SEPTEMBRE 2015





Par
Michel Barbot


PHELIPE ET MAVR

OU LA PROMESSE D’UNE EAU D’OR SUR LA SPIRALE DE LUMIÈRE


DEUXIÈME PARTIE

 
JEU DE PILA SUR JEU DE L’OIE



La première partie de ce dossier se terminait sur l’analyse du mot BCKNAM pouvant ouvrir sur Dion Bouche d’Or ou l’oracle de Bade-Bec. Nous poursuivons aujourd’hui l’étude passionnante de cette pierre gravée, et de son curieux relevé publié par Jean Dessus, qui de Bretagne nous emmènera en Provence et dans le Pilat…


L’inscription de Mauron

(Relevé de Jean Dessus)



<RETOUR AU SOMMAIRE DE LA GRANDE AFFAIRE>



Un jeu de l’oie géographique et temporel

Le concepteur de l’inscription de Mauron nous invite à jouer un jeu hautement symbolique : le Jeu de l’Oie Bade-Bec. Le millésime de l’inscription 1630 contient dans son cœur un indice d’importance, le nombre 63. Ce nombre doit être relié au nombre 9 de la troisième ligne (en réalité le Q initial inversé de Querne). De taille plus importante que les lettres qui l’entourent, ce Q devenu un chiffre 9 oriente le joueur sur la spirale du jeu de l’oie. Placé entre MAVRE et VERNE, entre Lumière et Marais, il nous éclaire. MAVRE qu’il convient de rapprocher de l’hébreu MAOUR, « grand luminaire céleste », est habité – entre le R et le E – non par la lettre y mais par la lettre hébraïque Aïn, dont la signification est « œil » mais aussi « source - fontaine ». 

 

Comparaison entre le mot MAVRYE de l’inscription et la lettre hébraïque Aïn

 

François Rabelais dans le Tiers Livre déroule le Jeu de l’Oie. Claude Gaignebet (Rabelais le Tiers Livre et le jeu de l’oie – éditions Lume) grand spécialiste de l’œuvre rabelaisienne l’a bien compris, pour pénétrer ce JEU et surtout le jeu proposé par Rabelais, il convient de dérouler le Jeu de l’Oie non seulement jusqu’à la case 63 mais bien jusqu’à la case 108 : « Les historiens citent des jeux de l’oie à 108 cases. Pour parvenir à Bacbuc-Badebec dans sa fontaine et ouïr de son caquet ou son « gug gug », les voyageurs doivent, tournant toujours sur la gauche, parcourir une spirale descendante de 108 marches. » Ceci équivaut pour l’auteur à descendre de la tour de Babel et revenir à la base, « là où tous les peuples parlaient un même langage. » L’auteur insiste sur l’importance des nombres 54 et 108 (54 x 2). Il apparaît suivant C. Gaignebet que la spirale de Badebec, par delà la tour de Babel – le Parlement de Myrelingues de Brydoye – nous conte une histoire remontant aux temps pré-diluviens : «  Si Badebec est littéralement une oie, celle-ci peut-elle engendrer des géants ? Le fondateur de la lignée gigantale est-il oie ou jar ?(…) Le géant Og, rescapé du Déluge, ne porte pas selon les dictionnaires, un nom sémitique. Il dirige l’arche en pédalant des pieds comme le pilote se tient en poupe. »

Il n’est peut-être pas inintéressant de rappeler que le mot ARCHE de Noé traduit l’hébreu Tébah dont la signification est : « Mot ». Pour les Rabbins, plus qu’un zoo flottant, l’arche apparaît comme une bibliothèque flottante, un bateau-livre.

Albert Soued analyse d’intéressante façon les deux composantes de l’arche : l’arche-contenant et l’arche-mot. Une légende raconte qu’un gros animal – le réém – ne put entrer par la porte de l’arche. Pour le sauver, on l’attacha par une corde à l’arche et on le tira, le rééem fendant alors les eaux du Déluge. A. Soued commente ainsi :

« On a vu que ‘’ Tébah ‘’ ou taw-bet-hé est l'Arche, mais elle signifie aussi ‘’ le mot ‘’. Le gros animal ‘’ réém ‘’ ou resh-aleph-mém est l'anagramme du mot ‘’ amar ‘’, le dire, mais aussi la parole primordiale créatrice. Pour faire le lien avec notre histoire, cette parole créatrice est trop importante et ne peut entrer dans ‘’ le mot-arche ‘’ construit par les hommes. Elle a dû être tirée dans le temps et dans l'espace comme le gros animal, en dehors du langage humain, jusqu'au jour où une porte suffisamment grande s'est ouverte vers l'extérieur pour exprimer quelque chose ‘’ davar ‘’, une parole organisée ‘’ dibour ‘’ dans l'immensité du désert du Sinaï ‘’ midbar ‘’ : c'est le don de la Torah, verbe mais aussi lumière. » http://soued.chez.com/arche.htm

Il convient de signaler ici que le réém, de tradition, évoque un taureau sauvage vivant dans les forêts, mais il évoque aussi la licorne. Au pluriel nous trouvons la forme Réémim caractérisant des démons, ainsi que la forme Ramim, (les élevés – ceux des Hauteurs…) désignant une catégorie d’êtres célestes. Rashi de Troyes insiste dans son commentaire sur la force ou puissance du Réém qu’il compare au vol puissant des oiseaux. 

Og, puissant géant dont le nom signifierait : au long cou, peut être rapproché du Réém attaché à l’arche de Noé. Bien présent dans la tradition hébraïque Og n’apparait pas dans l’inscription de Mauron mais la présence suggérée de Badebec autorise son évocation. Le Déluge auquel aurait échappé Og, est provoqué suivant Genèse 7-11 par l’ouverture des cataractes du ciel et par le jaillissement (Baqa’-) des sources (Aïn-)

Les géants, progéniture de Badebec (chez Rabelais) dont le nom peut être ouï Bade-baqa, sont détruits par les eaux du Déluge. Mais l’un d’eux, Og, par son intelligence utilise le jaillissement des Aïn- pour survivre à la catastrophe. De tradition, ce jaillissement, devait permettre aux repentis de la dernière heure d’avoir la vie sauve. Le géant est-il un repenti de la dernière heure ? Toujours est-il, Long cou, eu l’intelligence nécessaire pour survivre.

Suivant le Sepher ha-Zohar ou Livre de la Splendeur, un âge sera à l’image du Déluge de Noé, mais cette fois avec un monde inondé de sagesse plutôt que d’eau. Au sixième millénaire, les portes de la sagesse céleste s’ouvriront, tout comme les sources de la sagesse terrestre, pour préparer le monde à être élevé au septième millénaire.

Cet âge suivant le Rav Tzvi Freeman, le sixième siècle du sixième millénaire, correspond dans le calendrier juif à la période allant de 1740 à 1840, période de progrès radical dans la technologie et la science. À cette même époque, les portes de la sagesse céleste s’ouvrirent à travers les maîtres hassidiques de la Kabbale.

Les deux sagesses, l’une terrestre et l’autre céleste, pourront fusionner en une seule et inonder le monde jusqu’à ce que s’accomplisse la promesse du prophète :

« Ils ne nuiront pas, ils ne détruiront pas sur tout le mont de mon sanctuaire ; oui, la terre sera pleine de la pénétration de IHVH-Adonaï, comme les eaux couvrent la mer. » (Isaïe 11:9) – Traduction André Chouraqui.

L’hébreu Baqa signifie « fendre - jaillir » mais aussi « couver - fendre des œufs »… l’oisillon sort de sa coquille. Toute une symbolique tourne autour de cet œuf fendu. Claude Gaignebet lors d’une conférence consacrée à « La mythologie du jeu de l’oie – Besançon Saint Martin 2009. », s’est attardé sur l’œuf du monde de la tradition égyptienne pondu par le grand jars criailleur : « À Thèbes on montrait les 2 coquilles de l’œuf d’où est sorti le monde. »

Ainsi par ce jaillissement, par cette éclosion, unit à d’autres éléments non plus terrestres mais célestes, la Terre fut recouverte par les eaux du Déluge. Ces eaux sont évoquées dans l’inscription par la lettre Aïn – source – ainsi que par la lettre Mem – les eaux. Cette lettre ferme dans l’inscription de Mauron, le mot Na(a)m dont la signification est « prophétiser ». Les eaux de la prophétie sont annoncées par les eaux du Déluge qui dura suivant la Bible 40 jours – 40 valeur numérique de la lettre Mem. La décrue et ainsi, la réapparition de la terre sèche sont graphiquement représentées dans l’inscription de Mauron par le M de la première ligne surmonté de la croix ou épée. Les Rabbins évoquent une résurrection de la Terre et les Chrétiens comparent cet évènement majeur biblique à la mort et à la résurrection du Christ… la croix triomphe de la mort ! L’Arche / Église a triomphé de la mort et voici qu’apparait la Pâque, le Passage triomphant.

Dans le Livre de la Genèse (8-13), l’expression évoquant l’assèchement des eaux du Déluge est Harabou haMaïm. Le mot Harab signifie à la fois « sec » et… « épée », d’où  cette traduction, bien que très peu usitée car nos traductions européennes retiennent plus sûrement le sens de destruction, ruine ou mieux, tarissement  Car oui, l'épée de l'eau désigne tout à la fois dans le texte de la Genèse, le tarissement des Aïn- (sources) ou de Maïm/Mem (les eaux) et la résurgence des terres immergées… le sec ou l’épée, émerge des eaux.

 

Mauron (Morbihan) – la maison où est visible l’inscription

(en façade principale, gauche, au-dessus de la porte)

 

Revenons à présent au millésime 1630 de l’inscription mettant en relief ce Jeu de l’Oie. Cette spirale apparaît tout à la fois, géographique et temporelle. L’aspect temporel de ce jeu, nous l’avons indiqué, apparaît lié, au-delà du nombre 63, aux nombres 54 et 108.

Roger Facon, auteur impliqué notamment dans l’énigme de Rennes-le-Château, évoque de façon très intéressante « La loi des 108 ». Dans son livre « Les dossiers secrets de MAURICE LEBLANC Père d’Arsène Lupin » (éditions Savoir pour être), il rappelle que Béranger Saunière découvrit un tombeau le 21 septembre 1891. « Probablement s’agissait-il de la crypte dans laquelle, selon un obituaire des XVIIe et XVIIIe siècles, reposaient plusieurs des anciens seigneurs locaux. »

L’auteur rappelle la « MISSION 1891 » que l’abbé fit graver sur le pilier wisigothique. La proclamation de cette mission pour l’ouverture d’un tombeau correspond dit-il, au « modus operandi des serviteurs de la Rose-Croix ». R. Facon rappelle cette tradition rosicrucienne affirmant « que l’existence et la mise en sommeil de la Fraternité R + C soit régie par la loi dite des 108 ans. D’après cette loi, quand la Fraternité sort d’un cycle de sommeil de 108 ans, on procède à l’ouverture – qu’on aurait tort de croire uniquement symbolique – d’un tombeau. On met au jour l’un des dépôts sacrés dont la Fraternité a la garde (documents + trésors aurifère). Et on proclame officiellement entamé le nouveau cycle d’activités… »

En admettant que l’ouverture du tombeau de Rennes-le-Château a été opérée en 1891, « on ne peut nier que l’année 1783 ait vu se clôturer le précédent cycle d’activités. » L’auteur rappelle que cette année-là, l’abbé Bigou a rédigé, après la fermeture du tombeau de Marie de Nègre, la célèbre épitaphe aux « quatre mots boiteux ». L’auteur rappelle ensuite, que 108 ans plus tôt, en 1675, une autre phase d’activités a pris fin. « Soit l’année où l’abbé Montfaucon de Villars a été assassiné – et mis au tombeau – pour avoir publié Le Comte de Gabalis, ouvrage rosicrucien qui livrait quelques-unes des clefs de localisation de la Menorah. (La Compagnie du Saint-Sacrement s’était sabordée moins d’une décennie plus tôt et Nicolas Pavillon n’avait plus que deux ans à vivre.) »

Je ne puis que renvoyer le lecteur à mon article « Lumière Messianique sur le mariage de la Vierge » publié dans les Regards du Pilat. Dans ce Dossier je jetais une passerelle entre le Comte de Gabalis et le Mont Pilat… Il n’est sans doute pas inintéressant de rappeler ici l’ancien cachet de la commune de Doizieu, reformulant le Chandelier à sept branches, la Menorah – voir sur le sujet mon petit conte de Noël « ET MELCHIOR CHANTA ».

 

Un jeu de l’oie où l’on peut taper la balle avec l’abbé Bérenger Saunière

Cette phase d’activité prenant fin en 1675, avec la mise au tombeau de l’abbé Montfaucon de Villars, fut ouverte en l’année 1567. Nous pouvons ainsi découvrir que l’année 1630 de l’inscription de Mauron se situe précisément durant cette phase d’activité de la Rose-Croix. Le millésime de l’inscription est précédé du nombre 9 (l’An Neuf).

 

Détail de l’inscription – faut-il comprendre L’AN 9 avant 1630 ?

 

Une nouvelle date semble à présent jaillir dans l’inscription. Il convient peut-être, pour la découvrir, de remonter le temps, soit LAИ 9 avant 1630 ? Ce nouveau millésime correspondrait à l’année 1621.  Intéressante est cette date car elle marque précisément la moitié de ce cycle de 108 ans, soit les 54 années rabelaisiennes mises en relief par Claude Gaignebet.

L’AN 1621 fut une date d’importance dans le monde de la Rose-Croix. Cette année-là, le docteur et alchimiste Adrian von Mynsicht publie sous le pseudonyme d’Heinrich Madathanus, l’Aureum Seculum Redivivvum, L’Âge d’Or Restauré 1621. Le philosophe Allemand ouvre son étude en revisitant par le biais de l’hermétisme, le verset 5 du 1er chapitre de l’Épitre de Jacques : « LE TRÈS ANCIEN ÂGE D’OR QUI AVAIT DISPARU S’EST MAINTENANT LEVÉ DE NOUVEAU : ET PRODUIT DES SEMENCES D’OR PARFUMÉES (…). »

Dans son avant-propos, l’hermétiste affirme : « le Dieu Tout Puissant ouvrit mes yeux à l’illumination de Son Esprit Saint (…). Aussi j’aperçus le vrai CENTRUM IN TRIGONO CENTRI, la seule et vraie substance de la Pierre du Noble Philosophe… »

Le CENTRUM IN TRIGONO CENTRI, le Centre dans le Triangle du Centre, lui fut dévoilé en songe par le roi Salomon. La douce colombe du Cantique des Cantiques devient une clef pour ouvrir le temple ; pour pénétrer dans la Place Sainte et pour saisir les cornes de l’autel… tel est le Centre que le roi Salomon présente sous les traits d’une femme nue avec une blessure saignant à la poitrine : « son nombril était semblable à une coupe ronde, qui ne manquait pas de liqueur… »

Il devient intéressant de rappeler, ainsi que je l’évoquais dans mon article « SAREK ou le nombril du monde » (Pégase N°11 avril/juin 2005), que l’expression « Ton nombril » (Cantique des Cantiques, 7-3) semblable à une coupe, voir à un cratère lunaire suivant la traduction d’André Chouraqui, traduit l’hébreu Sar(r)ek. En effet, le mot SAR (SARR ou SARRAR) signifie « nombril » et ce nombril, le SAREK, ainsi que je le développais, pourrait désigner l’île bretonne de Dumet au large de Piriac dans le Pays Nantais. En 1913, une étude du professeur Alphonse Berger a localisé le pôle continental sur l'île Dumet. Bien que certaines traditions puissent soutenir cette découverte, il faut reconnaître que la localisation du Nombril du monde varie suivant les études effectuées. La racine hébraïque SAR apparait par trois fois dans ce même verset biblique mais avec des significations différentes dans les trois cas. Reste que nous retrouvons la racine SAR dans l’inscription de Mauron…

Revenons à présent à ce Centre, non pas du monde, mais du Triangle d’Heinrich Madathanus. Ce fut dans l’édition 1625 de l’AVREVM SECULUM REDIVIVVUM qu’apparait sur la page de titre, le cartouche représentant le Sceau de Salomon sur lequel se matérialise le CENTRUM IN TRIGONO CENTRI :

 

Frontispice de l’Aureum Seculum Redivivvum.

 

Il est aujourd’hui connu que l’abbé Bérenger Saunière curé de Rennes-le-Château, utilisa comme ex-libris le Sceau de Salomon d’Heinrich Madathanus que l’on retrouve sur la PORTE MAGIQUE de la villa Palombara de Rome. Il convient de lire sur le sujet la très intéressante étude d’Eugène Canseliet dans son livre « Deux Logis Alchimiques ». Nous trouvons ici l’origine du cartouche BS présent sur le bénitier de l’église de Rennes-le-Château. Les lettres BS comportent en fait de nombreuses entrées. L’origine de ce sigle n’est sans doute pas étranger à l’Atbash hébraïque, méthode cryptographique biblique où le B ou Beth seconde lettre de l’alphabet permute avec le Shin ou Sin, avant-dernière lettre de l’alphabet.

Certains auteurs spécialisés dans l’affaire ou les affaires liées à Rennes-le-Château, ont utilisé le Sceau de Salomon présenté par Heinrich Madathanus pour tenter un décryptage du tableau de Nicolas Poussin « Les Bergers d’Arcadie ». Ces mêmes auteurs ont pareillement projeté sur la carte de l’ancien royaume de France, ce même Sceau de Salomon avec le CENTRUM IN TRIGONO CENTRI. L’une des pointes de ce Sceau de Salomon, ainsi qu’il a pu être noté, marque le Pays Nantais…

TRIGONO (TRIGON-TRIGONI), c’est le Triangle, mais c’est aussi une balle pour un jeu à trois. Nous pouvons nous représenter l’abbé Bérenger Saunière  de Rennes-le-Château tapant la balle, le Trigono, au cours d’un match acharné associant les abbés Henri Boudet de Rennes-les-Bains – dont le Livre de l’OIE (IX OIE) figure sur sa tombe –  et Antoine Gélis de Coustaussa dont nous connaissons la fin tragique.

Laissons à présent nos trois joueurs de TRIGONO et poursuivons notre périple dans le Pays Niçois.

 

Le village de la Tour-sur-Tinée (carte postale ancienne)

 

La Tour-sur-Tinée ou l’étrange reflet d’un mystère caché dans les frondaisons de Brocéliande

Au hasard de mes recherches je découvris il y a de cela quelques petites années, le très intéressant site internet archeo-alpi-maritimi. J’y trouvais l’article « GRAVURES DE TOURNEFORT ET DE LA TOUR SUR TINEE 06710 », dans lequel apparaît la photo d’une curieuse inscription sortie d’une étude de Monsieur R. BARBES datée de mars 2004 : « LA TOUR SUR TINEE 06 Maison de Lyons Inscription ésotérique » :

 

L’inscription de la Tour-sur-Tinée

http://www.archeo-alpi-maritimi.com/gravure_la_tour.php

 

Bien que l’ombre des Templiers semble planer sur cette commune des Alpes-Maritimes, cette curieuse inscription gravée sur la maison Lyons apparaît beaucoup plus récente ainsi que le démontre le décryptage :

 

Décryptage de l’inscription de la Tour-sur-Tinée révélant la date 1626 (M 626)

 

« On peut voir, écrit l’auteur de l’article, en allant de la gauche vers la droite, un signe qui ressemble à la lettre M. Sur le jambage droit un signe en croissant  de lune tourné vers le haut de même taille que les autres croissants décrits ci-dessous. »

Cette lettre M dans sa graphie, si ce n’est le signe qui la surmonte (signe visible sur certains Chiffre de quatre…), apparaît identique à la graphie du M de la seconde ligne de l’inscription de Mauron, dans sa version du relevé de Jean Dessus :

 



Comparaison entre les M de Mauron (à gauche) et de la Tour-sur-Tinée (à droite)

 

L’auteur poursuit : « Sur la partie droite du cartouche ont été sculptés trois signes qui pourraient former un groupe. Le signe du milieu fait penser à un bâton avec un Z ou à un caducée.

« On peut envisager un signe mâle. Les deux signes qui l’entourent sont identiques. Il s’agit de deux losanges surmontés d’un croissant de lune, tous signes féminins

« Signalons que sur une façade voisine de quelques mètres de la maison Lyons dans la rue qui aboutit à la grand-place on voit aussi un cartouche de même aspect avec un boudin important mais la sculpture intérieure parait avoir été martelée.

Pour l’auteur : « Une tentative d’explication pourrait être la suivante, concernant le cartouche en s’appuyant sur le fait que dans certains cas, assez rares on peut constater dans une datation le mélange de chiffres romains et de chiffres arabes. Suivant l’hypothèse, peut être hardie, exprimée sur le croquis joint l’inscription pourrait correspondre à la date 1626.

« Jean Laffitte (1) page 253 a envisagé l'hypothèse d'un caducée pour le troisième signe du fait de la proximité de l'hôpital. Pourquoi ne pas imaginer alors que le ‘’ 2 ‘’ a été camouflé dans un caducée ? »

(1) : Laffitte Jean - mémoires de l'IPAAM Tome XLVIII - 2006

L’auteur rapproche ce cartouche du chronogramme. Le chronogramme caractérise une date en chiffres romains, arabes ou hébreux, cachée dans un mot ou groupe de mot. Le chronogramme est dit naturel, lorsque les lettres (chiffres) sont de taille supérieure aux autres lettres. Nous aurions ici un chronogramme non naturel. Le millésime 1626 rentre tout à fait dans la phase d’activité des 108 ans de la Rose-Croix évoquée plus haut.

L’auteur de l’article associe cette inscription à une seconde inscription, ô combien importante dans le cadre de notre étude : « Pour mémoire, on peut signaler sur la droite de la maison Lyons, une inscription de style gothique signifiant "ELAS FAUT MORIR", ou " CLAS FAUT MORIR" avec une croix de Savoie à droite. Selon PCAM (2) page 983 cette maison a été construite à partir du XVème siècle.  Elle a servi d’hôpital à un moment donné. » 

(2) : PCAM, patrimoine des communes des Alpes maritimes, Éditions Flohic

Voici l’inscription :

 

 

Seconde inscription à la Tour-sur-Tinée « Elas faut morir »

 

Cette inscription assurément complexe, présente un curieux ELAS ou CLAS FAUT MORIR. Cette sentence rappelle étrangement le cri de guerre des Plessis-Mauron qui était… PLEISSIS MAURON ou PLESSIS MOURON, jeu de mots dans lequel il convenait de retrouver en vieux français les verbes « maurer », « maurir », mûrir, devenir sage, « morir », mourir et peut-être le mot « more » désignant la pointe de l’épée, une lame, un tranchant. Lorsque cette famille bretonne s’est éteinte, le cri de guerre est devenu celui de la branche cadette : les Plessis-Mauron-de-Grenedan ou Plessis-de-Grenedan.

Le « Plessis Mouron » fataliste sous-entend : « S’il plait à Dieu, Mourrons ! »

Nous pouvons également noter que le mot « FAUT » est curieusement écrit FAUF. Nous retrouvons les deux F ou FF de l’inscription de Mauron. Il parait aussi intéressant de s’attarder sur la forme des lettres « a » de l’inscription, et principalement sur la première lettre « a » placée à la gauche du S serpentiforme. Si l’on retourne ces deux lettres, voici qu’apparait l’étrange SB du TRIGON. Sommes-nous sur la bonne piste ? :

 

Retournement des lettres AS : on découvre les lettres SB

 

Cette inscription est assurément un très important indice, véritable signe de piste placé sur le Jeu de l’Oie dont allons enfin découvrir le véritable TRIGON. 

À Mauron nous avons la date 1630, à la Tour : 1626 – soit pour cette dernière date, l’année qui suivit la révélation graphique du TRIGON Rose-Croix d’Heinrich Madathanus. Enfin, à la Tour les deux 6 sont curieusement représentés par un signe représentant un losange ou mieux une macle, meuble héraldique bien présent dans le blason des Plessis-Mauron :

« D'argent, à la bande de gueules, chargée de trois macles d'or, accompagnée en chef d'un lion de gueules, armé, lampassé et couronné d’or. Cri : Plessis-Mauron ! Cimier : Le lion, issant. Supports : Deux lions. (Bretagne) »

 

Blason des Plessis-Mauron

 

Case 108 : l’Oie Badebec garde la Porte de son Jardin

Le Jeu de l’Oie long de 108 cases déroule son interminable parcours sur la Terre de France. Le pèlerin a joué et gagné. Badebec lui ouvre la Porte du Jardin de l’Oie. Louis Charpentier dans son livre « Les Géants et le mystère des origines », avait mis en lumière la présence d’un tel jeu sur le vieux sol gaulois. Cette Spirale de Lug inspira l’écrivain de science-fiction Jonas Lenn pour ses romans « La Spirale de Lug » et cette suite « Captifs de Terroma ? » aux Éditions LA CLEF D’ARGENT.

L’ultime partie de ce Dossier doit beaucoup à notre ami Patrick Berlier. Sa vision très personnelle de l’inscription de Mauron ne suivait pas à proprement parler, celle que j’ai pu suivre tout au long de ce Dossier. Patrick allait de suite à ce que je puis aujourd’hui appeler le Jardin de l’Oie. Notre ami Stéphanois apporte, par ailleurs, dans son livre « La Société Angélique » (éditions Arqa), d’importantes informations que l’on peut associer à notre Gardien du Seuil, l’Oie Badebec.

Dans un courrier daté du 26 septembre 2002, Patrick reconnaissait qu’il puisse y « avoir quelques rapport avec le ‘’ Dion Bouche d’Or ‘’ de Polycarpe » mais néanmoins prudent il ajoute : « Notre prieur Chartreux est-il allé en Bretagne ? À ma connaissance non, mais on ne sait jamais. ».  

En 1630, année où fut gravée l’inscription de Mauron, Polycarpe de la Rivière devient prieur de la Chartreuse de Bonpas. Fut-il en relation avec Jean Mellet prieur de la maison de Nantes, envoyé de la Chartreuse de Grenoble ? Le prieur de Nantes « remarquable par son esprit de recueillement et par sa patience dans les infirmités », meurt le 24 mai 1637. Il est bien connu que l’esprit de recueillement, favorise la Révélation…

Ajoutons que l’année 1621 (LAN –9 avant 1630) millésime révélé par l’inscription de Mauron, fut, nous l’avons vu précédemment, l’année où le Rose-Croix Heinrich Madathanus publie  l’Aureum Seculum Redivivvum, et c’est aussi en cette même année que Polycarpe rédigea en trois tomes, le « Le Mystère Sacré de Nostre Rédemption ». Dans ses documents manuscrits figure le Manuscrit de Dion Bouche d’Or. En réalité, Dom Polycarpe s’est inspiré d’un texte d’Ésope, avec quelques variantes. Il a rajouté en particulier les lettres AB OE H X. Voici la dernière page de ce manuscrit :

 

Fin du manuscrit « Dion Bouche d’Or »

Reconstitution infographique d’après les données publiées par M. André Douzet

 

Patrick Berlier au sujet de l’inscription de Mauron, m’écrivait :

« Le fait que ‘’ PHELIPE ‘’ et ‘’ BCKNAM ‘’ signifient à peu près la même chose (chaque mot étant composé d’un mot hébreu et d’un mot d’ancien français) m’incite à séparer l’inscription en deux parties, dans le sens vertical. »

 

L’inscription de Mauron coupée en deux par Patrick

 

« La partie gauche se déchiffrerai a priori : ‘’ LM Philippe et Maure m’a fait faire’’. Ce qui peut se traduire selon ton analyse ‘’Liber Mundi Bouche d’Or m’a fait faire par M.P. de Fama Fraternitatis‘’. Pour la partie droite je dois d’abord évoquer ce que m’inspire ce S A R. Sans rejeter ton interprétation, je trouve que ce petit dessin ressemble à une rivière sinueuse sur laquelle est placé un pont en dos d’âne.

 

Interprétation du mot SAR : une rivière sinueuse (en bleu) et un pont en dos d’âne (en rouge)

 

Le mot SAR évoque aussi pour moi la dérive de la racine pré indoeuropéenne SER qui signifie ‘’couler’’, dont on retrouve la trace en toponymie dans plusieurs noms de rivières : la Sarthe par exemple, pour citer la plus connue, ou la Sarre pour prendre un autre exemple dans la même région de Bretagne. Tu précises que Becnam peut se traduire par ‘’ bec ‘’ dans le sens de bouche, et par l’hébreu ‘’Nam’’ signifiant ‘’ parler ‘’. Je prendrai aussi ‘’ bec ‘’ au sens plus littéral, comme le bec verseur d’une cruche ou d’une fontaine d’où l’eau s’écoule bruyamment c’est-à-dire ‘’ en parlant ‘’. Reste ce Aïn e 9 VERNE ; La lettre Aïn peut signifier ‘’source‘’ comme tu le soulignes. Verne est aussi le nom de l’aulne, et ce 9 pourrait désigner tout bêtement le nombre d’arbres (des vernes ou aulnes) entourant (E) une source (Aïn). Soit au final la traduction : ‘’ près du pont sur la rivière, d’une fontaine parlante coule une source entourée de 9 aulnes – l’an 1630 ‘’. On retrouve ainsi l’eau (O) dont tu notes la présence discrète. Dans mon hypothèse ce serait une indication géographique, l’emplacement où était (où est ?) caché le Liber Mundi ? Mais ce ne sont là que des idées qui me viennent à l’esprit et qu’il convient évidemment de vérifier.

            « Le nom Phelipe ou Philippe renvoie comme tu l’indiques, via la Légende dorée, à Bouche d’Or (Dion) donc à saint Denis et à ses livres mythiques que Polycarpe prétendait avoir retrouvés. Des livres qui en réalité ne sont pas aussi mythiques que ce que l’on voudrait nous faire croire puisque j’en ai retrouvé la trace dans un vieux livre sur la vie des saints (1877), citant en particulier ces trois titres : Traité des noms divins, Double hiérarchie du Ciel et de l’Église, Théologie mystique. Quant à la source entourée de 9 aulnes, tu auras sans doute noté l’analogie avec la légende du trésor des Chartreux, caché nous dit-on dans un étang bordé d’arbres. Soit dit en passant, il y a une source près de Ban qui correspond à ces caractéristiques. Enfin je note que si Mauron est proche de la forêt de Brocéliande hantée par le souvenir de Merlin, Ban fait face à la colline des Roches de Merlin (ou Marlin, selon l’orthographe actuelle, ce qui veut dire la même chose).

            Ici s’achève le remarquable déchiffrage de Patrick, ce qu’il nommait lui-même modestement « simple hypothèse ». Je me souviens à l’époque avoir été séduit par la quasi-totalité de son décryptage. Le final de cette hypothèse, transposant l’énigme brocéliandaise en une énigme pilatoise, je dois l’avouer, m’embarrassait quelque peu. Pour Patrick, Polycarpe n’est apparemment jamais venu en Bretagne mais « il a pu aussi » effectivement, « avoir connaissance de l’inscription par d’autres érudits ».

La source près de Ban évoquée par Patrick ne me parlait guère en ce mois de septembre 2002. Notre ami commençait son courrier en s’attardant une fois encore, ainsi qu’il l’avait fait de brillante façon dans un précédent courrier, sur le Manuscrit de Polycarpe.

            Ma longue recherche dans le décryptage de l’inscription de Mauron m’orienta vers François Rabelais et principalement vers son oie Bade-Bec. Et c’est ainsi que, relisant le chapitre VII « D’UN TRÉSOR À L’AUTRE, D’UNE RÉGION À L’AUTRE » du livre de Patrick « LA SOCIÉTÉ ANGÉLIQUE » (Éditions ARQA), je commençais à accepter comme plausible la dernière partie de l’hypothèse de Patrick visant précisément, bien que le titre du chapitre n’avait que peu de rapport avec l’inscription de Mauron, à passer « D’UN TRÉSOR À L’AUTRE… » et assurément « D’UNE RÉGION À L’AUTRE »…

            Patrick évoque avec détails, le hameau de Ban, ancien domaine des Chartreux. Nous apprenons que « Le nom ancien de hameau est Baonem, l’orthographe est attestée par un terrier de 1405. Il s’agit d’une déformation de Bade Onem. Bade vient du prélatin bat, qui donna le roman badar et le patois bader, dans le sens de ‘’ tenir la bouche grande ouverte ‘’ (bouche bée, en français). Par extension, ce mot bouche peut prendre la valeur de porte. Onem est la ‘’ petite porte ‘’. Toutes ces allusions possibles à une bouche, une porte, ne sont-elles que hasards et coïncidences, ou interprétations hâtives ? »

            Nous retrouvons ici le thème de la « bouche » bien présent dans l’inscription de Mauron. Nous pouvons par ailleurs, penser que lorsque Patrick rédigea ce paragraphe, il ait pu avoir à l’esprit l’inscription brocéliandaise sur laquelle nous avions échangé quelques mois auparavant. La présence importante de la lettre M dans l’inscription de Mauron l’est aussi, semble-t-il, dans le décryptage de l’étrange Manuscrit de Polycarpe proposé par Patrick.

            Cette lettre M ou Mem hébraïque de l’inscription de Mauron comporte un point-voyelle marquant la voyelle « i ».

 

La lettre M de l’inscription de Mauron

 

            Ce signe porte en hébreu le nom de H’iriq, de la racine H’araq : « grincer des dents » ou H’éréq : « grincement », « incision » ou « insecte ». Ces significations se retrouveraient dans le nom arabe du Nécronomicon, livre révélé par Howard Phillips Lovecraft dans ses romans. Cet H’iriq placé sous le Mem devient intéressant quant au sens qu’il donne à présent à cette lettre. Le nom de la lettre Mem vient de Maïm : les « Eaux ». Dans la langue hébraïque, l’eau en tant que nom commun est toujours évoquée au pluriel, preuve que ce nom est tout sauf commun. Pourquoi avoir associé la lettre Mem à un H’iriq ? Un mot se compose pour le moins de deux lettres. Le point-voyelle vocalisant le son « i » est remplacé en écriture pleine par la lettre consonne Yod. Il s’emblerait que la présence de cet H’iriq soit un indice permettant au lecteur de l’inscription d’écrire un mot de deux lettres commençant par Mem et se terminant par Yod. Il s’agit du mot Méi, singulier de Maïm, les « Eaux ». Si l’eau en tant que nom commun est toujours évoquée au pluriel, il en va différemment de l’eau en tant que nom propre : toponyme ou anthroponyme. Nous trouvons dans la Bible une cité de Méi-Iarqon : « Eau-Jaune », nom caractéristique d’une rivière (Josué 19-46) et une fontaine nommée Méi-Nephtoah : la « Fontaine (Source) de l’Ouverture » (Josué 15-9.

            En affinant plus encore ce Méi : « eau - fontaine », on découvre en Genèse 36-39 un homme ou une femme – les avis sont partagés – dont le nom Méi-Zahav signifie « Eau d’Or » ! Ce nom possède une symbolique kabbalistique énorme. Nous retiendrons pour cette étude, la piste alchimique. Peu de traités kabbalistiques réunissent à la fois la Kabbale et l’Alchimie. Georges Lahy proposa aux Éditions Lahy une traduction avec annotations du Ésh métšaréf : « Le Feu de l’alchimiste », ouvrage de la fin XVIe et du début du XVIIe siècle rédigé par un Kabbaliste juif italien anonyme. L’auteur du Ésh métšaréf affirme : « Si l’artiste est fiancé avec elle, il engendrera une fille qui sera l’eau du bain royal… »

Méi-Zahav ou Eau d’Or génère un carré magique, bien que l’auteur n’utilise pas ce terme, ce qui est normal pour l’époque, ainsi que l’indique Georges Lahy mais il utilise le mot Qaméâ désignant plus logiquement un talisman. Ce carré se compose de 64 cases : 

 

Le Qaméâ, carré ou talisman

 

            Le nombre 64 représente l’au-delà du nombre 63 jargonné par l’Oie Badebec. Ce nombre 64 apparaît en hébreu comme la guématrie ou valeur numérique de Méi-Zahav. C’est aussi la valeur connue et reconnue de Din : le « Jugement ». Dans son livre « Concerto pour quatre consonnes sans voyelles » (Éditions Payot) Marc-Alain Ouaknin développe toute une étude autour du nombre 64 qui est aussi caractéristique de jeu des Échecs. L’auteur évoque le thème kabbalistique de la « jeune fille sans  ». La lettre Hé dans la grammaire hébraïque caractérise le féminin. « La jeune fille enfermée dans sa solitude d’un féminin non différentiel va représenter la dimension de la fermeture ou, en hébreu cabaliste, du din. » Par son mariage avec son fiancé (l’accouplement), la jeune fille affirme son Hé. Nous retrouvons ici la symbolique liée au mariage alchimique de Méi-Zahav.  

            Un mystère d’importance apparaît dans le carré de Méi-Zahav, ainsi que l’indique l’auteur du Ésh métšaréf  :

« Ici tu as la somme de 260, de bas en haut, de gauche à droite, et en diagonale. (…) Le symbole de la première somme est 260, qui est sar (…), c’est-à-dire ’’ il est revenu ‘’, car en avançant, la somme va toujours en arrière au travers des unités… »

            L’auteur explicite ainsi : « C’est ainsi qu’au fur et à mesure que le nombre de purifications augmente, le poids de ton eau diminue. »

Ce mystère d’importance au vu de cette étude caractérisant le carré de Méi-Zahav apparait avec le mot SAR écrit en hébreu : Samekh (60) et Resh (200). N’est-il pas surprenant de retrouver ici le mot SAR de la première ligne de l’inscription de Mauron ?

 

La première ligne de l’inscription de Mauron

 

            Les mots SAR homonymes de la langue hébraïque, comportent une certaine complémentarité au niveau de la symbolique. Ce mot SAR, élément majeur du carré magique signifie suivant l’auteur du Ésh métšaréf : « il est revenu ». Ce retour s’applique à n’en pas douter à un SAR (initiale Shin ou Sin) royal : un « Prince ». Le carré ou Qaméâ (talisman) nous parle-t-il, à un certain niveau de lecture, d’un Prince dont le retour serait annoncé ?

            « Il est revenu… Sar ! » Ici le verbe revenir est conjugué au passé mais il s’agit d’un passé de nature prophétique. Dans l’inscription de Mauron, la croix ou l’épée et le serpent / dragon de la première ligne pourraient évoquer un mystérieux ouvrage, le Livre d’Excalibur.

Jacques Bergier dans « Les livres maudits » (1971) fut, semble-t-il, le premier à avoir rendu public l’existence de ce livre. En 1998, André Douzet dans la revue « L’Inconnu » (N°260) aborde lui aussi, mais de façon plus approfondie, les mystères inhérents au Livre d’Excalibur. Dans cet article titré « Excalibur Le livre de la connaissance », l’auteur évoque une société aussi discrète que secrète : les « Élus d’Éli Bracux » (anagramme d’Excalibur) ayant été en possession de ce mystérieux ouvrage. Irène Hillel Erlanger prétendait avoir vu cet énorme volume dont la couverture épaisse était de teinte bleuâtre semblant toujours humide et suintante. Elle ajoute, par ailleurs, ainsi que l’indique André Douzet « que le volume était accompagné d’autres documents contresignés des familles de Valois et d’Usson. L’un des documents daté de 1864 mentionnait certaines clés utiles contenues dans Excalibur concernant la prise de pouvoir par le retour d’un roi fabuleux que, plus tard, certains écrivains identifieront rapidement au ‘’retour du Grand Monarque’’. »

            Ce prince royal pourrait être le roi Arthur dont les traditions bretonnes ou galloises annoncent le Retour. Je ne puis ne pas citer ici ce passage énigmatique tiré du livre « Les Prophéties du Pape Jean XXIII », prédictions présentées et commentées par Pier Carpi :

« Nous sommes nous-mêmes. Le temps nous trouble. Bienvenue Arthur, enfant du passé. Tu seras la preuve. Et tu rencontreras le Père de la Mère. »

            André Douzet nous apprend que les « Élus Éli Bracux » se réunissaient une fois l’an, le 30 avril près de Compiègne pour d’obscures cérémonies autour d’un Puits ou Puisard Bleu. Le nom bien curieux de ce puits n’est pas sans rappeler le nom d’un puits de la Cité de Trénonant évoquée plus haut. Ce puits qui desservait la « villa » de Kerbrénezé possède toujours une margelle ronde sous laquelle il apparaît carré, les coins orientés selon les points cardinaux. Ferand Guériff indique : « Nous ne savons pourquoi les bonnes gens appelaient cette fontaine : le puits aux yeux bleus.

            Sur ce lieu plane l’ombre du diable dont la tête de bélier noir fut enterré dans le piédestal du calvaire de l’île de Lénifen (la Saline de l’Enfer) ou plus justement de l’île de Saillé…

 

Retour au Mont Pilat pour un Set de pila

            Retournons à présent dans les terres du Pilat.  Il convient d’y établir une connexion entre Bade Onem et Bade-Bec. L’Oie pérenne de François Rabelais accueille l’élu d’entre les pèlerins, dans son Jardin. PASSEUR, elle transmet une connaissance antérieure au Déluge. Pour interpréter un nom propre, l’usage de la cabale phonétique au travers du passage d’une langue à une autre, s’avère toujours très parlant. L’oie rabelaisienne, ainsi que le démontre certaines études, parle ou ouï l’hébreu. Ainsi que nous l’avons mentionné, BEC peut évoquer l’hébreu Baqa « jaillissement » (le jaillissement propre au Déluge) mais aussi le verbe « couver », « fendre les œufs ». La syllabe Bad(e) désigne en hébreu une « partie », ou ce qui est « unique », « à part ». Le même mot au pluriel désigne « de fortes branches », ces branches que les Fendeurs connaissent on ne peut mieux ! Au figuré et toujours au pluriel, ces branches, vont désigner les « villages », voir les « héros », les « princes » qui seront dévorés, anéantis. Elles désigneront également une catégorie de « menteurs » : les « devins » et autres « faux prophètes ».

            Bad-Baqa est Bad celle qui jaillit (fait brèche) du Déluge ou celle dont l’œuf à traversé les eaux du Déluge. Son nom apparaît au singulier, ce qui dénote que Bad-Bec, bien qu’appartenant à la race des Badim, les princes pré-diluviens, menteurs et faux prophètes, est appelée à transmettre aux générations futures un message…

Nous savons que l’Arche de Noé de par son nom hébreu désigne un bateau-livre, une bibliothèque. Bade-Bec en parallèle à Noé véhicule sa propre bibliothèque ainsi que peut l’indiquer le nom de Bad qui en hébreu s’écrit B/D ou Beth/Daleth, soit Beth : la « Maison », le « Temple » (Ba-Onem = Maison d’Onem) et Daleth qui signifie « Porte », « Bouche » mais aussi « pages », « tablettes d’un livre ». Sachant que l’hébreu BAD signifie « branche » d’un arbre, nous pouvons retenir ici, l’idée d’une Maison des « livres dignes de haulte fustaye », expression chère à Rabelais.

C’est une fois encore sous l’angle de François Rabelais que je finis par accepter pleinement l’hypothèse ô combien pertinente de Patrick concernant l’inscription de Mauron. Et cet élément affirmant mon adhésion à cette hypothèse, je le trouvais sous la plume, ou plus précisément dans la parole de Claude Gaignebet. En 2009, jour de la Saint Martin à Besançon, le célèbre spécialiste de l’œuvre de Rabelais participe à une conférence consacrée à La mythologie du jeu de l’oie.

Le contenu de la conférence de C. Gaignebet est mis en ligne sur le site http://carmina-carmina.com/carmina/musicotherapie/gaignebet.htm

Claude Gaignebet annonce : « Avant de jouer à l’oie présentons deux textes de Rabelais. Le premier est une devinette au dernier Chapitre du Gargantua. C’est une énigme de 108 vers. La solution est donnée différemment par Gargantua et par Frère Jean… »

« (…) Le premier qui intervient est Gargantua ‘’ C’est clairement le destin du monde, qui nous est ainsi annoncé.

« Or il y a souvent plusieurs réponses à une devinette.

« Puis intervient Frère Jean, ce moine très naïf : ‘’ Pas du tout. Le corps de la machine ronde « est une balle, un ‘’ éteuf ‘’, que l’on renvoie à l’aide de raquettes faites de boyaux de bêtes. « Les gens qui se sont exercés sont couverts de sueur. Couverts de sueur, ils se sèchent devant « un grand feu ! 

Destin du monde et jeu de paume, tels sont les deux réponses complémentaires apportées à l’énigme de 108 vers. C. Gaignebet cite le Timée de Platon dans lequel le monde est créé en 108. « Le démiurge crée l’âme du monde en mêlant différentes substances. De ce mélange, il obtient un ensemble de 54. » L’auteur insiste ensuite sur l’importance du nombre 9 qui apparaît comme le rayon du monde. Nous retrouvons les nombres secrètement liés à l’inscription de Mauron. Ce rayon du monde (9) semble curieusement former un jeu de mots royal…

Nous avons évoqué plus haut, un étrange jeu de balle auquel se consacraient trois prêtres impliqués dans l’affaire de Rennes-le-Château et voici à présent que nous retrouvons un autre jeu de balle auquel, suivant C. Gaignebet, Dieu le Créateur s’adonnait lui aussi… Le Livre des Proverbes, chapitre 8 versets 22 à 31, parlerait d’un jeu de balle pour créer le monde ! Ces quelques versets sont consacrés à la Sagesse, la Connaissance suprême des Hébreux. Voici les versets 29 à 31, tirés de la traduction présentée par C. Gaignebet, traduction proche de celle d’André Chouraqui :

Lorsqu’il posa les fondements de la terre,
j’étais auprès de lui comme un artisan, (Amon)  (comme un nourrisson)
Jouant sans cesse devant lui
jouant sur le globe de sa terre,
et faisant mes délices des enfants des hommes.

C. Gaignebet commente : « Amon, en Hébreu, peut être traduit par pupille (de l’œil ou comme on dit de la Nation) – architecte – stable.  Dans la ténèbre primordiale, la pupille occupe le monde entier. La sagesse primordiale, avant même qu’il y ait quoi que ce soit dans le monde, jouait… avec le globe de la terre.

« Avant la création du monde, Dieu jouait avec quelque chose d’incréé. 

« Au début, on joue avec rien.

Et voici que soudain jaillit de la bouche de C. Gaignebet, la phrase, l’élément qui fait qu’aujourd’hui je puis accepter la totalité de l’hypothèse de Patrick :

« Nicolas de Lyra, au XVème siècle, place une glose en marge du texte des Proverbes : pila (pelote) Premier jeu fondamental, avant même qu’on ait de balle. »

Ainsi suivant Nicolas de Lyra et suivant Rabelais, Dieu au jouait au pila !

 

Nicolas de Lyra

 

Le Franciscain Nicolas de Lyra né à Vieille-Lyre en Haute-Normandie (actuel département de l’Eure), avait une connaissance particulière de l’hébreu et de la littérature hébraïque, à un point tel, que certains affirmèrent qu’il était né de parents juifs. Il est certain qu’il puisa une grande partie de ses connaissances dans l’œuvre du Rabbi Rashi de Troyes et de ses disciples les Tossaphistes ou Talmudistes. Ernest Renan dans « Les Rabbins Français du Commencement du XIVe Siècle » affirmait :

« Raschi et les Tossaphistes, firent Nicolas de Lyre, Nicolas de Lyre fit Luther. »

Nicolas de Lyra fut aussi l’un des inspirateurs de Dom Polycarpe de la Rivière. Il le cite dans son Mystère sacré de notre Rédemption, précisément à propos de Ponce Pilate et du Pilat : « Pilate, au rapport de Lyra, qui ne l’approuve non plus, que la chose me semble incroyable, est le nom propre de Pilate composé de celuy de sa mère qui se nommait Pila, et du nom de son père Ate surnommé Ponce, à cause de l’isle Poncie où il fut envoyé par les Romains… »

Rabelais cite à plusieurs reprises dans son œuvre le Franciscain Normand mais de façon quelque peu ironique. Il semble néanmoins qu’il ait retenu de façon moins ironique, l’idée d’un Dieu Créateur jouant à a balle, jouant à la pila. À partir du vide, de l’abîme, Dieu joue en lançant une balle. De ce jeu, de cet échange fait avec AMON (la Pupille – l’Infante chez André Chouraqui – ou l’Architecte) Dieu va créer le monde.

Suivant le Zohar, grand livre de la tradition hébraïque, lors de la création du monde, Dieu jeta une pierre précieuse de son Trône glorieux dans l’abîme. Un bout de cette pierre s’enfonça dans l’abîme et l’autre bout émergea au-dessus du chaos. Sur cet autre morceau de la pierre précieuse fut établit le monde. La pierre porte le nom de « Schethiya » : « Fondement ».

« La pierre schethiya, que le Saint, béni soit-il, jeta dans l'abîme : c'est elle qui donna naissance au monde, c'est son point central, le Saint des Saints s'y trouve. Cette pierre est faite d'air, de feu et d'eaux : ces éléments ont été fusionnés. »

Suivant la tradition, c’est sur cette pierre que le roi Salomon bâtit le Temple de Jérusalem.

Ében Schethiya, la Pierre de Fondation (Fondatrice), semble très proche par sa symbolique de la Pila. La partie de pila auquel Dieu se consacra est Shet (Schet) ou Set : « Fondement ». Dieu remporte ce Set fondateur. Le texte du Livre des Proverbes dit qu’AMON, l’Artisan (l’Architecte), soit la Sagesse, joue devant Dieu… avec Dieu. De cet échange tennistique, de ce Set fondateur va éclore la Création.

AMON : « pupille », « architecte », mot d’importance dans la symbolique des Francs-Maçons, est en hébreu l’anagramme de ONEM : la Force créatrice… (Ba-Onem : la Maison de la Force créatrice).

 

La pierre Schethiya/Pila… Be-Reshit/Ba-Onem

Convient-il d’avancer une fois encore, ainsi que nous avions pu le faire avec le Crêt de l’Aralez, une parenté entre Jérusalem et le Pilat ? Le premier mot de la Bible, premier mot du Livre de la Genèse est Bereshit que l’on traduit généralement par « Au Commencement ». Les Kabbalistes lisent Be-Reshit : 2 Têtes, 2 Commencements. À lecture identique Ba-Onem peut se lire « 2 Forces créatrices ». Les lectures possibles de ces 2 origines sont variables. Faudrait-il envisager au sein de ces lectures, un double pôle ? Le faire revient à magnifier de belle façon la région du Pila(t) !

L’inscription de Mauron est assurément très importante. Elle possède des entrées insoupçonnées et ces entrées assurément multiples mènent semble-t-il le pèlerin ou le joueur ayant parcouru la Spirale de l’Oie jusqu’aux montagnes sacrées des anciens Druides… la case ultime de ce jeu, la Porte du Jardin de l’Oie gardée par Badebec. L’histoire est belle mais que savons-nous de ce qu’elle cache véritablement ? Puissions-nous un jour avoir l’opportunité de pénétrer le Béaba du Ba-Onem

 


A SUIVRE





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