DECEMBRE
2017
|
Par notre Ami
Eric Charpentier |
Avant-propos Le dossier qui va
suivre a été achevé le 22 septembre 2017 et
traite d’un sujet qui de prime abord n’est pas facilement
accessible : la
métrologie. Science de la mesure, la « métrologie
fondamentale, ou scientifique, vise à étudier,
identifier, créer, développer et
maintenir des étalons de référence reconnus ».
Il sera fait cas de
nombreux étalons antiques connus, tels que le pied romain, le
pied grec, le
pied anglais, le pied ou la coudée royale égyptienne,
…etc., ou moins connus,
comme les deux pieds gaulois, le pied de Nippur, le pied de
Khéops, le pied
Drusien, …etc. J’ai essayé autant que possible d’étayer
une part de mes propos
en m’appuyant sur des bases bibliographiques scientifiquement reconnues
et qui
figurent en références dans ce dossier. Je n’ai pas fait
cas dans ces
références du travail magistral de Magdeleine Motte sur
la métrologie pré et
protohistorique, dont je n’ai pu découvrir les écrits
qu’après avoir terminé ce
dossier. Le temps me permet encore d’y remédier dans ce bref
avant-propos et
c’est une opportunité qu’il convient de ne pas laisser passer. Décédée dans sa 95ème
année en
septembre 2015, Magdeleine Motte a été
bibliothécaire et archiviste. Agrégée et
professeur de mathématiques à Toulon, spécialiste
de la langue provençale, elle
a traduit et édité l'ouvrage de Bertrand Boysset,
« La Siensa de destrar : ou le savoir-faire d'un
arpenteur arlésien du 14e
siècle », (Toulouse, Ecole nationale du cadastre,
1988). En 2010, ce
premier travail sera complété et édité par
les Presses Universitaires de la
Méditerranée sous le titre « Bertran Boysset. Manuscrit 327 de l’Inguimbertine dit Traité
d’Arpentage ».
Gérard Chouquer1 dira de ce travail « que Magdeleine Motte avait deux qualités pour se
lancer dans cette
entreprise : sa connaissance de la langue occitane ; ses connaissances
en
mathématiques. En outre, consciente de ses limites, elle ne
s’est pas aventurée
sur certains sujets qu’elle ne maîtrise pas, comme le droit ».2
Malgré cet éloge engageant, Gérard Chouquer
« reste cependant dubitatif lorsque Magdeleine
Motte reprend un thème qui
lui tient à cœur, et qui consiste à faire de Boysset et
d’Arles, « le dernier maillon d’une chaîne de
praticiens-instructeurs ayant assuré une transmission orale des
savoirs ».
Or M. Motte n’hésite pas à verser dans ce bagage
transmis, le « mètre mégalithique
» (?), le pied
phylétaire (ou philétaire) égyptien, le pied grec
de Milet, le pied romain,
confirmant par-là que sa vision de la métrologie
historique est celle d’une
science dont le récit serait généalogique et
autonome du reste des influences
sociales et dont le but endogène serait d’établir la
lignée ininterrompue de
ces savoirs transmis et retransmis. Or le fait qu’il existe des
parentés de
mesure doit-il conduire à lire des généalogies
obligées quand on ne possède pas
les documents sur lesquels fonder ces spéculations ? Rien n’est
moins certain.
Il y a un risque réel à envisager un espace-temps aussi
global ». Déjà
en 19983, Magdeleine Motte osait aborder au sein d’une
archéologie fortement intéressée par la
métrologie, le sujet épineux de la métrique
préhistorique en évoquant l’existence du Mètre
Mégalithique. Il s’agit en fait du Yard
Mégalithique de 82,9 cm
qu’avait identifié le Professeur Alexander Thom dès les
années 1950 et qui
aujourd’hui encore a du mal à faire l’unanimité
auprès des historiens et
archéologues4. Il faut surement voir dans le
scepticisme de Gérard
Chouquer une réaction prudente face à des propos trop
catégoriques. Mathématicienne
convaincue, Magdeleine Motte publie néanmoins la somme de ses
découvertes
métrologiques en 2009 dans « La Cana e lo destre.
Essai de métrologie des
pays occitano-catalans, et d’ailleurs, de la préhistoire au XVIIIè
siècle », aux éditions de la Maison des
sciences de l’homme. Elle déclare
en introduction avoir bénéficié des encouragements
et conseils d’éminentes
personnalités comme Jean-Loup Abbé5,
François Favory6,
Ricardo Gonzalez-Villaescusa7 et Gérard Chouquer8,
dont
les recherches sont effectivement en étroite relation avec la
métrologie
antique. Le lecteur y découvrira sans doute la plus remarquable
étude
métrologique jamais recensée en France dans la mesure
où – sans mauvais jeu de
mots – l’auteur dresse un répertoire quasi exhaustif de tous les
étalons
métriques connus dans le bassin méditerranéen,
tout en établissant les rapports
mathématiques envisageables entre eux. Ce dernier point est
capital à la
compréhension de la génèse du ou des
systèmes métrologiques. Le même lecteur
devra néanmoins rester prudent sur les interprétations de
Magdeleine Motte qui
puisent abondamment dans la science des mathématiques pour tout
expliquer et
qui de fait suggère cette filiation généalogique
qui déconcertait plus haut Gérard
Chouquer. Je n’ai pas choisi
d’intituler ce dossier « Le système de
mesure préhistorique »
en référence aux publications de Magdeleine Motte puisque
je les ignorais
encore au moment même où j’en terminais la
rédaction. Je n’hésiterai cependant
pas à y faire référence dorénavant car
malgré les critiques que son travail ait
pu recueillir, il demeure avant tout un travail scientifique rigoureux,
pointant des éléments factuels qui posent questions. Je
n’aurai pas la
prétention d’émettre l’avis que ma propre
réflexion relève d’un travail
scientifique rigoureux car, en toute bonne foi ce n’est pas le cas.
Mais elle
pointe aussi des éléments factuels qui posent questions
et il appartiendra
naturellement à la communauté scientifique d’y apporter
réponses. C’est en tous
les cas mon souhait le plus sincère. Eric
CHARPENTIER Notes : 1 :
Gérard
Chouquer est Directeur de recherches au CNRS dans l'équipe
Arscan
("Archéologie et Sciences de l'Antiquité" UMR 7041 du
CNRS) et la
sous-équipe "Archéologies environnementales" que dirige
Joëlle
Burnouf. 3 :
Magdeleine Motte, « Les unité linéaires et
agraires pré-( ?) et
protohistoriques de l’espace Occitano-Catalan lues dans les
unités de la fin du
18ème siècle. La rude tâche du
Moyen-Âge », in Métrologie
agraire, antique et médiévale ; actes de la Table
ronde organisée en Avignon,
les 8 et 9 décembre 1998 ; textes rassemblés par
François Favory ;
Presses Universitaires Franc-Comtoises, Besançon, 2003, pp.
163-166. 4 :
Une véritable étude scientifique sur le sujet finirait
certainement par valider
une fois pour toute l’existence du Yard Mégalithique et
apporterait tout aussi
surement des éclairages sur les relations que cet étalon
entretient avec la
métrique mésopotamienne du 4ème
millénaire avant notre ère. 5 :
Jean-Loup Abbé, a été Maître de
Conférences à l'Université Paul Valéry,
Montpellier III, puis Professeur d'histoire médiévale
à l'Université de
Toulouse II-Le Mirail. Il est Professeur des Université
émérite depuis
septembre 2016. Une partie de ses recherches porte sur les mutations du
paysage
rural médiéval ainsi que sur les transformations des
agglomérations médiévales. 6 :
François Favory est Professeur des universités à
l’Université de Franche-Comté.
Il est l’un des meilleurs spécialistes de la métrologie
agraire. Ses travaux
portent sur la reconstitution de la morphologie agraire antique : de
l’exploitation des textes “gromatiques” de l’élaboration des
données
archéologiques ; l’approche de l’agrologie antique à
partir des agronomes
latins et des documents cadastraux d’Orange ; la typologie de l’habitat
rural
antique et médiéval et approche diachronique de la
dynamique du système de
peuplement dans la longue durée. 7 :
Ricardo González Villaescusa est Professeur des
Universités, professeur
d'Histoire et Archéologie Antiques de l'Université de
Nice-Sophia Antipolis. Il
est chercheur associé, depuis 1993, à l’équipe de
recherche Archéologie et
Territoires du CNRS et de l'Université François Rabelais
de Tours (France).
Professeur d’Archéologie des mondes antiques à
l’Université de Reims et
Champagne – Ardenne de 2006 à 2011, il enseigne également
l’archéologie des
paysages en Tunisie depuis 2008, en qualité de professeur
invité, et fait
partie de la commission scientifique et pédagogique du Master
Paysage,
Territoire et Patrimoine de l’Institut Supérieur d’Agronomie de
l’Université de
Sousse (Tunisie). 8 :
Gérard Chouquer est aussi est un spécialiste de
l'étude de l'arpentage et de
l'histoire du cadastre. Il s'est formé sur le terrain des
centuriations
romaines au Centre de Recherches d'Histoire Ancienne (Besançon),
en participant
à la mise au point de techniques de repérage des
orientations des parcellaires.
Ses résultats sont signalés dans l’Encyclopædia
Universalis en 1985, dans
l'article de Roger Agache sur l'archéologie aérienne. Il
a découvert les
localisations des plans cadastraux d'Orange, identifié des
centuriations
inédites en France et en Italie et il est devenu un
spécialiste des textes des
gromatici veteres. |
Le
système de mesure
préhistorique du
Yard Mégalithique au Pied
Romain Réflexion
sur l’origine commune des mesures antiques issues
des dimensions de la Terre Ce
travail vient compléter et
expliquer les propos que nous évoquions dans notre
précédente intervention sur
les pages du site des Regards du Pilat en juin 2016. Il y était
question de
l’existence d’une mesure très proche de notre mètre
actuel, utilisée par les
bâtisseurs de l’époque néolithique, et que je nomme
arbitrairement le Mètre
Mégalithique. Mes
recherches sur le site
mégalithique de Sainte-Croix/Marlin ainsi que quelques constats
relevés d’après
les découvertes d’Howard Crowhurst à Carnac, m’avaient
fait comprendre que les
bâtisseurs de mégalithes utilisaient une valeur du
mètre légèrement supérieure
à celle que nous utilisons aujourd’hui, laquelle
évaluée à 1,001 mètres, serait
ainsi supérieure d’environ 1 millimètre à la
valeur du mètre adoptée en 1795.
Rappelons qu’à cette époque, le mètre avait
été défini comme étant la dix
millionième partie du quart du méridien terrestre en
prenant 40 000 km
comme valeur du méridien : ¼
de 40 000 km / 10
millions = 1 mètre J’avais
évoqué dans le livre
« Sainte-Croix-en-Jarez – Sur les Traces d’une
géométrie
Mégalithique »1 que cette
définition avait dû être modifiée
depuis car nos calculs modernes avaient permis d’établir que la
longueur du
méridien terrestre était légèrement
supérieure à 40 000 km. Un calcul rapide
m’avait encore fait constater que la dix millionième partie du
quart de la
circonférence terrestre2 valait exactement 1,001036
mètres et que
cette valeur avait bien pu être utilisée par les
bâtisseurs de mégalithes. En
cela, ils auraient été capables quelques
millénaires avant la Révolution
française de calculer avec plus d’exactitude que nous les
dimensions de la
Terre… ¼
de 40 041 440
mètres / 10 millions = 1,001036 mètres = 1 Mètre
Mégalithique Aussi
incroyable que cela puisse paraître, nous
allons montrer dans ce présent travail que toutes les mesures
antiques sont bel
et bien issues des dimensions de la Terre et que par conséquent
les géomètres3
qui œuvraient il y a plusieurs millénaires avaient une
connaissance profonde
des mensurations du monde dans lequel ils vivaient. 1
- Les dimensions de la Terre et la métrologie
préhistorique Il
est très difficile de définir précisément
les dimensions de notre planète dans la mesure où
celle-ci n’est pas une sphère
parfaite. La Terre est de forme ellipsoïdale, c’est-à-dire
qu’elle est
légèrement aplatie aux pôles et inversement
légèrement gonflée à l’équateur. Depuis
1984, nous utilisons le système WGS84 (World
Geodetic System 1984) qui est le
système géodésique international utilisé
notamment par les applications GPS ou
satellitaires comme Google Earth par exemple. Dans ce système
les mensurations
de la Terre ont été établies sur les mesures
suivantes : -
Circonférence Polaire
(méridien terrestre) : 40 007 864 mètres -
Circonférence Equatoriale
(à l’équateur) : 40 075 016 mètres Ces
deux mesures permettent de définir une
moyenne théorique, proche de la latitude 45° et
correspondant à une sphère
parfaite : -
Circonférence Terrestre
moyenne : [40 007 864 + 40 075 016] / 2 =
40 041 440 m. C’est
en utilisant ci-dessus cette valeur
moyenne, que nous définissions la mesure du Mètre
Mégalithique à 1,001036
mètres. La
première mention connue d’une tentative de
mesurer la terre provient des écrits d’Aristote au 4ème
siècle avant
notre ère : « Et les mathématiciens
qui
ont essayé de mesurer les dimensions de la circonférence,
la portent à quarante
fois dix mille stades », (De Caelo, Liv. II, chap. 14) ;
mais à moins
de considérer que 1 stade valait exactement 100 mètres –
ce qui n’apparaît dans
aucun des systèmes antiques – cette mensuration de la Terre est
loin de la réalité. C’est
en Egypte et à Eratosthène que nous
devons la première approximation approchée des dimensions
de la Terre. Cet astronome,
géographe, philosophe et mathématicien grec du 3ème
siècle avant
notre ère avait en effet réussi à calculer la
circonférence polaire à 700 km
près, soit une précision de l’ordre de 98 %. En mesurant
la différence d’angle (7,2°)
que formait la verticale d’un obélisque avec son ombre à
midi solaire le jour
du solstice d’été dans la ville d’Alexandrie et sachant
que dans la ville de
Syène (Assouan) située sur le même méridien
(il y a 3° d’écart en réalité), il
n’y a pas d’ombre portée aux mêmes heure et jour de
l’année ; il put
évaluer, en connaissant la distance approximative entre ces deux
villes (5000
stades), la circonférence de la Terre à 250 000
stades. Il est admis que
la valeur du stade utilisée serait de 157,50 m, correspondant au
stade
« itinéraire » grec, ce qui donnerait
39 375 000 mètres
pour la circonférence du méridien terrestre, contre
40 007 864 mètres
en réalité (voir illustration 3 ci-après). Notes :
1 :
Eric Charpentier, « De Sainte-Croix aux Roches de
Marlin, sur les traces d’une géométrie
mégalithique », chez l’auteur,
2016. 2 :
Il s’agit ici de la circonférence moyenne de la Terre et
non plus de la longueur du méridien terrestre. 3 :
Rappelons qu’étymologiquement parlant, le mot
géo-mètre
désigne l’homme qui mesure la Terre. 2
- Les dimensions de la Terre et le Mille
Nautique (1852 mètres) Nos
systèmes de coordonnées GPS actuels sont
toujours basés sur un quadrillage de la surface de la Terre par
des cercles
verticaux appelés méridiens ou longitudes, lesquels
passent par les pôles et
par des cercles horizontaux appelés parallèles ou
latitudes. Ces cercles se
divisent en 360 degrés, chaque degré en 60 minutes et
chaque minute en 60
secondes. En réalité, si les parallèles sont bien
des cercles parfaits, les
méridiens eux sont des ellipsoïdes. Cette division de
l’Espace en degrés,
minutes et secondes est un héritage du système de
comptage sexagésimal des
Sumériens datant du 5ème millénaire
avant notre ère. Ils avaient
adopté un système identique pour mesurer le Temps qui
s’est également conservé
jusqu’à nos jours. Avant
l’invention du Mètre à l’époque de la
Révolution française il existait déjà une
mesure, utilisée en marine, définie
par les dimensions de la Terre. Il s’agit du Mille Nautique valant 1
minute de
méridien terrestre et fixé aujourd’hui à 1852
mètres : « On doit l’idée
d’utiliser la longueur de la
minute d’arc sur la Terre comme unité de distance à un
abbé de Lyon, Gabriel
Mouton, qui la proposa en 1670 »4. En 1799,
Charles-Pierre
Claret de Fleurieu nous rappelle que 47 pieds et demi du Roi
constituent la 120ème
partie de cette minute. -
Circonférence polaire :
40 007 864 m -
40 007 864 / 360 / 60 = 1852,21 mètres -
Pied du Roi : 32,48 cm -
120 x 47,5 x 0,3248 = 1851,36 mètres en France
sous l’Ancien Régime Le
Mille Nautique anglais valait quant à lui
1853,18 mètres avant la réforme qui fixa à 1852
mètres la valeur actuelle
correspondant à une moyenne terrestre à la latitude de
45° environ. Notes :
4 :
Pierre-Yves Bely, « Deux cent cinquante réponses aux
questions du marin curieux », Gerfaut, 2004, page 274. 3
- Les dimensions de la Terre et les nombres
441 et 440 Un
travail monumental a été réalisé par les
chercheurs britanniques John Michell, Robin Eath et John Neal sur la
métrologie
antique5 aboutissant à un système
unifié des mesures antiques tout à
fait intéressant.
Sans
entrer dans les détails de ces recherches,
ils établissent deux principes qui vont régir la
métrologie antique :
« Deux révélations : La
relation entre le rayon moyen et le rayon polaire de la Terre, est
numériquement établi par la fraction 441/440 comme l’a
montré Michell dans son livre
« The Dimensions of Paradise ». Dans
« Ancient Metrology »,
Michell démontre encore que beaucoup de mesures entretenaient un
rapport exact
de 176/175 entre elles, et cela selon la latitude du site
considéré. Dans
« All Done with Mirrors », John Neal montra à
la suite que la constante
irrationnelle Pi (π
= 3,14159…) permettant
de passer du
diamètre au périmètre d’un cercle était
également en relation avec le même
rapport de 176/175. Neal combina alors les deux systèmes de
fractions 441/440
et 176/175 pour établir toute la structure des anciens
systèmes métrologiques. »6
Ce
qu’il faut retenir de cette structure et qui
expliquerait la multiplicité des mesures rencontrées pour
un même étalon, c’est
que l’on passe d’un « pied root » (de base)
à un « pied
standard » par le rapport 441/440, correspondant
lui-même au rapport entre
le rayon moyen et le rayon polaire de la terre. Puis on passe du
« pied
standard » au « pied canonique » par
le rapport 176/175 évoquant
cette fois l’erreur liée à une approximation de Pi (π).
Enfin, on passe de ce dernier au « pied
géographique » par le même
rapport de 176/175. A titre d’exemple, le pied romain a
été relevé sur
différents monuments ou sur différents étalons de
mesures (règles, pieds
gravés, …etc.), découverts en différents endroits
(différentes latitudes) et
les valeurs s’échelonnent entre 29,46 cm et 29,79 cm. On adopte
en principe les
valeurs communes de 29,57 cm (Daniel Barthélemy et
Stéphane Dubois) ou 29,63 cm
(D. Lelgemann et E. Knobloch). Le grand métrologue allemand Rolf
C.A.
Rottländer préfère quant à lui la mesure de
29,62 cm et nous en expliquerons la
raison dans ce dossier. L’hypothèse britannique de John Neal
consiste à dire
que pour la plupart, ces différentes mesures du pied romain sont
bien exactes
et que l’on passe de l’une à l’autre par ces rapports successifs
de 441/440 ou
176/175. Dans le présent exemple, on peut en effet constater
qu’aux arrondis
près : 29,57
cm x [441/440] = 29,63
cm Nos
deux valeurs les plus couramment admises
pour le pied romain de 29,57 et 29,63 cm semblent donc corroborer ce
principe.
Nous n’allons pas dire que nous sommes entièrement d’accord avec
cette
structure qui régirait l’ensemble de la métrologie
antique car il serait
nécessaire de l’étudier bien plus en détail que ce
que nous en avons fait.
Toutefois, dans le cadre de nos propres recherches, il s’avère
que nous n’avons
pas forcément eu besoin de faire appel à ces principes
pour trouver des
réponses à nos interrogations. Mais peut être que
nos propres principes
relèvent finalement du même fondement, exprimés
simplement d’une manière
différente, et de relever que ces rapports 441/440 et 176/175
peuvent bien
avoir un sens structurel dans la métrologie antique. Si
on s’intéresse de plus près à ce rapport
441/440, on s’aperçoit que ces nombres ne sont pas anodins. En
premier lieu, on
constate que les dimensions moyennes de la Terre les contient dans son
expression numérique en mètres, ce qui d’ailleurs en fait
un bon moyen
mnémotechnique pour se rappeler de ses dimensions : D’autre
part, le nombre 441 est le carré du
nombre 21 (3 x 7) : 212
= 441, ce qui en soit en fait un nombre très
intéressant en architecture
sacrée. Le
nombre 440 est quant à lui bien présent dans
le mégalithisme ou dans l’architecture des monuments
antiques : on se
souviendra que, exprimé en coudée royale
égyptienne, il s’agit de la mesure de
la grande pyramide de Khéops en Egypte et que j’ai
rencontré cette même mesure
sur le plateau mornantais entre deux menhirs de Chassagny. A
Sainte-Croix-en-Jarez, c’est une distance de 4 x 440
mètres qui relie l’angle nord
de l’enceinte de la chartreuse à la Pierre du Dauphin des Roches
de Marlin tout
en passant par le point du Champ du Peu à la mi-distance de 2 x
440 m. J’avais
aussi évoqué à plusieurs reprises
l’importance du nombre 364 dans la géométrie
mégalithique des Roches de Marlin
et montré la relation symbolique qui existe entre les nombres
440 et 364 par la
figure géométrique ci-dessous. Notes
: 5 :
Robin
Heath, John Michell, « The lost science of measuring the earth
»,
Kempton (Illinois USA), Adventures Unlimited Press, 2006. Publié
pour la première fois en Grande Bretagne sous le titre «
The Measure of Albion
». John
Neal, «
How Ancient Metrology placed Numbers on a Circumference »,
article mis en ligne
sur http://www.megalithicscience.org, vu en avril 2017. John
Neal, «
Brief Introduction to Ancient Metrology », article mis en ligne
sur
http://www.megalithicscience.org, vu en avril 2017. ©Richard
Heath, 2006. John
Neal, «
Units & Geography of Ancient Egypt I » et « Arabic
& Egyptian Geodesy
», Articles aimablement transmis par l’auteur en mars 2017. John
Neal, « Ancient Metrology. Vol. I : A numerical
code. Metrological Continuity in Neolithic, Bronze, and Iron Age Europe
»,
Glastonbury (Somerset, UK), The Squeeze Press, 2016. 6 :
Extraits Heath/Michell,2006, Eric Charpentier pour la traduction
résumée de l’anglais. 4
- Les dimensions de la Terre et le Yard
Mégalithique (82,944 cm) Alors
que le cercle et le triangle représentent par leur forme
géométrique le symbole
du CIEL, les nombres 440 et 364
associés pourraient renvoyer quant à eux au symbole de la
TERRE et plus particulièrement à
celui de ses dimensions. Effectivement,
d’un point de vue purement
arithmologique, cette représentation géométrique
pourrait être celle de notre
Terre : le cercle exprimant à l’évidence la
rotondité de la planète alors
que le triangle équilatéral inscrit en donnerait les
mesures à travers les
nombres 364 ou 440. Le triangle équilatéral inscrit,
signifierait par ses 3
côtés égaux, la mise en volume et donc le passage
du cercle à la sphère
terrestre. Logistiquement parlant, cette mise en volume peut
s’écrire avec les
nombres qui mesurent le triangle : 364 x 364 x 364, Soit 3643 = Sphère Terrestre Cette
conceptualisation de notre monde,
uniquement basée sur la théorisation arithmologique de la
figure géométrique
ci-dessus, amène naturellement à s’interroger sur le
système de mesure qu’il
conviendrait d’utiliser pour que cette équation symbolique
trouve sa véracité.
C’est là qu’intervient à nouveau la notion du Yard
Mégalithique7,
puisque 364 au cube exprimé dans ce système de mesure,
délivre la mesure de
40 000 km, c’est-à-dire la dimension de la
circonférence de notre planète. 40 000
km / 3643
= 0,82938 mètres Soit
la valeur approchée du
yard mégalithique à 99,99% Circonférence
de la
terre : 3643 Yards mégalithiques J’ai
déjà montré comment cette géométrie
du triangle équilatéral et du nombre 364 était
exprimée sur le site mégalithique des Roches de Marlin
dans la relation qui lie
la Pierre qui Chante à la Pierre du Châtaigner8.
-
365 / 440 = 0,8295
soit la valeur du Yard
mégalithique à la précision de 99,98 % ! D’autre
part, dans son remarquable travail sur
le Yard Mégalithique, Quentin Leplat9 avait
relevé judicieusement
que la minute d’arc de la circonférence équatoriale de la
Terre mesurait
2 236,8403 yards mégalithiques et que logistiquement, cette
suite
numérique correspond à mille fois la valeur de Ѵ5
(Racine de 5 =
2,236067…) : -
Circonférence équatoriale :
40 075 016 mètres -
1 minute d’arc : 40 075 016 /
360 / 60 = 1855,3248 mètres -
1 minute d’arc exprimée en yard
mégalithique : 1855,3248 / 0,82944 = 2 236,8403 YM Soit
1 minute d’arc équatorial = 1000 x Ѵ5
Yards Mégalithiques Mais
ce n’est que très
récemment que la meilleure définition du yard
Mégalithique a été établie. On
doit à nouveau cette découverte à Quentin Leplat
qui l’a annoncée à l’occasion
d’un documentaire sur la chaîne internet NureaTV10. En
constatant
que la longueur d’un degré de méridien mesuré
à la latitude de l’équateur
représentait 110 573 mètres environ, Quentin Leplat
propose que la valeur
métrique du Yard Mégalithique soit l’expression des trois
quarts de cette
longueur : -
1 degré de méridien à l’équateur : 110
573 mètres -
Trois quarts d’un degré : ¾ x
110 573 m = 82 930 mètres Soit
la valeur du Yard Mégalithique à 99,98% de
précision 1
Yard Mégalithique (YM) = ¾ du degré de
méridien à l’équateur Cette
division en quarte
partie nous amène naturellement à nous interroger sur la
valeur du quart
restant du degré de méridien mesuré à
l’équateur, soit 27 643 mètres
(110573-82930) et Quentin Leplat de rappeler que cette valeur est celle
d’une
autre mesure bien connue sous le nom de Pied de Nippur de 27,648 cm et
dont sa
relation au Yard Mégalithique avait déjà
été relevée par le métrologue Rolph C.
A. Rottländer dès 197911 : -
1 degré de méridien à l’équateur : 110
573 mètres -
Un quart d’un degré : ¼ x 110 573 m
= 27 643 mètres Soit
la valeur du Pied de Nippur à 99,98% de
précision -
Relation Yard Mégalithique / Pied de
Nippur : 3 x 27,648 cm = 82,944 cm 1
Pied de Nippur (PN) = 1/4 du degré de
méridien à l’équateur 1
Yard Mégalithique = 3 Pieds de Nippur Notes :
7 :
Cette mesure du Yard Mégalithique a été
découverte de manière statistique par
le Professeur Alexander Thom vers les années 1950 : -
Alexander Thom, « Megalithic sites in Britain »,
Oxford (London, UK), Clarendon Press, 1967. -
Alexander & Archibald Stevenson Thom, « Megalithic remains in
Britain and
Brittany », Oxford (London, UK), Clarendon Press, 1978. 8 :
Eric Charpentier, 2016, op. cit. 9 :
Quentin Leplat, « Le Yard Mégalithique,
l'étalon
oublié de la terre », film vidéo de 16 min
disponible sur la chaîne : https://www.youtube.com
et article disponible sur : http://messagedelanuitdestemps.org 10 :
Quentin
Leplat, « Mégalithes et Pyramides, les gardiens de la
mesure de la
Terre », émission diffusée le mardi 12
septembre 2017, disponible en ligne
sur http://www.nurea.tv 11 :
Rolf
C. A. Rottländer, « Antike
Längenmasse », Braunschweig/Wiesbaden (DE), Friedr. Vieweg
& Sohn, 1979. 5
- Les dimensions de la Terre et le Pied de
Nippur (27,648 cm) Cette
relation du Pied de
Nippur avec le Yard Mégalithique, tous deux
étalonnés sur la valeur du même
méridien équatorial, est primordiale car le Pied de
Nippur est précisément le
plus vieil étalon de mesure connu au monde. Il a
été découvert en 1916 par l’archéologue
allemand - et Conservateur du musée d’Istanbul - Eckhard Unger
à l’occasion de
fouilles archéologiques dans les ruines de la ville de Nippur en
Mésopotamie.
Il s’agit d’une barre en alliage de cuivre mesurant environ 1,14 Cette
règle semble avoir été divisée sur une
graduation de 30 doigts, typique du système sexagésimal
des Sumériens, qui
délivre également la mesure de la Coudée de Nippur
(CN) à 51,84 cm. Il s’agit cette
fois d’une mesure en pleine relation avec la Toise Mégalithique
de 2,0736
mètres puisque : 4 x 51,84 cm = 2,0736 m (1 TM = 2,5 Yards
Még.). 1
Toise Mégalithique = 4 Coudées de Nippur Nous
aurons l’occasion de reparler de cette
mesure de la coudée de Nippur dans la suite de ce travail, pour
l’heure, nous
pouvons constater que c’est bien cette mesure qui fut utilisée
pour la
construction du ziggurat Eduranki de l’Ekur, le grand temple
dédié au dieu
Enlil à Nippur, puisque ses dimensions de 39,40 x 57,00
mètres relevées par les
archéologues délivrent les valeurs exactes en
coudées de Nippur avec une
précision de l’ordre de 99,96% : -
1 Coudée de Nippur (CN) : 518,400 mm -
76 x 0,518400 m = 39,3984 mètres -
110 x 0,518400 m = 57,024 mètres Dimensions
du ziggurat Eduranki : 76 x 110
Coudées de Nippur La
relation de la coudée de Nippur avec la Toise
Mégalithique se voit encore
confirmée par les travaux de Howard Crowhurst, lequel a
montré que les plus
grands cercles de pierres connus au monde avaient un rayon de 51,84
mètres,
c’est-à-dire 100 coudées de Nippur ou 25 Toises
mégalithiques : il cite
notamment le cercle de pierres de Rogues à Blandas dans le Gard,
celui de
Brodgar aux Orcades au nord de l’Ecosse, les cercles intérieurs
de Avebury en
Angleterre ou le cercle extérieur de New Grange en Irlande. Dans
son Histoire
Naturelle, Pline l’Ancien (23-79 ap. J.C.) décrit la Grande
Pyramide de
Khéops en lui donnant pour dimensions à la base, une
mesure de 883 pieds :
« La plus grande pyramide occupe VIII
jugères de terrain ; les quatre angles sont à
égale distance, la largeur de
chaque côté étant de VIII C LXXX III pieds ».
Il a été démontré que
cette mesure de 883 pieds résulte probablement d’une erreur de
copiste qui
aurait ajouté un « L » à la valeur
donnée par Pline et que celle-ci
doit plutôt s’entendre par celle de 833 pieds12. Or en
utilisant la
valeur du Pied de Nippur on s’aperçoit qu’elle délivre
exactement la dimension
de la base de la Grande Pyramide : -
1 Pied de Nippur (PN) : 27,648 cm -
Base de la Grande Pyramide de Khéops :
230,38 mètres -
833 x 0,27648 m = 230,31 mètres Pied
de Nippur = 1 Pied de
Pline l’Ancien Nous
pourrions également traverser l’océan Atlantique et nous
rendre au Mexique sur
le site Maya de Chichén Itzá dans la région du
Yucatán, et retrouver
l’expression du Pied de Nippur dans la mesure donnée à la
célèbre pyramide de
Kukulcán (El Castillo), dont les dimensions de la base sont
données à 55,30 m,
c’est-à-dire exactement 200 Pieds de Nippur. -
1 Pied de Nippur (PN) : 27,648 cm -
Base de la Pyramide El Castillo : 55,30
mètres -
200 x 0,27648 m = 55,296 mètres Aussi
extraordinaire soit-il, le Pied ou la
coudée de Nippur sont des mesures qui ont été
relevées par les archéologues en
divers endroits de la planète, au point que certains
n’hésitent pas à en faire
la Mesure Mère de toutes les autres mesures connues dans
l’antiquité. C’est le
cas notamment du métrologue allemand Rolph C.A. Rottländer
dont nous avons déjà
parlé qui avait repérée la coudée de Nippur
dans les plus anciennes
constructions de l’Egypte (Enceinte de Zoser à Saqqarah) ou
encore en Palestine
avec la fameuse coudée d’Ezéchiel mentionnée dans
la Bible (Ez. 40,5 ;
43,13)13. Compte tenu de ce que nous exposons dans ce
présent
dossier, il semblerait que ce ne soit pas tout à fait le cas,
puisque nous
verrons à la fin de ce dossier, que toutes les mesures antiques
sont issues des
dimensions de la Terre et que par conséquent chaque peuple et
quelle que soit
l’époque considérée, avait ainsi la
possibilité de retrouver et d’utiliser ces
mêmes étalons de mesure indépendamment les uns des
autres. Pour
clore cette partie consacrée au Pied de
Nippur14, nous pouvons encore établir son rapport au
nombre 440 déjà
bien évoqué plus haut, puisque dans la
géométrie du cercle, nous constatons
qu’un rayon de 440 m donne un périmètre valant 10 000
Pieds de Nippur : 440
mètres x 2π
= 10 000 Pieds de
Nippur Enfin,
nous évoquerons également la relation qui met en
résonnance les dimensions de
la Terre avec à nouveau ce nombre 440, la mesure du Pied de
Nippur et aussi
celle du Pied Anglais de 30,48 cm, puisque 1 minute de la
circonférence moyenne
terrestre (CMT) peut s’exprimer par la relation : 1
minute
CMT = 50 x 440 x
0,27648 x 0,30477 -
Circonférence moyenne terrestre : 40
0441 440 m -
1 minute de circonférence moyenne : 40
0441 440 m / 360 / 60 = 1853,77 mètres -
Pied de Nippur : 27,648 cm – Pied
Anglais : 30,48 cm -
50 x 440 x 27,648 cm x 30,48 cm = 1853,96 mètres
(Précision à 99,99 %) Notes :
12 :
Edme François Jomard, « Description de l'Egypte ou
Recueil des observations et des recherches qui ont été
faites en Egypte pendant
l'expédition de l'armée française »
(2ème édition), Tome 7ème, Paris, 1822,
page 147, en ligne sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k28004p/ 13 :
La
coudée ordinaire d’Ezéchiel a été
donnée par A. Segré (1945) à la valeur de
444,25 mm valant 6 paumes. La coudée longue valant 7 paumes est
celle de la
coudée de Nippur : 7/6ème de 444,25 mm =
518,292 mm. Rolph
C. A.
Rottländer, donne une valeur de 518,300 mm à la
coudée de Nippur. 14 :
On pourrait encore préciser que la valeur numérique du
pied de Nippur exprimée en angle entretient une relation avec la
valeur
métrique de la coudée royale égyptienne de 52,36
cm puisque : Tangente
(27,64°) = 0,5236… 6
- Les dimensions de la Terre et le Pied Anglais
(30,48 cm) Le
nombre 440 ressort encore dans la métrologie
britannique puisque nous savons que la mesure du mille
anglais valant 1609,344
mètres correspond aussi à 5280 pieds anglais de 30,48
cm. Or le nombre 5280
est précisément l’expression de 12 x 440.
On trouverait ici une explication à cette
spécificité anglaise qui donne 5280
pieds au mille et non pas 5000 comme il était d’usage15.
Nous
profitons de ces propos pour donner ici notre position sur cette mesure
de
1609,344 mètres constituant le mille terrestre anglais puisque
nous pensons
qu’il s’agit là d’une mesure directement issue des dimensions de
la Terre. En
effet, compte tenu de la forme elliptique de notre planète, les
minutes de
longitudes ont des valeurs très différentes suivant la
latitude où l’on se
trouve sur la Terre : à l’équateur, la minute de
longitude vaut 1855,32
mètres ; à la latitude de 30° elle devient
1608,20 mètres ; puis
1314,20 mètres à 45 ° de latitude ou encore 930
mètres à la latitude de 60°.16
Or ces variations, et plus précisément celle de 1608,20 m
qui concerne la
latitude 30° attirent inévitablement notre attention. Il
apparaît en effet
qu’une minute de longitude valant environ 1609 m correspond à
une latitude
légèrement inférieure de quelques centièmes
de degré à celle de 30°, ce qui correspond
exactement au secteur géographique compris entre les pyramides
égyptiennes du
plateau de Gizeh et celle de Saqqarah au sud du Caire. Le Pied anglais
serait-il issu de mesures de la Terre effectuées en Egypte ? L’origine métrologique du Pied Anglais demeure inconnue. Et pour cause ! C’est une mesure que l’on rencontre abondamment dans la géométrie mégalithique que ce soit dans les îles britanniques ou même en France, dans le Morbihan (Carnac). Cette mesure semble bel et bien se perdre dans la nuit des temps puisque Howard Crowhurst a montré comment le plus grand menhir du monde, celui faisant partie des plus vieux vestiges mégalithiques de Bretagne (plus de 7000 ans), le grand menhir brisé d’Er Grah, était mensuré sur la valeur métrique du Pied Anglais17.
Un
autre rapprochement avait déjà été fait par
John Michell entre le Pied Anglais de 30,48 cm et les dimensions de la
Terre.
En utilisant la mesure du degré de la circonférence
équatoriale de notre
planète et en divisant ce degré par le nombre de jours de
notre année solaire,
on obtient une valeur très proche de celle du Pied Anglais : -
Circonférence équatoriale :
40 075 016 mètres -
1 degré d’arc : 40 075 016 /
360 = 111 319,488 mètres -
Rapport à l’année solaire exacte : 111 319,488
m / 365,2422 j = 304,78 Soit
la valeur de 1000 fois 0,30478 mètres Quant
à savoir comment la mesure du Pied
Anglais pourrait être liée à la minute de longitude
calculée depuis les
pyramides d’Egypte…18. Notes :
15 :
Dans l’antiquité romaine le mille terrestre – millium
passus – était l’équivalent de
1000 pas valant chacun 5 pieds romains et correspondant à une
distance de 1
481,75 environ. 16 :
Olivier Chapuis, « A la mer comme au ciel:
Beautemps-Beaupré & la naissance
de l'hydrographie moderne (1700-1850) », Presses de
l’Université de
Paris-Sorbonne, 1999, p. 726 17 :
Howard Crowhurst, « Les Secrets du Grand Menhir-
Axe du monde», DVD conférence, Epistéméa (http://www.epistemea.fr) 18 :
On trouve sur Wikipedia cette mention d’un pied
équivalant au pied anglais utilisé en Syrie dans
l’antiquité : « On nomme
« pechys basilikos » la coudée de l'Antiquité
équivalant à deux pieds
anglais ». 7
- Les dimensions de la Terre et le Pied Gaulois
court (32,184 cm) Faire
entrer la notion de durée de l’année
solaire de 365 jours dans la notion de métrologie ne semble a
priori pas très
cohérent. Pourtant, nous venons de voir qu’à deux
reprises cette notion
fonctionne. D’ailleurs, et de manière purement symbolique, la
durée d’une année
solaire de 365 jours, qui est propre à notre planète,
pourrait très bien
constituer en soit un facteur déterminant une unité de
mesure de longueur, au
même titre que les dimensions de notre planète en sont un.
La mesure du temps telle que nous la
connaissons aujourd’hui nous vient pour bonne partie de
Mésopotamie et plus
particulièrement du peuple Sumérien qui vivait dans le
Croissant Fertile cinq
millénaires avant Jésus-Christ. Nous avons d’ailleurs
conservé le système à
base 60, dit système sexagésimal qui donne 24 heures19
pour une
journée, 60 minutes pour 1 heure et 60 secondes pour 1 minute.
Toutefois, les
Sumériens avaient établi leur calendrier annuel sur 12
mois de 30 jours formant
ainsi une année de 360 jours à laquelle on ajoutait 5 ou
6 jours
complémentaires, des jours hors du temps, pour coïncider
avec l’année solaire.
Ce calendrier fut d’ailleurs adopté par la suite par les
égyptiens. Dans
le système sexagésimal sumérien, un nombre
revient souvent avec beaucoup d’importance : il s’agit du nombre
518 400. Dans leur système de mesure du temps, ce nombre
correspond au
nombre de minutes figurant dans une année de 360 jours : 360
x 24 x 60 = 518 400
minutes On
relèvera ici que 518400
est l’expression numérique exacte de la coudée de Nippur
de 51,84 cm. Nous
aurons l’occasion de revenir à ce nombre très important
pour les sumériens par
la suite, pour l’heure contentons-nous de faire un parallèle
entre cette notion
d’établir le nombre de minutes ou même le nombre de
secondes que comprend une
année de 360 jours avec la définition d’une mesure de
longueur. Ce
parallèle va nous amener à définir ce que
nous pourrions appeler le Pied Gaulois court mesurant 32,184 cm. Si
nous
divisons la circonférence moyenne terrestre par le nombre de
secondes que
contient une année de 360 jours, nous pourrions
écrire : -
Nombre de secondes dans une année de 360
jours : 360 x 24 x 60 x 60 = 31 104 000 -
Circonférence terrestre moyenne :
40 041 440 mètres -
Or 40 041 440 /
31 104 000 = 1,2873 Il
pourrait s’agir ici d’une
mesure de longueur connue pour être celle de l’aune gauloise
déjà en usage dans
l’antiquité et valant elle-même 4 pieds20. On
aurait alors : 1,2873
/ 4 = 0,32184 mètres = 1 Pied Gaulois
court De
prime abord, cette mesure du Pied Gaulois
n’a jamais été formellement identifiée par les
archéologues, alors qu’au
contraire elle apparaît clairement utilisée sur certains
monuments romains qui
ont été étudiés au 19ème
siècle par M. Louis-Jules Michel21.
Il en donne un exemple concret avec notamment les mesures
relevées sur le
Temple d’Auguste et de Livie à Vienne (Isère), datant des
années 20-10 avant
J.C. et qui déterminent l’utilisation d’un pied de 32,187 cm
soit une erreur de
0,003 % au mètre avec la valeur que nous donnons
(l’entrecolonnement a été
mesuré au millimètre près à 12,875 m
correspondant à 40 pieds de 0,321875
mètres).
D’une
manière générale, l’étude de M. Michel
montre l’utilisation dans les monuments romains de Lyon et Vienne d’un
pied
gaulois d’environ 32,2 cm22, permettant à l’auteur de
conclure que
ces monuments furent construits par une main d’œuvre autochtone
utilisant sa
propre métrique. Pour
déterminer la valeur du Pied Gaulois, l’archéologie
moderne s’appuie plus sur une mesure de distance qui est la lieue
gauloise (du
latin leuga mais issu du gaulois leuca)
mais dont la valeur exacte
échappe encore aux scientifiques car elle ne peut être
précisément mesurée.
Elle serait constituée de 7500 pieds gaulois et on s’accorde
à dire que les
distances de 2415 mètres, de 2436 mètres et de
manière généralisante 2450
mètres23 sont souvent celles qui correspondent au
plus près à cette
lieue gauloise. En
appliquant la valeur de 32,184 cm au Pied
Gaulois, on obtiendrait une distance d’environ 2414 mètres pour
la lieue
gauloise, ce que semble corroborer l’archéologie avec la
distance de 2415
mètres évoquée ci-dessus. 7500
x 0,32184 = 2413,80 mètres = 1 Lieue
Gauloise Mais
c’est sur la mesure du Mille terrestre que
nous allons pouvoir confirmer, et la valeur du Pied Gaulois et celle du
Pied
Anglais. -
1 Mille terrestre = 1000 Pas -
1 Pas = 5 Pieds -
Donc 1 Mille terrestre = 5000 pieds 5000
x 0,32184 mètres = 1 609,20 mètres =
1 Mille gaulois = 1 Mille Anglais Nous
retrouvons ici cette mesure de 1609 mètres
dont nous avions dit qu’elle correspondait à 1 minute de
longitude pris à la
latitude du Caire, faisant ici la jonction entre le système
métrologique
standard par le biais du Pied Gaulois de 32,184 cm et le système
métrologique
anglo-saxon avec son pied de 30,48 cm. Cette mesure du Mille Anglais
permettrait d’établir la mesure d’origine du Pied Anglais
à 1609,20 / 5280 = 30,477 cm,
valeur quasi identique à celle donnée par John Michell
ci-dessus. Cette
mesure du Mille terrestre de 1609,20
mètres valant 5000 pieds gaulois nous amène maintenant
à considérer que le
stade gaulois valant 500 pieds avait pour valeur 1/10ème
du Mille
terrestre, soit 160,92 mètres ; et de rappeler que si
Eratosthène avait
utilisé cette valeur du stade il aurait parfaitement
défini la circonférence du
méridien terrestre 200 ans avant notre ère : -
500 Pieds Gaulois de 32,184
cm = 160,92 mètres = 1 Stade Gaulois -
250 000 stades =
40 230 000 mètres = Circonférence terrestre
à 200 km près et une
erreur de 0,5 % au mètre. Eratosthène
aurait-il utilisé ce pied gaulois
de 32,184 cm pour calculer les dimensions de la Terre ? A coup
sûr
non ! Pourquoi un Grec aurait-il utilisé en Egypte une
mesure de la Gaule
pour effectuer ses calculs ? A moins peut-être de
considérer le rapport
évident qu’entretient le Pied Gaulois avec le Pied Grec de
30,896 cm … Notes :
19 :
Les Sumériens avaient adopté une journée de 12
heures
valant chacune 120 minutes. 20 :
« Ulna habet pedes IIII. » (L’Aune vaut 4
pieds). Mention figurant dans les Gromatici veteres, recueil des
anciens
arpenteurs datant de la fin de l’antiquité. 21 :
Louis-Jules Michel, « Détermination de la longueur
du Pied Gaulois, à l’aide des monuments antiques de Lyon et de
Vienne »,
Discours de réception à l’Académie des Sciences,
Belles-Lettres et Arts de
Lyon, Lyon, Association typographique, 1872. 22 :
L’auteur détermine également qu’un autre pied proche de
32,5 cm était utilisé concurremment sur les mêmes
monuments. Nous en
reparlerons plus loin dans ce dossier. 23 :
Jacques Dassié, « La grande lieue gauloise :
approche méthodologique
de la métrique des voies », in Gallia, tome 56, 1999,
pp.285-311. Et
aussi Daniel Jalmain, « Archéologie aérienne
en
Ile-de-France », Ed. Technip, 1970. 8
- Les dimensions de la Terre et le Pied
Grec (30,896 cm) Il
est en effet remarquable de constater que le
Pied Gaulois de 32,184 cm entretient un rapport exact de 25 à 24
avec le Pied
Grec, dit Pied Olympique : -
32,184 cm x 24/25 = 30,896 cm = 1 Pied
Grec Olympique Et
de rappeler que de tous temps, il était
admis que le rapport existant entre le Pied Grec et le Pied Romain
était lui
aussi de 25 à 24. Nous aurions donc ici le même rapport
simple permettant de
passer à la fois du pied romain au pied grec, mais aussi du pied
grec au pied
gaulois… Le
Pied Grec a été mesuré avec une extrême
attention et déterminé au plus juste par les
archéologues et architectes grecs
qui se sont intéressés aux monuments de l’Acropole
d’Athènes. Il est en effet
notoire que l’Hécatompédon de l’Acropole désignait
étymologiquement un temple
de 100 pieds exactement (ce qui correspond à la mesure du
plèthre grec : 1
plèthre = 100 pieds) et déterminer
précisément ses dimensions revenait à
définir la valeur exacte du Pied Grec. Dans son ouvrage sur
l’Architecture
Cachée, Georges Jouven24 rappelle que les mesures de
l’Hécatompédon
ont permis de déterminer cette valeur du Pied Grec à
30,901 cm, soit un écart
de 0,005 % au mètre avec celle que nous donnons ici. C’est
encore la même
mesure de 30,9 cm qui est adoptée par le métrologue
allemand Rolph C. A.
Rottländer pour le Pied Grec Olympique. Le
temple de l’Hécatompédon aurait été
construit sur l’Acropole au 6ème siècle avant
J.C. pour être dédié à
la déesse Athéna. Il aurait ensuite été
intégré au plan du Parthénon pour en
constituer la Cella principale25. Nous
avions établi que le Pied Gaulois de
32,184 cm émanait directement des dimensions de la Terre et ce
rapport simple
de 25 à 24 avec le Pied Grec nous amène à
considérer qu’il en était de même
pour ce dernier. Ce
point se confirme à l’évidence puisque la
mesure de l’Hécatompédon correspond exactement à 1
seconde d’arc de la
circonférence terrestre : -
Circonférence moyenne terrestre : 40 041
440 mètres -
1 seconde d’arc : 40 041 440 /
360 / 60 / 60 = 30,896 mètres -
1 plèthre grec = 100 pieds grecs = 30,896
mètres Soit
la valeur du Pied Grec Olympique à 0,30896
mètres On
notera en aparté que le rapport à la seconde
d’arc délivre la dixième partie du nombre
12 960 000 (34 x
44 x 54) qui est le Grand
Nombre Nuptial de Platon : 60 x 60 x 360 = 1 296 000 Ce
pied grec olympique était encore considéré
comme étant le pied fort de la Grèce antique et on
l’attribuait aux
mensurations d’Hercule26. Ceci implique également
l’existence
d’autres pieds grecs de valeurs plus faibles que celle du pied
olympique… Notes : 24 :
Georges Jouven, « L’Architecture Cachée,
Tracés harmoniques »,
Dervy-Livres, 1979 Nous
devons à
Georges Jouven, Docteur ès-Lettres, Architecte en Chef des
Monuments
Historiques dans les années 1970-1980, les meilleures
études sur l’arithmologie
appliquée à l’Architecture, c’est-à-dire «
la discipline étudiant la mystique
et le symbolisme des nombres et de leurs concepts, ceux-ci
représentant par
correspondance ou analogie les divers éléments du Cosmos,
Dieux, astres, temps,
personnes, sans limitation de nature » (G. Jouven, « Les
Nombres cachés »,
Dervy, réédition 2003). 25 :
Maxime Collignon, « Le Parthénon : l'histoire,
l'architecture et la
sculpture », Paris, Hachette, 1914. Maxime
Collignon était Membre de l’Institut et Professeur à
l’Université de Paris 26 :
Daniel Jalmain, 1970, op. cit. p.108. 9
- Les dimensions de la Terre et le Pied
Romain (29,635 cm) Il
semble en effet qu’un pied grec un peu plus
court que le pied olympique dérive aussi des dimensions de la
Terre. Il s’agit
du pied correspondant cette fois à 1 seconde d’arc du
méridien
terrestre et de relever à nouveau la relation avec le
nombre 441 que nous
évoquions plus haut : -
Circonférence du méridien terrestre : 40 007
864 mètres -
1 seconde d’arc : 40 007 864 / 360
/ 60 / 60 = 30,87 mètres = 1 Pied Grec
Standard Or
7 x 441 = 3 087 Il
s’agit là d’une valeur numérique tout à fait
remarquable dans la mesure où elle réunit deux
systèmes de numération : le
système sénaire à base 6 et le système
septénaire à base 7 autour de la
circonférence polaire de notre planète. Ces deux
systèmes de numération ont été
les bases des divisions métrologiques dans l’antiquité. On
constate également qu’une valeur du Pied Grec
Standard à 30,87 cm est en rapport de 1261 à 1260 avec le
Pied Grec Olympique
que nous évoquions ci-dessus et que ce rapport fait partie de
ceux que le
britannique John Michell avait établi comme étant celui
permettant de passer de
la circonférence moyenne à la circonférence
équatoriale de la Terre (voir
illustration 3 plus haut) : -
1 Pied Grec Olympique = 30,896 cm -
1 Pied Grec Standard = 30,870 cm -
30,870 cm x 1261/1260 = 30,895 cm En
appliquant maintenant le rapport de 24 à 25 admis
entre les valeurs du Pied Romain et celle du Pied Grec, nous
obtiendrions
29,635 cm pour le Pied Romain : 30,870
x 24/25 = 29,635 cm =
1 Pied Romain Standard Cette
valeur du pied romain à 29,635 cm
corrobore d’ailleurs celle du Mille
Passus romain à 5000 x 29,635 = 1 481,75
mètres qui est la mesure donnée en
général au Mille terrestre romain27.
La coudée romaine valant 3/2
du pied romain vaut ainsi : 1,5 x 29,635 = 44,453 cm de longueur
ce qui
correspond exactement au rapport de 1 à 4 existant avec la
millionième partie
d’un degré d’arc du méridien terrestre : -
Circonférence du méridien terrestre : 40 007
864 mètres -
1 degré d’arc : 40 007 864 /
360 = 111 132,96 mètres -
4 millionième partie du degré d’arc :
111 132,96 x 4 / 1 000 000 = 0,44453 mètres Soit
la valeur de la coudée romaine à 44,453 cm Il
pourrait s’agir encore ici d’une expression
de la grande lieue romaine mais aussi utilisée en Grèce
à la valeur de
4 445,3 mètres et dont les romains auraient fait leur lieue gallo-romaine d’une valeur de 2 222,65
m équivalent à la moitié28. C’est
encore un rapport de 441/440, comme nous
l’avons dit plus haut, qui permettrait de passer de la valeur du Pied
Romain
Standard à celle du Pied Romain de base valant 29,57 cm : 29,635
x 440/441 = 29,568 cm
= 1 Pied Romain « Root » (de base) Notes :
27 :
Jacques Dassié donne la valeur de 1 481,50 mètres
(Dassié, 1999) et Jalmain celle de 1482 mètres (Jalmain,
1970). 28 :
On donne en général la valeur de 2 220 mètres
à la
lieue gallo-romaine. Dassié la donne à 2222 mètres
(Dassié, 1999). 10
- Les dimensions de la Terre et le Pied
Egyptien dit de Khéops (30,718 cm) En
étudiant plus haut la définition que nous
pouvions donner au Pied Grec Olympique de 30,896 cm nous avions dit que
l’Hécatompédon de l’Acropole d’Athènes avait
été bâti au 6ème siècle
avant J.C. sur l’expression de 100 pieds correspondant exactement
à 1 seconde
d’arc de la circonférence moyenne de la Terre. En cela, le
Temple dédié à la
déesse Athéna comportait en soit, les dimensions de notre
planète ! Il
est un autre monument antique dont la
tradition dit qu’il comporte en soit les dimensions de la Terre :
il
s’agit de la Grande Pyramide de Khéops sur le plateau de Gizeh
en Egypte.
Rappelons ici que c’est à cette latitude du Caire que correspond
à 1 minute de
longitude, la distance de 1609 mètres délivrant à
la fois 12 x 440 pieds
anglais et à la fois à 5000 pieds gaulois. C’est encore
après avoir désensablé pour
les mesurer, les bases de cette grande pyramide par les armées
napoléoniennes
que chronologiquement parlant, le mètre a vu le jour … Au
10ème siècle de notre ère, l’auteur
arabe Abu-l-Farage, l’un des plus grands littérateur et
écrivain de son temps,
relatait dans l’un de ses ouvrages, « le
voyage du Patriarche Denys de Telmahre qui parcourait l’Egypte avec le
Calife
Al-Mamoun vers l’an 829 et dans lequel il rapporte que la grande
pyramide est
longue et large de 500 coudées »29. Ce
passage nous étonne
un peu compte tenu qu’aujourd’hui nous connaissons
précisément les dimensions
de la pyramide de Khéops, en moyenne 230,38 mètres de
côté, ce qui correspond à
440 coudées royales égyptiennes de 52,36 cm. A
l’évidence, le savant
Abu-l-Farage faisait mention dans ses écrits d’une autre mesure
que celle de la
coudée royale égyptienne pour mensurer la grande
pyramide. L’intérêt ici est de
relever que le coté de la pyramide valait exactement 500
coudées, ce qui nous
semble plus approprié qu’une mesure de 440 coudées dans
l’intention initiale de
son architecte30. Un rapide calcul va nous délivrer
les valeurs
métriques de cette coudée qui aurait pu servir à
construire la grande
pyramide : -
Côté moyen de la pyramide : 52,36 cm x
440 = 230,384 mètres -
230,384 / 500 = 46,077 cm = 1 coudée
d’Abu-l-Farage -
46,077 / 1,5 = 30,718 cm = 1 pied
d’Abu-l-Farage Soit
la valeur du pied égyptien de Khéops à
30,718 cm Cette
valeur de 30,718 cm pour le pied de
Khéops qui aurait servi d’étalon à l’architecte de
la grande pyramide est très
proche du pied grec dont nous parlions plus haut, mais il se trouve que
c’est
une mesure qui a été relevée à de
nombreuses reprises sur plusieurs monuments
égyptiens à l’occasion des premières campagnes
d’Egypte au début du 19ème
siècle et rapportée par Edme François Jomard dans
son Exposition du système métrique des
Anciens Egyptiens31. Les
mesures qu’il fournit au millimètre près, notamment du
sarcophage de la Chambre
du Roi, à 2,301 m semble bien correspondre à une
réduction au centième de la
base de ladite pyramide. Les
dimensions du sarcophage sont validées par
les mesures actuelles qui fixent ainsi à 4,4 coudées
royales sa longueur. Aux
vues de ce que nous venons de dire ci-dessus, il nous paraît plus
opportun
d’imaginer qu’initialement ce sarcophage avait été
pensé sur une mesure de 5
coudées. En effet, en architecture sacrée, le
nombre cinq est celui
qui est lié au thème du bicarré, et ici
précisément, la chambre du roi est aux
proportions du bicarré. Dans
son ouvrage et en parlant de ce pied
égyptien, Jomard généralise la valeur du pied en
nous disant que « sa dimension est de 0,308, et
c’est celle
que les Grecs ont adoptée ». Or la valeur de
30,718 cm que nous
donnons n’est pas tout à fait la même que celles que nous
avons définies à
30,896 ou encore 30,870 cm ci-dessus. Toutefois cette assertion de
Jomard n’est
peut-être qu’à moitié fausse car il est fort
possible que ce pied égyptien
dérive lui aussi du Pied Grec Olympique de 30,896 mètres
par le rapport 176/175
découvert par John Neal : -
1 Pied Olympique Grec : 30,896 cm -
1 Pied Egyptien : 30,896 x 175/176 = 30,720 cm Soit
la valeur du pied égyptien de 30,718 cm à
0,002 % d’erreur au mètre Néanmoins,
il se trouve que la mesure du Pied
Egyptien de Khéops relève elle-aussi directement des
dimensions de la Terre.
Nous avons évoqué le fait que la Terre était de
forme ellipsoïdale et non
sphérique, ce qui engendre que les distances sur le
méridien entre deux
latitudes n’ont pas tout à fait les mêmes dimensions selon
l’endroit où on se
trouve sur la planète. En l’occurrence, nous avons vu
qu’à une latitude moyenne
de 45°, la minute d’arc était de 1852 mètres, et que
c’est cette mesure qui a
déterminé la valeur du Mille Nautique. A l’Equateur,
cette même minute d’arc
est réduite à 1843 mètres alors qu’aux pôles
elle est agrandie à 1861 mètres32.
En utilisant la valeur métrique de la minute d’arc à
l’Equateur, c’est-à-dire
là où la circonférence terrestre est la plus
grande, la seconde d’arc
correspond exactement à la valeur numérique du Pied
Egyptien de Khéops : -
1 minute d’arc à l’Equateur : 1843
mètres -
1 seconde d’arc à l’équateur : 1843 / 60 = 30,717
mètres Soit
100 fois la valeur du pied de Khéops de
30,718 cm à 0,0013 % d’erreur au mètre Nous
aurons dorénavant plutôt tendance à
considérer que c’est cette relation aux dimensions de la Terre
qui est à
l’origine de ce Pied Egyptien à partir duquel la Grande Pyramide
fut bâtie.
Cette mesure du pied à 30,718 cm semble en outre revêtir
un caractère
universel, puisqu’elle correspond exactement dans les dimensions de la
pyramide
à une mesure de 440 coudées royales égyptiennes.
De fait, nous pourrions nous
interroger sur la distance de 230,38 mètres que nous avions
relevée entre les
deux menhirs de Chassagny évoqués plus haut, et nous
demander si elle n’était
pas plutôt l’expression de 500 pieds. Ce qui nous porterait
à le penser c’est
que cette mesure du Pied Egyptien de 30,718 cm pourrait être
celle qui a été
concurremment utilisée avec le Pied Gaulois de 32,184 cm pour la
construction
de l’aqueduc du Gier entre Saint-Chamond et Lyon et qui passe à
quelques pas de
Chassagny. Dans la partie de son ouvrage consacrée à la
métrologie de l’aqueduc
du Gier, l’archéologue Jean Burdy déclare que la valeur
métrique du pied utilisée
est de 30,7 cm à ±
1 mm au maximum et de
conclure : « Est-ce simple
coïncidence si le pied utilisé pour l’aqueduc du Gier est
si proche du pied de
30,8 cm en usage en Grèce et en Orient ? »33. Notes :
29 :
M. le Chevalier Drovetti, « Lettre à M. Abel
Rémusat sur une nouvelle mesure de coudée trouvée
à Memphis », Paris, De
Bure, 1827. 30 :
Dans une publication récente « La coudée
nilométrique de Khephren et le mètre » en
ligne sur (http://messagedelanuitdestemps.org),
Quentin Leplat montre que la pyramide de Khephren mesure exactement 400
coudées
nilométriques alors qu’on lui donne d’ordinaire 412
coudées royales
égyptiennes. Ce fait viendrait confirmer une
préférence à utiliser des
centaines de coudées exactes pour unité des bases des
pyramides. Cette coudée
nilométrique vaut exactement le tiers du nombre d’or, soit
53,934 cm. 31 :
Edme François Jomard, « Description de l'Egypte ou
Recueil des
observations et des recherches qui ont été faites en
Egypte pendant
l'expédition de l'armée française » (2ème
édition), Tome 7ème,
Paris, 1822. Je
remercie ici Quentin Leplat qui m’a transmis les
références de
cet ouvrage très utile à nos recherches. 32 :
Pierre-Yves Bely, 2004, op. cit. 33 :
Jean Burdy, « L’aqueduc romain du Gier »,
éditions du Préinventaire
des monuments et richesses artistiques, Département du
Rhône, Tome IV – LYON,
1996, page 310. Il a encore été établi que les
regards de l’aqueduc espacés de
2 actus, soit 240 pieds, étaient distants d’environ 77
mètres, ce qui dans ce
cas-là correspond à l’utilisation du Pied Gaulois court
de 32,184 cm : 240
x 0,32184 = 77,24 mètres 11
- Les dimensions de la Terre et la Coudée
Royale Egyptienne (52,36 cm) La
coudée royale égyptienne, cette
fameuse unité de mesure de 52,36 cm qui fut utilisée pour
construire la Grande
Pyramide de Khéops34 en Egypte concurremment avec le
pied égyptien
de 30,718 cm que nous donnions ci-avant est encore appelée la
Coudée de
Memphis, la Coudée de Maya ou la Coudée des
Initiés. Si, comme nous l’avons
dit, le pied égyptien est bien une mesure issue des dimensions
de la Terre,
qu’en est-il de cette coudée royale ? Car a priori, cette
mesure pourrait
relever d’une autre intention que celle d’exprimer les dimensions de la
Terre,
à savoir celle de théoriser une mesure à partir de
la notion de
« perfection ». Cette
volonté de théoriser la
mesure de la Coudée Royale à 52,36 cm serait ici
manifestée par la relation
très singulière qu’entretient cette valeur avec les deux
grandes constantes de
l’Univers, que sont les nombres Pi (π) = 3,14159… et Phi (ϕ) = 1,61803…
encore
appelé le Nombre d’Or. En
effet, nous constatons aisément
par le calcul arithmétique que : -
π / 6 =
0,5235987… soit 0,5236 au 1/10 000ème près. -
ϕ2/5
= 0,5236067… soit 0,5236 au 1/10 000ème près. Ces
deux valeurs numériques
exactes sont par un hasard tout à fait remarquable, parfaitement
identiques à
la précision de 99,998 %. Mais
ces calculs, aussi exacts
soient-ils, ne sont pas validés par la communauté
scientifique pour faire
valoir la mesure de la Coudée Royale. Ce principe est trop
« dérangeant » et l’opinion des
métrologues, historiens,
archéologues, égyptologues, est de considérer
qu’admettre une telle théorie revient
finalement à accepter l’existence du Mètre à une
époque où cette mesure n’est
pas censée exister. Aussi, l’avis académique actuel sur
la valeur métrique de
la Coudée Royale peut être résumé par les
propos de Jean-François Carlotti35,
ci-dessous : « La
valeur métrique de la coudée royale a été
l'objet de nombreuses polémiques par
le passé. Mais, aujourd'hui, on peut raisonnablement
déterminer une fourchette
comprise entre 0,52 m et 0,54 m avec quelques exceptions, sans doute
très
rares, en deçà et au-delà. Une valeur de la
coudée royale au Nouvel Empire,
comprise entre 0,523 m et 0,525 m, a cependant été
observée par de nombreux
auteurs. L'Égypte
n'a donc pas connu une mais plusieurs valeurs de la
coudée en fonction du lieu, de l'époque et même du
bâtiment. On notera que la
réforme métrologique de la XXVIe dynastie a eu
pour effet une
augmentation de la valeur métrique de certaines unités de
partition de la
coudée royale et de la canne. Dans l'hypothèse d'une
valeur métrique constante
de l'étalon à 0,525 m pour la coudée royale dans
les systèmes digital et
oncial, et à 0,70 m pour la canne dans le système oncial
; les autres unités, à
commencer par le doigt et le pouce, ont une valeur Métrique
plus grande après la réforme et par là même
ne
correspondent plus à leur valeur anatomique, comme
c'était le cas avant la
réforme. Enfin,
les quelques valeurs métriques des différents types de
coudées données par R. A. Schwaller de Lubicz sont issues
de calculs sur l'arc
de méridien moyen de la latitude de l'Égypte. Sa
démarche comparative avec les
coudées dites « votives » n'est pas dépourvue
d'intérêt, et permet de se
pencher sur le problème de leur utilisation. Les débats
sur la valeur métrique
de la coudée royale semblent désormais inutiles ; les
études architecturales les
plus récentes ont confirmé 'hypothèse de la
variation de la coudée royale dans
le temps et l'espace. Établir un raisonnement sur la valeur de
la coudée en
dehors de tout contexte est donc inopérant. » L’étalon
de mesure que l’on appelle
la Coudée de Maya, du nom du ministre des finances et Architecte
de
Toutânkhamon à Horemheb, conservé au musée
du Louvre à Paris a été étudié de
manière très précise par le milieu scientifique et
délivre la mesure de 52,3
cm, soit 523 mm. Voici
ce qu’en dit Geneviève
Pierrat-Bonnefois36, Conservateur au Département des
antiquités
égyptiennes : « La comptabilité des récoltes et la mesure
annuelle des surfaces
agricoles, après la crue qui bouscule les bornes du cadastre,
comptent parmi
les fondements de la bureaucratie égyptienne. La mesure
étalon est la coudée,
d’environ 52,5 cm, dont voici un exemplaire très bien
conservé au nom d’un
grand personnage : Maya, ministre des Finances de Toutânkhamon
à Horemheb. Une
règle très détaillée : Cette
règle consiste en une baguette en bois dur de profil
rectangulaire avec un angle biseauté : elle présente donc
cinq facettes. Sur la
face en biseau se trouvent les indications les plus précieuses :
à l’extrême
gauche, le doigt (ici 1,86 cm) et la palme, soit quatre doigts (ici
7,47 cm) ;
à droite, les graduations correspondant à la
coudée royale de 7 palmes (ici
52,3 cm) et à la petite coudée de 6 palmes. Les autres
graduations
correspondent à des mesures moins courantes. Sur la face
verticale sous le
biseau, à droite, 15 mesures de doigts portent des subdivisions
allant de ½ à
1/16ème, dûment inscrites au-dessus.
Sur
la face supérieure, le nom d’une divinité est
associé à chacun
des 28 doigts, en commençant à droite par Rê. La
dédicace : Sur
la face inférieure se trouve inscrite en hiéroglyphes,
une
exhortation de la part de Maya auprès des prêtres d’un
temple inconnu, afin
qu’ils prononcent la formule de distribution des offrandes revenant de
la table
du dieu : «
Le porte-éventail à la droite du roi, le scribe royal, le
chef
du Double trésor du Maître des Deux-Terres, Maya, dit : «
Ô les prêtres-purs, les prêtres lecteurs de ce
temple, vos dieux
de vos cités écouteront vos prières, vous serez
prospères grâce à vos
fonctions, après une belle vieillesse, si vous prononcez mon nom
et si vous
faites pour moi comme (on fait à) un favorisé
auprès de son maître, (pour moi)
le porte-éventail à la droite du roi, celui qui est aux
pieds du Maître des
Deux-Terres, celui qui n’a pas quitté le Dieu Bon (le roi) en
quelque lieu que
ses pas le portaient… » La
coudée, bien qu’elle semble usée par des manipulations
prolongées, est donc un objet votif, qui fonctionne au
bénéfice de la survie
éternelle de Maya à la façon d’une stèle ou
d’une statue. On connaît d’autres
coudées, en pierre, qui furent ainsi déposées en
ex-voto dans les temples par
les grands fonctionnaires. Celle trouvée dans la tombe de
l’architecte Khâ,
toute dorée, était un cadeau du roi (musée de
Turin). Maya,
ministre des Finances et chef des travaux : La
coudée est aussi l’instrument de l’architecte. Parmi ses hautes
fonctions, Maya est désigné comme chef des travaux
à plusieurs reprises. Dans
un graffito, sans doute de sa main, sur le mur de la tombe de
Thoutmosis IV
dans la Vallée des Rois, il dit avoir restauré la
sépulture sur ordre du roi.
Très proche de Toutânkhamon, il a laissé son nom
sur plusieurs objets de son
tombeau. Sa tombe, visitée par Richard Lepsius en 1843, fut
oubliée puis
redécouverte en 1986 par une équipe d’archéologues
anglo-hollandaise. Au musée
de Leyde aux Pays-Bas se trouve une superbe statue grandeur nature de
lui en
compagnie de son épouse Méryt. » Officiellement
nous ne pouvons
donc pas théoriser une valeur métrique de la
Coudée Royale Egyptienne à partir
d’une relation basée sur les nombres π ou ϕ, car cela
impliquerait d’introduire
ici l’existence du Mètre. La
question revient maintenant de
savoir si à nouveau nous pouvons établir une relation
entre la coudée royale
égyptienne et les mensurations de la Terre. D’après ce
que nous dit Geneviève
Pierrat-Bonnefois ci-dessus, les égyptiens disposaient d’une
coudée royale
valant 7 palmes et d’une petite coudée valant 6 palmes. Cette
dernière valant
également 3/2 du pied égyptien. En appliquant la mesure
du pied égyptien de
30,718 cm utilisé pour la construction de la Grande Pyramide,
nous pourrions
donc proposer une mesure de la petite coudée à 46,077 cm
et une mesure de
coudée royale à 53,756 cm. On constate à
l’évidence que ces valeurs numériques
ne corroborent pas les propos de la conservatrice du Louvre. En
revenant aux mensurations de la
Terre, on s’aperçoit que la minute du méridien terrestre
pourrait avoir un
rapport avec la mesure de la coudée royale égyptienne. En
effet, à une latitude
qui correspondrait approximativement à celle de Rome, mais aussi
à celle de la
Corse37, la minute de méridien valant 1851,23
mètres environ (c’est
aussi approximativement cette mesure de méridien qui
déterminait la mesure du
Pied du Roi évoqué plus haut), exprimée en
coudée royale égyptienne
donnerait le résultat de 3 535,58. Or cette mesure est
l’expression
exacte de 2500 x Ѵ2 : -
1 minute d’arc à la latitude de Rome : 1851,23
mètres -
Or 1851,23 / 0,5236 = 3 535,58 Coudées Royales Egyptiennes -
et 3 535,58 / Ѵ2
= 2 500 Coudées Royales Egyptiennes Si
nous devions traduire ces
calculs par un tracé géométrique, il reviendrait
à dire que la minute d’arc de
méridien à la latitude de Rome correspond à la
diagonale d’un carré mesurant
2500 Coudée Royales Egyptiennes, ce qui conférerait
d’ailleurs à ce carré un
périmètre symbolique de 10 000 CRE (10 puissance
4 : 104). La
diagonale de ce carré mesurant
2500 x Ѵ2 Coudées Royales peut également s’exprimer de
manière plus simple par
la valeur de 5000 Rémens Egyptiennes (RE) puisque l’on sait que
la coudée
royale était précisément en Egypte la diagonale
d’un carré mesurant 1 Rémen de
côté. La
valeur de ce Rémen est ainsi
52,36 cm / Ѵ2 = 37,024 cm. Cette coudée Rémen semble
entretenir conjointement
une relation remarquable avec les nombres 364 et 365,2422, ce dernier
étant
exactement le nombre de jours dans une année solaire. En
revenant aux principes
établis par le britannique John Neal évoqués plus
haut, nous constatons
que : Comme
si ce Rémen était finalement
la valeur d’une « Coudée
Géographique » calculée d’après une
« Coudée
Root » (de base) valant exactement le nombre de jours dans
une année
solaire ; ou encore qu’il résultât du nombre 364 par
une triple correction
de l’erreur liée à l’approximation de Pi (π). Quoi
qu’il en soit, il est clair
que la mesure de la coudée Rémen a été
utilisée bien en dehors de l’Egypte
pharaonique, puisque j’ai pu la rencontrer à la fois aux Roches
de Marlin où
elle est l’unité de mesure du rectangle d’or qui relie la Pierre
du Dauphin à
la Pierre du Châtaigner (2160 av. J.C.) ; et à la
fois à
Sainte-Croix-en-Jarez où elle constitue l’unité de mesure
utilisée pour l’église
médiévale de la chartreuse (14ème
siècle). Preuve une fois de plus
que ces connaissances métrologiques ont su traverser les
millénaires qui
séparent les bâtisseurs de mégalithes des
bâtisseurs médiévaux… Notes : 34 :
Chaque côté de la base de la Grande Pyramide a
été mesurée au millimètre près
(voir Howard Crowhurst, « Comment les Anciens positionnaient
leurs sites
sacrés 1 », DVD Conférence, Epistemea
(epistemea.fr) Base
Sud : 230,454 m ; base Nord : 230,253 m ;
base Ouest : 230,357 m ; base Est : 230,394 m ;
moyenne : 230,3645 mètres. 35 :
Jean-François Carlotti, « Quelques réflexions
sur
les unités de mesure utilisées en architecture à
l’époque pharaonique »,
Extrait des Cahiers de Karnak 10, 1995, Centre Franco-Egyptien d’Etudes
des
Temples de Karnak Louqsor (Egypte), USR 3172 du Cnrs. 36 :
Geneviève Pierrat-Bonnefois, Conservateur au Département
des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre,
Antiquités égyptiennes - Nouvel
Empire (vers 1550 - vers 1069 av. J.-C.) 37 :
Ce constat pourrait être rapproché des travaux
effectués
par Quentin Leplat sur les mégalithes de la Corse. 12
- Les dimensions de la Terre et le Pied du
Roi (32,48 cm) En
évoquant plus haut les
recherches sur la mesure du pied gaulois de M. Louis-Jules Michel
à l’aide des
monuments antiques de Lyon et de Vienne, nous avions dit qu’une mesure
de 32,5
cm apparaissait également dans les relevés de ces
monuments. C’est le cas
notamment du Portique du Forum de Vienne (Isère) dont
l’ouverture mesure 6,83 m
soit 21 pieds et sa hauteur du pavé jusqu’à la clef
11,045 m, soit 34 pieds.
Outre un rapport harmonique évident de 34/21 correspondant
à deux nombres de la
suite de Fibonacci, la mesure de la hauteur relevée au
millimètre près permet
d’établir l’utilisation d’un pied de 11,045 / 34 = 32,485 cm.
Cette valeur de
32,48 se retrouve encore sur l’aqueduc du Gier : « M. de Gasparin a donné, dans le tome 6 des
Mémoires de l’Académie de Lyon, classe des sciences, la
description de
l’aqueduc qui amenait les eaux de la vallée du Gier sur la
colline de
Fourvières. J’ai extrait de son mémoire les chiffres
donnant les dimensions
principales des siphons de Saint-Genis et de Soucieu. Evaluées
en pieds de roi,
ces mesures se transforment en nombres ronds à quelques
millimètres près »38. De
même, en étudiant la grande
lieue gauloise, Jacques Dassié déclare :
« Une mesure récente, mais
antérieure au système métrique, est la toise
de Paris qui fait 1,949 m. Il y a 6 pieds par toise, d’où le
pied de Paris (ou
Pied de Roy) = 0,3248 m. Si nous calculons une lieue à partir de
ce pied
gaulois, nous obtenons : 1 lieue = 0,3248333 x 7500, soit
2 436 m.
C’est l’une des valeurs de la lieue gauloise la plus fréquemment
rencontrée. On
peut donc raisonnablement supposer que le pied de Paris n’est que la
continuation d’un pied gaulois qui aurait perduré jusqu’à
l’époque moderne »39. C’est
encore l’opinion de
l’archéologue Daniel Jalmain qui a étudié la lieue
gauloise, lequel nous dit
que « le pied de Paris n’est
certainement pas un pied romain dégénéré,
mais le descendant direct d’un pied
en usage dans les campagnes et les boutiques depuis des
siècles »40.
Il renvoie notamment aux recherches métrologiques de C.
Cochet-Cochet et à ses Notices historiques sur le
Brie ancienne
(1933), lequel donnait une lieue commune en usage à Provins de
4 385,55
mètres, correspondant à 2250 toises de Paris, à
côté de laquelle subsistait une
Grande lieue de 2500 toises de 4 872,55 mètres. Cette
distance étant
sensiblement le double de 2 436 mètres renverrait à
la lieue gauloise de
7500 pieds de 32,48 cm. Rappelons
qu’en 1799, 47,5 pieds
du Roi de 32,48 cm valaient 1/120ème de la minute
d’arc du
méridien : -
47,5 x 120
x 0,3248 = 1 851,36 mètres Nous
savons de surcroit par les
écrits de Jules César que les druides gaulois avaient
probablement connaissance
des dimensions de la Terre puisqu’ils l’enseignaient :
« Le mouvement des astres, l'immensité de
l'univers, la grandeur de la terre,
la nature des choses, la force et le pouvoir des dieux immortels, tels
sont en
outre les sujets de leurs discussions : ils les transmettent à
la
jeunesse. »41 Nous
avons pu voir plus haut que
le Pied court gaulois de 32,184 cm émanait directement de la
circonférence
moyenne terrestre et il semble bien que le Pied long gaulois de 32,48
cm soit
également issu des mensurations de notre planète. J’ai pu
relever à
Saint-Sauveur-en-Rue (Loire), une relation très
singulière entre le centre du
cromlech 2 des Faves et le menhir du Bouchet. Cette relation unique
à ce jour
se fait dans les trois dimensions car la différence d’altitude a
été prise
aussi en considération : d’une part une distance à
l’horizontale de 1843
mètres et d’autre part une distance au sol de 1861
mètres. Ces deux mesures
expriment à l’évidence la longueur d’une minute de
méridien mesurée d’une part
à l’équateur (1843 m), et d’autre part au Pôle
(1861 m). L’orientation
horizontale délivre une relation géométrique
atypique basée sur la diagonale
d’un rectangle de proportion Ѵ5/10, dont l’unité vaut 250 pieds
courts de
32,184 cm sur la mesure de 1843 m et 250 pieds longs de 32,48 cm sur la
mesure
de 1861 m. Cet exemple à lui seul suffit pour confirmer les
écrits de César
relatifs aux connaissances des druides gaulois.
Cet
épisode ne serait pas sans
rappeler celui de l’invention du Mètre et de rappeler que dans
les milieux néo-druidiques,
il est admis que le Mètre était la verge (yard, tige,
canne de mesure) des
druides à l’époque celte et que sa mesure
conservée au secret par quelques
corporations pendant deux millénaires, aurait été
donnée à Napoléon par son
Ministre d’Etat Talleyrand… Notes :
38 :
Louis-Jules Michel, 1872, op. cit., p.29 39 :
Jacques Dassié, 1999, op. cit. p. 289 40 :
Daniel Jalmain, 1971, op. cit. p. 109. 41 :
Jules César, « De la Guerre des Gaules »,
Livre VI – 14 13
- Les dimensions de la Terre et le Pied Drusien
(33,339 cm) ou Pied Druidique « L’existence, en Gaule du Nord-Est et en Germanie
Inférieure, d’une
unité de mesure provinciale, dénommée
« pes drusianus », nous est
rapportée par l’agronome latin Hygin, dans un ouvrage
rédigé au tout début du
principat de Trajan, entre 98 et 102 (De conditionibus agrorum). La
mention
qu’il en fait est des plus laconiques : « Item dicitur
in Germania in
Tungri pes Drusianus, qui habet monetalem pedem et
sescunciam ». Ce pied
de Drusus équivaut donc à la mesure officielle du pied
monétal, augmentée d’une
once et demie, soit en théorie 33,27 cm »42.
On
a souvent voulu attribuer aux
Tongres43 cette mesure du Pied Drusien mais
l’archéologie n’a guère
trouvé de lien avec la métrologie indigène. D.
Barthélémy et S. Dubois
rappellent d’ailleurs qu’à Manching en Bavière c’est un
pied de 30,9 cm qui
semble avoir été utilisé par les autochtones. On
retrouve d’ailleurs ici notre
Pied Grec Olympique de 30,896 cm correspondant à 1/100ème
de seconde
d’arc de la circonférence de la Terre. Est-ce alors Drusus,
père de Germanicus,
qui aurait introduit cette mesure chez les celtes d’Allemagne ? Il
ne
semble pas non plus, car le pes drusianus
a été repéré en plusieurs endroits :
Allemagne, Alpes autrichiennes,
Amiens ou Nîmes en France, …etc. ;
laissant entendre que cette mesure était
déjà bien ancrée en Europe au 1er
siècle avant notre ère. On
peut ici s’interroger sur le
fait que Hygin ou ses compilateurs auraient pu mal transcrire les
pluriels Druidum ou Druidibus de
druide, par le singulier Drusianus, mots ayant la
même racine dru. Ainsi, le père de
Germanicus n’aurait strictement rien à voir
dans cet étalon de mesure qu’utilisaient les druides gaulois.
Sans doute
faut-il suivre l’agronome Hyginus pour simplement envisager que ce pied
drusien
ou druidique est une variante du Pes
Monetalis (pied standard romain) sur un rapport de 9/8ème
correspondant en effet à une augmentation du pied romain d’une
once et demie.
Barthélémy et Dubois, donnent ci-dessus une valeur de
33,27 cm à ce pied
drusien, considérant un pied romain de 29,57 cm. De notre
côté nous préférons
utiliser la valeur du pied romain standard de 29,635 cm qui
était la plus
généralisée pour déterminer une valeur de
33,339 cm au pied de Drusus ou
druidique : -
Pied romain standard : 29,635 cm -
29,635 x 9/8 = 33,339 cm = 1 Pied
Drusien = Pied Druidique Ce
qui nous pousse à préférer
cette valeur numérique, est sa correspondance quasi exacte avec
1/3 de « vrai
mètre » (VM) calculé au méridien
terrestre. Dans ce schéma, ce « vrai
mètre » serait l’équivalent de la verge ou
yard des druides valant 3
pieds. -
Circonférence du méridien terrestre :
40 007 864 mètres -
10 millionième partie du ¼ du méridien :
40 007 864 / 40 000 000 = 1,0001966 mètres -
1 Pied Druidique : 33,339 cm -
1 yard druidique : 3 x 0,33339 = 1,0001813 mètres à
0,0015 % d’erreur au
mètre ! Il
n’est pas l’objet ici de
démontrer l’usage du mètre dans la
géométrie mégalithique. Les exemples sont si
nombreux dès l’époque néolithique que l’existence
du Pied Métrique ou Pied
Drusien, ou Pied Druidique est à intégrer aux plus
anciens systèmes métriques
utilisés au monde. Avant
de conclure ce dossier
métrologique, nous invitons les curieux à s’immerger dans
cette connaissance de
la nuit des temps en suivant Howard Crowhurst dans son travail
remarquable sur
l’utilisation de cette mesure à Locronan44 en
Bretagne. Ces
recherches permettront de constater que cette valeur du pied
métrique a su se
transmettre depuis l’époque mégalithique jusqu’aux
druides de l’âge du fer,
puis au clergé de l’époque gallo-romaine et enfin aux
bâtisseurs du Moyen-Âge.
Ces derniers ont laissé la « clé »
de leur secret inscrit dans le
dallage de la chapelle de Saint Ronan… …
Une clé qui
mesure 33,3 cm Notes : 42 :
Daniel Barthélémy et Stéphane Dubois, 2007, op.
cit.,
p.377 43 :
Peuple celte de la Gaule Belgique occupant probablement
les provinces modernes du Limbourg belge, du Limbourg hollandais et une
partie
de l'Allemagne moderne environ jusqu'à Aix-la-Chapelle. 44 :
Howard Crowhurst, « Les origines secrètes de la
Troménie de Locronan », La Pierre Philosophale
éditions, 2013 ainsi que
« Les origines secrètes de la Troménie de
Locronan », Epistemea, DVD
conférence disponible sur epistemea.fr 14
- Du Yard Mégalithique au Pied Romain : le
système de mesure
« Préhistorique » Nous
arrêterons ici les
démonstrations qui mettent en évidence que toutes les
mesures antiques les plus
connues sont issues des dimensions de la Terre. Il est clair qu’il
existe bon
nombre d’autres mesures et que chaque peuple avait jadis son propre
système
métrique, soit qu’il fut issu à son tour de l’un des
systèmes dont nous avons
parlé, soit qu’il émane lui aussi directement des
dimensions de la Terre. Les
millénaires qui séparent les premières
érections de mégalithes des monument
romains du 1er siècle avant notre ère ont
certainement contribué à
faire évoluer ces mesures en fonction des peuples qui les
utilisaient. Mais
retenons qu’à l’origine, toutes ces mesures
« Mères » que sont le
Pied Romain, le Pied Grec, le Pied de Nippur, le Pied Egyptien, le Pied
Anglais, le Pieds Gaulois, font partie finalement d’un seul et
même système
métrologique dont l’étalon premier est notre TERRE. Parler
de « métrologie
préhistorique » est surement un contresens historique
puisque l’Histoire
débute avec l’invention de l’écriture. Mais pourrait-on
seulement imaginer
l’utilisation d’un système métrique sans
écriture ? Non bien sûr, la
mesure nécessite le Nombre et son expression par écrit
est donc inévitable. Les
premiers monuments mégalithiques de Carnac sont datés de
5000 ans avant notre
ère et ils sont bâtis à partir d’une
géométrie précise utilisant les mesures du
Yard Mégalithique, du Pied Anglais et du Mètre
Mégalithique. Cette « pensée
par formes » pourrait être en soit l’une des
manifestations premières de
l’écriture dans la recherche d’un équilibre symbolique du
Monde tel que le
Créateur l’a établi : « Tu
as
tout ordonné par mesures, nombres et poids » (Ancien
Testament, Livre de la Sagesse 11,20) Intention
dans laquelle il convient de traduire poids
par proportion car « la
comparaison de deux grandeurs ou
des nombres concrets qui les mesurent est la projection sur le plan
mathématique de l’opération élémentaire du jugement :
perception
exacte des rapports entre les choses ou les idées ;
c’est une
mesure, une pesée idéale. »
(Matila C. Ghyka, Le Nombre d’Or) Nous
avons vu
que le plus vieil étalon de mesure connu était celui du
Pied de Nippur,
découvert en Mésopotamie et qu’il datait du début
du 3ème millénaire
avant notre ère. Sa relation métrique avec le Yard
Mégalithique est exacte
puisque : Un
Yard Mégalithique est l’expression des trois quarts du
degré de méridien de la
Terre mesuré à l’équateur alors qu’un Pied de
Nippur exprime quant à lui le
quart restant. L’addition de ces deux étalons de mesure
délivre exactement la
valeur d’un degré de méridien de la Terre mesuré
à l’équateur. Nous
connaissions déjà par le Professeur Alexander Thom le
rapport 5/2 entre le Yard
Mégalithique et la Toise Mégalithique, lequel peut se
traduire géométriquement
par un rectangle de proportion 5 sur 2 ; dont la diagonale mesure Ѵ29 :
C’est
cette même Toise Mégalithique qui délivre encore
par un rapport très précis de
1 sur 7 la valeur du Pied Romain, que nous exprimons ci-dessous par la
représentation géométrique du septuple
carré : C’est
ce rapport exact de 1 à 7,
que privilégie le métrologue allemand Rolph C. A.
Rottländer pour définir
le Pied Romain à la valeur métrique de 29,62 cm et dont
nous pouvons dire par
le jeu des rapports successifs, qu’il correspond au 15/56ème
du degré
de méridien de la Terre mesuré à
l’équateur. Difficile à dire quel serait
l’intérêt de diviser un cercle en 56 parties, mais c’est
pourtant ce que firent
les premiers bâtisseurs de Stonehenge 3000 ans avant notre
ère et dont les 56
trous d’Aubrey nous conservent le souvenir. Le Nombre d’Or serait-il
pour
quelque chose dans cette histoire ? Eric
CHARPENTIER A
Loire, le 22 septembre 2017, jour de l’équinoxe |