Novembre 2018 |
Christian Rollat |
Les
Poilus de la Grande
guerre à travers le cas
Chapelant originaire d’Ampuis |
Où
en sommes-nous en
2018 ? En
cette dernière année des commémorations de cette
Grande Guerre, qui en 1919 devait
être la dernière, peu de familles furent
épargnées par ce conflit mondial. Sur
plus de 8 millions de mobilisés en 4 ans combien ne revirent
jamais le clocher
de leur village natal ? Si leurs noms, pour la majorité
d’entre eux, ont
été gravés dans le marbre où la pierre
froide des monuments aux morts français,
d’autres attendent encore d’y figurer afin d’obtenir une
sépulture décente. Pour
vous qui lirez cet article, j’ai tenu à vous faire part de ma
déception à
n’avoir pas vu la réhabilitation de Jean-Julien Chapelant,
combattant de la
première heure comme mon grand-père. Je
ne suis pas naïf. Je vous rassure et le rideau de
fumée entretenu par le rapport cousu de fil de blanc par
monsieur Antoine Prost
(*), commis de l’Etat, ne m’a jamais convaincu bien au contraire. J’en
connais
parfaitement la teneur. La France n’a pas à se glorifier de
cette position
incohérente. Hormis
le titre donné à mon ouvrage, l’affaire Chapelant c’est
quoi ? C’est
l’histoire d’un lampiste totalement innocent qui a payé de sa
personne. Un acte
de bravoure en octobre 1914 qui contrairement à ce que l’on
attendait lui a
valu un conseil de guerre spécial improvisé (3
personnes). Ses membres l’ont déclaré
coupable en moins de deux heures dans le seul but de s’attribuer les
faits
d’autrui pour leur petite personne, un
fait d’arme : stopper l’offensive allemande sur la ligne de
front dans
la Somme « la course à la mer »
(du Nord). Sensibilisé
par le film « Les sentiers de la
gloire » de Stanley Kubrick avec Kird Douglas interdit
en France dès
sa sortie, j’ai très vite fait la relation avec les
tragédies des fusillés pour
l’Exemple, dont Joffre porte une large part de responsabilité.
La
requête d’un petit instituteur du monde rural à Ampuis m’a conforté de me pencher sur le
cas, oh combien
ignoble, vécu par le sous-lieutenant Jean-Julien Chapelant.
Ci-après article de
Paris-Match. Je
ne reprendrai pas ici mon ouvrage qui m’a
permis d’étayer mes conclusions sur cette tragédie mais
aussi d’obtenir
quelques avancées notables dans ce dossier grâce à
Serge Barcellini, contrôleur
général des Armées devenu Président
général du Souvenir Français dont je
partage les valeurs. Les principales, en ce qui concerne mes
enquêtes, furent
d’obtenir la reconnaissance officielle pour Chapelant de
« Mort pour la
France » en 2012 puis de lui faire élever une
stèle en 2014 sur le lieu
même de sa lâche exécution aux Loges, un hameau sur
la commune de Beuvraignes
dans la Somme. N’oublions pas que ce jour du 11 octobre 1914 les hommes
de
troupe du 98ème se révoltèrent contre
le lieutenant-colonel et qu’ils
furent menacés … Ils refusèrent de défiler. La
publication de « l’Affaire Chapelant l’autre
Vérité » a permis à certaines
personnes de réagir et notamment à me transmettre parfois
de loin, des documents et des photos
irréfutables, n’en déplaisent à ceux qui
défendent l’indéfendable et qui se
reconnaîtront. En cette automne 2018, alors que la fin des
commémorations approche,
que mes amis de la Somme et de l’Oise s’apprêtent à
commémorer dignement les
disparus et notamment les poilus sur l’aire de Crapeaumesnil (60), je
vous dois
quelques explications sur l’état d’avancement de mes
investigations actuelles. Il
réside pour Chapelant un
mystère pour la commune d’Ampuis que je n’ai pu expliquer. Je
parle d’un
courrier figurant dans les registres communaux reçu en mairie
(*) en 1915. Une
demande plus récente a été effectuée
à la commune d’Ampuis en 2012 : graver le nom
de Chapelant sur la liste des Morts pour la France figurant dans
l’église avec
les autres enfants. Monsieur Banchet que j'ai rencontré le
27 septembre 2018 m'a confirmé qu'il avait bien pris note
de cette requête tout à fait justifié, comme
lui avait donné le nom de Chapelant à une rue de la
commune. (*)
En effet, le 23 novembre alors
que le maire d’Ampuis était monsieur Jean-François
Razuret, il réceptionnera et
signera dans sa mairie un
courrier le 23 novembre 1915 à cinq heures du soir qui
stipulait que
Chapelant a été officiellement identifié à
Conchy-les Pots (donc intact ou
presque) par des soldats le connaissant triés sur le volet. Ce
document est
publié dans mon ouvrage et figure toujours dans la mairie en
2018. Comment
se fait-il que le secrétaire de mairie et instituteur Trancy, le
représentant
de la ligue des Droits de l’Homme Henri Quernut et le père
même de Chapelant
semblent en avoir ignoré
l’existence ! C’est incompréhensible. Même le jour de
l’inauguration du
monument aux morts à Ampuis le 24 janvier 1926, le nouveau maire n’en fera jamais mention, tout en ajoutant avec anticipation
Chapelant sur
la liste. En
bref
il y a un cactus. Chapelant
est à mon humble avis toujours à Conchy-les-Pots dans un
lieu civil et n’avait
aucune raison d’être ailleurs. Reconnu coupable (sans preuve) et
fusillé pour
l’exemple, il ne pouvait figurer dans une nécropole militaire de
la Somme ou de
l’Oise. L’angle
du cimetière communal de Conchy-les Pots détient donc la
clé du mystère…
Comme le texte relatant son identification par ses Amis Bécheras Etienne, Lamétérie Léonce et Vincent Emile le 4 février 1915 ... ils savaient à la fin de la guerre où il était et n'ont rien dit à leur famille ! Pourquoi et à la demande de qui ? Rien n'est clair dans ce dossier et le gouvernement en 2018 continue de regarder passer les hirondelles ... Avant
de poursuivre et de vous
donner les dernières nouvelles, j’ai tenu à vous
imprégner d’une lettre
particulièrement émouvante, écrite par un autre
poilu
qui sait de quoi il parle
lorsqu’on aborde un tel sujet : Chère
femme, Je
voulais t’écrire hier
mais j’étais tellement fatigué et j’avais la tête
sens dessus dessous que je
n’ai pas eu le courage de la faire. Je vais te raconter en quelques
mots la
scène que nous avons assisté. Nous étions à
Bully avant-hier soir on nous dit
que le lendemain le réveil était à 2 heures, que
nous allions passer la revue
de notre vénérable général Joffre et
d’être le plus propre possible. Si je
m’étais attendu à ça, je me serais fait porter
malade, j’aurais eu 8 jours de
prison mais au moins je n’aurais pas assisté à un
assassinat. Çà
c’était vaguement
dit : c’est pour une dégradation mais jamais je ne me
serais attendu à une
exécution. Nous sommes partis du cantonnement vers les 3 heures,
on nous a
conduits dans un parc. Là on nous a fait former en rectangle et
en voyant le
poteau nous avons compris mais trop tard à la scène que
nous allions assister. C’était pour
fusiller un pauvre
malheureux qui dans un moment de folie tant que nous étions
à Lorette a quitté
sa tranchée et à refuser d’y revenir. Vers 4h, deux autos
arrivent, une portant
le pauvre malheureux et l’autre les chefs qui avant l’exécution
devaient lire
les rapports le condamnant à la peine de mort. Il est
arrivé entre deux
gendarmes, a regardé en passant le poteau, puis à
quelques pas plus loin on lui
a bandé les yeux. Puis une fois la lecture faite on l’a conduit
au poteau, où
après avoir reçu les ordres de se mettre à genoux,
il l’a fait sans un geste,
ni un murmure de refus. Pendant ce temps les 12
soldats qui étaient chargés de ce triste
travail se sont mis à 6 pas
comptés d’avance par un adjudant commandant le peloton
d’exécution. Puis après
lui avoir attaché les mains au poteau et nous avoir fait mettre
au
présentez-armes, nous avons entendu les tristes commandements
(joue-feu) ;
puis ce pauvre malheureux s’est tordu et
un sergent lui a donné le coup de grâce, une balle de
revolver dans la tête. Le
major est allé ensuite voir s’il était mort, il a
levé la tête comme qui veut
le regarder puis plus rien ; le crime était accompli. Ils
nous ont ensuite
fait défiler devant le cadavre qui cinq minutes auparavant
était bien portant
et qui est mort en brave. Puis
à vous pauvres on
vous dit que le moral est excellent mais on ne vous dit pas que chaque
jour ou
presque dans chaque division (en juillet 1915)
il y en a plus de vingt qui passent le conseil de
guerre, mais ils
ne sont pas tous condamnés à mort (même si les
condamnés à mort dans 98% des
cas sont totalement innocents voir la suite de cet article). On
vous dit aussi « le soldat est bien nourri sur le front, il
a de tout, du
reste », ce n’est pas difficile car ce que nous l’on nous
donne est
immangeable. Aussi souvent nous la sautons et dernièrement
après que l’on nous
a servi une soupe que les chiens n’auraient pas mangée j’ai
demandé une
ceinture, on voulait me foutre dedans. Heureusement qu’avec le colis
que nous
recevons tous, nous pouvons presque vivre. Je termine en t’embrassant
mille
fois ainsi qu’aux gosses et à toute la famille. Le bonjour aux
voisins et amis. Ton
mari Marcel (*) le 31 juillet 1915 (*)
Marcel Garrigues avait
31 ans en 1914. Il a été
tué le 12
décembre 1915 par une balle perdue. Son fils Armand fut
tué en déportation 25
ans plus tard, dénoncé par la Gestapo. Sa
lettre illustre un des cas parmi d’autres des quelques 750
fusillés pour
l’exemple. La grande muette tait encore aujourd’hui l’arbitraire des
conseils
de guerre spéciaux qui furent vécus comme les tribunaux
révolutionnaires de 1794.
Des tribunaux qui furent prescrits par Joffre afin d’occulter les
carences de
l’Etat-Major en 1914/15 et puis après bien entendu. Je
me suis battu pour Jean-Julien Chapelant, totalement
innocent, comme je l’ai démontré en plus de 300
pages… Il n’a pas déserté
bien au contraire. Aucun code militaire ne pouvait s’appliquer !
Pourquoi
lui avoir monté une cabale (Lemoël et le
lieutenant-colonel Didier) si ce n’est l’appât des
galons ? Devant
les faits et arguments dévoilés de son assassinat et dans
les circonstances
vécues de fusiller un agonisant sur un brancard, ceci est
lamentable : on
m’a suivi au niveau ministériel en 2012. Mieux, il avait servi
de leitmotiv
pour le scénario (comme je l’ai mentionné au
début) au film « Les
sentiers de la gloire » de Stanley Kubrick avec Kird
Douglas.
Jean-Julien a été assassiné sur ordre du
lieutenant-colonel enivré (voir tous les
témoignages du moment sont
sans appel). Il a servi les intérêts d’un petit
lieutenant prétentieux sorti
de St-Cyr comme Didier. Imbu de sa personne, il a voulu s’attribuer un
fait d’arme
qui incombait à Chapelant qui, lui, le méritait et non
pas non plus au commandant qui s’abreuvait
au château des
Loges et recevra la légion d’honneur pour un drapeau
Poméranien. Un commandant,
président du tribunal, qui jugera Chapelant coupable en 2 heures
avec le chef
du régiment derrière lui : vous
entendez Gaube il faut le fusiller ! Il deviendra par la suite
à son
tour colonel du 98 R.I ! Il ne pourra pas rédiger le
journal de marche (qu’après
d’énormes censures durant 6 ans, voir tous les détails
dans
mon ouvrage). Le lieutenant-colonel Didier (devenu
général) sera limogé
puis réhabilité malgré un abandon de
poste et enfin muté au jardin de Salonique
et pour y cultiver des salades avec tous les officiers de sa
trempe. A la
fin de la guerre, courageux il quittera la France pour Oran. Mieux, la
commission chargée de réhabiliter Chapelant en 1934,
excusera le général Didier
de ne pouvoir assister à l’audience, alors qu’il était
mort depuis deux ans !
Les preuves sont dans mon ouvrage. En
cette fin des commémorations
de la Grande guerre, la France va encore passer pour une nation
d’opérette
comme à Amiens dernièrement. Nous sommes le seul pays en
Europe à n’avoir pas
reconnu « Tous ses fusillés morts pour la
France » à l’exemple de l’Allemagne
ou de l’Angleterre. Pour
Jean-Julien
Chapelant, où en sommes-nous en octobre 2018 ? -
Chapelant
a obtenu une première stèle que mes
amis de l’Oise (terrain cédé par la commune de
Crapeaumesnil) lui ont dédié en mai
2011 au bois des Loges sur l’aire réservée aux poilus
décédés autour bois des
Loges depuis le 25 11 2006. -
J’ai
publié un ouvrage « Revivre les
Années folles » en 2009
où j’avais dans un chapitre dénoncé cet assassinat
arbitraire. Après la reprise
de mes enquêtes (7 ans) et les conclusions transmises à
qui de droit à Paris en
2012, il a été reconnu « Mort la
France »
le 9 novembre de la même année. Un grand pas était
franchi. -
Ayant
convaincu les autorités nationales, régionale et
communale, une stèle a été inaugurée
sur le lieu même de son exécution aux Loges à
Beuvraignes 100 ans jour pour
jour après son exécution lamentable, le 11 octobre 2014
en limite des Bois des
Loges (pire en souffrance que celle
précitée dans la lettre de Marcel). Le 98ème
RI prévenu de
l’exécution de Chapelant était en révolte et sera
même menacé par le lieutenant-colonel
enragé pistolet à la main, le défilé devant
le fusillé pas n’aura pas lieu
après le crime commis. -
Etaient
présents en 2012 à l’inauguration de la stèle de
Beuvraignes : la Préfète
de Région madame Nicole Klein, le Contrôleur
général des Armées Serge
Barcellini aujourd’hui Président Général du
Souvenir Français, des Maires des
communes autour du Bois des Loges de l’Oise (60), des
représentants d’Amiens,
des communes de la Somme, Michel Monard maire de Beuvraignes (80) et
votre
serviteur qui fera le discours. -
En
2015, j’ai publié un mémoire sur Chapelant,
préfacé par Serge Barcellini (voir photo) dans lequel
j’ai donné des indications
précises où devait se trouver le corps
présumé
de Chapelant à Conchy-les-Pots et non pas comme l’indique
l’auteur Philippe Puccini
à Ampuis (sans vérification), dans son ouvrage rempli d’inepties, qui n’a fait que survoler le dossier.
Son livre « En Avant Capitaine »
a été dédié uniquement
à « l’aura » d’un autre lieutenant
(Lemoël) qui s’appuiera sur
Chapelant pour se grandir. Ses notes sont un tissu de vantardise,
où ce dernier
n’a jamais été capitaine de son vivant. Il a trahi la
vérité de cette affaire à
la demande du chef du régiment, en l’occurrence Didier, qui
lui-même a profité
de la mort de Lemoël au combat pour manipuler par la suite la
justice et la
ligues des droits de l’homme par le général Sarrail. -
Lemoël,
du même bataillon que Chapelant, savait pertinemment
où avait été déposé le
fusillé !
Lui qui s’est rendu à Conchy-les-Pots 2 jours par semaine pour y
faire du
cheval et se goinfrer durant 4 mois après
l’exécution. Pendant ce temps, les Poilus du 98ème
se faisaient
canarder au Bois-des-Loges ! Il souffrait, dit-il, de trop manger
alors que
les Poilus qu’il encadrait enduraient la faim et le froid dans les
tranchées du
Bois des Loges… (lisez son ouvrage attentivement et vous serez
convaincu). -
Depuis
la sortie de mon ouvrage, j’ai recueilli
divers témoignages et des photos qui ont apporté des
preuves supplémentaires et
beaucoup d’eau à mon moulin. L’affaire
chapelant, c’est une cabale, ni plus ni moins. -
La
commune de Beauvraignes et mes amis (*) fleurissent
toujours la stèle en 2017 et un synoptique routier officiel
indique la stèle du
Bois des Loges autour de Beuvraignes et de celle de Crapeaumesnil. -
En
décembre 2017, le souvenir français a accepté
le principe de l’exhumation du corps de Chapelant dans l’angle du
cimetière
communal complètement anonyme, nu extérieurement de toute
occupation depuis des
décennies. Placé au fond du cimetière, il est
à l’abri des curieux comme le
sont les autres fusillés pour l’exemple. Tout a été débattu,
tous les organismes
concernés (ce n’est peu dire) sont en attente :
Autorisation communale,
financement et en cas d’identification, la suite officielle en pareil
cas… -
Un
débriefing en présence des personnes
concernées le 3 mars 2018 à Conchy afin de valider la
démarche. La suite ne
saurait tarder… Je ne peux en dire plus au moment où
j’écris cet article. Par
contre je m’engage à faire de nouvelles
révélations qui en l’état du dossier
feront réagir. -
(*) A
Crapeaumesnil, une grande commémoration va se tenir en ce mois
d’octobre 2018 en
présence de mes amis Bernard Floret, Michel Dufour et Daniel
Lanvin mais aussi des
3 maires de l’Oise à savoir Canny-sur-Matz, Crapeaumesnil et
Fresnières,
communes limitrophes du Bois des Loges. Le
sous-lieutenant Chapelant, innocent,
mort pour la France se doit d’avoir une sépulture
décente. La devise du
Souvenir Français est de la procurer à chaque soldat.
Ceci me convient pleinement… Il
est facile de le comprendre.
Je l’ai dit et écris dans mon ouvrage, l’affaire Chapelant est
d’une certaine façon, une autre affaire Dreyfus.
Elle
gênait et gène encore, et je pèse
les mots. En 2018, au pire en 2019, je garde l’espoir de refermer ce
dossier. Le
général De Villiers n’a pas démissionné
sans raison : « quel gâchis d’en
être arrivé là » …
Pour Chapelant comme pour
les autres fusillés, la situation actuelle est une gageure
honteuse qui
s’appuie sur le rapport tronqué d’Antoine Prost qui lui, a
abusé les Sénateurs.
(*)
Si chapelant est dans
l’emplacement indiqué, si ses restes comme je présume
sont encore
identifiables, le bas des jambes (gros os jusqu’au bassin) peuvent
déterminer
la gravité de ses blessures et ainsi le sens de
pénétration des balles lors des
combats et valider son innocence totale.
Je parle ici des blessures initiales non pas de son exécution. Il est maintenant temps de retrouver notre nouvel invité, avec notre Ami Didier Foux. |
Didier Foux aime le Pilat. Grâce à ce passionné, chacun peut commencer aujourd'hui à pouvoir apprécier notre vieux massif montagneux sous des angles insoupçonnés jusque-là. Nous allons apprendre à mieux connaître ce personnage au travers de son art. Le Drone, puisqu'il s'agit de cet appareil moderne et de belle technologie, il va être question ici d'en cerner certains tenants et aboutissants. Alors, c'est une sorte de voyage que nous vous proposons dans cet entretien chaleureux, un voyage des plus aériens. Bonne route ou plutôt bon vol. |
1/ Regards du
Pilat : Bonjour Didier et Merci de nous recevoir.
Vous êtes un véritable passionné de drones.
Pouvez-vous nous raconter comment
est née cette ferveur ?
Didier Foux : Bonjour et merci de m’avoir invité.
Qui n’a pas un jour rêvé de
voler ?
J’ai fait plusieurs stages de parapente
et la sensation de voler est très agréable mais c’est une
discipline qui reste
tout de même dangereuse.
Avec l’utilisation du drone on
retrouve cette vision aérienne de
notre
environnement et l’on peut explorer des endroits inaccessibles en toute
sécurité.
Le drone nous offre une autre
vision du monde et la sensation de vol peut être retrouvée
si l’on utilise des lunettes FPV .
C’est ce que l’on
appelle aussi du
vol en immersion.
Les trois lettres
FPV sont l’abréviation de « First Person
View » en anglais, qui
signifie « Vue à la Première
Personne ». Cette fonctionnalité est de
plus en plus utilisée dans le monde des drones, en particulier
sur les drones
de courses aussi appelés racers.
2/ Regards du
Pilat : A la vue des courts métrages de très grande
qualité que vous présentez aux amateurs de belles images
du Pilat, on peut
humblement dire que vous êtes devenu
un
spécialiste. Sans entrer dans des détails trop
techniques ; pouvez-vous
nous expliquer les différents types de drones qui
existent et si vous vous
êtes formés tout seul ?
Didier
Foux : Il existe une grande panoplie de
matériels qui va du drone selfie qui tient dans le creux de la
main avec une
autonomie de 3 mn et un poids de 52 grammes jusqu’au drone militaire
qui peut
effectuer entre 20 et 40 heures de vol entre 5000 et 15000
mètres d’altitude.
Pour ma
part j’utilise un drone
PHANTOM 4 de chez DJI.( c’est l’entrée de gamme des drones
professionnels. Dans
la gamme au-dessus il y a l’INSPIRE avec objectifs interchangeables
mais ce
matériel est beaucoup plus coûteux et
réservé aux professionnels.
DJI fabricant chinois est leader
mondial dans le domaine des drones de loisirs et professionnels.
Quelques
détails techniques sur le drone PHANTOM 4 que j’utilise :
Il
pèse 1380 grammes.
L’autonomie
de la batterie est
entre 25 et 30 mn.
Distance
de transmission 3.5 km.
La
caméra permet de faire de la
photo (12 millions de pixels) et de la vidéo en 4 K (UHD).
Détection
d’obstacle à l’avant.
Retour
image sur la radiocommande
en 720 P avec toutes les infos utiles pour le pilotage en toute
sécurité. ( altitude
,éloignement, vitesse de déplacement, pourcentage de
batterie, nombre de
satellites , réglages caméra, carte Google
etc. ).
Bouton RTH
(return to home) pour
un retour automatique au point de décollage en cas de
problème.
On utilise
une application DJI GO
4 pour gérer le pilotage et le drone embarque une carte micro SD
de 64 Go pour
enregistrer les données (photos, vidéos).
Devant le
nombre grandissant de
drones de loisirs la législation est en train d’évoluer
et tous les possesseurs
de drone de plus de 800 grammes devront le déclarer et valider
une formation en
ligne.
Il y a dix
commandements que tout
possesseur de drone doit respecter.
Une carte
dédiée aux utilisateurs
de drones est également disponible sur Géoportail.
Elle
précise toutes les zones
interdites au vol ainsi que les hauteurs limites de vol sachant que
l’on ne
doit jamais dépasser les 150 m de haut.
Le pilotage est très
aisé car le
drone est d’une grande stabilité et si on lâche les
manettes il reste en vol
stationnaire.
3/ Regards du
Pilat : On a comme l’impression que les drones sont
devenus une sorte de mode dans notre
pays. Avez-vous une idée du nombre d’appareils vendus en France
et précisément dans le
Pilat ?
Didier
Foux : La DGAC estime à 500.000 le
nombre de drones de loisirs vendus en France en 2017.
C’est un
marché en pleine
expansion.
Parmi mes connaissances proches
je connais une dizaine de personnes qui possèdent un drone.
4/ Regards du
Pilat : Qu’est-ce que concrètement Pilat
Drone ?
Didier
Foux : Il faut rester modeste ; je
suis juste un amateur qui a encore beaucoup à apprendre sur la
prise de vue et
le montage vidéo. J’ai encore une grande marge de progrès.
J’ai
commencé il y a juste deux
ans et pour mes premières images j’ai tout de suite pensé
à la Chapelle St
Sabin qui se situe juste au-dessus de chez moi.
Grace à ces nouvelles
technologies, on a l’impression d’être un peu les pionniers en
réalisant des
prises de vues inédites jusqu’à ce jour.
5/ Regards du
Pilat : On a la chance d’avoir déjà de nombreuses
fois visionné les films que vous avez déjà
réalisés.
Saint
Sabin : https://www.youtube.com/watch?v=SMJF57GC_Eg
Les Trois
Dents : https://www.youtube.com/watch?v=zh59DCxc0lk
Véranne : https://www.youtube.com/watch?v=C0ISxlwunJo&feature=share
Est-ce vous
qui produisez le complément musical
associé à ces trois films respectifs ?
Didier
Foux : Je ne suis absolument pas
musicien. J’utilise Deezer pour mes recherches puis j’achète le
morceau de
musique qui me convient.
La
difficulté c’est de trouver
une musique qui soit en adéquation avec les images.
Le rendu
final peut être
complètement différent suivant la musique.
Il y a aussi le problème des
droits d’auteurs ; YouTube vous coupe le son si la musique
utilisée n’est
pas libre de droits.
6/ Regards du
Pilat : Ces petits films (Saint Sabin 5 minutes 42,
les Trois dents 5 minutes 34, Véranne 7 minutes 50)
témoignent d’une véritable
compétence. Pour aboutir à ce résultat combien de
temps faut-il en
réalité ?
Didier
Foux : Cela fait deux ans que j’ai
commencé et la difficulté c’est de s’approprier les
fonctionnalités du logiciel
de montage. J’utilise Pinnacle studio 21 et ces possibilités
sont immenses.
Le montage
vidéo est très
« chronophage » ; il prend beaucoup de temps
et il demande de la
patience. Il y a beaucoup d’utilisateurs de drone qui ne font pas de
montage
vidéo.
Mon plaisir c’est de pouvoir
partager mes images.
7/ Regards du Pilat : Outre se faire
plaisir, ce que vous semblez
faire à merveille, l’un des buts de ces courts métrages
reste de les faire
connaitre. Comment procédez-vous pour diffuser au maximum vos
vidéos.
Didier
Foux : Pour diffuser mes vidéos
j’utilise ma page Facebook et ma chaîne YouTube : PILAT
DRONE.
J’utilise
également les listes de
contacts de mes amis randonneurs en envoyant un lien par mail.
J’essaie de publier également
sur
des pages Facebook comme Loire Tourisme.
8/ Regards du
Pilat : Apparemment, vous êtes loin d’être
indifférent au patrimoine local. Quelle est la
réalité de vos intérêts
patrimoniaux voire historiques pour le Pilat rhodanien ?
Didier
Foux : Avant de m’installer à
Véranne j’ai vécu 15 ans
dans la vallée
à Roussillon et je venais rarement dans le Pilat. C’est
grâce au jogging club
de Véranne que j’ai vraiment découvert toute la
beauté de ce massif. Le succès
du PILATRAIL est là pour en témoigner. Début juin
des coureurs viennent de la
France entière pour découvrir notre beau Pilat et ces
genêts en fleur.
Mes
racines sont en Saône et
Loire mais je m’intéresse de plus en plus à l’histoire
locale.
J’ai été
fasciné par exemple par
l’histoire de “ l’Hôtel brûlé “.
9/ Regards du
Pilat : Vous êtes bien partis pour réaliser de
nouveaux films. Si ce n’est pas indiscret, avez-vous de nouveaux
projets
précis ?
Didider
Foux : J’ai réalisé des images de drone
pour le petit clip sur la chanson de Maclas. Plus de 200 personnes
étaient
présentent à l’oeillon. C’est Quentin Valleye de
Lupé (Cyclon'valleye)
qui va réaliser ce clip.
Je vous
invite à visiter sa page Facebook,
il vient de réaliser un clip avec Sébastien Loeb.
Plus
modestement je vais réaliser
un petit montage de mon côté.
J’ai deux
autres petits montages
en vue ; la fête de la batteuse à Véranne
ainsi qu’un résumé d’une semaine
de randonnée dans l’Embrunais avec des paysages magnifiques.
En
conclusion je voudrais dire
que l’activité drone m’a ouvert un peu plus sur le monde avec
des rencontres de
gens passionnés.
Les demandes d’images sont
nombreuses dans de multiples domaines.
Cela peut
aller du passionné de
forêt ou d’histoire locale , ou un festival de musique, un
évènement sportif
tel que le Pilatrail, un clip sur une chanson dans les trois
dents ; les recherches mégalithiques passionnantes d'Eric
Charpentier ; les sujets ne manquent pas.
Certaines personnes ont un
réflexe de méfiance vis-à-vis des drones ;
pour moi il apporte une
nouvelle vision du monde.