Rubrique

Les Templiers

Septembre 2018











Par
Michel Barbot

<RETOUR AU SOMMAIRE DE LA GRANDE AFFAIRE>


LA HUITIÈME HEURE
OU LA RÉSURGENCE DE L'ORDRE DES TEMPLIERS

 

DEUXIÈME PARTIE

 

LES PROPHÉTIES DE JEAN XXIII

Le renoncement au Trône de Saint Pierre par le pape Benoît XVI et son remplacement par le pape François a redonné un certain regain d’intérêt aux Prophéties de Jean XXIII. La 10e prophétie évoquerait cet événement. Certains chercheurs vont même jusqu’à affirmer que le pape Benoît XVI aurait démissionné afin que la prophétie puisse se réaliser… Agir ainsi serait plutôt de nature à discréditer les dites prophéties ! Elles furent présentées par Pier Carpi en 1976. Il paraît certain, par exemple, que le futur pape Jean XXIII évoquait dans l’une d’elle, le pontificat de Jean-Paul II.

Les prophéties ne sont peut-être pas véritablement présentées dans l’ordre qui caractérise leur réalisation. La 9e prophétie, très énigmatique, paraît néanmoins postérieure à la 10e quant à sa réalisation. Elle commence ainsi :

« Deux frères et personne ne sera le vrai Père. La Mère sera veuve. »

Le prophète évoque un conflit opposant « les frères d’Orient et d’Occident », ce conflit provoquera la mort de « leurs enfants ».

« Alors le saint aux pieds nus descendra du mont et, devant la tombe du va-nu-pieds, éclatera le règne béni de la Très Sainte Vierge. Écoutez ses paroles. Marie Très Sainte, fille et mère de Dieu, maîtresse du temps futur, bats le rappel de tes fils dans les campagnes, pour qu’ils abattent les deux Babylone. Et que la Mère soit Une, comme tu es unique. La terre détruira le ciment et de terre sera, Reine, ta nouvelle Église. Et sur la terre de blé, pour la faim de tes peuples, fleur sur ton nouvel autel. Amen. »

La nouvelle Église, « de terre sera ». Notons la présence de ce « saint aux pieds nus » ainsi que « la tombe du va-nu-pieds », d’importance quant à la création de cette nouvelle Église. Les fils de cette église habitent les campagnes. L’idée du blé, fleur du nouvel autel est un beau symbole, surtout s’il devient nourriture des peuples en malnutrition. L’anthropologue Écossais James-Georges Frazer dans son livre Le Rameau d’Or nous apporte de précieuses informations au sujet du blé :

« En Écosse, on représente l’esprit du blé par la dernière gerbe, à laquelle on donne la forme d’une femme et qui porte le nom de Vierge. Comme d’ordinaire, on croit que l’esprit du blé loge dans la dernière gerbe ; manger du pain fait avec la dernière gerbe c’est donc manger l’esprit du blé lui-même… »

Ce blé de la faim parle tout particulièrement, au Nantais de cœur et de naissance que je suis. La cité de Nantes se dit en breton Naoned. Les Bardes Bretons ont lu Naon Ed : Naon, la faim et Ed, le blé, soit en breton ancien le « Blé de la Faim ». La gerbe de blé, symbole héraldique primitif de la Bretagne, est visible dans le célèbre Passage Pommeraye de l’ancienne capitale du duché de Bretagne. Les hermétistes Nantais de la Renaissance ont doublé la lecture héraldique de Naoned en évoquant la Nef ou Arche de Noé qu’ils identifièrent à l’Église du Pape-Gault ou Pape Gaulois, le Clauiger cœli, ou Janus Nantais, thèmes évoqués en partie  dans mon conte Noel Ourifique pour Maître Hiéronymus Berlier et Anselme Rollat http://regardsdupilat.free.fr/seize.html

Cette Église Nantaise reflet de l’Église Kuldéenne, nous transpose dans l’Imago Templi... Les vieux auteurs à la cité de Nantes expliquaient le nom de la cité par le celtique NANT qui signifie « Ciel » mais aussi « Vallée »… et c’est bien cette « Vallée » qu’ils retenaient. Les Namnètes ou Namnites, la tribu celte qui donna son nom à la cité, furent étymologiquement les « Proches du Ciel » ou les « Proches du Sanctuaire » mais les hermétistes Nantais du Moyen Âge et de la Renaissance, en privilégiant pour Nantes l’étymologie « Vallée », les élevaient au rang de « Fils de la Vallée ». Nantes ne se trouve pas précisément au « Confluent des Deux Mers », même si l’actuel lac de Grand-Lieu fut une mer intérieure dont le souvenir se perpétue dans certains récits évoquant saint Martin de Vertou et la disparition de la cité d’Herbauges sous les eaux. Mais ces Vallées ne sont que les vallées-miroir de la Vallée première et unique.

La cloche de l’Église Kuldéenne serait la cloche remise à Robert de Heredom par les Fils de la Vallée. Il appartient à « Marie Très Sainte, fille et mère de Dieu, maîtresse du temps futur » de battre la cloche : « Marie Très Sainte […] bats le rappel de tes fils dans les campagnes ». Les prophéties du futur pape Jean XXIII, lues en italien ou en français, comportent des jeux de mots et il semble que le mot « campagnes », joue sur le vieux mot « campane » qui désigne une cloche. Depuis le campanier ou clocher, sonne la cloche de Notre Dame des Blés...

« La terre détruira le ciment et de terre sera, Reine, ta nouvelle Église. » La nouvelle Église, celle des campagnes, sera l’Église de la terre... Cette symbolique rurale est celle des Jacques. Robert Graffin dans son livre Les Fils de Ram et les Fils d’Abraham (les Gallo-Galiléens) évoque les parentés possibles entre les gallos et les galiléens :

« les habitants de la Gaule et du Galil, les fils de Yaakôv-Jacob et les Jacquots. Le mot JACQUES, qui désigne un paysan gaulois (souvenons-nous des ‘’Jacqueries’’ !) ne viendrait-il pas de l’hébreu YAAKOV ou JACOB, qui fut renommé ISRAEL afin de devenir l’ancêtre éponyme des descendants d’Abraham implantés en Galilée ? »

Il paraît opportun de rappeler que Nantes fut et reste considérée par l’Église comme la Galilée de l’Atlantique…

Robert Graffin, dans le livre cité, revient de façon très intéressante sur le Jacques :

« Ce n’est pas sans raison qu’il faut souligner ici la parenté entre le nom de St. Jacques, qui est aussi le patronyme des paysans gaulois car venant du grec GAEHOKOS ‘’celui qui embrasse la Terre’’ ; et le nom de Jacob qui fut renommé Israël après avoir lutté avec un ‘’homme céleste’’, combat d’où il sortit boiteux à l’instar de quelques Gargantua. »

La 9e prophétie du futur pape Jean XXIII évoque assurément l’Église de Jacques et son noyau Kuldéen ! L’étymologie hébraïque du Jacques / Jacob, se rapporte au talon et ce talon peut être rapproché de celui du GAEHOKOS grec, ‘’celui qui embrasse la terre’’. Immédiatement après avoir évoqué ce Jacques marcheur (le Kuldée cher à Henri Vincenot), R. Graffin rappelle que « Chartres fut le point de départ majeur du chemin de Compostelle fortement marqué par l’étoile de Jacob-Israël ». Et c’est bien sûr, à Chartres, que se dresse Notre-Dame des Blés. Il convient ici de se rappeler que Chartres succède historiquement au Pilat en tant que Centre des Gaules…

Il est connu qu’au sein de l’Église Kuldée, les moines Celtes, Maîtres du Brut, étudiaient les poèmes bardiques de Taliesin. Ce barde Gallois christianisé développa des prophéties eschatologiques dans lesquelles nous découvrons la symbolique rurale, tel le Combat des Arbres qui s’appuie suivant Jean Markale sur l’alchimie végétale (spagyrie) pratiquée par les Druides.

Mystère des étymologies concordantes, Taliesin (Front Brillant) fusionne dans la symbolique monastique celtique avec saint Front dont les thèmes rattachés, évoquent pareillement cette symbolique rurale, proche à certains moments de la symbolique royale. Le blé de Notre-Dame, semble avoir eu une certaine importance auprès des communautés de Saint-Front…

La gerbe ou triple gerbe de blé, symbole originel des Princes de Bretagne se retrouvera épisodiquement « sur le contre-sceau des ducs de Bretagne avant que le symbole ne soit repris par le duc François 1er qui instituera vers 1445 l’Ordre de l’Épi. Le collier de cet Ordre accompagnait les grandes armoiries de Bretagne. » (Devi Kervella Emblèmes et Symboles des Bretons et des Celtes - Coop Breiz éditions)

Progressivement, le blé héraldique des monarques Bretons, fera place, aux hermines héraldiques de Pierre de Dreux, prince Capétien affilié à l’Ordre du Temple. Ce monarque, aurait réservé quelque crypte du château de la Robertière, pouvant servir de retraite au trésor de l’Ordre du Temple. Certains chercheurs du Pays de Brocéliande et de sa périphérie, émettent l’hypothèse, suivant laquelle, le trésor pour partie ou dans sa totalité, aurait été placé par le prince de Bretagne en Forêt Noire à proximité de La Gacilly et Carentoir. De curieuses pierres sculptées sont encore visibles dans certaines maisons de ces communes. http://regardsdupilat.free.fr/broceliande.html

 

LE MESSAGE TEMPLIER DE CARENTOIR

Après la disparition de l’Ordre du Temple, les Hospitaliers prendront possession du Temple de Carentoir. Ces Chevaliers de Saint-Jean n’auront de cesse, que de pérenniser un message templier. L’historique inimitié reconnue entre les Templiers et les Hospitaliers étaient  assurément moins prononcées dans les terroirs bretons, qu’elle put l’être en Terre Sainte. Dans le village de Faugaret (commune d’Assérac en Presqu’île de Guérande), les historiens reconnaissent deux commanderies, l’une templière et l’autre hospitalière… Lieu prédestiné assurément, Faugaret ou Fau-Garet se traduit du breton Fau : le Hêtre et Car (variante Gar) l’Ami. L’Église Celtique Bretonne présente plusieurs saints dont le nom comporte le mot CAR. Le Kuldée est étymologiquement l’Ami de Dieu, nous retrouvons cet Ami dans son Église des Hêtres…

Outre le mystérieux tableau de Franval, nous pouvons découvrir dans le Temple de Carentoir au-dessous de la devise des Templiers, un curieux blason encadré de feuilles de chêne.

 

Héraldique templière du Temple de Carentoir – photos de Christian Lelièvre

 

Ce blason ovoïde comporte en chef un drapeau orienté à dextre, porté par une hampe d’or.  Il est blanc à 5 pals noirs, soit précisément les couleurs de la Bretagne historique. En pointe du blason, apparaît à senestre une hermine ou moucheture d’hermine d’or et à dextre, une croix recroisetée de gueules (rouge). Dite aussi croix de saint Julien, cette croix peut doubler la croix potencée de Jérusalem. Sa couleur va rappeler celle de la croix pattée du Temple. L’association de l’hermine et de la croix de saint Julien l’Hospitalier, peut s’interpréter au travers des initiales de ces deux symboles. : le H d’hermine que l’on peut aussi lire Irmine, ainsi qu’indiqué plus avant, puis le J ou I de Julien. Avant que le J trouve sa place dans l’alphabet, le I s’imposait. Nous aurions H et I, soit deux lettres voisines ou deux I I (Iulien et Irmine).

L’hermine de sable (noire), donnée par le Templier Pierre de Dreux, est emblématique de la Bretagne ducale. Si la croix recroisetée de gueules évoque Jérusalem, l’hermine ou moucheture d’hermine évoque la Bretagne des souverains armoricains. L’hermine tient son nom de l’Arménie. Par confusion entre les noms de l’Armorique et de l’Arménie (notamment dans le Tristan und Isolde de Gottfried de Stasbourg – 1210), la Bretagne est nommée Parménie ou Hermenie. Derrière ces dénominations apparaissent assurément tout un jeu de phonétique caractéristique du duché de  Bretagne et son duc.

Le changement de couleur (un métal héraldique – l’or – en lieu et place d’un émail héraldique – les sables) est assurément significatif. L’hermine dans une lecture blasonnée peut se lire Bretagne ou Breiz. Associée à l’émail qui l’a caractérise ici nous obtenons  en breton : Or Breiz. OR est l’ancienne variante avec OUR, de AOUR, le métal aurifère. OR BREIZ = « Or Bretagne » ce que l’on pourrait entendre : « l’Or est en Bretagne ». En breton, le mot OR signifie également « bord », « lisière » d’un vieux celtique OR signifiant « rivage ».

Ce blason est, ne l’oublions pas, templier dans sa symbolique. Le premier Grand-Maître de l’Ordre du Temple, Hugues de Pagan, trouve ses origines dans le Forez. Thierry Rollat dans le chapitre Aux prémices de la croix pattée (livre Le Pilat Mystérieux) se fait l’écho des propos de Jean Antoine de la Tour Varan, illustre bibliothécaire de Saint-Étienne, en évoquant et commentant les armes des Pagan :

« Cette maison portait d’or semé de croisettes de gueules, au lion de même brochant sur le tout. […] Le champ d’or représentait la Judée, cette contrée où se sont accomplis les mystères de la Rédemption, cette terre sacrée, dont on ne pouvait mieux représenter le sol que par le métal le plus pur ; les croisettes figuraient les chevaliers du Temple, ces vaillants champions de la foi, réunis en Terre Sainte pour protéger le tombeau du Christ ; elles étaient rouges, afin que chacun de ces nobles religieux se souvint toujours qu’il ne devait point épargner son sang dans les combats contre les infidèles. »

Quelle ville, ou région, ou pays, désigne vraiment le drapeau ? Si ce drapeau datait du XXe siècle (première moitié), nous pourrions penser qu’il s’agisse d’un démarquage du drapeau moderne de la Bretagne, créé par Morvan Marchal. Mais son antériorité d’au moins deux siècles, l’infirme. Il paraît néanmoins intéressant de nous appuyer sur le drapeau moderne de la Bretagne pour tenter de décrypter le drapeau du blason présent dans le Temple de Carentoir.

Morvan Marchal, jeune architecte cofondateur du journal Breiz Atao et militant nationaliste breton conçut le Gwenn-Ha-Du (le blanc et noir) entre 1923 et 1925.

 

Le Gwen-Ha-Du

 

Il eut ainsi tout le temps, durant ces deux années d’étudier certains drapeaux ou blasons et de s’en inspirer pour créer le Gwen-Ha-Du. Il est reconnu qu’il « s’est inspiré du principe du Strars and Stripes américain ou du drapeau grec, autre pays maritime tout en ayant une vague ressemblance avec l’écu de la ville de Rennes. » (Divi Kervella – Emblèmes et Symboles des Bretons et des Celtes)

 

Armes de Rennes

Pallé d'argent et de sable, au chef d'argent,
chargé de cinq mouchetures d'hermine

 

Si D. Kervella  ne reconnaît entre le Gwen-Ha-Du et l’écu de Rennes « qu’une vague ressemblance », il avance avec plus de conviction, un troisième drapeau ou blason : « Hasard ou pas, il ressemble à un drapeau nantais du XVIe et XVIIe siècles qui était formé de six bandes noires et blanches. » La piste drapeau nantais associée à la piste drapeaux américain et grec, drapeaux de pays maritimes, méritent l’une et l’autre d’être retenues et associées. Nous pourrions pareillement nous interroger sur une possible connaissance de Morvan Marchal, concernant le drapeau présent sur le blason visible dans le Temple de Carentoir.

La création des drapeaux des nations française ou américaine, est reconnue d’inspiration maçonnique. Retrouverions-nous cette origine pour le drapeau du blason visible dans le Temple de Carentoir ?

Intéressons-nous tout d’abord à la piste nantaise. Si D. Kervella discerne pour le Gwen-Ha-Du un drapeau nantais du XVIe et XVIIe siècles, nous pourrions pour le drapeau de Carentoir trouver réponse dans les portulans médiévaux où Nantes, capitale du duché de Bretagne, mais aussi grand port, est souvent orné d’un pavillon. Philippe Rault, vice-président de la société bretonne de vexillologie (la science des drapeaux), publia en 1998 chez COOP BREIZ, un livre très documenté sur Les drapeaux bretons de 1188 à nos jours. L’auteur rappelle que les drapeaux nantais ont présenté la Kroaz Du (Croix Noire) de la Bretagne ducale, mais pas uniquement :

« Les premiers drapeaux nantais n’étaient pas basés sur la croix noire. Le portulan d’Angelino Dulcent de 1339 montre pour Nantes un drapeau avec quatre bandes horizontales jaunes et trois blanches, et une bande verticale bleue au guindant, chargée de deux bandes ondées blanches symbolisant la Loire. Le portulan de Jaffouda Cresquer de 1375 montre un drapeau nantais où les bandes horizontales sont réduites à six, et au guindant une bande verticale bleu et blanc de quatre pièces. »

Le pavillon du port de Nantes avec ses bandes horizontales a pu influencer les concepteurs du drapeau présent dans le blason au Temple de Carentoir, bien que les bandes soient ici verticales. Il se peut aussi que les concepteurs de ce drapeau, aient voulu orienter le chercheur, outre vers Nantes mais aussi vers les portulans évoqués ci-dessus, ainsi que sur les auteurs de ces portulans.

Angelino Dulcent (Ducert ou Dalorto), fut un cartographe de l’école majorquine de cartographie, implantée à Palma de Majorque. Auteur du plus ancien portulan conservé et daté de 1339, il y mentionne le roi du Mali, les îles Canaries découvertes en 1312, ainsi qu’une île Antilia et une autre île nommé Brasil…

Ingrid Houssaye Michienzi dans son livre Datini, Majorque et le Maghreb (14e-15e siècles)  (édité par Leide/Boston, Brill 2013)  écrit :

« Selon Charles de la Roncière, la cartographie, au XIVe siècle, était le monopole des juifs de Majorque dont les plus fameux furent Angelo Dulcert, Cresques Abraham et son fils Yehuda Cresques, Mecia de Villadestes ou Petrus Roselli. Ces cartes révélaient l’existence de nombreuses régions encore méconnues, grâce notamment aux renseignements de premières mains dont ils pouvaient disposer à l’aide de leurs informateurs sahariens. […] Michel Abitbol prouve cette connaissance atteinte par les cartographes  juifs à travers l’exemple d’Angelo Ducert qui, en 1339, fut en mesure de donner l’emplacement du Mali, de Oualata, de faire figure sur son planisphère la piste reliant Siiilmassa à Oulata. »

Jehuda Cresques (1350-1410 ou 1427 ?), cartographe majorquin, de la Couronne d'Aragon, fut également connu sous les noms de Jafuda Cresques et Jaume Riba. Fils du célèbre cartographe, Abraham Cresques, il naquit à Majorque et appartint lui-même à la célèbre école de Majorque. Avec son père, il fut probablement l'auteur de l'Atlas catalan de 1375. Il joua un rôle de premier plan dans la coordination de l'exploration maritime portugaise grâce à son action au sein de l'école navale de Sagres.

Le Jehuda Cresques ou Jafuda Cresques en question est bien le Jaffouda Cresquer qui dans le portulan de 1375 montre un drapeau nantais où les bandes horizontales sont réduites à six… Bien que né dans une famille juive, il se convertit au christianisme, sans doute par obligation, après la persécution religieuse qui eut lieu dans le royaume d'Aragon en 1391. Il a ensuite adopté le nom Jaume Riba (Jacobus Ribus en latin). Il est resté à Majorque où il aurait été connu sous le surnom de lo Jueu buscoler, la carte juive, ou el jueu de les bruixoles, la boussole juive.

 

Statue de Jafudà Cresques inaugurée le 2 septembre 2007 lors de la
8e Journée européenne de la culture juive. L'œuvre de la sculpteure María Isabel Ballester, est située sur la Plaza del Temple, tout près du Temple et de La Sapiència, où se trouvait la maison des Cresques.

 

Jaffoua Cresques et sa famille vécurent dans une maison située dans les rues appartenant par le passé à l’Ordre du Temple. Ce fut Jaime II, qui après avoir récupéré la couronne, suite à la mort soudaine d'Alphonse III, installa les Juifs dans les rues du Temple et de l’Ordre de Calatrava au Couvent de Santa Clara. 

Les historiens sont partagés : Jaffouda Cresques est-il mort en 1410 ? Ou bien a-t-il vécu jusqu’en 1427 ? L’hypothèse 1427, devient très intéressante car elle présente le célèbre cartographe Majorquin sous les traits de Maître Jaime (Jacobus ou Jacques) de Maiorca, alias Jaime Ribes (Riba). À la demande du prince Henri le Navigateur en 1419, il serait venu au Portugal et aurait été le coordinateur, dans la décennie 1420, des premiers voyages de découvertes portugais…

Si l’hypothèse 1427 divise aujourd’hui les spécialistes, elle faisait l’unanimité à l’époque où le drapeau du blason du Temple de Carentoir fut conçu et elle apparaît assurément comme une piste, celle des voyages « templiers »…

Il nous faut revenir à présent aux bandes verticales ou horizontales des drapeaux de Carentoir ou de Nantes. Ces drapeaux sont assurément liés à la mer, aux voyages maritimes… Cette notion apparaît avec le drapeau américain qui inspira Morvan Marchal pour le drapeau moderne de la Bretagne, drapeau très proche de celui visible au Temple de Carentoir. Souvenons-nous tout d’abord, que les nom et prénom chrétien choisis par le Maître de Maiorca est Jaime ou Jacques (Jacob) Riva. Il n’est pas d’affirmer que le prénom soit en référence avec Jacques le Juste, se serait trop beau. Le souvenir non avoué de Jacob le patriarche biblique serait plus probable mais le patronyme Riva (Ribes) signifie en catalan ou occitan : « Rive » et cette rive (ce rivage) nous avons pu la retrouver avec le mot breton OR…

Nous pouvons penser que M. Marchal durant les deux années où il créa le drapeau de Bretagne, s’intéressa à tout ce qui tourne autour du drapeau américain. L’un des thèmes s’y rapprochant est celui du Happy Colombus Day ou Joyeux Jours de Colomb. Le Jour de Christophe Colomb est un jour férié célébré aujourd’hui le deuxième lundi d’octobre aux États-Unis commémorant la découverte de l’Amérique.

La communauté majoritairement italo-américaine de la ville de San Francisco célèbre pour la première fois le Jour de Christophe Colomb en  1869. Le premier État à célébrer cette fête fut le Colorado, en 1907. Trente ans après, Franklin D. Roosevelt instaure ce jour comme un jour de fête nationale aux États-Unis. 

 

Colombus Day

 

L’image de gauche utilise la symbolique du drapeau américain, surnommé « Stars and Stripes », étoiles et bandes ou « The Star-Spangled Banner », la bannière étoilée. Les 13 bandes horizontales rouges et blanches correspondant aux 13 états fondateurs qui se sont unis pour former les États-Unis. Dans cette image les bandes deviennent les courants maritimes traversés par la caravelle de Christophe Colomb. L’image de droite nous montre les trois caravelles de Colomb dont les voiles carrées mettent en avant la croix pattée de gueules sur fond d’or, la croix pattée d’argent sur fond de gueules, ainsi que les bandes américaines et maritimes…

Le blason du Temple de Carentoir pourrait nous révéler de telles bandes ou courants maritimes. Elles nous parlent assurément de voyage… Nous retrouvons une fois encore avec ce drapeau, l’idée du « voyage entre les drapeaux » que l’on retrouve précisément à Nantes sous la plume de Jules Verne… Nantes et plus justement le Port de Nantes, fut par le passé comparé la fameuse perspective de Constantinople. La vision de cette « Perspective de Constantinople » nantaise, créée par son port et ses îles, lui vaudra d’apparaître par sa position comme « la plus avantageuse de l’univers »… Ogée le célèbre géographe Breton, relayé par les auteurs régionaux, affirmait ainsi cette « perspective »:

 « Quand les princes et les Grands venaient à Nantes, on ne manquait jamais de les conduire à l’Ermitage pour les faire jouir de la perspective qu’on y avait. L’agrément de ce quartier c’est l’admirable vue de la Loire avec ses bateaux, le riant aspect d’une vaste campagne qui se présente comme un amphithéâtre… Ce point de vue a fait comparer la Fosse de Nantes à la fameuse perspective de Constantinople, dont la position passe pour la plus avantageuse de l’univers. »

En 1661 le roi Louis XIV vient à Nantes pour y présider une réunion des États de Bretagne. Ce qu’il découvrit à l’Hermitage (ou Ermitage) chez les Petits Capucins,  assurément depuis l’énigmatique croisée de l’étage supérieur, fit qu’il informa Colbert quelque temps plus tard, de son désir de s’approprier ce placet… ce rocher… tous en y laissant les moines propriétaires des lieux qui pourtant, selon un décret royal devaient quitter les lieux… Ce décret s’appliqua à toutes les abbayes ou monastères concernés. Les Petits Capucins qui en avaient été délogés, furent par ordre du roi, réinstallés à l’Hermitage.

Ce lieu et ses mystères vers lesquels souhaitait nous entraîner Jules Verne dans son tout premier roman hélas inachevé, ne peuvent être évoqués dans cette étude car ils nous emmèneraient trop loin… plus loin que Nantes, assurément… peut-être là où le blason visible dans le Temple de Carentoir souhaite nous mener…

En résumé, nous avons un drapeau qui pourrait évoquer Nantes et son port, la « perspective de Constantinople » ainsi que la mer. Qui dit Nantes, dit l’Océan… La symbolique héraldique du drapeau dans la Bible, symbolique reprise précisément par Jules Verne dans son tout premier roman, évoque la  présence du palladium des Israélites sur la Terre de l’Exode jusque dans la Judée dont la couleur héraldique serait l’Or. Cette Terre de l’Or va se transposer en Occident à l’époque des Templiers. Il est une expression consacrée qui affirme : « À chacun son Lourdes », cette expression pourrait s’appliquer également sur le lieu où aurait été déposé ce palladium. Faut-il d’ailleurs parler d’un lieu unique ? Pour la tradition biblique, le palladium est fait pour voyager. Sa présence fait le « Lieu ». Là où se trouve le palladium se renouvelle le « Lieu ». Le Lieu est d’Or mais qui peut savoir où se révélera, où se réveillera le palladium ? Le drapeau dont les couleurs noir et blanc, sont les couleurs du Beaucéant, est palé, suivant l’expression héraldique et se lira « D’argent à cinq vergettes de sable » ou « D’argent à cinq pals de sable » que l’on peut lire : « D’argent au Saint~Pal des sables… »… de sable et d’or, bien sûr !

Certaines versions du Roman de Renart ont été codifiées par les Templiers, ainsi que nous pouvons le découvrir dans la chapelle templière de Metz. Le Roman nous présente le Roi Noble, le lion, et sa dame Orgueilleuse. Les deux conseillers royaux sont Brun l’ours et Beaucent le sanglier (le sang lié…). Renart, lui-même, apparaît dans le Roman couronné et portant un costume mi-parti de Templier et d’Hospitalier, comme le Beaucéant mi-parti de sable et d’argent. Nous retrouvons ici le message du Temple de Carentoir, message qui fut codifié dans la lande de Pédu (la Hauteur Noire) dans la chapelle Sainte-Catherine de Lizio en Brocéliande par Charles Laurencin, « l’Inspiré » qui était aussi – et ce n’est pas un hasard – commandeur de Carentoir en 1645. La mission impartie à cet Hospitalier de Saint-Jean, fut ainsi que le démontre l’abbé Auguste Courdray (ami de l’abbé Gillard de Tréhorenteuc), de pérenniser à Carentoir comme à Lizio, anciens domaines templiers, quelques hauts mystères placés sous le sceau de sainte Catherine l’Égyptienne et de son double saint Nicolas...

 

LA HUITIÈME HEURE OU LA RÉSURGENCE DU TEMPLE

Renart avait connaissance du Secret commun aux Templiers et aux Hospitaliers. Son épouse répond au nom hautement symbolique de HERMELINE. Nous reconnaissons dans ce prénom les lettres hermétiques HERM. Patrick Ferté dans son livre Arsène Lupin Supérieur Inconnu (Guy Trédaniel Éditeur) met en relief toute l’importance de ces quatre lettres très importantes dans l’œuvre de Maurice Leblanc. Le père littéraire d’Arsène Lupin sema dans son œuvre tel le Petit Poucet jetant des cailloux blancs, des personnages dont le prénom tourne autour de cette racine. Son intention fut de nous entraîner dans les pas mystérieux de saint Irmine ou sainte Hermine, fille de Dagobert II. Dans le Roman de Renart, le Beaucéant apparaît sous les traits du sanglier, image traditionnelle du druide. Dans le cycle d’Arsène Lupin, l’Hermine symbole de pureté, par sa symbolique apparaît sous les traits d’un personnage à la fois multiple et unique, image de sainte Hermine fille de Dagobert II.

La symbolique même d’une sainte Hermine (ou Hermeline) ayant connaissance du secret templier du Beaucéant pouvait être rapprochée de la symbolique proposée par le blason visible dans le Temple de Carentoir :

 

Blason du Temple de Carentoir

 

L’Hermine d’Or à la façon de sainte Hermine paraît veiller sur quelque mystère né dans la Jérusalem biblique. Le drapeau, nous l’avons vu, et ceci ne peut-être que d’importance, reprend les couleurs du Beaucéant.

Pour Patrick Ferté, l’on découvre dans l’œuvre de M. Leblanc, le SECRET DE SAINTE HERMINE. Le visage caché, Hermine lit et relit assurément le Parchemin de Sainte Irmine… Plusieurs auteurs ont évoqué ce parchemin dont le contenu est aussi méconnu que le véritable secret de Fatima. Les amateurs peu ou prou éclairés sur le maintien dans l’ombre, tout au long de siècles, d’une descendance Mérovingienne, affirment que ce document bien étrange fut rédigé par sainte Irmine en 708. Dans ce document Irmine évoquerait l’assassinat de son père Dagobert II et le refuge de son frère Sigisbert IV au monastère d’Œren dont elle était l’abbesse depuis l’année 698. Elle tenait ce domaine de son père qui en avait fait son Œren, son Grenier… 

Le parchemin révélerait l’origine davidique du Roi perdu. Le contenu du manuscrit serait de nature toute prophétique, dont les tenants et aboutissants auraient été connus de l’énigmatique abbé Trithème qui disserta sur cette sainte dans  son Lignum Vitae (Venise, 1595). Le célèbre abbé de Spanheim révèle dans ses écrits kabbalistiques le sens des écritures codées. Patrick Ferté insiste sur l’importance symbolique du CRÂNE FENDU d’Hermine, complémentaire dans sa symbolique, du crâne de son père Dagobert II.

Maurice Leblanc dissertera sur cette énigme dans son roman Les Huit coups de l’horloge. Huit énigmes, correspondant à lettre H, initiale du nom Hermine, composent ce récit. La 6e énigme s’intitule La Dame à la hache. Arsène Lupin enquête sur le meurtre de femmes tuées d’un coup de hache au front, à rapprocher du crâne fendu de sainte Hermine. Le prénom des victimes commence toujours par la lettre H (la 8e lettre de l’alphabet) et se compose de 8 lettres (HERMINE exceptée). L’énigme de ces meurtres à la hache (l’arme mais aussi la lettre du même nom) tourne autour du prénom Hermine.

Écoutons Patrick Ferté nous donner sa lecture quant à la méthode utilisée par la Dame à la Hache (Hermine) pour occire ses victimes :

« M. Leblanc insiste lourdement sur la nécessité que le crâne fut ‘’fendu par le milieu’’ ; ‘’au milieu du front, et d’une blessure EXACTEMENT PERPENDICULAIRE’’ : ‘’La dame à la hache ne tremble pas. On dirait qu’elle a pris DES MESURES et le tranchant de son arme NE DÉVIE PAS D’UNE LIGNE’’ ! Et son interlocuteur d’opiner : ‘’En effet… en effet, toute l’affaire peut ÊTRE VUE SOUS CET ANGLE… et je commence à croire qu’on doit la voir ainsi’’. L’ANGLE, toujours L’ANGLE, définition de la longitude, après l’invention déjà citée d’un bizarre ‘’inspecteur DELANGLE’’, tandis que, par un clin d’œil ironique, M. Leblanc signale, quelques lignes plus haut, que les déséquilibrés ‘’ont TOUTE LATITUDE pour s’adonner  à leurs petites manies’’ ! Savourons les jeux de mots. »

Il convient d’ajouter que l’ANGLE désignait aussi en vieux-français un ANGLE DE MER, soit un golfe. Il est certain que pour les commentateurs du Parchemin de sainte Hermine, l’ANGLE en question ne peut mener qu’à Rheda ou Rennes-le-Château… L’angle de mer ou golfe ne serait guère compatible avec le Razès mais cet angle reste compatible avec le contenu de cet article.

Les lettres HERM ou HRM de la sainte HERMine, vont se retrouver dans l’Ordre Royal de HERedoM de Kilvining en Écosse. Nous retrouvons la survivance écossaise de l’Ordre du Temple dont Robert de Heredom (Heredon ou Oredin) fut peut-être l’un des principaux acteurs. Écoutons une fois encore Patrick Ferté :

« Dans les exploits d’Arsène Lupin figure aussi le mystère de la Dame à la Hache, élucidé dans l’Excelsior du 12 au 17 JANVIER 1923 : toutes les victimes ont un prénom commençant par la lettre H (notamment HERMINE…) Or le chevalier de Bonneville signale que ‘’la lettre H est l’abrégé ordinaire du mot HEREDOM’’ ! Dans un autre roman, Lupin élucide l’énigme du ‘’dossier ALB comme ALBANIE’’ c’est-à-dire l’ÉCOSSE en fouillant dans un registre à LA LETTRE H ! »

La Dame à la Hache de Lupin nous renvoie pareillement à l’Ordre des Fendeurs dont les rituels secrets évoquaient la Royauté Secrète de la France. Il m’a été donné d’évoquer ces faits au travers de l’énigmatique inscription de Rennes-en-Grenouilles pour la revue ATLANTIS. Notons l’importance dans cette inscription du nombre 51, nombre apparaissant aussi sur une inscription propre à l’affaire de Rennes-le-Château et que l’on peut retrouver également après retournement du fronton du bâtiment du Fay, sur « L’Inscription de Trèves : Secret Royal ». Cet article paru sur les Regards du Pilat en juin 2006 mériterait aujourd’hui un remaniement. Or, ce nombre 51 apparaît également au Temple de Carentoir dans cette énigmatique inscription :

 

Inscription du Temple de Carentoir

 

Si codage il y a, reconnaissons que le décryptage ne serait pas aisé. Notons la présence de lettres appartenant à divers alphabets : latin, hébraïque, grec, voire templier. Nous constatons sous la croix pattée de gueules ou croix des Templiers, les chiffres romains : LI ou 51 et sous la croix pattée de sable, un chiffre arabe, le nombre 7, celui des 7 Templiers… ?

L’énigme de Maurice Leblanc, La Dame à la Hache, apparaît ne l’oublions pas dans le livre Les Huit coups de l’Horloge. Ces huit coups se réfèrent à la 8e Heure qui dans la tradition chrétienne correspond à l’Heure de la saint Michel du printemps : le 8 mai. Cette 8e Heure fait face à la 11e Heure ou Heure de la saint Martin : le 11 novembre.

Vers 1308, les Templiers captifs au donjon de Chinon gravèrent au stylet ce que d’aucuns nomment leur Testament. Eugène Canseliet dans Deux logis alchimiques (J.-C. BAILLY ÉDITEUR) analyse avec pertinence ce que G. Beltikine nommera L'horloge cosmique des Templiers (Inconnues 1958). La 8e Heure est terrible et grandiose à la fois. E. Canseliet, fidèle à son Maître, Fulcanelli, évoque pour l’Horloge Templière, la Grande Tribulation annoncée par saint Jean dans son Apocalypse.

 

L’Horloge Cosmique des Templiers et la 8e Heure

 

La résurgence des Templiers apparaît intiment liée à cette 8e Heure, l’Heure H ou Heure de la Saint Michel. L’Ordre des Templiers n’aurait-il pas vocation dans sa résurgence à accompagner l’humanité vers cette Grande Tribulation ? Cet accompagnement serait précédé d’une longue préparation entamée dans l’ombre, au sein de l’ordre dont l’apparent sommeil ne serait que le prélude d’une résurgence programmée. Roger Facon affirme dans ses livres récents Fulcanelli & les Alchimistes Rouges et Fulcanelli, Commandeur du Temple (Éditions de l'Œil du Sphinx), l’appartenance de Fulcanelli à l’Ordre du Temple.

L’Ordre du Temple en sa résurgence, son retour au grand jour, apparaît intimement lié à l’Église des Derniers Jours. Pour les uns, cette Église de Pétrinienne, deviendrait Johannite et pour les autres, Jacobienne. Cette « Grande Église » que d’aucuns encore, placent sous la sainte protection de Notre-Dame (la Notre-Dame de saint Bernard et des Templiers) affirmerait ses racines dans les trois Églises historiques et apparaîtrait ainsi comme  l’Église Œcuménique des Derniers Jours.

La cité de Nantes s’enorgueillit de posséder une cathédrale dédiée à saint Pierre et saint Paul. Le grand portail central ou Portail de la Vierge présentait en son centre une Vierge à l’enfant Jésus brisée à la Révolution, comme celle des douze apôtres qui l’accompagnaient. Elle fut remplacée par l’apôtre Pierre tenant une table de pierre.

 

Portail de la Vierge : la Rose à Huit pétales – Cathédrale de Nantes

 

Portail de la Vierge : Saint Pierre et Rose à Huit pétales
Cathédrale de Nantes

Photos de Christian Lelièvre 

 

L’apôtre Pierre est ici représenté en qualité de Chef de l’Église. Il détient l’une des deux Tables de la Loi remises par Dieu à Moïse au Mont Sinaï. Au-dessus du dais surmontant le Chef de l’Église, apparaît une aiguille de pierre dont le rôle est de marquer les heures sur le cadran, rose de pierre à huit pétales. L’aiguille, axe immuable, séparé du cadran, se déplace par le seul déplacement du pèlerin. Sa giration secrète marque le cheminement de cette Église Nantaise ou plus justement Kuldéenne, symbolique de l’Église des Derniers Jours placée sous la dédicace de la Vierge et des 12 apôtres.

 

LES PROPHÉTIES DE NOSTRADAMUS

La tradition prophétique chrétienne d’Occident projette dans un futur encore à venir, un Grand Pape que Nostradamus dans ses quatrains nommera le Grand Celtique. Ce personnage clé de l’Église des Derniers Jours, serait étroitement lié à cet autre personnage clé, le Grand Monarque au sujet duquel le M.A. de Nantes  écrivit en 1871 :

« Les Nantais ne peuvent manquer de recevoir bientôt celui en qui doivent revivre le caractère et les vertus d’Henri IV et de saint Louis. » (Clef des Œuvres de Saint Jean et de Michel de Nostredame – réédité en 1983 par les Éditions Arma Artis)

Nostradamus dans quelques quatrains nomme le Grand Monarque : VICTOR, soit le Vainqueur. Les deux derniers vers du quatrain 95 de la IVe centurie évoquent VICTOR et la Bretagne nommée par le mage de Salon : Armorique ou Armonique : « Les deux Vestales contre rebelleront, Victor puisnay en Armonique (Armorique) terre. » Ces vers sont reconnus comme spécifiques au Grand Monarque et au Grand Pontife que Nostradamus qualifie de Vestales, en raison assurément de leur pureté d’âme, mais aussi, pouvons-nous le penser, par le rapprochement de ce mot aux mots d’ancien-français : VEST « investiture, mise en possession d’un héritage » et « ALE « voyage », ou « foule ». Ces deux âmes-sœurs entretiendront le feu de la contre rébellion…). VICTOR, le cadet, en Amonique ou Armorique terre, sera. Des prophètes ou visionnaires ont évoqué les liens forts unissant le Grand Monarque à la Bretagne armoricaine. L’Armonique de Nostradamus retranscrit et renvoie à l’Armonica du texte de la Prophétia Merlini de Jean de Cornwall écrit au milieu du XIIe siècle en réponse au récit de Geoffrey de Monmouth sur le même sujet. Dans l'introduction, l’auteur dédie son travail à son protecteur Robert Warelwast (décédé en 1155), évêque d'Exeter.

Les Vestales de l’Armorique (l’Armonique) suivant les vieux auteurs Nantais et notamment Pierre Biré, étaient les prêtresses de « la Religion & l’Ordre des Vierges » institués par Vesta (l’épouse de Noé) dans la cité de Nantes « pour garder, entretenir & conferuer vn feu perpetuel & inextinguible, pour prefigurer la conferuation inuiolable de la perpeteulle virginté de la mere de noftre Sauueur ». Bien que ces faits n’aient que peu de rapport avec le lointain passé de Nantes et de l’Armonique, ils portaient en eux les germes prophétiques d’un avenir annoncés par les Maîtres du Brut tels Jean de Cornwall qui popularisaient les Prophéties de Merlin.

En évoquant les Vestales et le Victor puisnay d’Armonique, Nostradamus s’appuie sur ce passé mythique pour révéler un avenir encore lointain annoncé par son illustre devancier le grand Merlin…

Pierre Verne, le père de Jules Verne, ainsi que j’ai pu l’évoquer dans le conte Noël Ourifique pour Maître Hiéronymus Berlier et Anselme Rollat (Regards du Pilat) utilise pareillement ce support du passé mythique de Nantes pour évoquer le 15 octobre 1865 dans son poème La Droitière, Victor, le nouveau Moïse Vainqueur…

Dans le N° 93 de la revue AR GWYR – Le Témoin de la Vie, N° spécial consacré à Cernunnos, le cerf solaire l’initiateur…, le druidisant Per Al Leal présente quelque mystère lié au Grand Celtique. Nous sommes pour cet auteur, « au cœur du Mystère du Graal. ». Ce Grand Pontife qui dans la tradition celto-chrétienne chère aux Kuldéens prend notamment le nom de Galaad, apparaît nous dit P. Al Leal comme « ‘’le Grand Pontife du Verseau’’ si l’on en croit André Savoret dans son recueil de poèmes intitulé ‘’Intersignes’’ : ‘’ l'enfant blond que Gwyddon a marqué de son sceau pour lui tendre la coupe et la harpe et l'anneau’’. »

Dans le N° 100, de cette même revue, l’auteur prolonge ce mystère sacerdotal graalien dans un article titré Le Grand Celtique. Il se fait l’écho de cette ancienne tradition peut-être plus symbolique que réelle, rapportée par Favre d’Olivet, relative à l’Archi-druide Ram :

« C’est le Dux conducteur des peuples et des forces, le Chevalier de Lumière représenté sur la lame n° 7 du Tarot : ‘’Le Chariot’’ d’Arthur, qui désigne la Grande Ourse. » Il ajoute ensuite : « Au sein de l’Éternel Présent, il est tentant de comparer Ram au ‘’Grand Pontife’’ annoncé par les prophètes, celui qui pourra s’asseoir impunément sur le 13ème siège de la Table Ronde, le siège pontifical et périlleux de l’Archi-druide, le ‘’Prédestiné’’ (Perdedur, Perceval ou Galaad, peu importe !), l’initié direct du ‘’Christ’’, qui retrouvera les clefs majeures de l’enseignement et les revivifiera. Le ‘’Pontifex Maximus’’ ». Per Al Leal cite une fois encore André Savoret au sujet de l’enfant blond, puis s’appuyant sur quelques révélations prophétiques écrit : « Cet envoyé divin, ce Chevalier Mystique, à l’image de Ram puis de Moïse, va paître les brebis pendant les dernières tribulations et ouvrira l’Ère de l’Esprit. »

Cette Ère de l’Esprit annoncée par les Templiers, toujours d’après Per Al Léal, s’ouvrira avec ce « Grand Maître du Verseau », ce Pasteur annoncé par Merlin dans ses prophéties, dont nous connaissons l’importance qu’elles purent avoir pour les Kuldéens, garants de l’Église des Derniers Jours. Les études démontrent que les Maîtres du Brut furent très proches de l’Église des Kuldéens. Il paraît intéressant de citer le début et la fin de la 31e  prophétie du futur pape Jean XIII :

« À sept, de la Grèce à travers le monde, après la vision. Et les nouvelles paroles conquerront la terre. Répétées par le Christ. Répétées par ses nouveaux enfants. Ce sera le moment du réveil et des grands chants. »

« Bienvenue Arthur, enfant du passé. Tu seras la preuve. Et tu rencontreras le Père de la Mère. »

Pier Carpi qui présenta les prophéties, commente :

« Le texte s’ouvre avec l’annonce d’un grand évènement mystique, qui prend son origine en Grèce. Sept disciples, ou sept fondateurs d’un ordre, partiront de Grèce pour répandre la parole du Christ dans le monde. Il semble qu’ils auront des choses nouvelles à dire, parce le texte spécifie ‘’nouvelles paroles (…) répétées par le Christ’’. Donc, il s’agit peut-être d’une révélation dans la révélation. De toute façon, la prédication, le réveil mèneront à un grand remaniement chrétien : ‘’Ce sera le moment du réveil et des grands chants.’’ Un moment de bonheur et de paix sûrement. »

Cet ordre fondé par « sept, de la Grèce », ne ressemblerait-il pas à un nouvel Ordre du Temple, le véritable Ordre du Temple ? La prophétie évoque les « frères vivants » et les « frères morts » : l’Ordre du Temple était mort et voici qu’il est vivant ? Les Sept nouveaux Templiers (?) fondent leur légitimité sur la Grèce antique ? Ils appuient semble-t-il cette légitimité sur les Sept Dormants d’Éphèse, qui de frères morts, réapparaissent au font de la caverne, comme des frères vivants. Mais évoquer  Éphèse, c'est aussi pour l’Ordre du Temple, retourner aux sources. C’est à Éphèse  auprès du successeur direct de l’apôtre que tout commença pour l’Ordre du Temple, avant même Jérusalem…

La prophétie après avoir évoqué les « frères morts » et les « frères vivants », annonce le retour d’Arthur. Certains commentaires évoquent l’avènement du Grand Monarque et sa rencontre avec le Grand Pape Pierre Romain… le Grand Celtique !

26e prophétie : « Je vous ai appelés, d’autres vous appelleront. Sept fois sept fois sept fois. La première lumière est posée dans la main et la septième encore dans la main. Des autres vous connaissez la caverne rouge. Ouvrez, ouvrez, rien ne doit être caché aujourd’hui. L’obscurité a déjà dévoré sa part. »

Il semble incontestable que quelques prophéties du futur pape Jean XIII évoquent non seulement le Grand Pontife et le Grand Monarque mais également l’Église des Derniers Jours et la résurgence de l’Ordre du Temple.

André Douzet dans son livre Nouvelles lumières sur Rennes-le-Château (Éditions Aquarius), mentionne dans la 26e et dernière prophétie « courte », titrée MARLE, du futur pape, la possible évocation de la commanderie templière de Marlhes dans le Pilat. Cette  prophétie évoque « la Bête triomphante », soit, pouvons-nous le supposer, une référence à un temps durant lequel les deux âmes-sœurs œuvreront à leur lourde tâche…

 

L'ÉGLISE DES DERNIERS TEMPS

L’Église des Derniers Temps est un mystère que pouvaient approcher, sans le pénétrer pleinement car l’heure n’était pas venue, les pèlerins de Saint-Jacques, lorsqu’ils se trouvaient devant le portail roman de l’église de Bourg-Argental dans le Mont Pilat. 

Dans le chapitre 6, Le Pilat, première étape du Pèlerinage de Compostelle du livre Le Pilat Mystérieux Patrick Berlier étudie l’inscription figurée sur le phylactère tenu par saint Jacques le Mineur. Le texte latin composé de mots abrégés comporte assurément sa part de mystère. Restent visibles les mots latins « INFIRMATVR QVIS IN VOB IDVCAT PSBOS ECCLE (soit : infirmatur quis in vobis inducat presbyteros ecclesiæ).

 

Statue de saint Jacques le Mineur tenant un phylactère
(portail roman de Bourg-Argental)

 

Patrick commente et traduit ainsi l’inscription :

« C’est un extrait de l’Épître de Jacques, dont voici la traduction : ‘’L’un de vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Église…’’, et la suite est : ‘’et qu’ils prient sur lui en l’oignant d’huile au nom du Seigneur’’ (Jacques, 5, 14). »

L’énigme de l’inscription jacobine, ainsi que l’indique Patrick, se trouve précisément dans l’expression latine IN VOBIS pointée par l’index droit de Jacques le Mineur. Le Christianisme évoque « l’onction intérieure », cette onction dont se réclament aujourd’hui les Églises Évangéliques. Cette « onction intérieure » ainsi que l’indique Patrick, correspond à : la lumière de Dieu. Elle s’incarne dans le corps de l’homme et le sanctifie… Le Saint-Esprit habite en nous, et donc IN VOBIS, EN VOUS ! Il descendra dans le corps du pèlerin ou Jacquet lorsque celui-ci aura accompli sa quête. Les grands changements commencent de l’intérieur… La présence IN VOBIS de l’onction intérieure serait évoquée dans le verset 8 du chapitre 32 du Livre de Job avec la présence de l’Esprit-Saint dans le corps :

« Cependant, elle est un souffle en l’homme : c’est l’haleine de Shadaï qui le fait discerner… » Traduction André Chouraqui.

Il apparaît que « l’haleine de Shadaï (le Tout-Puissant) » ou « l’inspiration de Shadaï » évoquée précisément dans ce verset, est présentée dans le Targoum ou traduction araméenne (chaldéenne) de la Bible, comme « un esprit de prophétie ». Transposée dans le Christianisme Ésotérique dit aussi Alchimique (termes spécifiquement attribués à l’Église de Jacques), cette onction intérieure, présence du Saint-Esprit, va concerner le corps intérieur de l’homme mais aussi… des hommes, formant le corps de l’Église et précisément l’Église des Derniers Jours, l’Église du Chris-Roi.

Le message de l’église de Bourg-Argental accueillant les pèlerins de Saint-Jacques, contiendrait-il cet enseignement prophétique relatif à l’Église des Derniers Temps ? Ce message s’articule autour du thème médiéval du Millénarisme cher aux Templiers qui le révélèrent dans l’Horloge Cosmique de Chinon.

Nous découvrons en lisant Patrick Berlier, notamment son livre Avec les pèlerins de Compostelle (ACTES GRAPHIQUES 2002) que l’inscription latine du portail roman de Bourg-Argental perd en visibilité au cours des années. Dans ce livre, Patrick mentionne encore la présence des mots SVPER EVM : « Sur lui ». Sortis de leur contexte, ces deux mots ne sont pas sans rappeler l’hérésie celto-bretonne médiévale diffusée par le Breton Éon de l’Étoile depuis la forêt de Brocéliande. Cet abbé de Barenton, que l’on voulut faire passer pour un illettré – ce qui ne fut pas véritablement le cas – prêchait tel les Templiers – mais avec d’autres mots – le Millénarisme ou Chiliasme (Chialisme).  Il affirmait, dit-on son sacerdoce sur la phrase rituelle latine Per eum qui venturus est judicare vivos & mortuos, & seculum per ignem : « Pour Celui (Per eum – Pour Éon !) qui vient pour juger les vivants et les morts, et le monde par le feu. »

Il n’est point d’affirmer qu’Éon de l’Étoile préparait tel les Templiers l’Église des Derniers Jours mais il apparut, telle la comète qui lui est associée, dans ce mouvement gnostique qui s’effacera devant le Christianisme Pétrinien.

Puisse saint Michel et ses Chevaliers emmener l’humanité avec la Sagesse qu’il conviendra, dans la Huitième Heure.



<RETOUR AU SOMMAIRE DE LA GRANDE AFFAIRE>