvre, qui se développe sur les deux plans, spirituel et physique, et a pour but la découverte de la médecine universelle ou Pierre Philosophale ».

 

Ce qui nous amène à une transmutation métallique attribué à Fulcanelli au château de Léré, près de Bourges, en présence de Pierre de Lesseps, de deux physiciens, d'un chimiste et d'un géologue.

 

Il réalisa en 1922 une transmutation dans les locaux de l’usine à gaz de Sarcelles, en présence de plusieurs personnes. Eugène Canseliet, alors présent, fut chargé par le maître de faire éditer et connaître son œuvre.

Supposons qu'il fut un scientifique, de réputation notoire et dont les travaux auraient été couronnés à la fin du siècle dernier par l'Académie des sciences. (Pourquoi pas ?)

 

Alors voici : L'homme qui laissait le soin à Eugène Canseliet d'éditer ses ouvrages allait changer d'aspect et le milieu. En 1937, un après-midi de juin, Jacques Bergier crut avoir d'excellentes raisons de penser qu'il se trouvait en présence de Fulcanelli.

Il raconte c'est à la demande d'André Helbronner que mon ami rencontra le mystérieux personnage, dans le cadre prosaïque d'un laboratoire d'essai de la Société du Gaz de Paris.

 Voici exactement la conversation : « M. André Helbronner, dont vous êtes, je crois, l'assistant, est à la recherche de l'énergie nucléaire. M. Helbronner a bien voulu me tenir au courant de quelques-uns des résultats obtenus, et notamment de l'apparition de la radioactivité correspondant à du polonium, lorsqu'un fil de bismuth est volatilisé par une décharge électrique dans du deutérium à haute pression. Vous êtes très près de la réussite, comme d'ailleurs quelques autres savants contemporains. Puis-je me permettre de vous mettre en garde ? Les travaux auxquels vous vous livrez, vous et vos pareils, sont terriblement dangereux. Ils ne vous mettent pas seuls en péril. Ils sont redoutables pour l'humanité tout entière. La libération de l'énergie nucléaire est plus facile que vous ne le pensez. Et la radioactivité artificielle produite peut empoisonner l'atmosphère de la planète en quelques années. En outre, des explosifs atomiques peuvent être fabriqués à partir de quelques grammes de métal, et raser des villes. Je vous le dis tout net : les alchimistes le savent depuis longtemps. » Bergier tenta d'interrompre en s'insurgeant. Les alchimistes et la physique moderne ! Il allait se lancer dans les sarcasmes, quand son hôte l'interrompit : « Je sais ce que vous allez me dire, mais c'est sans intérêt. Les alchimistes ne connaissaient pas la structure du noyau, ne connaissaient pas l'électricité, n'avaient aucun moyen de détection. Ils n'ont donc pu opérer aucune transmutation, ils n'ont donc jamais pu libérer l'énergie nucléaire. Je n'essaierai pas de vous prouver ce que je vais vous déclarer maintenant, mais je vous prie de le répéter à M. Helbronner : des arrangements géométriques de matériaux extrêmement purs suffisent pour déchaîner les forces atomiques, sans qu'il y ait besoin d'utiliser l'électricité ou la technique du vide. Je me bornerai ensuite à vous faire une courte lecture ». L'homme prit sur son bureau l'ouvrage de Frédéric Soddy : L'Interprétation du Radium, l'ouvrit et lut : « Je pense qu'il a existé dans le passé des civilisations qui ont connu l'énergie de l'atome et qu'un mauvais usage de cette énergie a totalement détruites. » Puis il reprit : « Je vous demande d'admettre que quelques techniques partielles ont survécu. Je vous demande aussi de réfléchir au fait que les alchimistes mêlaient à leurs recherches des préoccupations morales et religieuses, tandis que la physique moderne est née au XVIIIe siècle de l'amusement de quelques seigneurs et de quelques riches libertins. Science sans conscience... J'ai cru bien faire en avertissant quelques chercheurs, de-ci, de-là, mais je n'ai nul espoir de voir cet avertissement porter ses fruits. Au reste, je n'ai pas besoin d'espérer ».

Bergier devait toujours garder dans l'oreille le son de cette voix précise, métallique et digne. Il se permit de poser une question : « Si vous êtes alchimiste vous-même, Monsieur, je ne puis croire que vous passiez votre temps à tenter de fabriquer de l'or, comme Dunikovski ou le docteur Miethe. Depuis un an, j'essaie de me documenter sur l'alchimie, et je nage parmi les charlatans ou les interprétations qui me semblent fantaisistes.

Vous, Monsieur, pouvez-vous me dire en quoi consistent vos recherches ?

Vous me demandez de résumer en quatre minutes quatre mille ans de philosophie et les efforts de toute ma vie. Vous me demandez en outre de traduire en langage clair des concepts pour lesquels n'est pas fait de langage clair. Je puis tout de même vous dire ceci : vous n'ignorez pas que, dans la science officielle en progrès, le rôle de l'observateur devient de plus en plus important. La relativité, le principe d'incertitude, vous montrent à quel point l'observateur intervient aujourd'hui dans les phénomènes. Le secret de l'alchimie, le voici : il existe un moyen de manipuler la matière et l'énergie de façon à produire ce que les scientifiques contemporains nommeraient un champ de forces. Ce champ de forces agit sur l'observateur et le met dans une situation privilégiée en face de l'univers. De ce point privilégié, il à accès à des réalités que l'espace et le temps, la matière et l'énergie, nous masquent d'habitude. C'est ce que nous appelons le Grand Œuvre.

— Mais la pierre philosophale ? La fabrication de l'or ?




 

— Ce ne sont que des applications, des cas particuliers. L'essentiel n'est pas la transmutation des métaux, mais celle de l'expérimentateur lui-même.  C'est un secret ancien que, plusieurs hommes par siècle retrouvent.

— Et que deviennent-ils alors ?

Je le saurai peut-être un jour. »

Mon ami Jacques Bergier ne devait jamais revoir cet homme qui a laissé une trace ineffaçable sous le nom de Fulcanelli. Tout ce que nous savons de lui est qu'il survécut à la guerre et disparut complètement après la Libération. Toutes recherches échouèrent pour le retrouver.

(...) Extrait de : Louis Pauwels, Jacques Bergier, Le Matin des Magiciens, Ed. Gallimard, Folio, 1972.

 

« L'opinion des plus instruits et des plus qualifiés et que celui qui se cacha, ou se dissimule encore de nos jours sous ce fameux pseudonyme de Fulcanelli, est le plus célèbre et sans doute le seul alchimiste véritable (peut-être le dernier) de ce siècle où l'atome est roi. » Claude d'Ygé, revue Initiation et Science, n° 44, Paris).

 

Eugène Canseliet dit ceci de Fulcanelli "Grâce à lui la cathédrale Gothique livre son secret. Et ce n'est pas sans surprise ni sans émotion, que nous apprenons comment fut taillée, par nos ancêtres, la première pierre de ces fondations, gemme éblouissant, plus précieuse que l'or lui même ".

 

À la fin du Mystère des cathédrales se trouve un cul-de-lampe « l’écu final » dernier dessin de Julien Champagne sous la forme d'un écusson doté d'une devise sur le principe d'assonance phonétique « Le Langage des Oiseaux ».


L’alchimiste Julien Champagne (1877-1932), qui fut l’illustrateur des ouvrages de son maître Fulcanelli, a placé un blason à la fin du livre Le mystère des Cathédrales, ce blason indique le nom de l’illustrateur du livre ou celui de l’auteur donc Ambiguïté.

La science du blason confrontée à la Sainte science où alchimie est une rencontre difficile car toutes deux utilisent un vocable particulier. Elles sont dites « parlantes » et les Anglais les appellent « chantantes », ce qui ne manque pas de pertinence, et fait de la science du blason l’un des vecteurs le plus important de l’alchimie à travers la phonétique ou cabale. Donnons une explication de l’écu final, anagramme presque parfaite de Fulcanelli.



Hippocampe couleur

 




Faisons cette lecture : Ce blason est dans un écu (rond), un triangle coupé en deux parties de forme ogivale pointe en bas. Dans la partie basse du triangle (culot) cela ressemble à un creuset contenant de l’or (les points indiquent en héraldique le métal or). (Je suis homogène). La partie supérieure du blason est de couleur rouge (de gueule en héraldique) symbolisé par des hachures verticales. (Je suis comme la pluie). L’écu selon la langue des hérauts d’arme est « meublé » d’un hippocampe ou cheval de mer couleur d’argent posé en pal et brochant vertical au centre (hypo = cheval, la cabale est la langue du cheval). (Je suis un cheval chargé de pics). La queue de l’hippocampe forme la lettre J dans la partie dorée de l’écu.

L’hippocampe porte un énorme épi sur la tête en forme de Flamme ou d’Épi désignant que l’adepte est parvenu à la fin des multiplications il est couronné, car l’hippocampe dans sa nature porte à son sommet une petite couronne.

Le J dessiné dans la partie basse du blason de julien champagne est appelé par les héraldistes : la champagne. (Grand Larousse encyclopédique) : par contre on peut souligner que c’est bien Julien Champagne qui a signé puisque cette partie peut être confondue avec les bulles du champagne.

1'hippocampe est aussi synonyme de la "corne du dieu Amon" égyptien, pour les hermétistes il servait à désigner le "Sel d' Harmonie".

Le Casque (heaume) est de face, ce qui caractérise les chevaliers créés par lettre, le nouvel anobli. (Mais je suis caché).

La partie métallique en dessous du casque (plastron) définie : (je suis protégé).

Le haut du heaume est garni d’un panache qui suggère des feuilles de chêne cette source d’eau vive qui ne mouille pas les mains. (Mais je suis lège comme la plume).

  La lumière du casque d’armure est en forme de croix ce qui est pour le moins inhabituel et surtout peu fonctionnel.  La croix du heaume caractérise les armures templières, ce qui indique l’origine de la connaissance hermétique du créateur. La croix indique qu’il s’agit là du creuset (creuset = croix = lumière). Le creuset en question c’est le grand symbole de la lumière manifestée, c’est le vaisseau cette petite croix de Saint André crucibulum en grec désignant un matras de terre ce n’est autre qu’un ballon de fer (cabalistiquement : de verre) qui contient la « boule auquel son péricarpe épineux, donne le non vulgaire de l’Hérisson ».

 Le phylactère ou listel héraldique porte la devise : UBER CAMPA. AGNA signifiant haubert (Hubert) Hippocampe (Campa) Épi (Agna). (Vous pouvez vérifier cela sur un bon dictionnaire latin).

 

  La formule devient :    L’ENSEMBLE   M’OBLIGE   A   ME TAIRE.

 

Un petit clin d’œil, l'anagramme de Fulcanelli "l'écu final." cette interprétation n'est qu'une interprétation. Ce que je vois c'est qu’il manque un L à savoir en hermétisme un L forme une marque couronnée et a toujours été le signe conventionnel chargé, dans la notation graphique, de désigner l’or de projection, c’est-à-dire alchimiquement fabriqué.

 

Cette interprétation aura des divergences voir celle de Robert Ambelain, en 1962 dans Les Cahiers de La Tour Saint-Jacques :

 

 « "UBER" plaine de France la champagne les étymologies du mot Champagne évoquent cette notion de plaine ou campagnia en latin. On nommait ainsi vers le Xe siècle campania remensis, la plaine de Reims. La notion de champ ou campus en latin, riche en épis de blés (agna) pourrait fort bien avoir conduit au terme générique de campa agnia = plaine propre à la culture des céréales ; ce qu'est au fond de toute mémoire la Champagne. Nous n'en sortons pas ! 

Voilà donc une seconde allusion claire au nom de Champagne. Mais le mot Uber rappelle encore fort astucieusement le second prénom du père de Jean Julien Champagne : Hubert. C'est aussi ce prénom que ses amis et sa famille donnaient plus usuellement à Jean Julien et qui figure sur l'acte de décès de l'artiste. Mais que peut alors signifier cet étrange hippocampe sur fond d'or, en dehors pour l'instant de toute interprétation alchimique ? »

 

Eugène Canseliet, raconte s'être rendu en 1954 à Séville, de là on l'emmena dans un grand château perdu dans la montagne où vivait une communauté d'alchimistes. C'est là qu'il aurait rencontré son maître. Canseliet n'était pas au bout de ses surprises : celui-ci lui aurait dit : "Tu me reconnais ?" alors que Fulcanelli aurait dû être âgé de 113 ans. Il s'était transformé pour être plus précis, il était devenu androgyne. Vagues souvenirs ? de Canseliet de son voyage en Espagne.

Les manuels d'alchimie mentionnent en effet celui qui prend l'élixir de vie perd ses cheveux, ses dents et ses ongles et se modifie.

 

Canseliet en introduction aux ouvrages du maître, affirme que Fulcanelli aurait bénéficié du "Don de Dieu" (Donum Dei), ce qui signifierait qu'il aurait découvert les secrets de la vie éternelle et aurait atteint l'immortalité.

 

En définitive, l'identité véritable du personnage importe peu. Par l'ampleur de son œuvre, en interprétant le décor des cathédrales dans une perspective ésotérique et alchimique, Fulcanelli a non seulement apporté sur l'art médiéval un éclairage totalement nouveau, mais il a aussi créé une émulation telle ; que l'approche de la science ésotérique a été radicalement bouleversée avant que le Maitre disparaisse mystérieusement au début du XXe siècle.

 

La signature de Maitre Fulcanelli

 

 

Renard Gambline le 26 Février 2016

 






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    Saluons ces Travaux colossaux que vous venez de découvrir avec une surprise tellement évidente que vous ne la mesurez pas à Hauteur de sa Vraie Valeur.