Rubrique
Pilat et Liens

Mai 2019










Par
Michel Barbot

<RETOUR AU SOMMAIRE DE LA GRANDE AFFAIRE>


DU LÉON AU FOREZ

OU LA PROMESSE D’UN NOËL AU PIED DES ARBRES

 

Deuxième partie

 

Retrouvons Michel Barbot, qui dans la suite de son dossier continue de nous entraîner de la Bretagne au Pilat...

 

Du Royaume de Petite-Bretagne au Royaume des Petits-Chênes

De tradition, saint Pol Aurélien encore abbé, va occuper dans l’ancien Pagus Léonensis (actuelle Saint-Pol-de-Léon), le castrum où se retira et mourut en 421 le roi Conan Mériadec (le Kynan Meiriadog des Gallois), prince venu d’Albanie (l’Écosse). Ce roi à l’existence très discutée, considéré comme le premier des lignaiges des Bretons d’Armorique, converti au christianisme, aurait édifié sur cet oppidum une chapelle près de laquelle fut érigée ensuite la sépulture royale. Réel ou fictif, Conan l’ancêtre des grandes familles bretonnes, deviendra rapidement pour les Maîtres du Brut, les décrypteurs de la Prophétie Bretonne, un nom symbolique de la Petite Bretagne.

 

Conan Mériadec

 

Les Prophéties de Merlin qui eurent leur heure de gloire au Moyen-Âge et à la Renaissance, se font l’écho d’un Conan, devenu symbole du Royaume de Petite-Bretagne :

« Cadwallader convoquera Conan et fera alliance avec Albany. Alors les étrangers seront massacrés et les rivières seront rouges de sang.

« Les monts d’Armorique entreront en éruption et l'Armorique elle-même sera couronnée du diadème de Brutus. La Cambrie se réjouira et les chênes corniques fleuriront. L'île prendra le nom de Brutus, et le titre qui lui avait été donné par les étrangers sera rejeté. 

« De Conan descendra un Sanglier féroce qui testera le tranchant de ses canines dans les forêts de Gaule. Il coupera tous les plus gros chênes, tout en ayant soin d’épargner les plus petits. 

« Les Arabes craindront ce Sanglier, ainsi que les Africains, car l'élan de son attaque le portera jusqu’aux endroits les plus reculés d'Espagne. »

Cette prophétie de Merlin présentait pour les Maîtres du Brut, plusieurs niveaux d’interprétation, tant géographiques qu’historiques. La Bretagne continentale, le Royaume de Conan Meriadec , répond à l’appel de la Bretagne insulaire nommée Caladwallader, nom du dernier descendant du roi Arthur ayant réussi à maintenir la paix douze années durant. Alliés à l’Albanie (le pays du père de la fée Uriande qui deviendra l'épouse d'Henry de Léon, selon la légende évoquée par la première partie de ce dossier, les deux Bretagne vont combattre l’occupant Saxon. De cette coalition, la Cambrie (le Pays de Galles) libéré, la royauté retrouvera de sa superbe notamment avec la dynastie des Owein. Mais il appartiendra au 5e Owein suivant l’eschatologie chrétienne enseignée par les Kuldées, de rétablir l’antique royaume du roi Arthur.

« De Conan descendra un Sanglier féroce » De la Petite-Bretagne descendra un « Sanglier féroce ». Il n’aura de cesse que de combattre « dans les forêts de Gaule ». Les Francs, nouveaux maîtres de la Gaule, ne sont pas les amis des Bretons. Le « Sanglier féroce » ou « sanglier belliqueux » prédit par Merlin, révèle une dynastie Sanglier (d’aucuns écrivent Sang Liés…) bien que le sens secret de cet animal-royal apparaisse dans la langue des anglais, fils des Saxons ! Le premier de ces Sangliers ne pourra que « tester le tranchant de ses canines dans les forêts de Gaule ». Il s’agit de Morvan (750 ? – 818), le premier roi d’une Bretagne unifiée. Prince du Léon il résidait notamment dans le légendaire château de Roc’h Morvan qui deviendra plus tard l’un des principaux châteaux des Comtes du Léon. Le roi Morvan est surnommé dans la chanson de geste du XIXe siècle : Lez-Breiz, soit littéralement La Hanche de la Bretagne, dans le sens de Soutien. Bien que vainqueur des armées de Louis le Débonnaire, il fut à son tour vaincu et tué en 818 quelque part entre Priziac et Carhaix, ainsi que rapporté dans les Annales d’Éginhard et par l’Anonyme, dit l’Astronome.

 

Merlin

 

La Prophétie de Merlin ajoute que le « Sanglier féroce », coupera « les plus gros chênes » de la Gaule, mais qu’il prendra « soin d’épargner » ou de « protéger », suivant les traductions, « les petits »… Avant de régner sur la Bretagne, Morvan en qualité de prince du Léon, comme ses prédécesseurs et comme ses successeurs, va protéger « les petits chênes » de la Gaule. 

En lisant Jean-Pierre Le Mat Enquêtes sur les prophéties de Merlin (Yoran Embanner éditions), nous comprenons combien cette prophétie du « Sanglier belliqueux » fut importante pour l’abbaye Saint-Matthieu de Fineterre où aurait été rédigée le Chronicon Briocense, la Chronique de Saint Brieuc dans laquelle ce royal animal est très souvent évoqué. L’original de la chronique serait un manuscrit du XIe siècle, une Historia Britannica qui aurait été écrite par un prêtre Guillaume, vivant dans cette partie de l’évêché de Léon où se trouve l’abbaye.

 

L'abbaye de Fineterre

(gravure ancienne)

 

La Chronique de Saint Brieuc utilise en fil rouge les Prophéties de Merlin. Le « sanglier belliqueux » va protéger le « royaume des Petits Chênes » en lui imposant une certaine tutelle. Alors suivons le chemin emprunté par Henry de Léon pour passer de la Bretagne au Forez.

La première famille des comtes de Forez comportait dans ses rangs de farouches guerriers tels Giraud II, également comte du Lyonnais avant qu’il ne fût chassé de Lyon, ou encore Guillaume III dont Guillaume de Tyr parle avec éloge et qui périt en Terre Sainte au siège de Nicée. Avec son fils mort sans descendant s’acheva sa lignée qui gardait Feurs (ou Sury ?) comme capitale et dont le blason bien que sujet à caution, aurait été un chêne de sinople (vert), arbre commun de ce vieux pays celte où les forêts sont nombreuses. 

Le R.P. Marie-Alain Couturier (1897-1954) qui fut un des grands maîtres de la peinture contemporaine et du vitrail, ami de Chagall, de Braque, Malraux, Picasso ou Julien Green, natif de Montbrison, aimait dans sa correspondance pleine de poésie, évoquer son Forez natal : « Et puis, la grande plaine du Forez avec les bancs de sable de la Loire et des arbres partout. J'ai vite retrouvé tous les sentiers de mon enfance, dans les petits bois de chênes et de pins qui s'appellent le Bois d'Amour, le Verdier… C'est un pays que j'aime trop pour avoir encore envie de le peindre. Il me suffit de le regarder… » (Hommage au Père Couturier sa vie et son œuvreMarguerite-Victor Fournier) http://forezhistoire.free.fr/pierre-couturier.html

Bien entendu, des bois de petits chênes il y en a dans la France entière, mais le royaume du Forez peut assurément s’affirmer comme le royaume des « petits bois de chênes », voire des « petits chênes ».

La prophétie de Merlin se termine ainsi : « Les Arabes craindront ce Sanglier, ainsi que les Africains, car l'élan de son attaque le portera jusqu’aux endroits les plus reculés d'Espagne. »

Le final de la prophétie n’est pas sans évoquer le Roman de Ponthus et de Sidoine. Ponthus en épousant Sidoine, deviendra ainsi roi de Bretagne. Auparavant, il combattra avec vaillance les Arabes (les Africains) qui causèrent la mort de son père dans son Espagne natale.

Après avoir fui l’Espagne, Ponthus réfugié en forêt de Brocéliande deviendra le nouveau Chevalier Noyr. D’illustres chevaliers se présenteront à Barenton afin d’y affronter l’Hermite de la forêt. Si ces joutes ne sont en rien belliqueuses, elles n’ont sont pas moins très importantes. Le 8e des 52 chevaliers, porte un nom illustre, il s’agit de Robert de Roussillon. Il se murmure que ce chevalier serait le premier des Rois du Forez, ou Rois du Pilat.

 

Ponthus et Sidoine

(gravue ancienne)

 

Les Saxons définitivement anglicisés, n’auront pas de difficulté à transformer à leur gré le mot « bor », sanglier, en « beare », ours mais également l’inverse ainsi que le confirme le récit arthurien Le Morte Darthur rédigé par Thomas Malory peu avant 1470. Dans ce récit apparaît le mot « beare », soit l’ours. En 1485 paraît une édition imprimée de William Caxton. Celui-ci apporte des modifications subtiles du texte de Mallory, l'ours a été transformé en sanglier. Ainsi que l’a noté PJC Field, cela semble être un changement conscient, inspiré par la situation politique du jour : « En C, l'ours est transformé (six fois) en sanglier. Le changement devait être délibéré et il a créé une allusion politique audacieuse: le sanglier était l’insigne du roi Richard III et le dragon celui de Henry Tudor. L'allusion n'aurait eu de sens qu'en 1485 ou juste avant, et il est difficile de voir qui aurait pu en être responsable sinon Caxton lui-même… » (cité dans Crofts). En échangeant l'ours contre le sanglier, Caxton a transformé le rêve prophétique de Mallory en un commentaire sur la situation politique de 1485. Le rêve, modifié par Caxton, est devenu réalité ! Caxton avait publié Le Morte Darthur le dernier jour de juillet 1485 et, moins d’un mois plus tard, Henry Tudor, battant une bannière de dragon, battait Richard III, portant une bannière de sanglier, à la bataille de Bosworth le 22 août 1485.

Dans la Prophétie de Merlin, le « Sanglier féroce » (Boor en moyen-anglais, baedd en gallois) protégera « les petits chênes » correspondant, pouvons-nous le penser au Royaume du Forez ou du Pilat dont les Rois étaient de tradition, des Roussillon et dont le principal symbole était l’ours (Bar, homonyme du sanglier…).

 

Londres, British Library, Ajouter MS 59678, fol. 75V

et le passage correspondant dans Le Morte Darthur de Caxton (1485)

 

Trois sons de cloches au-dessus du Léon et dont l’écho se répercute dans le Pilat

Comme évoqué dans la première partie de ce dossier, la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon peut s’enorgueillir de détenir encore la « cloche du roi Marc’h » dont le véritable nom était Hir-Glas. L’histoire de cette cloche royale racontée par le Breton Wromonoc apparaît quelque peu hermétique. Yves-Pascal Castel-Kergrist dans sa très intéressante étude Les reliques de Paul Aurélien, n’hésite pas à sur-titrer la partie de son étude consacrée à cette hermétique cloche : « Tel un midrash rabbinique, le vieux récit de Wrmonoc ».

 https://diocesequimper.fr/bibliotheque/files/original/daa304d5f5928b0c580c17ff08ccdda7.pdf

Ainsi qu’il l’explique : « Tel un ‘’midrash’’ rabbinique, le récit de la cloche illustre le fameux ‘’frappez et l’on vous ouvrira‘’ de l'évangile. Il invite à démêler différents niveaux de lecture où le propos didactique spirituel vient expliciter des données proprement archéologiques. »

Il nous appartient de pénétrer en partie ce « midrash » formulé en latin mais dont l’auteur est un celte du Finistère nommé Wromonoc, assurément un Maître du Brut... Ce moine indique au sujet de la cloche après la traversée maritime :

 « L'anneau de cette dernière, ouvert et rongé, était couvert de ‘’sangsues de mer’’. (Cuius annulus marinis plenus sanguisugis perforatus atque ambesus erat) ».

Cette affirmation causa quelques discutions. Le latin sanguisuga avant de désigner des sangsues de mer, s’appliquait originellement à l’annélide des eaux douces, soit la sangsue, d’où l’idée que le voyage de la cloche ne fut pas que maritime. Détail d’importance, la langue latine connaît un synonyme du mot sanguisuga, il s’agit de hirudo, terme utilisé par Galien (131-201 après J.C.) et provenant de hoero qui signifie « j’adhère ».

Cette hirudo bien que n’apparaissant pas ouvertement dans le récit de Wrmonoc, n’est curieusement pas sans nous rappeler le nom de la cloche : Hir-Glas, l’Hir-Verte (voir bleue, grise)… Le mot Hir commun au breton et au gallois (vieil-irlandais Sir, gaulois Siros) signifie « long ». Apparenté au latin Serus : « tardif ». La tradition celtique évoque la Main Longue du dieu Lug. La symbolique liée à cette Main sera reportée par les moines celto-chrétiens aux longues mains du Christ visibles sur certains frontons d’église. L’Hir des Celtes doit aussi être rapprochée de l’Hir des Latins désignant la paume de la main. Ce mot est apparenté au grec ancien kheír, la « main ».

 

La longue main du Christ

Tympan de la basilique de Vézelay

 

Le mot Glas qui désigne la couleur de la cloche, prend dans les langues bretonne et galloise, un sens spécifique approchant le mystère. Couleur difficile à situer sur le cercle chromatique, elle correspond approximativement au bleu canard, situé entre le bleu et le vert. C'est d'ailleurs le sens véritable, dans la langue française, du mot glauque, dans lequel on ne peut que retrouver la racine GLA. Cette couleur définit à l'origine les différentes teintes que peut prendre la Mer Bretonne. Ce mot intraduisible et que d’aucuns ont qualifié de magique, a été rapproché du mot Glas présent dans les langues nordiques ou germaniques et que l’on retrouve dans l’anglais Glass, avec le sens de « verre ». Et n’oublions pas le Glas, triste son de cloche mais qui à l’origine désigna chez les Latins un son de trompette pour réunir la classe. En ancien français, le glas ou clas, désignait également un « retentissement », un « bruit », un « orage », ainsi que le son de toutes les cloches d’église. Si le glas est synonyme de mort, il pouvait aussi fêter une victoire…

Le mot gaulois Clocca qui donnera plus tard le nom français de la cloche, a été réintroduit en Bretagne puis dans la France entière, par les moines Celtes. L’Irlande connaissait la cloche druidique dite Clocc ou Cloc’h, mot signifiant « Pierre » et désignant principalement une « Pierre tournante ».

La cloche druidique apparaît ainsi comme une Pierre-Longue, que les Bretons nommèrent Men-Hir. Le mot Hir est bien celui qui apparaît dans le nom de la cloche Hir-Glas. Fernand Guériff dans l’article « Les fêtes de l’Hirmen au Croisic (L.A.) » publié dans la revue de Mythologie Française, évoque ce « magnifique menhir planté sur le bord de la Grande Côte, au Croisic », en Loire-Atlantique. Christianisé, le menhir sera gravé d’une croix accostée de deux cœurs. L’Hir-Men n’est pas sans évoquer, tout au moins dans la structure de son nom, l’Hir-Glas.

 

Le menhir du Croisic

(carte postale ancienne)

 

Le nom de la cloche se retrouve dans la commune de Plestin (Côtes du Nord). En 1086, Hugues, évêque de Tréguier, donnait à l'abbaye du Mont-Saint-Michel, le Grand Rocher haut de ses 84 m que l’on nomma Roc'h Hirglas, avec ses dépendances et sa dîme sur Plestin.

Une bulle du pape Alexandre III, datée de Tusculum le 6 des calendes de février 1178, confirma toutes les possessions du Mont Saint-Michel ; cette bulle transcrite à la suite du cartulaire, mentionne : in episcopatu Coriobsitenti ecclesiam de Hyrglas cum villa de Treveruer et aliis pertinentiis suis.

René Larguillière dans LE PRIEURÉ DE ROC'H HIRGLAS EN PLESTIN (infoBRETAGNE.com) reconnaît cette mention curieuse : « elle marque que dès cette époque, on réunissait et confondait déjà le prieuré de Hirglas, évêché de Tréguier, et la villa de Treveruer dans la paroisse d'Elliant, évêché de Cornouaille ».

« Ce second établissement nous est bien connu. Le chanoine Peyron en a écrit l'histoire dans une petite brochure intitulée Recherches sur le culte de Saint-Michel au diocèse de Quimper et de Léon (Rennes, 1896, in-8°, pp. 8 et seq.). Nous n'avons pas la charte de fondation de ce prieuré, mais une confirmation en l'an 1170 de l'incarnation, par laquelle le duc Conan IV confirma la donation de Treveruer (Dom Morice, Preuves, tome I, 662). Ce prieuré a été appelé Locmikael ou Le Moustoir. Plus tard des pièces citées par l'abbé Peyron ajoutent à son nom celui de Roquillas en 1551 (p. 12) : ‘’prieur du prieuré du Moustaer, autrement dit Locmikaël Rocquillas’’, en 1692 (p. 13) ; ‘’prieuré de Roquillas Trévérer, autrement dit Saint-Michel du Moustoir’’. Roquillas est une déformation de Roc’h Hirglas. Le prieuré de Roc'h Hirglas en Plestin ayant été réuni à celui de Trévéruer […] il n'y a pas de lieu dit Roquillas, en Elliant, le prieuré portait primitivement le nom de Tréverer, aucun doute que Roquillas est emprunté au prieuré de Plestin. »

 

Le Roc'h Hirglas de Plestin

(carte postale ancienne)

 

Il apparaît qu’une fois le Prieuré de Roc’h Hirglas réuni au Prieuré de Locmikael (le Saint-Lieu de l’archange Michel), ce dernier prit le nom de Locmikaël Roc’h Hirglas.

« L’acte du duc Conan IV fut donné l'an 1170 de l'incarnation (c'est-à-dire en l'an 1171 de la nativité du Sauveur) par-devant Gaudeffroy, évêque de Cornouaille ; Hamon, évêque de Léon ; Ruallendou Rivallon, abbé de Quimperlé ; Simon, archidiacre ; Even, maître de l'Hopital, et Guillaume Ferron, maître du Temple ». (Dom Morice, dans ses Preuves – T. I, col. 662)

Dans cette charte ô combien importante, nous découvrons le nom et le titre de Hamon, évêque de Léon, personnage proche de l’Ordre du Temple, membre lui-même de la puissante famille des Léon.

Fulcanelli par la représentation des deux illustrations évoquées plus haut, aurait établi une connexion entre la cloche Hir-Glas et le Mont-Saint-Michel. Cette connexion liée au Finis Terrae et ainsi au Finis Gloriae Mundi, pourrait s’établir sur le nom même de cette cloche qui, nous l’avons vu apparaît aussi comme le nom de deux (peut-être plus) prieurés ayant appartenu à la célèbre abbaye montoise. Ces prieurés pourraient apparaître comme des jalons, des bornes délimitant une route. Le Prieuré de Locmikaël Roc’h Hirglas fut curieusement notifié Locmikaël Rocquillas. Bien que ce Rocquillas soit une déformation de Roc’h Hirglas, il se pourrait que cette déformation soit volontaire. Nous pourrions avoir un Rocquillas pour Ro’ch Il(l)is. Je me suis attardé dans de précédents articles sur la commune bretonne d’Illifaut proche de Brocéliande. Le nom de cette commune a été interprété comme l’Église du ou des Hêtre(s). Nous aurions ici un Roc’h Ilis, soit le Rocher de l’Église…

La tradition occidentale affirme que le jour de Pâques, les cloches prennent le Chemin de Rome. En transposant cette tradition à l’époque gauloise, nous pourrions affirmer que les cloches celtiques mentionnées plus haut, suivaient le Chemin menant à l’Olympe gaulois, lieu du Rassemblement des Druides…

Hir-Glas, la Longue Verte peut aussi se lire la Main Verte… Cette Main ainsi que j’ai pu le démontrer dans le livre Le Pilat Mystérieux montre la route. Dans l’Antiquité, le puissant « collège » des Nautæ Ligerici était le Maître du fleuve Loire, le fleuve du dieu Lug pendant du saint Michel des chrétiens. Cette Main, Verte ou Bleue, est une Main maritime et fluviale. La puissante confrérie des Nautes de la Loire, la nomma la Main du Bon Accueil. C’est ainsi qu’elle apparaissait dans la cité de Saint-Nazaire. Elle invitait le voyageur à remonter la Loire. Dans le livre L’épopée des mariniers de la Loire (Raoul Toscan – Éditions des Régionalismes), nous lisons : « Ces nautes, il va sans dire, étaient en contact direct avec les marchands des deux rives. Ils assuraient les arrivages et pourvoyaient aux transports. Ils remontaient la Loire à la voile, transbordaient en chariots aux Monts Lyonnais : rechargeant sur la Saône, descendaient à fière allure le Rhône, et, d’Arles, conduisaient à Marseille, pour confier aux flottes des navicularii, les marchandises les plus diverses : bois, vins, huiles, fers, etc… dont Rome avait besoin. »

La cloche Hir-Glas n’a pas officiellement remonté la Loire et moins encore été transbordée dans un chariot menant aux Monts Lyonnais ou aux Mont du Forez mais elle n’en comportait pas moins, suivant le Midrash de Wrmonoc, la marque de quelques sangsues ligériennes…

Fernand Guériff, l’historien de la Presqu’île de Guérande a écrit de belles pages sur les Nautes de la Loire. Cet auteur prolifique a aussi rédigé la monographie Les Templiers en Pays Nantais et Guérandais (APHRN 1983) dans laquelle il évoque en la cité de Guérande, l’ancienne Confrérie Saint-Nicolas. Il rappelle que suivant F. Jégou (La très noble et ancienne Confrérie de Monsieur Saint-Nicolas de Guérande, in Revue de Bretagne et Vendée, 1874, tome II.) : « le culte de saint Nicolas (originaire d’Asie Mineure)  aurait été introduit dans l’Ouest par les Croisés bretons, compagnons de Hervé de Léon, et surtout par les Templiers qui avaient une dévotion particulière pour ce saint, et placèrent beaucoup de leurs chapelles sous son vocable. » L’auteur reconnaît que cette théorie est loin de faire l’unanimité. Les Templiers auraient en fait confirmé et imposé cette confrérie guérandaise qui ainsi que l’indiquait Pierre-Aristide Monnier (le MA de Nantes…) existait déjà, de tradition, au VIIe siècle.

Bien que les archives de la confrérie aient été dispersées, le registre de l’année 1350 toujours conservé : « nous apprend que les réunions se passaient dans une maison sise rue Saint-Michel, près de la porte, et offerte gracieusement par ‘’Monsieur Éon de Léon’’. » F. Guériff poursuit : « Est-il exagéré de voir dans ce personnage important un descendant direct de la puissante Maison de Léon dont – nous l’avons écrit plus haut – le chef Hervé mourut dans le naufrage de Brindes, en 1218, en revenant des Croisades ? Et l’on peut supposer de ce côté encore des relations possibles avec les Templiers. Cet Éon n’était-il pas lui-même un chevalier au ‘’blanc manteau’’ ? » F. Guériff rappelle pour conclure « qu’un évêque de Léon signa la charte de Conan IV. » Bien que cette charte (double charte, des possessions templières et hospitalières) serait postérieure de quelques années à l’Ordre du Temple – le duc Conan IV étant décédé en 1171) elle sert aujourd’hui encore de point d’appui chez les historiens pour affirmer la présence de l’Ordre du Temple dans tel ou tel haut lieu du duché de Bretagne. Ce très célèbre apocryphe, bien qu’incomplet quant aux domaines templiers, n’en reste pas moins un document très important.

Hamon de Léon, évêque de Saint-Pol-de-Léon, est présenté comme le  principal signataire de la charte. L’antidatation du document commise par les faussaires, infirme cette signature qui aurait pu assurément figurer sur une telle charte. Hamon proche du duc Conan IV fut assassiné le 21 janvier 1171 (ou 1172), à la sortie d'une messe à la cathédrale de la Ville Sainte, la cité de saint Pol-Aurélien.

Cet Hamon de Léon prend sa place dans l’histoire campanologique de la cathédrale Saint-Pol-de Léon. En 1563 fut fondue pour la cathédrale la plus ancienne cloche de la Bretagne toujours en activité, Le Jacques. Cette grosse cloche comporte l’inscription suivante :

JE. FVS. FAIT. PAR. MR. GVY. DE. KERGOET. CHANOINE. DE. LEON. FABRIQVE. LORS. ME. FIT. FAIRE. PAR. ARTVS. GVIMARCH. FONDEVR. POVR. SERVIR. LAN. MVcLXIII. EN. JACOBVS. SVM. NIVES. ET. FVLMINA. PELLENS. FVLGVRA. CONFRINGENS. VOX. DOMINI. SABAOT. ET. TVBA. QUE. CLANGENS. NOMEN. CELEBRARE. SVPERNI. ADMONEO. CVNCTOS. ANTE. NOMINABAR. HAMO.

Ce vocable Hamo, donné autrefois à cette cloche, rappelle le nom d’un ancien et célèbre évêque de Léon, Hamon, qui fut assassiné le 21 Janvier 1171 (1172), à la sortie de l’office, par son neveu Guyomarch du Fou.

http://www.infobretagne.com/saintpoldeleon-cathedrale-comptes.htm

Une traduction française de la partie latine de l’inscription apparaît sur le Net : « Je suis le Jacques qui dissipe la foudre et le tonnerre. C’est moi qui brise les éclairs. Je suis la voix du seigneur Sabaoth et la trompette dont le son éclatant appelle le monde entier à venir célébrer le nom du Très Haut… Auparavant c’était Hamon qui appelait tout le monde ».

https://www.letelegramme.fr/finistere/saint-pol-de-leon/bourdon-de-la-cathedrale-descendu-de-dix-metres-07-05-2016-11058684.php

Le Jacques, clôt en 1563 la trinité campanologique historique et hermétique de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Son nom cache assurément quelques mystères. Il convient de se rappeler dans un premier temps, l’apôtre Jacques, frère de Jean, surnommé par le Christ, Boanerges, le « Fils du Tonnerre ». Il convient d’évoquer ensuite le Jacquemart, mot apparu dans la langue française au XVIe siècle et caractérisant une « figure d’homme armé d’un marteau qui frappe les heures sur une cloche ou un timbre » (Rabelais, Gargantua). On reconnaît dans ce mot, Jacques (l’apôtre ? le paysan du royaume de France ?) et le mart ou marteau. Le Jacquemart est considéré comme un emprunt à l’ancien provençal Jacmart (1472 d’après Pansier) de même étymologie.

Une seconde hypothèse, assurément complémentaire, pourrait apparaître une fois encore dans le chapitre « L’espace du Finis Gloriae Mundi » du livre précité de Christophe de Cène La Révélation. L’auteur évoque la cité bretonne de Guingamp sise au pied d’une des sept collines sacrées de la Bretagne armoricaine, le Menez-Bré : « C’est là qu’un couple d’alchimistes recueillait au printemps la rosée du matin. Le patronyme de l’adepte ? Jacob, une famille bretonne implantée dans le Trégor. Ses armoiries […], figurent, en guise de signature, au bas de la dernière planche du Mutus Liber, célèbre livre d’images alchimiques. On comprend mieux pourquoi ce traité s’ouvre avec le songe de Jacob biblique. »

La cloche Hamon, ainsi qu’indiqué dans les Extraits des comptes de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, fut ainsi baptisée en hommage à l’évêque Hamon de Léon assassiné par son neveu et sur ordre de son propre frère. Datée du XIIe siècle elle fut peut-être l’œuvre de son successeur.

 

La cathédrale de Saint-Pol-de-Léon

(carte postale ancienne)

 

HAMO, tout comme son successeur JACOBUS, doit être associé à la voix des instruments musicaux (cloche, trompette), ainsi qu’à la multitude du monde et surtout… à la voix du Très-Haut.

Le nom latin HAMO de la cloche, dans le contexte biblique de l’inscription s’appuie sur l’hébreu HAM (HAMŌ, HAMON), mot dont l’importance a été mise en relief dans le chapitre L’AXE ROYAL DES ROUSSILLON (livre LE PILAT MYSTÉRIEUX Thierry Rollat – Patrick Berlier – Michel Barbot). Dans ce chapitre je m’arrête sur l’Axe Majeur de Cergy-Pontoise dont la 12e et dernière station correspond au Carrefour de Ham annoncé par les étangs de Ham pétrifiés en leurs miroirs de plomb, ainsi que l’écrit Jean Parvulesco. Cet auteur spécialisé dans les thèmes ésotériques, participa à la création de cet axe, il invite le pèlerin à monter au sommet de cet axe, ainsi que le fait la cloche pour la ville sainte : « venez, venez saluer la renaissance de la parole pré-humaine, le chant à peine chuchoté des générations post-humaines en leur architecture clandestine… » (Cergy-Pontoise, 1969-1989 – éditions Moniteur Images)

Nous retrouvons le carrefour et les étangs de Ham, la symbolique présence de la cité biblique de Ham, contrée des Zouzim, créatures pré-humaines. Si la cité de Ham, de par son nom apparaît comme la cité du Murmure, elle est aussi la cité du Bourdonnement ou de la Foule… Le Dictionnaire (biblique) Hébreu-Français de Sander et Trenel, associe les mots Hama et Hamon à la voix des instruments de musique et désigne aussi la foule, les peuples, la multitude, acceptation du mot que l’on retrouve dans le nom d’Abraham : le Père de la Multitude.

La traduction de l'inscription sur la cloche, telle qu'elle est présentée sur le Net, apparaît quelque peu différente du texte latin, aussi ai-je soumis ce texte à notre ami Patrick Berlier. Le résultat me paraît plus qu’intéressant. La longueur de cet article ne me permet, hélas, de le reprendre dans sa totalité. Pour Patrick il s’agirait de latin poétique, l’inscription peut ainsi se traduire de trois façons différentes : une transcription littérale et donc basique, une traduction poétique qui serait plutôt une interprétation, et enfin une version obtenue en mettant bout à bout les traductions littérales de chaque terme, sachant que certains verbes sont mal placés, sans tenir compte de la grammaire et des déclinaisons. Cette troisième possibilité, qui ferait évidemment hurler les latinistes puristes, se présente en réalité comme le message caché, ésotérique, d'un texte comportant trop d'erreurs pour que cela ne soit pas volontaire.

Dans le texte latin apparaît le mot Nives « neiges ». Patrick reconnaît : « on attribue souvent aux cloches le pouvoir d'écarter les orages, mais je n'ai trouvé nulle part qu'elles pouvaient aussi empêcher les chutes de neige, c'est peut-être pour cela que la traduction ne retient pas ce nom ''neige'', préférant traduire nives et fulmina par ''la foudre et le tonnerre'', mais si fulmina est bien la foudre, aucun dictionnaire ne traduit nives par tonnerre. ». Patrick pense que dans une traduction poétique : « on peut bien imaginer que nives se rapporte à Jacobus, ce qui donnerait pour la première phrase : ''Voici, je suis le Jacques blanc comme les neiges, qui écarte les orages et qui brise les éclairs'' ».

Dans les Prophéties de Merlin, la prophétie évoquant l’alliance de Cadwalader (la Grande-Bretagne), de Conan (la Petite-Bretagne) et d’Albion (l’Écosse) est précédée par cette énigmatique phrase : « Un vieil homme gelé sur un cheval blanc de neige détournera la rivière Periron et en amont, il mesurera un moulin avec sa baguette blanche. »

Ce vieil homme n’a rien d’un Jacques blanc écartant les orages et brisant les éclairs. Mais avec son cheval blanc il n’est pas sans nous rappeler l’ancêtre des comtes d’Albon qui donna naissance aux Dauphins du Viennois. Ce fameux ancêtre que l’on a longtemps considéré, à tort, comme le premier Dauphin, fut Guigues le Vieux (1000-1070), lui-même successeur de plusieurs Guigues. Il apparaît plus justement comme l’ancêtre des Dauphins du Viennois. Ses successeurs, Dauphins du Viennois, n’ont pas de suite affiché sur leur écu le Dauphin. Ainsi le Dauphin Guigues André est représenté à cheval sur le premier côté de son sceau, tandis qu’apparaît sur le second un château à trois tours (armoiries des Comtes d’Albon). Le nom des Comtes d’Albon (proche de celui d’Albion…) est celui d’une commune attestée en 517 sous la forme Epao, puis Epauna en 571. En 1080, puis en 1328, le nom de la commune apparaît pour la première fois avec un Villa de Albon, puis avec un Castrum de Albone. Le premier nom dérive du gaulois Epo, « cheval » – que l'on retrouve avec Épona, la déesse gauloise des cavaliers et des voyageurs – tandis que le second dérive de l’occitan Alba, « blanc ». Epauna/Albon se présente bien comme le cheval blanc.

 

La tour d'Albon (Drôme), berceau des Dauphins

(carte postale ancienne)

 

Dans cette puissante Maison d’Albon, il convient de mentionner Guigues Ier de Forez (1107-1138), fils de Guigues-Raymond d’Albon (lui-même fils de Guigues II d’Albon, lui-même fils de Guigues Ier d’Albon, dit le Vieux) et de Ita de Forez. Il succéda à son cousin Guillaume en 1107, comte de Lyon et de Forez. (Nouveau traité de diplomatique..., Volume 4 – de Charles François Toustain)

Une autre famille d’Albon apparaît dans le Lyonnais. Elle s’est éteinte en ligne masculine en 2015. Bien qu’elle soit présentée comme différente de celle des Dauphins du Viennois, il apparaît néanmoins qu’elle lui serait apparentée. Le porche du château des d’Albon à Albigny-sur-Saône, présente dans le détail, les armes des d’Albon, qui sont au 1 et 3 d’Albon et au 2 et 4, des Dauphins du Viennois :

 

Armes des d'Albon

Devise : A Cruce Victoria (La victoire vient de la croix)

 

Pour l’histoire de cette famille se reporter au Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle. T. Ier. (1903 / par C. d'E.-A. [Chaix d'Est-Ange] impr. de C. Hérissey à Évreux – mis en ligne sur  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1119943).

« La branche cadette s’éteignit avec Jacques d’Albon, Seigneur de Saint-André, chevalier de Saint-Michel et de la Jarretière, 1er gentilhomme de la chambre du roi, gouverneur du Lyonnais, maréchal de France en 1547, connu sous le nom de maréchal de Saint-André, qui fut un des plus vaillants hommes de guerre de son temps et qui mourut sans postérité en 1568. »

 

Portrait de Jacques d'Albon vers 1562

(Musée national du château et des Trianons, Versailles)

 

Ce Jacques, fils de Jean, défenseur du Catholicisme, naquit vers 1525 et mourut en 1562. Cette année fatidique pour Jacques d’Albon précède fortuitement la fonte de la cloche Le Jacques de Saint-Pol-de Léon en 1563.

Patrick Berlier entrevoit pour l’inscription latine relatant la fonte de cette cloche, un message caché ou sens ésotérique : « Voici, (moi) Jacques, blanc comme les neiges, je suis l'impétueuse tempête écartant les éclairs qui abattent la voix de Dieu tout-puissant, et la trompette qui sonne le nom célébré du très-haut. J'avertis le monde entier. Auparavant j'étais nommé Hamon. »

Patrick commente ainsi ce qu’il présente comme la troisième traduction : « Le Jacques se présenterait donc comme le protecteur de Sabaoth, une tempête capable d'écarter les éclairs qui risqueraient de neutraliser sa voix. Autrement dit, un vent impétueux éloignant les orages dont le tonnerre pourrait masquer la voix de Dieu, que la Bible compare justement au bruit du tonnerre. Le Jacques est aussi la trompette sonnant le nom de Dieu. De tout cela il avertit le monde. On retrouve fortement le thème du bruit et du son, mais tonitruant et non murmurant.

« On peut noter que le texte commence par Jacobus et se termine par Hamo, nom de son prédécesseur. Or Jacobus signifie justement ‘’celui qui supplante’’ : le Jacques a bien remplacé Hamon. »

Il est certain, cette inscription dépasse le cadre spécifique de la campanologie, elle nous projette dans des thèmes eschatologiques s’appuyant sur des textes de l’Ancien Testament, tels les Psaumes de David et le Pentateuque…

Bien qu’une conclusion ne puisse être rédigée pour cette étude, il paraît intéressant d’évoquer le blog « L’Avènement du Grand Monarque », de l’écrivain Rhonan de Bar qui fut un proche de l’Association ATLANTIS. Ce blog, ainsi qu’indiqué, a pour but de « Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens ». Sur son blog, apparaissent deux études complémentaires : « D’ALBON » et « DAUPHINS ET DAUPHINÉ ». L’auteur s’appuie pour cette dernière étude sur les auteurs anciens, tel M. de Terrebasse qui, après bien d’autres s’interrogea sur l’origine du mot DAUPHIN. Cet auteur écrivait : « Quelle que soit la signification qui se cache sous cette traduction, la valeur et la majesté de l'expression ne sont pas moins garanties par l'adoption qu'en ont faite trois dynasties souveraines, et, plus tard, les rois de France eux-mêmes. »

Rhonan de Bar s’interroge à son tour : « Quelles sont ces trois dynasties ? Je connais les comtes d'Albon et les comtes de Clermont ; mais si M. de Terrebasse fait allusion aux comtes de Forez, il se trompa. Ceux-ci ont placé, il est vrai, le dauphin dans leurs armes, mais ils n'ont jamais pris le titre de dauphin. »

Après cette étude consacrée aux Maîtres du Forez, il m’apparaît difficile de ne pas retenir cette troisième (ou première) dynastie souveraine… une dynastie « del finis », placée sous la sainte protection d’un Jésus, Soleil naissant, en la Nuit de Noël. Ce grand mystère fut, pouvons-nous le penser, partagé par les princes du Léon détenteurs des secrets du « Fines » dont les arcanes ont été formulés par Fulcanelli.

Mais laissons Noël Gardon nous parler du « Fines » : « Ce mot est d’ailleurs resté dans note langage actuel avec confins, ou Finistère, sans parler de Finage terme utilisé dans certaines régions.

« Personne ne met en doute que le titre de ‘’marquis’’ vient de ‘’marche’’. Le comte marquis est le comte délégué à la gestion de la ‘’marche’’ c’est le comte ‘’mark’es’’. Si la ‘’Marche’’ est un ‘’Fines’’ le comte qui s’en occupe est le comte ‘’del fines’’, le ‘’comte Dauphin’’. »

Il convient assurément de s’intéresser, à défaut de le suivre… à ce « comte Dauphin » régnant sur le royaume « del finis », un royaume qui appartient autant au passé qu’au futur… 



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