AVRIL 2022
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JEAN-CLAUDE LITAUDON |
SOUTERRAIN DE SAINT-PAUL-EN-JAREZ ![]() « Comme
le disait récemment
Monsieur Michel Farat de Saint-Paul, « je ne me souviens pas
du jour, mais
c’était forcément un mercredi matin…. puisque ce
jour-là il n’y a pas
d’école ! ». Personnellement,
j’avais entendu
un jour quelqu’un parler d’un souterrain ou d’une citerne sous
l’école de
Saint-Paul-en-Jarez, mais je ne sais plus qui, ni quand ! Mais
c’était
suffisant pour éveiller mon intérêt pour moi qui
m’intéresse aux problèmes
hydrauliques d’hier et même surtout d’avant-hier…
Les
Romains auraient-ils sévi à
cet endroit ? Que diable, il faut voir ça ! Je
repris donc contact avec
Monsieur Michel Farat en lui demandant s’il pensait que la visite de ce
souterrain serait possible ; bien entendu
l’intéressé prit contact avec la
mairie de Saint-Paul, l’école fut prévenue de futurs
visiteurs dans ses murs et
en remerciant encore les services municipaux de Saint-Paul qui purent
procéder
à l’ouverture et à l’installation d’une échelle,
la visite put avoir lieu. Nou
eûmes donc aussi à cette
occasion l’information, que c’était en 2014 qu’avait eu lieu
l’agrandissement
de l’école et que la découverte du souterrain fut
signalée une nouvelle fois,
la première ayant eu lieu par l’ancien directeur de
l’école vers les années
1960 parait-il.
Une petite équipe de Forez-Jarez
et quelques invités procédèrent donc avec bottes
et lampes à la découverte de
cet ouvrage dont l’usage reste encore aujourd’hui énigmatique. N’étant
pas chargé
personnellement d’opération archéologique à cette
occasion, ce ne fut donc
qu’une simple visite ; contrairement à l’habitude où
dans des conduits
étroits, type aqueduc romain, on me laisse
généralement passer en tête, à cause
des araignées, chauve-souris et autres surprises plus ou moins
agréables, les
dimensions du conduit permirent à tous mes amis présents
ce jour-là de passer
en tête, mais, comme à l’habitude cette fois, je restai le
dernier pour noter
un certain nombre de mesures et de détails qui me parurent
intéressants, chose
possible quand il y a moins de monde. Ce qui
nous sembla surprenant dès
le début de la découverte, et donc au bas de
l’échelle d’accès d’une hauteur de
trois mètres à peu près, ce fut d’apercevoir dans
la galerie d’un conduit
unique, au bout de quelques mètres un Y correspondant à
un autre conduit
partant sur la droite.
Mais
voici quelques-unes des mesures
prises ce jour-là à l’aide d’un
télémètre laser portatif ! La
longueur de la galerie A (conduit
principal unique est de 12 mètres. La galerie B, qui est sur
notre gauche,
mesure environ 5 mètres de long , et la galerie C, celle droite
donc est d’un
peu plus de 7 mètres/7,50 mètres. A la séparation
des deux conduits, on voit un
véritable « pilier » magnifiquement
taillé. Il m’a
semblé possible, en raison
d’un peu d’eau au sol, qu’il y ait une pente très minime en
direction de
l’accès. La hauteur prise dans une des galeries est d’environ
deux
mètres ; elle a semblé plus haute au début
près de l’échelle. Sur la
partie correspondant à la
galerie A, nous avons pu observer quelques petites
« niches »,
correspondant probablement à l’emplacement de lampes
nécessaires à cette
hauteur, de façon à ce que les ouvriers aient les mains
et les bras libres. Au
fond d’une des galeries, subsistent plusieurs trous de mines. Ce qui est remarquable aussi, ce sont les
traces des coups de pics et de pointerolles, sur les murs et sur la
voûte de
chacune des galeries ! Baptiser
citerne la chose, se
heurte me semble-t-il à plusieurs raisons ; si un puisage
peut toujours
s’effectuer à base de tuyau et/ou de seau, son remplissage, sans
apport d’eau
de l’extérieur, tel que ruisseau ou autre semble surprenant, et
ne tenir compte
que des eaux pluviales, remplir un tel volume semble impossible.
Bibliographie si
fonction
hydraulique : Les
Qanats d’abord ;
ce sont des ouvrages souterrains destinés à amener l’eau
par un conduit
souterrain pour un usage personnel le plus souvent, mais pas seulement
bien
sûr ; creusé à partir d’un
« puits-mère », pour trouver une
source, une rivière ; de là un canal, creusé,
maçonné ou non, surmonté de
nombreux regards de visite, se dirige par
gravitation à sa destination. De nombreux qanats (foggaras,
khettaras, karez,
quel que soit leur nom dans différentes régions du monde,
Afrique et Asie
surtout), subsistent encore, et sur plusieurs dizaines de
kilomètres parfois. Lire
sur le sujet : -
Pierre Briant « Irrigation et drainage dans
l’antiquité… » ;
annales de l’histoire des sciences sociales, vol 57, N°3.- Henri
Goblot
« Qanats ; Dans une technique d’acquisition de
l’eau », EHESS,
1979. Les
Mines d’eau : C’est un
terme particulièrement utilisé dans le Sud de la France
et qui consiste, à une
échelle généralement beaucoup plus petite que les
qanats, à amener l’eau de la
même façon à destination toujours par gravitation.
(le Groupe archéologique
Forez-Jarez a eu le plaisir voici 4/5 ans d’accueillir Vincent Meyer,
chercheur
au CNRS, spécialiste des mines d’eau pour une conférence
sur le sujet. La
destination de ce souterrain,
si ce n’était pas pour une citerne comme dit
précédemment, reste donc
impossible à déterminer. Cache, entrepôt,
autre ? Mystère. Admirons quand
même le travail ! ![]() ![]() |