Par un beau matin d’hiver, un groupe de marcheurs retrouve à la Jasserie Marcel Gourbière et Pierre Bessenay, deux guides animateurs du Parc Naturel Régional du Pilat, qui vont les encadrer lors d’une randonnée sur la zone des crêts. Après un petit mot de bienvenue, Marcel les prévient qu’un personnage mystérieux doit les rejoindre au sommet du Crêt de la Perdrix, pour leur raconter histoire et légendes du Pilat. Mais il se refuse à leur en dire plus, laissant le groupe fort perplexe. C’est en se posant de multiples questions que les marcheurs se mettent en route. Le temps est froid, mais le soleil est de la partie. Une légère couche de neige saupoudre le paysage magnifique. Puis au détour du chemin, les randonneurs découvrent la silhouette de l’homme qui les attend, près de la table d’orientation. Le sentier grimpe en serpentant à travers les pierres grises du chirat, les marcheurs approchent du sommet et peuvent détailler maintenant cet étrange personnage, un impressionnant colosse barbu vêtu d’un démodé costume de velours côtelé vert bronze, un chapeau de feutre cabossé sur la tête, orné d’une plume d’oie. Il s’appuie sur une canne dont le pommeau sculpté représente le crâne décharné d’un bovidé fabuleux, aux longues cornes tordues.

- Dis donc, tu crois que c’est lui ?
- T’as vu son allure…
- Qu’est-ce que c’est que ce gars ?

L'équipe technique du film, de gauche à droite :
André Picon, metteur en scène - "Macha", assistant - Eliane et Andréé, script-girls.

   Questions et remarques fusent parmi les randonneurs. Mais Marcel se détache du groupe et va saluer l’homme, échangeant avec lui une chaleureuse poignée de main. Il paraît bien le connaître… Marcel s’adresse au groupe :

- Eh bien voila, je vous présente notre invité mystère… Moi je l’appelle « le Druide », parce que c’est bien simple : il sait tout !

    Marcel explique au groupe tout l’intérêt écologique du site naturel majeur constitué par ces six montagnes arrondies formant la zone des crêts du Pilat, qui vient d’entrer dans le réseau « Natura 2000 », un label destiné à la protection de cette région exceptionnelle. Mais le Druide signale que ce site a aussi une âme. Ces paysages magnifiques ont vu naître bien des croyances et des superstitions, et bon nombre de légendes circulent sur la lande. Il propose aux marcheurs de les accompagner d’un sommet à un autre, pour leur révéler « le royal secret des six crêts »… En chemin, ils approcheront une énigme merveilleuse, la connaissance d’une lignée de rois mystérieux qui en des temps perdus se faisaient sacrer sur les plus hauts sommets. Les randonneurs émerveillés découvrent un Pilat énigmatique dont ils étaient bien loin d’imaginer toutes les facettes. Qui est donc vraiment ce Druide sorti de nulle part, qui paraît tout savoir, en effet, de ces mystères ? Cette première balade leur a donné l’eau à la bouche, ils veulent en savoir plus, aller plus loin encore. Le Druide qui semble les avoir pris en sympathie leur propose une autre promenade, du côté de la chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, où plane encore le souvenir d’une semblable tradition royale…

Il leur montre un vieux livre enluminé... La caméra n'en perd pas une miette !
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    Soudain des voix étrangères retentissent :
- Coupez !
- Elle est bonne, mais on fait quand même une seconde prise…
- le Druide du Pilat, chapitre I, scène 85, deuxième…

    Du cinéma… Oui tout cela n’était que du cinéma ! Sur un scénario de Patrick Berlier, inspiré de son livre « la Société Angélique », et une mise en scène d’André Picon, les Films du Hibou tournent en ce moment « le Druide du Pilat », un film de fiction aux faux airs de « Da Vinci code ». Une vingtaine d’acteurs, certains (les guides animateurs) jouant leur propre rôle, et Patrick Berlier dans le rôle du Druide. Mais aussi des costumières et des accessoiristes pour les scènes de reconstitutions historiques. Il paraît que Marie-Madeleine en chair et en os devrait apparaître dans le film… Et aussi une délicieuse vieille dame qui prétend être la poétesse et féministe Louise Labé, pourtant décédée en 1566, et qui viendra parler de la Société Angélique et de son hôte et mécène Nicolas de Langes…

    Jeudi 7 décembre 2006. Le soleil inonde la chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez. Toute l’équipe se retrouve pour la suite du tournage. André Picon fourbit sa caméra numérique high-tech, son assistant « Macha » équipe le Druide d’un micro émetteur, les script-girls Eliane et Andrée passent en revue les acteurs, listent les scènes à tourner, vérifient que chacun connaît bien son rôle. Au dernier moment, Paul a un « trou »… Qu’importe, les scripts brandissent au-dessus de la caméra une ardoise où elles ont écrit sa réplique à la hâte, Paul n’a qu’à lire ce prompteur improvisé…

    Le Druide, dont le chapeau s’orne aujourd’hui d’un rameau de gui, exhibe de son sac à dos un vieux livre enluminé, où il est question d’une pierre qui parle ou qui crie chaque fois qu’un futur roi s’assied sur elle. La région semble marquée par ce rituel de désignation royale, qui n’est pas sans rappeler les romans arthuriens. Aux dires du Druide, le Pilat est le réceptacle d’un secret fabuleux. Les marcheurs s’apprêtent à se mettre en route, tout excités à l’idée de retrouver peut-être la pierre merveilleuse. Mais le Druide ne les entraîne-t-il pas du côté des Roches de Marlin et de leur Pierre qui chante ? Le soleil du matin a laissé la place aux nuages, mais l’astre du jour filtre à travers la brume et vient éclairer l’espace d’un moment les roches déchiquetées. L’instant est magique, laissant les marcheurs éberlués.

L'équipe technique à l'affût, prête à filmer le passage du Druide et de ses troupes.

- Silence ! On tourne…
- Moteur !
- Action…

   Tous rentrent à Sainte-Croix l’esprit troublé, le Druide leur a promis de leur montrer le Saint-Graal, rien de moins ! C’est dans l’intimité de l’église de l’ancienne chartreuse qu’ils vont le découvrir en effet, représenté sur la scène du « crucifiement » des peintures murales. Marie-Madeleine au pied de la croix jette un dernier regard vers Jésus. « Et si Marie-Madeleine avait vécu dans le Pilat ? », lance le Druide, en proposant une prochaine balade sur ce thème.

En montant vers la Pierre qui chante.

    Les promenades initiatiques se succèderont, au fil des saisons. « Regards du Pilat » ne manquera pas, dans les mois qui vont suivre, de vous tenir informés de la suite du tournage. Une fois terminé, le film devrait être présenté à la cinémathèque de Saint-Etienne, puis commercialisé en DVD, lequel contiendra quelques bonus comme le traditionnel « bêtisier ».

   Alors… à suivre !

Patrick BERLIER

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