LE POISSON NOURRITURE DU MONDE FUTUR (2ème partie)



Juin 2012









Par Michel Barbot







<Retour au Sommaire de la Grande Affaire>




           Sur les armoiries de la Côte d’Ivoire figure un Eléphant d’Argent sur fond d’Or, l’animal emblématique de cette république africaine.

            à l’occasion des festivités du Jubilé du pays, l’exposition « 3000 ans d’histoire du Temple de Jérusalem » fut organisée au Musée des Civilisations d’Abidjan, du 9 au 28 février 2010. Inaugurée en présence de personnalités Ivoiriennes et Israéliennes, l’exposition attira des dizaines de milliers de visiteurs qui montaient à Abidjan comme jadis on montait en pèlerinage à Jérusalem. « C’était, a-t-on pu dire, la première fois, depuis la reine de Saba, que le Temple de Jérusalem était représenté sur le continent africain. »

            Des copies fidèles et exemplaires de tous les objets de cultes et des grands ornements, tels l’Arche d’Alliance et la Ménorah, ou Chandelier d’Or grandeur nature, furent exposés. Certains y ont vu un signe fort, annonçant le rétablissent du 3e Temple à Jérusalem.

            La Ménorah était associée à l’Eléphant... curieuse association en apparence sachant que l’exposition se voulait fidèle. La Bible ne fait assurément pas mention de la présence d’une statue d’éléphant dans le Temple de Jérusalem. Les Ivoiriens ont-ils péché par fierté ?

Il convient de se rappeler que si l’éléphant se dit PIL en hébreu, il signifie de par la racine de son nom : « merveilleux, prodigieux », ou « Merveille ». Dans le Psaume 139 – 5,  

le roi David, père du roi Salomon évoquait « Pélïa Daat », « la Merveille (qui est) la Connaissance », expression qu’André Chouraqui traduit : « Pénétration trop merveilleuse ». Daat, la connaissance, la science, apparaît par la signification première de ce mot, comme une « pénétration ». Cette science qui est merveille, est trop pesante pour David. Elle pénètre, elle secoue jusqu’aux entrailles, celui qui prétend l’acquérir. Salomon, son fils, était préparé pour être pénétré par cette science mais n’est pas Salomon qui veut !

            Le Pilat, Terre de l’Eléphant, recélerait-il cette Science pour laquelle Salomon édifia le Temple ? Souvenons-nous qu’en France le Mont-Saint-Michel, haut-lieu, s’il en est, a été précisément surnommé LA MERVEILLE ! Les entrailles de ce mont recèlent assurément, pour l’homme capable d’en être pénétré, « MONTS ET MERVEILLES » ! Les Monts du Pilat possèdent-ils une telle MERVEILLE ? Le mot Pélïa est mystérieux. Dans le Livre de Daniel (8 – 24) est évoquée une destruction de merveilles, de prodiges. Les « merveilles » évoquées par le prophète s’appliquent tout à la fois au mode de destruction utilisé et aux « choses » détruites. Le Dictionnaire Sander/Trenel d’hébreu biblique commente ainsi le verset : « il détruira les choses, les monuments qui sont des merveilles ».

            Ce type de monuments appelés Pélia en hébreu, ou Péli en araméen, soit « prodige », « merveille », apparait caché dans un site montagneux. Le mot Péli qui signifie aussi « fendre », est à ce titre rapproché de l’hébreu BAQA : « fendre », « percer ». Ce rapprochement apparaît intéressant si l’on se reporte une fois encore au Dictionnaire Sander/Trenel. Il est indiqué que le mot BAQA écrit au pluriel : BIQAM (second Livre des Rois 8 – 12 et dans le Livre d’Amos 1 – 13), est associé au mot HAROT, pluriel désignant soit « des femmes enceintes », soit des « montagnes : « Tu fendras des femmes enceintes » ou « Tu perceras leurs montagnes ». La traduction n’en devient, convenons-en, pas des plus simples ! Les auteurs du dictionnaire concluent que l’expression s’applique à des « forteresses sur les montagnes ». Il serait tentant d’ajouter : « … à l’intérieur des montagnes » ! Gardons à l’esprit pour la suite de cet article que ces forteresses de montagne : «Harot, pluriel de Har : montagne », sont équivalentes à des femmes enceintes

Dans le Pilat, le lieu caché pourrait être un monument, une forteresse, ô combien fortifiée, puisque percée dans la montagne ?



L’Ile de l’Éléphant

            Le moment est venu de se remémorer ce qu’écrivait F. Gabut au sujet du Crêt de la Perdrix :

« c'est une des montagnes sacrées sur lesquelles s'arrêtait l'arche de Noé, c'est-à-dire où hommes et animaux ont trouvé la sécurité, alors que les plaines étaient envahies par les eaux provenant de la fonte des grands glaciers. »

            Les propos de cet historien nous offrent la vision d’un Mont Pila(t), ou Mont de l’Éléphant(e), environné d’eau. De ces eaux inondant la future Terre de France surgit une Île Éléphantine…

« Selon un plan, il a dompté l’abîme et il a planté les îles » Livre de l’Ecclésiastique 43-23, cette île surgie de l’abîme n’est pas sans évoquer l’île Éléphantine située sur la première cataracte le Nil, en face du centre-ville d’Assouan. Dans l’Égypte antique, Éléphantine était la capitale du premier nome de Haute-Égypte, le nome du « Pays de l'arc ou du Pays de Nubie ». Son nom égyptien était Abou et signifie « lieu de rassemblement des éléphants », ou « lieu de collecte d’ivoire ». En effet, l’île dont la forme pourrait, dit-on, rappeler celle de défenses d’éléphant, était un important centre de négoce de l’ivoire originaire d’Afrique. Abou vient de Ab, l’éléphant, apparenté à l’hébreu biblique Habîm évoqué dans la première partie de ce « ... Poisson Nourriture du Monde Futur ».

            De 687 à 642 avant J.-C., Manassé régnait à Jérusalem. Il choisit l'idolâtrie, en retirant l'Arche d’Alliance du Saint des Saints pour y placer ses idoles. Suivant une tradition, vers 650 avant J.-C., des prêtres restés fidèles à Dieu, récupérèrent l’Arche d’Alliance et quittèrent Jérusalem. L’Arche aurait transité pendant deux siècles sur l’île Éléphantine en Égypte puis aurait été amenée en Éthiopie. La légende vraie ou fausse possède aujourd’hui encore de partisans défenseurs. L’Histoire reconnaît qu’un temple juif fut édifié vers 650 sur l’île Éléphantine. Jusqu’à sa destruction au Vème avant J.-C., les juifs hors de Jérusalem, y vénéraient Yahvé.

            En 1952, à Qumrân, haut-lieu des Esséniens, où avaient déjà été découverts les fameux Manuscrits de la mer Morte, deux archéologues français découvrirent le très étrange Rouleau de Cuivre. Son texte contient des informations tout à fait particulières : il précise que sur un autre rouleau de cuivre, qui se trouverait dans une « chambre cachée » au pied de Wadi Hakipah, près d'un cimetière, serait indiqué l'emplacement des 64 (ou 63) cachettes renfermant les trésors du Temple. La piste Temple de Jérusalem est suivie par la majorité des chercheurs. Pour les uns il s’agit du second temple et pour les autres du premier temple. D’autres chercheurs pensent que le temple en question n’est pas celui de Jérusalem mais celui de l’île Éléphantine qui eut semble-t-il une véritable importance.


La Forteresse cachée de la Montagne ou la Femme enceinte

            La notion de femme enceinte se retrouve dans le « Moine Bleu », présent en trompe-l’œil sur le vêtement bleu de Marie-Madeleine visible sur l’ancien tableau de la chapelle de la Madeleine à Pélussin.


Le « moine bleu » du tableau de la chapelle Sainte-Madeleine.
À gauche : rotation du tableau et détail du moine bleu.
À droite : les traits du moine bleu, tels que l’on peut l’imaginer.

Dans mon article « Le Poisson Nourriture de Vérité », j’écrivais : « Ce moine semble tenir dans ses bras une boule plus ou moins sphérique. » Je notais également que le moine tenant la boule n’était pas sans rappeler le singe de la Porte Étroite présent sur une vielle demeure dans le quartier résidentiel juif de la vieille cité de Lunel, grand centre de la Kabbale dans la France médiévale.

            Grand lecteur des livres de Philippe Valcq, historien de la cité de Montreuil-sur-Mer, j’ai eu la chance de visiter en juillet 2011, l’église Saint-Saulve sur laquelle aujourd’hui encore plane l’ombre des Chevaliers de l’Ordre du Temple dont ont dit qu’ils financèrent l’édification de l’église…

            Dans le bas-côté Nord de l’édifice, « La Chapelle des Fonds Baptismaux intrigue par le nombre et la richesse de ses symboles. », ainsi que l’écrit Ph. Valcq dans son livre « Abbatiale Saint-Saulve de Montreuil-sur-Mer – Le Chemin Initiatique de l’Athanor Salvien » paru aux éditions du Chat qui baille.

L’une des particularités de cette chapelle apparaît dans ses culs-de-lampe. Celui de droite représente un diable, jambe écartée et qui serait en train de pondre son œuf philosophal. Pour Ph. Valcq il s’agirait du fameux Baphomet des Templiers. L’œuf n’est plus dans le ventre du Baphomet, mais il l’a été…


Photo de Christian Lelièvre

La Chapelle des Fonds Baptismaux doit son nom à son baptistère dont la présence dans cette église, ainsi que l’indique Ph. Valcq, est d’autant plus étrange qu’à Saint-Saulve on ne baptisait pas. Dans cette église, seuls les moines étaient autorisés à assister aux offices…


Photo de Christian Lelièvre

Le 4 septembre 1837, Victor Hugo s’en vint à Montreuil. Il envoya à Adèle son épouse, une lettre qui, par la suite, fut avec d’autres lettres, réunie dans un ouvrage intitulé « France-Belgique ». Deux phrases bien énigmatiques, au vu du gribouillage qui les accompagne, figurent dans son courrier : « J’ai trouvé pourtant, dans la plus grande (église), une PORTE romane d’un beau goût. N’en juge pas d’après ce gribouillage. »

            Ainsi que l’écrit Ph. Vacq : « En fait de’’gribouillage’’, son dessin représente, et de façon très précise, les fonts baptismaux. » Des éditions rectifièrent le mot « porte » par « piscine » qui correspond plus justement au dessin. Ph. Valcq n’en reste pas moins persuadé que cette coquille est volontaire.

            Je ne sais si le tableau placé derrière la « piscine » se trouvait-là en 1837 mais cette représentation des Femmes au Tombeau, nous montre l’Ange qui a roulé la pierre. Or, cette pierre est légèrement rectangulaire… telle une PORTE, celle que V. Hugo évoque, bien qu’il ait dessiné une « Piscine » ainsi que le montre le dessin figurant dans le livre de Ph. Valcq « L’Énigme de la Ville Secrète des Templiers – Montreuil-sur-Mer » paru aux éditons Ramuel. Voir également sur le sujet la petite vidéo figurant sur son site internet « PORTFOLIO ». Laissons à présent Montreuil et ses nombreux mystères et accostons dans l’Île de Éléphantine.


<Retour au Sommaire de la Grande Affaire>


Béhémoth : l’Éléphant du Pilat et la Société Angélique

            L’illustration que voici représente Béhémoth tel qu’il apparaît dans le Dictionnaire Infernal de Collin de Plancy.



              Ce monstre primordial, suivant C. de Plancy, est le plus souvent représenté sous la forme d’un bœuf gigantesque et merveilleux que les Juifs croyaient réservé pour le repas du Messie. à l’époque chrétienne, il apparaît comme le sommelier et grand échanson des Enfers, maître de la gourmandise. Le Moyen-Âge le représenta comme un éléphant debout et bedonnant. Cette représentation est d’autant plus intéressante qu’elle nous présente cet éléphant quelque peu bedonnant ou… « enceinte ».

            Béhémoth trouve assurément sa place dans la mythologie pilatoise. Plusieurs auteurs ont su, avec raison, mettre en relief la proximité linguistique du Béhémot des Kabbalistes Juifs avec le Baphomet des Templiers.

            Dans la tradition hébraïque Béhémoth est indissociable du Léviathan. Ces deux créatures mythologiques appartiennent à une ère géologique où l’homme n’était pas encore le maître sur cette terre. Le premier, maître de la terre ferme, vivait dit la légende dans le Pays des 1000 Monts, tandis que le second était un Dragon maître des eaux. Dans l’ombre de ces deux créatures mythiques, vivait le Ziz, oiseau gigantesque capable de cacher le soleil. Certains auteurs reconnaissent en lui, un ptérodactyle ou un serpent ailé. Il trouve peut-être sa place dans la mythologie pilatoise avec le Zicle de la légende qu’il serait bien d’évoquer dans un prochain article.

            Les Monts du Pilat semblent avoir été, ainsi que le démontrent les livres de Patrick Berlier, un site d’élection pour la Société Angélique. Cette société discrète née à Lyon, avait pour livre de chevet le très hermétique Songe de Poliphile. Dans ce livre, l’Éléphant/Béhémoth y tient une place d’importance. Il précède curieusement le Dragon… soit Léviathan. Dans la concavité de cet éléphant de pierre, Poliphile découvre des écritures latines, grecques, et hébraïques.

            Intrigué par les écritures hébraïques, je rédigeai ainsi que je l’indiquais dans la première partie de ce texte, il y a environ six années, un texte que je titrais : « De l’éléphant au ‘’maître de l’abime’’. Ce titre, rétrospectivement, apparaît intéressant, sachant que dans la Bible, Habîm évoque l’éléphant ! A l’époque, bien sûr, je n’avais pas encore rédigé ni même pensé à mes articles évoquant « Le Poisson… ». Les deux inscriptions hébraïques que Poliphile découvre dans le ventre de l’éléphant, apparaissent comme deux phases permettant la découverte d’un trésor, intimement lié à l’Éléphant/Béhémoth ainsi que le démontre la première inscription présentée par la statue d’un homme nu, image de l’Adam primordial :

Sens de la lecture de droite à gauche


                                                                             

« J’étais nu si la bête ne m’eût couvert, 

« cherche et tu trouveras, laisse moi. 

           Cette traduction est celle que Francesco Colonna l’auteur du Songe de Poliphile donne dans le texte pour les trois inscriptions : hébraïque, grecque et latine. A la vérité, l’inscription hébraïque diffère quelque peu de la traduction proposée.

            La première ligne du texte hébreu, se lit phonétiquement :

Im lo ki-héBéhéSot ké-mata’h at bé-sadaï hoï hioiati aroum.

Ce qui peut se traduire ainsi :

« Si la Bête ne me l’eut pas étendu comme, alors, (de) dans les champs, hélas, j’étais nu »

            Cette phrase, épisode revisité d’Adam et Ève au Jardin d’Éden, de lecture bien hermétique en hébreu comme en français, comporte deux mots clés : « Sadaï » et « Béhésoth ». Le premier mot, s’écrit en hébreu comme Shadaï, nom divin. Sadaï, les « champs », bien présent dans le texte hébreu, est curieusement absent de la traduction proposée dans le Songe. Dans ces champs évolue Béhésoth (תסהב). Mais qui  donc est Béhésoth ? F. Colonna traduit Béhésoth par le mot « Bête ». Cette traduction serait valide si le mot hébreu était Béhémoth. L’hypothèse probable est qu’il y ait ici, volonté de traduire un jeu de mots apparaissant dans le texte hébreu. En remplaçant la lettre Mem de Béhémot par un Samekh, F. Colonna, dans le texte hébraïque seul, fait jaillir l’expression Béhé Sot, composée de la racine bilitère BH (הב) désignant un abîme, d’où l’hébreu Bohou. Cette racine est associée au mot Sot (תס) signifiant « vêtement ». Il s’agit bien sûr du vêtement qui fut étendu sur le personnage anonyme évoqué dans l’inscription.

            Béhémoth est le pluriel dit de majesté, du mot Béhémah : « bête ». Il est de tradition de lire la forme singulier du mot, bé-hémah : « dans la force » et de construire à partir de Béhémoth, l’anagramme BeTehom : « dans l’abîme ».  Annick de Souzenelle dans son livre « Job sur le chemin de la lumière – éd. A. Michel », présente Béhémot comme le « maître de l’abîme ».

            Dans la Genèse, le serpent était le plus « aroum » (nu ou rusé) du « Sadé » (הדש), le « champ ». Dans le Songe, le « champ » fait place aux « champs » : Sadaï  (ידש). Il y a malgré tout, volonté, tout en s’y démarquant, pour F. Colonna, de renvoyer le lecteur à la Genèse.

 

 
ניחינח אצמתו שפח

H’éphesh Vé-taMatsa h’ènih’in

Cherche et tu trouveras, laisse-moi
 

« Cherche et tu trouveras ». Cet ordre, donné dans la deuxième ligne du texte hébreu, rappelle le célèbre V.I.T.R.I.O.L. des hermétistes, acronyme de plusieurs phrases latines dont la plus connue est : VISITA INTERIORA TERRÆ, RECTIFICANDO INVENIES OCCULTUM LAPIDEM, soit :

« Visite l’intérieur de la terre, en rectifiant tu trouveras la pierre cachée. »

            Dans l’inscription hébraïque le verbe « H’éphes » qui ouvre la seconde partie de l’inscription, signifie dans son utilisation biblique : « chercher la Sagesse » et désigne en tant que nom commun, la « noblesse », la « magnificence ». Le verbe « Matsa » signifie : « trouver (la Sagesse)» mais aussi « apporter »… curieux, sachant qu’il est dit ensuite : « laisse moi » !

            Poliphile découvre ensuite dans l’éléphant, une seconde inscription tenue par une femme nue, l’Ève primordiale ; inscription dont voici la première partie :  


« Quiconque tu sois, prends de ce Trésor du Désir

tant qu’il te plaira mais je t’admoneste que tu prennes

la tête et ne touches au corps. »

            Si la traduction donnée dans le Songe est bien utile pour pouvoir cerner l’inscription hébraïque, elle en diffère malgré tout considérablement. Le texte hébreu s’avère très difficile de traduction offrant souvent une double lecture. Certains mots sont amputés de leur lettre finale que l’on retrouve associée au mot suivant. Un nouveau mot va ainsi apparaître.

La première ligne de droite à gauche peut se lire ainsi :

H’ita mishé t’hiat qa’h man héOstar avouta koOth Néféshéké.

Ce qui peut se traduire de la façon suivante :

« Quiconque tu sois, prends – recommence ! – de ce Trésor du Désir

tant que ton souffle le consent. »

            Le mot T’hiat, traduit par «  recommence », signifie aussi  « renaît », « ressuscite ». Ici s’affirme l’importance du trésor, traduisant dans l’inscription le mot « Otsar » qui apparaît ainsi analysé dans le dictionnaire Sander/Trenel :

« Se dit souvent du trésor royal et du trésor du temple… 

            Dans l’inscription hébraïque du Songe, le Trésor, « Otsar », est dit Avouta (תוה), variante de Avouha (הוה) : « Désir ». Le Désir est un thème important dans l’ésotérisme du Moyen Âge et de la Renaissance.  … A mon seul Désir…telle est la devise arborée dans la célèbre tapisserie de la Dame à la Licorne. Citons également le livre « L’Homme de Désir »  de Louis-Claude de Saint-Martin, le « Philosophe Inconnu ».

            Dans l’inscription hébraïque, le mot précédant T’hiat, se termine par un Shin ou Sin (ש), or cette lettre est curieusement sortie du mot et vient se greffer à T’iath. Cette erreur transforme le mot T’hiat en Set-H’ita (תיח־תש), « l’Élévation du Blé ». La présence du mot hébreu Man, dans le texte, permet également cette lecture :

« Quiconque tu sois, élève le blé ; prends la manne.

« Ce Trésor est Désir ! 

            Lorsque Poliphile admire les différentes merveilles de l’éléphant, il s’attarde également sur les hiéroglyphes. Si le premier est une tête de bœuf, emblème de la Société Angélique, le second est un autel, bien que des flammes de feu en jaillissent, il peut évoquer l’autel sur lequel est posé le blé. L’oiseau figurant sous l’autel vient peut-être le confirmer…

La première ligne de hiéroglyphes se termine par un vase antique « ayant la bouche couverte ». S’agit-il du vase de la manne ? Le hiéroglyphe suivant est une semelle. Faut-il rapprocher la semelle des semailles ?... « Le blé lève ! »… « Ô gui l’An Neuf ! »

Voici la seconde partie de l’inscription :

 

 
                                                                 

ופוגב ץנות לאו שארח רסח ךתוא ריחוא לבא

Lectures phonétiques :

1) Aval avouh’a-Ire otek h’asser héRosh véal Ta-Nets béGoufo.

2)Aval hazhir otek hassir héRosh véal ta-anas béGoufo.

 

1ère lecture :

Mais la convoitise – ô peur ! – te privera de ta preuve, insensé !

La tête n’a pas le Signe du Faucon (qui) est dans son corps.

 

2ème lecture :

Mais je te mets en garde, consent à ne pas ôter la tête

et ne force pas la chambre de son corps.

 

        Le premier mot – Aval – (homonyme du celtique Aval : la pomme des Celtes) prononcé Avel signifie « deuil ». Il convient d’accepter l’admonestation traduite en français ! Le second mot ריחוא n’apparaît dans aucun de mes dictionnaires ou livres. La traduction française avancée dans le Songe dirige le lecteur vers un verbe signifiant « admonester ». Le mot proposé pour « admonester » dans les dictionnaires n’a aucun lien avec celui qui se trouve dans l’inscription hébraïque. Il faut donc chercher au niveau des synonymes d’admonester, tels « avertir », ou « mettre en garde ». Pour ces deux mots, l’hébreu connaît le verbe « hazhir » (ריהזה), apparenté à « hizaher » (רהזיה) : « prendre garde » et « azhara » (הרהזא) : « avertissement ». La structure de ces mots me donne à penser que c’est ici qu’il faut chercher. Le mot « ava’hir » de l’inscription cacherait le verbe « hazhir » : « mettre en garde », « avertir ». Le Zaïn (ז) de « hazhir » aurait fait place à un Vav (ו) lettres voisines dans l’alphabet hébraïque, bien que ces deux lettres ne se permutent théoriquement pas ensemble. Si F. Colonna le fait c’est qu’il a une bonne raison de le faire.

            Il me semble qu’il faille lire ריחוא, ce mot semble-t-il non recensé, comme un mot composé. La première partie serait mise pour Avouha : « convoitise », qui s’écrit avec un Hé ה et non un Het ח en fin de mot. La seconde partie (Yod – Resh) pourrait évoquer le mot Iaré ou Ire, « peur », « vénération ». Les lettres de ce mot évoquent la main (Yod) et la tête (Resh)… tête dont la convoitise s’avère effrayante quant aux conséquences ; car cette convoitise te privera (h’asser – חסח) de ta preuve (otek – ךתוא).

            Le mot suivant, « Otek » (ךתוא) signifie : « que tu consentes » (2ème lecture), mais il signifie aussi « ton signe », « ta preuve », « ton enseigne » (1ère lecture). Apparaît ensuite le mot « h’asser » (רסח) signifiant « être privé ». Suivant la traduction présentée dans le Songe, nous devrions trouver un mot signifiant « prendre »… que tu prennes la tête…Il apparaît une fois encore que F. Colonna a mis un mot pour un autre, mais un mot de même racine. Le mot caché est « hassir » (ריסה) signifiant : « retirer », « oter »… sous-entendu la tête !

            Quelle serait donc cette preuve que la tête ne possède pas ? La réponse apparaît me semble-t-il dans le mot ץנות qui me semble un mot composé : ץנ־ות, soit Ta-Nets : « le Signe du Faucon » ou de « l’Épervier ». Le Signe du Faucon (Nets) apparaît comme le Signe de l’Éternité (Netsa’h) ! Le signe se trouverait, semble-t-il, (la traduction est difficile) « bé-Goufo » : « dans son corps ». Mais l’admonestation traduite en français est claire : « mais je t’admoneste que tu prennes la tête et ne touches au corps ».

            L’hébreu « Gouf », « corps » signifie aussi « fermer une porte », « cadenasser » ; ce qui indiquerait que l’intérieur du corps est inaccessible, inviolable ? Sauf peut-être si le chercheur en possède la clef. Et si le Signe du Faucon se trouve bien béGoufo, « dans son corps ». Il faut à la fois braver l’interdit et posséder la clef… Celui qui oserait braver l’interdit est qualifié de « véal » : « insensé » ! Le même mot signifie « ne pas », d’où les traductions différentes du mot.

            Dans la traduction française du Songe, l’interdiction vise à ne pas prendre la tête et à ne pas toucher le corps. Que faut-il entendre par toucher ? Le mot employé dans le texte hébreu par F. Colonna est « Ta-Nets » (ץנות) : « Le Signe du Faucon », là où le lecteur s’attendrait à trouver un verbe signifiant « toucher ». Ta-Nets cache naturellement un autre mot. Il s’agit de Ta-Anas (סנא־ת)ou Ta-Anous (סונא־ת): « forcer la chambre », « violer la chambre ».

            Le mystérieux Signe du Faucon, oiseau qui annonce dans le bestiaire du Livre de Job, la royauté solaire de l’aigle, peut s’avérer beaucoup plus énigmatique qu’il n’y paraît. Une partie de la réponse se trouve peut-être dans les mystères de l’Égypte ancienne.

            Nous aurions dans le corps de la statue un compartiment à la façon de ces Vierges-ciboires ou de ces Vierges Noires dont le compartiment comportait quelque mystérieux objet, un parchemin ou une pierre. Et dans cette chambre ou compartiment se trouverait le Signe du Faucon.

            La tête principe ou royaleje t’admoneste que tu prennes la tête. Comment ne pas penser à la tête royale et dionysienne du manuscrit de Polycarpe, le Prieur de Sainte-Croix-en-Jarez… 


<Retour au Sommaire de la Grande Affaire>

Le Voyage au Centre de la Terre de Jules Verne

Dans son excellent livre « Le Château de la Faÿe », Antoine Herrgott nous apprend que les Verne, ancêtres du Maître de Nantes, sont originaires des paroisses de Saint-Genest-Malifaux et de Marlhes. Cette origine influença peut-être Jules Verne pour certains de ses romans. Il convient d’indiquer ici, que le célèbre  Éléphant de Nantes, qui fait aujourd’hui la joie des touristes et des Nantais eux-mêmes, se veut d’inspiration vernienne.

            La Terre Creuse, l’Agartha des Orientaux qui inspira Jules Verne, aurait des entrées en France : dans la région de Bugarach ou près d’Annonay (l’une des Portes du Pilat) et dans le Pilat lui-même. André Douzet dans son article « Le Pilat et l'insolite : la mosaïque de l'incroyable de ce pays » (www.france-secret.blogspot.com/), évoque : « Des demeures contenant dans leurs entrailles des entrées vers… l’Agartha, à ce qu’en disent leurs habitants avouant ne pas savoir ce que veut dire ce mot prononcé il ya des décennies par leurs ancêtres comme une réalité évidente. »  L’auteur compare le Pilat à une « Bibliothèque oubliée ». Cette bibliothèque à ciel ouvert, trouve des échos dans celle évoquée par Jules Verne dans son voyage sub-terrestre. Le romancier n’hésite pas à comparer cette bibliothèque à celle d’Alexandrie brûlée par Omar « et qu’un miracle aurait fait renaître de ses cendres ! »

            La voici notre bibliothèque évoquée dans la première partie de ce texte. « (…) un champ, plus qu’un champ, une plaine d’ossement ». L’illustration qui accompagne le texte nous montre des ossements gigantesque, squelettes de Mastodontes et autres Ptérodactyles. Une autre illustration, « Le rêve d’Axel » nous montre ces monstres antédiluviens que je nommais plus haut dans le texte : Béhémoth, Léviathan et Ziz.  Ce rêve devient par la suite, dans le roman, réalité, ainsi que l’indique le jeune Axel. Un troupeau de mastodontes, gardé par un « berger antédiluvien (…) un Protée de ces contrées souterraines, un nouveau fils de Neptune » dont la tête grosse comme celle d’un buffle, « disparaissait dans les broussailles d’une chevelure inculte. On eût dit une véritable crinière, semblable à celles des éléphants des premiers âges. »

            Les Fils de Neptune sont les Maîtres du Cheval, de la Cabale… ou de la Kabbale. Il est important ce crâne de cheval que l’on trouve perdu parmi les ossements des gigantesques mastodontes. Or, que nous dit F. Colonna sur l’Adam primordial couronné tel un roi et dont la statue apparaissait dans l’éléphant ? :

            « Cette figure était plantée droite sur le couvercle d’un sépulcre fait à demi-rond, entaillé  à écailles, avec les moulure requises. Elle avait le bras droit étendu sur le devant, tenant un sceptre, et la main gauche reposée sur un écusson, courbé en forme de carène de barque et taillé autour à la semblance de l’os d’une tête de cheval, auquel était écrit des lettres hébraïques, grecques et latines. »
 


Ces quelques phrases tirées du Songe, résument et concluent la symbolique navigation du « Poisson… ». Depuis les époques antédiluviennes la navigation s’achève enfin dans l’Ère du Verseau sur les rives tant espérées de cette Île Éléphantine.


Reconstitution du tableau original faite par Patrick Berlier

Marie-Madeleine sur laquelle le temps n’a plus d’emprise prolonge inexorablement sa Quête dont elle connaît les plus infimes mystères. Elle sait le Temps de la Moisson. L’Heure venue, la Sainte Vigile du Pilat montrera les portes de l’antique Bibliothèque du Pilat dont le reflet semble apparaître avec le Silo (du grec seiros : « fosse à blé ») de la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon, magasin haut de dix-sept étages… les dix-sept lignes du parchemin posé sur l’autel devant la sainte. Le nombre 17, clef de la pêche miraculeuse (les 153 poissons, somme des 17 premiers nombres) plonge ses racines dans les eaux baptismales du Déluge biblique. Cette pêche se répercute dans la prière mariale du Rosaire composée de 153 Ave Maria et 17 Pater. À Lyon, le monte-livres mécanique du Silo se nomme le « pater noster »… la Science devient Conscience !?

Michel Barbot

<Retour au Sommaire de la Grande Affaire>