LUMIÈRE
MESSIANIQUE
SUR LE MARIAGE DE LA VIERGE
En 2008,
Patrick
Berlier présente dans les Regards du Pilat un article
titré : UN
BIEN CURIEUX VITRAIL À VÉRANNE. Ce curieux
vitrail de l’église de
Véranne représente le mariage de la Vierge. Sorti des
ateliers Mauvernay en
1877, ce vitrail ainsi que le note Patrick :
« (…) se remarque par la
présence de
plusieurs éléments rappelant la religion judaïque,
en particulier le chandelier
à sept branches, la Ménorah, détail peu courant
dans une église catholique. »
Le mariage de la Vierge
Vitrail de Mauvernay, église de
Véranne
Ces
éléments rappelant précisément
la religion judaïque et principalement le chandelier à sept
branches, peu
courant dans une église ainsi que le mentionne Patrick, semblent
cacher un message
considérable. Au sommet du vitrail, la blanche fleur aux six
pétales reformule le
Sceau de Salomon dit aussi Étoile de David. Cette
fleur/étoile argentée à six
branches apparaît au grand jour : par un effet du
vitrailliste elle semble
sortie d’une coquille brisée en deux, comme d’un écrin en
forme d’œuf/reliquaire
d’argent. Dans la tradition juive, un œuf dur était
présenté pour rappeler la
destruction du temple de Jérusalem… L’Étoile suivant le
Zohar, grand livre de
la tradition hébraïque, annonce la venue du Messie.
La fleur à six pétales semble
sortir d’une coquille d’œuf
brisée
Du Grand
Prêtre au Grand
Pontife
De
tradition, ainsi qu’indiqué
dans le Protévangile de Jacques, frère de Jésus,
ce fut le Grand Prêtre
Zacharie qui bénit l’union de Joseph et de Marie. Quelques
visionnaires contredisent
cette tradition affirmant que Zacharie était l’un des
Prêtres assistant le
Grand Prêtre.
Le verrier
Mauvernay, peut-être à
la demande de l’abbé TORGUE dont le nom apparait dans
l’écusson d’argent au bas
du vitrail, a représenté un Grand Prêtre dont la
tête couronnée semble par
perspective de superposition, prendre appui sur les deux Tables
de la
Loi, elles-mêmes en appui sur la Menora * ou chandelier
à sept branches.
* :
On utilise indifféremment les orthographes Ménorah ou
Menora, cette dernière
étant préférée des puristes.
Détail tête du Grand Prêtre –
Tables - Menora
Le Grand
Prêtre Zacharie dont le
nom hébreu Zékharia signifie « Dieu s’est
souvenu », prend appui
sur deux tablettes de pierre et un chandelier à sept branches,
soit : le
minéral associé à la lumière… une
lumière née du végétal, en l’occurrence
l’olivier (bois ayant servi à sculpter le chandelier).
Bien que le
Grand Prêtre apparaisse
ici comme le garant de la Tradition, il n’en reste pas moins que dans son
appui se glisse une erreur. Les Tables de la Loi ne sont
historiquement plus
présentes au temps de Zacharie dans la Lumière du Temple
de Jérusalem, seul
subsiste le chandelier. Le Grand Prêtre par sa seule
présence peut-il combler
sur un plan symbolique, cette carence ? Zacharie, époux
d’Élisabeth est le
père de Jean-Baptiste le dernier prophète de l’Ancienne
Alliance bien que
prophète du Nouveau Testament.
Jean dit le
Précurseur, que
d’aucuns ont voulu reconnaître comme étant le Maître
des Esséniens, eut quelques
disciples parmi lesquels émergeait Jean
l’Évangéliste qui devint l’un des 12
apôtres de Jésus. L’apôtre Jean dit le Postcurseur,
transmet dans le prologue
de son évangile le message messianique du Logos, de la
Lumière créatrice des
origines. Contrairement aux trois autres évangélistes
canoniques qui optent
pour un évangile de l’enfance en guise de prologue,
l’apôtre Jean
annonce d’emblée un Messie non plus enfermé dans la
matière mais incarnation de
la Lumière.
Les Tables
de la Loi sont muettes.
L’absence d’écriture sur les deux écritoires servant d’appui
à Zacharie
pourrait donner à penser que la Loi ancienne n’a plus lieu
d’être en tant que
telle. Une telle idée a été suivie bien qu’elle se
voie contredite par les
versets 17 et 18 du chapitre 5 de l’Évangile de Matthieu
où Jésus proclame :
« Ne pensez pas que je sois venu détruire
la Tora ou les inspirés. Je suis
venu non pas détruire, mais accomplir. Amén, oui, je vous
dis : tant que
les ciels et la terre ne seront pas passés, pas un yod, pas un
signe de la Tora
ne passera que tout n’advienne. » -
Traduction André Chouraqui.
Par ces
paroles, Jésus affirme la teneur de son ministère. Il est
venu non pour abolir
la Loi mais au contraire pour l’accomplir.
Le
Christianisme utilisera le terme « Nouvelle
Loi », comme il optera
pour un Ancien et un Nouveau Testament… Si le terme
« Nouvelle Loi »
n’est peut-être pas adéquat, il convient sans doute de le
retenir pour cette
étude.
La Menora,
ainsi que mentionné par Jean dans son Apocalypse fut
déplacée. Les soldats
Romains aux ordres de Titus, la conduisent à Rome où elle
restera jusqu’au jour
où les Wisigoths la déplacent en Gaule dans un territoire
que certains chercheurs
localisent dans le Razès. Maurice Leblanc quant à lui
dans son roman « La
Comtesse de Cagliostro » établit un
parallèle entre l’énigme du
chandelier à sept branches et les sept abbayes normandes du Pays
de Caux positionnées
au sol telles les sept étoiles de la Grande Ourse. Ces sept
abbayes furent érigées
à l’origine par les moines Celtes de saint Colomban à
l’emplacement d’anciens
mégalithes.
Arc de Titus à Rome : les soldats
Romains s’emparent de
la Menora
Le
chandelier à sept branches
devint très tôt, pour les Pères de l’Église,
un symbole christique. Le chandelier
symbolise tout à la fois, pour les Chrétiens, le Christ
mort sur la croix et
rayonnant sur le monde, ainsi que l’Église à la
tête de laquelle trône le
Christ ou Logos.
Le
déplacement de la Menora dans
la cité de Rome devient pour les premiers Chrétiens
symbolique de l’Église
naissante dans la cité de Rome.
Derrière
l’image du Grand Prêtre
apparait celle du premier Pontife Romain : l’apôtre Pierre,
le
« Prince des Apôtres »
considéré comme le « Moïse de la Nouvelle
Loi ». Ainsi n’est-il pas surprenant de trouver de rares
reproductions du Gardien
des clefs, représenté tenant une, voir deux Tables de
la Loi.
Qui dit
Rome, dit aussi le Vatican et son pape. L’apôtre Pierre apparait
de tradition
comme le premier Pontife – en Occident – de la nouvelle religion. Le
Christianisme
primitif va rayonner en Gaule depuis Rome. Les Scotti, moines Celtes
venus
d’Irlande vont eux aussi, à l’aube du Moyen Âge, essaimer
en Gaule pour y
diffuser un Christianisme teinté de Druidisme.
Le
contemporain et ami de saint Bernard, saint Malachie, un Scotti membre
de
l’Église Kuldéenne, est présenté comme
l’auteur de la fameuse Prophétie des
Papes. La liste blasonnée des pontifes romains fait place
à un ultime
pontife : Pierre Romain, le Grand Pontife de la tradition
prophétique.
Cherchez
l’erreur …
Historiquement
les Tables de la
Loi, qui avaient été placées à
l’intérieur de l’Arche d’Alliance, ne peuvent
trouver leur place dans le Second Temple ou Temple de Zorobabel. Le
coffre disparut
au moment de la destruction du Premier Temple. Ce furent semble-t-il
les
prêtres de Sanctuaire qui cachèrent le saint coffre en un
lieu que nul ne
connaissait…
Le verrier
a pris soin de
représenter le rideau du Temple. Il s’agit assurément du
rideau donnant accès
au Saint des Saints réservé à l’Arche d’Alliance.
L’absence du palladium de la
religion juive, donne à penser que le Saint des Saints
était vide. La présence
des Tables de la Loi à l’extérieur du lieu le plus
sacré du Temple le démontre.
La
représentation des deux tables
aux côtés de la Vierge, de Joseph et de Zacharie, trois
personnages clefs du
Christianisme, apparait comme un signe de piste.
Nous avons
insisté dans nos
précédents articles sur Ésaü/Édom, le
frère rival de Jacob/Israël. Ésaü
(hébreu
Éssav) ou Édom, apparaît dans la tradition
judaïque comme l’ancêtre de Rome. Cette
tradition reconnaîtra également dans la rivalité
Israël/Édom, la rivalité
Judaïsme/Christianisme mais un Christianisme Romain. Bien qu’il ne
faille
surtout pas confondre l’Église/Édom avec Amalek il faut
néanmoins reconnaître
que l’Église de Rome a une histoire très entachée
en ce qui concerne la
communauté juive.
…Trouvez
le +1 de l’usurpation
De quelle
façon l’Église/Édom
de Rome, telle que présentée par la
tradition juive, peut-elle trouver sa place dans le vitrail ? La
réponse
apparait, semble-t-il, avec la présence usurpée
des Tables de la Loi. Usurpée,
tout au moins si l’on se place dans une perspective judaïque.
Où
se trouvait l’Arche d’Alliance
à l’époque où Joseph prit Marie pour
épouse ? La réponse reste à ce jour
encore méconnue. Ce qui bien sûr ne veut pas dire que nul
ne la connaissait. Il
semble bien que les Neuf Premiers Templiers, quelques onze
siècles plus tard, détenaient
la réponse. Une tradition évoque la rencontre de Godefroy
de Bouillon avec le
Rabbi Rashi de Troyes. Nous ne connaissons pas la nature des propos
échangés
entre le chef de la première croisade et la mémoire
vivante du judaïsme.
Certains auteurs affirment que Chrétien de Troyes fut un Juif
converti au
Christianisme mais gardant peut-être au fond de lui-même sa
judaïté. Certains
auteurs aiment à penser qu’il ait pu rencontrer le Rabbi mais
ceci est
assurément impossible car ce n’est qu’en 1185, soit 80
années après la mort de
Rashi qu’il rédige, sans pouvoir l’achever en raison de son
décès, le Conte
du Graal que d’aucuns considèrent comme son testament… Une hypothèse intéressante est
évoquée
notamment par Clément
Weill
Raynal, ancien journaliste de France 3, dans un roman à
clefs : « LE TOMBEAU
DE RACHI »
(éditions du Cerf). L’auteur fait dire à les des
personnages de son livre :
« Chrétien
est un juif. Il peut briller à la cour avec sa double
érudition latine et
populaire, mais on lui a fait bien comprendre que son judaïsme
n’était pas trop
au goût du jour. (…) Or Chrétien n’a pas oublié sa
troisième culture,
l’hébraïque. Des rabbins de Troyes ont certainement
dû rester en contact avec
ce juif de cour qui peut s’avérer utile en cas de flambée
de violence.
Peut-être, dans l’urgence, ces vieux sages décident-ils de
lui confier un des
secrets qu’ils détiennent eux-mêmes de Rachi et qui ne
doit pas
disparaître. »
Apparait ensuite
l’hypothèse suivante :
« Comme
il est un brin facétieux, on peut imaginer qu’il va
écrire son secret en hébreu
en le codant en vieux français. Caché, quelque part, dans
le texte. Personne,
sauf quelques initiés, ne pourra s’y retrouver. Rachi, de son
vivant, avait
fait exactement l’inverse. Il écrivait des mots de vieux
français en caractère
hébraïque. Les fameux laazim, le Talmud en est
truffé. C’est d’ailleurs
la seule trace que l’on conserve de ces vocables. Grâce à
Rachi, les
médiévistes peuvent retrouver aujourd’hui la
prononciation exacte du français
du onzième siècle. »
Une
hypothèse bien établie
aujourd’hui, affirme que les Francs venus dans l’École de Rashi,
auraient
discouru sur le lieu tenu secret renfermant l’Arche d’Alliance. Si
Rashi
accepta de rencontrer et donc de communiquer… c’est donc qu’il pensait
que cet
ordre de moines chevaliers appelé à voir le jour à
Jérusalem, pourrait
récupérer, assurément pour un temps, l’Arche
d’Alliance.
Si l’on
s’en tient à la lecture
première du vitrail, les Tables de la Loi sont dans le Temple
l’année de la
bénédiction nuptiale de Joseph et de Marie. Ce qui bien
sûr est impossible.
Nous entrons ici dans ce qui apparait pour certains tenants du
Judaïsme, comme
le « +1 » d’Édom.
Évoquer Édom c’est bien sûr évoquer
Ésaü frère de Jacob. Mais c’est aussi évoquer
toute une symbolique hébraïque
liée à l’espace et au temps.
La
tradition juive s’appuyant sur
le Livre de la Genèse, insiste sur les deux nombres
associés à Édom. Il s’agit
des nombres 8 et 11 ou plus exactement : 7+1 et 10+1. Avant
d’expliciter
ces nombres, il convient de montrer en quoi ces nombres peuvent
s’appliquer ou
se retrouver dans le vitrail. L’idée du « +1 »
usurpé
dans le vitrail nous est proposée avec les Tables de la Loi qui
brillent par
leur présence, bien que raisonnablement absentes. Le nombre
associé aux Tables
de la Loi est bien sûr le nombre 10 du Décalogue, les 10
Commandements. Si l’on
ajoute le « +1 » usurpé au
nombre 10, on obtient le
nombre 11 d’Édom. Le second objet hautement symbolique
figuré dans le vitrail
est la Menora. Bien que le Chandelier à 7 branches soit
secrètement associé aux
nombres 5 (4+1) et 39, c’est bien le nombre symbolique des branches
qu’il
convient de retenir dans le présent cas. Si l’on ajoute
pareillement au nombre
7, le « +1 » usurpé
d’Édom, voici qu’apparait le nombre
8 d’Édom.
Le 8 et
le 11 ou l’au-dessus
de la nature
Ces deux
nombres associés,
traditionnellement reconnus comme étant ceux d’Édom, nous
parlent des 8 Rois et
des 11 Alouphim ou Gouverneurs d’Édom… avant même
qu’Israël ait un roi.
La liste
des 8 Rois précède dans
le Livre de la Genèse au chapitre 36, versets 31 à 39,
les 11 Alouphim (v. 40 à
43). La liste des rois présente plus justement 7+1 Rois. Il en
va de même pour
celle des Alouphim que le Rabbinat explicite en 10+1…
Toute une
lecture alchimique
développée par la Kabbale tourne autour des Rois
d’Édom. La tradition
ésotérique évoque aussi les 7 Rois d’Édom
comme les 7 Rois ayant vécu avant
Adam. La race adamique apparait dans ce cas comme la 8e race
ou 8e
Roi.
Viennent
ensuite les Alouphim
d’Édom au nombre de 11 ou 10+1. André Chouraqui dans son
commentaire de la
Genèse indique :
« alouphîms :
mot rare en dehors du contexte présent. Au singulier, l’alouph,
‘’ meneur ‘’,
est un bovin de qualité qui marche en tête du troupeau (Ps
144,14). On compare
les taureaux d’Édôm aux béliers de Moab (Ex 15,15).
Le terme doit aussi être
rapproché d’élèph, unité militaire d’un
millier d’hommes. »
Le 10e
Alouph de la liste
a pour nom Magdiel. Rashi de Troyes indique : « Magdiel
C’est
Rome. ». Cette affirmation est considérée
par les Rabbins comme très
importante. L’un d’entre eux le célèbre Maharal de Prague
– le Rabbi qui donna
vie au Golem - rédigea au XVIe siècle Le
Gour Aryeh (le jeune
lion), commentaire sur Rashi, dans lequel il explicite ainsi le mot
Magdiel :
« Magdiel
est le dixième
nom de la liste, l'Empire romain est le summum de la puissance d'Essav
(…) le
mot ‘’rom‘’ en hébreu signifie exalté, la hauteur
‘’hitromémout‘’.
Le Maharal
prolonge sa réflexion
sur le 11e nom, le 11e Alouph : « Alouph
Iram, le nom qui suit Magdiel, est aussi Rome. Pourquoi deux
noms ? Magdiel
tire son origine du mot ‘’ migdal ‘’ (tour), ce qui indique l'ascension
vers
les hauteurs, vers le ciel, tandis que Iram provient du mot ‘’ ir ‘’
(ville),
l'aspect terrestre, la descente vers l'immoralité. Rome aurait
essayé en
quelque sorte de recréer la mentalité de la
génération de la Tour de Babel... »
Il est
effectivement considéré que
le nom Iram joue sur le nom Rome, bien qu’Iram doive son nom à
« Ir », la ville et plus encore la
Ville du M (Mem) des
Eaux. Il s’agit d’Ir Magdiel, la Ville de la Tour.
Un jeu de
mot, non retenu par les exégètes juifs, parce qu’en fait,
trompeur, évoque la Ville
de la Tour de Dieu (El). En ce sens, Magdiel (la
Tour de
Dieu) plonge ses racines – ses fondations – dans la Tour de Babel dont
le nom
évoque par jeu de mot la « confusion » des
langues mais signifie :
Porte de Dieu (El).
Magdiel et
Iram sont depuis Rashi
reconnus par les Rabbins comme un seul et même prince. Rome
correspond dans la
tradition hébraïque au dernier exil des Juifs. Cet exil
romain est composé suivant
les commentaires rabbiniques contemporains, de deux périodes. La
première,
longue de 19 siècles d’adversité (Magdiel), et la seconde
(Iram), période ainsi
présentée par certains Rabbins :
«
– notre période actuelle de
Iram où l'on amasse des trésors pour Machiah' »
(http://www.habadnice.com/media/pdf/615/dtkU6154889.pdf)
Aleph –
111 – et le +1 de la
tribulation annoncée
Le Messie
est représenté dans la
tradition juive, assis à la Porte de Rome. L’exil du peuple Juif
sera considéré
comme achevé lorsque viendra le Messie. L’Empire Romain et la
Religion Romaine
disparaitront…
Faut-il
rappeler présentement l’ultime
augure de la Prophétie de saint Malachie qui
annonce ? :
« 112. In persecutione extrema S.R.E.
sedebit. Petrus Romanus, qui pascet oues in multis
tribulationibus : / quibus transactis ciuitas septicollis
diruetur,/ &
Iudex tremendus iudicabit populum suum. Finis :
traduction :
« Dans la dernière persécution de la sainte
Église romaine siégera Pierre
le Romain qui fera paître ses brebis à travers de
nombreuses tribulations.
Celles-ci terminées, la cité aux sept collines sera
détruite, et le Juge
redoutable jugera son peuple. »
La
Prophétie de saint Malachie se
compose de 111 devises correspondant à 111 papes et antipapes.
Les noms des
pontifes se sont superposés aux devises lorsque le pontife
correspondant fut
connu et surtout reconnu. La 111e devise : De
gloria oliae :
« De la gloire de l’olivier » dont le contenu
peut avoir influé sur
le contenu du vitrail de Véranne, est suivi par une ultime
prédiction associée
non plus à une devise mais à un nom : Petrus
Romanus. Cet ultime pontife –
de la prophétie – est comparé par certains
exégètes au Grand Celtique ou Grand
Pontife, thème sur lequel les avis sont très
partagés. Nous pouvons quoiqu’il
en soit, retrouver chez saint Malachie l’idée du plus +1
déjà rencontrée
avec Édom ou l’Église d’Édom…
Dans la
Kabbale hébraïque le
nombre 111 est retenu comme étant la guématrie ou valeur
numérique du nom de la
lettre Aleph. La signification de cette lettre est
« taureau » et ce
taureau prononcé Alouph signifie « ami »,
« gouverneur » ou
« général ».
« Alouph
Magdiel, Aloup
Iram : éleh Aloupheï Édom »
« Dux
Magdiel, Dux
Hiram : hi duces Edom. »
« Le
Duc Magdiel et le
Duc Iram. Iceux sont les Duc d’Édom »*
*
Traduction Pierre-Robert Olivetan – 1535.
Le texte
latin de la Bible traduit
le mot hébreu Alouph de Genèse 36-43 par le mot Dux. Ce
mot comporte en latin
toutes les caractéristiques hébraïques.
éleh
Aloupheï Édom : « Iceux »,
« Ceux-ci »,
« sont les Ducs
d’Édom ». Le mot hébreu
« éleh » prononcé « Alah »
signifie
notamment « Alliance »,
« Serment »,
« Chêne », «
Térébinthe ». Dans la Bible Alah, le
« Chêne » symbolise
l’Alliance (Berih) avec Dieu (Josué 24-26) et la Royauté
(Juges 9-6). C’est
peut-être pour cet aspect royal que le mot fut aussi traduit
« orme »…
Nous trouvons au travers de ces
lectures, un nouveau message, une nouvelle lecture…
Le mot hébreu
« éleh », et
l’église de Véranne
La flèche indique
le vitrail du mariage
de la Vierge
Retour dans les Monts du
Pilat
Sur le site Bible
StudyTools.com,
nous découvrons que suivant saint Jérôme, le Duc
Magdiel vivait dans le pays de
Gabalena, anciennement possédé par les chefs d'Edom. Nous apprenons aussi que suivant le Targum
(traduction
de la Bible hébraïque en araméen) de Jonathan, ce
duc a été appelé Magdiel du
nom de sa ville, qui était un ‘’ Migdal ‘’ : une Tour.
Le site
évoque ensuite la note de Rachi : « Magdiel
C’est
Rome ». Cette note inspira
considérablement
les commentateurs juifs qui affirmèrent que Ésaü
avait une centaine de
provinces de Seir (la Montagne d’Ésaü/Édom) à
Magdiel ; comme il est dit,
« Duc Magdiel, Duc Iram, c'est Rome ».
Antoine Courte de Gébelin
Antoine
Courte de Gébelin au
XVIIIe siècle dans son « Monde
primitif, analyse et composé
avec le monde moderne » indique que le nom de
Gabalène est le même que
celui des Gabali de Gaule ou Gabali-Dan qui donna son nom au
Gévau-dan… « & qui
signifie Pays de Montagnes ». La
Gabalène renfermait les Monts Horéens et les Monts de
Séir.
Les propos de
Courte de Gébelin repris dans plusieurs dictionnaires et
peut-être antérieurs à
l’auteur protestant, peuvent intriguer sachant que le Pays de Gabalena
biblique
n’a que peu de rapport avec le Gévaudan. Le fils du
célèbre pasteur Antoine
Courte qui prêcha longtemps l’Évangile dans les
Cévennes avant de s’exiler à
Zurich, écrit clairement : « le
nom de Gabalène est
le même que celui des Gabali de Gaule ou Gabali-Dan… ».
Les Gabales de
la Gaule chevelue étaient des Celtes de langue gauloise mais les
érudits du
XVIIIe siècle, après ceux de la Renaissance,
évoquaient une Ligne
hébraïque de Rois Gaulois dont la langue aurait
été l’hébreu. La réalité
est bien sûr différente mais pour bien comprendre le
mystère des origines il
convient peut-être de s’y rapprocher.
Durant le
siècle qui précéda
celui d’Antoine Courte de Gébelin, les Gabali du Gévaudan
apparaissent comme
une clef symbolique dans le livre rosi+crucien « le Comte
de Gabalis ».
Roger Facon dans son livre « L’Or de Jérusalem »
(Montorgueil
éditions) écrit : « à partir
de Lyon, quiconque découvre les clefs
de Gabalis est mis sur la voie du port de Narbonne et peut cueillir les
fruits
d’or des Wisigoths. »
Au-delà
de la région, la Gabalis
de l’abbé Montfaucon de Villars apparait pour Roger Facon comme
une société
hermétique étroitement concernée par les
trésors juifs que sont la Table des
pains d’oblation et la Menora. Bien que l’initiale soit
différente, on devine
une correspondance entre la Gabalis et la Kabbale
hébraïque.
En
hébreu le mot Gabal d’origine
phénicienne désigne une colline, voire une montagne,
raison pour laquelle,
semble-t-il, Courte de Gébelin traduit Gabalène par
« Pays de
Montagnes ». En affirmant l’identité du Pays de
Gabalène avec celui de Gabali,
le pasteur peut ensuite présenter sur un plateau un
Gabali-Dan. La
langue hébraïque permet à cet auteur d’affirmer et
d’affiner son message. Le
mot Dan qui perdure dans le nom de la région du Gévaudan,
signifie en
hébreu : le « juge » mais aussi le
« vase » (araméen
Dana : « vase », « tonneau de
grande taille »). Et voici
qu’émerge un Juge mais aussi un Vase des Montagnes… le Vase de
la Gabalis.
Un beau vase style Art Nouveau
(Vitraux « laïcs » de
la Préfecture de la Loire –
Saint-Étienne)
De
Gabalène à Alus… la
porte s’ouvre
Dom
Augustin Calmet (1672-1757),
contemporain d’Antoine Courte de Gébelin est l’auteur d’un
Dictionnaire de la
Bible. Dans ce lexique biblique le bénédictin consacre un
article à Alus ou
Allus, lieu de campement des Hébreux durant l’Exode (Nombres
33-13,14). Il
indique :
« ALUS
ou
ALLUS. Les Israélites étant dans le désert de Sur,
partirent de Daphca pour
venir à Alus (Nu 33 : 13). De là ils allèrent
à Raphidim. Dans le Livre de
Judith (Jdt 1 : 9) on met Chélus ou Chalus, et Cadès
comme deux lieux
assez voisins. Eusèbe et saint Jérôme mettent Allus
dans l'Idumée, vers la
Gabalène, c'est-à-dire aux environs de Pétra,
capitale de l'Arabie déserte, car
Eusèbe et saint Jérôme placent la Gabalène
auprès de Pétra. On donne aussi à
Allus le nom d'Eluza ou Chaluza. Elle est placée par les
notices, dans la
troisième Palestine, et par Ptolémée, entre les
villes d'Idumée. Le Targum de
Jérusalem sur (Ge 25 : 18 ; Ex 16 : 22), traduit
le désert de
Sur par Allus. »
Si le
message évangélique annoncé
par le bénédictin Dom Augustin Calmet devait être
d’une autre teneur que celui
annoncé par le protestant Courte de
Gébelin, ils pouvaient
néanmoins se retrouver sur l’identification et la signification
des noms
bibliques. Si la lecture du ministre protestant pour Gabalène
peut s’avérer
surprenante, celle du bénédictin pour Alus peut
s’avérer elle aussi,
surprenante.
Dom Calmet
situe Alus dans l’Idumée ou Pays d’Édom. « On
donne aussi à Allus le
nom d’Eluza ou Chaluza. » Ces dernières formes
ne sont assurément pas
hébraïques. L’hébreu ne connait que la forme Aloush,
l’Alus de Dom Calmet et de
Courte de Gébelin. Les formes Chaluza (prononcer Chalouza) et
Éluza (prononcer
Élouza) apparaissent plus occidentales. Se pourrait-il qu’il
faille ici encore,
évoquer l’Édom d’Occident dont la capitale est
Rome ? Dom Calmet situe
Al(l)us vers Gabalène… auprès de Pétra. L’ancien
nom de Pétra est Séla, soit en
hébreu : la « Roche », la
« Pierre », capitale du
royaume biblique d’Édom. Dans l’optique Édom d’Occident,
Séla apparait comme la
cité de Rome et plus précisément la Roche du
Vatican, le haut-lieu de l’apôtre
Pierre.
Dom Calmet
situe Élusa ou Chalusa « vers la
Gabalène, c'est-à-dire
aux environs de Pétra ». Nous sommes ici dans l’Édom
d’Occident.
Le nom Chalusa/Chalus/Chélus
apparait dans le Livre de Judith, livre rédigé en grec.
Nous aurions à présent
un nom hébraïque passé au filtre de la langue
grecque. La géographie française
connait sur la commune de Lignières dans le Cher, un ruisseau de
Chelouse (Chélouse
en 1533 et Challouze en 1635). Le château de Lignières
appartint aux Beaujeu.
Un château de
Chalouze, commune de Lalizolle dans l’Allier en Auvergne peut aussi
être
mentionné.
Élusa
n’est pas
sans rappeler la cité des Élusates dans le Sud-Ouest de
la Gaule. La cité
d’Éauze dans le Gers puise ses racines dans l’Élusa
antique.
La porte
s’ouvre… sur
le
lieu de la Joie
Le
périple initiatique suivi de
Gabalène à Alus, permet l’ouverture des puissantes
portes. Gabali-Dan : le
« Juge des Montagnes » ou le « Vase
des Montagnes »
apparaît au pèlerin. Dans la Procession du Graal, le vase
vient se confondre
avec le symbole de la tête coupée. La Rome antique,
« la Grande
Tour », avait une enceinte sacrée dessinant dans ses
grandes lignes, ainsi
que l’indique Jean-Michel Angebert, la forme d’une tête « qui
vient
confirmer la légende de géant Olus, dont on retrouva le
crâne en creusant les
fondations du temple de Jupiter Capitolin. Le sanctuaire prit ainsi le
nom de
Caput Olis (la tête d’Olus) devenu Capitole. » (Les
cités magiques –
Éditions Albin Michel).
Olus, Olis,
ce nom apparait bien
proche d’Alus ? Rome, la « Cité de la Grande
Tour » aussi
appelée Cité des Sept Collines, à la
lumière du vitrail, oriente vers une autre
Cité des Sept collines : la cité de
Saint-Étienne, Porte des Monts du
Pilat.
La
cité de Saint-Étienne trouve
son origine au Moyen Âge dans la paroisse médiévale
de Sanctus Stephanus de
Furano. Des remparts de la cité historique, il reste encore
la
« grande tour du seigneur ».
Les remparts de la cité de
Saint-Étienne au XVe
siècle
Maquette de J.-A. de la Tour-Varan (carte postale
ancienne)
La flèche indique l’emplacement de la
grande tour du
seigneur
Patrick
Berlier, l’enfant de
Saint-Étienne, me parle en ces termes de cette tour :
« Concernant
la ‘’ grande
tour du seigneur ‘’ de Saint-Étienne, il s’agit d’une tour qui
était la
propriété particulière du seigneur de
Saint-Priest, dont dépendait la ville
jusqu’à ce que ses habitants décident de s’affranchir de
sa pesante mainmise en
se plaçant directement sous la protection du roi. C’était
la plus grosse tour
des remparts, car elle était adossée à la colline
du Mont d’Or et donc il
fallait une défense plus puissante de ce
côté-là. On la voit au fond, dans
l’angle, sur la maquette réalisée au XIXe
siècle (aujourd’hui au
musée du vieux Saint-Étienne). On remarque que les
remparts sont également plus
hauts à ce niveau. Au XIXe siècle alors que
les remparts avaient
disparu, il restait cette tour adossée à un
bâtiment qui était désigné ‘’
château du Mont d’Or ‘’. Il n’en reste plus une pierre
aujourd’hui. »
Le Château du Mont d’Or en 1839
Dessin d’architecture – archives municipales de
Saint-Étienne
Le Mont
d’Or stéphanois peut renvoyer
dans une symbolique Édom/Occident appliquée au Mont du
Pilat, au Mont Hor de
l’Édom biblique bien que la signification en soit
différente.
La porte
peut à présent s’ouvrir.
Le pèlerin accède à l’Alus ou mieux encore
à l’Élouza, qui apparait ici comme
une variante des mots hébreux Alez ou Élez… l’Har Alez,
l’Élysée du Pilat,
l’Élysée des Druides.
Le nom
hébreu de l’Alus ou Aloush
désignerait le « tumulte des hommes ». Le passage de l’Aloush à
l’Élouza transforme ce
« tumulte » en « exaltation de
joie »… Har Alez : la
Montagne de la Joie, des exaltations de joie, poussées jadis par
les Druides.
Ces
exaltations de joie
étaient-elles poussées en l’honneur du dieu Kernounos, le
Bel encorné, dieu de
la prospérité et des saisons ? Le voici
représenté sur le chaudron de
Gundrestrup coiffé de bois de cerf :
Le dieu Kernounos aux bois de cerf
Les
premiers chrétiens sans doute
influencés par les Scotti, moines celtes venus d’Irlande ou par
les Kuldées,
transposèrent l’image de Kernounos dans celle du Cerf blanc
couronné d’une
croix représentant l’image du Christ. La croix lumineuse se
dresse sur le front
entre les ramures pareillement illuminées. Cette image
christianisée du
Kernounos celtique se retrouve sur le vitrail de Véranne. Le
Grand Prêtre va
irradier de lumière lorsque la ramure à sept branches, la
Menora va s’illuminer
comme elle illuminait jadis le Temple.
J’abordais
déjà le thème du saint cervidé dans mon
article « La Croix de ST ADON
ET ZENON de MACLAS Ou le Livre de la Chronique Universelle »,
bien
qu’à l’époque je ne m’étais pas encore
penché sur le vitrail de Véranne ainsi
que je le fais dans cet article.
J’abordais
le sujet en évoquant le Temps des Juges d’Israël,
période durant
laquelle régnèrent les Rois et les Alouphim
d’Édom. Je m’attardais
principalement sur la figure mythique du Juge Eilon que
j’évoquais ainsi :
« Le
premier, Eilon,
gouverna Israël pendant 10 ans. Quand il mourut, il fut
enterré à Ayalon dans
le pays de Zabulon (Juges XII – 11,12). Le nom d’Eilon s’écrit
en hébreu comme
le nom de la cité d’Ayalon où il reposa. Seuls les
points-voyelles permettent
de vocaliser différemment ces deux noms. Les commentateurs
affirment une
identité étymologique entre l’homme et la cité.
Ils considèrent comme probable
qu’Eilon soit un clan personnifié et n’a jamais eu d’existence
historique en
tant que Juge. Cette cité d’Ayalon qu’il convient de ne pas
confondre avec les
autres Ayalon bibliques quant à elles, bien localisées,
désignerait
« l’endroit du cerf » et le nom d’Eilon,
signifierait
« chêne ». La racine commune de ces deux
mots : Ayil, désigne un
« bélier », un « grand
homme », un « grand
arbre », voire des « poteaux » et des
« vestibules »,
ainsi que la « peau de bélier »
utilisée dans le Tabernacle avant que
le Temple ne fût édifié. L’association de Eilon –
arbre – aux imposantes
ramures et de Ayil – cerf – arborant lui aussi ses imposantes ramures,
apparait
comme une vision de l’Éden. Dans le Christianisme cette image
édénique évoque
le Christ et rappelle l’ermitage des moines solitaires vivant leur foi
dans la
forêt. La notion d’arbre évoquée au travers du nom
d’Eilon pourrait être
présente dans la croix de ST ADON ET ZENON de
Maclas. »
Je me rends
compte aujourd’hui
combien la croix de ST ADON ET ZENON de Maclas doit être, sur un
plan
ésotérique, associée au vitrail de l’union de
Joseph et de Marie illuminant
l’église de Véranne.
À
l’instar de la Menora, le Crêt
de l’Aralez est aujourd’hui éteint. Il suffirait d’une
étincelle, une simple
étincelle, et la Lumière jaillirait comme jadis elle
jaillissait sur l’Aralez…
Une lumière messianique viendrait illuminer les pentes de la
sainte montagne.
Non ! Le crêt des anciens Druides ne deviendra pas un
nouveau lieu de pèlerinage.
Les pèlerins de Saint-Jacques ou de Jérusalem, ne vont
pas subitement orienter
leurs pas sur l’ancien lieu de rassemblement des Druides de la Gaule.
Mais qui
sait, cette résurrection pourrait voir passer un autre type de
pèlerin, le
randonneur du week-end ou le touriste des congés estivaux.
C’est ainsi
que le Crêt de
l’Aralez reviendra à la Lumière …
Le Crêt de l’Aralez (Airellier) vu du
hameau de l’Arrivée
près de Saint-Sabin
À droite on distingue en
arrière-plan le Crêt de la Chèvre
Note des
Regards du
Pilat :
Nous
avons signalé à Michel Barbot
l’existence d’un autre vitrail du mariage de la Vierge, du même
Mauvernay, dans
l’église de Valfleury. Si les personnages semblent identiques
à ceux du vitrail
de Véranne, le décor est un peu différent,
puisqu’il n’y a ni rideau, ni Menora,
ni fleur libérée par une coquille. Par contre les Tables
de la loi sont
couvertes d’une écriture d’apparence hébraïque, ce
qui n’a pu qu’attirer
l’attention de notre ami. Michel nous l’expliquera peut-être une
autre fois…
Le vitrail de Valfleury (détail)