Le
nouveau
livre de Patrick Berlier
LA
SYMBOLIQUE DES DEUX SAINTS JEAN
Patrick nous avait
habitués à des ouvrages
entraînant ses lecteurs sur les pistes des sociétés
secrètes comme la Société
Angélique, racontant au passage l'histoire souvent occulte de la
ville de Lyon
au XVIe siècle. Il était resté dans la
capitale des Gaules pour la
petit brochure consacrée à la mystique lyonnaise Pauline
Jaricot. Puis il avait
suivi la piste de l'œuvre passionnante de Jules Verne et des messages
cryptés
qu'elle contient. Mais tout restait lié au même
thème, celui de sociétés très
discrètes œuvrant dans l'ombre pour la transmission de la
Connaissance.
Avec ce nouvel opus, toujours
publié aux éditions
Arqa, Patrick remonte aux sources même du Savoir initiatique,
celles de
l'ésotérisme chrétien. Citations bibliques
à l'appui, il nous dévoile tous les
arcanes de saint Jean Baptiste, l'initiateur, et de saint Jean
l'Évangéliste,
l'initié.
Couverture
du livre
Le premier saint Jean est considéré
comme le
Précurseur du Christ, car il fut le premier à
prôner des principes, comme
l'abandon des richesses matérielles, le Royaume de Dieu et la
vie éternelle,
qui seront ensuite ceux de Jésus. Jean Baptiste aurait pu
connaître une haute
destinée, mais il n'était pas l'Élu. Lorsque
Jésus vint vers lui il vit en lui
le Fils de Dieu et lui donna le baptême, événement
essentiel dont nous ne
percevons pas toujours aujourd'hui la portée symbolique, et qui
n'est pas autre
chose que l'impulsion, l'étincelle, par laquelle commença
le ministère de
Jésus. Jean n'avait pas besoin de devenir son disciple, il
était déjà son égal
en savoir, mais sachant que Jésus était l'Élu, et
pas lui, il n'avait plus qu'à
s'effacer devant lui, ce qui constitue sa plus grande gloire. Peu de
temps
après, il fut arrêté par Hérode Antipas et
mis à mort.
Patrick a su débusquer
les
liens familiaux entre les deux saints Jean et Jésus, ce qui
explique peut-être
leur attachement réciproque. Mais reconstituer leur
généalogie demandait
d'étudier les Évangiles apocryphes et les ouvrages
d'hagiographie, à condition
de croiser les textes avec rigueur et de tout vérifier, des
auteurs peu
attentifs s'étant laissés induire en erreur par la
ressemblance des noms. On
sait que Marie, la mère de Jésus, et Élisabeth, la
mère de Jean Baptiste,
étaient cousines germaines, leurs mères respectives
étant sœurs. Patrick expose
dans son livre toutes les connexions de ce rameau familial, dont
faisaient
partie également les parents de saint Jean
l'Évangéliste et les parents de
saint Jacques le Mineur. En conclusion on peut dire que les deux saints
Jean,
les deux saints Jacques, et Jésus, étaient cousins. Ils
ont tous passé leur
enfance dans le même environnement familial, ce que plusieurs
artistes ont
représenté. L'arbre généalogique
présenté dans le livre permet de visualiser
d'un seul coup d'œil l'appartenance de tous ces personnages à la
même famille,
tous étant les descendants du même couple.
Saint
Jean Baptiste donne le baptême à Jésus
(vitrail
de l'église de Malleval - détail)
Bien qu'il
n'ait pas pu reconnaître, physiquement, Jésus son cousin,
car ils avaient vécu
séparément après l'enfance, ses dons de
prophétie permirent à Jean Baptiste de
le reconnaître intuitivement, et de voir en lui l'Agneau que Dieu
envoyait aux
hommes pour être sacrifié. Jean Baptiste n'était
pas la Lumière, mais il
témoignait au sujet de la Lumière, il la
reflétait ;pas la lumière solaire
mais la lumière primordiale, qui existait avant tout, le
Feu-Principe. Dernier
des prophètes, il était habité par l'esprit du
premier des prophètes, Élie.
Jean a apporté à Jésus le concept même du
baptême par l'eau, dont Jésus fit un
des fondements de sa religion.
Le second saint Jean est celui
qui a suivi
Jésus-Christ, qui l'a accompagné fidèlement, et
qui a raconté son histoire et
son retour futur dans les livres qui lui sont attribués, le
quatrième Évangile,
trois Épîtres et l'Apocalypse. Saint Jean
l'Évangéliste fut très certainement un
disciple de Jean Baptiste avant de devenir l'un des premiers disciples
du
Christ, et « celui que Jésus aimait »,
selon la formule qu'il emploie
dans son Évangile pour se désigner sans se nommer. Jean
accompagna Jésus
jusqu'au bout puisqu'il fut le seul apôtre présent au pied
de la croix. Ensuite
il recueillit Marie que Jésus lui
demandait de considérer
comme sa mère, pas seulement pour prendre soin d'elle mais pour
entendre son
enseignement et pour que Marie pût veiller à son
accroissement intellectuel.
Quittant sa véritable mère Marie Salomé,
également présente au pied de la
croix, ce que disent tous les évangélistes et que le
livre démontre, Jean se retira
avec Marie à Éphèse, ville grecque d'Asie Mineure.
Il y fonda une petite
communauté, et y resta jusqu'à la fin de sa vie. Jean
l'Évangéliste symbolise la jeunesse éternelle et
même la virginité, étant
toujours représenté imberbe. C'est un véritable
privilège d'amour de la part de
Jésus qui lui a permis, plus que les autres apôtres, de
mieux comprendre son
enseignement.
Saint
Jean l'Évangéliste contre la poitrine de Jésus
durant le dernier repas
(vitrail
de l'église Saint-Irénée, Lyon)
Un autre
aspect des deux saints Jean est mis en exergue par le livre de Patrick,
c'est
leur correspondance avec certains animaux qui forment leurs attributs
traditionnels, l'agneau pour le Baptiste et l'aigle pour
l'Évangéliste. Ces
attributs permettent de les reconnaître et de les
différencier dans les
représentations artistiques. Notons l'apparent antagonisme entre
ces deux
symboles, l'agneau et l'aigle. Dans la nature l'agneau est une proie et
l'aigle
un prédateur. Mais dans la symbolique des deux saints Jean,
l'aigle est le
disciple de l'agneau, et s'il l'emporte au plus haut des cieux, ce
n'est pas
pour le dévorer mais pour le transfigurer. Jean Baptiste
reconnut en Jésus
l'Agneau de Dieu. Cet animal est donc devenu l'emblème
privilégié de Jean
Baptiste. D'autres animaux lui sont associés, le chameau et la
sauterelle, qui
paraissent très différents mais dont les symbolismes se
rejoignent. Si Jean
l'Évangéliste est symbolisé par l'aigle, c'est que
son Évangile est considéré
comme le plus intellectuel, celui qui, comme l'aigle,
s'élève le plus haut. Par
sa comparaison avec l'aigle, qui dit-on est capable de regarder le
soleil en
face, Jean l'Évangéliste, le disciple que Jésus
aimait, est le seul à pouvoir
regarder Dieu en face, c'est un interlocuteur privilégié.
Les
deux saints Jean et leurs attributs :
l'agneau pour le Baptiste, l'aigle pour l'Évangéliste
(huile
sur panneau, XVIe siècle)
Au-delà de leur
histoire et de leurs liens très
étroits avec Jésus, chacun des deux saints Jean
possède une symbolique très
forte que le livre de Patrick sait débusquer dans les textes,
qu'il analyse en
exégète, et dans les représentations picturales,
qu'il décortique en esthète,
pour nous les révéler dans la Lumière. C'est ainsi
que l'Évangile de saint Jean
et son célèbre prologue sont disséqués
verset après verset pour en tirer la
quintessence mais aussi l'architecture numérique secrète.
On découvre ainsi que
Jean a placé dans son texte des formules
répétitives mais discrètes, qui
séquencent subtilement l'Évangile en 17 parties. Pour
Jean, Jésus a accompli
seulement 7 miracles, qu'il décrit dans leur ordre de
perfection, et il a
parcouru la Palestine lors de 7 voyages. De même, le texte
particulièrement
hermétique de l'Apocalypse, qui lui aussi possède une
structure numérique
complexe, se trouve éclairé par littérature
biblique comparée.
D'autres aspects ne sont pas
oubliés, comme les
liens entre les deux saints Jean et les deux solstices, et le dieu
romain
Janus. Selon les
Évangiles, Jean Baptiste est né six mois avant
Jésus.
Lorsque l'église fixa la nativité du Christ au 25
décembre – et le livre de
Patrick raconte de quelle façon cette décision capitale a
été prise – elle
plaça aussi celle de Jean Baptiste six mois plus tôt, le
24 juin, trois jours
après le solstice d'été. Quant à la
fête de Jean l'Évangéliste, elle la plaça
au 27 décembre, six jours après le solstice d'hiver. Dans
les Évangiles,
beaucoup de passages à double sens font subtilement
référence aux solstices. Les
fêtes des deux saints Jean marquent en réalité
l'instant où le soleil, ayant
atteint l'un des extrêmes de sa course, commence à
l'inverser et à repartir
dans l'autre sens. Comme les deux solstices faisaient l'objet de
grandes
vénérations de la part des civilisations anciennes,
à Rome en particulier avec
le dieu Janus, les fêtes des deux saints Jean se sont vues
naturellement
associées à ces cultes. Disons qu'elles les ont
christianisés.
La fête de la Saint-Jean
d'été
évoque aussi les herbes de la Saint-Jean, qui jadis
étaient cueillies ce
jours-là, avec tout un rituel. Et puis encore les feux de la
Saint-Jean, autre
coutume ancestrale dont Patrick raconte l'histoire.
Feu
de la Saint-Jean saluant le lever du soleil le jour du solstice
d'été
La symbolique des deux saints
Jean est un
livre
publié à point nommé, le 24 juin 2017, jour
où l'on fête le 300e
anniversaire de la Franc-Maçonnerie spéculative,
née le 24 juin 1717. En ce jour de
la Saint-Jean, quatre loges maçonniques londoniennes se sont
réunies dans la
taverne de l'Oie et le gril pour fonder la Grande Loge de Londres.
C'était la
première obédience maçonnique, le premier
groupement de loges au sein d'une
fédération centralisatrice. Il faut comprendre que la
Franc-Maçonnerie ne date
pas de 1717 mais est bien antérieure. La date du 24 juin 1717
est purement
symbolique. En réalité, la naissance de la
Franc-Maçonnerie est entourée de
légendes et il est parfois difficile de faire la part du vrai et
de
l'imaginaire. Pour certains auteurs, la Franc-Maçonnerie est
née sur les
chantiers des cathédrales médiévales et aurait
été d'abord purement opérative,
réservée aux maçons de métier. D'autres
pensent – et ce courant-là a tendance à
s'imposer aujourd'hui – que la Franc-Maçonnerie
spéculative, c'est-à-dire philosophique,
est née dans les clubs anglais du XVIIe siècle
et qu'elle a
seulement « emprunté » la terminologie et
les symboles des
corporations opératives.
Quoi qu'il en soit, la date du
24 juin 1717 n'a pas été choisie au hasard : elle
est entièrement liée aux
deux saints Jean. Le Baptiste, considéré par les
francs-maçons comme un
initiateur, est fêté ce jour-là. Quant à
l'Évangéliste, considéré comme le
parfait initié, il a laissé un Évangile
philosophique dans lequel les
francs-maçons ont puisé leurs valeurs. Or comme il est
démontré dans le livre
de Patrick, le chiffre 17, et tout ce qu'il représente,
constitue l'un des
enseignements secrets de cet Évangile. Le choix de
l'année 1717 était donc bien
délibéré. Plus tard, quand certaines loges
refusèrent de se ranger sous la
bannière de la Grande Loge de Londres, ce qui fut à
l'origine de la célèbre
querelle des Anciens et des Modernes, la réunion de
réconciliation, fondant la
Grande Loge Unie d'Angleterre, eut lieu le 27 décembre 1813,
jour de la
Saint-Jean l'Évangéliste.
Les trois grandes
Lumières de la Franc-Maçonnerie
sont l'Équerre, le Compas, et le Volume de la Loi Sacrée.
Dans les loges
symboliques ou « bleues » travaillant aux trois
premiers grades
d'apprenti, compagnon, et maître, et dans le Rite
Écossais, ce volume est une
Bible ouverte sur le premier chapitre de l'Évangile de Jean.
Les
trois grandes Lumières
Tous les
francs-maçons
célèbrent chaque année les fêtes de chacun
des deux saints Jean, quelle que
soit leur obédience et le rite pratiqué. Celle du
Baptiste le 24 juin fait
l'objet d'un rituel bien précis. Cela a été
largement révélé par les ouvrages
de maçonnerie, et aussi par Internet. En bref, il marque le
passage d'une année
à une autre, et par divers symboles comme celui du blé il
rappelle le rythme
des saisons, et le franchissement successif des deux portes du temps –
les deux
solstices – sur lesquelles veillait jadis le dieu Janus. C'est un
rituel de
simplicité, qui ne se déroule pas forcément dans
le Temple mais peut aussi se
tenir à l'extérieur. La Saint-Jean est pour les
francs-maçons l'occasion de
communier avec le monde et d'aller à la rencontre des hommes.
Initiés ou profanes,
tous ceux qui tentent de
progresser sur le chemin de la Lumière trouveront avec La
symbolique des
deux saints Jean leur livre de chevet. Sommaire, extraits, et de
nombreuses
informations, sont disponibles sur le site des éditions Arqa,
où il est
possible de commander le livre :
http://www.editions-arqa.com/editions-arqa/