NOVEMBRE 2017
|
Martine MAZOYER
|
LES CAMIERS
Au
Moyen Age, une partie du Vivarais, lui-même dépendant des
Etats du Languedoc,
fait partie du Comté de Vienne. En
1296, le Viennois est rattaché
au Forez par le mariage de Jean Ier de Forez avec
Alix de
Vienne qui apporte en dot, entre autres, Malleval qui devient alors le
centre
du Viennois d’outre-Rhöne. Son mandement,
(ce qui est sous son
pouvoir), s’étend sur Bœuf, Lupé, Maclas,
Saint-Appolinard, Véranne, Roisey et
Bessey.
Seule la
paroisse de Saint Appolinard garde deux tiers de son territoire en
Vivarais et
un tiers en Forez. Le territoire
rentre dans le royaume de France en
1312, le Lyonnais étant rattaché au royaume de France. Le bailliage sera transféré
à Bourg Argental en 1481.
C’est dans ce contexte qu’on trouve les premiers écrits relatifs
au domaine des
Camiers dont l’existence est antérieure. 14ème
siècle - Le mas des
pèlerins - in masso pelerino, près de
la route de Gorgia versus Anicium Des
extraits de différents terriers attestent de l’existence d’un
Mas des Pèlerins,
sur la route de la Gorge au Puy. Le
mas est tantôt situé à la Paretary (devenue Chez
Paret), tantôt nommé seul Mas
des Pèlerins. Mas vient du latin
médiéval mansa, mansus, massus, domaine rural
tenu en fief, associant
maison, jardin, dépendances et champs, géré par le
maître et sur laquelle
travaillent des paysans tenanciers. Sur cette portion du domaine se
concentre
la vie industrielle, et tout ce dont le domaine a besoin est produit
là
(tissage du lin , curtil...). Dans
un acte du 7 janvier 1320, Pierre et
Guillaume Paret reconnaissent les droits du seigneur de Lupé
sur leurs
terres, sous les curtillages (jardins
de légumes) audit Mas
des Pèlerins, suivant les confins
de la Paretary, jouxte le chemin de Vienne au Puy, jouxte le ruisseau
de
Boucharet, jouxte les terres de Bonne Bonnion, jouxte les terres
desdits frères
Paret et de Gaudemar de la Barge damoiseau, jouxte la terre de Martin
du
Buisson et Philippe Chardon. Le 7 janvier
1377, s’ajoute les noms de Guillaumme Jurie et
François Camyer.
Depuis lors des actes sont signés Jurie ou Camyer, Cellard,
Gaillard, et
Jullien et attestent des servis (redevances) payés à
Papillon Follatier, fils
d’Hugon, sur les terres de la Parétary
des Camiers, divisées entre eux quatre. On
trouve tout près le lieu des Jacquards
qui existait avant que les
métiers du même nom n’aient été
inventés. Aussi, ce ne sont pas eux qui lui ont
donné le nom. On ne peut pas totalement éliminer le
prénom Jacques pour être à
son origine. Toutefois les pèlerins de
Saint-Jacques-de-Compostelle se sont vu attribuer plusieurs noms
selon
les époques : les Jacquets
(étymologiquement : celui qui va à Saint-Jacques), Jacaires, Jacquaires, ou encore Jacquards. Un
chemin mène du Mas des Pélerins ou Camiers aux Jacquards. Par ailleurs, le pont Bertrem construit en un endroit stratégique,
était le seul
point de passage et était emprunté par les
pèlerins de St-Jacques de
Compostelle pour rejoindre Le Puy. Enfin Chavanay
avait un mas du pèlerin (terrier
de Virieu
1375) et Malleval possédait un hôpital (hospitale
malevallis 1341), de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem, qui
se trouvait
sur la route qui conduisait au Puy. 17ème
et 18ème
siècle Véranne et
Maclas font partie de la baronnie de
Malleval jusqu'en 1633. Cette année-là, Gabriel de
Fay la vend, ainsi que
celles de Saint-Appollinard, Véranne et Roisey à Claude
de Villars, seigneur de
La Chapelle. Le fils de Claude de Villars, Pierre, après une
brillante carrière
militaire et diplomatique, finit par tomber en disgrâce. Pour
payer ses dettes,
il doit vendre la baronnie de Maclas à un habitant d'Avignon,
François La Beau
de Bérard qui la revend à son tour en 1670 à
Claude-Nicolas de Fontanés,
seigneur de La Valette. L'année suivante, François La
Beau de Bérard la lui
rachète et la baronnie restera dans sa famille jusqu'à la
Révolution. A
la fin de l’ancien régime, Véranne
est village et paroisse en Forez, diocèse de Vienne,
archiprêtré de Bourg
Argental, élection de Saint Etienne, justice de Maclas, bailliage de Bourg-Argental,
généralité de Lyon. Le chapitre de
Saint-Maurice de Vienne nomme à la cure. Les Jurie des
Camiers sont greffiers, lieutenants et juges de la
baronnie de Maclas. Le Greffier est
à la fois le
secrétaire des procès et l'archiviste de la justice. Il
dresse le procès-verbal
des interrogatoires et rédige les jugements qu'il expédie
aux parties. Il
procède aussi aux inventaires après décès
et à la vente des biens mobiliers. Le Lieutenant
était, le nom
l'indique, le remplaçant du
juge en son absence. Jean François Jurie
des Camiers fut Electeur du Tiers Etat.
Il adressa au roi Louis XVI, le 9 septembre
1789, un ouvrage intitulé Système
nouveau présenté au roi, aux
États-généraux assemblés à
Versailles et au directeur des finances. Le titre de départ
portait sur les Causes de la détresse de l'Etat et
de la
nation françoise et des difficultés de la nation à
payer ses tributs. Moyens
faciles de donner à l'Etat et à la nation
françoise l'opulence dont ils ont
besoin. L’année suivante, il écrit Remplacement
général des droits onéreux, présenté
à l'auguste Assemblée nationale, &
dédié aux Français. Enfin, en 1804,
il
fait éditer à Lyon Couronnement de
Napoléon Bonaparte, comme chef de la nation française,
par S.S. Pie VII... tiré
du grand prophète Daniel, dans son livre mystérieux et
prophétique. |
La tour
centrale est un ancien colombier. Le colombier
provençal, dit
en pied de mulet est caractéristique des régions
fortement ventées. Le
pigeon a horreur du vent, et pour qu’il se sente bien, le colombier est
construit avec un toit à une seule pente dont les
côtés exposés au vent sont
protégés par des murs. La disposition habituelle des
colombiers du Languedoc, à
partir du XVIe siècle,
est celle d’un
bâtiment carré couronné par un toit à une
seule pente avec abri. L’implantation
d’un colombier était autorisée par le seigneur local. Des
propriétaires non
nobles pouvaient avoir cette autorisation à la condition de
posséder un domaine
suffisant et de s’acquitter de redevances. Aussi sa possession est elle
une
marque sélective de rattachement à une suprématie
sociale. Dans la construction
initiale des Camiers, le colombier était sans doute situé
en façade.
|
La grange a subi un
incendie. Les pierres ont été réutilisées
pour sa
reconstruction. On distingue les traces du feu sur le granit qui a pris
une
couleur rouge caractéristique. Elles n’ont pas été
utilisées comme à l’origine
et on trouve par exemple des linteaux à la verticale.
A remarquer, le linteau
en accolade, un élément de construction d'un seul
bloc en
pierre qui comporte un motif architectural composé de deux
courbes et
contrecourbes symétriques réunies par un angle sur l'axe
de symétrie. Les
linteaux de porte avec arc en accolade n'ont pas de signification
particulière,
sinon qu'ils montrent que la demeure appartenait à une personne
aisée qui
pouvait se permettre la dépense d'un linteau sculpté. En
Provence, ils étaient
très à la mode durant le gothique tardif (fin du 15ème
siècle.) et
surtout dans les débuts de la Renaissance. L’influence
provençale dans
l’architecture des Camiers est attestée dans plusieurs de ses
éléments. C’est vers la fin du 16ème siècle que l’on commence à employer massivement ces formes engendrées par des arcs de cercle. Les accolades sont, à leur origine, à peine apparentes; puis elles se dégagent et sont plus accentuées. |
Les toits
sont terminés par des génoises. Ce
sont des maçons venant de Gênes qui auraient apporté cette
particularité d'abord en Provence puis dans tout le sud de la
France, où domine
la tuile canal. Cette fermeture d'avant-toit est formée de
plusieurs rangs de
tuiles-canal en encorbellement et garnie de mortier. Sa fonction est pratique,
permettant
d'éloigner des murs les eaux de pluie. Le nombre de rangs peut
être aussi
considéré comme un témoignage du statut social. On
remarque des tuiles
vernissées. Recouvertes d’une glaçure à base de
plomb, elles prennent leur
couleur après cuisson. Les angles
sont adoucis par une génoise
tournante, obligeant à une savante disposition
des tuiles de la
toiture. La génoise est également employée comme
couronnement des murs et des
arcades surmontant les portails. |
Les marches de
l’escalier monumental ont
été taillées dans des blocs entiers de calcaire,
une roche sédimentaire qui
n’est pas locale au contraire du granit. On
peut distinguer des fossiles, caractéristiques du calcaire
limoneux, provenant
de la vallée du Rhône. |
Le bâtiment
situé à l’entrée est la ferme.
Elle
a été tenue depuis les années 1830 par la famille
Guillot, les Antoine dits Toine se succédant de
père en fils,
jusqu’en 1965. Le
31
janvier 1843, Antoine Guillot, né le 18 avril 1810, fils de Jean
Baptiste et
Antoinette Mousset, cultivateur domicilié
au lieu des Camiers, et Antoinette Tranchant, se marient à
Véranne. Jean
Guillot, fils de Jean Baptiste et Antoinette Mousset, et Marie Anne
Gagnière se
marient le 20 février 1852 à Maclas. Après
le décès de sa femme, Antoinette Tranchant, en 1848,
Antoine se remarie avec
Marie Cellard. Recensement
de 1856 : Antoine
Guillot, 46 ans, et sa femme Marie Cellard, 31 ans, vivent aux Camiers
avec les
quatre enfants d’Antoine, Marie, 11 ans, André, 10 ans,
Marguerite, 4 ans et
Antoinette, 1 an. Jean
Cellard, 28 ans, et Jean Baptiste Oriol, 15 ou 18 ans, sont domestiques
cultivateurs. Recensement
de 1891 : Marie
Anne Gagnère a 62 ans et vit aux Camiers avec son fils Antoine
Guillot, né en
1856, et sa belle fille Marie Tranchant. 23
juilt 1871 Recensement
de 1911 : Antoine
Guillot, 45 ans, et sa femme Marie Tranchant, 42 ans vivent aux Camiers
avec
leurs trois enfants, Marie, 10 ans, Jean, 8 ans et Antoine, 3 ans. Joannès
Toucheboeuf, 24 ans, est domestique de ferme et Marius Reval, 13 ans,
est
berger. |
A
l’extérieur de l’enceinte des mûriers
attestent de l’industrie de la soie. Des contrats ont lié les
propriétaires des
Camiers à des moulinages avec lesquelles ils avaient des liens
(familiaux ou
d’affaire). Au sud, existait un grand jardin à la française transformé par les fermiers en terre agricole et en potager. On remarque le puits caractéristique de la région. Un ruisseau passait et alimentait fontaines ou bachats en complément de la nappe phréatique très peu profonde. |
A
l’intérieur, on remarque le dallage. La fabrication de la tomette est l’une des grandes spécialités
de la céramique
provençale. Vermillon,
jaune clair, ocre, coquille d'oeuf, rouge foncé ou noir, les couleurs des tomettes
sont déterminées par le type d'argile employé, la
glaçure à l’oxyde de plomb et
le degré de cuisson. Les tomettes et les carreaux sont
légèrement biseautés
pour un ajustement sans joints apparents lors de la pose. Certains
assemblages
produisent l’effet d’un tapis. Carreaux
rouges orangés et coquille d’œuf
Carreaux formant tapis Tomettes
ayant subi l’usure du temps
Carreau réparé avec une pièce |
Une cheminée
monumentale a conservé un tournebroche à
contrepoids. Deux fournettes encadrent la bretagne
(plaque de cheminée). Les biches de lait étaient mises à cailler au chaud dans les placards taillés dans l'épaisseur du mur, de chaque côté de la plaque en fonte. |
Dans la pièce à côté, un potager est constitué d’une grosse pierre, percée de plusieurs ronds, posée sur un muret. Les braises de la cheminée située dans la pièce à côté, étaient déposées dans ces trous, et la cuisinière y posait ses marmites. On utilisait le potager pour faire mijoter des plats longtemps et à basse température, ou pour garder au chaud des plats cuits au préalable sur le feu ouvert. Plusieurs foyers de cuisson d’intensités différentes permettaient une cuisine délicate. |
Les
ouvertures éclairant la chapelle ont
été (malheureusement) remaniées au début du
20ème siècle. A
l’intérieur, des ferrures attestent l’existence ancienne de la
chapelle. Le
plafond est en croisée d'ogives, caractéristique de
l'architecture gothique, en
usage jusqu'au milieu du 16ème
siècle. Elle correspond aux diagonales formées par
l’intersection de
deux voûtes en berceau. Un trou dans le plafond permettait le passage d’une corde reliée à une cloche. |
Il est grand temps de retrouver
notre nouvel invité et pas des moindres. Nous avons la chance
d'avoir rencontré M. Marcel Miribel, le doyen
et ancien président de l'association des Guides Animateurs du
Parc Naturel
Régional du Pilat. Cet alerte nonagénaire,
véritable mémoire vivante de l'association,
a bien voulu répondre à nos questions et nous l'en
remercions encore une fois chaleureusement. |
Regards du Pilat :
Vous avez été l'un des membres fondateurs de
l'association des Guides
Animateurs du Parc Naturel Régional du Pilat, et vous l'avez
présidée pendant
plus de vingt ans. Pouvez-vous nous raconter comment cette association
a vu le
jour, il y a maintenant plus de trente ans ? Marcel Miribel : tout a
commencé en 1974 avec la création du Parc Naturel
Régional du Pilat. Dès ses
premières années d'existence, ce nouveau parc
reçut de nombreuses demandes
d'accompagnements ou de visites, de la part de groupes souhaitant
découvrir le
Pilat. Bien que l'éducation au territoire fût un des buts
du Parc, son
personnel peu nombreux à l'époque ne parvenait plus
à satisfaire toutes les
demandes. Il fallait trouver des intervenants extérieurs. Jean
Andersson,
animateur culturel du Parc, qui ne manquait pas d'idées
associant l'économique
et le culturel, pensa aux étudiants de l'université de
Saint-Étienne. Mais les
demandes émanaient surtout des écoles, qui souhaitaient
sortir en semaine, et
principalement aux beaux jours en mai-juin. C'était incompatible
avec l'emploi
du temps des étudiants, lesquels en plus souhaitaient une petite
rétribution.
Jean Andersson se tourna alors vers l'Université pour Tous,
fréquentée par
beaucoup de retraités qui trouvaient là une application
pratique à partager les
savoirs acquis. Ils étaient disponibles en semaine et en
mai-juin, et ils
n'avaient pas besoin d'un retour financier. Les retraités, de
plus en plus
jeunes depuis que l'âge de la retraite avait été
abaissé à 60 ans,
constituaient donc les candidats idéaux pour devenir les futurs
Guides du
Pilat. Des volontaires furent demandés, et une douzaine de
personnes répondit à
l'appel. En 1980 une formation leur fut
dispensée au sein
de l'Université pour Tous par des responsables du Parc. Les
thèmes abordés
furent très divers : la forêt, l'agriculture, la
botanique,
l'architecture, etc. Parmi ces pionniers il y avait Antoine Molette,
Madeleine
Devillers, Jacqueline Darne, Paulette Thévenon, Maurice
Decultis. C'est en mai
1981 qu'ils accompagnèrent un groupe dans le Pilat pour la
première fois. Cette
initiative connut rapidement le succès. Devant une demande
accrue, Jean
Andersson décida de recruter de nouveaux futurs guides. Il fit
paraître des
articles dans les journaux, posa des affiches dans les mairies, etc.
Une
soixantaine de personnes s'inscrivit. Une première
réunion eut lieu le 10
janvier 1983. Elle fut suivie de six jours de formation à
l'Université pour
Tous, et de six sorties en car pour concrétiser sur le terrain
les sujets
abordés. Les Guides du Pilat n'avaient
jusqu'alors qu'une
existence informelle. En 1983 le Parc leur proposa de se constituer en
association. La première Assemblée Générale
se tint en décembre 1983 à Saint-Romain-les-Atheux.
Antoine Molette en était le président, Madeleine
Devillers la secrétaire, pour
ma part j'acceptai le poste de vice-président, avant de devenir
président
quelques années plus tard. Article
de presse locale de 1984 relatant la création de l'association Il fallut trouver un local
pour nous réunir.
C'est Madame Grossetête qui nous attribua une salle de la Maison
des
Associations, rue André Malraux à Saint-Étienne.
Nous en avons pris possession
en février 1984. Nous tenions une permanence les mardis, pour
attribuer les
nombreuses demandes de sorties. L'habitude a perduré, même
si le jour a changé
(nous nous réunissons aujourd'hui le lundi), ainsi que la salle
(la première
étant devenue trop petite). RDP :
Quelles sont,
principalement, les activités de l'association ? Ont-elles
évolué avec le
temps ? MM : Notre but est
d'accompagner les groupes
constitués (écoles, centres sociaux, associations, etc.)
lors de promenades
découverte, généralement pédestres. Pendant
longtemps les écoles ont constitué
notre « clientèle » principale. Mais nous
sortions aussi des groupes
du troisième âge en car, et nous faisions des projections
de diapos. Tout cela
a bien changé. Pour les enseignants, le Pilat est
désormais trop proche, les
sorties scolaires se font aujourd'hui beaucoup plus loin ! Quant
au
troisième âge, il a aussi évolué.
Aujourd'hui notre association travaille
essentiellement avec les centres sociaux ou maisons de quartier, qui
proposent
des randonnées pédestre guidées à un public
adulte. Article
de la revue Notre Temps de 1986 RDP : C'est
sous votre présidence
qu'ont été mises en place les Marches de
l'Été, qui continuent d'emmener chaque
été des randonneurs à la découverte du
Pilat. Racontez-nous les débuts de cette
manifestation sympathique. MM : Les membres d'un
groupe de marcheurs du
centre social des Allocations Familiales avaient pris l'habitude de se
balader
entre eux les mardis après-midi d'été. À
l'initiative de Madame Defayes, membre
des Guides, ce groupe se retrouvait à Saint-Genest-Malifaux
où elle avait une
résidence. Un jour je l'ai vue avec une quarantaine de
personnes. Je lui ai
alors proposé la prise en charge de ce groupe par les Guides,
sous l'égide du
Syndicat d'Initiatives de Saint-Genest-Malifaux, dont j'étais
membre, et
d'élargir ces marches à l'échelle du canton, soit
8 communes. Ce qui faisait 8
marches, une pour chaque commune, en
juillet-août. Les
« Marches de l'Été Au début ce fut un peu
improvisé, sans grande
préparation. Puis pour être en règle il y eut
déclaration en Préfecture, et
publicité par le Syndicat d'Initiatives. Les marches
étaient accompagnées
surtout par des Guides ayant une résidence secondaire dans le
canton :
Mesdames Defayes et Ledin, Messieurs Bonnefoy, Brunon, et
moi-même. Le succès
fut tel que l'on doubla le nombre de marches, qui passa à 16,
deux par commune.
C'était le même circuit, que nous faisions le mercredi
dans un sens, et le
vendredi dans le sens inverse. Des gens venaient aux deux et pensaient
faire deux
circuits différents ! Nous avons même atteint les 19
marches certaines
années, en proposant des circuits d'une journée, les
dimanches. Cependant, le
nombre grandissant de participants, parfois plus de 100, finit par
poser des
problèmes de sécurité. Il était
impératif de définir un cadre plus rigoureux.
En 2005, Pierre Bessenay le nouveau
président de l'association était réticent à
conserver les Marches à cause de la
responsabilité que cela entraînait. C'est finalement le
Parc, désireux de
maintenir cette manifestation, qui fixa les règles : pas
plus de 50
personnes, et la présence d'un guide professionnel pour la
sécurité, le
Syndicat d'Initiatives assurant la responsabilité juridique. RDP : Ces
marches ont connu cette
année un beau succès. Nous savons que vous vous y
êtes investi personnellement,
en amont, pour renseigner les marcheurs et prendre les inscriptions. On
vous a
vu également au départ de plusieurs randonnées. MM : J'ai aimé les
« Marches de
l'Été ». C'était pour moi une grande
satisfaction de savoir que beaucoup
de personnes seules venaient passer un bon moment convivial. Je
continue à m'y
intéresser en prenant les inscriptions à l'Office du
Tourisme, et aussi en
allant au départ de certaines marches prendre des photos, qui
sont ensuite publiées
sur notre site Internet. RDP : Depuis
2003 vous n'êtes
plus président de l'association, ayant laissé votre place
à des plus jeunes.
Comment s'est passée cette transition ? MM : Cela a
été un peu difficile. Michel
Raboisson a bien voulu prendre la suite, mais très consciencieux
et
perfectionniste cela a été lourd pour lui et il a
démissionné au bout d'un an.
C'est Pierre Bessenay, un nouveau guide possédant une certaine
expérience, de
l'assurance et une autorité naturelle, qui a accepté de
prendre la suite. Il
est resté président pendant 5 ans. Depuis 2009 c'est
Bernard Jamet, bien
secondé par Maryse sa compagne qui s'occupe de la
trésorerie, et par Solange
Narbey pour le secrétariat, qui assure la continuité avec
succès. L'association
a su recruter de nouveaux membres, qui viendront relever ceux qui ne
peuvent
plus assurer les encadrements de marches, ayant toujours bonne
tête mais les
jambes flageolantes ! RDP : Quels
sont vos meilleurs
souvenirs de l'époque où vous étiez
président de l'association ? MM : Je me souviens en
particulier de
certaines grandes journées d'accompagnements. En 1986, les Ponts
et Chaussées,
où j'avais travaillé pendant 10 ans, ont su que je
m'impliquais dans l'association des Guides
du Pilat. On
m'a alors demandé d'organiser la sortie annuelle des Ponts et
Chaussées de la
Loire. Je l'ai préparée avec Antoine Molette. Un petit
livret rédigé par nous,
et édité par les Ponts et Chaussées, était
remis à chacun des 800 participants.
Pas moins de 16 cars furent nécessaires pour emmener tout le
monde. Les cars
partaient de la Plaine Achille, chacun avec un itinéraire
différent, commenté
par un guide, et se retrouvaient pour le repas de midi servi sous
chapiteau à
Saint-Genest-Malifaux, avec une après-midi festive... En 1996, les 15, 16, 17, 18
mai, nous avons
organisé le challenge des Comités d'Entreprise des Caisse
d'Épargne de France.
Les participants étaient hébergés au château
du Buisson à Maclas. Après une
soirée d'accueil, nous avons encadré trois
randonnées : la première en
direction de l'Œillon, la seconde vers Saint-Sabin, la troisième
dans la vallée
du Rhône. Les 180 participants partaient chaque jour de Maclas,
sans avoir à
prendre un car, ce qui fut très apprécié. Les
randonnées avaient été très bien
préparées par le regretté Robert Gineys. Mon troisième souvenir
concerne le rassemblement
des Guides de France à Burdignes, 16 cars ont sillonné le
Pilat avant de
converger à la Croix de Chaubouret. RDP : Il
faut croire que marcher
au bon air du Pilat vous a conservé, car vous semblez avoir
toujours bon pied,
bon œil ? Vous avez un secret ? MM : J'ai de la chance
d'avoir une bonne
santé, et mon père qui avait conservé des
habitudes de sa jeunesse en Ardèche
m'avait inculqué les bons principes : à midi une
grosse salade, le soir
une soupe de légumes. J'ai toujours marché, pour aller
à l'école, puis au
travail, et dans la mine où j'ai passé 34 ans. Je n'ai
jamais veillé tard le
soir, sauf quelques fois pour Noël ou une fête. Je ne sors
pas le soir, je
déteste les banquets. À 15 ans j'ai eu une
hépatite A, qui a été finalement
bénéfique pour ma santé. Ma fragilité du
foie m'a obligé à ne pas boire
d'alcool, je mets de l'eau dans mon vin et je ne mange pas le gras de
la
viande. RDP :
Parlez-nous un peu pour
terminer de votre vie professionnelle. Nous savons que vous vous
investissez
aussi beaucoup pour le puits Couriot, où vous avez
travaillé, qui est devenu le
Musée de la Mine de Saint-Étienne. MM : Avant guerre on
faisait sa 6e
en primaire, à la fin de laquelle j'ai eu mon Certificat
d'Études avec mention
bien. En 5e je suis entré dans une école
professionnelle, ce que
l'on nomme aujourd'hui un Lycée technique. Beaucoup de maths,
dessin, sciences
(physique et chimie), littérature, histoire et
géographie, pas de sciences
naturelles. Le Pilat a parfait ce qui me manquait dans ce domaine. En 4e
il y a eu beaucoup de visites d'usines : aciéries,
menuiseries,
imprimeries, etc. En fin d'année il fallait choisir un
métier. Beaucoup
optèrent pour la mécanique, le tissage, la marbrerie,
pour ma part je choisis
de devenir géomètre des mines. Le matin on allait
à l'école, et l'après-midi en
entreprise. Moi c'était à la mine. En octobre 1938
à l'âge de 14 ans je suis
descendu pour la première fois dans un puits de mine,
c'était le puits
Sainte-Marie, puis dans le puits Rambaud, et dans le puits Couriot en
décembre.
En octobre 1939 mon père fut mobilisé. J'ai
été embauché pour remplacer
l'adjoint du chef géomètre de Couriot, lui aussi
mobilisé. Ensuite j'ai
navigué : puits de la Loire, puits Montmartre, puits
Rochefort. En 1942
j'ai passé, à titre personnel, un CAP de dessinateur
industriel. En 1950 le
bassin houiller du Gier a fermé, c'était le début
de la récession. À
Saint-Étienne, les quatre divisions (Villars, Loire, Couriot,
Montmartre) ont
été regroupées à Couriot avec un seul chef
au lieu de quatre : économie
oblige ! En 1964 j'ai passé un CAP d'opérateur
géomètre. En 1971, encore à la
mine, premier
« avant-projet » irréalisable :
recherche de vieux travaux,
niveau de l'eau... J'ai fini ma carrière à Pigeot :
surveillance du
barrage nous séparant de de Couriot pour ne pas remonter l'eau
de Couriot, et
repérage des sondages du charbon restant à
Roche-la-Molière. Le charbon
reprenait de la valeur avec la crise pétrolière, et on
faisait durer la mine pour
des raisons sociales. Finalement je fus invité à prendre
ma retraite à 50 ans
en 1974. Avec mes deux diplômes, j'ai réussi à
entrer aux Ponts et Chaussées.
La vraie retraite, je l'ai prise en 1984. Clair
de lune sur le puits Couriot Je me suis peu impliqué
au début dans la
réalisation du Musée de la Mine, étant
déjà bien pris avec les Guides du Pilat.
J'ai commencé à m'y consacrer en 1998, ma charge de
président des Guides
devenant moins prenante. Je suis devenu l'organisateur d'une sortie
annuelle, d'abord
dans des sites miniers, puis bien d'autres. En 2017 j'ai
organisé la 16e
sortie, chez Michelin à Clermont-Ferrand et au Puy de
Lamptégy. Je fais
profiter de mon expérience acquise chez les Guides. Je suis
devenu la mémoire
du puits Couriot, et ma participation à la deuxième
Fête de la Science portera
sur la cartographie et le rôle des géomètres des
mines. RDP : Marcel
Miribel, il ne nous
reste plus qu'à vous remercier pour cet entretien, et vous
souhaiter encore de
longues années avec la passion du Pilat. Marcel
Miribel
|
|