L'ÉNIGME DE TRÈVES
Février 2007

Théodore Ogier
et l’abbé Chavannes


Trèves et l'abbé Chavannes en 1860
(photo tirée de son ouvrage référence)

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1– Les personnes

   Lorsque Théodore Ogier, infatigable voyageur, sillonna au 19e siècle la France afin de recenser l’histoire de nos cantons, il passa tout naturellement par le Pilat. Ce fut peu avant l’année 1849 qu’il rencontra l’abbé Chavannes, prêtre de Trèves. Le courant passa merveilleusement bien entre l'historiographe et le vénérable pasteur grâce au zèle de certaines personnes ainsi que l’affirma Théodore Ogier en page 99 de son ouvrage :

« Comme nous nous plaisons à  rendre un hommage éclatant aux talents et au zèle des personnes qui veulent bien nous prêter leur assistance dans la tâche longue et pénible que nous avons entreprise, les habitants du hameau de Trèves ne verront pas d’un œil indifférent les détails que nous donnons de leur village, pour lesquels nous avons été puissamment renseignés par leur vénérable pasteur, M. Chavannes(…). »

   Théodore Ogier rapportant assurément le plus fidèlement possible les propos du vénérable pasteur, écrit en évoquant le domaine de M. Bret, maire de la commune, qu’il « existe  un souterrain d’un kilomètre de long, dans lequel on prétend qu’on cachait les personnes et les objets précieux dans les jours d’épreuves ».

   Ce texte publié en 1850, est révélateur de la véritable connivence existant entre ces deux hommes d’exception. Cette complicité se voit confirmée en 1862 par l’ouvrage du prêtre consacré à la connotation historique et descriptive du village de Trèves.

   Plus de 13 années se sont écoulées depuis la rencontre de l’historiographe et du pasteur. L’abbé Chavannes écrit dans son livre qu’il « existe un souterrain long de 1 kilom. dans lequel on prétend que l’on cachait des objets précieux dans les jours d’épreuves ».

   Durant ces 13 années l’abbé Chavannes à repensé le texte jadis narré à Th. Ogier. Peu avant 1849, le prêtre affirmait à l’historiographe que dans le souterrain l’on cachait les personnes. Curieusement  cette révélation n’apparaîtra pas dans le livre du prête et il n’y reviendra pas dans sa réédition de 1871. Thierry Rollat dans son article « Des écrits laissés à la postérité » en conclut : « Nous pouvons peut-être en déduire que ce dernier à réellement éliminé cette éventualité. »

   La question demeure, l’a-t-il fait parce qu’il avait à présent la ferme conviction que cette tradition était erronée ou bien tout simplement parce qu’il ne désirait pas orienter le lecteur qui risquerait peut-être d’affirmer avec trop d’assurance sa part au banquet ? Car, n’écrit-il pas en page 7 de son ouvrage : « Il faut bien que chacun ait sa part au banquet de la science, à présent que tout le monde sait lire ». Sa part, oui… mais avec toutes proportions gardées !

   N’a-t-il pas trop parlé, lui le religieux, lors de ses érudites rencontres avec Théodore Ogier ? Ce dernier évoque à deux reprises des personnes. Il y a celles que l’on cachait dans le souterrain. Qui est ce « on » et qui sont ces personnes ? Il y a aussi le zèle des personnes auquel il fait allusion ; personnes apparemment habilitées à lui prêter leur assistance. Une lecture trop rapide donnerait à penser que ces personnes zélées évoqueraient toutes celles qu’il rencontra tout au long de son périple mais la double présence du mot personnes permet d’envisager qu’il s’agit de personnes intimement liées à l’énigme de Trèves.

   Si une personne désigne un être physique, les dictionnaires Larousse d’ancien et de moyen français indiquent aussi un aspect religieux. Au Moyen Âge le mot « personne » avait les sens suivants : « Curé, recteur d’une paroisse » ou « Bénéficier ecclésiastique : Chanoines, chapelains, personnes, Moines nouviaus de toutes gonnes (Fauvel) ».

   Ces personnes ecclésiastiques de toutes gon(n)es (longue cotte ou robe) avaient dignité de person(n)age ou person(n)aige qui consistait en un bénéfice ecclésiastique. Cette dignité médiévale, apanage de ces personnes zélées (?), a pu subsister de façon plus que discrète tout au long des siècles. L’abbé Chavannes, ce vénérable pasteur, pourrait précisément en sa qualité d’ecclésiastique, apparaître comme le représentant de ces  personnes auxquelles Théodore Ogier rendait un hommage éclatant aux talents et au zèle qui les auréolaient. Quoique qualifiant l’hommage et donc au singulier, l’adjectif éclatant pourrait tout à fait si on lit entre les mots, s’appliquer aux talents. Auquel cas, ces talents ne seraient pas uniquement ceux auxquels nous pourrions penser en première lecture. La Bible nous parle des talents d’argent ou d’or, donc éclatants. Le talent en tant qu’ancien poids d’argent ou d’or représentait un poids de 35 kg de métal. Au temps du Christ, il s’agissait d’une monnaie de compte, correspondant à 60 mines, soit environ 6000 francs or ( « Dictionnaire de la Bible » d’André-Marie Gérard aux éd. R. Laffont, coll. Bouquins).

   Dans l’évangile de Matthieu au ch. 25, v. 14 à 30, Jésus raconte la parabole des talents. Un homme riche partant en voyage confie sa fortune à ses serviteurs. Il donne cinq talents à l’un, deux au second et un au troisième. À son retour il constate que le premier, qui avait fait fructifier les cinq talents, en gagna cinq autres, même chose pour le second qui en gagna deux autres. Le troisième par peur de son maître et aussi par méchanceté et par paresse alla cacher le talent dans un trou. Le maître reprocha à son serviteur de ne pas avoir placé son argent chez le banquier où il aurait produit un intérêt. Le talent fut retiré au serviteur indigne et donné à celui qui en avait à présent dix. Aux deux premiers serviteurs sera donné de participer à la Royauté messianique tandis que le troisième sera jeté dans les Ténèbres.
Une seconde parabole dérivée de ce même enseignement de Jésus, évoque non plus les talents mais les mines. Un homme de haute naissance s’en va dans un pays lointain recevoir la royauté. De retour, le nouveau roi convoque ses serviteurs. L’un d’eux se contenta de déposer la mine dans un linge pour des raisons identiques à celle du mauvais serviteur de la parabole des talents. Il apparaît que cette parabole annonçant la Royauté messianique, serait, ainsi que l’indique André-Marie Gérard, une « allusion probable à la démarche d’Archélaüs, le fils d’Hérode le Grand, qui se rendit à Rome en l’an 4 avant J.-C., pour se faire confirmer par Auguste le titre de roi de Judée tardivement accordé à son père. »

   Faut-il comprendre, après avoir évoqué ces deux paraboles que les personnes aux talents évoqués par Th. Ogier seraient les gardiens zélés au sens religieux du terme, d’un trésor aurifère ou non, lié à la Royauté d’Israël ?

  Dans ces deux paraboles complémentaires, le scénario se joue avec quatre personnes : trois serviteurs et un homme riche ou un Roi. Les personnes dont Th. Ogier rend hommage au zèle, sont-elles au nombre de quatre ? Faut-il y voir une référence aux Quatre Zélés ou Ailés de la tradition rosicrucienne ou angélique chère à l’ami Patrick Berlier ?

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2 – Les épreuves et les troubles

   En 1862 dans la première version de son livre, l’abbé Chavannes fait l’impasse sur ce mot de neuf lettres : « personnes », jadis soufflé à Th. Ogier mais jugé peut-être trop parlant en ce 19e siècle pour qui saurait convenablement l’interpréter. Dans cette première version, l’abbé reprendra le mot « épreuves » puis pour des raisons inconnues il le remplacera dans la seconde version en 1871 par le mot « troubles ». Que cache cette énigmatique transposition de mot ?

   Le mot « épreuves », tout comme le mot « personnes » comportait d’autres sens. Une « épreuve » ou « espreuve » ainsi que le révèle le dictionnaire Larousse de moyen français avait aussi le sens de « essai » ou de « moulage ». Le premier sens se rapporte à une expérimentation, tandis que le second évoque le fait de créer des reproductions. Faut-il envisager pour autant la contrefaçon ? Le moulage peut d’ailleurs se révéler être le résultat de l’expérimentation.

   Lorsqu’en 1871 l’abbé Chavannes supplante le mot « épreuves » par le mot « troubles », il ne change en rien le nombre de lettres car ils se composent l’un et l’autre de huit lettres. Ces deux mots révèlent en leur sein, le mot RUES.


Le pairle "triviale"

   Le vocable RUES s’il évoque les artères traversant nos cités, désigna aussi un village ou des chemins à travers champs. Existe-t-il sur la commune de Trèves, un lieu-dit ou une parcelle de terrain dite Les Rues ? Bien que ce nom ne figure, à priori, pas au cadastre,  il se révèle dans la symbolique trivienne des origines, au travers du nom même de la cité. En effet, TREVES a pour origine le latin TRIVIUM dont la signification est (notamment) : les « Trois Routes ». Une telle jonction apparaît tout à la fois comme un point « CRUCIAL » et « TRIVIALE » au sens étymologique du terme. Cette « trivialité » est parfaitement symbolisée par le PAIRLE héraldique homonyme de la PERLE. L’endroit où la route se bifurque est appelé en hébreu : AM ou ÈM : la « Mère », mot qui désigne également une cité-mère ou capitale. Le lieu est féminin, matriciel. Ce lieu-mère est symboliquement représenté par un cercle ou roue : le GALGAL. Or, RUE, apparaît aussi en ancien français, comme une variante de ROE, soit : la ROUE. Tel était le nom que l’on donnait au Moyen Âge aux Roses ou Rosaces de nos cathédrales. Et comment ne pas penser ici aux Trois Roues des cathédrales dont celles de Chartres… Le « tournoiement » du pairle héraldique à trois voies, fait apparaître, à grande vitesse, la ROUE, soit précisément : la « ROUE–SILLON »…

   Le vocable RUES commun aux deux mots  permet ensuite d’isoler les 8 lettres restantes : E P V E – T O B L(1).

(1) L’addition des nombres 22 (obtenu précédemment) et 14 (voir ci-après) révèle le nombre 36 (valeur secrète du nombre 8 : 1+2+3…+8 =36) : la « grande tétractys » des pythagoriciens, correspondant aux manifestations de Dieu. 36 fut aussi, à sa fondation, le nombre des Chevaliers de l’Ordre de Saint-Michel, reflet chrétien des 36 Justes de la tradition juive – les Lamed Vav – sans qui le monde, dit cette tradition, ne pourrait subsister.

   Deux anagrammes complémentaires vont se révéler. Bien que les mots BLÉ ou POT puissent être isolés, ce n’est qu’après avoir conféré au V, la valeur de U qu’il possède en latin, qu’apparaîtra le résultat. Le mot POT pourra ainsi être associé au mot féminin médiéval : BUE (buie, buye ou buhe – du francique buk : ventre) qui désignait une cruche. Restent les lettres L et E pouvant écrire le mot LÈ, l’une des formes médiévales du mot LAIT.

    BUE… POT LÈ : « La bue et le pot au lait » ?

    La bue, cruche à large (lé en anc. fr.) bord, permet de ramener l’eau de la fontaine. Le pot lè ou pot au lait rappelle le poème de Jean de La Fontaine : « Perrette et le pot au lait ». Le lait devient ici synonyme de richesse : « veau, vache, cochon, couvée… ». Dans l’Église primitive, l’eau et le lait faisaient partie intégrante de l’eucharistie ainsi que le révèle Louis Charbonneau-Lassay dans « LE BESTIAIRE DU CHRIST ». Cet auteur retranscrit ce rite exceptionnel de la Tradition Apostolique de saint Hippolythe  (martyrisé en 240) accepté en Grèce:

   “En plus du pain et du vin, du mélange de lait et de miel dont l’usage se constate en même temps dans beaucoup d’Églises, se rite faisait offrir et « eucharistier » une coupe d’eau. On présentait donc successivement aux communiants trois coupes : d’abord, après le pain consacré, la coupe d’eau, puis celle de lait et de miel, enfin celle de vin.”

   Le lait fut dans l’Église primitive, emblème de la Doctrine chrétienne et du Verbe, auteur de la Doctrine. L’origine de cet aspect symbolique du lait remonte à l’apôtre Paul (1 Corinthiens III. 2) qui compare la Doctrine qu’il a enseigné, à une nourriture et plus précisément au lait.

   Cette symbolique du lait avancée par l’apôtre permet de mieux comprendre la lecture blasonnée que fit Grasset d’Orcet (2) d’un écusson en rébus du portail central Notre-Dame de l’église de Mozac près de Riom, dans lequel se révélaient les mots « pô au let pierre » : un « pot au lait et une pierre », qu’il faut entendre suivant l’auteur : « Paul et Pierre ».

   Si pour Grasset d’Orcet, la complémentarité « pot au lait » et « pierre », évoque quelque mystère lié à ces deux apôtres, cette complémentarité va se retrouver dans l’anagramme   BUE POT LÈ. Le mot BUE, ainsi qu’indiqué plus haut, a une variante en BUIE. Or, ce mot signifie également « lien », « chaîne », ce qui nous ramène à Saint Pierre es liens… Pareillement, BUE peut aussi être phonétiquement associé à l’hébreu BU (prononcé BOU) et signifiant : « entrer ». Si POT LÈ est synonyme de Paul, BUE apparaît synonyme de Pierre qui est le Gardien des Clefs et donc « Celui qui fait entrer ». Tel serait semble-t-il le sens secret du poème de Jean de La Fontaine « Perrette (féminin de Pierre) et le Pot au lait ».

   Il convient de considérer pareillement, que le lait fut aussi, au Moyen-Âge, vu comme un symbole du Savoir, raison pour laquelle “certaines figures féminines de ce temps, personnifiant les sciences du Trivium (3) et du Quadrivium portent des « mamelles gonflées, toujours prêtes à verser leur savoir ».”

    Lorsque je fis part de ces réflexions à Patrick Berlier, il remarqua que dans les lettres EPVE et TOBL, en conférant au V la valeur de U, apparaissait : « l’anagramme de LOUP et BÊTE ». En partant du fait que RUES est aussi anagramme de SÛRE, Patrick émit l’hypothèse d’un lieu « offrant la sécurité », soit un « souterrain refuge », avant d’ajouter : « Les temps d’épreuves ou de troubles seraient-ils ceux d’une époque où Trèves était infesté de loups et autres bêtes sauvages, au point qu’il fut nécessaire de construire un souterrain refuge ? Et de quelle nature étaient réellement ces loups ? N’étaient-ils plutôt des bêtes à deux pâtes ? »

   Grasset d’Orcet dans le texte précité, décrypte un chapiteau de l’église de Mozac représentant deux griffons (deux loups ailés suivant l’auteur) de chaque côté d’un calice. Ce rébus se lirait, ainsi que l’explique avec arguments l’auteur : « Leuprenna Riom les Mozac ». Leuprenna ou Lupita (la Louve) fut suivant Bollandus, sœur de saint Germain qui fonda avec son neveu saint Romulus, un monastère dans l’île de Man. Derrière cette légende chrétienne se retrouve le mythe de Romulus et de Rémus (les Enfants de la Louve) allaités par Lupa ou Lupita.

   Suivant Grasset d’Orcet, les francs-maçons qui œuvrèrent à Mozac – et ailleurs… – appartenaient au parti des Lapithes ou Leupins derrière lesquels se cachent apparemment les Loups du Compagnonnage, ceux que l’on appelait les Estrangers (affiliés à l’ordre du Temple)et dont les rites étaient dit-on dès plus estranges. Des êtres-anges (4)  intervenaient dans les récits légendaires de ces Compagnons Tailleurs de pierre du Devoir de Liberté. Le Compagnon Raoul Vergez dans son livre admirable « les tours inachevées », évoque la blouse des « estrangers » qui sied notamment à l’Archange Michel représenté au Portail Saint-Étienne de la cathédrale de Bourges.

Grasset d’Orcet dans son analyse des 12 stations solaires du cycles de Mozac, associe le signe de la Balance (septembre-octobre) à la louve et aux héros solaires Leupen et Angélique… Soit une fois encore, l’Ange et le Loup !

(2) « Un saint national en Auvergne » réédité par e/dite dans le recueil « Chroniques & récits d’Auvergne » en 2002.

(3) Le Trivium et le Quadrivium évoqués ici par Charbonneau-Lassay, apparaissaient comme les subdivisions des sept arts libéraux comprenant la grammaire, la rhétorique et la logique (le trivium… Trèves) et l’arithmétique, la géométrie, la musique et l’astronomie (le quadrivium).

(4) Voir les récits légendaires de l’abbaye de la Trinité et du Précieux Sang de Fécamp qui porta jadis le nom de « Porte du Ciel »…

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   Loup/Bête

  Que cachent ce LOUP et cette BÊTE révélés par l’anagramme ? Christian Rollat dans son livre « L’Affaire Roussillon dans la tragédie Templière… » indique que le roi Philippe le Bel, évoquait en ces termes les Chevaliers du Temple : « les loups ravissants cachés sous des peaux de bêtes ». Oui les Chevaliers au blanc manteau étaient bien des LOUPS, les mystères templiers de la commune de Rezé dans le Pays Nantais le confirment et tout autant le fameux film « Le Pacte des Loups » . Dans ce long métrage relatant l’énigme historique de la Bête du Gévaudan, Christophe Gans, le metteur en scène, développe une vision toute symbolique de cette énigme. Une société secrète de type millénariste combat l’avancée du Protestantisme à la façon de la Sainte Inquisition combattant quelques siècles plus tôt l’ordre du Temple. Ch. Gans, insistant sur ce parallèle, nous montre lors de la grande battue visant à exterminer tous les loups (à quatre pattes), le loup blanc, trouver un instant refuge, dans les ruines de l’ancien couvent des Templiers en se hissant sur l’autel…

   Le LOUP, symbole de lumière trouve ici sa contrepartie négative dans ce que l’on nommait jadis la Bête Apocaly. Il est difficile d’affirmer la véritable nature de cette dualité dans l’énigme de Trèves. Il est par contre plus facile d’épiloguer sur l’enjeu de cette dualité que l’on peut estimer tout à la fois, d’ordre royale et trésoraire. André Douzet, dans son livre « Nouvelles lumières sur Rennes-le-Château – T. I (éd. Aquarius) » l’affirmait, dans le Pilat passe la Piste des Loups… les Mérovingiens ; piste que l’on retrouve non loin, à Saint-Genest-Malifaux… commune où se retrouve de façon voilé ce mystérieux « on » évoqué plus haut. Sur cette même commune se trouve la SCIE DE LA ROUE et plus bas encore, le Pays de la Rue avec la commune de Saint-Sauveur-en-Rue, malgré tout bien loin de Trèves.

   Le Loup, va apparaître dans cette affaire, tout comme à Rezé, comme le garant d’un trésor. Pour comprendre cet aspect, il faut ouvrir le livre à clefs de Claude Le Marguet : « Myrelingues la Brumeuse » dans lequel l’auteur évoque la découverte d’un trésor juif à Lyon (Myrelingues) par le Loup Zabulon. Pour découvrir « le veau d’or sous le fumier de Job », il faut tout d’abord découvrir la bonne maison.  L’auteur évoque les trésors des maisons des « Têtes de lion », de la « Tour Sainte-Catherine » et des « Bêtes »…

   Le « DIAMANT BLEU », telle est la pièce maîtresse du trésor, se retrouve dans le roman de Maurice Leblanc : « Arsène Lupin contre Herlock Sholmes » dont l’histoire se déroule en deux épisodes. Dans le premier, « La dame blonde », Lupin (le Loup…) s’intéresse de près au « diamant bleu », qui « faisait partie de la couronne royale de France ». Dans le second volet titré « la lampe juive », Lupin va s’emparer de cette mystérieuse lampe.

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   LOUP et ROUE des Trois Routes

   Claude Le Marguet a titré le chapitre XVI de son livre : « Tu tournes, ô Roue ! ». Ce chapitre, présente le juif Zabulon, dit Zabulon Trois, à l’instar de Michel de Notre-Dame, comme un familier de la Cour et un proche de Catherine de Médicis. Il rentre dans l’Histoire (suivant le roman), en l’an 1490. Petit enfant, il est découvert à Lyon, près d’une pile d’un pont, lors de la grande crue de la Saône, couché dans son berceau, tenant « une cuiller à la main ».

   ''Moïse'' Zabulon et sa famille, vivait à Trévoux. Dans le nom de cette cité se retrouve le thème des Trois Routes, déjà rencontré à Trèves, d’où l’hypothèse suivant laquelle, Trévoux  n’aurait été pour Claude Le Marguet, qu’un substitut visant à révéler tout en le cachant, le « Vieux Secret » cher à Thierry Rollat. En fin de chapitre, Zabulon Trois, l’homme-loup, nous est présenté « juché sur la roue de Fortune ». Sachant qu’un être couronné est traditionnellement placé au sommet de la roue de Fortune (lame X des Tarots) nous pourrions épiloguer sur la véritable nature de Zabulon Trois mais serions-nous toujours dans l’énigme exclusivement trivienne ?

   Dans le roman de Claude Le Marguet apparaît au cours d’une conversation très brumeuse, une phrase dès plus sibylline, ainsi formulée : « Oui, Rabelais et Notre-Dame pensent que les bises, neiges, qui autrefois ictaient du Pilate, et les brumes yssant des marais et paluds de Bresse, reviendront bientôt (…). »

   Les bises et neiges dont le retour est prophétisé, sont assurément porteuses d’un message ictant (5) du Pilate. La bise est un mot d’origine francique désignant le vent du nord ou le nord. Ce mot est également rapproché du latin aura bisa : « vent noir ». Une certaine dualité apparaît entre ce « vent noir » et la blanche neige…

   Curieusement, les mots « bises » et « neiges » sont porteurs d’anagrammes. Le premier mot va révéler le mot BISSE qui désignait une « bête sauvage ». Nous retrouvons le thème de la Bête. Le second mot va dévoiler le SIGNE E. Dans cette hypothèse, que cache ce SIGNE E ? Dans les évangiles, les Pharisiens et les Saducéens demandent à Jésus un signe. Jésus leur parle des signes du temps qu’il s’avent interpréter : ciel rouge feu ou bien rouge sombre (Matthieu ch. 16, v.1 à 4), nuage se levant au couchant, porteur de pluie ou vent du midi annonciateur de chaleur (Luc ch. 12, v. 54 à 59) mais ils sont incapables de reconnaître les signes des temps, ceux de la venue du Messie, soit Jésus et ses miracles.

   Zabulon Trois apparaît en mesure de comprendre les signes du Messie car il est présenté, précisément dans le chapitre consacré à la Roue, comme : « l’Annonciateur du Messie ». De signe, Jésus affirme aux Saducéens et aux Pharisiens que seul le Signe de Jonas leur sera donné. Il s’agit du Signe du Poisson ; poisson dans lequel le prophète resta trois jours et trois nuits, préfiguration de la mort de Jésus. Mais le Signe de Jonas ou Ionah, c’est en hébreu le Signe de la Colombe, symbole de l’Esprit.

   Certains auteurs ont évoqué l’Heure E ou Heure de l’Esprit. Il s’agit des Temps messianiques, soit pour certains exégètes l’ère du Verseau. Une ancienne inscription de Nantes liée précisément aux trésors d’Israël mettait en relief cette Heure E. Nous retrouvons ici les thèmes évoqués dans le précédent article… la lettre E ou lettre hébraïque Hé : l’Esprit.
Le Signe E, c’est aussi le « signe grandiose » de l’Apocalypse de Jean : la vision de la Femme (mère du Messie) et du Dragon. Cette Femme ayant sous ses pieds la barque lunaire, est environnée de 12 étoiles. Cette image n’est pas sans liens avec la Roue de Fortune telle qu’elle apparaît dans le Tarot d’Oswald Wirth.

   Les mots BISES et NEIGES sont aussi anagramme de BIEN(S) SIEGE(S). Il serait tentant de penser aux Biens de l’Église (…le Saint-Siège ) ? Bien qu’il semble y avoir ici un effet miroir déformant ; reste à savoir de quel côté du miroir se trouve le BIEN ou BIEN~TOT annoncé… ! Les biens ont tout d’abord désigné les qualités d’une personne, puis par la suite ses richesses. Le siège désignait à l’époque médiévale, le lieu où l’on s’établit, la place où l’on s’assied. Les biens sièges pourraient ainsi évoquer certaines richesses, placés en un lieu bien précis du Pilat. Ces deux mots peuvent se lire au singulier, auquel cas, les deux S restants pourraient avoir le sens qu’on leur donne dans la Franc-Maçonnerie : Sanctus Sanctorum, soit en français : « Saint des Saints ». Il est intéressant de noter que ces deux S de la F.M. peuvent en annoncer  un troisième, d’où une nouvelle lecture dont la plus probable est : Stellato Sedet Solio, soit : « Il siège étoilé sur son trône », phrase mystérieuse mais non sans rapport avec la Roue de Fortune ou le Signe grandiose.

   L’abbé Chavannes de Trèves était à n’en pas douter un initié en ce qui concerne le Vieux Secret mais ce secret aujourd’hui oublié peut-il en partie correspondre à tout ce qui vient d’être dit ?  Dans l’énigme du trésor juif de « Myrelingues la Brumeuse », la Main Droite et la Main Gauche ont une véritable importance. Bien que personnellement je n’irai pas jusqu’à mettre ma main au feu pour affirmer tout ce qui précède, j’ai envie de penser qu’il y a quelques vérités.

(5) « ictant » est anagramme de « citant »… citant du Pilate. Faut-il entendre que Ponce Pilate qui finit ses jours suivant la tradition, dans le Pilat, fut porteur d’un message ? Dans cette hypothèse, le message apporté jadis en Gaule, reviendra bientôt.

 

 Michel Barbot

 
Nous remercions Michel, pour ses remarquables développements.
En Juin prochain, dans cette rubrique qui vous passionne,
Patrick présentera le sujet suivant plutôt intrigant :

"Au hasard Balthazar !"
 
 

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