MAI 2012



Sacré Graal ou la question d’une évangélisation


Par Rémy Robert


<RETOUR AU SOMMAIRE DE LA GRANDE AFFAIRE>




Bien difficile d’aborder la question du Graal en 2012 avec deux pieds sur terre et la tête dans le Pilat. C’est pourtant le travail auquel j’ai tenté de m’attacher ou plutôt le mythe duquel j’ai essayé de me détacher.

Oublier…

Oublier le « Da Vinci code », Marie Madeleine maternant, la Provence terre d’asile, Polycarpe et son beau jumeau d’Adonis qui finalement ont peut-être extrait toute la substantifique moelle.

Mais en fait qu’est ce que le Graal ? Ce terme devenu si populaire reste finalement bien mystérieux.

Richard Wagner dans son « Parsifal scène 1 » nous dit : »dire le Graal est vain, vers lui ne s’ouvre aucun sentier et nul ne peut trouver la route qu’il n’ait lui-même dirigé son chemin ».

Nous voilà déjà dans des chemins brumeux en cette Année 2012 où certains nous annoncent l’apocalypse.

Faut-il donc rebrousser chemin pour retrouver le Graal ?





Le littéraire nous apprend que ce nom en tant qu’objet légendaire apparait pour la première fois dans  le Roman de « Perceval ou le conte du Graal » de Chrétien de Troyes* écrit vers 1181. Il est alors l’équivalent du chaudron d’abondance du dieu druite celtique le Dagda.

*Chestien de troyes ou cestien le goï, juif converti tel Salomon de Troyes (Rachi) ?

Déjà Arthur est associé au  livre de Taliesin au Xe siècle mais c’est pourtant bien dans « Girart de Roussillon » vers 1150 qu’on semble trouver la première mention littéraire du mot Graal sous la forme provençale « grazal » dans la version poitevine de la chanson de geste.  Il repésente un plateau pouvant contenir une boisson ou une nourriture.

Il est dès lors à noter qu’Arthur signifie roi des ours et que le nom Roussillon viendrait de russéolus issu de Ursus en latin signifiant Ours.

Ce parallèle nous rapproche du Pilat et indirectement d’une autre famille de Roussillon, si puissante en son temps dans le Jarez, vouant un culte à Marie –Madeleine, intervenant dans les croisades et fondateurs de la chartreuse de Sainte-croix-en-Jarez véritable écrin de merveilleux dans notre beau Pilat.

Le Graal devient bien vite la coupe sacrée dans laquelle Jésus avait bu lors de la Cène. Objet mythique par excellence, il n’a pourtant jamais été considéré comme une relique par l’Eglise et pourtant chaque dimanche c’est la même parabole eucharistique.

Objet  vénéré, thème universel, il a pris de nombreuses formes : plat d’argent portant une tête coupée, pierre du paradis, poisson, colombe ou livre secret, lumière, personnage de Marie-Madeleine et sa descendance…

Il reste souvent le « contenant » signifiant qu’il y a un contenu. Il est pour l’essentiel le vase sacré ayant recueilli le sang du Christ sur la croix et fut  offert à Joseph d'Arimathie en récompense de ses services.

Joseph d'Arimathie aurait conservé « l’urne ». Disciple discret du Christ, c’est lui qui selon l’évangile de Mathieu, demande à Ponce Pilate de pouvoir récupérer le corps de Jésus . La précieuse relique a fait, au moyen-âge, l’objet de spéculations mystiques. Dans le cadre d’une légende embarrassante pour l’Eglise puisque issue d’un évangile apocryphe à savoir celui de Nicodème.

Mais laissez-moi divaguer un peu !





Sortons du mystique tout en restant dans le spirituel, et nous voici, d’un bond, près de 2000 ans en arrière pour accueillir sur les côtes de Provence quelques rescapés d’une secte juive dont le guide a disparu mais son « esprit » si puissant est resté bien tenace. Le contenant s’est « envolé » mais le contenu, les idées, la parole reste bien ancrée dans ces gens.

L’évangélisation de la Gaule ne commencerait-elle pas alors à ce moment?

Quoi de plus naturel alors que de rejoindre Arles, Nîmes, suivre le Rhône jusqu’à Vienne pour aller sermoner le fameux Ponce Pilate dans un esprit revanchard ou pire dans le pardon chrétien.

Puis se diriger vers Lyon, déjà colonie romaine à cette époque. Chacun ayant vocation de convertir, de prêcher la bonne parole.

Certains poursuivant leur route suivant des voies commerciales déjà anciennes et voilà Joseph d'Arimathie en Angleterre.

D’autres trouvant dans la région de la future Capitale des Gaules un terreau bien fertile lié au melting pot (terme anglais qui au passage signifie « creuset ») d’un empire colonisateur, d’un peuple Gaulois bouleversé dans ses convictions et pourquoi pas jusqu’à convertir les ouvriers d’un aqueduc romain en construction dans notre beau pays du Gier. Ouvriers qui à leur tour emporteront leur parole.

Pensée un peu folle me direz-vous ?

Mais finalement cette fiction n’en vaut-t-elle pas d’autres ? N’est-ce pas avant tout une pensée qui venue du Christ a certainement, un jour, débarqué sur nos côtes  et a amorcé l’évangélisation de la Gaule dans une transformation profonde de la vie spirituelle des peuples. Dans un climat favorable à une révolution religieuse.

Si cela avait été triomphal l’Histoire nous l’aurait enseigné. On imagine alors une progression lente et laborieuse mais tenace et inflexible.

Ainsi la lettre d’Eusèbe de Césarée dans son « histoire écclésiastique » témoigne des martyrs chrétiens de Lyon sous Marc-Aurèle en 177 dont la fameuse Sainte-Blandine subissant mille tortures avant de céder sous le glaive.

La force d’une idée reste fortement dépendante de sa légitimation et de ses modes d’organisation.

Mais quel tour de force que d’évangéliser un Empire Romain et imaginons une dernière fois ces disciples du christ n’ayant pour seul but de pourchasser un Ponce Pilate fraichement installé à Vienne, au pied de notre Pilat, pour y couler une douce retraite. Puis, finalement christianisant la région.

Cela vaut bien un conte mythique ou un roman à succès, non ?


<RETOUR AU SOMMAIRE DE LA GRANDE AFFAIRE>