LES REGARDS DU PILAT PRÉSENTENT
LES EAUX DU PILAT
L'ÉNIGME DE L'AQUEDUC DU JANON,
FANTASME OU RÉALITÉ ?

par Patrick BERLIER
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    L’aqueduc romain du Gier, dont il reste de nombreux et intéressants vestiges, commence « officiellement » quelque part au-dessus de Saint-Chamond, mais plusieurs auteurs anciens ont affirmé que les Romains avaient également construit un bief destiné à détourner une partie des eaux du Furan et du Janon afin de les déverser dans l’aqueduc. L’un de ces auteurs était un certain Pierre Cros, archiviste de la ville de Saint-Étienne, qui publia en 1898 Recherches historiques et études agricoles sur la vallée du Janon, tome III : la Botanique. Cet ouvrage jugé parfois « indigeste » dans sa forme contient plusieurs informations troublantes, résultats de patientes recherches d’archives corroborées par des visites sur le terrain. En 1968 le père Granger fit une communication à la Diana sur ce sujet.
  D’une part, les Romains auraient creusé un pertuis, ou petit tunnel, sous le rocher de Rochetaillée, pour conduire une partie des eaux du Furan vers la vallée des Quatre Aigues et les déverser dans le Janon. Un chercheur éminent, M. Germain de Montauzan, signala avoir retrouvé les traces d’un canal sur la rive gauche du ruisseau. En aval, un « aquarium » aurait capté les eaux mélangées du Furan et du Janon. Un premier aqueduc, à peu de choses près parallèle au cours du Janon, les aurait ensuite conduites vers l’aqueduc du Gier. De tous ces ouvrages, il ne restait déjà plus rien lorsque le père Granger entreprit ses recherches sur le sujet, mais évidemment cela ne signifie pas qu’ils n’aient jamais existé.

    D’autre part, les Romains auraient réalisé un autre captage semblable, sous le hameau de Salvaris, pour détourner une partie des eaux du ruisseau des Quatre Aigues en direction du ruisseau de la Fontchoreyre, sur l’autre versant, puis vers l’aqueduc du Janon. Là encore un pertuis traversait la montagne. Le véritable ruisseau qui s’en écoulait, coté nord, fut baptisé « la Thoure des Sarrasins de Salvaris » par les habitants du lieu.


Vue de l'entrée de la "Thoure" des Sarrasins

Ce mot « Thoure » est dérivé de l’ancien provençal toron désignant une source jaillissante. Le père Granger en retrouva la trace, sur plus de dix mètres.
 Enfin, deux pierres de deux mètres de haut furent semble-t-il découvertes en 1858 puis en 1863 lors de l’élargissement de la voie du chemin de fer entre Terrenoire et Saint-Chamond. Sur chacune d’elles une inscription à moitié effacée laissait seulement apparaître ces fragments de mots :

IMP CAES
AQVAE
IAN
LVGD
    Les pierres furent employées comme matériaux pour la construction de la voie ferrée, mais fort heureusement leurs inscriptions avaient été fidèlement relevées par le chef de chantier. Pierre Cros qui ne connaissait pas le latin tenta mais en vain d’en trouver la traduction. Il fallut toute la science du père Granger pour en donner une transcription valable, en tenant compte des abréviations : IMPERATORIS CAESARIS ... AQVAE ... IANONIS ... LVGDVNVM. Le texte complet, restituant la probabilité des mots effacés, devait signifier à peu près : sur ordre de L’EMPEREUR (suivait sans doute son nom) LES EAUX DU JANON en direction de LYON... On se rend compte que cette pierre, qualifiée à l’époque de borne milliaire, devait être en réalité une sorte de stèle de protection d’un aqueduc, très semblable à celle de Chagnon.


1 Colonne milliaire (borne présumée de l'aqueduc du Janon)


L'ESTRA SOUS LA GILLIERE
1 Rivière de Janon
2 Colonne milliaire trouvée en 1858
3 Estacades de la houillère de la Massardière
4 La Griottière
5 La Gillière
6 Les Regards
7 Combe-Feuillet

 L’existence de cet hypothétique aqueduc du Janon ne repose hélas que sur des éléments épars, peut-être sans liens entre eux, rapportés par un homme qui, de son vivant, n’a pas su faire valoir le bien-fondé de ses théories. Pierre Cros mourut dans la misère en 1926, et onze ans plus tard, à la mort de sa veuve, toutes ses archives disparurent à jamais.

PROCHAINEMENT :

LES EAUX MAUDITES ET L'ABOMINABLE MARÉCAGE DE BAVISER

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