Rubrique
Civilisations disparues Mars
2024 |
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Par
Michel
Barbot
|
L’HYPERBORÉE :
un continent perdu entre Enfer et Paradis perdu des Moines Celtes
2e
partie
Hyperborée Russe
Dans les Monts
Khibiny, massif montagneux de la Presqu’île de Kola au Nord de la Russie, se
met en place depuis quelques années, le culturel PROJET HYPERBORÉE
DE KOLA. La cité de Kovdor partie prenante du projet, arbore le slogan «
Kovdor - capitale d'Hyperborée ». Des monuments anciens auraient été
découverts dans la région. Des photos de pyramides non légendées circulent sur
le Net, mais leur localisation reste assurément bien incertaine…
L’idée d’une
Hyperborée locale, antérieure au XXIe siècle, s’affirme en 1922.
Alexander Vasilyevich Barchenko, occultiste soviétique, écrivain, chercheur en
télépathie, également hypnotiseur, organisa une expédition dans la Presqu’île
de Kola dans le cadre d'un département spécial de l'OGPU. Il était convaincu
que les Hyperboréens formaient une civilisation très développée connaissant le
secret de l’énergie atomique et du processus de construction et de contrôle de
véhicules volants.
Alexander Vasilyevich Barchenko,
photo d’identité judiciaire, Moscou 1937
Cet agent Russe
bolchévique sera exécuté à Moscou lors de la Grande Purge le 25 avril 1938.
En 1925, il rencontre
et correspond avec le rabbin Menachem Mendel Schneerson, qui l'assiste dans ses
recherches et ses études sur les questions religieuses et mystiques. Ceci est
rapporté par Rabbi Chaïm Rapoport, dans son livre L'au-delà de la bourse.
Depuis les années
1920, Gleb Boki – spécialiste de la cryptographie – dirigeant de la Guépéou, et
son ami Vasilyevich Barchenko « menèrent de commun des recherches sur la
cabbale, le soufisme, le kalachakra, le chamanisme et d’autres traditions
ésotériques, tout en préparant une expédition au Tibet afin de partir à la recherche
de la ville légendaire de Shambhala. » Ces informations apparaissent en
quatrième de couverture du livre d’Andrei Znamenski, Shambhala, le royaume
rouge Magie et géopolitique au cœur de l’Asie. Shambhala, la cité du Roi du
Monde, toujours évoquée dans les ouvrages de S. Hutin consacrés aux continents
disparus, apparaît dans le bouddhisme comme la capitale du de l’Agartha… la
Terre creuse.
Ces propos peuvent
surprendre… les marxistes s’intéressaient à Shambhala ainsi qu’à
l’Hyperborée ! L’intérêt politique n’y est assurément pas étranger. Des
millions d’hommes à cette « époque, connaissaient La Prophétie de
Shambhala. La mise en place du royaume spirituel, placé sous les signes de
l’amour et de la paix, annoncé dans la prophétie, validerait le règne des
marxistes auprès des peuples de confession bouddhique. Tout au moins, le
pensaient-ils.
Bartchenko en 1925
rencontre le rabbin Menachem Mendel Schneerson. Tout commence véritablement le
1er octobre de cette même année. Ainsi que le raconte Andrei Znamenski,
ce jour Bartchenko rencontre le rabbin Yosef Yitzchak Schneersohn (1880-1950),
leader spirituel du mouvement hassidiste des Chabad Loubavitch. « Cette personnalité importante des juifs
traditionalistes, vivait à Léiningrad au début des années 1920, il était
hostile à la réforme religieuse voulue par le gouvernement et il s’opposait
obstinément à la mise sous tutelle de sa communauté par la police secrète des
bolcheviques. Schneersohn se souvenait comment, le 1 octobre 1925, Bartchenko
lui demanda de lui donner toutes les informations disponibles sur la cabbale et
l’étoile de David, car il était convaincu que la ‘’maîtrise de cette sagesse
pouvait être source d’un grand pouvoir*’’ »
*« Joseph Schneersohn, The Heroic Struggle : The
Arrest and Liberation of Rabbi Yosef Y. Schneersohn, of Lubavitch in Soviet
Russia, Brooklyn, Kehot, 1999, p. 135-136. »
Andrei Znamenski en
déduit : « Vraisemblablement, Bartchenko voyait
dans la cabbale une manifestation de l’ancienne sagesse universelle. »
Mais pour lui, ce rabbin n’était pas le bon interlocuteur car « étranger à
tout universalisme, étant à l’opposé des idées de Bartchenko sur une
‘’internationale mystique’’ à moins que sa démarche fut une manœuvre de Boki
pour avoir accès au rabbin loubavitch. Pour gagner la confiance du rabbin,
Bartchenko lui fit lire des lettres de recommandation de plusieurs savant
moscovites et confia au rabbin : « qu’il ‘’s’intéressait à
l’occultisme (qui était aussi basé sur les mathématiques) pour comprendre les
mystères et prédire le futur’’. »
A. Znamenski
poursuit : « Les récits excitants de Bartchenko sur ses tentatives
d’influencer et de modifier le futur par l’intermédiaire des sagesses anciennes
semblèrent une pure hérésie au rabbin. Cependant Schneersohn ne voulait pas se
mettre à dos un individu ayant des relations importantes, ainsi, il agit comme
s’il était intéressé à travailler avec lui et il demanda même à son jeune
assistant Menachem Mendel de traduire des extraits de la littérature hassidique
afin de renseigner Bartchenko sur la cabbale. » Bartchenko à chaque
demande voulait offrir de l’or au rabbin mais celui-ci refusait, ce que
visiblement le bolchevique ne comprenait pas…
Menachem Mendel
Schneerson né le 5 avril 1902, Rabbi de Loubavitch (mouvement hassidique), est
considéré comme l'un des dirigeants juifs les plus influents du XXe siècle. Il avait une connaissance parfaite du
Talmud et du Zohar.
Il épousa en 1928 à
Varsovie, en Pologne Chaya Mushka, fille du grand Yosef
Yitzchak Schneersohn, auquel il était apparenté, ce que démontre le nom
Schneerso(h)n. Pour sa vie, voir :
https://en.wikipedia.org/wiki/Menachem_Mendel_Schneerson
On peut y lire, qu’en
1933, alors que lui et sa famille vivaient à Berlin, il fuit la montée du
nazisme et s’installe à Paris. « Pendant ce
temps, Yosef Yitzchak a recommandé que le professeur Alexander Vasilyevitch
Barchenko consulte Schneerson sur diverses questions religieuses et mystiques,
et d'éminents rabbins, tels que Yerachmiel Binyaminson et Eliyahu Eliezer
Dessler se sont tournés vers Schneerson avec leurs questions rabbiniques et
kabbalistiques. »
Les échanges entre le
clan rabbinique Schneersohn et Alexander Barchenko furent assurément variés
mais il ne serait pas surprenant de penser que les mystères nordiques des
origines que nous allons à présent dérouler, aient été évoqués.
Recherche des Monts
Riphées à la lumière de la tradition hébraïque
Au-delà des Monts
Riphées, Portes de Fer de l’Hyperborée, vivaient, aux dires des
anciens Grecs, dans une année longue d’un jour et d’une nuit, les
Hyperboréens. Localisations incertaines dans les Monts Karpathes de la Scythie
et de la Dacie, dans les Monts de l’Oural (n’oublions pas les Monts
Khibiny de Russie), cette montagne brumeuse
d’où soufflait Borée était clamée par le poète Alcman (VIIe
siècle av. J-C.) comme la « poitrine de la nuit noire ».
Dans
les entrailles des Monts Riphées, s’entassait l’or des Hyperboréens. Des
griffons, suivant la légende, défendaient l’entrée menant à l’or des trésors
d’Apollon le dieu venu d’Hyperborée.
L’étymologie de ces
monts est incertaine, nous privilégierons pour cette étude celle, bien que
présentée comme douteuse, par le Maître de la Tradition René
Guénon, dans
un courrier daté du 5 janvier 1936 et adressé depuis Le Caire en Égypte à son
disciple Vasile Lovinescu. Ces deux ésotéristes
vont entretenir de 1934 à 1940 une importante correspondance.
Vasile Lovinescu,
alias Geticus, est né le 30 décembre 1905 à Fălticeni et décédé dans la même
ville, le 14 juillet 1984. Critique littéraire et philosophe ésotérique
Roumain, il est notamment connu pour son livre La Dacie hyperboréenne
(Éditions Pardès), recueil d’articles initialement parus entre 1936 et 1937
dans la revue Études traditionnelles.
René Guénon écrivait
dans son courrier :
« J’allais oublier les monts Riphées […] Quant à Riphée et
Orphée, il n’y a là en somme que 2 formes d’un même nom, car les voyelles n’ont
pas d’importance ; certains ont voulu rattacher le nom d’Orphée à une racine
“rapha” qui, en hébreu, a le sens de médecine ou de guérison (par exemple dans
le nom de l’archange Raphaël) mais cela aussi est assez douteux. »
https://www.index-rene-guenon.org/Access_book.php?sigle=C-VLov&page=16
Le
doute émis par René Guénon provient peut-être de l’association Orphée/Riphée
faite par Vasile Lovinescu dans sa question. Les ésotéristes chrétiens contemporains de R. Guénon, aiment à interpréter Orphée comme la Lumière de la
Lumière (Aour-Phos). Le livre La Dacie
hyperboréenne permet de
connaître que V. Lovinescu dans sa question, estimait « que
le nom d’Orphée a la même racine que Riphée, les Montagnes hyperboréennes et
daciques. » Hypothèse intéressante, pour l’ésotériste Roumain, les
Riphées évoquent deux chaînes montagneuses : « les
Riphées polaires et les Riphées carpathiques, les ‘’portes de fer’’ polaires et
les ‘’portes de fer’’ danubiennes. »
Le nom Riphées est
traditionnellement reconnu dans la Bible avec le nom Riphat : « Fils de Gomer : Ashkenaz, Riphat et
Togarma ». Livre de la Genèse 10-3
Le Rabbinat associa
Gomer (fils de Japhet, fils de Noé), aux Cimmériens (Nord du Pont-Euxin,
plaines de Sibérie), Ashkenaz à un peuple d’Asie, puis à l’Allemagne, Togarma à
l’Arménie, alors que Riphat fut reconnu comme la souche d’un peuple vivant au
Nord du monde précisément près des Monts Riphées.
Le théologien
Américain Albert Barnes (1798-1870), diplômé du Princeton Theological Seminary,
reprenait en 1823, après les Pères de l’Église, cette hypothèse dans ses Barnes’notes :
« Riphath semble avoir voyagé vers le nord et
laissé son nom dans les montagnes riphaéennes. Josephus, cependant, le
place en Paphlagonie, où le nom Tobata apparaît (Diphath) 1 Chroniques 1:6
. »
La forme Diphath est
reconnue comme une variante de Riphath. Rashi de Troyes qui utilise les deux
écritures dans son Commentaire du 1er Livre des Chroniques
(1-6) s’appuie sur la racine « Rapha » comme le fera avec réserve, R.
Guénon, mais en mettant en avant son pluriel
« Rephaïm ». Il n’utilise pas
le sens de « médecine », mais celui de « faible(s) » :
Commentaire
de Rashi
Ce commentaire
partisan de Rashi met en avant le vieil adage Honneur aux vainqueurs !
les Israélites sous la houlette de Josué ont vaincus les Rephaïm de la Terre de
Canaan. Il est vrai que ces Rephaïm, de tradition, par des unions génétiquement
peu compatibles avec les Filles de l’Adam, n’avaient plus rien de commun avec
leurs lointains ancêtres, les Fils de Rapha qui vécurent sur Terre avant
le Déluge.
Néanmoins conscient
des réalités, Rashi, dans son Commentaire du Deutéronome (2-11), inverse
les rôles. En s’appuyant sur le livre Genèse Rabbah (26-7), il applique
ici l’état de faiblesse, degré le plus bas, dans la signification du nom
Rephaïm, aux Israélites découvrant pour la première fois les Rephaïm de Canaan
: « les mains de tous ceux qui les virent devinrent
faibles (cf Genèse Rabbah 26:7). »
La section de ce
livre sur laquelle s’appuie Rashi, se réfère au très commenté chapitre 6,
verset 4 du Livre de la Genèse, évoquant les Néphilim, autre nom, ainsi
qu’indiqué, des Rephaïm descendus sur Terre avant le Déluge…
The Sons of God Saw the Daughters
of Men That They Were Fair
Les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, de Maurice Greiffenhagen.
Des êtres
transparents au Portail de l’Hyperborée
Dans le livre Genèse Rabbah qui inspira Rashi de Troyes,
figure un texte dans lequel les paroles adressées par Dieu à Noé, sont
commentées en s’appuyant sur un verset du Livre de Job ; verset
permettant d’effectuer un plongeon vers les Réphaïm du Pôle Arctique. Voici le
texte de la Genèse Rabbah :
« ‘’J’établirai
mon alliance avec toi : tu viendras dans l’arche’’ (ibid. v. 18). Il te
faut une alliance [à cause] des géants. Un seul
d’entre eux obture l’abîme en y mettant le pied, obture la lucarne [des cieux]
en y mettant la main. Mais en s’approchant de l’arche pour y entrer, leurs
pieds s’embourberont, ce qu’exprime : ‘’Les géants
(litt. les ombres) se débattent sous les eaux et leurs populations’’ (Job
26 : 5) » Genèse Rabbah (31-12).
Les
« géants » « ombres » ou « fantômes » de ce verset de Job,
traduisent le mot « Rephaïm ». Ce mot est ici associé au verbe Yeh’ollou
signifiant « enfanter », « créer » mais aussi – d’où
l’ambigüité des traductions –
« trembler », « se débattre » jusqu’à la mort.
Pour les commentaires
rabbiniques, ce verset s’articule sur deux tableaux : Création du monde
et Fin du monde (celui des Rephaïm) par le Déluge. Par leur destruction,
les Rephaïm réintègrent l’état fantomatique qui était le leur aux origines…
Ce verset 5 du Livre
de Job (ch. 26) trouve son
prolongement dans le verset 7 : « Il étend (le) Tsaphon sur (le) Tohou… ».
Le mot Tsaphon, toujours traduit, signifie, nous l’avons vu :
« nord », « septentrion », « aquilon », mais les
traducteurs pour ce verset s’appuient généralement sur la tradition qui
reconnaît dans ce mot hébreu : le « Pôle Arctique », ou « Pôle
du Septentrion », bien que certains
traducteurs, préfèrent y reconnaître un pôle nordique céleste complémentaire, il est vrai.
L’idée de ces êtres
fantomatiques, ombres évoluant dans les eaux primordiales au Nord du monde, ne
semble guère éloignée de l’idée que les Grecs se faisaient des Hyperboréens.
Le pasteur Protestant
Patrice Rollin étudia d’intéressante façon, l’expression biblique Tohou
vaBohou, retranscrite dans les Septante (traduction grecque de la
Bible) : « La première traduction grecque de
la Bible Hébraïque, la Bible des Septante, traduit, ou plutôt interprète déjà
en rendant l'expression par “invisible et désordonnée” : aoratos kai
akataskeuastos. »
http://biblique.blogspirit.com/archive/2011/03/20/tohu-bohu.html
Ce pasteur n’hésite
pas à présenter l’expression hébraïque comme un majestueux portail :
« L'interprétation de ce majestueux portail
ouvrant la Bible suscite une question : s'agit-il d'un commencement
chronologique absolu dans lequel Dieu ferait apparaître la matière ? Ou
s'agit-il de l'évocation d'une matière primordiale à partir de laquelle Dieu va
créer le monde dans la suite du récit biblique ? »
Rephaïm fantomatiques
bibliques, êtres transparents de l’Hyperborée des Grecs, ils se confondent
assurément avec les deux premières races ayant vécu sur notre Terre à l’aube
naissante du matin de la Création d’après le livre La Doctrine Secrète,
ouvrage majeur de la Société de
Théosophie fondée par Helena Blavatsky en 1875. Cet
ouvrage s’appuie sur le mythique Livre de Dzyan, supposé tibétain.
La Doctrine Secrète
fait évoluer l'humanité au travers de sept « races-racines », remontant à
plusieurs millions d'années. La première race-racine, les Chhâyâs, est
présentée comme « éthérique » ou « polaire », et la seconde
aurait vécu en Hyperborée. À ces deux première
« races-racines » aurait succédé celle de la Lémurie, puis celle de
l'Atlantide.
Dans le tome IV de La
Doctrine Secrète, Helena Blavatsky, se réfère aux manuscrits d’Agrippa (Cornélius
Agrippa) :
« On
y lit (dans les manuscrits d’Agrippa) :
« Ainsi périrent les premiers rois (les Dynasties Divines)
de l’Ancien Monde, les Princes auto-générés des Géants. Ils tombèrent
comme des arbres sans racines et disparurent, car ils étaient l’Ombre de
l’Ombre (à savoir, le Chhâyâ des Pitris ombreux)*
« Mais ceux qui vinrent après eux, et qui, précipités comme
des étoiles filantes, furent enchâssés dans les Ombres, durèrent jusqu’à
présent (les Dhyanis qui, s’incarnant dans ces ‘’ombres Vides’’, inaugurèrent
l’ère de l’humanité).
« *Ceci
se rapporte aux ‘’Rois d’Édom’’ ».
Ce texte tiré, semble-t-il, d’un manuscrit de
Cornélius Agrippa, est intéressant. Les parties du texte mises entres
parenthèses, ne peuvent être qu’un commentaire d’Helena Blavatsy. L’Ombre de
l’Ombre va correspondre dans La Doctrine Secrète à la première
« race-racine », le Chhâyâ : « éthérique » ou
« polaire » qui prècède l’Ombre, la seconde :
hyperborénne.
H. Blavatsky
reconnaît dans ces races oubliées (Agrippa, vu la source dont il s’inspira,
devait les reconnaître pareillement) les « Rois d’Édom ». Ces sept
rois préadamites du Sepher ha-Zohar
ou Livre de la Splendeur, important dans l’édifice de La Doctrine
Secrète d’Helena Blavasky, et dans l’œuvre de René Guénon, se résument dans
cette phrase du Zohar : « Ainsi
ont péri les rois de l’ancien monde, les princes des géants. »
Du Siphra
Dzyaniouta, ouvrage du Sepher ha-Zohar, au Livre de Dzyan
Entre 1270 et 1280 le Rabbin Espagnol Moïse de
León, entreprend la compilation de récits oraux, connus sous le nom de Sepher
ha-Zohar ou Livre de la Splendeur. Ce sepher fut rédigé, à
l’origine, par le grand Kabbaliste Rabbi Shimon bar Yohaï, dit Rashbi (Ier et IIe siècles av.
J.-C.). Contraint de fuir les Romains, il s’enferma treize années durant, dans
une grotte à Paki'in en Haute-Galilée.
Entrée de la
grotte supposée de Rashbi à Paki’in
Visités dit-on, deux
fois par jour par le prophète Élie, il va acquérir des pouvoirs mystiques et
rédigera, assisté de son fils Rabbi Eléazar réfugié lui aussi, une œuvre qualifiée
de Haute-Kabbale : le Sepher ha-Zohar considéré comme le
grand livre de la Tradition hébraïque. Les secrets de la Torah reçus par le
rabbi, dans Me’arath Rashbi (la Grotte de Rashbi), furent
transmis de tradition, « sur les hautes
marches […] avec une telle clarté, comme s’il avaient été donnés en même
temps au mont Sinaï. »
Le Zohar II,
F° 176 0-179a est nommé Siphra
Dzeniouta, soit le Livre Occulte ou Livre des Secrets.
Cet ouvrage, ainsi que le rapporte Gershom Scholem,
fut rapproché du mystique Livre de Dzyan ou Stances de
Dzyan. Ce philosophe spécialisé dans la kabbale hébraïque, indiquait
dans une note de Major Trends in Jewish Mysticism (1950) :
« À mon
avis, on ne saurait guère douter que les fameuses stances du mystérieux Livre
de Dzyan, sur lequel est fondé le magnum opus [ouvrage fondamental] de Mme H.
P. Blavatsky, La Doctrine Secrète, sont tributaires, à la fois par leur
titre et leur contenu, des pages pompeuses de l'écrit zoharique [dans le Zohar,
daté de 1280] appelé Siphra Di-Tzeniutha. Le premier qui a avancé cette théorie
sans autre preuve a été L. A. Bosman, un théosophe juif, dans son opuscule The
Mysteries of the Qabalah (1916), p. 31. Cela me semble vraiment la
véritable ‘’étymologie’’ du titre inexpliqué jusqu'ici. Mme Blavatsky a puisé
abondamment dans la Kabbala Denudata de Knorr von Rosenroth (1677-1684),
qui contient (vol. II, p. 347-385) une traduction latine du Siphra
Di-Tseniutha... En fait, H.P.B. fait allusion elle-même à un tel rapport
entre les deux livres dans les toutes premières lignes de Isis dévoilée
[trad. fr., Paris, Éditions Adyar, t. I p. 57] : Il existe quelque part, dans
ce vaste univers, un vieux Livre... Le plus ancien document hébreu sur la
science occulte — le Siphra Dzeniouta — a été
compilé d'après ce livre et ce fut à une époque où on le considérait déjà comme
une relique littéraire. Le Livre de Dzyan — conclut Scholem — n'est donc rien
d'autre qu'une hypostase occultiste du titre zoharique. »
Ce livre aurait été
évoqué par écrit la première fois en France par l’astronome Jean Sylvain
Bailly, à la fin du XVIIIe et
l’indianiste Louis Jacolliot au XIXe siècle, semble avoir été le
premier, quant à lui, à évoquer ce livre sous le nom de Stances de Dzyan.
Leonard A. Bosman,
membre de la Société Théosophique de Londres, évoque en fait le sujet dès 1913
ou 1914 dans son livre The Music of the Spheres (The Dharma Press –
Londres) :
« L'Enseignement
Intérieur du Judaïsme est le même que celui proposé dans la Doctrine Secrète,
le nom même du Livre de Dzyan dont la Doctrine Secrète a été
tirée, et l'ouvrage Quabalistique appelé le Livre de Dzyaniouta étant
similaire dans sa construction et son objectif. »
La traduction du Siphra
DI-ZENIOUTHA ou LIVRE OCCULTE, présentée par Jean de Pauly,
commence ainsi :
« Nous
avons appris dans le Livre Occulte qu’en créant le monde, Dieu fit peser
à la balance ce qui jusqu’alors n’avait pas été pesé. Les hommes ne se
regardaient pas face à face, c’est-à-dire l’union des époux n’avait pas lieu
de façon semblable à celle d’aujourd’hui. Aussi les rois primitifs ont-ils
péri, parce qu’ils ne trouvaient pas la nourriture* qu’il leur fallait ;
et la terre même fut anéantie. »
*Autre traduction:
« leurs couronnes n’ont pas été retrouvées ». Cette traduction
apparaît dans une note de Paul Vulliaud, ainsi que dans l’article ‘’The
stanzas of dzyan’’ and ‘’the sifra di-tseniuth’’ https://gangleri-nl.translate.goog/articles/48/the-stanzas-of-dzyan-and-the-sifra-di-tseniutha/?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc
Tohou vaBohou ou la
genèse hyperboréenne
La célèbre expression
biblique (Genèse 1-2) désigne dans un premier niveau de lecture, la
terre, « invisible », « parce que recouverte par les eaux. Dans
un second niveau de lecture cette expression, désigne : « les déesses du chaos primordial auquel Elohîms met
fin en créant les ciels, la terre et la lumière dont le nom revient cinq fois,
comme une incantation, dans les premiers versets de la Genèse. »
André Chouraqui : La Bible traduite et commentée – Entête (la Genèse)
– Éditions JClattès.
Pour
le Sepher ha-Zohar (I 16a) le mot Tohou évoque
« l'état primordial non rectifié de la Création », symbolisé par une « neige à l’intérieur de l’eau » dans
laquelle : « Il n’y a pas de figure d’Adam ». En effet, l’homme
n’est encore qu’un possible... Ce « lieu de tri », eau
congelée, d’où naîtra le Bohou, est présenté comme un repaire de
démons : « ‘’Thohou’’ désigne les démons
qui constituent l'ordure du monde. ‘’Bohou’’ désigne la partie pure du monde
débarrassée des démons. En disant que la terre était ‘’thohou et bohou’’,
l'Écriture nous apprend que, d'abord la matière créée était à l'état de
‘’thohou’’, c'est-à-dire que l'esprit du démon était tellement confondu avec la
matière, qu'ils ne formaient qu'un corps, telle une boule de neige renfermant
des ordures. »
Le texte hermétique
zoharique, bien que peu disert, n’aurait pas été renié par le romancier
Américain Howard Phillips Lovecraft. Pour le Zohar, le second verset
biblique se fond dans le texte de Genèse 2-4, que voici :
« Éléh Toldoth ha-Shamaïm vé-ha-Éretz… » généralement traduit :
« Voici l’histoire (l’origine) du ciel et de la terre ». Les mots
« Éleh Toldoth », «Voici l’histoire », signifient aussi
« Ceux-là, (sont) les générations », (ou les
« engendrements »). D’où ce commentaire du Zohar :
« Il
est écrit : ‘’Ceux-là (Éléh) sont les enfants des cieux et de la terre.’’ Il a
été enseigné que, partout où l'Écriture emploie le terme Éléh, le passage qui
suit n'a aucun rapport avec celui qui précède. Aussi, en disant ‘’Les enfants
des cieux et de la terre’’, l'Écriture ne se rapporte pas à ce qui précède,
mais au thohou mentionné au deuxième verset du premier chapitre de la Genèse :
‘’Et la terre était thohou et bohou.’’ L'Écriture veut donc dire que les
enfants des cieux et de la terre sont les démons appelés ‘’thohou’’. Ceci
explique la tradition suivante : ‘’Le Saint, béni soit-il, crée des mondes et
les détruit.’’ C'est pourquoi l'Écriture dit : ‘’Et la terre était thohou et
bohou’’ ; or, l'état de thohou et bohou était avant la création de la terre;
mais cela s'explique de cette façon : Que par le mot ‘’terre’’ l'Écriture
désigne la terre préexistante que Dieu a détruite. Comment comprendre que le
Saint, béni soit-il, crée des mondes pour les détruire ensuite ? Mieux aurait
valu qu'il ne les eût point créés ! En vérité cette tradition renferme un
mystère ; car comment expliquer autrement les mots: ‘’...Et les
détruits’’? » (Zohar I 24b) ».
Étrange texte
effectivement que le Zohar. Au Nord du monde, de l’impur (Tohou) va
naître le pur (Bohou). Nous avons pu le voir, le chapitre 26 du Livre de Job,
évoque les Rephaïm qui se débattent sous les eaux, là où Dieu « étend le
Pôle Arctique sur le Tohou ».
Dans le Sepher
ha-Zohar (I 25b) il est écrit : « ‘’Les
Rephaïm sont semblables aux Anaqim’’ […] C’est à cause de ceux-ci que le
monde est retourné à l’état de thohou et bohou. » Il est ici
fait référence à la chute des Fils de Dieu qui plongea la Terre – suivant la Bible
– dans le Déluge. Ceci est résumé dans ce verset : ‘’Les Rephaïm se
débattent sous les eaux et leurs populations’’ (Job 26 :
5)
Georges Lucas, le
réalisateur de la saga Star Wars, projette le Côté Obscur des Anaqim ou
Anakim (Anakin en araméen) sur l’anti-héros Anakin Skywalker, alias Dark Vador
dans la version française, membre de l’Ordre des Sith Noirs (la Menace
Fantôme). Anakin Marcheur du Ciel sera désavoué par
son fils le Jedi Luke Skywalker, « Lumière Marcheur du Ciel »
qui, prédestiné par son prénom, choisira le Côté Lumineux de la Force.
Il est reconnu que le
mot Sith retranscrit en fait, le nom des Scythes qui occupaient avec les Daces
l’Hyperborée des Karpathes. Les anciens cartographes, tels Gérard Mercator,
plaçaient à l’Est du POLUS ARCTICUS qui localisait le jardin d’Eden, l’OCEANUS
SCYTHICUS (l’Océan Scythique).
L’Hyperborée / Éden et Océanus Scythicus – Gérard Mercator
Cette carte ou partie
de carte de Pomponius Mela (Ier siècle), est curieuse mais
intéressante.
Konrad Miller — ‘’Orbis habitabilis ad mentem Pomponii Melae’’
(Monde habitable pour l'esprit de Pomponius Meles), Mappaemundi, Heft VI. ‘’Rekonstruierte Karten’’, Tafel
7. World Map of Pomponius Mela as reconstructed by K. Miller (1898).
Fichier:Karte Pomponius Mela.jpg