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Rubrique
Sociétés Secrètes


Novembre 2016









Par
Daniel Dugès


Les sociétés monarchistes et maçonniques

            Vu du XXIéme siècle Maçonnerie et catholicisme ne semble pas faire bon ménage. Pourtant il ne semble pas en avoir été toujours de même. A la fin du XIXème sièvle la France était politiquement divisé en deux : D'une part les républicains porteurs de nouvelles idées et les monarchistes défendant encore les pensées de l'ancien régime. L'histoire montre que le refus du pouvoir du comte de Chambord pour des raisons qui pourraient paraître futiles a poussé le pays vers la république et la démocratie. Mais en cette fin de siècle les idées de la monarchie sont encore puissantes. Nous en voulons pour preuve que les deux premiers présidents de la république, messieurs Thiers et Mac Mahon affichaient ostensiblement des idées monarchistes.


Adolphe Thiers

                        L'affaire de Rennes le Château nous a permis de comprendre comment les monarchistes pensaient accéder à nouveau au pouvoir, il suffisait pour cela de convaincre les prêtres des paroisses du pays. En effet ceux-ci étaient en contact direct avec les gens du peuple, en semaine par les différentes visites à leurs ouailles et le dimanche par l'impact de leurs sermons. La parole donnée en chaire avait alors un caractère sacré.

            C'est ainsi que, à peine arrivé à Rennes, l'abbé Saunière s'est vu reprocher un sermon par trop antirépublicain, ce qui provoqua une remontée jusqu'à son évêque qui calma ses ardeurs en l'envoyant quelques mois, en pénitence, au séminaire de Narbonne. Fallait-il que ses propos soient virulent pour que l'évêque, qui par ailleurs le protégeait, lui inflige une telle sanction.


Paul Félix Arsène Billard

            Il fallait aussi pouvoir motiver les curés à de tels engagements et pour cela, il fallut trouver un moyen de les regrouper autour des idées monarchistes.

            Lorsque la maçonnerie apparait en France au début du XVIIIéme siècle elle s'implante surtout dans la haute bourgeoisie et dans la noblesse, et si elle est porteuse d'idées égalitaires, elle n'est pas vraiment républicaine. Il suffit que de lire les noms portés sur les tableaux de loge de cette époque pour s'en convaincre. Ainsi lors de la convocation du premier Grand Orient de 1785 le Grand Maître est le duc de Chartre.

            En 1781 Marie Antoinette, alors reine de France, écrit à sa mère impératrice d'Autriche ce mot :"Ne vous frappez donc pas tant de la maçonnerie, à Versailles tout le monde l'est... Madame de Lamballe vient d'être nommée Vénérable Maître d'une loge"... Ni Marie Antoinette ni Madame de Lamballe ne sont soupçonnable d'avoir des idées laïques et républicaines.


Marie Antoinette

            Lorsque la révolution arrive il y a donc des maçons dans les deux camps, et la noblesse maçonne se fait discrète, durant cette période. Sous l'empire, la maçonnerie est essentiellement Bonapartiste, mais il reste dans les loges et ce d'une manière souterraine quelques idées monarchistes qui reprennent vigueur sous la restauration. Même si une évolution commence à se produire au sein de la maçonnerie, ces groupes monarchistes et maçons perdurent. On ne voit d'ailleurs pas pourquoi la noblesse aurait abandonné aux républicains leurs prérogatives en matière de maçonnerie.

            C'est ainsi que, à la fin du XIX éme siècle, une maçonnerie laïque et républicaine apparaît plus ou moins au grand jour , mais qu'un autre courrant maçonnique plus souterrain né dans les hautes sphères de la monarchie toujours présente, va être le mouvement destiné à relier et à motiver les curés. Ce sont les traces qu'ils ont laissés dans les églises de campagne qui permettent de suivre l'évolution de ces groupes.

            Ainsi à Rennes le Château, l'église est un point de réunion pour des Hauts Grades pratiquant le Rite Français. Mais pas celui qui est pratiqué dans les loges républicaines, mais un rite d'origine venant des traditions monarchistes du XVIII ème siècle. Nous pouvons affirmer que les quatre degrés des hauts grades de ce Rite sont mis en évidence dans l'église de Rennes.


Bérenger Saunière

            Mais Rennes le château n'est pas le seul endroit où l'on peut voir des traces maçonniques On a l'habitude de penser que les symboles maçonniques que l'on peut voir dans les églises sont en fait des signes religieux. En réalité ce sont la plus part du temps les curés du XIX éme qui ont mis en exergue ces symboles dans le mobilier religieux de ce temps, afin de récupérer des signes que la maçonnerie laïque prennait à son compte. En effet, il est difficile de trouver des symboles que l'on pourrait qualifier de maçonniques comme le triangle avec l'œil ou certaines statues faisant un signe maçonnique, avant le XVIII ème siècle. Ces symboles sont plutôt la marque de l'opposition entre deux movements la maçonnerie laïque et la maçonnerie monarchiste, survivance des origines.

            On trouve encore dans beaucoup d'églises des autels portant sur leur table le signe MA souvent écrit avec un graphisme de style "Anglais". Ces autels portent au dessus de leur tabernacle une vierge qui est toujours couronnée. En apparence ces autels sont dédiés à la vierge Marie, reine du ciel. Mais si l'on compare le graphisme du MA àvec le chiffre de Marie Antoinette que l'on peut voir sur les sièges ou la vaisselle qui lui ont appartenu, on se rend compte qu'il est tout à fait identique. C'est dire qu'il s'agit là d'autels dédié à la dernière reine de France sous couvert de Vierge Marie. Les groupes monarchistes pouvaient ainsi se recueillir devant un lieu dédié discrètement à Marie Antoinette, reine, dont ils trouvaient la fin totalement exemplaire.



MA sur un autel


Chiffre MA sur un fauteuil ayant appartenu à Marie Antoinette

            Il semble que ces groupes monarchistes se soient dilués avec le temps et concrétisés autour de groupes entourant la notion de Sacré Cœur. Dans certaines églises comme Bénévent l'abbaye (Creuse) où l'on touve une chapelle qui est dédié au Sacré Cœur portant un vitrail décoré du compas et de l'équerre. Il est vrai que cette chapelle est l'œuvre de Paul Abadie l'architecte du Sacré Cœur de Paris. On notera à ce sujet l'étrange ressemblance entre le sacré chœur de Paris et le bâtiment figuré au dessus du dais de la vierge du pilier de Rennes le château. Il est vrai que ce pilier porte les mots "pénitence pénitence" qui ont été le mot d'ordre de la construction du Sacré Cœur. En effet il a été consruit pour que le peuple Français expie la faute d'avoir tué les derniers rois de France et ainsi fasse pénitence.



Sacré Coeur de Jésus


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