Évidemment, nous n'étudierons pas ici le mystère de Rennes-le-Château dans sa globalité, mais simplement et sans prétention exagérée, nous nous attarderons sur un détail curieux de l'affaire. Revenons pour commencer, aux faits déterminants qui font depuis des décennies couler beaucoup d'encre. Bérenger Saunière est nommé curé de Rennes-le-Château en 1885. Il a 39 ans, lorsqu'il commence à dépenser sans compter, ceci à partir de 1891 date où il se lance notamment dans des rénovations, certes nécessiteuses, mais indiscutablement luxueuses. Il fera rapidement construire à ses frais une villa bourgeoise des plus magnifiques, la villa Béthanie ; offrira des banquets à ses concitoyens à la manière d'un seigneur du moyen âge et comblera aussi ces derniers de nombreux et somptueux cadeaux ; il fera également construire une route et acheminer l'eau au village. Il sera encore l'instigateur de la réalisation d'une tour extravagante, ceci toute proportion gardée pour un simple curé d'un petit village de deux cents âmes perdues au beau milieu du Razès dans l'Aude ; cette dernière prendra le nom devenu maintenant célèbre de "Tour Magdala". Ce n'est là qu'un aperçu des dépenses exceptionnelles de ce petit prêtre de campagne de la fin du dix neuvième siècle, en tous les cas, sa trésorerie dépassera très très largement ce que sa modeste solde de religieux lui  permettrait à elle seule. Nous pourrions continuer d'ajouter les exemples avec le décor intérieur magnifique dont il dotera son église, ainsi qu'une grotte érigée à proximité de la propriété qu'il occupait. Le grand mystère dans cette affaire, qui perdure toujours cent ans plus tard, réside dans le fait que personne n'est en mesure d'expliquer ou d'affirmer avec certitude la vraie provenance de ces ressources extraordinaires. Bérenger Saunière sera au bout du compte condamné pour trafic de messes, mais cette raison officielle, en tous les cas avancée par l'Eglise, ne contentera jamais la curiosité de milliers de chercheurs plus ou moins aguerris, mais toujours plus nombreux à s'intéresser à l'affaire. Depuis moins de dix ans, on évoque de plus en plus sérieusement une piste qui mentionne le passage de Bérenger Saunière dans le Pilat, peut-être au cours d'une minutieuse enquête qui l'aurait conduit sur les pistes de grands secrets historiques, liés à des généalogies inconnues et des mystères évangéliques. Nous ne détaillerons pas plus ici le développement de ces thèses. Nous préciserons qu'elles englobent entre autres un détail, peut-être clef, à savoir la curieuse ressemblance entre la Tour Magdala et la tour du Château de Virieu de Pélussin. Ceci aurait valeur de début de preuve du passage du religieux en Pilat, car ce dernier reste somme toute hypothétique ! Pour avoir observé sur place les deux tours, on peut aisément rejoindre le point de vue qui vise à s'interroger sur cette étrange similitude ; particulièrement en ce qui concerne la partie supérieure des deux tours, qu'une facile, mais peut-être trop superficielle réflexion nous incite à nommer jumelle. Cela nous pousse donc à développer quelque peu l’histoire de ce château. Il pourrait tenir son nom d’un personnage romain nommé Virius, qui aurait vécu à Vienne et aurait décidé un beau jour de construire une villa, la Villa Viriaca, sur l’emplacement du futur château-fort de Virieu. Ce dernier, bâti par les seigneurs de Saint-Chamond, comprenait un puissant donjon avec des fossés. Il était entouré par une enceinte protégeant complètement le bourg ; l’emplacement d’une porte ogivale, proche de la vieille halle, peut encore s’observer. Conçu pour une défense optimum, ce château était réputé imprenable. On retrouve des écrits mentionnant le château de Virieu, seulement à partir du douzième siècle, lorsque les Contes du Forez l’ont vendu aux Lavieu, dès leur arrivée dans le Jarez. Comme cela était souvent le cas, il changea fréquemment de mains au cours des siècles suivants. Il finit d’avoir un rôle militaire en 1592, précisément à la mort du  seigneur François de Fay. Auparavant, son père, Jean de Fay, avait commencé à faire quelques modifications qui visaient à transformer le château en grande demeure, presque de plaisance, d’un style renaissance, avec quatre tours aux toits pointus. Pourtant les seigneurs, malgré cette rénovation, vont rapidement lui préférer leur château de Chavanay à huit kilomètres de là. De 1760 à 1791, le château servit de collège pour les enfants de famille bourgeoise. En 1805, le quartier de Virieu était toujours entouré de remparts vétustes ; on décida alors de combler les fossés. A la fin du dix neuvième siècle, les tours tomberont elles aussi en ruines, mais deux d’entre-elles furent reconstruites, tel que nous les connaissons aujourd’hui. Ce point de détail à son importance, car s’il y a un infime, mais sérieux rapprochement à faire entre une des tours du château de Virieu et la tour Magdala, ce ne peut être qu’en raison, bien sur de leur ressemblance mais aussi de leurs dates de construction, qui à moins de dix ans près sont les mêmes ; Virieu devançant l’extravagante réalisation de l’abbé Saunière. Ce dernier a- t-il été influencé simplement par goût par la tour du Pilat, ou version plus alléchante encore, pour nous laisser un message posthume sur l'importance du Pilat ou de Pélussin dans les recherches qu'il menait alors ? Répondre à ces questions, serait définitivement accepter le fait que le religieux ait au moins réalisé une expédition dans les proches environs de Pélussin, observant pour cette occasion, pourquoi pas la rénovation et reconstruction de la tour de Virieu, précisément celle que nous pouvons toujours observer aujourd'hui... A vous maintenant de vous faire votre avis, nous avons photographié ces deux éléments en question, en gardant tout de même à l'esprit le vieux proverbe qui nous rappelle que "comparaison n'est pas  raison". D'autres indices rapprochent pourtant le Pilat ou la région lyonnaise de l'affaire de Rennes-le-Château, mais cette enquête minutieuse est en cours et mérite un approfondissement des plus sérieux.

Thierry Rollat