Juin 2006
L'Inscription de Trèves : Secret Royal
Je découvris "le Vieux Secret", livre de Thierry Rollat, grâce à un ami commun, Patrick Berlier, dont les connaissances sur le Pilat et le Velay mystérieux ne sont plus à démontrer mais plutôt à découvrir de toute urgence.
Le "Vieux Secret" est révélé en page 4 de l'ouvrage. Il s'agit d'une énigmatique inscription sculptée sur le fronton d'un bâtiment du Fay à Trèves, ancienne possession des Chartreux de Sainte-Croix-en-Jarez. Ma première vision du fronton s'est avérée renversée, mais il m'apparut de suite qu'il convenait de procéder ainsi pour faire parler ce fronton. Ma lecture pourra surprendre à certains moments, mais elle ouvrira sans doutes quelques horizons qui je l'espère permettront d'avancer plus avant dans cette captivante énigme.
La croix pattée placée à droite (après renversement), évoque bien sûr l'Ordre du Temple, ce que confirmerait le coeur placée à gauche. Le coeur, siège de l'Amour de nature féminine représente la lune mais il évoque aussi le CENTRE ; ce centre qu'il convient de découvrir. Le renversement ainsi effectué double bien entendu le coeur, ce qui donne à penser que le centre à découvrir aurait une double articulation. La double articulation du coeur - effet miroir - est un thème templier. A Nantes, il apparaît sur les seings des notaires du Temple de Sainte-Catherine, Hospitaliers de Saint-Jean (futurs Chevaliers de Malte) qui succédèrent aux Chevaliers du Temple.
Bien que ni les Templiers ni les Hospitaliers ne paraissent avoir résidé à Trèves, il semble qu'en 1757, l'ombre de ces Chevaliers planait encore sur les lieux...
Le soleil est figuré par le cercle dans lequel apparaît la croix templière. Cette rouelle solaire effectue sa giration ainsi que l'indique l'inclinaison de la croix. Le degré de cette inclinaison est peut-être porteur d'un message.
Le H dans IHS, au-delà de son aspect purement chrétien, évoque pour les hermétistes, le creuset alchimique, le lieu clos où souffle l'Esprit, d'où la forme en H de la façade des cathédrales gothiques. La cathédrale, l'église, la chapelle, sont autant de culte où souffle cet Esprit, ce qui confirme la croix enracinée dans le H.
Le mystère du fronton jaillit assurément lorsqu'on le renverse. Nous passons ainsi de l'autre côté du miroir... le terrier du Lapin d'Alice au Pays des Merveilles donnant accès à la face caché du monde !
Cette inversion si elle ne génère à priori pas un véritable changement dans les symboles, lettres et nombres représentés, transcende néanmoins les deux 7. Cette transmutation du 7 permet d'aller "au-delà du 7", d'effectuer la traverser du transept... afin de pénétrer dans le COEUR ou CHOEUR de l'édifice... une chapelle souterraine ?
La croix de l'inscription pointée dans le H, apparaît ainsi que me le disait Patrick Berlier, comme une épée dont la lame est flammée, ondulée, autrement dit, féminine. C'est l'épée du Verbe et de la Chevalerie Templière. L'épée flammée renvoie à l'épée de feu des Chérubins qui suivant le Livre de la Genèse ferme la porte du jardin d'Eden.
L'épée est pointée au centre du H. Cette lettre a pour origine, Hé phénicien ou hébreu qui désigne le Souffle, l'Esprit. Si l'idéogramme primitif représentait un homme en prière dont le souffle monte vers Dieu, dans sa forme carrée, le Hé représente une fenêtre. L'épée ouvre le H... la fenêtre. Comment ne pas penser ici, à la nouvelle de Maurice Leblanc : "Herlock Sholmes arrive trop tard" dans laquelle Arsène Lupin décrypte cette énigmatique inscription " La hache tournoie dans l'air qui frémit, mais l'aile s'ouvre et l'on va jusqu'à Dieu". Lupin parvient ainsi à ouvrir la porte secrète du souterrain menant à la chapelle : "... et l'on va jusqu'à Dieu"!
Certains auteurs, de la fin des années 70, se basant ainsi qui l'affirmaient, sur des expériences scientifiques, prétendaient que les Chevaliers du Temple utilisaient des épées, véritables clefs qui leurs auraient permis d'ouvrir de bien curieuses portes...
Après retournement du fronton le millésime se voit radicalement transformé. 1757 se métamorphose en L5LI. Ces quatre chiffres et lettres, prennent tout leur sens lorsqu'on les associent aux lettres placées au dessous :
S H IL
SLe couple de lettres SL ou LS se retrouve dans différents cryptogrammes trésoraires. Le S aappartient très souvent, comme ici, tout à la fois au sigle LS et au signe IHS. Le S inversé (ainsi que le N), affirme l'aspect secret d'une inscription. Ces lettres souvent comprises comme les initiales de mots latins peuvent revêtir différentes significations, telle : Lumen Sol : la Lumière du Soleil.
A Trèves, ces deux lettres pourraient cacher une racine hébraïque. La racine SL ou Shin/Lamed évoque la ligne tracée d'un objet ou d'un lieu à un autre, le trait qui les unit. Cette ligne droite sur un plan étymologique engendre le mot Shalom : le Salut, la Paix et donc IérouShalaïm (Jérusalem...). Le souterrain serait-il symboliquement lié à la célèbre Lieue de Jérusalem, l'un des noms secrets des labyrinthes de nos cathédrales ?
5
HL'hypothèse hébraïque se confirmerait avec le 5 et le H. En hébreu le nombre 5 s'écrit avec la lettre Hé. Cette identité du 5 et du Hé, permet d'y voir deux 5 ou deux Hé. Trouver 5H (notion déjà rencontré ailleurs) après SL, (compris comme la ligne droite du souterrain) s'avère dans cette région du Jarez comme une donnée essentielle. En effet, il apparaît que le double 5 figure dans une énigmatique inscription révélée par André Douzet ; inscription qui se trouverait dans une crypte à laquelle les Chartreux de Sainte-Croix-en-Jarez devaient accéder par un souterrain...
Le double V ou 5 latin qu'il convient dans cette inscription de rapprocher du double Hé apparaissant dans Tétragramme ou Nom imprononçable : Iod-Hé-Vav-Hé est nommé par les Kabbalistes, "Caverne de Makhpela", soit la "double Caverne", "la Caverne du Pli" ou "la Caverne du redoublement du Hé".
C'est dans la Caverne de Makhpela, à Hébron (l'antique Qirat-Harba) que reposent les patriarches Abraham, Isaac et Jacob. Cette caverne est dite "caverne du Pli" en ce sens qu'elle est double. La première partie de la caverne où reposent les patriarches se trouve en Israël et la seconde où reposent suivant le Zohar, Adam et Eve, se trouve dans le Jardin d'Eden.
Cette caverne apparaît symboliquement sur les tableaux représentant Saint Antoine l'Egyptien. La caverne d'Hébron à la double articulation n'est sans doute pas unique et l'on peut penser que dans le Jarez une telle caverne puisse exister.
Si en hébreu le nombre 5 s'écrit avec un Hé, il apparaît également qu'en hébreu ce nombre signifie également "armé". Avec le 5 et le H se trouve semble-t-il l'idée d'une épée fichée dans le H.
L I
ILe nombre 51 se retrouve ainsi, par deux fois inscrit en chiffre romain. Ce nombre bien connu des chercheurs de Rennes-le-Château, apparaît sur la dalle de la Dame de Hautpoul. Il apparaît aussi par deux fois de façon plus secrète sur une inscription de Rennes-en-Grenouilles, commune de Mayenne qui porta également le nom de Rennes-en-Domfront... Il peut se référer à la célèbre épopée de Jason et les 50 Argonautes, thème apparemment bien présent dans la région du Pilat. D'autres pistes plus énigmatiques encore peuvent intervenir autour de ce nombre...
Cabale Royale
L5 LI
SHI
+Il apparaît que la lecture symbolique du fronton se double d'une lecture phonétique. Les deux dernières lettres de la première ligne et la première de la seconde ligne écrivent le mot LIS ; d'où l'idée que l'inscription puisse revêtir un aspect royal et à ce titre avoir une certaine identité avec l'inscription souterraine et royale de Sainte-Croix-en-Jarez. Notion que le couple 5H laissait déjà envisager.
La présence du mot LIS implique qu'il soit précédé d'un article, c'est ce que confirmerait le L initial. Dans notre alphabet, la lettre E correspond à la 5ème lettre. D'où l'idée que L5 dans l'hypothèse rébus puisse se lire LE, ce qui d'emblée nous donnerait : LE LIS.
Viennent ensuite les lettres H et I, et là évidemment ça se corse ! La lettre H pourrait, ainsi que l'avait fait Maurice Leblanc se lire HACHE. La clé, si clé il y a, apparaît dans le thème de la couronne. Celle des rois de France était pourvue de lis ou lys et celle des ducs comportait des feuilles d'ACHEs. Ce pourrait-il que nous ayons tout à la fois une allusion à un roi de France et à un duc dont l'histoire ne serait pas étrangère à cette région du Pilat et du Jarez ? En l'An 1757 régnait sur la France Louis XV mais est-ce précisément un roi qu'il convient de découvrir ?
Le I toujours par sa prononciation rappelle la fameuse HIE, grosse masse permettant d'enfoncer les pavés ou les pilotis et le verbe HIER qui en découle.
LE LIS (et) L'ACHE HIENT... bien ! mais que hient-ils ? Et là je me suis dit que la croix/épée devait avoir sa place dans le rébus. Ce qui me donnerait :
LE LIS (et) L'ACHE HIENT LA CROIX.
Dans le N° 370 de la revue ATLANTIS consacrée aux plantes sacrées fleuries, il est indiqué que l'ACHE, nom ancien du céleri, - latin apium - avait pour étymologie le mot APIS abeille ! Et ce mot, ainsi qu'indiqué dans les dictionnaires d'ancien français a donné le nom commun masculin ACHIER : "essaim", "ruche", cette même ruche que l'on trouve sur le blason de Rive-de-Gier.
Se pouvait-il que le mot ACHE par sa présence dans l'inscription, linguistiquement apparenté à ACHIER, puisse cacher le thème de l'abeille ? Dans l'hypothèsed'une réponse affirmative nous touchons là à quelque chose de très important, en ce sens que l'abeille fut avant le lys, l'emblème de la première dynastie, celle des Mérovingiens ainsi qu'en témoigne la découverte en 1653 près de Tournai de la tombe du roi Childéric où furent trouvées plus de 300 abeilles d'or !
Le rébus pourrait ainsi cacher un véritable mystère, celui du "Vieux SECRET". Ce mystère pourrait se lire ainsi :
Les CAPETIENS (et) les MEROVINGIENS
HIENT (enfoncent) LA CROIX.Cette affirmation tenterait à prouver que les Mérovingiens, puis les Capétiens ont eu accès au mystérieux souterrain et à sa Caverne double.
Le verbe hier est conjugué au présent. Si ce présent paraît logique pour les Capétiens en 1757, il le paraît moins pour les Mérovingiens, sauf si nous avons, ce que les exégètes de la Bible nomment un présent prophétique...
Comment convient-il d'entendre cette énigmatique phrase ? Un début de réponse apparaît peut-être dans une tradition mystérieuse toujours racontée dans la station balnéaire de Tharon située non loin de Pornic en Loire-Atlantique. Il apparaît qu'au Moyen Age l'ancien Tharon aujourd'hui enseveli par les dunes, portait le nom de Tartare, un nom qui n'est pas sans rappeler celui de Tartaras, commune voisine de Trèves... La légende évoque un souterrain fermé d'une porte d'airain dans lequel se trouverait les trésors de la cité médiévale.
Un bedeau, dit la légende, tenta d'ouvrir la porte d'airain avec une croix qui resta dans l'huis. Le bedeau avait-il la bonne clef ? ou bien était-il vraiment le personnage qui devait ouvrir la porte d'airain du souterrain s'enfonçant dans les entrailles de l'ancienne cité ?
A Trèves, le mystère reste entier, qui enfoncera la Croix royale dans l'huis de la lourde porte d'airain ? La réponse appartient bien sûr encore au futur. Il faudra que Thierry et ses amis percent encore bien des mystères avant de découvrir, ce que je leur souhaite, la chapelle souterraine.
Michel BARBOT
En octobre prochain, nous nous attarderons sur 'L'Ombre du Temple'
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