DOSSIER MARS 2016
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Par Patrick Berlier
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LE
BERGER DU PILAT Aux
beaux jours, si vous allez randonner ou simplement vous promener sur la
zone
des crêts du Pilat, vous allez peut-être croiser le chemin
d’un troupeau de
moutons et de son pâtre. Ne craignez pas d’engager la
conversation. Passant le plus
clair de son temps seul dans la nature immense avec ses brebis et ses
chiens,
ce nouveau berger d’Arcadie est heureux quand il peut faire partager sa
passion, expliquer son métier et raconter des histoires.
Rencontre… Cyril Cote, le
berger du
Pilat (photo Bernard Jamet) Un
matin de septembre… Nous avons rendez-vous avec Cyril Cote, le berger
du Pilat.
Il fait plutôt frisquet, tout juste 2°... Une bise du nord,
et un brouillard à
couper au couteau, renforcent l’impression de froid. Une autre
planète ! Où
est le sentier ? Ah, le voici, à droite de la route
conduisant à la
Jasserie. Nous passons en contrebas du Crêt de la Perdrix, que
nous ne voyons
pas… Un carrefour de chemins : notre sentier croise celui montant
de la
Jasserie. Il faut tourner à droite, puis à gauche un peu
plus haut.
Heureusement que nous connaissons les lieux, car le brouillard efface
les
repères habituels, déstabilise. Voici le
« Chalet Bourguisan », de
son vrai nom Chalet G. Duclos, appartenant au syndicat d’initiatives de
Bourg-Argental. Le
« Chalet
Bourguisan » dans le brouillard (photo Patrick Berlier) Un
chien sorti de nulle part vient folâtrer autour de nous, puis un
second. Regard
intelligent, ce sont des chiens de berger. Cyril n’est pas loin. Le
voici qui s’avance
sur le chemin. Il nous explique que le « Chalet
Bourguisan » est plus
vieux qu’on ne le pense, il daterait du XVIIIe siècle
au moins, et
aurait été en bois à l’origine. Il en sait des
choses, notre berger… Cyril
nous explique son parcours. Grands-parents éleveurs de vaches,
parents éleveurs
de moutons, très jeune il a souhaité prendre leur suite.
Après des études dans
un lycée agricole, il est parti un an en Irlande se former au
métier. Associé
avec ses parents, ils ont formé une GAEC, implantée sur
la commune de la
Terrasse-sur-Dorlay. Cyril élève des moutons pour la
viande. Son troupeau est
composé de 600 brebis, 85 % de grivettes et 15 % de noires du
Velay. De temps
en temps, il introduit deux béliers dans le troupeau : leur
seule vue
suffit pour que les brebis tombent en chaleur. Ensuite, il n’y a plus
qu’à
laisser faire la nature… Les naissances sont donc programmées
pour des périodes
choisies. Les agneaux sont nourris exclusivement au lait de leurs
mères, ce qui
donne à leur viande tendreté et saveur incomparables. Ils
sont abattus par
l’abattoir de Corbas, dans des conditions de traçabilité
optimales, et écoulés
en vente directe sur les marchés de Vienne, Saint-Chamond
(Fonsala), et
Saint-Étienne (place Albert Thomas). Depuis peu, Cyril s’est
associé avec d’autres
producteurs pour ouvrir un magasin au Sardon, près de
Rive-de-Gier. Un agneau
vient de naître
(B J) Depuis
1997, la famille Cote monte ses brebis en estive sur les crêts du
Pilat, de
juin à octobre. Au début, cette estive était le
fruit d’une collaboration avec
la famille Masson, propriétaire de la Jasserie et des terres
environnantes, qui
fournissait les pâturages, une étable et une chambre pour
le berger. Cyril
était trop jeune alors, ses parents embauchaient un berger, ou
une bergère. La
dernière en date, qui n’était pas originaire de la
région, a trouvé l’âme sœur
dans le Pilat et y est restée… Et puis au début des
années 2000, il y a eu
l’affaire de la Jasserie : pour fabriquer
l’électricité nécessaire à la
ferme auberge, les Masson utilisaient une turbine sur le Gier,
associée à un
groupe électrogène. Solution certes difficile et
aléatoire, alors ils
réclamaient l’installation d’une ligne électrique. Plus
simple à dire qu’à
faire, la Jasserie est loin de tout, la ligne électrique la plus
proche passe à
plus de 3 km. La situation s’enlisait, alors la famille Masson n’a rien
trouvé
de mieux que de prendre des mesures de représailles contre la
famille Cote –
qui n’y était pour rien ! – en lui interdisant de monter en
estive.
Finalement la Jasserie a eu sa ligne électrique, tirée
depuis le bâtiment
militaire du crêt de Bote, mais Cyril et ses parents ont dû
trouver une autre
solution. Paysage de la
zone des
crêts (B J) Ils
ont contacté tous les propriétaires des terrains
situés sur les crêts du Pilat.
Gros travail, car les parcelles ne font que quelques dizaines de
mètres de
largeur, pour plusieurs kilomètres de long parfois. Au total, ce
sont 94 propriétaires
qui ont donné leur accord. Sans difficulté : comme
les brebis sont des
débroussailleuses hors pair, ils y trouvent leur avantage.
Aujourd’hui la zone
de pâturage s’étend de l’Hôtel brûlé
à la Jasserie. Désormais c’est Cyril qui
joue le rôle du berger. Il a installé cinq parcs
clôturés, où ses brebis
peuvent passer la nuit, sous la garde de Choupette, un impressionnant
Montagne
des Pyrénées. On dirait un ours blanc en peluche, mais il
vaut mieux ne pas se
fier à sa bonhomie apparente. Cyril, lui, rentre tout simplement
chez lui, et
grâce à son « quad » il peut tracer
sa route en dehors des chemins.
Il faut dire qu’à la maison l’attend le petit Léon, son
jeune fils de deux ans
et demi. La brave
Choupette
surveille le troupeau (B J) Le
froid s’installe, le soleil tarde à percer. Cyril nous propose
de bouger un peu
pour nous réchauffer. Direction le Crêt de la
Chèvre et le Crêt de l’Arnica, à
deux pas de là. Il n’y a pas de chèvres au Crêt de
la Chèvre, et pas d’arnica
au Crêt de l’Arnica, c’est bien connu… Pour Cyril, ces
appellations sont
récentes, ce sont des noms familiers qui ont remplacé des
noms anciens que les
gens ne comprenaient plus. Il nous entraîne un peu à
l’écart, vers le Crêt de
l’Arnica. Dans un petit chirat, se dégage un fond de cabane
circulaire, ce
qu’il appelle un igloo. Cyril nous dit en connaître six de ce
type. Pour lui,
c’étaient des guérites destinées aux soldats de
Napoléon, qui depuis ces lieux
élevés surveillaient la région, en craignant une
éventuelle attaque des
Autrichiens. Fond de cabane
circulaire
dans un chirat du Crêt de l’Arnica (P B) Pourtant
Napoléon a perdu… Les Autrichiens sont venus occuper le Pilat.
Ils campaient à
la Croix de Chaubouret. Les anciens parlent d’un
« cimetière des
Autrichiens », quelque part. Plus personne ne sait
où… Cyril a cherché, il
n’a pas trouvé. Maintenant il nous entraîne vers le
Crêt de la Chèvre, pour
nous raconter la légende des géants. Cette histoire,
comme toutes celles qu’il
connaît, il les a recueillies auprès des anciens, du
côté de Saint-Sabin, en
allant rendre visite à ses propriétaires. Certains lui
ont montré aussi des
vieilles photos, Cyril déplore que ces documents soient perdus
parfois, lors de
décès. Alors,
il était une fois… Trois géants de pierre vivaient autour
du Crêt de la Chèvre.
Deux d’entre eux avaient charrié des pierres pour former des
chirats, chacun
sur un versant. Mais il étaient jaloux l’un de l’autre, chacun
prétendant que
le chirat de son frère était plus beau que le sien. Alors
ils ont fini par se
battre. Le troisième frère, qui vivait au Crêt de
l’Airellier, a voulu
intervenir, les séparer. Ses frères lui ont donné
une bourrade qui l’a
renversé, il est tombé sur la vieille auberge entre les
crêts de la Chèvre et
de l’Airellier, et il l’a écrasée. Depuis, on parle de
l’auberge perdue, mais
plus personne ne sait où elle était. Quant aux deux
frères, leur combat à mort
s’est soldé par leur éclatement en mille morceaux. Chacun
s’est transformé en
un éboulis, qui s’est ajouté aux pierres des chirats. On
dit que leurs têtes
sont toujours là, pour qui sait les voir. Est-ce la
tête du géant de
pierre de la légende ? (P B) Cyril
nous emmène, hors sentier, jusqu’au chirat Vicinet, ou Vicinou,
côté est du Crêt
de la Chèvre. Certaines cartes postales anciennes parlent du
« Pic du
Vésinet ». C’est un nom du patois local, cela veut
dire « qui fait du
bruit », car pour les anciens de Saint-Sabin quand on entend
du bruit de
ce côté-là c’est signe que l’orage va
éclater. Beau chirat, en effet. Un bloc
de rocher plus gros que les autres a bien la forme d’une tête de
géant, vu de
profil… Le chirat
Vicinet (P B) À
travers bois, nous rejoignons les sentiers balisés. Nous voici
au col entre le Crêt
de la Chèvre et le Crêt de l’Étançon. Pas de
nom sur la carte, mais Cyril nous
apprend qu’il s’agit du col des Petites Croix. Pourquoi ce nom ?
Jadis,
les gens du versant du Gier allaient régulièrement en
pèlerinage à Saint-Sabin,
à pied bien sûr et par les chemins franchissant la ligne
de crête. Les forêts
étaient quasiment inexistantes alors sur les sommets, et la vue
portait loin. Au
retour ils savaient qu’au-delà du col ils n’apercevraient plus
la chapelle
Saint-Sabin, alors ils confectionnaient des petites croix avec deux
branchettes
nouées, et les plantaient au bord du chemin. Ces croix
veilleraient à leur
place et témoigneraient de leur désir de revenir
l’année suivante. L’un des
propriétaires des terrains se souvient qu’enfant, passant par
là, il avait
ramassé des petites croix et les avait rapportées chez
lui. Son père se mit en
colère : c’était un véritable
sacrilège, qui allait attirer le malheur sur
la maison. Il obligea son fils à repartir, en pleine nuit, pour
aller replanter
les petites croix… Le troupeau de
brebis (B J) Nous
avons rejoint « l’autoroute ». Ainsi les
familiers des lieux
nomment-ils ce large chemin qui, au lendemain de la seconde guerre
mondiale,
aurait dû devenir la route des crêtes, entre le col du
Grand Bois et le col de
l’Œillon, projet qui rencontra une vive opposition. Les partisans de la
nature
finirent par obtenir gain de cause, et la route ne fut jamais
goudronnée. Le soleil
finit par s’imposer. Cyril nous emmène au-delà du
crêt de l’Étançon, vers le
col du même nom, où nous rejoignons son troupeau. « L’autoroute »,
vestige d’une route jamais terminée (P B) Encore
un nom oublié, ce col de l’Étançon… Cyril nous
explique que, selon les anciens,
il y aurait un étang ou lac souterrain sous ce col. C’est un
fait que le sol
sonne le creux sous le talon… L’étang, ou le lac, sonne. L’étang
sonne a
donné l’Étançon… Telle est l’origine, toute
simple, de ce nom qui interpelle. Les
chiens connaissent leur travail. Les deux border collies, Indy
et Dakar,
s’occupent à maintenir le troupeau dans la zone fixée.
Ils obéissent
instantanément aux ordres du berger, qu’ils comprennent
parfaitement :
« à gauche, derrière », etc…
Choupette, de son côté, surveille les
abords. Un inconnu s’approche, la voici menaçante, les oreilles
en arrière, la
gueule entrouverte et grondante. La dissuasion est efficace, l’inconnu
passe
son chemin. « Les chiens font 75% du travail »,
nous dit Cyril. Cela
lui laisse du temps. En amoureux de la nature, il est incollable sur la
botanique, il connaît des plantes rares et
protégées, gardant jalousement leur
emplacement. Bien sûr il est en relation avec le Parc Naturel
Régional du
Pilat, qui le visite régulièrement. Ses moutons
contribuent largement à
maintenir le milieu ouvert, ils sont aujourd’hui des acteurs
indispensables de
l’écosystème. Choupette se
fâche (B J) À
l’aller comme au retour, la transhumance des 600 brebis de Cyril fait
toujours
sensation. Alors il a su en tirer parti. Chaque fois c’est le
prétexte à une
fête, avec musiciens, groupes folkloriques, repas campagnard. La
montée à
l’estive de 2015 a drainé plus de 2000 personnes sur les chemins
du Pilat.
Nouveauté : elle a été filmée par un
drone, ce qui fera l’objet d’un DVD. Moderne,
le berger… Il nous avoue aussi être un lecteur fidèle des
Regards du Pilat.
Merci Cyril ! |
Bonjour
Rémi, heureux de vous rencontrer dans votre jardin.
Ma mère cuisinait très
bien pour toute la famille et la nourriture
c’est affectif.
2/
Regards du Pilat :
Passionné
d’écriture, vous semblez véritablement vous ressourcer au
milieu de
vos plantes aromatiques et autres plantations. Qu’en est-il
exactement ?
Je jardine BIO.
J’ai aussi beaucoup de fleurs, des
annuelles et des vivaces.
Mon jardin ressemble un peu à un
jardin de grand-mère où à un jardin
de curé des autrefois.
Le jardin donne un sens aux saisons.
Le jardinage est une vertu physique et
mentale
Comme disait Voltaire, riche ou
pauvre, pour être heureux il faut
d’abord cultiver son jardin.
Adon les petits paysans étaient
pauvres et pas miséreux, car ils vivaient
en quasi autarcie et en plus ils étaient libres.
C’était l’époque des
cultivateurs devenus des agriculteurs.
L’agriculture est devenue
l’agro-alimentaire puis l’agrochimie, tout
ça pour générer des profits pour une
minorité qui ne pensent qu’à la finance et
s’en foutent de la bonne santé des gens.
En 2003 à mon musée
à Haute-Rivoire un vieux paysan de 85 ans m’a
dit : « les paysans ne sont plus des paysans, car dans
leur tracteur
ils n’ont plus les pieds sur terre ».
Moi qui ai labouré avec les
bœufs, avec mon père je suis d’accord
avec lui.
Je me dis qu’ils sont pris dans un
système qui les place entre le
marteau et l’enclume.
A Brignais où j’habite depuis
1964, à 12 km de Lyon, j’ai conservé
mon âme paysanne en élevant des poules et des lapins pour
ma consommation
personnelle (au moins on sait ce qu’on mange).
En s’inspirant du passé on
comprend le présent et on s’adapte.
Si on est optimiste on pense
à l’avenir que l’on prépare avec le
passé et le présent.
Lorsque en
2004 le Journal Le Progrès m’a demandé si tous les
dimanches je pouvais faire une chronique dans l’Edition 69 B, j’ai cru
rêvé,
moi qui possède que mon Certif et mon C.A.P de
carreleur-mosaïste. En plus
chaque semaine je pouvais écrire sur le thème de mon
choix. D’emblée j’acceptai
et en tant que chroniqueur, j’avais le statut de correspondant.
Pour moi c’était que du bonheur
et ma chronique : « Les
belles histoires de Rémi » dura pendant 7 ans de 2004
à 2011 (même en 2009
quand j’avais le cancer) et ma chronique s’arrêta quand Le
Progrès réduit le
format du journal.
Pendant toutes ces années des
lectrices et des lecteurs découpaient
et classaient toutes mes chroniques et parfois je les
dédicaçais.
Dans ma famille depuis 1859 nous
lisons ce journal républicain.
Lorsque j’étais gamin
j’écrivais déjà en gardant les vaches. A
l’école j’aimais bien la Rédaction et l’Histoire de
France.
Dès le Certif obtenu, à
l’âge de 14 ans, ceux des Monts du Lyonnais
étaient les émigrés qui travaillaient en ville.
Ainsi en 1955 je fus placé
comme commis épicier, nourri, logé et blanchi (notre
patronne devait nous laver
notre linge) au n° 247 rue Paul Bert à Lyon. Je faisais des
livraisons de vin
et d’épicerie avec un triporteur à pédales et je
servais les clients à
l’épicerie. C’était le temps où le charbonnier
poussait une carriole à bras, le
vitrier passait dans la rue, le Cep Vermeil livrait les caisses de vin
avec une
grande charrette tirée par un cheval percheron. Enfin toute une
époque, dans ce
quartier ouvrier dans la commune libre : Villette Paul-Bert.
A ce moment je me suis promis que plus
tard j’écrirai un livre sur
mon enfance à Haute-Rivoire, si pauvre et si riche.
Les dernières années que
j’étais artisan carreleur à Brignais j’économisais
52.000 francs et c’est ainsi que je publiai en 1998 mon premier livre
« mon enfance à Haute-Rivoire 1941-1955 ».
Le Progrès me surnommait
le Passeur de Mémoire et je dédicaçais mon livre
chez Decitre Place Bellecour à
Lyon. Je passais à la télé à TLM dans
l’émission Vie de Quartiers.
Je recevais une centaine de lettres et
les gens me demandaient de
continuer à écrire. Je répondais
« d’accord si financièrement je
retombe sur mes pattes ».
Ce qui fut fait et c’est ainsi qu’au
fil du temps j’écrivais et
publiais 11 livres.
Il est vrai qu’une cinquantaine
d’années plus tôt cet odieux
individu avait assassiné à Courzieu, les Haies, Sain Bel,
Tassin la Demi-Lune,
et à Joux : en tout cinq crimes rien que dans le
département du Rhône. La
peur de ce loup-garou était restée tenace.
Au début des années 2000
je décidais de me lancer dans de nombreuses
recherches et sans m’en rendre compte, pour exorciser ma peur d’enfant
je
me suis sans doute mis dans la peau d’un
inspecteur de police…………et je n’ai pas lâché Vacher.
Aux Archives départementales du
Rhône et surtout aux Archives
départementales de l’Ain j’ai épluché
minutieusement le remarquable dossier de
Cour d’Assises sur ce tueur en séries, qui avait sévi
dans toute la France.
J’ai consulté tous les journaux
de l’époque, en me rendant sur les
lieux de plusieurs crimes, en passant par la mémoire collective,
j’ai retrouvé
des descendants des victimes et des descendants des innocents que l’on
jeta en
prison.
Alors qu’on attribuait à Vacher
une centaine de crimes, avec certitude
j’en répertoriais 53 ainsi qu’une cinquantaine de viols et de
tentatives
d’assassinats dans toute la France.
Vacher a été
guillotiné, à Bourg en Bresse, le 31 décembre
1898 : il n’avait que 29 ans.
Vacher est le plus grand tueur en
séries des deux derniers siècles
en France.
J’ai fait toutes ces recherches et
j’ai écrit ce livre à la mémoire
des victimes et de tous les innocents que l’on mit en prison.
Lorsque qu’en 1997 je fis des recherches
historiques pour écrire mon
1er livre « mon enfance à
Haute-Rivoire », à la
Diana à Monbrison je trouvais l’existence d’un prieuré
cistercien à Thorenche à
Haute-Rivoire et il était écrit que début 1800 on
en voyait encore les ruines.
Thorenche est situé juste au-dessus d’où je gardais les
vaches.
Quelle surprise !
Je poursuivais mes recherches aux
Archives départementales du Rhône,
où je trouvais un magnifique terrier en peau de veau, de 306
parchemins. Ce
terrier datait de 1448.
Comme c’était du latin juridique
je le fis transcrire par mon
paléographe.
Ce qui me permit d’apprendre beaucoup de
choses sur Haute-Rivoire.
Comme ce prieuré de moines
cisterciens dépendait de Mazan en
Vivarais, je me rendais sur place, ainsi qu’aux Archives
départementales de
l’Ardèche à Privas……..où je trouvais beaucoup de
faits de l’histoire de
Haute-Rivoire.
J’ai appris à bien aimer ces
moines cisterciens car ils aidaient les
paysans et les pauvres.
Il ne reste pas grand-chose de ce
prieuré qui avait été vendu comme
bien national et les gens se sont servis de ce patrimoine comme dans
une
carrière (comme à beaucoup
d’endroits en
France).
En effet en parcourant les environs
j’ai retrouvé des fermes et des
habitations construites avec les matériaux de ce prieuré
(grenier à sel,
chapelle etc..).
9/
Regards du Pilat :
Décidément
pluridisciplinaire, vous avez
ouvert, à Haute Rivoire, en 2003 le Musée Rémi
Cuisinier. Comment se présentent
vos collections et quelles sont vos objets de prédilection ?
A Lyon-Villeurbanne place Rivière
tous les dimanches matins il y
avait le marché aux puces. En 1957 (j’avais 16 ans) je m’y
rendais et avec mes
modestes moyens financiers, j’achetais des objets et ustensiles avant
qu’ils
n’existent plus. Au fil du temps je continuais à parcourir les
puces et les
brocantes, pour faire un musée dans le sous-sol de ma maison
à Brignais, pour
mes enfants et petits-enfants.
Lorsqu’en 1998, j’appris que la plus
vieille maison (aussi la plus
sale) du bourg de Haute-Rivoire, allait être démolie pour
faire un parking,
j’allais trouver le Maire (un copain d’enfance). Il me dit que cette
maison
sans eau et sans électricité était à vendre
depuis très longtemps et personne
n’en voulait. Je lui dis que je voulais la sauver et en faire un
musée. La
municipalité leva le droit de préemption et avec mes
économies j’achetais cette
vieille maison.
Pendant quelques années
j’économisais et sans aucune subvention, je
la faisais rénover par les artisans locaux.
C’est ainsi qu’en 2003 pour la foire du
dernier samedi d’avril
j’ouvrais mon musée dont l’entrée était gratuite
(c’est toujours le cas en
2015).
Au rez de chaussée j’ai
reconstitué une pièce comme en 1903 et à
l’étage c’est le musée de tout ce qui concerne la terre
nourricière.
J’ai plus d’un millier d’objets,
d’outils et d’ustensiles.
Ce que je préfère ce sont
tous les paniers, une faux à arçon datant
d’avant 1789, une caisse à outils d’un coiffeur-barbier ambulant
qui parcourait
les Monts du Lyonnais il y a plus de 100 ans, un fourneau datant de
1903, un
creuseu (lampe à huile) : la même que du temps des
gaulois………..et aussi
une belle Fanny pour les boulistes etc………..
Depuis 1941 que je suis né, on a
inventé beaucoup de choses, mais à
mon humble avis on en a perdu beaucoup plus.
En montrant aux
générations futures la vie de nos ancêtres,
j’espère
avoir fait mon devoir.
10/
Regards du Pilat : Rémi, nous
vous remercions chaleureusement de vous êtes prêté
à cet
entretien-interview pour Les Regards du
Pilat, et pour conclure ;
pourriez-vous nous parler de vos projets pour les années
à venir ?
Je viens de sortir mon 11ème
livre : « Brignais
des Gaulois à nos jours » qui est le fruit d’une
cinquantaine d’années de
recherches.
Je suis aussi membre de l’Association
« Les Amis du Vieux
Brignais » et en 2012 j’ai consacré l’année
entière pour les aider à
solutionner l’origine des 247 rues, places ou chemins et à
écrire un
livre : « Brignais au fil des rues et des
chemins ». Il y a
encore du pain sur la planche pour préserver un maximum de
patrimoine.
Le socle de notre
société étant la famille, je consacre, dans
la mesure du possible, un peu de temps à mes 4 enfants, 9
petits-enfants et mon
arrière-petit-fils. Et puis surtout
tant
que je pourrais, je jardinerais et je m’occuperais de mes poules et de
mes
lapins.
Je vais continuer à faire des
causeries, à ouvrir mon musée et à
tâcher moyen de transmettre la mémoire pour les
générations futures.
Je pense continuer à faire mon
devoir avec passion et humilité.
Cet entretien a été pour
moi un plaisir et je rends un hommage
sincère, en tirant un grand coup de chapeau, aux chercheurs de
« Regards
du Pilat » qui s’intéressent passionnément au
Patrimoine et à l’Histoire
du Pilat.
Et j’adresse un clin d’œil particulier
et amical à Thierry Rollat.
A la revoyure
Rémi
Cuisinier écrivain autodidacte surnommé par la presse
« Le passeur de
Mémoire » remi.cuisinier@wanadoo.fr