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Dossier
Novembre 2018





Par
Christian Rollat


Les Poilus de la Grande guerre

à travers le cas Chapelant originaire d’Ampuis





Où en sommes-nous en 2018 ?




En cette dernière année des commémorations de cette Grande Guerre, qui en 1919 devait être la dernière, peu de familles furent épargnées par ce conflit mondial. Sur plus de 8 millions de mobilisés en 4 ans combien ne revirent jamais le clocher de leur village natal ? Si leurs noms, pour la majorité d’entre eux, ont été gravés dans le marbre où la pierre froide des monuments aux morts français, d’autres attendent encore d’y figurer afin d’obtenir une sépulture décente. Pour vous qui lirez cet article, j’ai tenu à vous faire part de ma déception à n’avoir pas vu la réhabilitation de Jean-Julien Chapelant, combattant de la première heure comme mon grand-père. Je ne suis pas naïf. Je vous rassure et le rideau de fumée entretenu par le rapport cousu de fil de blanc par monsieur Antoine Prost (*), commis de l’Etat, ne m’a jamais convaincu bien au contraire. J’en connais parfaitement la teneur. La France n’a pas à se glorifier de cette position incohérente.




Hormis le titre donné à mon ouvrage, l’affaire Chapelant c’est quoi ? C’est l’histoire d’un lampiste totalement innocent qui a payé de sa personne. Un acte de bravoure en octobre 1914 qui contrairement à ce que l’on attendait lui a valu un conseil de guerre spécial improvisé (3 personnes). Ses membres l’ont déclaré coupable en moins de deux heures dans le seul but de s’attribuer les faits d’autrui pour leur petite personne, un fait d’arme : stopper l’offensive allemande sur la ligne de front dans la Somme « la course à la mer » (du Nord).

Sensibilisé par le film « Les sentiers de la gloire » de Stanley Kubrick avec Kird Douglas interdit en France dès sa sortie, j’ai très vite fait la relation avec les tragédies des fusillés pour l’Exemple, dont Joffre porte une large part de responsabilité.


La requête d’un petit instituteur du monde rural à Ampuis m’a conforté de me pencher sur le cas, oh combien ignoble, vécu par le sous-lieutenant Jean-Julien Chapelant. Ci-après article de Paris-Match.





Je ne reprendrai pas ici mon ouvrage qui m’a permis d’étayer mes conclusions sur cette tragédie mais aussi d’obtenir quelques avancées notables dans ce dossier grâce à Serge Barcellini, contrôleur général des Armées devenu Président général du Souvenir Français dont je partage les valeurs. Les principales, en ce qui concerne mes enquêtes, furent d’obtenir la reconnaissance officielle pour Chapelant de « Mort pour la France » en 2012 puis de lui faire élever une stèle en 2014 sur le lieu même de sa lâche exécution aux Loges, un hameau sur la commune de Beuvraignes dans la Somme. N’oublions pas que ce jour du 11 octobre 1914 les hommes de troupe du 98ème se révoltèrent contre le lieutenant-colonel et qu’ils furent menacés … Ils refusèrent de défiler.

La publication de « l’Affaire Chapelant l’autre Vérité » a permis à certaines personnes de réagir et notamment à me transmettre parfois de  loin, des documents et des photos irréfutables, n’en déplaisent à ceux qui défendent l’indéfendable et qui se reconnaîtront. En cette automne 2018, alors que la fin des commémorations approche, que mes amis de la Somme et de l’Oise s’apprêtent à commémorer dignement les disparus et notamment les poilus sur l’aire de Crapeaumesnil (60), je vous dois quelques explications sur l’état d’avancement de mes investigations actuelles.

Il réside pour Chapelant un mystère pour la commune d’Ampuis que je n’ai pu expliquer. Je parle d’un courrier figurant dans les registres communaux reçu en mairie (*) en 1915. Une demande plus récente a été effectuée à la commune d’Ampuis en 2012 : graver le nom de Chapelant sur la liste des Morts pour la France figurant dans l’église avec les autres enfants. Monsieur Banchet que j'ai rencontré le  27 septembre 2018 m'a confirmé  qu'il avait bien pris note de cette requête  tout à fait justifié, comme lui avait donné le nom de Chapelant à une rue de la commune.

(*) En effet, le 23 novembre alors que le maire d’Ampuis était monsieur Jean-François Razuret, il réceptionnera et signera dans sa mairie un courrier le 23 novembre 1915 à cinq heures du soir qui stipulait que Chapelant a été officiellement identifié à Conchy-les Pots (donc intact ou presque) par des soldats le connaissant triés sur le volet. Ce document est publié dans mon ouvrage et figure toujours dans la mairie en 2018.

Comment se fait-il que le secrétaire de mairie et instituteur Trancy, le représentant de la ligue des Droits de l’Homme Henri Quernut et le père même de Chapelant semblent en avoir ignoré l’existence ! C’est incompréhensible. Même le jour de l’inauguration du monument aux morts à Ampuis le 24 janvier 1926, le nouveau maire n’en fera jamais mention, tout en ajoutant avec anticipation Chapelant sur la  liste.

 

En bref il y a un cactus. Chapelant est à mon humble avis toujours à Conchy-les-Pots dans un lieu civil et n’avait aucune raison d’être ailleurs. Reconnu coupable (sans preuve) et fusillé pour l’exemple, il ne pouvait figurer dans une nécropole militaire de la Somme ou de l’Oise.



L’angle du cimetière communal de Conchy-les Pots détient donc la clé du mystère…

Comme le texte relatant son identification par ses Amis Bécheras Etienne, Lamétérie Léonce et Vincent Emile le 4 février 1915 ... ils savaient à la fin de la guerre où il était et n'ont rien dit à leur famille ! Pourquoi et à la demande de qui ? Rien n'est clair dans ce dossier et le gouvernement en 2018 continue de regarder passer les hirondelles ...




Avant de poursuivre et de vous donner les dernières nouvelles, j’ai tenu à vous imprégner d’une lettre particulièrement émouvante, écrite par un autre poilu qui sait de quoi il parle lorsqu’on aborde un tel sujet :

Chère femme,

Je voulais t’écrire hier mais j’étais tellement fatigué et j’avais la tête sens dessus dessous que je n’ai pas eu le courage de la faire. Je vais te raconter en quelques mots la scène que nous avons assisté. Nous étions à Bully avant-hier soir on nous dit que le lendemain le réveil était à 2 heures, que nous allions passer la revue de notre vénérable général Joffre et d’être le plus propre possible. Si je m’étais attendu à ça, je me serais fait porter malade, j’aurais eu 8 jours de prison mais au moins je n’aurais pas assisté à un assassinat.

Çà c’était vaguement dit : c’est pour une dégradation mais jamais je ne me serais attendu à une exécution. Nous sommes partis du cantonnement vers les 3 heures, on nous a conduits dans un parc. Là on nous a fait former en rectangle et en voyant le poteau nous avons compris mais trop tard à la scène que nous allions  assister. C’était pour fusiller un pauvre malheureux qui dans un moment de folie tant que nous étions à Lorette a quitté sa tranchée et à refuser d’y revenir. Vers 4h, deux autos arrivent, une portant le pauvre malheureux et l’autre les chefs qui avant l’exécution devaient lire les rapports le condamnant à la peine de mort. Il est arrivé entre deux gendarmes, a regardé en passant le poteau, puis à quelques pas plus loin on lui a bandé les yeux. Puis une fois la lecture faite on l’a conduit au poteau, où après avoir reçu les ordres de se mettre à genoux, il l’a fait sans un geste, ni un murmure de refus. Pendant ce temps les  12 soldats qui étaient chargés de ce triste travail se sont mis à 6 pas comptés d’avance par un adjudant commandant le peloton d’exécution. Puis après lui avoir attaché les mains au poteau et nous avoir fait mettre au présentez-armes, nous avons entendu les tristes commandements (joue-feu) ; puis ce pauvre malheureux s’est tordu  et un sergent lui a donné le coup de grâce, une balle de revolver dans la tête. Le major est allé ensuite voir s’il était mort, il a levé la tête comme qui veut le regarder puis plus rien ; le crime était accompli. Ils nous ont ensuite fait défiler devant le cadavre qui cinq minutes auparavant était bien portant et qui est mort en brave.




Puis à vous pauvres on vous dit que le moral est excellent mais on ne vous dit pas que chaque jour ou presque dans chaque division (en juillet  1915) il y en a plus de vingt qui passent le conseil de guerre, mais ils ne sont pas tous condamnés à mort (même si les condamnés à mort dans 98% des cas sont totalement innocents voir la suite de cet article).

On vous dit aussi « le soldat est bien nourri sur le front, il a de tout, du reste », ce n’est pas difficile car ce que nous l’on nous donne est immangeable. Aussi souvent nous la sautons et dernièrement après que l’on nous a servi une soupe que les chiens n’auraient pas mangée j’ai demandé une ceinture, on voulait me foutre dedans. Heureusement qu’avec le colis que nous recevons tous, nous pouvons presque vivre. Je termine en t’embrassant mille fois ainsi qu’aux gosses et à toute la famille. Le bonjour aux voisins et amis.



Ton mari Marcel (*) le 31 juillet 1915

(*) Marcel Garrigues avait 31  ans en 1914. Il a été tué le 12 décembre 1915 par une balle perdue. Son fils Armand fut tué en déportation 25 ans plus tard, dénoncé par la Gestapo.

Sa lettre illustre un des cas parmi d’autres des quelques 750 fusillés pour l’exemple. La grande muette tait encore aujourd’hui l’arbitraire des conseils de guerre spéciaux qui furent vécus comme les tribunaux révolutionnaires de 1794. Des tribunaux qui furent prescrits par Joffre afin d’occulter les carences de l’Etat-Major en 1914/15 et puis après bien entendu.

 

Je me suis battu pour Jean-Julien Chapelant, totalement innocent, comme je l’ai démontré en plus de 300 pages… Il n’a pas déserté bien au contraire. Aucun code militaire ne pouvait s’appliquer ! Pourquoi lui avoir monté une cabale (Lemoël et le lieutenant-colonel Didier) si ce n’est l’appât des galons ?

 

Devant les faits et arguments dévoilés de son assassinat et dans les circonstances vécues de fusiller un agonisant sur un brancard, ceci est lamentable : on m’a suivi au niveau ministériel en 2012. Mieux, il avait servi de leitmotiv pour le scénario (comme je l’ai mentionné au début) au film « Les sentiers de la gloire » de Stanley Kubrick avec Kird Douglas. Jean-Julien a été assassiné sur ordre du lieutenant-colonel enivré (voir tous les témoignages du moment sont sans appel). Il a servi les intérêts d’un petit lieutenant prétentieux sorti de St-Cyr comme Didier. Imbu de sa personne, il a voulu s’attribuer un fait d’arme qui incombait à Chapelant qui, lui, le méritait et non pas non plus  au commandant qui s’abreuvait au château des Loges et recevra la légion d’honneur pour un drapeau Poméranien. Un commandant, président du tribunal, qui jugera Chapelant coupable en 2 heures avec le chef du régiment derrière lui : vous entendez Gaube il faut le fusiller ! Il deviendra par la suite à son tour colonel du 98 R.I ! Il ne pourra pas rédiger le journal de marche (qu’après d’énormes censures durant 6 ans, voir tous les détails dans mon ouvrage). Le lieutenant-colonel Didier (devenu général) sera limogé puis réhabilité malgré un abandon de poste et enfin muté au jardin de Salonique et pour y cultiver des salades avec tous les officiers de sa trempe. A la fin de la guerre, courageux il quittera la France pour Oran. Mieux, la commission chargée de réhabiliter Chapelant en 1934, excusera le général Didier de ne pouvoir assister à l’audience, alors qu’il était mort depuis deux ans ! Les preuves sont dans mon ouvrage.

En cette fin des commémorations de la Grande guerre, la France va encore passer pour une nation d’opérette comme à Amiens dernièrement. Nous sommes le seul pays en Europe à n’avoir pas reconnu «  Tous ses fusillés morts pour la France » à l’exemple de l’Allemagne ou de l’Angleterre.

Pour Jean-Julien Chapelant, où en sommes-nous en octobre 2018 ?

-         Chapelant a obtenu une première stèle que mes amis de l’Oise (terrain cédé par la commune de Crapeaumesnil) lui ont dédié en mai 2011 au bois des Loges sur l’aire réservée aux poilus décédés autour bois des Loges depuis le 25 11 2006.

-         J’ai publié un ouvrage « Revivre les Années folles » en 2009 où j’avais dans un chapitre dénoncé cet assassinat arbitraire. Après la reprise de mes enquêtes (7 ans) et les conclusions transmises à qui de droit à Paris en 2012, il a été reconnu « Mort la France » le 9 novembre de la même année. Un grand pas était franchi.

-          Ayant convaincu les autorités nationales, régionale et communale, une stèle a été inaugurée sur le lieu même de son exécution aux Loges à Beuvraignes 100 ans jour pour jour après son exécution lamentable, le 11 octobre 2014 en limite des Bois des Loges (pire en souffrance que celle précitée dans la lettre de Marcel). Le 98ème RI prévenu de l’exécution de Chapelant était en révolte et sera même menacé par le lieutenant-colonel enragé pistolet à la main, le défilé devant le fusillé pas n’aura pas lieu après le crime commis.

-         Etaient présents en 2012 à l’inauguration de la stèle de Beuvraignes : la Préfète de Région madame Nicole Klein, le Contrôleur général des Armées Serge Barcellini aujourd’hui Président Général du Souvenir Français, des Maires des communes autour du Bois des Loges de l’Oise (60), des représentants d’Amiens, des communes de la Somme, Michel Monard maire de Beuvraignes (80) et votre serviteur qui fera le discours.




-         En 2015, j’ai publié un mémoire sur Chapelant, préfacé par Serge Barcellini (voir photo) dans lequel j’ai donné des indications précises où devait se trouver le corps présumé de Chapelant à Conchy-les-Pots et non pas comme l’indique l’auteur Philippe Puccini à Ampuis (sans vérification), dans son ouvrage rempli d’inepties, qui n’a fait que survoler le dossier. Son livre « En Avant Capitaine » a été dédié uniquement à « l’aura » d’un autre lieutenant (Lemoël) qui s’appuiera sur Chapelant pour se grandir. Ses notes sont un tissu de vantardise, où ce dernier n’a jamais été capitaine de son vivant. Il a trahi la vérité de cette affaire à la demande du chef du régiment, en l’occurrence Didier, qui lui-même a profité de la mort de Lemoël au combat pour manipuler par la suite la justice et la ligues des droits de l’homme par le général Sarrail.

-         Lemoël, du même bataillon que Chapelant, savait pertinemment où avait été déposé le fusillé ! Lui qui s’est rendu à Conchy-les-Pots 2 jours par semaine pour y faire du cheval et se goinfrer durant 4 mois après l’exécution. Pendant ce temps, les Poilus du 98ème se faisaient canarder au Bois-des-Loges ! Il souffrait, dit-il, de trop manger alors que les Poilus qu’il encadrait enduraient la faim et le froid dans les tranchées du Bois des Loges… (lisez son ouvrage attentivement et vous serez convaincu).

-         Depuis la sortie de mon ouvrage, j’ai recueilli divers témoignages et des photos qui ont apporté des preuves supplémentaires et beaucoup d’eau à mon moulin. L’affaire chapelant, c’est une cabale, ni plus ni moins.

-         La commune de Beauvraignes et mes amis (*) fleurissent toujours la stèle en 2017 et un synoptique routier officiel indique la stèle du Bois des Loges autour de Beuvraignes et de celle de Crapeaumesnil.




-         En décembre 2017, le souvenir français a accepté le principe de l’exhumation du corps de Chapelant dans l’angle du cimetière communal complètement anonyme, nu extérieurement de toute occupation depuis des décennies. Placé au fond du cimetière, il est à l’abri des curieux comme le sont les autres fusillés pour l’exemple. Tout a été débattu, tous les organismes concernés (ce n’est peu dire) sont en attente : Autorisation communale, financement et en cas d’identification, la suite officielle en pareil cas…

-         Un débriefing en présence des personnes concernées le 3 mars 2018 à Conchy afin de valider la démarche. La suite ne saurait tarder… Je ne peux en dire plus au moment où j’écris cet article. Par contre je m’engage à faire de nouvelles révélations qui en l’état du dossier feront réagir.

-          (*) A Crapeaumesnil, une grande commémoration va se tenir en ce mois d’octobre 2018 en présence de mes amis Bernard Floret, Michel Dufour et Daniel Lanvin mais aussi des 3 maires de l’Oise à savoir Canny-sur-Matz, Crapeaumesnil et Fresnières, communes limitrophes du Bois des Loges.



Le sous-lieutenant Chapelant, innocent, mort pour la France se doit d’avoir une sépulture décente. La devise du Souvenir Français est de la procurer à chaque soldat. Ceci me convient pleinement…



Il est facile de le comprendre. Je l’ai dit et écris dans mon ouvrage, l’affaire Chapelant est d’une certaine façon, une autre affaire Dreyfus. Elle gênait et gène encore, et je pèse les mots. En 2018, au pire en 2019, je garde l’espoir de refermer ce dossier. Le général De Villiers n’a pas démissionné sans raison : « quel gâchis d’en être arrivé là » … Pour Chapelant comme pour les autres fusillés, la situation actuelle est une gageure honteuse qui s’appuie sur le rapport tronqué d’Antoine Prost qui lui, a abusé les Sénateurs.                                                                                      
 

(*) Si chapelant est dans l’emplacement indiqué, si ses restes comme je présume sont encore identifiables, le bas des jambes (gros os jusqu’au bassin) peuvent déterminer la gravité de ses blessures et ainsi le sens de pénétration des balles lors des combats et valider son innocence totale. Je parle ici des blessures initiales non pas de son exécution.


     Il est maintenant temps de retrouver notre nouvel invité, avec notre Ami Didier Foux.


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     Didier Foux aime le Pilat. Grâce à ce passionné, chacun peut commencer aujourd'hui à pouvoir apprécier notre vieux massif montagneux sous des angles insoupçonnés jusque-là. Nous allons apprendre à mieux connaître ce personnage au travers de son art. Le Drone, puisqu'il s'agit de cet appareil moderne et de belle technologie, il va être question ici d'en cerner certains tenants et aboutissants. Alors, c'est une sorte de voyage que nous vous proposons dans cet entretien chaleureux, un voyage des plus aériens. Bonne route ou plutôt bon vol.





1/ Regards du Pilat : Bonjour Didier et Merci de nous recevoir. Vous êtes un véritable passionné de drones. Pouvez-vous nous raconter comment est née cette ferveur ?

Didier Foux : Bonjour et merci de m’avoir invité.

Qui n’a pas un jour rêvé de voler ?

J’ai fait plusieurs stages de parapente et la sensation de voler est très agréable mais c’est une discipline qui reste tout de même dangereuse.

Avec l’utilisation du drone on retrouve cette vision  aérienne de notre environnement et l’on peut explorer des endroits inaccessibles en toute sécurité.

Le drone nous offre une autre vision du monde et la sensation de vol peut être retrouvée si l’on utilise des lunettes FPV  .

C’est ce que l’on appelle  aussi  du vol en immersion.

Les trois lettres FPV sont l’abréviation de « First Person View » en anglais, qui signifie « Vue à la Première Personne ». Cette fonctionnalité est de plus en plus utilisée dans le monde des drones, en particulier sur les drones de courses aussi appelés racers.

2/ Regards du Pilat : A la vue des courts métrages de très grande qualité que vous présentez aux amateurs de belles images du Pilat, on peut humblement dire que vous  êtes devenu un spécialiste. Sans entrer dans des détails trop techniques ; pouvez-vous nous expliquer les différents types de drones qui existent et si vous vous êtes formés tout seul ?

Didier Foux : Il existe une grande panoplie de matériels qui va du drone selfie qui tient dans le creux de la main avec une autonomie de 3 mn et un poids de 52 grammes jusqu’au drone militaire qui peut effectuer entre 20 et 40 heures de vol entre 5000 et 15000 mètres d’altitude.

Pour ma part j’utilise un drone PHANTOM 4 de chez DJI.( c’est l’entrée de gamme des drones professionnels. Dans la gamme au-dessus il y a l’INSPIRE avec objectifs interchangeables mais ce matériel est beaucoup plus coûteux et réservé aux professionnels.

DJI fabricant chinois est leader mondial dans le domaine des drones de loisirs et professionnels.

Quelques détails techniques sur le drone PHANTOM 4 que j’utilise :

Il pèse 1380 grammes.

L’autonomie de la batterie est entre 25 et 30 mn.

Distance de transmission 3.5 km.

La caméra permet de faire de la photo (12 millions de pixels) et de la vidéo en 4 K (UHD).

Détection d’obstacle à l’avant.

Retour image sur la radiocommande en 720 P avec toutes les infos utiles pour le pilotage en toute sécurité. ( altitude ,éloignement, vitesse de déplacement, pourcentage de batterie, nombre de satellites , réglages caméra, carte Google  etc. ).

Bouton RTH (return to home) pour un retour automatique au point de décollage en cas de problème.

On utilise une application DJI GO 4 pour gérer le pilotage et le drone embarque une carte micro SD de 64 Go pour enregistrer les données (photos, vidéos).

Devant le nombre grandissant de drones de loisirs la législation est en train d’évoluer et tous les possesseurs de drone de plus de 800 grammes devront le déclarer et valider une formation en ligne.

Il y a dix commandements que tout possesseur de drone doit respecter.

Une carte dédiée aux utilisateurs de drones est également disponible sur Géoportail.

Elle précise toutes les zones interdites au vol ainsi que les hauteurs limites de vol sachant que l’on ne doit jamais dépasser les 150 m de haut.

Le pilotage est très aisé car le drone est d’une grande stabilité et si on lâche les manettes il reste en vol stationnaire.

3/ Regards du Pilat : On a comme l’impression que les drones  sont devenus une sorte de mode dans notre pays. Avez-vous une idée du nombre d’appareils vendus en France et  précisément dans le Pilat ?

Didier Foux : La DGAC estime à 500.000 le nombre de drones de loisirs vendus en France en 2017.

C’est un marché en pleine expansion.

Parmi mes connaissances proches je connais une dizaine de personnes qui possèdent un drone.

4/ Regards du Pilat : Qu’est-ce que concrètement Pilat Drone ?

Didier Foux : Il faut rester modeste ; je suis juste un amateur qui a encore beaucoup à apprendre sur la prise de vue et le montage vidéo. J’ai encore une grande marge de progrès.

J’ai commencé il y a juste deux ans et pour mes premières images j’ai tout de suite pensé à la Chapelle St Sabin qui se situe juste au-dessus de chez moi.

Grace à ces nouvelles technologies, on a l’impression d’être un peu les pionniers en réalisant des prises de vues inédites jusqu’à ce jour.

5/ Regards du Pilat : On a la chance d’avoir déjà de nombreuses fois visionné les films que vous avez déjà réalisés.

Saint Sabin : https://www.youtube.com/watch?v=SMJF57GC_Eg

Les Trois Dents : https://www.youtube.com/watch?v=zh59DCxc0lk

Véranne : https://www.youtube.com/watch?v=C0ISxlwunJo&feature=share

Est-ce vous qui produisez le complément musical associé à ces trois films respectifs ?

Didier Foux : Je ne suis absolument pas musicien. J’utilise Deezer pour mes recherches puis j’achète le morceau de musique qui me convient.

La difficulté c’est de trouver une musique qui soit en adéquation avec les images.

Le rendu final peut être complètement différent suivant la musique.

Il y a aussi le problème des droits d’auteurs ; YouTube vous coupe le son si la musique utilisée n’est pas libre de droits.

6/ Regards du Pilat : Ces petits films (Saint Sabin 5 minutes 42, les Trois dents 5 minutes 34, Véranne 7 minutes 50) témoignent d’une véritable compétence. Pour aboutir à ce résultat combien de temps faut-il en réalité ?

Didier Foux : Cela fait deux ans que j’ai commencé et la difficulté c’est de s’approprier les fonctionnalités du logiciel de montage. J’utilise Pinnacle studio 21 et ces possibilités sont immenses.

Le montage vidéo est très « chronophage » ; il prend beaucoup de temps et il demande de la patience. Il y a beaucoup d’utilisateurs de drone qui ne font pas de montage vidéo.

Mon plaisir c’est de pouvoir partager mes images.

7/ Regards du Pilat : Outre se faire plaisir, ce que vous semblez faire à merveille, l’un des buts de ces courts métrages reste de les faire connaitre. Comment procédez-vous pour diffuser au maximum vos vidéos.

Didier Foux : Pour diffuser mes vidéos j’utilise ma page Facebook et ma chaîne YouTube : PILAT DRONE.

J’utilise également les listes de contacts de mes amis randonneurs en envoyant un lien par mail.

J’essaie de publier également sur des pages Facebook comme Loire Tourisme.

8/ Regards du Pilat : Apparemment, vous êtes loin d’être indifférent au patrimoine local. Quelle est la réalité de vos intérêts patrimoniaux voire historiques pour le Pilat rhodanien ?

Didier Foux : Avant de m’installer à Véranne  j’ai vécu 15 ans dans la vallée à Roussillon et je venais rarement dans le Pilat. C’est grâce au jogging club de Véranne que j’ai vraiment découvert toute la beauté de ce massif. Le succès du PILATRAIL est là pour en témoigner. Début juin des coureurs viennent de la France entière pour découvrir notre beau Pilat et ces genêts en fleur.

Mes racines sont en Saône et Loire mais je m’intéresse de plus en plus à l’histoire locale.

J’ai été fasciné par exemple par l’histoire de “ l’Hôtel brûlé “.

9/ Regards du Pilat : Vous êtes bien partis pour réaliser de nouveaux films. Si ce n’est pas indiscret, avez-vous de nouveaux projets précis ?

Didider Foux : J’ai réalisé des images de drone pour le petit clip sur la chanson de Maclas. Plus de 200 personnes étaient présentent à l’oeillon. C’est Quentin Valleye de Lupé  (Cyclon'valleye) qui va réaliser ce clip.

Je vous invite à visiter sa page Facebook, il vient de réaliser un clip avec Sébastien Loeb.

Plus modestement je vais réaliser un petit montage de mon côté.

J’ai deux autres petits montages en vue ; la fête de la batteuse à Véranne ainsi qu’un résumé d’une semaine de randonnée dans l’Embrunais avec des paysages magnifiques.

En conclusion je voudrais dire que l’activité drone m’a ouvert un peu plus sur le monde avec des rencontres de gens passionnés.

Les demandes d’images sont nombreuses dans de multiples  domaines.

Cela peut aller du passionné de forêt ou d’histoire locale , ou un festival de musique, un évènement sportif tel que le Pilatrail, un clip sur une chanson dans les trois dents ; les recherches mégalithiques passionnantes d'Eric Charpentier ; les sujets ne manquent pas.

Certaines personnes ont un réflexe de méfiance vis-à-vis des drones ; pour moi il apporte une nouvelle vision du monde.

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