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Sociétés Secrètes |
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Daniel
Dugès
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Les sociétés monarchistes et maçonniques
Vu du
XXIéme siècle Maçonnerie et catholicisme ne semble
pas faire bon ménage.
Pourtant il ne semble pas en avoir été toujours de
même. A la fin du XIXème
sièvle la France était politiquement divisé en
deux : D'une part les
républicains porteurs de nouvelles idées et les
monarchistes défendant encore
les pensées de l'ancien régime. L'histoire montre que le
refus du pouvoir du
comte de Chambord pour des raisons qui pourraient paraître
futiles a poussé le
pays vers la république et la démocratie. Mais en cette
fin de siècle les idées
de la monarchie sont encore puissantes. Nous en voulons pour preuve que
les
deux premiers présidents de la république, messieurs
Thiers et Mac Mahon
affichaient ostensiblement des idées monarchistes.
Adolphe Thiers
L'affaire
de Rennes le Château nous a permis de comprendre comment les
monarchistes
pensaient accéder à nouveau au pouvoir, il suffisait pour
cela de convaincre
les prêtres des paroisses du pays. En effet ceux-ci
étaient en contact direct
avec les gens du peuple, en semaine par les différentes visites
à leurs
ouailles et le dimanche par l'impact de leurs sermons. La parole
donnée en
chaire avait alors un caractère sacré.
C'est
ainsi que, à peine arrivé à Rennes, l'abbé
Saunière s'est vu reprocher un
sermon par trop antirépublicain, ce qui provoqua une
remontée jusqu'à son
évêque qui calma ses ardeurs en l'envoyant quelques mois,
en pénitence, au
séminaire de Narbonne. Fallait-il que ses propos soient virulent
pour que
l'évêque, qui par ailleurs le protégeait, lui
inflige une telle sanction. ![]() Paul
Félix Arsène Billard
Il
fallait aussi pouvoir motiver les curés à de tels
engagements et pour cela, il
fallut trouver un moyen de les regrouper autour des idées
monarchistes.
Lorsque
la maçonnerie apparait en France au début du
XVIIIéme siècle elle s'implante
surtout dans la haute bourgeoisie et dans la noblesse, et si elle est
porteuse
d'idées égalitaires, elle n'est pas vraiment
républicaine. Il suffit que de
lire les noms portés sur les tableaux de loge de cette
époque pour s'en
convaincre. Ainsi lors de la convocation du premier Grand Orient de
1785 le Grand
Maître est le duc de Chartre.
En
1781 Marie Antoinette, alors reine de France, écrit à sa
mère impératrice
d'Autriche ce mot :"Ne vous frappez donc pas tant de la
maçonnerie, à
Versailles tout le monde l'est... Madame de Lamballe vient d'être
nommée
Vénérable Maître d'une loge"... Ni Marie Antoinette
ni Madame de Lamballe
ne sont soupçonnable d'avoir des idées laïques et
républicaines. ![]() Marie
Antoinette
Lorsque
la révolution arrive il y a donc des maçons dans les deux
camps, et la noblesse
maçonne se fait discrète, durant cette période.
Sous l'empire, la maçonnerie
est essentiellement Bonapartiste, mais il reste dans les loges et ce
d'une
manière souterraine quelques idées monarchistes qui
reprennent vigueur sous la
restauration. Même si une évolution commence à se
produire au sein de la
maçonnerie, ces groupes monarchistes et maçons perdurent.
On ne voit d'ailleurs
pas pourquoi la noblesse aurait abandonné aux
républicains leurs prérogatives en
matière de maçonnerie.
C'est
ainsi que, à la fin du XIX éme siècle, une
maçonnerie laïque et républicaine
apparaît plus ou moins au grand jour , mais qu'un autre courrant
maçonnique
plus souterrain né dans les hautes sphères de la
monarchie toujours présente,
va être le mouvement destiné à relier et à
motiver les curés. Ce sont les
traces qu'ils ont laissés dans les églises de campagne
qui permettent de suivre
l'évolution de ces groupes.
Ainsi
à Rennes le Château, l'église est un point de
réunion pour des Hauts Grades
pratiquant le Rite Français. Mais pas celui qui est
pratiqué dans les loges
républicaines, mais un rite d'origine venant des traditions
monarchistes du
XVIII ème siècle. Nous pouvons affirmer que les quatre
degrés des hauts grades
de ce Rite sont mis en évidence dans l'église de Rennes. ![]() Bérenger
Saunière
Mais
Rennes le château n'est pas le seul endroit où l'on peut
voir des traces
maçonniques On a l'habitude de penser que les symboles
maçonniques que l'on
peut voir dans les églises sont en fait des signes religieux. En
réalité ce
sont la plus part du temps les curés du XIX éme qui ont
mis en exergue ces
symboles dans le mobilier religieux de ce temps, afin de
récupérer des signes
que la maçonnerie laïque prennait à son compte. En
effet, il est difficile de
trouver des symboles que l'on pourrait qualifier de maçonniques
comme le
triangle avec l'œil ou certaines statues faisant un signe
maçonnique, avant le
XVIII ème siècle. Ces symboles sont plutôt la
marque de l'opposition entre deux
movements la maçonnerie laïque et la maçonnerie
monarchiste, survivance des
origines.
On
trouve encore dans beaucoup d'églises des autels portant sur
leur table le
signe MA souvent écrit avec un graphisme de style "Anglais". Ces
autels portent au dessus de leur tabernacle une vierge qui est toujours
couronnée. En apparence ces autels sont dédiés
à la vierge Marie, reine du
ciel. Mais si l'on compare le graphisme du MA àvec le chiffre de
Marie
Antoinette que l'on peut voir sur les sièges ou la vaisselle qui
lui ont appartenu,
on se rend compte qu'il est tout à fait identique. C'est dire
qu'il s'agit là
d'autels dédié à la dernière reine de
France sous couvert de Vierge Marie. Les
groupes monarchistes pouvaient ainsi se recueillir devant un lieu
dédié
discrètement à Marie Antoinette, reine, dont ils
trouvaient la fin totalement
exemplaire.
Il
semble que ces groupes monarchistes se soient dilués avec le
temps et
concrétisés autour de groupes entourant la notion de
Sacré Cœur. Dans certaines
églises comme Bénévent l'abbaye (Creuse) où
l'on touve une chapelle qui est
dédié au Sacré Cœur portant un vitrail
décoré du compas et de l'équerre. Il est
vrai que cette chapelle est l'œuvre de Paul Abadie l'architecte du
Sacré Cœur
de Paris. On notera à ce sujet l'étrange ressemblance
entre le sacré chœur de
Paris et le bâtiment figuré au dessus du dais de la vierge
du pilier de Rennes
le château. Il est vrai que ce pilier porte les mots
"pénitence
pénitence" qui ont été le mot d'ordre de la
construction du Sacré Cœur. En
effet il a été consruit pour que le peuple
Français expie la faute d'avoir tué
les derniers rois de France et ainsi fasse pénitence.
Sacré
Coeur de Jésus
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