ENTRETIEN-INTERVIEW
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MICHEL PEYRARD
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Michel représente l’humilité, la sagesse,
l’esprit d’entreprendre. Pour lui, le dynamisme et la convivialité sont des
mots essentiels. Il s’intéresse, en effet, en profondeur à des sujets variés et
il est devenu un véritable spécialiste du drone et de la vidéo. Dans notre
région, qui rayonne bien au-delà les limites du Parc du Pilat, il apporte
indéniablement des pierres à son édifice pour véhiculer un savoir aux
générations d’aujourd’hui et de demain. Nous avons la chance d’avoir fait sa
connaissance voici trois ans, aussi, est-il apparu évident à nos yeux, de
l’interviewer et de vous le présenter, avec toutes les richesses et les
facettes de sa personnalité.
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1/ Les Regards
du Pilat : Passionné par les rencontres, plus simplement par les relations
humaines, vos hobbies semblent découler de nombreux contacts cumulés au fil du
temps. Peut-on dire que c’est ainsi que vous avancez, finalement ?
Michel Peyrard : Effectivement c’est grâce aux relations humaines que je peux effectuer mes différents films. Lorsqu’un sujet est choisi, retenu, ma première mission consiste à me rapprocher de la ou des bonnes personnes pour me guider dans l’écriture de mon scénario. Moi j’apporte l’image, des vidéos et aussi des photos. J’ai besoin de rencontrer des connaisseurs du sujet. Toutes proportions gardées, je reste un amateur et mes films sont réservés à des amateurs. Depuis 7/8 ans que je suis investi dans cette passion, j’ai fait de très, très belles rencontres. J’apprends beaucoup de choses au contact de toutes ces personnes. Au départ j’étais seul pour mener à bien ces initiatives et maintenant des copains m’ont rejoint, avec Jacques pour l’écriture des textes, Guy lui c’est la voix, Jean Charles est un excellent photographe et pilote de drone comme Christophe qui assure les prises de vues les plus difficiles. Nous sommes devenus une petite équipe. Les échanges demeurent très intéressants, ainsi je peux porter des corrections pour bonifier ces différents travaux ; plusieurs sources permettent un meilleur contrôle.
2/ Les Regards
du Pilat : Nous nous sommes rencontrés en 2020 et ensemble, nous avons
modestement étudié le site néolithique, voire plus ancien encore, du Moulin à
Vent sur Pélussin. Nous étions complémentaires dans ce travail d’approche. Avec
le recul, que retenez-vous de ce fort ancestral partiellement retrouvé sous les
ronces ?
Michel Peyrard : J’avais beaucoup d’ambitions pour retrouver avec mon drone des vestiges significatifs. Malheureusement la végétation n’a pas permis la lisibilité que j’espérais. C’est un regret. Sans empiéter sur la question du Lidar, j’envisage qu’avec cet outil moderne on puisse justement atteindre les objectifs que je m’étais fixé. Il faudrait le faire. Pour moi, le Lidar est approprié au Moulin à Vent. Reste ensuite la lecture des photos à analyser.
3/ Les Regards
du Pilat : En restant sur Pélussin, je souhaiterais que nous réalisions un
focus sur un personnage local, Suzanne Philidet. Cette artiste paraît vous
intéresser, n’est-ce pas ? Elle est mentionnée entre autres sur votre site
Internet. Qu’en est-il exactement ?
Michel Peyrard : Suzanne Philidet fait partie de mes belles rencontres. J’ai fait sa connaissance dans la chapelle Sainte Marie à Saint-Chamond pendant la restauration de deux des grandes verrières (classées monument historique). Elle est Maître Verrier agréée par les Monuments Historiques. Je dirais qu’elle m’a tout appris sur le monde des vitraux, elle partage son savoir avec gentillesse. Je me suis rendu plusieurs fois dans son atelier pour suivre le travail de restauration des panneaux de vitrail. Elle explique avec passion son travail. Suzanne est issue d’un milieu artistique ce qui facilite sa fibre pour sa spécialité et l’art du verre. C’est aussi une créatrice de verrières, Je l’ai filmée en train d’installer des verrières sur plusieurs chantiers. Oui, j’ai eu cette chance. Parallèlement à ses implications professionnelles, Suzanne à créé un triptyque en hommage à la célèbre Maison Mauvernay de Saint-Galmier, excusez du peu. Elle sculpte aussi le verre, avec la technique du fusing une spécialité très reconnue par exemple en Hollande ou en Belgique, là où elle expose. On peu voir deux verrières de Suzanne dans l’église de Pavezin.
4/ Les Regards
du Pilat : Nous venons de le préciser, vous possédez et avez développé un
site Internet : Bugomiel Studio, Culture et Patrimoine. Votre
adresse : https://michelpeyrard.over-blog.com/
En naviguant
sur ce dernier, nous observons de nombreuses notions de partage. Est-ce si
important pour vous de vous positionner ainsi ; de laisser une trace
systématique et si c’est véritablement le cas, quelle en est la raison
majeure ?
Michel Peyrard
: Oui, j’ai créé un blog où j’informe les gens sur les expositions, les
conférences, mes films sont aussi sur ce blog. C’est du temps à y consacrer et
cela permet aussi un entretien actif des contacts amis. Par-dessus tout, je
m’efforce de sauvegarder ce que je fais. Un fond, aux archives municipales de
Saint-Chamond sauvegarde également mes différents travaux. Avec tous ces films
je laisse un témoignage, un témoignage à l’instant T. Il faut absolument
montrer, on ne sait jamais ce que devient le patrimoine. Je pense toujours à
l’incendie de Notre Dame de Paris et les disparitions définitives qui ont été
entraînées dans cette destruction bien regrettable. Pour moi, il n’y a pas
besoin de parcourir le monde entier quand on ne connaît pas les richesses
patrimoniales tout près de chez soi. Faire du tourisme local avec une bonne
paire de chaussures, et après on va plus loin.
5/ Les Regards
du Pilat : Votre outil de travail, si l’on peut dire, le plus important
pour vous, reste le drone. Vous venez de changer d’appareil, de modèle plus
exactement. Quelles sont les avantages et les caractéristiques des technologies
de pointe ?
Michel Peyrard : Avant le drone mon outil de travail était l’appareil photo et le caméscope. Je me suis payé mon premier appareil photo à l’âge de 14 ans. Le drone a apporté un bouleversement considérable dans le domaine de l’image. C’est de nos jours des progrès technologiques constants, c’est un appareil de photo, et un caméscope. « Une église, vue d’en haut » ! C’est des perspectives fantastiques. Quand on a connu le drone, on peut dire qu’il est devenu irremplaçable maintenant. On voit d'en haut des détails que l’on ne peut même pas imaginer d’en bas. On redécouvre un patrimoine avec un nouvel œil. Ce sont des fonctions automatiques incroyables.
6/ Les Regards
du Pilat : Vous n’êtes pas sans savoir qu’une jeune association,
« des Pierres et des Hommes » s’est procurée en 2022, grâce notamment
au soutien de la région Auvergne Rhône Alpes, un Lidar, doublé d’un drone. Le
Lidar, pour ceux qui ne le sauraient pas, permet d’ôter la végétation des
photos aériennes prises en rafales bien souvent. Voyez-vous là une opportunité
nouvelle permettant une meilleure connaissance du Pilat et plus
particulièrement dans le domaine mégalithique ; pourriez-vous nous présenter
votre point de vue ?
Michel Peyrard
: Le Lidar comme je laisse clairement entendre à propos du Moulin à Vent est
devenu un outil formidable. Il y a des années j’ai visité les Temples d’Angkor
et là-bas il y avait des premiers essais avec des Lidar montés sur des
hélicoptères. On pouvait visionner les réseaux hydrauliques grâce aux drones
qui détectaient facilement les différences de couleurs dans la végétation. Mais
le Lidar enlevait purement et simplement la végétation. Avec Le Lidar il faut
les bonnes personnes, bien formées, les bons logiciels et à partir de là on
peut faire naître n’importe quel optimisme quant à découvrir le Pilat sous une
toute nouvelle approche. Je reste donc très confiant si ces conditions sont
réunies. Le bon travail en ce domaine, c’est la bonne interprétation.
7/ Les Regards
du Pilat : De nombreux chercheurs et aussi de plus petits amateurs
s’intéressent à l’Aqueduc du Gier qui venait prendre l’eau du Pilat pour la
conduire à Lyon à l’époque romaine. Ces vestiges, clairsemés ici et là vous
intriguent apparemment. Quelle est votre approche personnelle et la finalité de
celle-ci ?
Michel Peyrard : A aujourd’hui j’ai déjà réalisé des petits films sur l’Aqueduc du Gier. J’ai commencé avec des personnes de Saint-Chamond, puis de Mornant. Dernièrement j’ai eu la chance de rencontrer le grand spécialiste lyonnais, Jean Burdy ; on s’est même lié d’amitié. Je vais maintenant mettre son livre référence en image ! Je vais suivre l’Aqueduc de sa prise d’eau à St Chamond, à la colline de Fourvière. Ce film à venir sera très important. On peut parler d’un documentaire. Dans ce cadre-là, le drone apporte quelque chose d’exceptionnel. J’ai aussi pour ce film la chance d’avoir l’aide d’Aldo Borlenghi, maître de conférences en archéologie et histoire de l'art du monde romain. https://vimeo.com/314846545
8/ Les Regards
du Pilat : Une rencontre vous a beaucoup marqué, celle avec les chevaux de
Przewalski sur le plateau de Causse Méjéan et ce en 2022. Pourriez-vous nous
résumer cette belle histoire dont vous restez un témoin fervent ?
Michel Peyrard : Je suis amateur de patrimoine sous toutes les formes et les chevaux sauvages de Przewalski en fait partie. Je les ai découvert lors de vacances dans cette région merveilleuse. Jadis, il en restait qu’une dizaine ; ils allaient disparaître. Aujourd’hui ils ont été remis en liberté. Ils vivent sans contact avec l’Homme et c’est 35 individus si je puis dire, qui se trouve sur près de 800 hectares dans le Causse Méjean. J’y suis ensuite retourné pour les filmer. Ils se sont rapprochés de moi, comme apprivoisés, curieux de ma présence. Évidemment je n’ai pas filmé au drone de peur de les effrayer, mais avec un caméscope. L’objectif de l’association qui gère ce parc reste d’un jour les ramener dans leur région d’origine, la Mongolie. https://vimeo.com/731355144
9/ Les Regards
du Pilat : Vous n’êtes pas du tout indifférent à une autre de vos
aventures, celle menant aux Verrières de l’Institution Sainte Marie à Saint
Chamond. Qu’en est-il ?
Michel Peyrard : Avec Suzanne Philidet dans une autre question, nous avons quelque peu évoqué ces Verrières de Saint-Chamond, qui il est vrai me tiennent à cœur. Peu de gens connaissent cette chapelle. Ces verrières sont une pure merveille. Huit grandes verrières dans la nef (25 m2) et cinq dans les chapelles rayonnantes de 10m2). En tout c’est 250 mètres carrés de verrières classées Monuments Historiques. A Sainte-Marie il y a aussi un chemin de Croix en Mosaïques, réalisé par le même artiste que les verrières Raphael Lardeur (1890/1967). Les différents épisodes de la vie de Marie, la Sainte Vierge sont représentés sur les 8 grandes verrières. Quatre n’ont pas encore été encore restaurées. C’est une question de finances. Pour les plus petites demeurent un vrai problème de conservation. Il y a urgence du fait de leur orientation au nord. Si on attend trop, un jour personne ne sera capable de les restaurer. https://vimeo.com/466816385
10/ Les
Regards du Pilat : Non sans lien avec la question précédente, vous auriez
maintenant le projet de publier un livre avec un co-auteur. Pouvez-vous nous en
dire plus, concernant cette expérience complètement nouvelle pour vous ?
Michel Peyrard
: Pourquoi pas. Cela reste sommes toutes très, très difficile. J’ai bien
entendu mes photos et films mais il faut aussi pour ce genre de réalisation des
textes et des photos anciennes et là il y a besoin de beaucoup d’autorisations
pas simple à rassembler. Affaire à suivre plus tard.
Merci Michel
pour l’ensemble de vos réponses, votre précision et avant tout, votre chaleur
humaine.