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JUILLET 2018 : Le Dossier



L'eau dans le Pilat ...et le combat de Vayrana.





 
LA RESSOURCE

 

        Le massif du Pilat est un véritable château d'eau qui a permis au fil du temps d'alimenter les populations locales, le plus souvent par des sources, mais également les plus grandes villes que ce soit Lyon dès l'époque romaine, grâce à l'aqueduc du Gier long de 75 km, soit Saint-Etienne lors de son développement industriel aux XIXème et XXème siècles ou encore Annonay grâce au Barrage du Ternay.

 

        Traversé par la limite de partage des eaux Atlantique/Méditerranée, ce massif de moyenne montagne est parcouru par de nombreuses rivières à faible débit, de type torrent dans leur partie supérieure. Au nord-ouest le bassin versant de la Loire est alimenté par la Semène, la Valchérie et le Cotatay, affluents de l'Ondaine, le Furan et le Furet. Les autres cours d'eau alimentent le bassin versant du Rhône : le Gier et ses affluents (le Ban, le Dorlay et le Couzon) coulent vers le nord alors que sur le versant sud,  le Limony, le Batalon, la Valencize ou le Vérin rejoignent directement le Rhône. Quant au Ternay, à la Déôme grossie de l'Argental et de la Bétonnière, ils se jettent plus au Sud dans la Cance , affluent de la rive droite du Rhône à Sarras. Au total on peut dire qu'une vingtaine de cours d'eau plus ou moins importants descendent les pentes du Pilat. Leur débit est variable suivant leur situation. Sur les versants nord et nord-ouest plus arrosés, les rivières ont un débit plus conséquent que sur le versant sud soumis à des périodes d'étiages assez sévères. Cela se traduit d'ailleurs par  la seule présence du barrage du Ternay au sud sur les onze retenues établies au pied du massif pour l'alimentation en eau des grandes villes : barrages des Plats sur la Semène, du Cotatay et de l'Ondenon sur les rivières du même nom, du Pas de Riot et du Gouffre d'enfer sur le Furan, de la Rive, du Pinay et de Soulages sur le Gier, du Dorlay et du Couzon sur ces deux rivières.


 

Carte des Rivières du Pilat Rhodanien


       
La qualité des eaux du Pilat est majoritairement de qualité satisfaisante. Toutefois trois sources principales de pollution nécessitent la mise en œuvre de divers moyens de lutte confiée à l'Agence de bassin. Historiquement la pollution industrielle sur la région stéphanoise et les vallées de l'Ondaine et du Gier, considérable durant la période de développement, a tendance à  diminuer fortement du fait d'une prise de conscience écologique conjuguée à la crise économique qui a frappé durement la région. Ensuite la pollution par les égoûts qui elle aussi est en régression grâce à la généralisation des stations d'épuration et l'obligation de retrouver une bonne qualité des eaux édictée par la directive européenne de 2000. Enfin la responsabilité de l’agriculture intensive, qui répand massivement des pesticides. Là encore une prise de conscience est en cours pour limiter l'utilisation de ces produits hautement polluants

 

ALIMENTATION EN EAU POTABLE ET ASSAINISSEMENT

 

La gestion de l'eau pour l'alimentation des hommes dans le Pilat comme ailleurs était de la responsabilité des communes, parfois regroupées en syndicats, jusqu'à ce que la Loi NOTRe de 2015 impose une gestion intercommunale par les EPCI (établissements de coopération intercommunale)  prévus dans le schéma départemental de mars 2016. Avec le transfert obligatoire des compétences eau et assainissement avant 2020.

Dans le Pilat, nous sommes concernés par 3 EPCI : la Communauté urbaine de Saint-Etienne-Métropole , la Communauté de Communes des Monts du Pilat et la Communauté de Communes du Pilat rhodanien.                                                                   

Autant dire d'emblée que la gestion de l'eau et de l'assainissement est très variable d'une EPCI à l'autre : Pour St Etienne-Métropole, l' interlocuteur peut être  la mairie dans le cas d’une gestion en régie, le délégataire ou prestataire de service dans les autres cas : Lyonnaise des Eaux/Suez, Stéphanoise des Eaux/Suez, Veolia, Saur, Aqualter, Cholton...Dans les Monts du Pilat, la quasi-totalité des communes à part St Julien-Molin-Molette est en régie publique avec le retour récent de Bourg-Argental. Quant au Pilat rhodanien, il est en cours de réflexion pour choisir avant 2020 de rester en délégation de service public avec un délégataire à choisir soit revenir à une gestion directe par la CCPR. Actuellement tous les contrats de DSP en cours ont été prolongés jusqu'en fin 2019 sauf Chavanay qui a un contrat qui court jusqu'en 2023.




Bassin versant Gier

 

Vayrana,  se contentera donc d'analyser plus précisément la question de la gestion de ces services sur sa zone de compétence du Pilat rhodanien et d'expliquer pourquoi, depuis plus de vingt ans, cette association mène le combat.pour un retour à une gestion publique directe des services d'eau et d'assainissement dans le Pilat rhodanien.


QUI EST VAYRANA ? UN PEU D'HISTOIRE...

Vayrana est une association pour la défense des Usagers des services de l'Eau potable et de l'assainissement et la protection des sources du Pilat Rhodanien. Elle est domiciliée à Véranne et est adhérente depuis sa création à la Coordination Nationale des Associations de Consommateurs d'Eau : la CACE. Cette association a vu le jour le 11 janvier 1994, sous l'impulsion de quelques usagers de l'Eau sur la commune de Véranne (déclarée et enregistrée au Journal Officiel sous le n°1058 du 2 février 1994).

 

                        Il faut savoir que notre commune du département de la Loire se trouve située sur le versant sud du Massif du Pilat qui domine la vallée du Rhône (le Rhône est à 9 km environ). Elle est alimentée depuis plus de 60 ans par les sources de la montagne, de très bonne qualité bien qu'acides et peu minéralisées. Le syndicat de la Fontaine de l'Oronge qui gérait jusque fin 2012 ce réseau de distribution d'eau potable était affermé à la S.D.E.I., filiale de la Lyonnaise des eaux devenue depuis Suez Environnement. Il avait décidé, sans qu'en soit prévenue ni questionnée la population, de faire "monter" par pompage l'eau de la nappe phréatique du Rhône jusqu'à Véranne, sous le prétexte que nous risquerions de manquer d'eau un jour prochain.

 

                        L'eau du Rhône à Véranne, pays des sources ! Cette eau qui coulait depuis plusieurs années aux robinets des habitants des deux autres communes membres du Syndicat (Maclas et Lupé) pour leur plus grand désagrément car d'un goût peu avenant. Malgré une pétition signée par les trois quarts de la population, les travaux envisagés étaient néanmoins exécutés, cinq ans plus tard, presque en catimini au tout début. Il ne restait plus que la solution de faire se constituer une association de défense par les consommateurs indignés. Depuis ce moment, l'association est intervenue à maintes reprises, réclamant l'agrandissement du réservoir du Tout qui nous alimente en eau de source afin que sa capacité soit suffisante et permette de ne jamais avoir recours à l'eau du Rhône qui reste à la merci de pollutions gravissimes. Cet agrandissement a d'ailleurs enfin été réalisé en 2012, à notre grande satisfaction. Notre petite association qui a compté malgré tout jusqu'à 123 adhérents au plus fort de la crise a vu ce nombre chuter à 45 en 2005 avec la démobilisation inhérente à l'usure liée au temps. Élargissant peu à peu son champ d'action à la gestion des services de l'eau potable et de l'assainissement, Vayrana a vu les nouveaux adhérents apporter des idées nouvelles sur les questions d'actualité comme depuis 2006, la question de l'Assainissement non collectif avec la création des SPANC. Depuis le 1er janvier 2013, la Communauté de Communes du Pilat rhodanien a également pris la compétence "Eau et assainissement non collectif", se substituant aux différents Syndicats qui géraient la production et la distribution de l'eau potable et les deux SPANC (Sianc et Sipanc) pour les communes du Pilat rhodanien. Puis la loi NOTRe de 2015 qui impose les transferts de compétences des communes aux EPCI (Etablissements publics de coopération intercommunale) avant 2020. Des décisions qui ont obligé Vayrana à revoir ses statuts pour étendre son champ de compétence des trois communes originelles aux quatorze du Pilat rhodanien.

                         

                         Aujourd'hui l'association dépasse les 90 adhérents et lance une grande campagne d'adhésion au niveau du territoire. Elle suit de près les décisions prises par les élus et informons tous les usagers du service, grâce à un bulletin interne gratuit intitulé "VAYRANA INF'EAU" qui paraît de deux à quatre fois par an en fonction des événements et à son site « vayrana.info ». Le côté récréatif n'est pas négligé en proposant chaque année aux adhérents et sympathisants des sorties et voyages à thème sur l'EAU. Ajoutons que récemment une commission patrimoine vient d'être créée et intervient sur le terrain pour recenser les points d'eau (sources, puits, lavoirs, moulins....) et étudier les variations de débit en fonction des différents lieux et périodes de l'année.

 

                        L'association a pour devise "QUAND TU BOIS L'EAU PENSE A LA SOURCE" et elle continue le combat des précurseurs en tentant à la fois de préserver la ressource, la qualité de l'eau potable distribuée et un prix raisonnable en préconisant de revenir à une gestion publique, envisageable au plan intercommunal. Sans dogmatisme sur cette question, en étroite collaboration avec la CACE, nous tentons de démontrer aux élus que cette solution est la meilleure dans l'intérêt des Usagers, comme on peut le constater pour plus de 50% des gestionnaires d'eau en France.

 

VERS UNE REAPPROPRIATION DE LA GESTION DE L'EAU PAR LA PUISSANCE PUBLIQUE DANS LE PILAT RHODANIEN.

Depuis presque cinquante ans, la gestion de l'eau potable a, partout dans le canton de Pélussin, été peu à peu confiée à des sociétés fermières : SAUR, SDEI/Lyonnaise des Eaux,  Cholton ...

Ce choix fut fait par nos élus, certainement pour de bonnes raisons ( extension des réseaux, complexification des réglementations et des normes imposées, facturations et récupération des impayés, gestion du personnel ...) mais sans véritablement prendre en compte ce qui pour Vayrana est un axiôme de base : l'Eau n'est pas une marchandise mais un bien commun de l'Humanité car indispensable à la Vie, au même titre que l'Air que nous respirons ou le Soleil qui nous réchauffe.

Les contrats passés avec les sociétés privées prévoient que la société fermière s’occupe de la gestion  de la production, du stockage et de la distribution de l'eau ainsi que de la maintenance du réseau et de la facturation aux usagers, distinguant la part de la collectivité et celle du délégataire ainsi que les taxes pour les organismes publics. Les  communes (aujourd'hui la communauté de communes) restent propriétaires des réseaux. Les contrats sont protégés par une couverture juridique et bien entendu, garantissent , par l'application de coefficients, les profits propres à toute entreprise commerciale.

La Communauté de communes du Pilat rhodanien (CCPR)  a, depuis le 1/01/2013,  pris la compétence eau et assainissement non-collectif en lieu et place des Syndicats de communes, transfert d'ailleurs rendu obligatoire depuis la loi NOTRe du 7 août 2015 .


Carte alimentation en eau Communauté de Communes du Pilat Rhodanien

A partir de 2020, les contrats étant arrivés à échéance ou prorogés jusqu'à cette date, il sera temps pour la CCPR de faire un choix : poursuivre en délégation de Service public (DSP) avec un opérateur privé ou revenir à une gestion publique. C’est donc le moment pour VAYRANA de réaffirmer sa préférence et d'en démontrer les avantages. La volonté de notre association est que ce choix soit fait en toute connaissance de cause et dans l’intérêt des usagers, sans aucune crispation idéologique et de façon tout à fait pragmatique.

Les réunions d'information de la population que nous organisons sur le territoire du Pilat rhodanien poursuivent cet objectif.


Assemblée du 7 février 2014

Dès sa création en 1994, VAYRANA a mis en avant sa préférence pour une régie publique et lors de la réunion  du 7 février 2014 à Pélussin, elle a présenté devant 120 personnes et en présence de Jean-Louis Linossier, Président de la Coordination des associations de Consommateurs d'eau (CACE) et de Jean-Luc Touly  spécialiste de l'eau, internationalement reconnu, une étude comparative entre les 2 systèmes. Cette conférence faisait suite à une première projection cinématographique en 2011 au Ciné-Pilat : le film « Même la pluie » évoquait dans une fiction des faits bien réels de l'an 2000 avec la tentative de confiscation de l'eau à Cochabamba, en Bolivie, par une société privée. Un premier débat avait sensibilisé les spectateurs au problème mondial de la privatisation de l'eau ...et aussi ses développement locaux dans le Pilat.

Interrogés par le public pour connaître des situations concrètes et chiffrées, nous nous sommes alors mis en relation avec les mairies de Fraisses  dans la Loire, Tournon dans l’Ardèche et Chavannes dans la Drôme qui toutes gèrent une régie publique de l'eau et qui ont accepté de recevoir des membres de VAYRANA.  Nous avons produit un document résumant ces visites, transmis aux élus et consultable sur notre site.

Plus récemment, tout au long de l'année 2017,  nous avons tenu six réunions publiques dans les villages du territoire, avec en conclusion le 1er mars 2018 à Pélussin, une conférence de Jacques Tcheng, ancien Directeur des Eaux de Grenoble, qui a su captiver son auditoire d'une centaine de personnes tout en fournissant de précieuses références permettant de mieux saisir les enjeux de la gestion des services de l'eau.


Jacques Tcheng à Pélussin le 1er mars 2018

A travers toutes ces actions et malgré une faible participation de nos élus aux réunions publiques, nous espérons avoir permis une réflexion argumentée sur l'alternative à laquelle notre CCPR doit répondre.

 

 

En résumé, pour Vayrana, les avantages de la gestion directe sur la gestion déléguée sont les suivants  :

 

-       Les Elus ont la maîtrise du Service  ; ils gèrent à la fois l'aménagement du territoire, la préservation de la ressource et le service, au mieux des intérêts des Usagers.

-       Les Usagers ne paient que le service rendu  : pas de profits de multinationales à travers des frais de structures et des travaux exclusifs qu'elles se réservent dans les contrats et qu'elles réalisent, sans appel à la concurrence, à des prix prohibitifs. Pas d'actionnaires à rémunérer.

       

L'ASSAINISSEMENT :

 

L'ASSAINISSEMENT COLLECTIF :

Cette question soulève actuellement beaucoup de questions auxquelles nous souhaiterions avoir des réponses de la part de la CCPR, puisque cinq communes ont refusé de transférer leur compétence « assainissement collectif » atteignant ainsi une minorité de blocage permettant de repousser le délais de mise en œuvre de 2020 à 2026. Pour l'instant un statu-quo assez angoissant pour les usagers nous pousse à reprendre rendez-vous rapidement avec Mme PEYSSELON, Vice-Présidente de la CCPR en charge des questions sur l'eau, pour faire le point sur l'état d'avancement de la réflexion des élus.

 

L'ASSAINISSEMENT NON-COLLECTIF (ANC) :

Concernant l'assainissement non-collectif, Vayrana a dû, dès les années 2010, se montrer très ferme pour mettre fin à une pratique illégale inscrite au règlement de service du contrat signé par le SIPANC avec la Saur.

En effet, la mise en place des Syndicats intercommunaux d'assainissement non-collectif a été particulièrement chaotique et inégalement réalisée sur l'ensemble du territoire. Dans le Pilat , deux syndicats étaient mis en place : le SIANC en régie avec l'aide du Parc du Pilat et le SIPANC pour huit communes dissidentes ( Bessey, Chavanay, Lupé, Maclas, Pélussin, St Michel sur Rhône, Véranne et Vérin) en délégation de service public avec la Saur.  

Les élus du SIPANC du Plateau pélussinois et leur délégataire avaient «  pondu  » un premier règlement et  décidé de facturer les « adhérents du SIPANC » semestriellement, par  facturation  lissée, pour un futur contrôle de bon fonctionnement de leurs installations d'ANC. Cette facturation, bien que portant sur des sommes modiques pour chaque usager, n'en était pas moins abusive, car elle ne correspondait pas à un service fait. Ce n'est qu'après trois ans d'âpres discussions avec les élus et la Saur que le bon droit des Usagers était enfin reconnu et le règlement de service réécrit. Sur cette question, l'utilité de disposer d'une association de défense des consommateurs d'eau était clairement démontrée.

 

Depuis  le 1er janvier 2013, cette compétence a, en même temps que l'eau potable, été transférée à la CCPR qui la gère depuis, en régie publique.

 

OU EN SOMMES-NOUS EN 2018 ?

L’actualité nous montre que nous ne sommes pas les seuls à nous interroger sur le sujet et que certains ont déjà fait le choix du retour en régie publique. Par exemple Paris, Nice, Rouen ou Rennes agglo parmi les grandes villes mais aussi de plus modestes comme Brest, Bastia, Troyes, Castres, Millau, Annonay, Cherbourg, Viry Chatillon, Evry, St Pierre des Corps, Briis-sous-Forges, Embrun, Belley, Neufchâteau, Venelles, Lanvollon-Plouha etc...  .

Notre préoccupation va plus vers des exemples proches et comparables au territoire de la CCPR . Nous avons  notamment étudié l’exemple de la récente régie des eaux de Gueugnon et l'Adjoint à l'eau de cette ville, ainsi que le responsable de la gestion du service sont venus à Véranne en juin 2017 pour l' « Aquarévolte » annuelle organisée par la CACE. L'occasion pour Georges Bonnard, Président de la CCPR, présent ce jour-là, avec les Maires de St Michel/Rhône et de Véranne, d'entendre un témoignage éloquent de leurs collègues bourguignons.

Tout ce travail, VAYRANA  se propose de le partager avec l'ensemble des élus et c’est dans ce sens que nous avons rencontré à plusieurs reprises Valérie PEYSSELON avec qui nous avons convenu de nous retrouver à intervalles réguliers.

Elle s'est déclarée favorable à cette information, souhaitant simplement que notre intervention ne tourne pas au «  lobbying  ». Nous lui avons répondu que nous respecterions la décision qui serait prise mais que nous n'avions jamais tenu secret notre choix argumenté en faveur d'une gestion publique qui, si elle donne certainement plus de travail aux élus, leur redonne aussi toute la maîtrise d'une question vitale.

       

Et, puisqu'il semble qu'un désir de démocratie participative fasse son chemin parmi les élus de la CCPR, nous sommes prêts à relever le défi d'être des partenaires positifs dans ce chantier désormais clairement ouvert et dont la conclusion approche à grands pas.

 

L'Eau bien commun de l'humanité      

CONCLUSION

        Il est nécessaire de réfléchir dès maintenant aux solutions et  aux choix qui seront  faits pour 2020. Il convient  que nos élus  se sentent concernés par le devenir de l’eau  qui est un produit précieux  ne devant pas faire l’objet de spéculations mercantiles pour enrichir certains. Nous l'avons toujours répété  : «  l'Eau n'est pas une marchandise et doit donc échapper au monde marchand  ».

        Nous estimons qu'aujourd'hui, la balle est dans le camp de la CCPR, Vayrana étant totalement disponible pour mettre ses compétences au service des élus....à condition qu'ils acceptent la confrontation de points de vue.

        Nous comptons aussi sur vous tous, Citoyens de ce beau territoire du Pilat rhodanien pour faire entendre votre voix. Aujourd'hui, nous nous adressons à vous pour mieux nous faire connaître.

        Rejoignez VAYRANA afin que sa représentativité ne souffre d'aucune contestation.

        Par avance, merci.                                                    

NB : Une grande partie de cet article reprend ceux parus dans VAYRANA INF’EAU, publication interne à l'association.

         Pour en savoir plus consulter notre  site internet  http://www.vayrana.info ou notre page facebook https://www.facebook.com/Vayrana-1524307767650468/

 

                                                               Vayrana, juin 2018

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En restant avec le précieux sujet de l'eau, nous vous proposons à présent de retrouver notre nouvel invité.



    

     Jean-Claude Litaudon est un sage. Sa grande modestie masque peut-être des connaissances uniques en rapport à l'Aqueduc romain du Gier. Depuis des lustres et à longueur d'années il étudie tous les vestiges de tronçons retrouvés de cette réalisation d'un autre temps. A force de courage, de patience et de passion, il s'est enrichi d'une incroyable expérience. Nous avons la chance d'avoir fait sa connaissance et c'est donc tout naturellement qu'aujourd'hui nous vous faisons partager le contact auprès de ce spécialiste qui s'est toujours donné les moyens de progresser.












1 Les Regards du Pilat : Bonjour Jean-Claude. Vous êtes Président de la bien, renommée Association archéologique Forez-Jarez. Pouvez-vous nous préciser les domaines d’activités de cette Association et ses secteurs géographiques d’intervention ?

Jean-Claude Litaudon : Bonsoir. La principale activité de Forez-Jarez, réside en l’accueil des scolaires ; ceux-ci allant du CP à la classe de 5e du second cycle ; cela est rendu possible par une série d’ateliers pédagogiques créés à leur intention par des enseignants de l’association ; ces derniers vont de la Préhistoire aux Gaulois, aux Romains, l’aqueduc du Gier, la Géologie et les fossiles et l’Ecriture. Nous recevons aussi des élèves de 3e de toute la région en recherche de stages, en leur proposant une initiation à l’archéologie.

Il y a aussi bien sûr l’accueil du public au Musée avec les différentes salles (dont les thèmes historiques vont de la Préhistoire à la fin de la période gallo-romaine). La bibliothèque, en accès libre, propose plusieurs milliers d’ouvrages, dont une grande partie est déjà informatisée.

Forez-Jarez, c’est aussi un atelier fonctionnant en soirée, et un soir par semaine, afin de permettre aux adhérents qui le désirent, de participer à du dessin et à la reconstitution de mobiliers archéologiques ; on trouve aussi d’intéressantes informations sur le site internet de l’association «http://forez-jarez.fr » ; l’association propose également des voyages d’études d’un ou de plusieurs jours en France ou à l’étranger ; nos locaux permettent l’accueil d’expositions diverses, provenant de nos adhérents eux-mêmes, ou des départements limitrophes, celles-ci sont généralement remplacées tous les trois mois. Bien sûr, l’aqueduc romain du Gier demeure incontournable pour faire visiter l’ouvrage romain aux écoles ou aux diverses collectivités.

Je terminerai en parlant d’autres visites possibles sur l’aqueduc romain de la Brévenne, le canal de Givors ou l’aqueduc de Nîmes. Et enfin, des conférences d’acteurs extérieurs à l’association se produisent rue Malraux, et des conférenciers de Forez-Jarez proposent les thèmes qui leurs sont chers à tout public.

2 Les Regards du Pilat : L’Aqueduc romain du Gier reste bien l’une, voire votre, passion favorite. Vous en êtes devenu un des principaux spécialistes. Pouvez-vous nous indiquer comment s’est créée cette relation bien particulière entre vous et ces vestiges presque deux fois millénaires ?

Jean-Claude Litaudon : C’est très simplement en voyant un jour une photo dans une revue (curieusement, tant de temps après, j’ai encore l’image dans ma tête !) d’une photo de l’aqueduc du Gier, avec cette légende : « aqueduc romain » ; cette mention d’un ouvrage historiquement « vieux » de 2000 ans,et donc proche de chez nous, m’a donné envie d’en savoir plus sur ce sujet.

C’est la conjonction de l’architecture et de l’hydraulique qui me plut beaucoup et qui m’entraîna par la suite à chercher à m’informer le plus possible sur cet état de choses ; et en allant par la suite dans beaucoup de pays autour de la Méditerranée, à la rencontre de ces différents ouvrages et bien évidemment de ceux qui s’intéressent également à cette hydraulique antique. Ceci va bien sûr depuis les prises d’eau, les sources, les barrages, puis à la conduite sur arches ou souterraine de ces conduits, en passant par les ponts, les tunnels, les siphons jusqu’aux citernes, et enfin les fontaines, car il s’agit bien d’un tout ! Ce qu’on oublie souvent.

3 Les Regards du Pilat : Connaît-on exactement le lieu de la prise d’eau de cet Aqueduc qui filait ensuite jusqu’à Lyon ?

Jean-Claude Litaudon : Deux sites, pouvaient correspondre à la prise d’eau de l’aqueduc dans la rivière du Gier ; ils sont à deux ou trois cents mètres l’un de l’autre, un peu au-dessus de Saint-Chamond, à l’Hayat.

4 Les Regards du Pilat : Quand et en combien d’années ou dizaines d’années peut-on estimer que cet Aqueduc fut construit ?

Jean-Claude Litaudon : La date de construction de l’ouvrage romain fait depuis toujours l’objet de beaucoup de commentaires. Si aujourd’hui, on n’a toujours pas de date précise à ce sujet (mais en aura-t-on un jour ?), la tendance actuelle, et généralement admise, est de donner Agrippa sous Auguste pour la période la plus ancienne, et Claude à l’opposé, c’est donc la première moitié du premier siècle de notre ère ; quand à sa durée de construction, on n’en sait pas davantage ; seule « indication », un des aqueducs de Rome, d’une longueur à peu près identique (l’Aqua Claudia), et d’un profil vaguement similaire, fut construit en une douzaine d’années…

5 Les Regards du Pilat : A-t-on une idée du nombre de personnes qui se retrouvaient sur ce chantier colossal et qui étaient ces personnes justement ?

Jean-Claude Litaudon : Aucune réponse formelle encore sur ce sujet ; la population locale dut être employée ( ?) les « cadres » de l’époque, étaient eux des militaires en activité ou des vétérans se déplaçant en fonction des demandes, mais on sait que pour certains aqueducs, des militaires romains travaillèrent à ces ouvrages ; en période de paix, il faut bien occuper l’armée !

6 Spectaculaire, la dite Cave du curé se situe sur la commune de Chagnon, où l’on retrouve 82 mètres de boyau presque intacts. Est-ce pour vous le vestige encore sur pieds le plus remarquable que vous connaissez sur le tracé de cet Aqueduc du Gier ?

Jean-Claude Litaudon : Le plus étonnant des vestiges subsistants, est peut-être le plus remarquable, considération forcément subjective, pourrait être le tunnel de Fontanes à Saint-Martin-la-Plaine ; en effet, on sait par d’autres exemples, que les ouvriers creusèrent le tunnel simultanément des deux côtés opposés ; eh, bien ils faillirent ne pas se rencontrer ! Mais relativement proches les uns des autres néanmoins, il réussirent à raccorder les deux branches, qui sans cela, ne se seraient pas rencontrées ! Nous avons beaucoup d’exemples sur ces ouvrages antiques, ou des tâtonnements, des erreurs parfois, mais corrigées ensuite, se distinguent encore de nos jours..

7 Les Regards du Pilat : De nos jours vous arrive-t-il encore vous ou d’autres, de faire des découvertes sur et autour de cet Aqueduc romain du Gier ?

Jean-Claude Litaudon : Oui bien sûr, et heureusement, que ce n’est jamais fini, car ces découvertes peuvent apporter des compléments d’information sur le tracé de l’ouvrage par exemple, c’est le cas le plus souvent pour ces découvertes. Et qui sait, peut-être y-a-t-il eu une prise d’eau supplémentaire, un raccordement à une habitation le long du parcours, ou tout autre chose dans la construction, dans les matériaux, que l’on ne connaît pas encore. ?

La lecture d’ouvrages anciens se rapportant à l’hydraulique antique, la recherche dans les musées, les archives, la lecture des cartes, la nature du terrain, les noms de lieux, le parcellaire ancien et celui d’aujourd’hui, et enfin le suivi des courbes de niveau, pour relier un point connu à un autre, le contact enfin, essentiel avec les gens du territoire, tout cela participe on le voit bien aux recherches futures, prometteuses de découvertes.

8 Les Regards du Pilat : Vous avez une théorie très personnelle du comment s’est construite cette titanesque réalisation. Elle remet en cause des connaissances jusque-là préétablies. Pouvez-vous nous la faire partager ?

Jean-Claude Litaudon : Ce qui a remis en cause les connaissances ultérieures à celles des années de Guillaume-Marie Delorme (auteur et dessinateur), jusqu’aux années fin 80, c’est la chance que j’ai eue de voir, premièrement que mon hypothèse sur les regards de visites de l’aqueduc, correspondants à deux types différents, était juste pour les plus grands d’entre eux. Ceux-ci étant munis d’un bac à sédiments permettait de récolter les saletés véhiculées le long du parcours (juillet 1999) ; chose importante, puisque aucun réservoir permettant l’épuration de l’eau n’a été retrouvé le long du parcours depuis le bassin de Saint-Chamond ; et il fallait bien éviter à ces divers éléments de pénétrer dans les tuyaux des siphons descendant au fond des vallées, car là, ils auraient pu boucher ceux-ci interrompant ainsi le flux hydraulique.

Ma seconde découverte fut celle d’une partie de l’aqueduc construit entièrement en briques dans un tunnel à Saint-Chamond (septembre 1993). C’est jusqu’à ce jour le seul cas connu de ce type de construction dans un aqueduc romain.

Tout le reste n’est qu’hypothèses…

9 Les Regards du Pilat : L’Aqueduc prenait place en continuité sur les départements de la Loire et du Rhône. Indéniablement, le Rhône était encore, il y a quelques années, comme en avance en matière de valorisation voire de conservation de ce patrimoine (exemple : le balisage). La Loire est-elle en train de rattraper ce retard ?

Jean-Claude Litaudon : Oui, en effet un premier panneau d’informations sur le canal romain a été apposé à Saint-Chamond d’une part (2017), et d’autre part, depuis Saint-Chamond bien sûr, Forez-Jarez, a commencé à répertorier sur le parcours de l’ouvrage les lieux où seront installées des balises permettant la promenade tout en donnant des indications sur l’aqueduc lui-même, jusqu’à Saint-Joseph au terme du parcours ligérien. Ceci s’accompagnera de dépliants et d’actions diverses permettant la vulgarisation la plus large possible de l’aqueduc.

10 Les Regards du Pilat : Notamment mais pas qu’en rapport à l’Aqueduc du Gier, il vous arrive fréquemment d’accompagner sur le terrain des groupes de personnes désireuses de mieux connaître leur patrimoine. D’où provient cette insatiable motivation ?

Jean-Claude Litaudon : La problématique de l’aqueduc, comme je le dis plus haut, c’est que la recherche n’est jamais finie, et heureusement par rapport à la masse de choses que nous ne connaissons pas encore sur l’ouvrage romain. Et avec la possibilité d’accompagner sur le terrain des groupes de personnes, de pouvoir échanger avec eux, d’apprendre avec eux, c’est une chance inouïe de perfectionner ses propres connaissances.

Enfin, l’exemple des Romains sur la recherche de l’eau et sa préservation, devraient encore aujourd’hui demeurer une de nos préoccupations majeures.

Les Regards du Pilat : Jean-Claude nous vous remercions de vous êtes généreusement prêté à cet entretien qui fut un réel plaisir.

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