LES REGARDS DU PILAT ET L'ÉNIGME DE TRÈVES
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Juin 2005

Des écrits laissés à la postérité

    Nous sommes bien conscients qu'une partie conséquente de nos internautes s'est procurée l'ouvrage 'le Vieux Secret'. Nous profitons d'ailleurs de ces lignes pour vivement les remercier de leur confiance, sachant que nous avons eu jusque là en retour suffisamment de courriers positifs pour être pleinement convaincus de l'enthousiasme que le livre a suscité chez eux. Néanmoins pour une juste compréhension du mystère,  au centre de cette nouvelle rubrique, 'les Regards du Pilat et l'énigme de Trèves', pour laquelle nous développerons entre autres les dernières avancées et découvertes, mais aussi pour tenir compte de tous ceux qui n'ont pas encore pris connaissance de ces passionnantes investigations autour du souterrain de Trèves, nous nous devions de tout reprendre au début.

    La mémoire collective trivienne, héritière d'un précieux passé, celui du petit village de Trèves, commune nichée sur une colline au nord du Pilat et situé dans le département du Rhône, a conservé intacte, au fil des générations qui se sont succédées, la tenace légende du passage d'un souterrain, qui plus est d'une longueur significative et localisé sous le versant nord de son territoire. Les légendes de souterrains sont nombreuses, ceci du reste aux quatre coins de  France, aussi sommes nous restés prudents avant de nous aventurer plus avant, dans le contexte et l'environnement de celui-ci. Il n'y a pas de fumée sans feu penseront certains, mais quand nous aurons ajouté que Trèves n'a jamais eu sur son sol le moindre château médiéval, ni plus tard d'ailleurs, ceux de plaisance, nous pouvons demeuré vraiment interrogatif sur la véracité de la présence de ce souterrain. Pourtant patiemment nous avons assemblé un incroyable puzzle, où de précieux indices se sont amassés, permettant au final d'anéantir nos derniers doutes.

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    Il y a encore quelques mois et notamment lors de la publication du 'Vieux Secret' nous ne possédions qu'une seule trace écrite de l'existence de ce souterrain. En 1862, un religieux, l'abbé Chavannes, prêtre du village de Trèves depuis 1831, écrivit une notice de 134 pages, à connotation historique et descriptive, précisément sur ce petit village. Il réédita ce même ouvrage en 1871 en y ayant apporté quelques modifications. Rendons nous à la page 28 de cette seconde version et laissons la parole à l'écrivain : "au nord de la commune, dans le domaine de M.Bret, maire, existe un souterrain long de 1 Kilom. dans lequel on prétend que l'on cachait les objets précieux dans les jours de troubles".  Voilà une phrase peu banale, que nous pourrions remettre facilement en cause, si elle n'avait été écrite par un religieux du dix neuvième siècle, par définition au-dessus de tout soupçon quant au sérieux de ses écrits. L'abbé nous met immédiatement dans l'ambiance sur la teneur des éléments avancés dans sa brochure puisqu'en page 5, à la première phrase de cette notice il nous précise : "l'histoire du plus petit village offre toujours des mystères. Il n'est pas étonnant dès los qu'il s'en trouve dans celle de presque tous les pays du monde".

   L'abbé Chavannes est resté 49 ans prêtre de Trèves, jusqu'à son décès survenu en 1880. Il connaissait donc parfaitement ce dont il parlait. En page 129, il déclare en parlant de lui même "pendant ce long espace de temps, il s'est appliqué à perfectionner l'oeuvre de son prédécesseur par beaucoup de patience, d'instructions et de sacrifices. Aussi depuis la paroisse n'a cessé de progresser dans la voie des améliorations morales et matérielles. En effet, nous dirons, sans crainte d'être démentis, que nous lui devons l'initiative et le concours de tout ce qui a été créé et amélioré ici, que nous avons détaillé dans ce petit livre, et comme il est attesté par deux actes élogieux émanant du conseil municipal à l'unanimité, l'un dans sa séance légale du 10 mai 1850, l'autre également dans sa séance légale du 16 novembre 1862, ainsi que par d'autres témoignages d'honorables fonctionnaires publics de l'ordre civil et administratif, et que nous avons lus avec intérêt." On pourrait penser au premier abord que le religieux s'attribue des fleurs, peut-être gratuites ; mais ne nous y trompons pas.

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    C'est un homme reconnu et crédible qui s'exprime. D'abord reconnu par ses concitoyens, car ses fidèles sont de par sa vocation plus facilement rangés à sa cause. L'abbé Chavannes ne peut se permettre d'écrire des énormités, ni toutes autres bêtises avérées. Il nous renseigne bien malgré lui sur ce point en page 7, lorsqu'il écrit : "il faut bien que chacun ait sa part au banquet de la science, à présent que tout le monde sait lire". Par conséquent s'il avait avancé des éléments plus que discutables, et notamment pourquoi pas sur le souterrain, le discrédit aurait été immédiat, les villageois pouvant dès cette époque consulter et parcourir à leur guise son ouvrage. Nous avons bien à faire à un écrivain qui s'exprime directement devant des lecteurs attentifs, qui plus est de proximité, qui peuvent donc tout de suite vérifier ce qui est avancé. Dans un second temps crédible, bien sûr comme il le dit lui même parce que le conseil municipal a reconnu son travail, mais nous trouvons aussi un deuxième argument de poids à la page 129 toujours, à propos de sa notice : "le travail de M. l'abbé Chavannes soumis à une commission a valu à son auteur le titre de membre correspondant de la Société littéraire de Lyon".  On peut donc conclure à une reconnaissance départementale, celle d'une association regroupant ses pairs 'écrivains'.

   Lorsqu'il parle du souterrain, il s'exprime au présent avec 'existe'. Le religieux a par conséquent des éléments probants ou précis, qu'il ne porte pas en détail à notre connaissance. Il localise le souterrain 'au nord de la commune', là aussi on peut en déduire qu'il possède des informations visant à décrire plus ou moins un tracé à la galerie dérobée. Mieux il précise 'dans le domaine de M. Bret, maire'. En nommant cet homme qui exerce les plus hautes responsabilités communales, on peut être sur qu'il en a forcément parlé avec ce dernier et que celui-ci partage en partie les informations du religieux. Notons au passage que cet élément est très important car il renforce d'autant la crédibilité des écrits à propos du souterrain, et ce toujours devant le premier 'public' de l'abbé Chavannes : ses concitoyens. Dans sa notice de 1862, il indique "dans lequel on prétend que l'on cachait les objets précieux dans les jours d'épreuves" ; dans la seconde version celle de 1871, il reprend exactement la même portion de phrase en changeant simplement le dernier mot, épreuves devenant 'troubles'. Pour l'heure nous nous contenterons de constater cet état de faits, en soulignant quand même l'extrême curiosité, voire aberration de réaliser un si long boyau pour dissimuler le cas échéant les petites richesses de villageois, paysans dans leur écrasante majorité.

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La notice de l'abbé Chavannes demeurait jusqu'il y a peu, nous l'avons déjà précisé, la seule trace écrite de l'existence du souterrain. Maintenant grâce aux patientes recherches de Lionel Chevallier, un protagoniste très important dans le proche environnement de l'énigme, une seconde trace écrite a été portée à notre connaissance. Elle est antérieure de plus de 10 ans à celle du religieux, puisqu'elle est officiellement datée de 1850. Son auteur s'avère être le très respecté Théodore Ogier, avec sa France par cantons, d'une notoriété incontestée. Dans le petit livret de 125 pages consacré au Pilat, exactement aux cantons de Pélussin et Condrieu, on retrouve en page 103, dans le passage réservé à Trèves quelques lignes réservées au souterrain. Précisons tout de suite que ces informations concernant Trèves sont en fait forcément antérieur à 1849, ne serait-ce que d'une ou quelques années car à cette date Trèves fut créée en tant que commune, or dans les écrits de Théodore Ogier, Trèves demeure attachée à sa grande 'soeur', la voisine et même commune à l'époque, à savoir Longes.
CLOCHER DE L'EGLISE DU VILLAGE DE TREVES >>>>>>>>>>>

   Il nous est donc dit sur le souterrain : "au nord de Trèves, dans le domaine dit de la Bouchardière, appartenant à M.Bret, adjoint, existe un souterrain d'un kilomètre de long, dans lequel on prétend qu'on cachait les personnes et les objets précieux dans les jours d'épreuves".  Cette phrase a quelques ressemblances incontestables avec celles de notre abbé Chavannes, mais sur ce point il ne faut pas chercher très loin. En page 99, Théodore Ogier nous renseigne : "Comme nous nous plaisons à rendre un hommage éclatant aux talents et au zèle des personnes qui veulent bien nous prêter leur assistance dans la  tâche longue et pénible que nous avons entreprise, les habitants du hameau de Trèves ne verront pas d'un oeil indifférent les détails que nous donnons sur leur village, pour lesquels nous avons été puissamment renseignés par leur vénérable pasteur, M.Chavannes, et que nous plaisons à mettre au jour, parce qu'ils doivent les intéresser." Nous avons là, la preuve formelle que Théodore Ogier s'est appuyé sur le travail de notre abbé Chavannes, par conséquent, ces seconds écrits ont en fin de compte la même source, mais ils sont très intéressants.

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   Le domaine de M.Bret, nous est précisé, il s'agit du hameau disparu aujourd'hui lieu dit, 'la Bouchardière'. Nous constatons bien que M.Bret, n'est qu'adjoint, mais adjoint de la commune de Longes-Trèves, puisqu'il se trouve être le premier maire de la commune de Trèves en 1849. Les notes de l'abbé Chavannes remises à Théodore Ogier sont donc bien quelque peu antérieures à 1849. On nous précise cette fois-ci, qu'il y avait aussi 'les personnes' cachées à l'intérieur du souterrain. En 1862 et en 1871, elles ne figurent plus dans les écrits du religieux, nous pouvons peut-être en déduire que ce dernier a réellement éliminé cette éventualité. Nous constatons bien la présence du terme 'épreuves' comme dans la version de 1862, terme rappelons le devenu 'troubles' dans la version de 1871. Les autres mots demeurent complètement conformes aux écrits de l'abbé Chavannes. Théodore Ogier apporte une crédibilité supplémentaire à notre religieux trivien, lui ayant accordé sa confiance pour publier presque et même sûrement avec du mot pour mot ses notes. 'La France par Cantons' reste une référence du dix neuvième siècle ; les éléments retranscrits à l'intérieur de solides écrits.

    Nous avons pu nous rendre compte que ces écrits laissés à la postérité, ont directement contribué à sérieusement alimenter les croyances des générations successives de triviens et par la même ancrée solidement l'existence de ce souterrain présumé dans la mémoire collective des habitants de ce village. L'abbé Chavannes était en possession d'informations susceptibles de pouvoir le faire parler au présent et en étant affirmatif à propos de cette mystérieuse et très longue galerie dérobée : c'est incontestable au vu des précieux écrits qu'il nous a laissés.

   Thierry Rollat

   En octobre prochain, nous nous déplacerons sur 'Le versant Nord'

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