PHELIPE ET MAVR

OU LA PROMESSE D’UNE EAU D’OR SUR LA SPIRALE DE LUMIÈRE




PREMIÈRE PARTIE

 
MYSTÈRE EN FORÊT DE BROCÉLIANDE : L’ÉTRANGE INSCRIPTION DE MAURON




Nous débutons aujourd’hui la publication d’une étude, passionnante et très fouillée, de notre ami Michel Barbot sur une étrange inscription visible dans un pittoresque village breton, à l’orée de la forêt de Brocéliande. Michel a travaillé à partir d’un relevé de cette pierre gravée, réalisé et publié par M. Jean Dessus il y a une vingtaine d’années. Ce premier volet se prolongera par un second, et peut-être par un troisième en raison d’un détail non représenté par le relevé.

Les Regards du Pilat


<RETOUR AU SOMMAIRE DE LA GRANDE AFFAIRE>



MAI 2015

Par Michel BARBOT


Il y a de cela plus de vingt ans, je me suis pris d’intérêt pour les propos d’ordre généalogiques répétés par deux frères. Ces deux amis se souvenaient, enfants, lors des réunions de famille, de discussions animées entre leur père et le frère de ce dernier. Ces débats tournaient autour d’une parenté avec une noble famille les Plessis-de-Grénédan. Ces derniers possédaient une résidence à La Bernerie, station balnéaire du Pays de Retz, sise non loin de Pornic. Curieusement cette discussion d’adultes, associant deux, voir quatre personnes, si l’on y adjoint les épouses, ne fut pas partagée au cours des années, avec mes deux amis et leur sœur. D’autres personnes, aujourd’hui disparues, connaissaient le fin mot de l’histoire mais avec le temps le fin mot disparut à tout jamais.

Les deux enfants, devenus adultes, gardaient le souvenir de ces discussions, aussi connaissant mon intérêt pour les énigmes, ils me firent part de leurs souvenirs hélas bien ténus.

Quelque peu intrigué, je notais le nom de cette noble famille et me rendis sans en informer mes amis à la médiathèque de Nantes. Je consultais principalement le Grand Armorial de Bretagne et j’y découvris que les Plessis-de-Grénédan, dits aussi Plessis-Mauron-de-Grénédan, étaient d’origine établis dans une commune nommée Illifaut. L’armorial présentait cette famille bretonne comme la branche cadette des Plessis-Mauron dont le château se trouvait dans la commune de Mauron. Cette noble famille m’apparaissait à présent bien réelle. Je la localisais dans le temps mais, je dois l’avouer, beaucoup moins dans l’espace. Les communes d’Illifaut et de Mauron m’étaient à l’époque, totalement inconnues.

Tout juste rentré à l’appartement, j’ouvris mon Répertoire des communes, avant de déplier ma carte de Bretagne où je découvris non sans une certaine excitation qu’elles se trouvaient toutes deux, au Nord de la mythique forêt de Brocéliande. J’en informais rapidement mes deux amis qui furent bien entendu tout à la fois étonnés et plutôt ravis.

 

Vue aérienne du village d’Illifaut (carte postale ancienne)

 

Nous décidâmes de retourner à la médiathèque tout les trois… au final nous nous retrouvâmes à quatre, le père de mes amis vint avec nous. Par sa présence, notre recherche dévia quelque peu car il orienta celle-ci vers d’autres familles nobles du Pays de Retz, familles qui n’étaient assurément pas en lien avec ce qui intéressait ses deux fils. Quelque temps plus tard, accompagnés de la mère de mes deux amis, nous rencontrâmes à la Bernerie l’oncle paternel. Nous avions, à cette époque, pas mal avancé dans notre recherche, et nous pouvions argumenter sur ces nobles familles. L’oncle semblait bien au fait du sujet mais il se contenta avec son plus grand sourire, de nous évoquer certains aspects bien connus du légendaire de Brocéliande.

Familles nobles du Pays de Retz pour le père, légendaire arthurien de la forêt de Brocéliande pour l’oncle… non, les deux frères n’avaient aucunement le désir que leurs enfants ou neveux connaissent le fin mot de l’histoire.

L’épouse de l’oncle, qui n’avait assurément nulle envie d’aborder le sujet, se montra plutôt distante. Peu avant de nous séparer, elle me présenta – ce qui me gêna quelque peu… je n’étais que l’ami de ses neveux – un document notarié affirmant que la maison où ils résidaient était un don fait par les Plessis-de-Grénédan. Cette maison, qui appartint antérieurement à cette noble famille, affirmait qu’il y eut par le passé une certaine proximité entre la famille de mes amis et celle des Plessis-de-Grénédan. La famille de mes amis avant de s’installer dans le Pays de Retz vivait à Rennes et dans le Pays Rennais. Cette proximité pourrait dater de cette époque sur laquelle je ne m’étendrais aucunement car il ne m’appartient pas d’évoquer des faits que l’on souhaita cacher à une certaine époque.

 

Le portail de l’église de Mauron (carte postale ancienne)

 

Peu de temps avant de rencontrer l’oncle, j’avais préparé une excursion en Brocéliande et nous pûmes ainsi découvrir les lieux marqués du sceau des Chevaliers de la Table Ronde. Nous découvrîmes tout d’abord l’église Saint-Pierre de Mauron avec ses deux exceptionnels vantaux datés de 1505. Les mystères graaliens de la pierre tombée du front de Lucifer font de Mauron la Porte Nord de Brocéliande ainsi que l’indiquait Jean Markale. Dans la commune d’Illifaut nous nous enfonçâmes dans ce bois peu aisé d’accès où se dressent encore les ruines du vieux château des Plessis-de-Grénédan.

 

Pan de mur de l’ancien château du XVIème siècle

http://cc-mauron-broceliande.com/wiki/index.php5?title=Du_Plessis_de_Gr%C3%A9n%C3%A9dan

 

Une femme âgée résidant à proximité du petit bois, nous apprit qu’au fond du puits depuis longtemps disparu sous des tonnes de terre et de végétation, se trouvait suivant la tradition, quilles et boule d’or. Ce type de trésor, réel ou spirituel, apparait très souvent de nature alchimique.

Lors de ce premier voyage en Brocéliande, nous fûmes reçus par le comte de Saisy de Kerampuil dans son château d’Illifaut. L’homme muni de sa canne est vif. Il parle beaucoup ce qui n’est pas pour déplaire. Il connait bien les Plessis-de-Grénédan auxquels il est apparenté par son aïeul Paul de Saisy qui épousa en 1870 à Rennes, Marie-Élisabeth du Plessis-de-Grénédan. Nous restons un moment autour de la grande table de bois discutant avec lui et surtout l’écoutant parler. L’un de ses sujets de prédilection – tout au moins durant notre visite – est l’étymologie des noms de lieu. Il me demande ce que je pense du nom même de la commune d’Illifaut. Je lui réponds que j’y reconnais le toponyme Fau(t) autre nom du hêtre. J’avance pour Illi le nom breton de l’église : « Iliz »… c’est tout à fait ce qu’il attendait ! L’idée d’une Église des Hêtres ou Église des Fous (variante de Faus) peut effectivement séduire.

J’y retrouvais, bien que je n’en parlais pas à notre hôte, le souvenir de ces moines Kuldées venus de Grande-Bretagne. Successeurs des Druides, ils privilégiaient à l’origine l’Église du bois. Je me souviens que le comte insista sur des toponymes évoquant précisément le bois. Les marais salants et le sel récolté par les sauniers l’intéressaient tout autant.

Avant de le rencontrer nous avions visité l’église Saint-Samson d’Illifaut. L’une des femmes faisant le ménage, nous incita à rendre visite au comte qui se ferait un plaisir de nous recevoir. Nous avons suivi son conseil après avoir admiré les magnifiques vitraux de l’église. Les verrières avaient été récemment rénovées mais le conte de Saisy ne semblait pas en avoir été informé ou pour le moins, ne semblait pas avoir été sollicité sur le sujet. Il souhaita découvrir le résultat, aussi sommes-nous retournés dans l’église. Le conte étonnement dynamique malgré son âge, évoluait dans l’édifice religieux comme chez lui. Il commenta certaines particularités des vitraux et insista tout particulièrement sur le vitrail représentant le comte Paul de Saisy et la comtesse Marie-Élisabeth du Plessis-de-Grénédan. Parmi les vitraux les plus énigmatiques, outre la verrière représentant l’apôtre Pierre arborant les deux clefs marquant telles les aiguilles d’une horloge : 11h30…, nous avions admiré avec l’intérêt qu’il convenait cet autre vitrail représentant une colombe apportant dans son bec une sainte ampoule…

 

La Sainte Ampoule d’Illifaut

Photo de Christian Lelièvre

 

Nous eûmes quelques deux ans plus tard, le plaisir de revoir le conte dans son château. Toujours aussi alerte et toujours aussi désireux de discuter étymologie forestière…

 

Inscription de Mauron

L’aventure Plessis-de-Grénédan se doubla très vite d’une aventure Plessis-Mauron. Dans cette aventure nous découvrîmes une énigme qui je dois l’avouer m’intrigua au plus haut point (voir même À plus haut sens…) et m’intrigue toujours. Il s’agit d’une inscription gravée sur une pierre scellée au-dessus d’un motif servant de clef de voute à la porte d’une maison du bourg de Mauron. C’est ainsi qu’elle nous fut présentée, bien que nous ne l’avions pas encore découverte. Le dessin de l’inscription présenté par Monsieur Jean Dessus dans son livre « MAURON et ses 6 communes REGARDS SUR SON PASSÉ à travers les cartes postales de 1870 à nos jours » (Imprimerie de Brocéliande à Saint-Léry 1991) nous confirma l’importance de cette inscription.

La gravure originale comportait déjà quelques anomalies (N et Q inversés), or le relevé de Jean Dessus diffère curieusement de l’inscription d’origine, en rajoutant d’autres anomalies. Fils de Jean Dessus, célèbre maquisard de Saint-Marcel en 1944, l’auteur est né le 1er mai 1940 au Pont-Ruelland en Mauron. Il vécut avec sa mère et son frère Bernard dans une maison de Mauron. Son livre consacré à l’histoire de Mauron reste le fruit de nombreuses années de recherche et de collecte. Professeur de dessin industriel, décédé le 8 mars 2014, il travailla et habita à Dinan, ainsi qu’il est indiqué dans l’article du journal Ouest-France du 11 mars 2014. Il conservait une maison à Mauron.

Une question se pose : Pour quelle raison, Jean Dessus, qui des années durant rechercha et collecta le passé méconnu du Mauron qu’il aimait tant… oui pour quelle raison, a-t-il modifié l’inscription ? Car il ne peut s’agir d’erreurs de la part d’un personnage dont le métier était précisément d’enseigner le dessin industriel, discipline rigoureuse s’il en est.

Son relevé reste assurément, une référence indiscutable. Jean Dessus tout au long de ces années, recherche et collecte des éléments historiques méconnus pour beaucoup de Mauronnais. Il n’est pas hasardeux de penser qu’au cours de ces rencontres, il eut l’occasion d’évoquer cette énigmatique inscription. Quelle fut la nature des entretiens qu’il put avoir avec quelque(s) érudit(s) locaux au sujet de l’inscription ? L’auteur n’en dit rien dans son livre mais il apparaît vraisemblable de penser que son relevé résume ces discutions de nature discrète. Le relevé de Jean Dessus comporte une telle richesse d’enseignements symboliques qu’il apparaît comme un relevé de référence ayant indiscutablement sa place dans le Dossier Histoire de Mauron. Et c’est relevé que nous utiliserons pour ce dossier.  

Plusieurs pierres de réemploi provenant de l’ancien château des Plessis-Mauron (la branche aînée) apparaissent sur les façades de maisons proches de l’église paroissiale.

 

L’ancien château des Plessis-Mauron (Carte postale ancienne)

 

La pierre scellée provient-elle de l’ancien château ? La réponse est négative mais il est certain qu’elle y renvoie… L’inscription apparaît sur une maison située au N° 3 de la place de l’Église (appellation actuelle). Cette maison aurait été construite par Phelipe Bonamy et Marie Quernée en 1630.

 

L’ancienne maison Bonamy au début du XXe siècle (carte postale ancienne).

L’inscription est en façade, au-dessus de la porte.

 

Le dessin de l’inscription réalisé par Monsieur Jean Dessus montre que le nom de ces deux personnages a été quelque peu modifié. En fait, si le nom Quernée était déjà écrit 9VERNE, l’auteur a en plus transformé le nom Bonamy.

Inscription réelle : BOИИAMI

Relevé J. Dessus : BCKИAM

Alors, PHELIPE BCKИAM ET MAVRYE 9 VERNE nous apparaissent soudain comme un couple de nature alchimique ou hermétique. La famille Bonamy ou Bonami fut, du XVIème au XIXème siècle, l’une des plus importantes et des plus influentes de Mauron. Madame Magalie Laurent dans l’article « L'origine du nom ‘’ Mauron ‘’ » (en ligne sur Internet) nous apprend : « Plusieurs de ses membres occupent, de père en fils, les postes les plus hauts de la paroisse (Sénéchal, Procureur fiscal, etc. »

 

L’ancienne maison Bonamy aujourd’hui

 

Quelle était l’origine de cette famille bretonne ? Qui était ce PHELIPE BONAMY qui se dédoubla en un PHELIPE BCKИAM plus intemporel ? L’histoire du Duché de Bretagne connaît une importante famille Bonamy d’origine italienne exilée par les Gibelins. Une branche de cette famille s’installa à Nantes et occupa une place importante auprès des Ducs de Bretagne. Les Bonamy de Mauron sont-ils membres de cette famille patricienne ayant participé aux guerres florentines durant les XIVème et XVème siècles ? La signification première de PHELIPE – nous en retrouverons une seconde – est grecque et signifie « Ami du cheval ». Cette notion d’Ami se double dans le nom même de ce personnage : le Bon Amy. Des familles juives de France ont pareillement adopté ce nom pour des raisons ayant trait à la nature divine.

 

L’inscription de Mauron

(relevé de Jean Dessus)

 

L’inscription de Mauron, dans sa version du relevé de Jean Dessus, porte le sceau de la Rose+Croix et du Compagnonnage bien secret des Fendeurs-Charbonniers. Il émane de cette inscription toute une symbolique d’inspiration celtique et kabbalistique hébraïque. En première ligne il faudrait lire IHS, suivi sans doute d’un monogramme de la Vierge (A M entrelacés), le relevé transforme ces signes en LM suivi d’un étrange SAR.

La dernière ligne de l’inscription présente quelques particularités permettant de situer l’inscription. Nous trouvons les mots MFFET-FERE qu’il convient de lire : M’A FET FERE, écriture correcte à l’époque. Le A – verbe avoir – est curieusement remplacé par un F : MFFET-FERE. Il convient de noter le retrait bien à gauche de la lettre initiale M, retrait semblable à celui de la lettre P, initiale de la seconde ligne (tout au moins dans la version J. Dessus, en réalité le P est plus décalé à droite). Ces deux lettres, dans un premier temps rappellent les initiales des Plessis-Mauron. Plus secrètement, elles évoquent le double sceau de la Rose+Croix et de la Fenderie Forestière ou Charbonnière.


Reconstitution de l’inscription réelle

Le coin supérieur droit de la pierre semble avoir disparu.

Un motif semblable à la rouelle visible dans le coin supérieur gauche devait probablement y être visible

(Infographie de Patrick Berlier)

 

Chez les Rose+Croix MP évoque le Maître Peintre de la FF (MFFET-FERE) ou Fama Fraternitatis. Dans le livre rosicrucien « Fama Fraternitatis » édité en 1614, sont référenciés les MP formant cercle autour de Christian Rose+croix. Nous trouvons MPC, MPA (Peintre et Architecte) et MPI (peintre et cabaliste). La signature de ces Maîtres apparait dans le Tombeau du fondateur de la R. + C.

À l’intérieur de ce « Tombeau » et de d’autres « Tombeaux », éclairés par des lampes perpétuelles, se trouve un trésor royal. Le trésor se compose notamment de livres mythiques… « Certains livres, parmi lesquels se trouve M. (livres qui furent faits au lieu de livres d’économie domestique par M.P., homme digne de louanges.) »

Le Livre M de la R. + C. est le Liber Mundi ou Livre du Monde. Ce livre est-il évoqué dans l’inscription de Mauron ? La réponse semble positive. Le LM initial nous le confirmerait.

Les initiales PM sont aussi celles du Père-Maître ou P.·.M.·., le Grand-Maître des F.·.C.·.C.·. (les Fendeurs-Charbonniers), ou F.·.F.·. (les Fendeurs) pour qui le Bois de VERNE présent dans l’inscription, n’avait pas de secret, ni même le SAR, variante de SART : lieu inculte, couvert de broussailles, lieu à défricher. La vieille langue française associait le SAR aux EVES : les eaux, thèmes important dans l’inscription.

 

L’ombre des Chartreux

Le mot SAR ou SART est une clef permettant de décrypter quelque mystère codifié par les Chartreux. Dans l’ancienne Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil, bâtie au pied de la colline sacrée de Montreuil, était gravé en lettres gothiques, l’énigmatique carré SARTATRAS. Philippe Valcq, romancier et historien de Montreuil, s’est attardé sur certains aspects cachés de ce carré. La lecture de son roman ésotérique « La troublante et très étrange aventure de Maître Pasquier Alard – Chroniques d’une ville magique Montreuil-sur-Mer » apparaît comme un ravissement. L’auteur développe autour de ce carré, toute une étude très prenante nous plongeant dans les mystères montreuillois de l’Ordre du Temple.

Dans le journal « La Voix du Nord », édition de Montreuil du 29 août 2010, est évoquée l’étude de 200 pages inédite à ce jour de Jean Leroy, correspond du journal et historien de Montreuil. Dans cet article titré « SARTATRAS, une énigme autour des chiffres et des lettres », nous apprenons que ce carré dans lequel l’historien Montreuillois Roger Rodière reconnaissait un « faux air d’abracadabra, ou une forme cabalistique », n’est autre qu’un « cryptogramme possédant un sens mystique chrétien de grande profondeur ». Œuvre du moine Chartreux Nicolae Allou (1735-40), ce carré doit être suivant Jean Leroy, interprété en latin, la langue de l’Église, le tout dissimulé dans la valeur des lettres de notre alphabet : A=1, B=2… L’historien note : « SART, le début du mot SARTATRAS, évoque un champ de friche, comme une énigme précisément à défricher ! » Pour poursuivre en ce sens, j’ajouterai que ATRAS cache peut-être l’ancien mot ATRE, au pluriel, désignant suivant le dictionnaire Godefroy, un « portique, porche, parvis de l’église et terrain près d’une église jouissant de droit d’asile… par extens., cimetière, autrefois annexé à l’église. ». Le même mot dans le Forez désigne un auvent, balcon, galerie d’un chalet. La variante ASTRE peut s’avérer enseignante. Pour conclure sur ce point, ainsi que j’ai pu le mentionner dans quelques articles, SARTATRAS comporte également une lecture hébraïque…

http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Montreuil/actualite/Secteur_Montreuil/2010/08/29/article_sartatras-une-enigme-autour-des-chiffre.shtml

 

Le carré SARTATRAS

 

Hypothèse très intéressante, Philippe Valcq dans le livre précité, évoque dans le labyrinthe souterrain de la Chartreuse, la crypte aux trésors, où seraient cachés des livres mystérieux. Nous retrouvons ici l’idée du Tombeau, véritable bibliothèque, où dorment outre des livres de la Rose+Croix, des livres que Rabelais dans le Tiers Livre Pentagruel, nomme « livres dignes de haulte fustaye », ouvrages reconnus assurément par les Fendeurs. Pour Rabelais ces livres possèdent certaines propriétés occultes. Le plus important de ces livres de haulte fustaye, suivant le contemporain et ami de Nostradamus, n’est autre que ladite chronique Gargantuine dont il ressort pour le lecteur : emolument et utilité. Rabelais affirme que, de cette chronique il en a esté plus vendu par les imprimeurs en deux moys, qu’il ne sera acheté de Bibles en neuf ans. Ne faut-il pas prendre ici à contre-pieds, ce que nous dit Rabelais et penser qu’au contraire, la Bible apparait et reste LE livre de haulte fustaye le plus important de la fustaye ? Les deux mots « neuf ans » sous la plume de Rabelais s’appliquent au Livre des Livres : la Bible. Sachant que l’inscription de Mauron contient en elle une liste des livres de haulte fustaye, il devient intéressant d’évoquer 9     sous cet angle…

 

Ponson du Terrail : une clef pour un mystère

Ponson du Terrail fut l’auteur de nombreux romans parmi lesquels émerge le cycle de Rocambole, aventurier et justicier. De 1860 à 1862, l’auteur populaire publie « Les Chevaliers du Clair de Lune » qui comprend « Le Manuscrit du Domino et La Dernière Incarnation de Rocambole » (58 épisodes, La Patrie) ainsi que le « Testament du Grain de Sel et Le Château de Belle-Ombre » (74 épisodes, La Patrie).

 

Ponson du Terrail

 

Une mystérieuse femme, « Domino », de sa véritable identité Danielle de Main-Hardye, a été privée de son héritage suite à l’assassinat de ses parents par un diabolique personnage nommé Ambroise de Mortefontaine.

Quatre hommes, Gontran de Neubourg, Lord Blackstone de Galwy, Arthur de Chenevières et Albert de Verne décident d’unir leurs forces pour secourir « Domino ».  G. de Neubourg présente à ses trois amis, une fort belle idée : « Voyons ! ‘’ Nous sommes quatre, quatre amis, quatre hommes d’honneur, dont le seul crime est de s’ennuyer profondément ; je vous propose de fonder à nous quatre l’association des nouveaux chevaliers de la Table Ronde. Nous serons, en plein dix-neuvième siècle, de mystérieux redresseurs de torts, de pieux chevaliers de l’infortune, d’implacables ennemis de l’injustice… »

            Ce nouvel ordre de la Table Ronde fut celui des « Chevaliers du Clair de Lune. » Deux autres personnages apparaissent dans le récit : le capitaine Charles de Kerdrel, surnommé Grain-de-Sel, un semi-invalide de guerre et la courtisane Saphir. Nous apprenons au cours du récit qu’à la tête des Chevaliers du Clair de Lune, se trouve le justicier Rocambole.

Sur le site internet http://theudericus.pagesperso-orange.fr/Donnery/Donnery.htm nous trouvons une pertinente étude consacrée à la cité de Donnery. Ce haut-lieu situé dans l’ancienne forêt Carnute, fut une cité royale sur laquelle planait l’ombre de Dionysos puis de saint Denis, forme christianisée de Bacchus/Dionysos. Une variante ancienne du nom de la cité de Donnery, affirmerait et confirmerait la présence de Danois ou Dannes dans ce haut-lieu. Nous retrouvons le Dan final de Grénédan, attestant pareillement semble-t-il, une présence danoise à proximité du cœur de la forêt de Brocéliande. Nous pouvons également signaler la présence de Bck (Bek), variante du nom Bacchus dans l’inscription de Mauron, bien que ce BCK comporte assurément d’autres entrées.

L’auteur de l’étude affirme la présence des Fendeurs/Charbonniers à Donnery. L’un d’eux ne serait autre que Ponson du Terrail qui épousa en juin 1860 Louise Lucille, fille de Monsieur Jarry, maire de Donnery. Les Jarry-Morand étaient une respectable famille Orléanaise et Donnerysienne d’origine Lyonnaise.

 

Couverture de l’un des nombreux romans de la série Rocambole

 

L'œuvre populaire de Ponson du Terrail dissimule de manière ésotérique des secrets forestiers. Ainsi, suivant l’auteur de cette étude consacrée à Donnery :

« L'attribut de ‘’ Pleine Lune ‘’ qui caractérise cette société chevaleresque, rappelle bien évidemment la période nocturne pendant laquelle se déroulait les Rites Forestiers de la Charbonnerie. Les hôtes des bois et leurs rites donnaient naissance à de nombreuses légendes mais aussi de nombreux préjugés… »

L’auteur analyse avec pertinence, les patronymes des chevaliers :

« Le nom de Neubourg, étymologiquement, indique la ‘’ Nouvelle Cité ‘’ spirituelle que voulait créer les Bons Cousins l’Ordre des Fendeurs. Neubourg symbolise le monde nouveau en construction, la Cité Sainte des Roses+Croix.

« Le patronyme Blackstone de Galwy peut se traduire littéralement la ‘’ Pierre Noire des Gaëls ‘’, rappelant que Donnery est un des deux centres sacrés, un des deux omphalos Gaulois de la Forêt des Carnutes.

« Blackstone, rappelle la Pierre Noire rejetée par Chronos-Saturne qui est de fait la ‘’ Prima Materia ‘’ Alchimique mais également le symbole du ‘’ Charbon de Bois ‘’, matière alchimique de la Charbonnerie.

« La Pierre Noire rejetée par Chronos est un Omphalos, mais aussi un bétyle c’est-à-dire un Beith-El i.e. une ‘’ demeure divine ‘’ ou ‘’ Maison de Dieu ‘’. Considérée comme une pierre de Foudre, cette pierre noire, est donc semblable au ‘’ charbon de bois ‘’, pierre noire issue des feux de la Forge.

« Cette Pierre située au cœur de la Cité Sainte, est le Centre du Monde.

« Si Neubourg représente la finalité spirituelle de la Charbonnerie, le vocable de Blackstone rappelle en deuxième lieu également la matière Chaotique du commencement qui doit être travaillée spirituellement...

« Les deux autres patronymes des ‘’ Chevaliers de la Pleine Lune ‘’ rappellent les racines des rituels forestiers de la Charbonnerie à savoir deux végétaux.

« Chenevières rappelle le Chanvre symbole de l’initiation, de l’illumination, de la communion avec la Divinité, mais également par cabale phonétique le ‘’ Chêne Vert ‘’ représentant du renouveau et ‘’ Charbon de Bois ‘’ en puissance.

« Le chêne qui dans l’Ars Magna, symbolise l’Athanor ou four alchimique, représente de manière analogue la Forge dans la Maçonnerie Forestière

« Enfin le patronyme Verne (ou Vergne ou Aulne), arbre sacré des Celtes, provient du Gaëlique gwern (en breton gwern) terme qui signifie également ‘’ marais ‘’, car cet arbre pousse dans des lieux humides. Cet arbre symbolise les lieux secrets forestiers ou se réunissent les Ventes de la Charbonnerie, mais aussi l’univers entier : Traditionnellement, de l’aulne sont extraites trois teintes : le rouge de son écorce, la verte de ses inflorescences, la brune de ses rameaux. Les mythologies Celtes et Scandinaves y voient les symboles du feu, de l’eau et de la terre.

« (…) En résumé les patronymes des quatre chevaliers exposent la finalité, l’origine, les moyens (spirituels et opératifs) et l’univers de la philosophie hermétique de la Charbonnerie.

« De plus ces Chevaliers Initiés (Cabale) ne sont-ils pas référence aux Adeptes de l’Art Alchimique appelés ‘’ Baphus-Mete ‘’, traduit par Gérard de Sède par l’expression les ‘’ Teinturiers de la Lune’’. »

 

Du Neubourg ou Bourg-Neuf à Lan 9

Cette lecture charbonnière des Chevaliers de la Lune de Ponson du Terrail, éclaire étrangement l’inscription de Mauron où nous retrouvons outre le mot VERNE, le Neubourg identique à la Neuville des Chartreux… L’auteur de l’étude consacrée à Donnery présente le Neubourg comme la « Nouvelle Cité » que voulaient créer les Bons Cousins de l’Ordre des Fendeurs. Il ajoute : « Neubourg symbolise le monde nouveau en construction, la Cité Sainte Des Roses+Croix. » Neubourg, c’est le Bourg-Neuf que l’on peut telle l’oie, ouïr Bourg-9. Dans l’inscription de Mauron nous trouvons le mot LAN surmonté du nombre 9. Ce nombre va s’associer au VERNE, ainsi que nous le verrons mais il s’associe assurément, dans l’esprit rosicrucien, au mot LAN. Si ce mot doit se lire en première lecture : L’AN ou l’année, il évoque en seconde lecture, le toponyme vieux-breton LAN qui désigne une « terre sacrée » puis un « monastère » de type celte. Derrière le LAN 9 de l’inscription de Mauron semble se cacher ou se révéler le TRÉ-NONANT ou TRÉ-9 du Pays de Guérande.

Fernand Guériff, historien du Pays de Guérande, publia en 1988 la monographie « Saint Clair et la ‘’ Ville de Saillé ‘’ » (Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne). Dans le chapitre « Légendes… », l’ancien collaborateur d’Atlantis et de la Société de Mythologie Française, évoque le souvenir nébuleux d’une Ville de Trénonant dressée sur le coteau de Guérande. Un ensemble de « villas », proches les unes des autres, était encore ainsi nommé au XVIIème siècle, bien que l’emplacement fût déjà désert.

Trénonant : la « Ville des Neuf », n’est pas sans évoquer par son nom la Ville des Huit, l’Hermopolis de l’Égypte ancienne. Et c’est bien Toth/Hermès qui initie suivant F. Guériff le chemin tracé par les piliers templiers de la Collégiale Saint-Aubin de Guérande.

Le nombre huit, ainsi que le démontre le chercheur Didier Coilhac, apparait comme le nombre clef du règne de François Ier. Le roi fit venir Léonard de Vinci en 1516 à Romorantin (Donnery n’est pas très loin…) pour l’édification d’une nouvelle capitale ! Nous sommes au Centre de la France dans les marais de la Sologne, l’idée peut surprendre et pourtant Léonard dans les « Codex Arundel et Atlanticus », dresse les plans de la cité avec son Palais et son pavillon de chasse octogonal. Les maquettes aujourd’hui réalisées, alliées aux techniques de 3D, révèlent l’importance de la cité. Ces travaux devaient se conjuguer avec le grand projet Loire/Rhône, soit le ralliement de la Méditerranée à l’Atlantique. De gigantesques travaux prennent forme mais ils vont brusquement s’arrêter, suite à la mort de Léonard de Vinci en 1519 au Clos Lucé. Le Maître italien n’étant plus là, ses élèves n’eurent pas la compétence nécessaire pour réaliser son œuvre.

Cette Cité idéale, la ‘’ Nouvelle Cité ‘’ aurait été assurément placée sous le sceau du double F (8e lettre de l’alphabet) de François Ier, signe orienté tout à la fois vers la gauche et vers la droite. Nous retrouvons, bien que de graphie différente, ce double F de la Rose+Croix et de la Fenderie, présent dans l’inscription de Mauron. N’oublions pas que François Ier fut initié dans la Fenderie.

Le projet de la Cité idéale rêvée par le roi François Ier et par Léonard de Vinci ne put voir le jour. En ce qui concerne la Ville des Neuf nous ne savons quel monarque Breton conçut l’idée de cette Cité aux Neuf Tours évoquée par Fernand Guériff. Cette ville mythique, idéalisée, aura, ou aurait été, à la Bretagne, ce que la Ville Huit de Romorantin aurait été à la France.

Au cours de l’année 1499, la peste décime la cité de Blois où résident Louis XII et Anne de Bretagne. Les deux monarques sont accueillis à Romorantin par Louise de Savoie, veuve de Charles d’Angoulême. Durant ce séjour, le 13 octobre, la reine de France et duchesse de Bretagne met au monde une fille nommée Claude de France qui épousera en 1515 François Ier

 

Claude de France

 

Le Duché de Bretagne sera définitivement réuni au Royaume de France. Romorantin restera l’une des résidences, si ce n’est la résidence préférée, du roi et de la reine. 

La cité de Trénonant, par ses 9 Tours symboliques, conjugue toute une symbolique royale liée aux 9 Preux : Josué, David, Judas Macchabée, Alexandre, Hector, César, Arthur, Charlemagne, et Godefroy de Bouillon.

La réunion tripartite des Neuf Preux apparaît pour la première fois sous la plume de Jacques de Longuyon en 1312, dans « Les Vœux du Paon », œuvre rédigée pour Thiébaud de Bar évêque de Liège. Symbole de la naissance, le nombre 9 est aussi celui des sphères célestes et des cœurs angéliques. Roger Facon et Jean-Marie Parent dans le livre « Château forts magiques de France » (éditions Robert Laffont), notent au sujet de la symbolique de ce nombre attribué aux Preux : « Il symbolise aussi l’amour, d’où son importance dans les œuvres de Dante, dernier maître secret de l’ordre du Temple. »

Anne Salamon de l’université Paris IV - Sorbonne, dans son étude « Les Neuf Preux : entre édification et glorification » (Questes, N° 13), apporte de précieux éléments sur ce thème. À l’occasion de la mort de Philippe le Bon en 1467, Jean Molinet rédige un prosimètre « Le Trosne d’Honneur » dans lequel il raconte le dernier voyage du roi défunt : « Pour parvenir au trône, Philippe doit passer par neuf cieux où sont inscrites les neuf lettres qui composent son nom, Philippus. Il est accueilli par une dame, allégorie d’une vertu qu’il a manifestée pendant sa vie et dont l’initiale correspond à chacune de ces lettres, et celui des Neuf Preux dont les actes ont le mieux illustré cette vertu. »

Phelipe Bonamy et peut-être Marie Quernée, bâtisseurs de la maison et commanditaires de l’énigmatique inscription de Mauron, furent assurément maîtres dans l’enseignement philippin.

L’histoire mythique du Royaume Breton plonge ses racines dans l’épopée des 7 Saints Fondateurs de la Bretagne. De vielles légendes bretonnes ajoutent deux autres saints, portant ainsi le nombre de 7 à 9. Aux sept évêchés bretons de la Bretagne historique viennent se greffer les deux évêchés francs : Rennes et Nantes. Ces 9 saints pérennisent les 9 druides primordiaux. Autour de ces 9 druides se dessine toute une géographie sacrée de la Bretagne.

La neuvième vague ou neuvième flot, apparait dans la tradition celtique comme le lieu de tous les possibles, limite des eaux territoriales ayant une valeur spirituelle et magique. Cette ville sacrée, ville du miracle, n’est pas sans évoquer l’au-delà des trois-neuf terres, ou des trois-neuf mers, voir des trois-neuf montagnes, séjour des êtres d’exception évoqué dans les légendes slaves.

La symbolique de cette mythique cité bretonne se retrouve dans le thème bardique de la Ville du Neuvième Flot chantée par le barde Gallois Taliésin dans son poème « La Ville Sacrée » :

« Une ville sacrée est sur le neuvième flot… »

Les Fendeurs-Charbonniers Bretons sont les héritiers des Bardes Celtes dont le prince fut Taliésin, auteur du célèbre Combat des Arbres. Dans la « La Ville Sacrée », Taliésin, Front brillant, clame ces quelques vers :

« Une ville sacrée est sur le rivage du golfe

« où tous les habitants sont cousins et possèdent leurs demeures.

« (…)

« Celui qui n’est pas initié n’est pas admis aux fêtes du Nouvel An.

« (…)

« et puisse la postérité d’Owein venir en ce pays.

« Les Grands Bardes Gallois » (éditions Jean Picollec) – Traduction et notes de Jean Markale.

Cette ville de « Cousins » pouvait assurément parler aux Bons Cousins Fendeurs-Charbonniers dont le roi François Ier fut parmi ses Cousins, un haut dignitaire. Quant à Owein et à sa postérité digne de venir en ce pays, elle nous ramène aux PM ou Plessis-Mauron qui arboraient sur leur blason un Lion de Gueules. Ce Lion de Gueules fut de tradition, celui que le chevalier de la Table Ronde Owein ou Yvain arborait sur son blason lorsqu’i vint affronter le Chevalier Noir en forêt de Brocéliande à la fontaine de Barenton.

Suivant une tradition, c’est dans cette cité du Neuvième Flot que fut cachée l’épée Excalibur. Or, il semble bien que cette mystérieuse épée soit évoquée dans l’inscription de Mauron.

Le M fermant la deuxième ligne de cette inscription rappelle par sa forme le Mem hébraïque, marqué d’un point en son pied. Ce point, sur lequel nous reviendrons, rappelle par sa position, le point-voyelle vocalisant le son « i » dans l’écriture hébraïque. Ce M ou Mem donne à penser que le M de la première ligne doit être lu comme un Mem dont la signification hébraïque est : les Eaux. De ce M, de ces Eaux, surgit la croix… ou l’épée. Dans la tradition celtique, Excalibur, l’épée Dragon des Pen-Dragons émerge des eaux. Le serpent-dragon n’est-il pas présent sur cette même ligne, mettant en relief le mot SAR aux significations enseignantes ? Cet autre livre (LM) évoqué ici pourrait-être le mystérieux Livre d’Excalibur dont les liens avec la Royauté et à ses Secrets ont été évoqués.

L’énigmatique nombre 9, qui est en fait la lettre Q de QVERNE, mais inversée, émerge dans l’inscription au-dessus du mot LAN (formant ainsi l’expression Au Gui l’An Neuf ou 9…) entre MAVRYE et VERNE. Il révèle tout à la fois une date et un lieu. Très présent dans la toponymie bretonne, le mot LAN se retrouve près de Guérande dans LANCLIS. La seconde partie de ce nom serait suivant Fernand Guériff une « déformation du breton Clez qui signifie ‘’fossé’’, ‘’retranchement’’ ». Cette fermeture (autre sens de Clez) joue avec les mots bretons Cleus, « creux » (se déclinant en Cleuser « creuset », « lampe à huile » et Cleuzenn, « caverneux » ou « arbre creux »), et Cleze, « épée », clef d’importance dans cette énigme.

Ancien site gallo-romain, Lan-Clis est une pointe sur laquelle le prince breton Pascweten éleva au IXème siècle un château. Au XIXème siècle Aristide Monnier ou P.-A. Monnier, de Nantes, publie le livre « Le Pays de Guérande » (Angers 1897). Il y évoque notamment les ruines d’habitations de Lan-Clis qui laissaient deviner d’épaisses murailles ainsi que la porte d’une chapelle ; vestiges suivant l’auteur d’un poste important que les Templiers auraient établis à l’emplacement du château. Lan-Clis, « pointe de terre d’une qualité stratégique certaine » ainsi que l’écrivit Fernand Guériff, gardait l’accès du Coteau de Guérande.

F. Guériff dans ses écrits cite très souvent, avec réserve d’usage, son devancier Aristide Monnier. Des recherches à la médiathèque de Nantes me permirent de découvrir que cet auteur de la fin du XIXème siècle qui usait, dans la signature de ses ouvrages, d’initiales propres aux Rose+Croix, fut aussi le véritable auteur du livre hermétique « Clef des œuvres de Saint Jean et de Michel de Notredame » (31 août - jour de la saint Aristide ! -1871) réédité par les éditions ARMA ARTIS. Il signa ce livre sous le pseudonyme M. A. de NANTES, soit le Maître Anonyme de NANTES ou bien encore le Maître Artiste – au sens rosicrucien du terme. Il fut également l’auteur d’un second livre se référant à Nostradamus.

Dans la « Clef… », Monnier écrit : « Les Nantais ne peuvent manquer de recevoir bientôt celui en qui doivent revivre le caractère et les vertus d’Henri IV et de saint Louis. » Nous retrouvons ici le mythe du Grand Monarque.

Il convient à présent de rappeler que, suivant la Philippide de Guillaume le Breton, et les consuls de Toulouse, le roi Philippe Auguste, dit Dieudonné, fut avant même sa naissance, annoncé comme le Verbe né de la chair de Louis VII. Il préfigure dans la vision symbolique médiévale, le thème de ce Grand Monarque aux qualités messianiques. Les spécialistes ont longtemps pensé que la Philippide de Guillaume le Breton avait notamment inspiré le Livre des faits d’Arthur mais les recherches de Gwenaël Le Duc ont démontré que ce dernier ouvrage était antérieur au premier... L’hypothèse inverse devient donc pareillement plausible. Aussi n’est-il guère surprenant de retrouver de façon voilée dans l’inscription de Mauron, quelques références aux Mystères Philippiens et à l’univers du roi Arthur que nous retrouverons plus avant.

 

Mystères Philippiens de l’inscription de Mauron

PHELIPE BCKИAM : Ce nom et ce prénom occupant toute la seconde ligne sont, de nature assurément philipienne.

Le prénom PHELIPE évoque l’apôtre Philippe. Une tradition veut que le disciple de Jésus ait évangélisé la Gaule. Sa mission gauloise, reconnue par certains Pères de l’Église, trouvait son prolongement dans celle de Joseph d’Arimathie qui de tradition serait venu en forêt de Brocéliande et finit ses jours en Grande-Bretagne. Saint Clair, premier évêque de Nantes aurait été missionné par le pape saint Lin auprès de Philippe. L’apôtre de Nantes assisté de son diacre Déodat ou Dieudonné, Don de Dieu, rencontre en Bretagne Drennalus, disciple de Joseph d’Arimathie. À Saillé, cité médiévale voisine de Trénonant, Clair fonde de tradition un monastère. Il reste le grand évangélisateur de la Presqu’île de Guérande.

La présence de l’apôtre Philippe en Gaule est attestée par Julien de Tolède et par Isidore de Séville. Ce dernier dans « le Livre de la Vie, de la naissance et de la mort des saints » écrivit : Philippus Gallis prœdicat Christum. De vieux historiens reconnurent dans Gallis la Gaule, mais beaucoup plus nombreux furent ceux qui rapportèrent cette prédication aux Galates. Pour Isidore, Philippe prêche JÉSUS-CHRIST aux Gaulois ; les nations barbares voisines, qui habitaient dans les ténèbres, sur les bords de l’océan furieux. Il les conduit à la lumière de la science et au port de la foi. Sa mission gauloise achevée, Philippe s’en retourna en Grèce, puis chez les Scythes au nord de la Mer Noire. Il fut crucifié à Hiérapolis en Phrygie vers l'an 60.

Le nom de l’apôtre est d’origine grecque et signifie « ami du cheval » mais Jacques de Voragine dans la Légende Dorée met en avant la signification : « Bouche de Lampe » dans laquelle il convient de retrouver la traduction de l’hébreu Phé Lapid. Le mot Phé ou Pé, la « bouche » donne son nom à une lettre et cette lettre, cette bouche est Lapid : « flamme », « flambeau », « torche ». La « Bouche de lampe » qui met en relief la « parole dorée » expression médiévale évoquant l’éloquence, se rapporte assurément, à la lumière de l’inscription de Mauron, à Dion Bouche d’Or, thème hermétique apparaissant dans le Manuscrit de DION BOUCHE D’OR dont l’auteur est le célèbre Chartreux Dom Polycarpe de la Rivière que nous retrouverons dans le deuxième volet de ce dossier.

Une symbolique toute buccale ou oraculaire de nature fuégienne, semble pénétrer cet énigmatique PHELIPE BCKИAM. Si l’on décompose de façon cabalistique (cabalos : le cheval) le nom PHELIPE, nous découvrons outre le mot PHÉ ou PÉ : la bouche en hébreu, l’ancien-français « lipe » ou « lippe » : la lèvre. Vient ensuite le nom BCKИAM qu’il convient pareillement de lire en chevauchant la cabale. Nous trouvons tout d’abord dans les trois lettres BCK, le mot BEK ou BEC issu du gaulois bocca, la « bouche ». Il convient de rappeler que BEK apparaît aussi comme une variante de BACCHUS, soit Dionysos ou Dion… Bouche d’Or ! Voici qu’apparait ensuite l’hébreu NAM ou plus justement NAAM : « parler – annoncer - prophétiser » - NAOUM : « parole - oracle »… l’Oracle de Dion ou… l’Oracle Bade-Bec !

 

À suivre




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