PHELIPE ET MAVR

OU LA PROMESSE D’UNE EAU D’OR SUR LA SPIRALE DE LUMIÈRE

TROISIÈME PARTIE 

SERPENT, ROUELLE ET MONDES ENGLOUTIS,

OU LES SECRETS DE L’ÉTRANGE INSCRIPTION DE MAURON




JANVIER 2016





Par
Michel Barbot

Sociétés Secrètes



      Au cours des deux premières parties de ce dossier important, nous avons abordé l’étrange inscription visible en façade de la maison Bonamy à Mauron, en Bretagne, non loin de la forêt de Brocéliande. Notre ami Michel Barbot revient sur ce sujet, loin d’être épuisé, et aborde de nouvelles pistes qui vont renforcer la corrélation avec le Pilat.


<RETOUR AU SOMMAIRE DE LA GRANDE AFFAIRE>



Inscription de Mauron

À gauche le relevé de Jean Dessus – à droite reconstitution de l’inscription réelle (infographie de Patrick Berlier)

Le coin supérieur droit de la pierre semble avoir disparu. Un motif semblable à la rouelle visible dans le coin supérieur gauche devait probablement y figurer

 

Le relevé de Jean Dessus, ainsi que le démontre la reconstitution réelle effectuée par Patrick Berlier, ne retient pas la rouelle solaire et remplace le traditionnel sigle christique IHS, ainsi que le monogramme de la Vierge (AM entrelacés), par un LM surmonté d’une croix ou épée suivi d’un très étrange SAR.

En observant avec attention la reconstitution réelle, on se rend compte que l’idée d’un M semble déjà suggérée dans le H graphiquement proche d’un M, avec la forme particulière de sa barre horizontale.

 

Première ligne de l’inscription

À gauche relevé de Jean Dessus – à droite reconstitution de l’inscription réelle

 

L’Égypte M-SR ou la Route du Serpent sur le Roc

Le monogramme de la Vierge développe quant à lui une forme des plus insolites amorçant déjà l’idée d’un R et du serpent/dragon suggérée par le point peut-être double à l’origine. Ce serpent, partie supérieure du M marial, dessine la traverse du A, tout en orientant sa reptation vers le S, ce qui permet de valider le relevé de Jean Dessus. Ce relevé se veut, bien que ceci ne soit pas indiqué par son auteur, comme un commentaire graphique de l’inscription originelle. Jean Dessus par l’inscription qu’il présente, valide un mot SAR annonçant le retour d’un prince ainsi que nous avons pu le voir précédemment.

Jean Dessus s’appuyant sur la proximité graphique, quasi identique, voire identique, du I majuscule et du l minuscule, va transformer le I majuscule de l’IHS en « L » majuscule. De même il fera du H un M, et il décalera le S pour le rapprocher de l’AM et en faire un SAR. C’est ainsi qu’apparaissent, cachées dans cette seconde lecture de la première ligne, de nouvelles révélations : LM SAR… La reconstitution de Jean Dessus va au plus urgent : l’inscription dans l’inscription… ou peut-être la reconstitution, la révélation d’une hypothétique mais possible inscription invisible.

Nous pourrions formuler l’existence dès l’origine de deux inscriptions !? L’une visible en façade, au-dessus de la porte de la maison Bonamy et l’autre invisible connue seulement de rares personnes, les Invisibles, membres de la Rose+Croix et de la Fenderie évoqués précédemment dans ce dossier.

Le A marial de l’inscription n’est pas sans évoquer une montagne marquée par un serpent. Nous retrouvons peut-être ici l’idée d’une route, d’un col serpentant dans la montagne. Des notions qui ne sont pas sans évoquer une certaine tradition biblique et hébraïque. Le Livre des Proverbes, chapitre 30, verset 19, évoque « la route du serpent sur le roc », soit en hébreu « Derekh Nahash aleï Tsour ». Le mot derekh, « chemin, route », est dans ce verset très souvent traduit par « trace ». Le nahash, « serpent », rampant sur le roc ne révèle aucune trace de son passage d’où la quasi impossibilité de découvrir Sa Route et moins encore Son Nid. Quant au mot Tsour, sa signification est « Roc, Rocher, Falaise ». Mais sur ce rocher, de tradition, est gravée la marque du serpent. Cette route, suivant le Sepher ha-Zohar ou Livre de la Splendeur, passe par l’Égypte et nous la retrouverions dans le Livre des Nombres 20-8, lorsque Dieu demande à Moïse de parler au rocher pour qu’il déverse son eau. Mais Moïse ne parle pas au rocher. Il prend son bâton, frappe deux fois le rocher et l’eau jaillit. « La pierre en question était l’image du serpent ; et c’est pour exprimer son horreur du serpent que Moïse frappa la pierre, au lieu de suivre le commandement de Dieu. » Zohar II 283a.

Le bâton de Moïse, ainsi que le rapporte le Zohar était d’origine un serpent. Nous retrouvons ici la symbolique d’Excalibur l’épée Dragon des rois PenDragon. Sur ce bâton étaient gravés d’un côté les noms sacrés de Dieu et de l’autre un serpent. Bâton unique mais composé semble-t-il de deux bâtons unis l’un dans l’autre. L’une des deux parties était « en bois de cèdre, il avait été créé durant les six jours de la création du monde. » et la seconde partie, le « Bâton de Dieu » était de saphir – Zohar II 283b.

Ce fut lorsqu’il frappa le Rocher (Tsour) autre nom de Dieu, que Moïse eut la révélation de Derekh Nahash, la Trace du Serpent. Pour Roger Sabbah qui s’appuie sur le Zohar, la Trace du Serpent ou Route du Serpent trouve son fondement dans l’Égypte pharaonique. L’auteur dans son livre « Le Pharaon Juif – Le Secret égyptien de la Kabbale » (Éditions JC Lattès) ose un rapprochement phonétique intéressant : « On peut comparer Tzour aux racines Tzar, Sar, Czar, César, Ouze, OSR, Osiris. Toutes signifient "roi ", " prince ". »

Le mot Tsour ou Tzour, transcriptions utilisées par Jean de Pauly dans sa traduction française du Zohar, s’initialise en hébreu par la lettre Tsadé retranscrite en français par un Ts ou Tz. Retrouver le mot SAR et les mots qu’il a générés (on pourrait ajouter le SIRE ou SIEUR français et le SIR anglais) dans une lecture comparée du mot Tsour devient au vu de l’inscription de Mauron, des plus intéressants.

La Route du Serpent et donc la Trace du Serpent passe assurément par l’Égypte dont le nom hébreu est Mitsraïm, soit les Deux Mitsarah. Ce nom évoque par son pluriel, ainsi qu’indiqué dans le Dictionnaire hébreu/français Sander et Trenel (Éditions Slatkine Reprints) : « la forme duel de la haute et de la basse Égypte ».

Virya dans son livre « Le Grand Œuvre de Jonas » (Éditions G. Lahy) présente pour Mitsraïm l’étymologie suivante : « Littéralement, Mitsraïm (Egypte), signifie " bornes, limitations ", le peuple hébreu était donc en état de limitation en Egypte. »

La racine de Mitsraïm est Tsar ou Tser : étroit… le même mot prononcé Tsor signifie Pierre ; il s’agit du mot Tsour écrit en défective, soit sans le Vav central qui donne dans ce cas le son « ou ».

Bien que le mot princier SAR, évoqué par l’inscription de Mauron, ne soit pas la syllabe TSAR ou SAR des limitations et de l’Égypte, le M qui le précède permet de formuler par la phonétique, la racine hébraïque M-SaR qui génère MitSRaïm le nom hébraïque de l’Égypte. Dans l’inscription, M-SaR est précédé d’un L. Dans la langue hébraïque, ce L initial lorsqu’il précède un mot peut marquer le but, l’usage, ou bien encore la transformation (jusqu’à), le passage d’un état à un autre (de l’huile pour l’éclairage – Exode 25-6).

Autre sens de ce L assurément très intéressant, lorsqu’il apparaît dans Isaïe 32-1, associé à la justice, la droiture, avec le sens de : selon, pour :  « Voilà qu'un roi régnera alors pour la justice et que des princes gouverneront pour le droit. » (Traduction du Grand Rabbinat).

Ce verset prophétique, évoquant la Royauté Messianique, a ceci de particulier : dans le texte hébraïque, les mots Mélekh (roi) et SARim (princes) apparaissent deux fois, d’abord en tant que noms communs et ensuite en tant que verbes. Le L ou Lamed, prononcé dans ce cas « Lé », apparait par trois fois. Une fois avant les mots hébreux, traduits en français par Justice et Droit, et une autre fois avant le mot SARIM : Vou-LéSarim (et quant aux princes/et que des princes). Ce dernier Lé (le deuxième dans le verset), rarement traduit car alourdissant le texte français, désigne dans ce cas, suivant le Dictionnaire Hébreu-Français de Sander et Trenel, la conjonction « quant ». Nouvelle lecture plus kabbalistique de ce Lé princier, il pourrait s’agir du nombre 30 écrit avec un Lamed. Nous serions ici dans l’ésotérisme des 30 Kinouïm, membres du Tribunal (Din) céleste (le Droit et la Justice), liés au Nombril du monde : Sarekh (SAR – initial Samekh – = nombril en hébreu), thème sur lequel je me suis arrêté dans de précédents articles.

Le Sander et Trenel donne aussi à Lé le sens de « après », « après que ». Nous retrouvons ce sens dans cette traduction des Nombres 1-1 : « après qu’ils furent sortis de la Terre de Mitsraïm ».

L M SAR peut ainsi se traduire : « De (depuis) la Limitation », « Jusqu’à la Limitation » ou bien encore « Après la Limitation ». Cette Limitation ou Borne, M SaR de l’inscription, se veut allusive à M SaRim : l’Égypte. Nous verrons plus avant que le thème inhérent à cette borne, à cette roche, est de tradition bien antérieure à l’Égypte (Jusqu’à) et qu’elle semble se pérenniser dans cet « Après »… le Mont Pilat. 

 

De la rouelle solaire à la tarabara bretonne – Le soleil a rendez-vous avec la lune…

La reconstitution infographique de l’inscription réelle de la maison Bonamy réalisée par Patrick Berlier, met en relief une magnifique rouelle solaire. Nous pouvons raisonnablement penser que dans la partie opposée de l’inscription aujourd’hui manquante, devait se trouver un symbole de type lunaire, voire luni-solaire. Le soleil et la lune sont très souvent représentés de part et d’autre du traditionnel INRI et, qui plus est, dans une inscription trésoraire.

Cette rouelle solaire, symbole d’origine celtique, comporte six rayons. Sur le pourtour de la jante en intérieur, apparaissent six globules ou cercles identiques par leur symbolique à la pomme héraldique. Pourrions-nous envisager dans la partie manquante de l’inscription une figure pareillement chargée de six globules ou pommes ? Nous aurions deux symboles, l’un solaire, l’autre lunaire, chargés de six globules ou pommes héraldiques, rappelant sur un plan héraldique la célèbre croix de Toulouse. Nous connaissons aujourd’hui, après les travaux d’un Gérard de Sède et ceux d’un Guy-René Doumayrou l’hermétisme associé à cet important symbole.

 

La rouelle de l’inscription de Mauron (à gauche) – la croix de Toulouse (à droite) :
de gueules à la croix cléchée, vidée et pommetée de douze pièces d’or

 

Nous avions dans la seconde partie de ce Dossier, déroulé une spirale, véritable Jeu de l’Oie. L’une des cases de cette spirale passe assurément par la Tour-sur-Tinée. L’église de cette commune possède une rouelle pareillement articulée sur le nombre 6, sculptée à la base de la colonne à gauche du portail d’entrée. Patrick Berlier au cours d’un voyage effectué en 1980 photographia la rouelle :

 

La rouelle de l’église de la Tour-sur-Tinée (photo P. Berlier)

 

Cette rouelle s’associe à une croix, pareillement sculptée à la base de la colonne de droite, et pour rappeler que ce village appartenait jadis au comté de Nice et Savoie, c’est la croix de Savoie. Elle nous montre Sa Voie… Une voie que nous allons retrouver. Nous remercions Patrick pour ces photos.

 

La croix de Savoie de l’église de la Tour-sur-Tinée (Photo P. Berlier)

 

Attribut des dieux celtes Taramis (le tonnerre) et Bel (la lumière), la rouelle solaire représente la roue de la vie, symbole cosmique et symbole du temps qui passe. En breton, le temps ne s’écoule pas, il tourne. Gwenc’hlan Le Scouëzec dans « Le Guide de la Bretagne » (Beltan/Breizh) écrit :

« Nous savons d’autre part, grâce aux traditions irlandaises et à Christian Guyonvarc’h qui en a traduit les textes en français, que les prêtres utilisaient la roue à des fins divinatoires. Parlant du druide Mog Ruith, le Co’ir Anman nous explique que son nom " veut dire Magus rotarum, parce que c’était avec des roues qu’il faisait des augures druidique ". Ce Mog Ruith, nous dit un autre texte, était allé jusqu’en Judée apprendre le druidisme chez Simon le Magicien (qualifié ici de " druide "), " et c’est avec lui qu’il fit, l’année avant la querelle de Simon avec Paul et Pierre, la roue ramante qui arriva en Europe avant le Jugement Dernier"’. Nous ne savons malheureusement rien de plus sur ce bizarre objet qui partageait, avec les auges de pierre de saints bretons, la propriété de se déplacer sur les eaux. »

 

La rouelle solaire

 

Jean Markale (Le Guide de la Bretagne mystérieuse – Éditions Tchou) dans son évocation de Mog Ruith le « serviteur de la Roue » écrit : « La roue, dont il est le " serviteur ", et dont sont ornées certaines divinités gauloises, est peut-être le symbole de la connaissance du passé et de l’avenir, la " roue de fortune ", que seuls les druides – et leurs héritiers, les prêtres catholiques – sont capables de maîtriser à cause de leur état de " très voyants " (ce qui est la signification du mot " druides "). »

Gw. Le Scouëzec rappelle : « Curieusement l’usage de tourner une roue dans un sanctuaire se retrouve à une époque et en un lieu bien différents : dans l’Égypte des Pharaons, au Ve siècle avant notre ère. Hérodote nous rapporte le fait. »

La « roue de fortune » visible dans les églises de Bretagne est un instrument de musique de percussion, de type idiophone constitué de cloches au nombre variables mais produisant autant de notes différentes.

Dans la chapelle Notre-Dame du Ruellou, commune de Saint-Nicolas du Pélem, se trouve une roue en bois polychrome à douze rayons, seule roue ornée et coloriée. Autrefois la jante portait douze clochettes alternativement bleues, grises ou jaunes. Le support, orné aux extrémités de têtes de chiens sculptées, qui permet de la fixer au mur, est surmonté de deux têtes humaines.

 

Roue de fortune en couleurs – chapelle du Ruellou à Saint-Nicolas-de-Pélem

 

Cette commune bretonne arbore d’intéressantes armoiries ainsi blasonnées : « D’Argent à la bande de gueules chargée de trois macles d’or ». Les armes de la commune reprennent celles des Pélem, premiers seigneurs des lieux. Ce blason, le lion excepté, est semblable à celui des Plessis-Mauron, blason qui deviendra aussi celui de la branche cadette, les Plessis-de-Grénédan. On retrouve au XVIIIème siècle à Saint-Nicolas, les Saisy de Kerampuil dont nous avons évoqué dans la première partie de ce Dossier, la présence dans la commune d’Illifaut, fief d’origine des Plessis-de-Grénédan.

 

Armes de Saint-Nicolas (à gauche) - Armes des Plessis-Mauron et des Plessis-de-Grénédan (à droite)

 

Michel Renouard (Guide de la Bretagne – Éditions SECALIB) indique au sujet de la roue de fortune de Saint-Nicolas-du-Pélem : « mais il s’agit peut-être d’une copie de roues beaucoup plus anciennes liées au culte de Bélen (dieu solaire) que l’on célébrait peut-être sur le mont Bothoa (292 m.), haut lieu spirituel de la région. » Avant de porter le nom de Saint-Nicolas-du-Pélem, la commune était nommée Bothoa.

Jean-Yves Cordier dont il convient assurément de découvrir le site, nous apporte de précieux renseignements sur ce curieux instrument de musique bretonne ; instrument qui n’est aucunement, il convient de l’indiquer, l’apanage de la seule Bretagne :  « Selon l'inventaire mené par Charles Fabre (DRAC) et Eric Sutter en février 2011 pour la Société Française de Campanologie, il existe encore en France 77 roues à carillons, dont sept en Bretagne, 31 dans les Pyrénées Orientales , 17 en Savoie et Haute-Savoie, 8 en Bourgogne, 4 en Auvergne. Elles répondent aux noms locaux de Rouet, rouet liturgique, de rouelle ou treizain en Savoie, de rottler ou rodella en Roussillon, mais aussi de roue de Sainte-Catherine ou de roue de Saint-Martin, cette dernière appellation justifiée à Trémouille " car elle aurait servi à couvrir les cris de Saint-Martin de Tours lors de son martyr " ! »

(http://www.lavieb-aile.com/article-la-roue-a-carillon-de-confort-meilars-124638866.html)

De telles roues ont eu au cours des siècles dans les églises bretonnes des usages des plus curieux. Le son étrange joué par les clochettes pouvait guérir les malades, permettre aux enfants en bas âge de marcher rapidement sur leur deux pieds. Le tarabara pouvait donner la parole aux muets. Celui qui jusqu’à présent bégayait, se découvrait un véritable talent d’orateur ; tel est, ainsi que nous l’avons expliqué dans la seconde partie de ce Dossier, le thème caché de la seconde ligne de l’inscription de Mauron. Enfin, plus étrange encore, la roue de la fortune bretonne permettait de connaître l’avenir.

 

…Mais la lune a disparu

La reconstitution réelle de l’inscription de Mauron faite par Patrick Berlier nous montre que le symbole lunaire a disparu.

Françoise Le Roux, spécialiste de l’histoire des religions, et Christian-J. Guyonvarc’h, auteurs du livre « Les Druides » (éditions Ouest-France Université) vont peut-être nous permettre de découvrir la nature de ce symbole lunaire à la représentation hélas incertaine. En fin d’ouvrage, dans le glossaire nous trouvons le mot TARABARA : « nom breton de la " Roue de Fortune ", attestée à quelques exemplaires dans des églises et des chapelles, et dont le symbolisme est celui de l’évolution et l’involution humaine en même temps que l’expression du hasard, la Fortune étant l’ensemble des causes secondes par l’intermédiaire desquelles Dieu gouverne sans jamais s’y mêler. Le nom est onomatopéique. »

À la page 148 de cet ouvrage est évoquée : « La roue de fortune du folklore moderne, avec ses deux aspects, bénéfique et maléfique (…) Le tarabara breton utilisé autrefois dans quelques communes, pendant la période ou le calendrier liturgique faisait taire les cloches, était une sorte de crécelle, variante du carillon circulaire dit Santig ar Rod (" petit saint de la Roue "), qui est la forme populaire de la Roue de Fortune telle que l’a décrite saint Thomas, et qui est issue en droite ligne des conceptions antiques, classiques ou celtiques. »

Deux types d’instruments musicaux bretons ont été nommés tarabara. Le tarabara des églises fixé au mur dont nous pouvons retenir l’aspect solaire et le tarabara, sorte de crécelle présenté par Jean-Yves Cordier comme : « une roue dont les clochettes auraient été remplacées par des dents qui viennent heurter un butoir et qui s'utilisait à l'église lorsque l'usage des cloches était proscrit. »

Cet auteur cite Brigitte Alzieu (Val d’Isère jadis et naguère) qui écrit au sujet du treizain, nom de la roue de fortune dans le Val d’Isère :

«  ... puis arrive la Semaine Sainte, suivie de la grande fête de Pâques. Lors des offices précédant le dimanche, les cloches sont muettes. On sonne alors le treizain, cette roue à treize clochettes placée dans le chœur. Pour l'office des Ténèbres, les enfants apportent des crécelles (krezin) et des cornes de bouc. A la fin des psaumes, ils sont autorisés à user de leurs instruments bruyamment. Ce brouhaha rappellerait le tremblement de terre et le tonnerre qui suivirent la mort du Christ et servirait aussi à expulser les démons. Pour une fois que l'on peut faire du bruit à l'église, les enfants ne s'en privent pas. »

Le tarabara lunaire, ou le tarabara solaire, n’avaient-ils qu’un usage liturgique ? La réponse semble négative. Arrêtons-nous dans un premier temps sur ces quelques vers du poème « Éternelle royauté de Bretagne », œuvre du poète Breton Nominoë dont le nom apparait comme un hommage au Père de la Patrie Bretonne, le roi Nominoë :

 « Oui ! Oui ! Oui !

Nominoë est LE nom, celui du juste retour de Royauté en terre de Bretagne.

L’état de gaste terre ne saurait durer, tourne la Roue de Fortune, tourne, tourne, passent, passent Lune et Soleil, Soleil et Lune.

Nominoë, de la Royauté le Sceau tu es le taureau, Sauvage et beau,

Nos Rois furent baptisés du nom de Pried Preden, époux de la Bretagne. Ils en furent bel et bien les mystiques époux. Ils furent, eux, Nos Rois, les Souverains époux de Letavia, de Pryden, la Large, Porte de l’Autre Monde. Ils furent, eux, oui, eux les monarques messagers et récipiendaires de l’influence de l’Autre Monde.

(…) Notre sainte Maison Ducale honorait Saint Pierre, Lui le détenteur des Clefs, Maître des liens, et Saint Ronan. Toujours notre terre fut sous la protection de la Roue Crucifère, de Tarabara et de son fidèle serviteur Santig Ar Rod, le petit Saint de la Roue ! Mais c’est bien au divin Ours Artus qu’il convient de faire remonter l’origine de l’adoption de l’Hermine pour emblème de nos Souverains.

(…) Que revienne notre Royale Vérité !

Que tourne, tourne, la bonne Roue, Roue des Fortunes Royales !

Carillonne ! Carillonne !

Petit Saint de la Roue, Tonne ! Tonne ! »

http://nominoerex.blogspot.fr/2005/12/lexpression-potique-de-leternelle.html

Aucun doute, le Tarabara est lié à la Royauté Bretonne dont les racines ont pour nom ARTHUR ! Ces Roues de Fortunes Royales clamées par le poète Nominoë renvoient au recueil « La Roue des fortunes royales ou la Gloire d'Artus empereur de Bretagne (éd.), Paris, 1925 », œuvre du célèbre médiéviste français, Albert Pauphilet (1884-1948). Dans la nouvelle « La Roue de Fortune » est annoncée la fin du roi Arthur… nous comprenons combien Roue et Roi sont liés.

Une autre présence intéressante de la Roue de la Fortune apparait dans le roman de Yann Yoro « 2∞ SECONDES EN 2012 » (La Bourdonnaye Édition numérique) et plus précisément dans la Seconde 22, période durant laquelle au cœur de Brocéliande, univers légendaire du roi Arthur, se déroule un méga cyber festoù-noz où rivalisent les musiciens expérimentés des Terres Celtiques en cette fête de la Saint-Yves, patron de la Bretagne. Des danseurs s’agitent au son d’une musique ensorcelante produite par le biniou, la cornemuse, la vielle à roue sans oublier la harpe ou la bombarde.

Au cœur de la foule, Niniane Kerantez, la belle héroïne « voyageait. Dans sa tête, des cloches tintaient et des orgues ronflaient. » Le dessin de l’hermine noire de Bretagne se matérialise soudain dans le texte. Pour Niniane le festival de Saint-Yves bascule dans une toute autre dimension :

« Un timbre carillonneur enchanta tout particulièrement Niniane lorsqu’une jeune musicienne à  la chevelure ondulée châtain, vêtue d’une longue robe bordée de dentelle et mouchetée d’hermines noires, se mit à jouer du Tarabara. Elle resplendissait tel un ange : auréolée d’une couronne de fleur bleue azur qui descendait en deux tresses le long de son buste, évoquant les deux rivières d’Ille-et-Vilaine, elle tournait une antique roue de bois ornée de clochettes argentées. L’instrument s’utilisait encore dans de très rares églises bretonnes au moment de l’Élévation, au cours de la messe du dimanche. Il trouvait son origine dans la roue de fortune que les druides utilisaient lors de leurs cérémonies sacrées, bien avant que les chrétiens n’usurpent ce symbole cérémonial celtique. Archétype du Soleil, la roue permettait aux Saronides, les prêtres celtes, de prononcer leurs augures divinatoires en fonction de la rotation de cette reproduction symbolique de l’astre du jour. »

L’image des Saronides, prêtres gaulois, prononçant leurs augures divinatoires en utilisant la roue de fortune devient intéressante au vu de l’inscription de Mauron, qui rassemble rouelle(s) et racine SAR. Grasset d’Orcet dans ses écrits évoquait ceux que l’on a qualifiés, assurément à tort, d’espèces de druides. Honoré d’Urfé, dans l’Astrée, évoque ces ministres de la religion druidique. Le nom de ces prêtres viendrait du grec ancien sarônis : « vieux chêne ». Dans les dictionnaires des XVIIème et XVIIIème siècles nous apprenons que  les Saronides devaient leur nom à Saro ou Saron, 3e roi des Celtes, instituteur des Prêtres Saronides, antérieurs aux Druides. Ce nom celtique Saron signifie tout-puissant ou maître de tout. »

Pour La Borderie, Cercle III, v. 9-11, Saron « fonda le premier les Universitez ». Ce roi mythique est présenté comme un contemporain d’Isaac, patriarche biblique, fils d’Abraham et père de Jacob et d’Ésaü. Saron ou Saro précède dans la liste des rois Gaulois, Druys, d’où l’idée que les Saronides auraient précédé les Druides, bien que certains auteurs voient en ces deux classes une représentation unique du druidisme.

En 1608 Pierre Le Loyer dans son livre « Discours des spectres ou visions et apparitions d’esprits, comme les anges… » (2e édition numérisée) prétend que le mot grec Saronides serait passé dans la langue des Syriens sous la forme Sharounin (final en « in » = pluriel araméen) dont le sens serait cyprès ou sapin. Il aurait peut-être été plus logique de lire que le mot grec Saron serait d’origine syrienne, voir sémitique et non l’inverse. L’auteur écrit ce mot syrien (solaire…) en caractères hébraïques et de façon plutôt curieuse : Resh-Vav-Shin-Aleph-Noun-Yod-Noun final. Les Resh et Vav qui se lisent RO ou ROU sont curieusement placées en tête du mot. Vient ensuite le Shin logiquement initial du mot. Apparaît ensuite un Aleph bien qu’absent du mot Sharounin. Soit l’auteur c’est trompé et de belle façon, soit il souhaitait faire passer un message sous forme d’anagramme, au travers de cette écriture syrienne ? Nous aurions le mot Rosh, « tête », en écriture pleine (l’insertion d’un Vav pour le son « O ») associé au mot Anin, « les vaisseaux, la flotte ». Rosh Anin apparaît comme la « Tête de vaisseaux », la « Tête de la flotte » ; un titre caractéristique attribué aux Sharounin ou Saronides ?

Dans l’optique de l’inscription de Mauron, seul LE Sharoun ou Saronide primordial aurait de l’importance, il s’agirait de roi Saron ou Saro, nom grec et signifiant « chêne » ou « vieux chêne » mais que l’on peut aussi rapprocher de l’hébreu Sar : « Prince » et qui plus est, en ce qui concerne l’inscription, ainsi que nous l’avons formulé dans la seconde partie de ce Dossier, un Prince dont le RETOUR est annoncé.

N’oublions pas que ce Saro, roi mythique de la Gaule est présenté comme un contemporain d’Isaac, père de Jacob (Israël) et d’Ésaü (Édom). Les auteurs de la Renaissance avaient pour volonté de rattacher les rois gaulois aux grands personnages bibliques. Nous lisons dans les vieux dictionnaires que Focadel avait rédigé une histoire du « Prince Saron ». Bien que cette histoire n’ait assurément aucune vérité historique il aurait été intéressant d’en connaître son contenu pour en découvrir, son possible message symbolique.

Le SAR de l’inscription de Mauron est associé aux lettres LM. Ces deux lettres déjà analysées, peuvent aussi se lire ÈLEM ou ALEM (Ayin-Lamed-Mem) : « cacher, secret ». Le même mot signifie « éternité » ou « les temps anciens ». Ce mot à donné OLAM : « monde, pérennité, éternité », nous le retrouvons dans l’expression « Olam béOlam : « de pérennité en pérennité », « de monde en monde »… Les directions sont multiples, il convient de rester principalement sur le sens de « cacher, secret ».

Ce sens se retrouve associé de façon secrète dans le toponyme biblique SARON du Cantique des Cantiques de Salomon, chapitre 2-1 dont la lecture kabbalistique va s’avérer très importante pour  pénétrer le « secret » de l’inscription de Mauron. Dans ce premier verset du chapitre 2, est évoqué « Ani ‘havatséleth haShârôn » : « Moi, le lys de Saron, la rose des profondeurs ». (Traduction André Chouraqui dans son commentaire du Cantique des Cantiques – PUF).

Bien que différemment traduit (narcisse, lys…), « ‘havatséleth » désigne de tradition une « fleur unique » et cette fleur pour les Sages est aussi… la rose des profondeurs. Car bien que sujette à différentes interprétations, ces deux fleurs du verset n’en feraient qu’une. Il apparait que Saron désigne ici tout à la fois un toponyme et un nom commun. Cette même réflexion se retrouve avec le mot qu’A. Chouraqui traduit par « profondeurs ».

L’hébreu SARON ou SHARON signifie « plaine, pâturages ». Il s’agirait d’une abréviation de Yashar : « être droit, aller droit », racine que l’on retrouve dans le nom hébreu d’Israël.

‘Havatséleth dont nous retiendrons la traduction par le mot « lys », est un mot formé par deux racines complémentaires : ‘Haba, « cacher, se cacher, être mis dans une cachette », « endroit caché » (une caverne : Josué 10-17) et Tséleth, « ombre »… la fleur unique cachée dans l’ombre, dans les profondeurs.

André Chouraqui commente le mot SARON et sa fleur unique en ces termes : « Le Saron est la plaine côtière où poussent les plus belles fleurs du pays. Fille de la terre et parure des plaines et des vallées dont elle est le secret et la gloire (…). »

Nous avons vu que Saron, le « roi » gaulois, fut présenté comme un contemporain du patriarche Isaac. Le 12 mars 2007 Albert Soued dans une conférence évoque Le Zohar et les Fleurs. Au sujet du verset du Cantique des Cantiques, il présente une explication qu’il qualifie d’ésotérique : « la rose c'est Rébeccah, la femme d'Isaac. Celui-ci est né sous le signe de la rigueur (gvourah) ou jugement (dine), et il est issu d'Abraham ou la miséricorde (h'essed). Rébeccah devenue douce et gracieuse était entourée par la rigueur d'Isaac (épines). D(ieu) associe des couples de nature différente de façon que le monde garde son équilibre. »

Un autre commentaire d’intérêt est celui de Yehoshua Ra’hamim Dufour (http://www.modia.org) au sujet de la « Rose de Charone » et de la « Rose des Profondeurs » :

« 'Havatséléte hacharone, la rose du Charone est la même chose que la rose, dit Rachi (début du chapitre 2 du Cantique des Cantiques). Il y a cependant une différence de degré ; la rose c'est Israël qui est comme une rose parmi les peuples épines qui tentent de lui faire abandonner sa voie.

« La rose (chochana) est nourrie de la rosée des vallées profondes, tandis que ('havatséléte)  " la rose du Charone " vit dans un climat plus sec, où elle se dessèche, disent le Gaone de Vilna et le Radaq, sur le sable des conditions difficiles, ce qui fait allusion à l'exil ; même alors, Israël reste fidèle comme si elle était dans la meilleure des vallées d'Israël où elle recevrait la bénédiction qui est constitutive de ce lieu, de cette terre du Saint, éréts haqqodéche. »

 

Vision cinématographique du mystère Saron et son implication dans les Monts du Pilat

L’exil d’Israël, rose ou lys de Saron, apparait de tradition, comme le dernier exil, l’exil d’Édom qui caractérise l’Occident et qui prendra fin avec l’Ère Messianique.

Le profond mystère du Saron évoqué par Salomon est révélé dans le Sépher ha-Zohar ou Livre de la Splendeur : « " Je suis la fleur des champs et je suis le lis de la vallée " ; or, le mot " Sharon " (champs) désigne le grand Océan qui absorbe toutes les eaux du monde. » Zohar I, 29a.

Cet Océan correspond à l’Océan Atlantique. Nous voyons ici combien il est difficile de traduire ce verset, le mot lis dans la traduction zoharique française de jean de Pauly correspond à la seconde fleur. Il est reconnu que Balzac pour le titre de son roman « Le Lys dans la Vallée » se serait inspiré de ce verset du Cantique des Cantiques.

Le mystère zoharique du Saron entraîne le lecteur-chercheur dans le grand Océan, qui devient le reflet ou le miroir d’Élohim : « C’est en absorbant toutes les lumières, pareil au grand Océan vers lequel vont tous les fleuves, qu’Élohim, établit ici-bas le règne d’en haut. Avant la manifestation d’Élohim, la lumière céleste ressemblait à un océan dont les eaux sont gelées ; toutes les eaux des fleuves qui se jettent dans un pareil océan gèlent également et ne peuvent plus retourner dans leur lit. C’est à un pareil océan que font allusion les paroles de l’Écriture " *Du sein de qui la glace est-elle sortie ? " Tant que l’Océan reste gelé, nul ne peut se servir de ses eaux ; et, quand la mer du Nord est gelée, ses glaces se fondent qu’à l’aide d’un vent du Sud qui y apporte la chaleur. (…) De même, en établissant ici-bas le règne d’en haut, toutes les glaces ont fondu, et toutes les voix d’ici-bas c’élèvent alors vers le ciel, pour lui rendre grâce de ce qu’il a délivré ce bas monde par son règne. » Zohar I, 29b.

*Job 38-29. Le personnage de Job, bien que plongé dans un récit allégorique est majoritairement considéré par l’exégèse juive comme un personnage ayant véritablement existé. Le Talmud présente Job comme l’un des trois conseillers du Pharaon contemporain de Moïse. Certains Midrashim ou commentaires homilétiques, vont jusqu’à l’identifier au Pharaon lui-même bien que la première hypothèse prévale. Les deux autres conseillers que Pharaon consulta face à la multiplication des Enfants d’Israël, sont Balaam et Jéthro dit aussi Réouel, beau-père de Moïse. La présence d’éléments égyptiens dans le Livre de Job permet de comprendre l’hypothèse avancée par Levi ben La'hma dans le Talmud suivant laquelle ce livre aurait été écrit par Moïse.

Le verset glacial de se prolonge ainsi au verset 30 : « Pour que les eaux se cachent comme une pierre, Et que la surface de l'abîme soit enchaînée ? » (Traduction Louis Second). Ces deux versets du Livre de Job précèdent tout en l’annonçant celui du Cantique des Cantiques. Première partie du verset : « les eaux se cachent ». Le verbe ici utilisé n’est autre que « ‘Haba » qui initie précisément le mot « ‘Havatséleth » la fleur unique (lettre Beth prononcée Bé dans le premier cas et Vé dans le second cas).  Deuxième partie du verset : « l’abîme… enchaînée », cet abîme, bien que ne traduisant pas le même mot, doit être rapproché de la seconde partie du verset du Cantique des Cantiques qu’André Chouraqui dans son commentaire traduit : « la rose des profondeurs », d’où son commentaire : « Elle est lys, elle est rose – épouse mystique aux profondeurs du val. Elle a la beauté et la fragrance de la fleur – sa fragilité aussi – sous les cèdres, les cyprès du Temple d’Amour. » En effet, le mot généralement traduit par « vallées » signifie tout d’abord « profondeurs ». Les vallées ou ladite vallée n’est pas n’importe quelle vallée ainsi que l’affirme son pluriel de majesté.

La lumière céleste, est-il dit dans le Zohar ressemblait à un océan dont les eaux sont gelées. Le règne d’en haut, est-il affirmé, s’établira sur la Terre, lorsque les glaces de la mer du Nord auront fondu. Tout ceci n’est bien sûr que symbolique, il s’agit d’entendre que le Règne du Messie permettra à la lumière céleste, semblable aux eaux gelées du Nord de se répandre sur la surface de la Terre. Il est évident que la fonte des glaces du Nord… et du Sud, inonderait la quasi-totalité de la Terre. Et c’est bien ce qui arrive dans le film Lost City Raiders dont le titre français est Le Secret du Monde Englouti.

 

La jaquette DVD Lost city raiders

 

Ce film sorti le 7 juillet 2009 est une coproduction américano-allemande mise en scène par le réalisateur américain Jean de Segonzac et interprété par un casting majoritairement américain. Le film commence en février 2048, désormais, moins de 10% de la surface de la Terre demeure habitable. Ce phénomène climatique s'est vu attribuer le nom de « grand flux » car il se poursuit. D’après la légende, le Sceptre de Moïse pourrait endiguer ce phénomène. L’archéologue John Kubiak (prononcer Koubiak) et ses deux fils adoptifs, missionnés par le Vatican, partent à sa recherche. Mais ils réalisent très vite qu'ils ne sont pas les seuls à s'être lancés dans la course... Pour retrouver cet artéfact dit aussi dans le film Sceptre de Sobek, dieu crocodile du Nil, il leur faut tout d’abord retrouver un vieux livre. Les trois archéologues se rendent à Los Angeles, la Cité des Anges où ils retrouveront le livre enseveli sous les eaux, au pied de la colline d’Hollywood. La couverture en cuir du livre représente deux croix en sautoir, sommées d’une croix pattée. Nous apprendrons plus tard que le sceptre fut un temps détenu par les Templiers.

John Kubiak, ainsi que le cardinal Battaglia du Vatican, sont, tout comme l’étaient les véritables parents des fils Kubiak, des membres d’une société secrète, les Frères d’Origo, les Défenseurs de la Quête du Sceptre. ORIGO est un mot latin désignant le point de départ, l’origine. La Quête du Sceptre de Moïse est la Quête de l’Origine, de la lointaine origine, le pays natal, la métropole : Lost City. Dans le film le pays d’origine est la Pangée, le super contient des origines ; c’est Le Secret du Monde Englouti. Le mot Raiders, apparaissant dans le titre anglais, se veut un clin d’œil au titre anglais du film Raiders of the Lost Ark, rapidement traduit par Les Aventuriers de l’Arche Perdue. Un raid évoque en anglais, une rafle, un pillage, une descente. Cette descente peut s’appliquer à nos archéologues et plus encore à leurs adversaires peu scrupuleux, mais elle peut aussi se rapporter à la descente sur Terre, d’après la Bible, le Livre d’Énoch ou le Livre des Géants, à une époque reculée, des Néphilim (Nephilah : la Descente). Il y a des zones d’ombre dans le film, notamment pour le final…

Le nom Kubiak de cette famille d’archéologues est intéressant. Nom de famille polonais, ukrainienne ou russe, il est formé avec suffixe de filiation sur Kuba, dérivé par aphérèse de Jakub. Il s’agit d’une forme rare du nom du dernier des patriarches bibliques, Jacob (Yacov), fils d'Isaac et de Rebecca. Cette forme du nom biblique joue avec le mot polonais kubeczek : « godet, gobelet ».

Retenons l’origine biblique du nom et ainsi, la tradition juive qui veut que Jacob détenteur du bâton descendit en Égypte où Joseph son fils exerçait les fonctions de vice-roi. À la mort de Joseph le sceptre fut volé par Pharaon. Il permettait de réguler, ainsi qu’indiqué dans le film, les flux et reflux des eaux du Nil. Suivant la tradition, Réouel, conseiller du Pharaon contemporain de Moïse, le substitua et le planta au centre de son jardin. Il est dit dans le Midrash qu’il vit les lettres inscrites sur le sceptre mais ne put les lire. Moïse qui épousa sa fille, pénétra le sens secret de ces lettres et devint le nouveau et véritable détenteur de ce bâton/sceptre nommé le Mateh ‘Oz, soit le Sceptre d’Oz, de la Force, de la Puissance, de la Majesté mais aussi du Lieu Fort (lieu-forteresse). Serge Hutin aimait à rappeler l’origine kabbalistique du Magicien d’Oz… Bien que le mot OZ s’écrive Aïn-Zaïn, un jeu de mots est retenu pour le Sceptre de Moïse avec les lettres Vav et Zaïn. Nous découvrons à la lecture du très intéressant article « Le sceptre de Moïse ou l’anti-pouvoir » de Michel Attali (CAIRN.INFO), que le Mateh est lié de façon très précise avec les lettres hébraïques « et en particulier avec la sixième et la septième d’entre elles, à savoir la lettre Vav et la lettre Zaïn. ». Ces deux lettres écrivent les nombres 6 et 7. Il paraît intéressant de citer à présent le titre d’un livre de Robert Graffin : « CHARTRES I SIS ET SEPT ET GAL TREIZE OR ». Nous savons que Chartres fut après le Mont Pilat, aux temps des Romains, le nouveau lieu de rassemblement des Gaulois. Mais n’allons pas trop vite, nous retrouverons Robert Graffin et la cathédrale de Chartres.

Poursuivons, tels les Frères d’Origo, notre Quête du Sceptre divin…

Il est indiqué dans le Targoum de Jérusalem, version araméenne de la Bible utilisée à l’époque de Jésus, dans les synagogues, que lorsque Moïse pénétra dans le jardin de Réouel, « Il aperçut le bâton qui avait été créé au crépuscule et sur lequel était gravé le Nom grand et glorieux, grâce auquel il était destiné à accomplir les merveilles en Égypte et grâce auquel il était destiné à fendre la mer des Roseaux et à faire sortir l’eau du rocher. Il était fiché au milieu du jardin. Aussitôt Moïse étendit la main et le prit. » (Tj I Ex 2,21) Le bâton fait partie des dix objets qui furent créés avant la création, ou, pour reprendre l’expression targoumique, entre les deux soleils.

(http://www.interbible.org/interBible/ecritures/symboles/2005/sym_051202.htm)

Avions-nous à l’origine sur l’inscription de Mauron mise en relief par Patrick Berlier, deux soleils… Bien que la logique voudrait qu’il y ait eu un soleil et une lune ?

Élie Wiesel est l’auteur d’un recueil titré « Entre deux soleils ». Nous apprenons que ce terme hébreu : « Bein Hashmashot, signifie l’heure qui sépare le soleil du jour et le soleil de la nuit. Mystique entre toutes les heures, elle est consacrée chez le Hassidim aux récits et aux chants, car elle marque le moment où le sacré finit, où le quotidien commence : apogée du Shabbat. » Le Sceptre de Moïse remonterait donc suivant la tradition targoumique à une très haute antiquité, au crépuscule du monde, époque où l’homme né de la Terre ne vivait pas encore... Le Midrash raconte qu’il fut remit à Adam, puis à Énoch et c’est ainsi qu’il arriva entre les mains de Noé qui le plaça dans l’Arche. Plus tard Abraham le remit à Isaac qui le remit lui-même à Jacob et c’est ainsi qu’il parviendra à Moïse…

John Kubiak dont le nom résonne aussi, plutôt bien, avec celui de Sobek, se présente de par son nom, comme un lointain descendant de Jacob. Il apparait assurément, à la barre de son bateau, comme le digne détenteur – ou mieux le Passeur – de ce puissant artéfact. Le nom de son bateau apparait furtivement dans le film, notamment lorsque ses fils adoptifs mettent le cap sur l’ancienne abbaye de Fontevraud où le Templier Mercadier a caché le sceptre. Le nom, ô combien intéressant, de ce bateau est SARDINOPS. Non il ne s’agit aucunement d’une pêche à la SARDINE… Ne retrouverions-nous pas, dans la première syllabe, l’étrange SAR invisible de Mauron, le mot SAR, « Prince » mais aussi « Retour » ? Les trois lettres suivantes mettent en relief le mot hébreu ou araméen, DIN dont la signification est « Jugement », « Tribunal ». Ainsi que nous l’avons vu, le roi SARO était présenté comme un contemporain d’Isaac qui d’après la tradition est né sous le Signe de Din (le Jugement). Les six premières lettres ne sont pas sans rappeler l’excellent sketch de Francis Blanche et Pierre Dac : Le Sâr Rabindranath du Val dans lequel nous entendons cette phrase oiselée : « … les Sârs dinent à l’huile ! » Un enregistrement mémorable de ce sketch fut fait en 1960 à Lyon après un repas bien arrosé… À l’origine de ce sketch il y avait cet autre sketch de Pierre Dac : Madame Arnica, dont le nom peut interroger…

Il convient ici de rappeler que les mots SAR et DIN, nous les avions déjà rencontré, tous deux associés dans la seconde partie de ce Dossier avec le mystérieux carré magique de 8 : Méi-Zahav ou Eau d’Or. Lorsque j’écrivis cette seconde partie, je ne connaissais pas encore ce film d’aventures. La navigation du SARDINOPS et celle du navire concurrent, le FILIMONOF, nous apparait soudain comme un jeu  de bataille navale se développant symboliquement sur la grille de ce carré né de la Kabbale hébraïque.

 

L’Œil du Méridien ou le Clou de Lumière

Le nom du navire de J. Kubiak (SAR DIN-) se termine par les lettres OPS. La déesse romaine de l’Abondance – la Terre (Cybèle) – portait ce nom. Mais écoutons Laurence Talbot nous entretenir des spécificités de ces trois lettres. Pour cet auteur cette syllabe est associée au nom EUROPE : « Europe (…) c’est le mot Erébos (l’érèbe), lequel désigne l’obscurité, la nuit, et spécialement la nuit des temps et des lieux infernaux, toujours, partout, situés à l’occident de la terre. Certains on fait naître Europe de Oreb, terme hébreu signifiant " obscur " et par extension : pays du couchant. Mais les Grecs et les Sémites ne tenaient-ils pas eux-mêmes ces noms et ces notions des astronomes chaldéens d’origine occidentale ? »

Laurence Talbot indique ensuite « que la racine d’Erébos et d’Oreb est orb, qui lui aussi a signalé " obscur " et de surcroit : courbe. » Le mot Orbe en vieux français ainsi que l’indique l’auteur, « en tant que méridien, s’est doublé de hesper ou espère, et aussi de arm ou armille – d’où, comme je l’ai déjà noté, l’expression passer l’arme à gauche : franchir le méridien du Royaume des morts.) […] Il est certain par ailleurs que quand orbe devint Europe (sans doute par le chemin d’Erèbe), le terme dut se décomposer dans la pensée des gens en eur et ope […] La dernière syllabe : ope, ops, opis a désigné l’œil mythique tel que l’entendaient les Anciens, c’est-à-dire l’ombilic, le hile ou l’île – soit encore l’étendue de terre jouant le rôle de centre vital. » (Le mot de la fin sur l’emplacement de l’Atlantide – ATLANTIS N° 267.)

Cet OPS final inscrit sur le navire de J. Kubiak, reformule l’œil représenté dans l’Antiquité sur les navires. À travers cet OPS, cet ŒIL ou cette Île, nous découvrons Le Méridien. Ce méridien nous renvoie dans le film au Templier MERCADIER qui cacha le Sceptre de Moïse. La tombe de ce Templier est localisée dans ce long-métrage à Dresde en Allemagne. Or, lorsque nous découvrons cette tombe immergée, surprise, le nom gravé n’est pas MERCADIER mais MERCARDIER ! Le nom du Templier que nous entendons à ce moment précis du film ne correspond plus avec l’image proposée. MERCADIER en vieux français, c’est le marchand. Dans la réalité, Mercadier, compagnon de Richard Cœur de Lion ne fut pas un Templier mais un Routier, un mercenaire. Il existe dans l’Histoire plusieurs Mercadier routiers. Dans le langage populaire le mercadier/marchand va prendre en cette période médiévale un tout autre sens. Écoutons Germain Laisnel de la Salle (Croyances et légendes du Centre de la France… – préface de Georges Sand, préambule de Michel Quéré – éditions Lulu.com) évoquer en 1875 ce sobriquet et de ses synonymes :

 « Les sobriquets de Brabançon, Cottereau, Mercadier, etc., devenus, parmi nous, des noms de famille, rappellent les brigandages qui désolèrent la France, et particulièrement le Berry, pendant les douzième et treizième siècles. Voici ce que dit à ce propos M. Pérémé, dans ses Recherches sur la ville d’Issoudun : Les nom de Mercadier […] C’étaient, dans l’origine des sobriquets qui sont devenus des noms propres. Mercadier est le nom défiguré des Cottereaux, que les chroniqueurs français appellent tantôt Merchadier, tantôt Marchader… Le nom de Marchader subsiste aussi dans la mémoire du peuple sous la forme corrompue de Marche-à-terre. »

Le Mercadier compagnon du roi Richard fut assurément un Marche-à-terre, un mercenaire aventurier… le Raider n’est pas loin !

Le nom de MERCARDIER inscrit sur la tombe transforme le Marche-à-terre en un Marche-à-Mer comme le fut Moïse lorsqu’il traversa le Mers de Joncs. Le marchand s’affirme comme un cardier, celui qui peigne et qui vend les laines. La carde, la machine ou le peigne du cardeur tire son nom du bas-latin cardo, instrument à carder. Mais cardo, c’est aussi en latin l’axe Nord/Sud. Mercadier le Templier apparait comme le Templier du Cardo… Il est le Templier de la Trame de laine ou de l’N ; une trame dont le fil est cardé suivant la Bible, depuis l’Égypte ! « Les eaux disparaitrons de la mer (…) les fleuves d’Égypte baisseront et tariront (…). Ils seront déçus ceux qui travaillent le lin cardé et ceux qui tissent des étoffes blanches ; ses tisserands seront consternés ». Isaïe 19-9/10. L’assèchement du Nil (la mer), axe Nord/Sud de l’Égypte ne peux que ruiner la grande Égypte. Mais cet épisode biblique prophétique trouve sa finalité aux versets 19 et suivants de ce même chapitre : « Ce jour-là, il y aura un autel dédié à Yahvé au milieu du pays d’Égypte… » Cet autel correspond au Temple d’Éléphantine, miroir égyptien d’un temple oublié du Pilat antique. 

Dans son livre « BABEL Le langage du 21ème siècle » (éditions Eqev), Abraham A. Abehsera a mis en lumière quelques jeux linguistiques d’importance pour cette étude, relatives à la perception maritime du merinos. « Les bateaux à voile ont un tissu blanc qui les recouvre à l’instar de la toison des moutons. A distance, il est vrai que l’on distingue très mal les voiliers des crêtes d’écume blanche (les moutons) qui couronnent les vagues. La voile est ainsi la laine qui couvre le bateau/mouton. Ceci est souligné par le fait que le français voile est homonyme de l’anglais wool (laine) (…) Un homonyme intéressant de marine est l’espagnol merino. »

Le travail de cet auteur relatif aux « invincibles mérinos » se poursuit avec SPAIN, l’Espagne, homonyme de l’anglais SPIN désignant le filage de la laine et l’hébreu SPINA (Sephina), « navire, bateau », synonyme de ANYAH, mot dont le pluriel, nous l’avons vu, apparait dans Rosh Anin, la « Tête de vaisseaux », ou « Tête de la flotte » de ces « Deux Têtes », titre anagramme du nom hébreu Sharounin ou Saronides grecs, disciples de Saron.

Depuis Louis Charpentier, plusieurs auteurs ont abordé l’énigme, car il s’agit bien d’une énigme, de la flotte du Temple. Les Templiers, ceci semble bien établi aujourd’hui, naviguaient jusqu’en Amérique. Au début du film l’Équipe Kubiak fait le chemin inverse, quittant Los Angeles, la Cité des Anges pour le New-Vatican.

Deux navires œuvrent à la même quête mais avec des objectifs différents. Le navire de l’Équipe Kubiak et celui de l’Équipe Filiminov portent respectivement le nom de SARDINOPS et de… FILIMINOF. Que remarquons-nous ?

SARDINOPS

FILIMINOF

Le premier commence et se termine par un S, tandis que le second commence et se termine par un F. Les lettres P et F sont en hébreu, une seule et même lettre. Si OPS ou OPIS signifie « abondance, opulence » en latin, dans la même langue INOPS signifie son contraire : « sans ressources, pauvre » : ærarium inops, « trésor épuisé, vide ».

Les deux S du premier navire et les deux F du second navire résonnent à l’unisson d’une étrange tonalité maçonnique. En effet, les sigles SS.˙. et FF.˙. sont deux abréviations maçonniques désignant les Sœurs et les Frères. Nous retrouvons avec les lettres FF, les initiales de la Fama Fraternitatis : la Rose+Croix évoquée dans la seconde partie de ce Dossier. Séparément elles peuvent évoquer aussi chez les Fendeurs-Charbonniers, les mot Franc(he) et Fendeur. Dans la Franc-Maçonnerie S.S désigne aussi le Sanctus Sanctorum ou Saint des Saints… La lecture du livre de Jacques Brengues « La Franc-Maçonnerie du Bois » (Éditions Véga) nous donne à penser que le Sceptre ou Bâton de Moïse revêtait pour les Fendeurs une certaine importance.

Filiminof – du grec Philémon : Ami de la Solitude ou Ami de la Lune – suit au plus près le Fil menant au Sceptre de Moïse, il est d’ailleurs le premier à mettre la main sur l’artéfact mais très vite le droit reprend son cours et les fils de J. Kubiak le récupèreront. En qualité d’Ami de la Lune, Filimof n’est pas sans rappeler les Chevaliers du Clair de Lune de Ponson du Terrail derrière lesquels, ainsi que nous l’avons vu dans la seconde partie de ce Dossier, se cachent les Fendeurs/Charbonniers.

Les héros vont déclencher incidemment un processus d’utilisation de l’artéfact. Le cristal de saphir enchâssé dans le bois de cèdre du bâton ou sceptre projette soudain dans la cabine du Sardinops un hologramme en 3D. Voici qu’apparaît le continent primordial de la Pangée sur lequel se matérialisent les points de convergence d’énergie cosmique. Ces points cosmo-telluriques permettraient de stopper le « grand flux ».

Ainsi que je l’indiquais dans la seconde partie de ce Dossier, le Déluge, suivant la tradition hébraïque, aurait été provoqué, ainsi que formulé dans Genèse 7-11, par l’ouverture des cataractes du ciel et par le jaillissement (Baqa’) des sources (Aïn-). Ce jaillissement ou ce lieu de jaillissement (Baqua’) bien que déclencheur du phénomène inondation, pouvait, dans l’hypothèse du repentir des Géants ou Néphilim, opérer l’opération inverse, à savoir le retour des eaux, dans les entrailles de la Terre.

Or, que découvrent les héros du film « Le Secret du Monde Englouti » dans la représentation holographique de la carte de Pangée ?... Ils découvrent… et ceci me parut incroyable lorsque je visionnai le film et ce, plusieurs semaines après avoir rédigé la première et la seconde partie de mon Dossier consacré à l’inscription de Mauron… ils découvrent que le point majeur de convergence d’énergie cosmique sur la carte de la Pangée est :

« SAINT-ÉTIENNE ET SON COMPLEXE DE GROTTES SOUTERRAINES. SANS DOUTE UN POINT DE CONVERGENCE. »

Le doute n’est pas de mise, les archéologues de l’Équipe Kubiak viennent de quitter Fontevraud et le lieu vers lequel il se dirigent, le lieu figuré sur la carte de la Pangée et plus précisément sur ce qui sera un jour la France – bien que quelque peu différente à l’époque – est l’actuelle Saint-Étienne dans la Loire et assurément les Monts du Pilat baignés en cette année 2048 par la mer. Patrick Berlier fut aussi surpris que moi lorsqu’il regarda lui aussi le film sur Internet, mais il me fit remarquer que par « complexe de grottes souterraines » (mauvaise adaptation française de l’anglais originel ?) il fallait sans doute comprendre « complexe de galeries souterraines », puisque s’il n’y a pas de grottes à Saint-Étienne il y a par contre le complexe réseau des anciennes galeries des mines de charbon, dont les plus anciennes remonteraient, selon la légende, à l’époque des Gaulois. Ces galeries sont toujours présentes en sous-sol, bien que les entrées en aient été condamnées après la fermeture des Houillères dans les années 60.

Quoiqu’il en soit, nous avons dans ce film écrit par Torsten Dewi, un scénario proche de celui présenté par F. Gabut lorsqu’il évoque le Crêt de la Perdrix : « …c'est une des montagnes sacrées sur lesquelles s'arrêtait l'arche de Noé, c'est-à-dire où hommes et animaux ont trouvé la sécurité, alors que les plaines étaient envahies par les eaux provenant de la fonte des grands glaciers. »

Ainsi que je le notais dans la 2ème partie de mon Dossier « Le Poisson Nourriture du Monde » : « Les propos de cet historien nous offrent la vision d’un Mont Pila(t), ou Mont de l’Éléphant(e), environné d’eau. De ces eaux inondant la future Terre de France surgit une Île Éléphantine… (…) cette île surgie de l’abîme n’est pas sans évoquer l’île Éléphantine située sur la première cataracte le Nil… »

Depuis nous savons, grâce aux recherches de Patrick Berlier publiées dans l’ouvrage collectif « Pilat, terre de grands secrets », que l’un des tableaux perdus de Prarouet, représentant des moines Chartreux autour d’une femme éthérée – allégorie de la générosité – était inspiré d’une gravure d’Antoine Caron représentant des jeunes filles dénudées – devenues des Chartreux ! – autour de la Vénus Éléphantine, la statue de Vénus du temple de la célèbre île égyptienne.

Les héros du film vont aborder l’île Éléphantine du Pilat où subsiste, dans un réseau de souterrains, Le Saint des Saints d’un sanctuaire antérieur à l’humanité. Pour accéder à cette île il faut symboliquement descendre le Méridien. Sur quelles traditions Torsten Dewi qui écrivit l’histoire racontée dans le film, s’est-il appuyé ?

L’idée d’une mer baignant le Forez repose sur des traditions orales, reprises notamment par Honoré d’Urfé dans L’Astrée. Nous trouvons une synthèse de ces traditions dans « La légende des siècles foréziens » du site Forez-info :

«  MARE NOSTRUM

C’est Honoré d’Urfé qui a popularisé l’idée d’une mer forézienne qui recouvrait les terres avant la conquête romaine. " De toute ancienneté, cette contrée que l’on nomme à cette heure Forez fut couverte de grands abîmes d’eau, et il n’y avait que les hautes montagnes que l’on voit à l’entoure, qui fussent découvertes, hormis quelques pointes dans le milieu de la plaine, comme l’écueil du bois d’Isoure et de Montverdun. " Certains auteurs nous disent qu’on pouvait voir autrefois, scellés dans la roche, à Saint-Romain-le-Puy, des anneaux de fer qui servaient à amarrer les barques. On retrouve cette tradition, plus au sud, à la Tour-en-Jarez dans les écrits de La Mure. Il évoque l’existence d’une tour marquée de figures solaires au sommet de laquelle était érigée une pyramide. Un feu servant à guider les nautes foréziens y était entretenu. Un phare, s'il vous plait, pour guider la barque des seigneurs de Saint-Priest vers leur château. Dans L’Astrée, d’Urfé nous dit encore que c’est Jules César qui assécha la plaine : " un étranger romain du nom de Julius… fit rompre quelques montagnes, par lesquelles ces eaux s’écoulèrent… " »

http://www.forez-info.com/encyclopedie/memoire-et-patrimoine/194-la-legende-des-siecles-foreziens.html

Bien sûr on ne prête qu’aux riches, César aurait connu le secret permettant l’écoulement des eaux comme il aurait connu d’après Maurice Leblanc le Secret de l’Aiguille Creuse...

Torsten Dewi semble également s’être appuyé sur le thème stéphanois du Méridien. N’oublions-pas, ainsi que le rapporte Noël Gardon dans son livre « Mon Pilat Etymologies Rêves et Légendes… et Réalités – 1983 » qu’une fois l’an, les tribus de la Celtide avaient rendez-vous au sommet de l’Aralez pour la grande Assemblée. Ce lieu de rendez-vous druidique fut à l’époque romaine déplacé plus au Nord à Autrikon, actuelle Chartres, oppida gaulois dont le nom est tout à la fois apparenté à l’autel et à l’Autura – la rivière Eure. Ainsi que l’a démontré Robert Graffin dans le livre cité plus haut, le module géométrique de la cathédrale de Chartres s’articule, tout comme le Sceptre de Moïse, sur les nombres 6 et 7. Et, ainsi que l’affirme le titre d’un chapitre de ce livre : « DU 6 au 7 : UN TREIZE OR ! » R. Graffin annonce : « Le rapport arithmétique des diamètres du cercle directeur et des cercles du décumanus est exactement proportionné à 7 et 6, c’est-à-dire 7 unités pour le cercle directeur, et 6 pour le cercle de DECUMANUS. Le rapport 6-7 se retrouve donc dans la cathédrale sous forme de 7 pour la largeur de la nef, et 6 pour la largeur du transept. »

 

Portail nord de la cathédrale de Chartres : Moïse reconnaît la trace du serpent sur le roc

 

Il est peut-être dans la cathédrale de Chartres un signe de piste menant au Pilat : il s’agirait de la Méridienne d’Estienne. Écoutons R. Graffin nous parler de ce signe :

« À Chartres, chaque 21 juin, jour du solstice d’été ou "’ fête de la Saint-Jean ", au midi solaire, dans le bras Sud-Ouest de transept un rai de lumière blanche venant du vitrail St. Apollinaire passe sur un certain clou, planté dans une dalle de pierre de 56 cm sur 65 : ces deux chiffres sont les deux faces d’une même pièce, se regardent dans un miroir qui pourrait être celui de Léonard De Vinci, et sont en rapport l’un à l’autre de 1,1. (…) Ce phénomène lumineux, appelé " méridienne du chanoine Estienne ", fut mis en place par ce dernier en 1701 (…) Le fait que ce soit un chanoine qui ait conçu cet appareillage de la lumière n’empêche pas qu’il puisse s’agir d’un initié… »

Il se peut, ainsi que l’avance R. Graffin que le chanoine Estienne fût un membre de la célèbre famille d’imprimeurs-éditeurs dont on peut noter la présence dans la cité de Lyon. Les Estienne ont d’ailleurs donné leur nom à un jeu de caractères, ce que l’on nomme aujourd’hui une police de lettres. R. Graffin insiste sur le rapport 6/7 de la cathédrale et indique que ces nombres reformulent le « clou » soit la lettre Vav (6) en hébreu et le nombre 7 du vitrail-Apollon-7 (st. Apollinaire).

La Méridienne d’Estienne et son Clou apparaissent comme deux signes d’une piste qui va orienter le pèlerin dans la descente d’un méridien tout aussi énigmatique que celui de Paris. Il s’agit du Méridien de Bruxelles. L’article Wikipédia consacré à ce méridien nous apprend : « Le méridien de Bruxelles est un méridien référence qui passe par la Cathédrale Saint-Michel-et-Gudule de Bruxelles. Il est situé à 4° 21’ 36, 8’’ ou 4° 22’ 4,71’’ à l’est de celui de Greenwich selon les sources. » Ce méridien « a été défini le 22 février 1836 par le mathématicien et astronome belge Adolphe Quetelet. Dans le pavement de la Cathédrale Saint-Michel-et-Gudule se trouve un fil de cuivre témoin. Des clous de cuivre indiquent l’emplacement où viennent frapper les rayons du soleil aux solstices. Un petit trou dans le vitrail de Marie de Hongrie (transept sud), juste sous la jambe du roi Louis II de Hongrie, laisse passer les rayons du soleil. »

Sur la page Wikipédia consacrée à Saint-Étienne nous lisons d’importantes informations relatives au Méridien de Bruxelles : « Les quartiers ouest de la ville sont situés sur le méridien de Bruxelles : celui-ci passe par les quartiers de Bel-Air, Côte-Chaude et Michon. »

Ces informations d’importance pour cette étude m’incitèrent à questionner sur le sujet Patrick Berlier, l’enfant du pays, car ces noms lui parlaient sans doute beaucoup plus qu’à moi. Voici la réponse qu’il m’apporta :

« Les quartiers de Bel-Air, Côte-Chaude et Michon forment une partie des sept collines sur lesquelles s'étend la ville, selon une tradition quelque peu journalistique. Et ces quartiers ouest de la ville sont très riches en puits de mines, tout simplement parce que la houille du bassin stéphanois a d’abord été exploitée à l’ouest de la ville de Saint-Étienne, là où elle effleurait naturellement. Bel-Air est en fait le versant nord du Crêt de Montaud, où se trouvait jadis le puits Sainte-Marie, lequel a laissé la place à un grand parc arboré. Michon et Côte-Chaude forment le versant sud du même crêt. C'est dans la partie basse de Michon que se trouvait le puits Couriot, devenu aujourd'hui le Musée de la Mine. »

« Depuis les années 90, ce crêt de Montaud porte un autre nom : Crêt des Six Soleils. Pourquoi cette appellation étrange ? Tout simplement parce que depuis cette époque est installé au sommet de la colline un petit monument à vocation astronomique, réalisé par la Maison d’Animation du Parc de Montaud et le Planétarium de Saint-Étienne. Autour d’un point central, constitué par une petite pyramide à degrés qui n’est pas sans évoquer les pyramides mayas, six stèles, surmontées chacun d’une rouelle solaire à six branches, matérialisent sur l’horizon les directions des levers et couchers du soleil aux solstices et aux équinoxes. »

 

Sous le soleil caniculaire de l’été 2015,

le monument solaire du Crêt des Six Soleils.

À l’arrière-plan, à droite, le massif du Pilat

 

« Si l'on suit le méridien de Bruxelles / Saint-Étienne vers le sud, on note qu’il traverse la partie ouest du Parc Naturel Régional du Pilat. Il passe précisément par les villages de Saint-Romain-les-Atheux, Jonzieux, et le méridien frise ensuite la commanderie des Templiers de Marlhes. »

Intéressants, sont assurément les propos de Patrick. Il évoque, notons-le, le méridien de Bruxelles / Saint-Étienne. Suivant la tradition les Templiers de Marlhes auraient quitté discrètement la Commanderie par les souterrains emportant avec eux un fabuleux trésor. Ils se dirigèrent ensuite vers Sainte-Croix-en-Jarez. Ont-ils caché leur trésor, ainsi que certains auteurs en ont avancé l’hypothèse, à Sainte-Croix ? Patrick Berlier dans son article bien documenté « Les Templiers et le Pilat » (Les Regards du Pilat), après avoir rappelé que les relations entre les Templiers et les Chartreux étaient tendues, tient des propos plus nuancés sur le sujet :

« La chartreuse de Sainte-Croix pouvait tout au plus fournir un camp de base très provisoire, le temps de mettre en lieu sûr aux environs les biens dont les Templiers étaient les dépositaires. Cet hypothétique endroit reste à ce jour indéterminé... Un détail important est à souligner : Sainte-Croix était en 1307 dans le Lyonnais, comté qui n’était pas encore rattaché au royaume de France, et la chartreuse pouvait offrir un lieu d’étape sécurisé sur la route du Saint Empire romain germanique. Lorsque la légende affirme que les Templiers se dirigèrent sur Sainte-Croix, peut-être faut-il comprendre qu’ils prirent la route du Lyonnais, tout comme leurs quelques homologues du Puy qui réussirent dit-on à s’échapper dans cette direction... »

La Commanderie de Marlhes sise sur le Méridien de Bruxelles / Saint-Étienne ouvrait peut-être l’ultime case de ce Jeu de l’Oie révélé par l’inscription de Mauron ? Une partie de la réponse apparait peut-être au hameau du Rozet dans cette pierre monumentale du porche de la chapelle réemployée dans la construction d’un mur, à l’envers… Ainsi que l’indique Patrick : « Ce fragment de linteau se compose d’une accolade, ornée d’une rouelle, qui devait surmonter un portillon, et de la partie gauche d’une arcade qui coiffait le portail central. »

 

En haut : linteau de la chapelle des Templiers remployé dans le hameau du Rozet

Au centre : la même pierre retournée dans sa position d’origine

En médaillon : détail de la rouelle (photos et montage P. Berlier)

 

Nous retrouvons la rouelle à six branches assurément très importante dans cette énigme.

Ainsi que l’indique Patrick Belier dans son dernier livre « Jules Verne, Matériaux cryptographiques » (ARQA Éditions), au XVIème siècle les Verne originaires du Vivarais s’installèrent dans le Pilat, d’abord dans l’ancienne commanderie de Marlhes puis au hameau du Sapt dans la commune voisine de Saint-Genest-Malifaux. Antoine Herrgott dans son livre « Le Château de la Faÿe » indique que André Verne s’établit fermier à la Commanderie du Temple de Marlhes en 1585. Antoine Verne, son arrière-petit-fils (1617-1701) fut un proche de François de Bochosel de Montgontier, chevalier Grand Croix de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, grand bailli de Lyon et de Devesset dont dépendait l’Hôpital de Marlhes. A. Herrgott ajoute : « Antoine Verne devient membre dépendant de la Commanderie du Temple de Marlhes. » Il convient peut-être de rappeler ici que la troisième ligne de l’inscription de Mauron est constituée par cette très hermétique formule :

ET MAVRYE 9 VERNE

Ce qui est ici représenté par un Y serait en fait un Aïn hébraïque dont la signification est « source, œil », ainsi qu’indiqué dans la seconde partie de ce Dossier. L’inscription reconstituée par Patrick Berlier comporte un S, lettre finale de VERNE mais ce S absent du relevé de Jean Dessus, devient nécessaire lorsqu’on associe véritablement le mot VERNES au nombre 9 qui se veut aussi un Q rétrograde…

 

Troisième ligne de l’inscription de Mauron, selon le relevé de Jean Dessus (à gauche)
et selon la reconstitution infographique de l’inscription réelle (à droite)

 

En 1630, date indiquée sur l’inscription, Antoine Verne n’avait que 13 ans. Mais c’est peut-être autour de cette famille installée dans la commune voisine de Saint-Genest-Malifaux qu’il convient de chercher. Les Verne ont-ils été connaissants du mystère de la source (Aïn) tel que nous avons pu l’évoquer précédemment ? En cette année 1630, sévissait dans la région une peste noire meurtrière. Néanmoins, les Verne de ce siècle ont pu admirer et comprendre les inscriptions énigmatiques de la Font-Ria gravées en 1614 par L. Jacquemin et dont voici quelques vers :

JE GLACE DE PEVR

EN PERDANT

MA SŒUR

Si le film Le Secret du Monde Englouti bénéficiait d’une sortie cinématographique il pourrait-être visionné au Cinéma Jules Verne de Saint-Genest-Malifaux…

La présence des Verne dans la région nantaise devient même étrange lorsque l’on sait que le thème lié au mystérieux Sceptre de Moïse réapparait au Sud de Nantes… Mais ceci est une autre histoire…

Une mystérieuse aura plane sur de l’unique Commanderie templière du Pilat. Autour d’elle se sont développées différentes rumeurs. Deux des plus intéressantes, présentées par le chercheur André Douzet dans ses livres ou articles, est d’une part la survivance de l’Ordre du Temple dans le Pilat et d’autre part un aspect prophétique formulé peut-être, ainsi que l’indique ce chercheur, dans la 26ème et dernière des prophéties courtes, attribuées au futur pape Jean XXIII. Cette prophétie titrée MARLE n’est pas étrangère à la symbolique MER et peut, tout à fait révéler une survivance du Temple de Marlhes à laquelle seraient liés les Verne qui furent également des Ouvriers du Bois. Ceci fera peut-être l’objet d’un futur article.  

Poursuivons et achevons à présent notre décryptage du film Le Secret du Monde Englouti. Retrouvons les héros lorsqu’ils découvrent le réseau de grottes souterraines de Saint-Étienne. Ils accèdent à une salle de contrôle datant d’une époque assurément méconnue des hommes. Le cinéphile découvre une nouvelle fois la carte de la Pangée sur laquelle apparaissent des noms de lieux écrits dans un alphabet inconnu. La carte n’est que partiellement filmée et nous ne pouvons, malheureusement, y reconnaître ce qui beaucoup plus tard deviendra la France. Nous reconnaissons par ailleurs sur le mur, une spirale de type jeu de l’oie. Le dessin d’une croix est associé à cette spirale. Au centre de la pièce figure un socle surélevé et hexagonal. Au centre sera placée la clef, le Sceptre de Moïse qui va permettre la descente des eaux.

Le film tenterait à nous démontrer en seconde lecture, l’importance de la région stéphanoise dans la lointaine Pangée. De ce très lointain passé dépend la survie du monde, quelques 300 millions d’années plus tard. Comment se présentait cette région en ces temps oubliés ? La réponse apparait dans l’article « Le Musée de la Mine de Saint-Étienne fête ses 20 ans ! » :

 « Il y a environ 300 millions d’années, le territoire qui deviendra Saint-Étienne et ses environs est situé sous les tropiques au cœur du continent unique appelé la Pangée. Une forêt tropicale luxuriante apporte d’énormes quantités d’éléments organiques dans un lac intérieur. » http://www.pointsdactu.org/article.php3?id_article=1814

De ce lac intérieur bordé par une forêt tropicale, semble être née la légendaire MARE NOSTRUM antérieure au Forez. Le film Le Secret du Monde Englouti mis en scène par Jean de Segonzac comporte de nombreuses zones d’ombre. Le metteur en scène et les producteurs, peut-être limités par le budget, vont au plus rapide.

Nous aurions aimé connaître le texte de base dont s’est servi le metteur en scène. L’histoire et sa conception sont l’œuvre de Torsten Dewi. Jean de Segonzac, ainsi que mentionné dans le making-of du DVD, en a tiré le scénario final du film. Torsten Dewi travailla pour les Américains sur des productions cinématographiques et télévisuelles d’importance. Auteur de romans, il a notamment publié « L’Anneau des Nibelungen » et « La Vengeance des Nibelungen ».

 

Torsten Dewi, l’auteur du scénario

 

À partir de quelles informations écrites ou orales, Torsten Dewi s’est appuyé pour entraîner le cinéphile près de Saint-Étienne dans son réseau de grottes ou mines ? Un tel lieu existe-t-il dans le Pilat ? La réponse est positive mais une autre question se pose : A-t-il existé, existerait-il encore, un lieu de jaillissement, une Baqa’ biblique ? Un site comme le hameau de Ban, ancien domaine chartreux, tout comme le haut-lieu de Sainte-Croix-en-Jarez où rayonnèrent ces mêmes Chartreux, pourrait postuler pour la Baqa’. Dans la symbolique des lieux pilatois, le Saut du Gier avec sa légende du Zicle, le serpent gardien des trésors, pourrait pareillement être retenu quant à cette localisation.

Des cailloux blancs menant à cette Baqa’ pilatoise semblent jalonner la route. L’une de ces pierres pourrait être l’énigmatique Pierre du Serpent dont Patrick Berlier nous entretient dans son DVD « LA ROUTE DES AIGLES DU PILAT » : « Voici qu’apparait une grosse pierre grise arrondie qui pourrait passer dans la pénombre du sous-bois pour un dôme d’une tente ou une meule de foin. On peut y remarquer l’affleurement d’une veine de roche plus claire en forme de serpent. Même si l’apparence de cette pierre ne doit rien à la main de l’homme, on peut imaginer quel émerveillement elle suscita chez les premiers habitants de la région. »

Le 9 juin 2015, date à laquelle je ne connaissais toujours pas le film Le Secret du Monde Englouti (je ne le découvrirai qu’une dizaine de jours plus tard), j’informais Patrick de mon intérêt pour cette Pierre du Serpent dans le rapprochement qu’elle pouvait avoir sur un plan purement symbolique avec cette autre Pierre du Serpent que Moise frappa de son sceptre, alors qu’il aurait dû suivant la parole Dieu, lui parler… Patrick m’apprit qu’il avait découvert cette pierre « il y a environ une quinzaine d’années, au hasard d’un balade ». Il devait en retrouver ensuite la date précise : le jeudi 13 septembre 2001, deux jours après le tristement célèbre attentat de New York. Le hasard prend quelque fois de beaux sentiers ombragés. Un grand merci à Patrick qui m’envoya les deux photos que voici de la Pierre du Serpent.

 

La Pierre du Serpent du Pilat, près de la Croix de Chaubouret – détail du « Serpent »

 

Le trou dans la pierre et cette fente verticale tout aussi naturels que le serpent, nous parlent néanmoins dans la symbolique de la frappe du Sceptre de Moïse. Patrick m’indique au sujet de cette pierre : « Elle ne fait l'objet, à ma connaissance, d'aucune tradition, légende ou croyance. C'est moi qui l'ai baptisée Pierre du Serpent. Lequel serpent est totalement naturel, c'est une veine de roche plus dure que l'érosion a préservée. Quand on la frotte avec un chiffon elle ressort plus claire. D'après les géologues, le bassin est naturel lui aussi, c'est l'œuvre du gel et dégel au niveau d'une diaclase, qui a fait éclater la roche, l'érosion l'a ensuite adouci et arrondi. Mais j'imagine la stupeur de nos ancêtres en voyant cette pierre bien curieuse par sa forme. »

Nous pouvons effectivement penser que nos ancêtres furent stupéfaits par cette pierre bien curieuse par sa forme. L’image du serpent bien que naturelle ne peut que les avoir interrogés précisément par son aspect presque surnaturel. On peut penser que les anciens Saronides, disciple de SARO et successeurs en ces lieux des Prêtres du culte des Mégalithes, ont tout comme Patrick il y a quinze ans, formulé l’idée d’une Pierre du Serpent. Qu’ont fait les Druides du Pilat… qu’a fait le Druide du Pilat… ont-ils frappé la pierre, ont-ils parlé à la pierre pour qu’il en jaillisse de l’eau ?

Le 5 janvier 1999, l’Observatore romano, organe officiel du Vatican, reconnaissait la validité du travail d’un archéologue Italien Emmanuel Anati et l’encourageait à poursuivre son travail. http://atheisme.free.fr/Contributions/Etude_bible_2.htm

Pour cet archéologue, le Mont Sinaï biblique était situé non pas au Sud mais au Nord de la péninsule du Sinaï. Il s’agirait de la montagne Har Karkom, la Montagne du Safran anciennement Djebel Ideid, nom arabe signifiant « montagne des Célébrations » ou « montagne des Multitudes ». E. Anati découvrit dans la vallée un sanctuaire de 12 stèles dressées rappelant les 12 tribus d’Israël. Des gravures rupestres ont attiré l’attention de l’archéologue. L’une d’elle représente ce qui ressemble étrangement aux Tables de la Loi reçues par Moïse au sommet du Mont Sinaï. Une autre ô combien intéressante dans le cadre de cette étude représente un soleil et une lune. Pour l’archéologue Italien, cette lune représente Sin le dieu de la Lune qui donna son nom au Mont Sinaï.  

 

Gravure rupestre

http://harkarkom.com/Gallery.php?image=52

 

Pour le professeur Emmanuel Anati, cette gravure représente le bâton de Moïse à la fois serpent, à la fois bâton. Le bâton sommé d’une tête cornue évoquerait tout à la fois le Sceptre de Moïse et Moïse lui-même lorsque celui-ci descendit du Mont Sinaï le front irradié de cornes de lumière.

Dans l’idée cette pierre au serpent surmontée, après une rotation 90 horaire, du soleil et de la lune, serait symboliquement reformulée dans la première ligne de l’inscription de Mauron.  

La Route du Serpent initiée par l’inscription de Mauron passe assurément par le Mont Pilat. Des hommes tout au long des millénaires et aujourd’hui encore, ont connu et connaissent incontestablement cet important mystère conservé dans la pierre. Ils assurent la pérennité de cette trace indélébile bien qu’invisible, du serpent sur le roc.

L’ingénieur des Ponts et Chaussées, Philibert Réocreux fut peut-être l’un de ces hommes en 1830. Il fut chargé de la construction de la future nationale 82 qui franchit le col du Grand-Bois ou col de la République. Ph. Réocreux portait un nom plutôt courant dans la région mais reconnaissons que son nom sonne étrangement… Réau-Croix

 

Le Serpent de Pierre découvert et magnifiquement installé par l’ingénieur Philibert Réocreux
dans le parc de son oratoire Sainte-Agnès près du col de la République (photo P. Berlier)

 

En direction de Bourg-Argental l’ingénieur avait acheté, un peu en contrebas du col, un petit terrain destiné à devenir un parc arboré, qu’il voulut décorer d’un oratoire dédié à sainte Agnès, son épouse se prénommant ainsi. Lors du percement de la route, on aurait découvert des pierres aux formes curieuses, dont l’une, ainsi que l’indique Patrick Berlier, ressemble précisément à un long serpent. Ce serpent semble nous montrer la Route menant au Sanctuaire ou Saint des Saints du Mont Pilat.

Saisissons l’invitation et pénétrons dans le SAINT DES SAINTS…



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