2019
















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     Chers Amis Internautes, 2019 pointe déjà le bout de son nez, 2018 se termine, l'An 2000 c'était hier. Le temps passe trop vite et en votre compagnie le temps file encore plus vite. 2018 fut un bon cru du point de vue des recherches entreprises ; elles furent variées. L'ancienne Chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez demeure évidemment toujours au coeur de celles-ci.


Entrée majestueuse de la Chartreuse

Soulignons aussi ici et avec insistance le travail toujours en court et celui déjà réalisé par l'équipe d'Eric Charpentier et Thomas de Charentenay autour de la Pierre des Trois Evêques dans le Haut Pilat, sans oublier le découvreur des Faves, Alain Bellon. Ce travail est captivant ; les découvertes sont au rendez-vous et ceci mérite d'être mis au premier plan.

Le Pilat fut retenu depuis des lustres par nos lointains ancêtres, pour s'y retrouver, s'y interroger, notamment sur le ciel, les astres, les saisons qui défilent, mais aussi y exercer des mesures mathématiques, géométriques, astronomiques ...etc et progressivement ils en feront un lieu sacré.

Sur de très vastes étendues notre massif montagneux était la seule montagne. De manière générale on étudiait déjà le ciel et la Terre savamment en des époques extrêmement reculées ; même l'archéologie moderne l'admet jusqu'à 35 000 ans en arrière. Le Pilat était un territoire central et dominant sur des dizaines et des dizaines de kilomètres de rayon.


La Pierre calée des Paturaux à proximité des Faves

De tout temps et de toute civilisation qui a vécu sur ce territoire, le Pilat fut reconnu et avec le temps acquis comme sacré. "L'Olympe des Gaulois", nous disait Jean du Choul, au 16ème siècle, dans le premier ouvrage publié sur le Pilat. Tout était ici déjà bien amené par cet illustre personnage qui par le texte fut le premier historien de notre massif montagneux.

Ne l'oublions pas non plus les Druides se sont réunis dans le Pilat, précisément au Crêt de l'Aralez (orthographié de nos jours Airellier), ceci durant de nombreux siècles, jusqu'en -120 av JC, beaucoup plus longtemps que dans la Forêt des Carnutes par exemple qu'ils rejoignirent seulement après avoir été chassés de la région lyonnaise.


La Pierre des Trois Evêques

Les récentes découvertes autour de la Pierre des Trois Evêques intéressent beaucoup, beaucoup de monde. Elles replacent bien des choses à une juste place et notamment toutes ces constructions retrouvées ces deux dernières années, dites mégalithiques mais en réalité réalisées sur peut-être plus de 10 000 ?

Il reste très difficile de s'aventurer à dater ceci ou cela d'une période précise, qu'elle soit Néolithique, Paléolithique, Mésolithique voir encore plus ancienne. C'est notamment pour cette raison et cet étalement dans le temps que l'on retrouve sur place plusieurs mesures anciennes comme par exemple la coudée égyptienne ou encore le pied gaulois.

Découvrir des Cromlechs dans le Pilat. Etait-ce envisageable il y a encore peu de temps ? Les Cromlechs des Faves sont de type pyrénéen et ce sont les premiers découverts à ce jour sur le territoire de notre massif montagneux. Les ateliers pratiques réalisés sur place en présence de dizaines de personnes sont des plus parlants voire renversants.


Eric Charpentier lors d'un atelier aux Faves

Des sciences d'un autre temps, des savoirs presque perdus sont redécouverts sous l'impulsion des travaux rigoureux de nos Amis Eric et Thomas. Ils ont la gentillesse de les faire partager au plus grand nombre. On se doit sur ces colonnes de les remercier une nouvelle fois. Notons que leurs modèles contemporains reconnus se nomment Howard Crowhurst ou Quentin Leplat, et qu'eux aussi suivent de près ces travaux pilatois.

Le Pilat concentre effectivement des "Trésors" de première importance, des savoirs de Connaissance et de Tradition exceptionnels, des vestiges archéologiques rares, un patrimoine historique riche ... etc Les découvertes fortuites ne doivent pas faire oublier que pour partie ceci est régulièrement bien gardé et transmis tantôt par des gardiens besogneux, tantôt par des tiers chercheurs avides justement de transmettre à des relais temporels leurs acquis.

J'ai choisi un petit texte de notre Ami Jacques Patard, une intervention de circonstances, pour résumer plus intimement cette pensée et aussi de manière quelque peu hermétique ouvrir des voies à qui voudrait s'y engouffrer.

"Le Zicle (conte du Pilat). L'or procure le bonheur s'il est utilisé et bien employé. Le Zicle, gardien du trésor, vient de le comprendre au crépuscule de sa vie. Il confie alors son secret au Roitelet, la plus joyeuse des créatures, la plus douée au bonheur, qui saura porter-apporter la prospérité aux braves gens du Pilat. Le Zicle, nom local de la couleure jaune, n'est autre que le fameux serpent légendaire, redoutable protecteur des mystères sacrés. Il est au commencement des mythes fondateurs, très anciens donc ... à l'origine. Ainsi, pour ce simple conte, nous apprenons que nous possédons dans le Pilat notre propre dragon, rien que cela ! Authentique gardien de la montagne sacrée, le Zicle veille sur notre Sanctuaire."


dessin de la main de Jacques Patard

     Chers Amis Internautes sur ces sincères et beaux écrits de notre Ami Jacques, j'en viens à vous présenter mes meilleurs voeux à vous et vos familles pour cette nouvelle année, un an neuf que revoilà. Qu'une bonne santé vous accompagne tout au long de l'année et aux quatre coins du Pilat pourquoi pas ; il y a de quoi voir et découvrir toujours et encore sur les chemins secrets ou non du Pilat.

Il a été réservé en 2018 un bel accueil à notre ouvrage "Le Pilat Mystérieux" ; il sera bientôt épuisé.


<ICI>

Nos quêtes sont nombreuses, les progressions aussi. Les Regards du Pilat sont un lien entre vous et nous. Ils permettent chaque année d'enregistrer de nouvelles rencontres ; de belles amitiés sont ainsi nées. Merci pour votre confiance là où nous enregistrons toujours chaque mois plus de 6 000 connections. A ce propos un grand Merci à tous nos contributeurs sans lesquels et c'est une évidence, les Regards du Pilat ne seraient pas ce qu'ils sont.

En 2018 nous avons eu la tristesse d'apprendre le décès de notre Ami Jean-Claude Ducouder ; qu'il repose en paix. C'était un Homme chaleureux et entier. Il y avait 16 ans que nous l'avions rencontré ; c'était un fidèle. Passionné et amoureux de la Chartreuse de Sainte-Croix, ce sujet nous avait beaucoup rapproché de Jean-Claude.

     Chers Amis Internautes Bonne Année 2019. Je vous laisse à présent découvrir les bons voeux de Patrick Berlier et ceux de Michel Barbot ainsi que leur traditionnel conte de Noël respectif.



Thierry Rollat














































2019 OU LES TREIZE LARMES DU SOLEIL

 

Chers amis des Regards du Pilat,

 

L'année 2019 pointe le bout de son nez... Ce millésime 19 évoque pour moi le dix-neuvième arcane majeur du Tarot de Marseille, le Soleil. C'est une lame qui représente un astre du jour au visage humain, rondouillard, environné de rayons blancs, bleus, jaunes et rouges. Treize larmes s'en écoulent et tombent sur la Terre : deux rouges, trois blanches, trois jaunes et cinq bleues. Que signifient-elles ? Je vous donnerai ma version un peu plus loin. Deux jeunes hommes blonds, seulement vêtus de pagnes bleus, se tiennent debout sur le sol, devant un mur coiffé de tuiles rouges. Là encore je vous expliquerai plus avant ce que j'y vois. Restons pour l'instant dans ce Tarot de Marseille.

Pour écrire dans son entier le millésime 2019 avec les lames du Tarot, il convient de placer côte à côte les lames 20 et 19, qui portent les chiffres romains XX et XVIIII : le Jugement et le Soleil. Cette lame XX représente un ange blond jaillissant d'une nuée bleue, environnée de rayons rouges et jaunes, et jouant de la trompette pour annoncer au genre humain le jugement dernier. Un étendard blanc à la croix d'or est fixé à la trompette. Les humains sont figurés par trois personnages, et ils sont entièrement dévêtus. À gauche une jeune femme, à droite un homme âgé et barbu, au centre un personnage dont on ne peut déterminer s'il s'agit d'un homme ou d'une femme, car il est vu de dos.

 
 

L'année 2019 dans le Tarot de Marseille

 

2019 semble donc devoir être, dans cette interprétation, l'année du jugement et du soleil : jugement du soleil ou soleil du jugement ? Est-ce vraiment le jugement dernier ? Je ne le crois pas ! Les deux personnages au premier plan figurent nos deux sites les Regards du Pilat et la Grande Affaire. Le mur, c'est celui que nous construisons petit à petit, au fil des mois. L'ange vient seulement vous annoncer une année ensoleillée par toutes les nouvelles mises en ligne que vous pourrez découvrir ! Ce sont elles, les treize larmes du soleil. Il n'y en aura peut-être pas treize, l'essentiel n'est pas le nombre en lui-même mais ce qu'il signifie. Treize, c'est six plus sept, le nombre de l'accomplissement et celui la plénitude, qui seront donc au rendez-vous sur chacun de vos deux sites. Et le jugement, c'est vous qui le porterez sur la qualité des dossiers qui vous seront présentés. Le nombre de vos connexions mensuelles sera notre meilleur indice de satisfaction.

Je vous souhaite donc, chers amis, une joyeuse et heureuse année 2019, avec la santé, la joie de vivre, et la réalisation de tous vos rêves.


Patrick Berlier













LES QUATRE POMMES DE NOËL

 

 

Dimanche 25 décembre 1910, quelque part dans le Pilat

Les quatre jeunes femmes progressaient à pas mesurés sur le chemin enneigé et verglacé. C'étaient quatre copines de travail, « unies comme les quatre doigts de ma main », disait Virginie, la plus âgée des quatre, qui avait perdu le petit doigt de la main droite, happé par une machine en un instant d'inattention. Amélie, Circé, Rose et Virginie, toutes les quatre originaires du Pilat, travaillaient dans la même usine de passementerie, à l'entrée de Saint-Chamond, sur la route de la Valla-en-Gier. Elles avaient entre dix-neuf et vingt-quatre ans, et étaient toutes les quatre originaires des environs du Bessat ou de Tarentaise. Précisons qu'à l'époque les industries de moulinage, rubanerie ou passementerie, alors florissantes, avaient grand besoin de « petites mains » féminines et qualifiées. Elles embauchaient donc les filles de la campagne, lesquelles étaient logées et nourries toute la semaine dans l'usine-dortoir, ne retournant chez elles que les dimanches. Si en été les jours étaient suffisamment grands pour leur permettre de monter au Bessat le samedi soir, et y arriver avant la nuit, en hiver elles devaient attendre le dimanche matin, et rentrer le soir-même. Comme c'était à pied, évidemment, qu'elles faisaient ces trajets, il leur fallait trois bonnes heures à l'aller comme au retour ; la journée en famille était alors bien courte.

En cette année où Noël tombait un dimanche, l'entreprise de passementerie avait autorisé les ouvrières à quitter l'usine dès le début de l'après-midi du samedi, afin qu'elles pussent exceptionnellement rentrer dans leurs familles pour la veillée de Noël. Oh ! Ce n'était pas pour autant un cadeau de leur patron. Ces heures qui leur étaient accordées, elles devraient les rattraper pendant la semaine suivante. Mais elles avaient été bien heureuses de pouvoir passer la nuit de Noël chez elles. Et ce dimanche 25 décembre, en fin d'après-midi, Amélie, Circé, Rose et Virginie avaient quitté parents ou maris pour redescendre vers leur usine. Un repas frugal, une courte nuit, et elles devraient enchaîner six jours de labeur, à raison de dix heures par jour, plus les heures accordées le samedi à rattraper. Travail pénible, mal payé, mais c'était toujours mieux que rien, et la bonne humeur permettait de tenir le coup. Il faut dire qu'en ces années précédant la première guerre mondiale, la vie était bien différente de celle que nous connaissons aujourd'hui. On savait se contenter de peu, et savourer les petits instants d'insouciance, comme lors de ces trajets que les quatre copines faisaient ensemble, pour monter chez elles ou descendre à l'usine.

 

Les ouvrières de l'usine
(Carte postale ancienne)

 

Après Tarentaise, où habitait Amélie, le petit groupe avait pris le chemin du Plomb pour rejoindre le plateau de la Barbanche. Aux beaux jours les quatre jeunes femmes passaient ensuite par le chemin des crêtes, enchaînant le Sapey, la Roche de la Rivoire et le Crêt de la Chaume. Mais en hiver ce chemin-là était souvent balayé par les vents, et des congères s'y formaient qui le rendaient impraticable. Alors elles descendaient sur le hameau de Laval pour prendre un chemin à flanc de coteau, intermédiaire entre les crêtes et la vallée. C'est ce qu'elles avaient fait ce soir-là, sauf que la neige – qui avait tombé en abondance durant la nuit de Noël – rendait leur progression beaucoup moins rapide. Et avec le brouillard qui maintenant remontait de la vallée, elles avaient beau connaître par cœur le chemin, leur marche devenait franchement hésitante, si bien qu'il paraissait impossible d'arriver à l'usine avant la nuit. Comme elles n'avaient ni flambeaux ni lampes, finir le trajet à tâtons dans le noir sur le chemin glissant était absolument exclu.

« Que faisons-nous ? demanda Marie.

– Moi je suis d'avis qu'on cherche un abri pour passer la nuit, répondit Virginie, et on finira de descendre demain matin, l'usine n'est qu'à une heure de marche maintenant.

– Si on veut attendre le lever du jour pour y voir clair, nous arriverons en retard au boulot... Le patron va nous passer un de ces savons ! Déjà qu'il doit nous attendre ce soir, si on n'arrive que demain, et en plus à la bourre... On aura de la chance s'il ne nous fout pas à la porte.

– Pour une fois, fit Amélie, c'est un cas de force majeure, non ? Il doit bien se douter qu'avec ce temps on ne fait pas ce qu'on veut...

– Je l'entends déjà nous dire : si vous étiez parties plus tôt, vous seriez arrivées à temps...

– Ouais, avec des si, on en ferait des choses... »

La blonde Circé, qui n'avait rien dit pendant cet échange entre ses trois amies, prit la parole pour tenter d'imposer son point de vue.

« Écoutez-moi ! C'est d'accord, nous allons trouver un abri pour dormir. Nous arrivons au hameau de Maisonnettes. Là, vous savez , il y a la maison natale du Frère Gabriel Rivat, le successeur du bon Père Champagnat. Aujourd'hui c'est le père Matthieu qui y habite, et il nous a souvent dit qu'on pouvait s'abriter dans sa grange au besoin, sans même lui demander son autorisation. Nous serons au sec et au chaud dans le foin. Nous n'avons rien à manger, mais bon, ce n'est pas si grave. Et puis j'ai la conviction que notre affaire va finalement s'arranger...

– Encore une de tes intuitions ? fit Virginie. On sait bien que tu as des dons de magicienne, mais là je ne vois pas comment... »

– C'est Noël, non ? Il faut croire aux miracles ! »

Bien qu'âgée seulement de vingt ans, Circé était sans doute la plus mûre et la plus réfléchie des quatre copines. Elle devait son prénom peu courant à son parrain, qui dans sa jeunesse avait lu L'Illiade et L'Odyssée d'Homère, et en avait gardé un attrait certain pour la mythologie grecque. Circé, fille d’Hélios le dieu du soleil, était douée pour la magie des métamorphoses. C'est elle qui avait transformé en pourceaux les compagnons d'Ulysse, lequel lui avait résisté grâce à une herbe magique, avant de lui faire deux enfants. Mais Ulysse avait fini par la quitter, pour rejoindre son épouse légitime Pénélope qui l'attendait patiemment. Finalement, Circé épousa Télémaque, le fils d'Ulysse. Notre Circé pilatoise, encore célibataire, attendait son Ulysse ou son Télémaque. Si elle n'avait pas les dons de magicienne que lui prêtait son amie Virginie, il est vrai qu'elle s'était fait remarquer à plusieurs reprises pour des intuitions ou des prémonitions qui s'étaient toujours révélées exactes.

 

Le hameau de Maisonnettes

 

Il faisait maintenant presque nuit noire lorsque les quatre ouvrières atteignirent la grange qui allait leur servir d'abri pour la nuit. Elles s'y glissèrent à tâtons, et apprécièrent le foin, dans lequel chacune s'allongea, et qui forma autour d'elles un cocon des plus douillets. Après leur longue marche dans le froid et la neige, ce repos était salutaire, et elles sombrèrent rapidement dans le sommeil.

 

Le lendemain, ou ce qui paraissait être le lendemain.

Lorsque Virginie se réveilla, elle se leva en silence et entrouvrit la porte de la grange pour voir si le jour avait paru. Il faisait déjà clair en effet, même si le ciel restait gris, et curieusement la neige avait fondu durant la nuit, laissant le chemin parfaitement sec. La jeune femme alla réveiller ses amies.

« Il doit être au moins huit heures, leur dit-elle, il est temps de nous mettre en route ! »

Filles de la campagne, aucune des quatre ne possédait de montre. À l'usine, c'était inutile : il y avait des horloges murales dans les ateliers, dans le réfectoire et dans le dortoir. Pour faire leur trajet à pied, elles savaient apprécier le temps écoulé. Aussi c'est uniquement en fonction de la clarté du jour, précédant de peu semblait-il le lever du soleil, que Virginie estimait qu'il devait être dans les huit heures. Amélie, Circé et Rose se levèrent prestement, se débarrassant mutuellement des brins de foin accrochés à leurs vêtements. Elles remirent un peu d'ordre dans leur coiffure, leurs longs cheveux rassemblés en chignon sur leur tête. Toutes étaient coiffées de la même façon, ce qui était la mode de l'époque. Puis les quatre copines reprirent leur cheminement en direction de la vallée. Elles savaient qu'elles devaient passer par les hameaux de Chomiol et Rossillol, avant de tourner à droite pour descendre sur Saint-Chamond.

Chomiol fut atteint rapidement. Il faisait suffisamment jour pour bien voir le chemin, et sans la neige y marcher était facile. C'est donc d'un bon pas qu'Amélie, Circé, Rose et Virginie arrivèrent dans le premier hameau. Le chemin descendait ensuite sous les arbres, pour remonter et passer à flanc de coteau. C'est Rose qui remarqua un changement de luminosité :

« Dites, les copines, vous ne trouvez pas que la lumière baisse de plus en plus ?

– C'est parce qu'ici nous sommes un peu en sous-bois, dès que nous remonterons à découvert nous devrions retrouver la clarté du jour, observa Virginie.

– À moins que... fit Circé, sans achever sa phrase. »

De fait, lorsque les quatre jeunes femmes arrivèrent au sommet de la côte, le chemin étant alors entièrement dégagé, elles ne purent que constater que la lumière avait singulièrement baissé. Si elles n'avaient pas eu la certitude d'être le matin, elles se seraient crues à la tombée de la nuit. Dans un tournant, le village de la Valla-en-Gier leur apparut, sur le coteau opposé de la vallée du Ban. Vision magnifique d'une petite bourgade, toute illuminée par des centaines de bougies ou de lampions, au centre de laquelle cheminait tout un cortège de points lumineux, comme un nuage de lucioles. L'écho lointain d'un cantique chanté par une foule leur parvenait confusément.

 

Le village de la Valla-en-Gier

 

« Eh ! On dirait que c'est la procession aux flambeaux de la Valla, remarqua Amélie.

– Ouais... sauf qu'elle a lieu le 24 décembre au soir, la veille de Noël, pas le 26 au matin, observa Rose.

– Et vous avez vraiment l'impression d'être au matin ? Questionna Virginie. Il fait de plus en plus sombre, je ne sais pas comment c'est possible, mais c'est la nuit qui tombe !

– On aurait dormi toute la nuit du 25 au 26, et toute la journée du 26 ? Vous croyez ? »

Les quatre amies se posaient mille questions. Ce qui était certain, c'est que la procession de la Valla, rassemblant toute la population en direction de l'église du village, où l'on allait déposer le santon du petit Jésus dans la crèche, avait toujours lieu le 24 décembre, et il n'y avait aucune raison d'imaginer qu'il pût en être autrement cette année-là. C'était incompréhensible.

« Moi j'ai une explication, avança Circé. Pendant notre sommeil, nous sommes revenues en arrière dans le temps, et là nous sommes au soir du 24 décembre ! Quant à la neige, ce n'est pas qu'elle a fondu, c'est qu'elle n'est pas encore tombée, puisqu'elle n'arrivera que dans la nuit du 24 au 25...»

Oui, aussi incroyable que cela pût paraître, c'était la seule possibilité envisageable, même si elle heurtait la raison. Mais était-il seulement possible de voyager dans le temps ? Quinze ans plus tôt, l'écrivain anglais Herbert George Wells l'avait imaginé dans son roman La machine à explorer le temps, paru en 1895 et dont la traduction en français avait été publiée la même année. Les deux premiers chapitres démontraient l'aspect dimensionnel du temps, et avançaient la possibilité de s'y déplacer aussi facilement que l'on se peut se déplacer dans les trois dimensions de l'espace.

Rose émit une remarque pleine de bon sens :

« Moi je ne sais pas quel jour on est, ni si c'est le matin ou le soir, mais mon estomac, lui, il  me dit que je n'ai rien mangé depuis hier à midi... Vous n'avez pas faim, vous ? »

Les autres convinrent que la faim les tenaillait elles aussi. Mais il leur faudrait bien attendre d'être à l'usine pour envisager de se restaurer. Cependant il faisait de plus en plus sombre, et il paraissait évident que c'était bien la nuit qui tombait. Pourtant le chemin paraissait éclairé d'une lumière irréelle, et les quatre amies purent continuer à progresser dans leur marche. Elles arrivèrent alors au niveau d'un jeune pommier, qui avait poussé là spontanément au bord du chemin. Comme le buisson ardent de Moïse, il était environné de lumière. Sur une branche encore feuillue, quatre belles pommes rouges semblaient luire comme si elles étaient éclairées de l'intérieur. Quatre pommes en hiver, cela leur parut comme un signe, voire comme un petit miracle : n'y avait-il pas, sur ce petit pommier, un fruit pour chacune ? Quatre pommes, pas trois ni cinq. Amélie, la plus grande des quatre, se hissa sur la pointe des pieds pour aller cueillir les quatre pommes de Noël, qu'elle distribua à ses amies. À défaut de les rassasier, cela allait au moins les réconforter.

 

Les quatre pommes de Noël

 

« Qu'est-ce que c'est bon, fit Rose. Faudrait qu'on en trouve d'autres...

– Un peu de patience, répondit Circé. La Providence va y pourvoir très bientôt ».

De fait, à peine les quatre ouvrières avaient-elle parcouru une centaine de mètres, qu'un second pommier leur apparut. Plus gros que le premier, ses branches se chargeaient de dizaines de pommes Golden, les pommes du Pilat, qui paraissaient être autant de pommes d'or. « Le jardin des Hespérides », lança Circé, mais les autres ne comprirent pas forcément ce que leur amie magicienne avait voulu dire. Les pommes furent les bienvenues, et leur faim fut enfin apaisée.

Les quatre ouvrières atteignirent bientôt le hameau de Rossillol, un nom que Circé trouvait particulièrement joli et évocateur. L'usine n'était plus qu'à une vingtaine de minutes de marche. C'est à la nuit bien tombée qu'elles l'atteignirent. La cour était déserte. Dans le hall du bâtiment d'entrée, à côté de la pendule murale où sept heures du soir venaient de sonner, le calendrier perpétuel, soigneusement tenu à jour par le concierge, affichait la date du 24 décembre 1910. Renonçant à comprendre comment elles avaient pu revenir en arrière dans leur propre temps, Amélie, Circé, Rose et Virginie montèrent au dortoir, qu'elles trouvèrent ouvert, mais vide de toute occupante. Évidemment, toutes les filles étaient parties depuis un bon moment.

Circé se dit qu'à cette date et à cette heure, elle-même et ses copines étaient dans leurs familles respectives, et pourtant elles étaient là dans l'usine déserte. « Peut-on exister en même temps en deux endroits différents ? » se demandait-elle, mais elle ne parvint pas à trouver de réponse. C'est ce que l'on nomme un paradoxe temporel, et même si Circé avait lu La machine à explorer le temps de Wells, elle n'aurait pas pu trouver la réponse dans ses souvenirs de lecture, parce que le romancier n'avait pas imaginé cet aspect-là des voyages temporels.

Les quatre jeunes femmes abandonnèrent l'idée de prendre un repas au réfectoire, de toute évidence personne n'était là ni pour le préparer ni pour le servir. Le lendemain, elles iraient passer la journée à Saint-Chamond, puis elles rentreraient le soir, comme si de rien n'était. D'ici là, si jamais elles croisaient le concierge, le chef d'atelier, ou le patron, elles n'auraient qu'à inventer une histoire, dire par exemple que la neige les avait surprises, obstruant le passage, et qu'elles n'avaient eu d'autre solution que de rebrousser chemin et venir dormir à l'usine.

Amélie, Circé, Rose et Virginie, les quatre copines ouvrières, n'avaient pas faim, mais sommeil, curieusement, comme si le temps les avait rattrapées, alors qu'elles étaient levées depuis moins de deux heures. Elles se glissèrent dans leurs lits et avant de s'endormir elles eurent une pensée émue pour ces quatre pommes de Noël, que le Bon Dieu avait placées sur leur chemin, et qui leur avaient redonné goût à la vie.

















Chers Amis Internautes,

 

Voici que s’éteint l’année 2018. Déjà s’amorce l’année 2019.

Cette année 2018 a été marquée de belle façon par les différentes mises en ligne des Regards du Pilat et de la Grande Affaire. Nous avons pu découvrir aussi bellement le livre LE PILAT MYSTÉRIEUX cosigné par  Thierry Rollat, Patrick Berlier et moi-même. Ce fut une très belle expérience que vous avez su apprécier. Je ne puis à titre personnel que vous en remercier.

De quoi sera faite cette année 2019 ? Nul ne peut à cette heure en affirmer le contenu que l’on souhaiterait, bien entendu, unique ! Sera-t-elle, d’ailleurs, unique, cette année ? La réponse est en nous, elle nous appartient. Nous ne pouvons y échapper, ainsi va la vie.

Puisse cette année 2019 vous apporter le bonheur auquel tout homme, toute femme et tout enfant a droit.

Bonne et heureuse année à tous.


Michel Barbot








NOËL AU CIMETIÊRE DES ÉLÉPHANTS DU PILAT

 

24 décembre 2069 – Saint-Régis-du-Coin : Phase finale pour la France de l’Opération NARMER

Confortablement installé dans son bureau du Cadran Charentenay/Charpentier, le musée de renommée mondiale, consacré aux Mystères du Cadran du Pilat, l’archéologue Sylvain Barri s’octroie quelques minutes de repos nécessaires. Une longue et riche soirée attend le célèbre archéologue. Ce Noël 2069 ouvre – Sylvain en est convaincu – l’ultime année, pour la France, de l’Opération NARMER, opération initiée en 3150 avant J.-C. par le Pharaon Narmer fils du roi Scorpion. Cette année-là, Narmer (Méni ou Ménès) unifie ou parachève l’unification de la Haute et de la Basse Égypte. Cette unification apparaît comme l’acte fondateur de la Terre de Kam ou Kem, la Kémet des premières dynasties. Ce terme fut à la fois compris comme la Terre Noire, en référence au limon du delta du Nil (d’où le mot Alchimie), et comme la Terre des Noirs... Les vieux auteurs Grecs affirmaient que les Égyptiens avaient la peau noire. Le Pharaon Narmer avait la peau noire, comme l’auront les rois des premières dynasties.

Dans la Bible, la Terre de Cham ou ‘Ham, la Terre Chaude, apparaît comme le nom ancien de l’Égypte. Dans la tradition, Cham désignera l’Africain, l’homme du continent Noir. L’acte fondateur de la Terre de Kam est relaté sur la Palette de Narmer :

 

Palette de Narmer

 

Cet acte fondateur qui a fait l’objet d’études variées, réapparaît au travers des légendes liées au Royaume Kongo de l’Afrique tropicale ainsi qu’au Royaume du Pilat... Le romancier espagnol, J. Mirab, ne fut pas en reste, lorsqu’il publia en 2017 le Código Narmer. L’archéologue Sylvain Barri, évoque plus volontiers l’Opération Narmer. Cette opération se prolonge au fil des millénaires et ainsi – nous ne pouvons que le reconnaître – au fil des prophéties qui ne sont au final que le développement de la Prophétie de Narmer.

Sylvain compulse une fois encore sur son ordinateur les quelques annotations qui lui permettront en début de soirée, dans la salle de réunion privée du musée, de résumer l’épais mystère de cette Opération NARMER née dans la mystérieuse île d’Éléphantine… 

 

L’an 218 avant J.-C. en Allobrogie aux portes de Vienna

L’été touche à sa fin, le général carthaginois Hannibal (en phénicien : Celui qui a la faveur de Baal) après son passage des Pyrénées, déclenche un conflit avec Rome : la seconde guerre punique. Il compte bien gagner Rome avec ses 38000 hommes, ses 8000 chevaux et ses 37 éléphants.

Le grand stratège surnommé ainsi que son père, Barca, « la foudre », a dressé sa tente dans la plaine à proximité du Rhône aux portes de Vienna la cité des Allobroges. L’heure est venue pour lui de se séparer de l’un de ses « Indiens », (les cornacs), répondant au nom de Mbongó, ce qui signifie « Éléphant » en langue Kikongo. Né au cœur de la forêt équatoriale d’Afrique centrale, Mbongó fut missionné, suite à une prophétie de son père Mwene Mbongó, le « Roi Éléphant ». L’oracle intimait à Mbongó de se rendre dans un premier temps auprès d’Hannibal Barca le général de Carthage. Il suivra ce dernier jusque dans la lointaine Terre de Kal (Gal ou Gallia). Le fleuve Rhône à la hauteur de Vienna marquera pour Mbongó l’heure où il devra quitter Hannibal pour se rendre à proximité du Grand Marais au lieu où affleure la Pierre Ronde, à la jonction des territoires celtes, Vellaves, Ségusiaves et Allobroges.

Les cornacs originaires des Indes étaient les meilleurs mais Mbongó était encore meilleur que les meilleurs ! Il connaissait dit-on le langage des éléphants. Hannibal, ainsi que son Maître de Cavalerie Maharbal, allaient regretter le départ du cornac Africain mais ils savaient qu’il leur était impossible de le retenir. Le Carthaginois Hannibal aux origines phéniciennes, maîtrisait les langues sémitiques, aussi avait-il tout simplement surnommé le fils de Mwene Mbongó : Pil Kam, soit « l’Éléphant d’Afrique ».

Le clan dirigé par Mwene Mbongó fut le premier à pénétrer le territoire des pygmées Baka, bien qu’officiellement les premiers Kongos n’arrivèrent dans la région que vers l’an 320 ou 350 après J.-C. sous la conduite du Prophète Nsasukulu a Nkanda.

Mbongó accompagné de sa femme et de ses enfants, allait retrouver à la Pierre Ronde, des descendants de ses propres ancêtres envoyés par le roi Narmer auprès des Bâtisseurs de Mégalithes. À l’instar d’Hannibal, ces ancêtres des Kongos, étaient venus dans ce lointain pays avec femmes, enfants et éléphants…

Versés dans la triangulation, Maîtres de la corde d’arpenteur et de la Coudée Royale Égyptienne, les Kongos venus d’Égypte, avaient activement participé, en étroite collaboration avec les Constructeurs des Mégalithes, à l’édification de ce Livre de Pierres dont les pages sont fixées au dos (la Pierre Ronde) de ce livre minéral.

Ce Livre de Pierres apparaît comme la partie visible d’un livre souterrain dont les pages s’ouvrent en directions de hauts-lieux de l’histoire secrète du Pila… Pil Kam en compagnie de sa femme et de ses enfants va décorer encore et encore le livre souterrain. Les rois des trois tribus celtes dont le territoire était orienté autour de la Pierre Ronde, transformèrent à leur tour le nom de Pil Kam, « l’Éléphant d’Afrique » en Pil Kal : « l’Éléphant de la Gaule »… L’épouse de Pil Kal, la Matriarche, va poursuivre à la mort de son époux, l’immense travail. Les derniers descendants des Kongos venus en ces lieux au temps du Pharaon Narmer, nommèrent la Matriarche  Mamma Pila : la Mère Éléphante. Le temps passa, Mamma Pila passa… et son nom devint inséparable de celui des Montagnes où Mamma, symboliquement la Terre-Mère, avait œuvré… À la mort de son époux, Mamma Pila plaça dans la tombe la Coudée Royale Égyptienne de Pil Kal qui restait à jamais pour elle l’intrépide Mbongó.

 

La Coudée Royale Égyptienne

 

La tombe elle-même se trouvait à proximité du lieu de repos des éléphants, ceux que l’on a depuis appelés les Éléphants du Pilat. Non, Pilati elephantus, l'éléphant du Pilat, ainsi nommé par quelques personnes bien informées, n’est pas précisément un éléphant de la Terre du Pilat. Les éléphants étaient à l’origine au nombre de dix, un nombre bien inférieur à celui des éléphants d’Hannibal. Les Kongos venus dans ces montagnes sacrées, amenèrent beaucoup de matériels, de la nourriture, différents types de graines, ainsi que des animaux pour la nourriture. Aussi dans le bateau/arche du Pharaon Narmer spécialement affrété pour l’Opération Narmer au Pays des Mégalithes, pouvions-nous retrouver les dix éléphants capables le moment venu d’acheminer jusqu’à destination la cargaison secrète. Ces éléphants ainsi que leur descendance, mirent leur force et leur intelligence au service des Kongos du Pilat et des Bâtisseurs de Mégalithes. Ils ont mérité, le moment venu de reposer dans le Cœmeterio Elephantorum (le Cimetière des Éléphants), un grande crypte souterraine située à proximité du Grand Marais (l’actuel Tourbière de Gimel).

Ces éléphants n’étaient pas de simples éléphants, il s’agissait de descendants de Khoro l’Éléphant-Roi. Primitivement le peuple des éléphants vivait au bord de la rivière Sankourou, affluent du fleuve Congo. La légende raconte qu’un tisserin se posa sur l’une des deux défenses de Khoro. Bien qu’effrayé, l’oiseau délivra son message au puissant roi :

« Hélas, puissant Khoro ! c’est terrible ! Une foule d’êtres noirs à deux pattes est arrivée dans notre pays. Ils possèdent de drôles d’objets qui tuent. Ils s’étendent partout et dévastent tout sur leur passage ».

Khoro sourit :

« Je connais ces êtres. Ce sont les hommes. Ils sont petits et ne sont pas très forts. Leurs armes ne peuvent pas transpercer l’épaisse peau des éléphants ».

Certes les hommes noirs n’étaient ni très grands, ni très forts, mais ils étaient nombreux. Une flèche bien lancée pouvait tuer un éléphant si elle le frappait à l’œil. Les hommes brûlaient les forêts pour en faire des champs. En outre, une terrible sécheresse éprouvait le pays. De nombreux éléphants trouvèrent la mort. C’est alors que le puissant Roi des Éléphants rassembla ses sujets et leur dit :

« Cette terre n’est plus bénie des dieux. La famine et les hommes noirs nous font souffrir. Nous devons partir d’ici. Nous irons vers le soleil couchant Il n’en reste pas moins que ce pays a toujours été notre terre. Aussi, nous y reviendrons quelques jours chaque année, le premier mois qui suit la saison des pluies. Ainsi, nos enfants la connaîtront, les vieux et les malades pourront y vivre leurs derniers instants ».

Ainsi parla le puissant Khoro, et il en fut comme il dit. Cela s’est passé, il y a longtemps, très longtemps, mais chaque année, les éléphants continuent à emprunter le même chemin pour montrer leur ancienne patrie à leurs petits et pour que les vieux puissent y mourir. Depuis ce temps, on ne trouve plus de cadavres d’éléphants dans la forêt car ceux-ci vont mourir sur les bords de la rivière Sankourou. Là se trouve leur cimetière bien que personne n’en connaisse l’endroit exact.

Cette légende bien connue est loin de faire l’unanimité. Les rares partisans d’un unique cimetière des éléphants au cœur de l’Afrique, indiquent que ce lieu situé à proximité de la rivière Sankourou, est une zone marécageuse cachée par des brumes opaques et mystérieuses rendant son accès des plus dangereux.

Le roi Khoro ne connut pas la venue des Kongos au cœur de l’Afrique. Ces derniers on pu jouir auprès du peuple des descendants de l’Éléphant-Roi d’une reconnaissance perpétuelle. La présence des Kongos dans la jungle équatoriale annoncera pour les éléphants la paix tant souhaitée avec les hommes. Cette paix ne fut pas éternelle mais le Royaume de Khoro fut reconnu par les Kongos au service du Roi Narmer. Cette reconnaissance fut scellée par une offrande royale dont l’importance allait rejaillir à la fois sur les Fils de Kam et sur les Fils de Kal…

 

24 décembre 2069 à Saint-Régis-du-Coi.

L’archéologue Sylvain Barri et son équipe sont fin prêts. Ce soir à minuit précise, ils seront au rendez-vous. La quête de BS, ainsi que l’ont affectueusement surnommé ses proches collaborateurs, fut véritablement commencée par son père Bertrand et son grand-père Léon, aujourd’hui disparus. Cette quête vise à faire ressortir de leurs alcôves, des secrets transmis de génération en génération jusqu’à la Révolution, puis enterrés pour  raisons d’État. Léon, l’illustre aïeul, savait l’heure proche où il conviendrait à son fils et plus encore à son petit-fils, de décrypter dans sa totalité ce document familial, qu’il avait lui-même adapté au plus jute, du moyen français à un français on ne plus accessible.

L’heure est venue pour Sylvain Barri de rejoindre les invités triés sur le volet et attendant religieusement  dans la salle des réceptions privées du Cadran Charentenay/Charpentier (le CCC pour les intimes… référence cachée, affirme-t-on, aux Cousins CC.·. de la Charbonnerie  C.·. association dit-on aussi, bien connue de l’archéologue Sylvain…).

Une musique d’un chant de Noël, en l’occurrence le White Christmas, accueille l’archéologue dans la salle. Sylvain se souvint non sans émotion des Noëls de son enfance, au cours desquels, son grand-père aimait poser sur une vieille platine, ce vieux standard américain, version Dean Martin qui restait pour lui le roi des crooners. Le sapin de Noël et les décorations ornant la salle ne pouvaient que déclencher chez Sylvain cette fibre nostalgique.  

La musique cessa et Sylvain Barri prit la parole :

« Bonjour mes chers amis et merci d’avoir accepté notre invitation. La soirée à laquelle nous vous avons convié, sera, nous voulons le penser, mémorable. Notre famille attend cette soirée depuis déjà… quelques siècles ! J’ai ce soir une pensée très émue pour mon père Bertrand et à mon grand-père Léon qui ont à leur façon préparé cette soirée…

«  Un petit mot sur le Musée du Cadran Charentenay/Charpentier où nous nous trouvons ce soir. Ainsi que vous le savez, il y a déjà bien des années, en 2016, l’honorable Thomas de Charentenay se baladait en forêt à 1200 mètres d’altitude près de la Pierre des Trois évêques, dans ce massif du Pilat. Poussé par sa curiosité, il s’aventura au-delà du sentier, longea une série de rochers, et machinalement, se mit à compter ses pas. Surprise : c’est le même écartement entre chaque pierre : 12 pas exactement, soit 10 mètres à chaque fois, et le tout aligné plein Est.

 

La Pierre des Trois Évêques

 

« Fort de ce qui lui parut une découverte d’importance, Thomas contacta Éric Charpentier, un ami passionné de mathématiques qui décela dans certains alignements entrecroisés des formes géométriques, basées sur le triangle de Pythagore. Le mystère s’épaissit : la Pierre des Trois Évêques semble bien être l’épicentre d’un large cadran, aligné sur les solstices d’hiver et d’été, et pointant sur les principaux sommets alpins des Écrins et de la Meije !

« Les travaux effectués depuis par Éric Charpentier sont aujourd’hui connus et reconnus. Ils affirment une géographie sacrée pilatoise remontant à une époque préhistorique.

« La présence, parmi nous aujourd’hui, de nos amis de la République du Congo : Denis Ubi, grand archéologue et Directeur du Musée National du Congo à Kinshasa  et Michel Tio héritier en ligne direct de Mini le Grand, le Mwene Kongo ou Roi Kongo, fondateur mythique de l’ancien royaume, est pour nous un grand honneur. Michel vous apportera tout à l’heure, de précieux renseignements sur ce qui nous réunit ce soir.

« Les passionnés de la première heure, fédérés autour du « collectif du « Cadran du Pilat » ont vu leur patience récompensée en l’année 2035. L’État français a financé dans la commune de Saint-Régis-du-Coin le Cadran Charentenay/Charpentier, ce magnifique musée entièrement consacré aux mystères du Cadran du Pilat traditionnellement connu sous le nom de Pierre des Trois Évêques. Éric Charpentier fut le premier Conservateur du Musée…

« Mesdames et Messieurs, je vous demande d’applaudir Éric Charpentier ainsi que son vieil ami Thierry Rollat, dont la présence nous est aujourd’hui encore très précieuse… »

Surprise et émotion… Éric et Thierry apparurent dans la grande salle des réceptions sous une salve d’applaudissements. La jambe aujourd’hui plus lourde que par le passé, les deux hôtes prirent place dans un confortable fauteuil. Ainsi que l’indiqua Éric, ils affirmaient à eux deux 198 printemps, leurs souvenirs n’en étaient que plus nombreux, aussi ne se privèrent-ils pas de résumer leur riche passé tourné vers les Regards du Pilat... Thierry quitta son confortable fauteuil, oubliant soudain ses 100 ans affichés, et se souvint à voix haute :

« Il y a près de 88 ans – Mon Dieu le temps passe mon cher Éric – au début des années 80… au 20e siècle… je prenais chaque jour le bus avec toi. Ce jeune garçon, dit-il en regardant l’assistance, plutôt calme et réservé… comme moi ! Si, si, ne riez pas… était alors âgé d’à peine une douzaine d’années, mon cadet de deux ans. Natifs tous deux du village de Loire/Rhône, nous nous rendions en ces temps-là au même collège, à Sainte-Colombe-les-Vienne. Le temps passa, au fil des classes, puis des orientations, nous nous sommes totalement perdus de vue. L’année 2016 nous permis de nous retrouver pour ne plus nous quitter depuis. Nous allons effectuer ce soir un ultime voyage dont Sylvain sera notre guide éclairé… Ce guide, le dernier pour moi, sans aucun doute, dans le Pilat mystérieux, me rappelle un autre guide toujours vivant dans nos cœurs, le Druide du Pilat, Patrick Berlier dont nous avons célébré en cette année 2069 les 120 ans de sa naissance. J’aime à penser que l’esprit du Druide, depuis le Paradis Blanc, en ce Noël historique, nous fait l’honneur de sa présence. »

Sylvain Barri reprenant la parole, remercie Éric Charpentier et Thierry Rollat. L’hommage rendu par Thierry au Druide du Pilat le touchait tout particulièrement… Il convia les invités à regarder quelques tableaux peints par le Stéphanois et offerts en 2035, l’année de son 86e anniversaire, à Éric Charpentier pour l’inauguration du Cadran Charentenay/Charpentier.

« Mes chers amis, nous allons à Minuit précise, découvrir la réalité du Royal Secret du Pilat. L’heure est venue de vous entretenir de ce document transmis de génération en génération dans notre famille. Si Barri n’est pas mon véritable nom de ma famille – certains le connaissent – il fut toutes ces années durant, celui sous lequel j’évoluais dans le monde de l’archéologie. Il me plut de prendre ce pseudonyme car il évoquait tout à la fois l’ours et l’éléphant… L’ancienne langue germanique et les langues apparentées présentent un BAR avec ses variantes signifiant « ours ». La langue latine présente quant à elle le mot BARRUS : l’éléphant. Ces deux animaux totémiques apparaissent à l’origine de ma famille dont le véritable nom est… Roussyl. Trop parlant dans certains milieux, j’ai opté, après en avoir informé mes proches, pour celui de Barri…

Sylvain Barri ou devrions-nous écrire, Sylvain Roussyl, invita les convives à se tourner vers le grand écran mural où apparut la dite inscription qu’il lut dans son intégralité :


Les Trois Qadranniers diocésains viendront

Circonférer une fois encore le beau soleil à la minuite de la Noël

L’An 575 de l’Éléphant-Roi de Fontainebleau     

L’ivoirine dent Nzau du sage Khoro par le Mani du nœud du monde 

 Remise à Sylvain Roi Pila dans la Cité Sainte de la Cigogne en Sa Saison

 Plantée au cœur de la croix du centre, elle ouvrira le passage menant au 

Cœmeterio Elephantorum du Mont Pila

 

« '' Les Trois Qadranniers diocésains '' initiant l’inscription bien chargée, reconnaissons-le, sont appelés '' une fois encore '' à circonférer au minuit de Noël autour du beau soleil (la Pierre des Trois Évêques – le Cadran du Pilat). Ces trois personnage sont, vous l’avez compris, les évêques de Lyon, du Puy et de Vienne qui par le passé, avaient coutume de se retrouver à la Pierre des Trois Évêques marquant aujourd’hui la limite entre Saint-Sauveur-en-Rue et La Versanne. Le titre d’évêque ou plus précisément d’archevêque de Vienne (le Primat des Primats) fut supprimé par la Constituante en 1790. Depuis 2006, ce titre était relevé par l’évêque de Grenoble. En 2030, ainsi que vous le savez, le pape Benoît a rétabli l’archevêché de Vienne.

« Monseigneur Franck Dugommier de Lyon, Monseigneur Robert Sanglier du Puy (le Dioecesis Aniciensis) et Monseigneur Luc Tio de Vienne, né en France mais d’origine Congolaise lui-même… cousin de Michel Tio héritier en ligne direct du Mwene Kongo, se trouvent actuellement au Cadran du Pila… un Pila que j’aime à écrire sans '' T ''. Nous rejoindrons Leurs Excellences, quelques minutes avant minuit en ce lieu ou Elles préparent, pour l’heure, rituellement le site sacré.

« Arrêtons-nous à présent sur la 3e ligne de l’inscription : ‘’L’An 575 de l’Éléphant-Roi de Fontainebleau‘’. Nous avons ici une référence à la célèbre fresque de la galerie François Ier du château de Fontainebleau, œuvre de Giovanni Battista di Jacopo, dit Rosso Fiorentino, soit le Maître Roux de Florence (1494-1541). Ce Rosso que l’on traduit par Roux cachait en fait une autre vérité. Rosso au travers de sa peinture se présentait comme un émissaire de Rossyl, le Roi Pilat. Vous pouvez observer sur votre gauche une copie de la célèbre fresque. L’éléphant fleurdelisé représente le roi François 1er.

 

LÉléphant-Roi de Fontainebleau – fresque du Rosso

 

« La cigogne, symbole de piété, assiste la marche de l’éléphant. Elle évoquerait Louise de Savoie, la mère de François Ier. Il convient de rappeler que l’éléphant fut un symbole très important dans la Maison de Savoie. Il est connu et reconnu, depuis les  travaux de Didier Coilhac, que le roi de France codifia quelques secrets au travers de la langue des Hébreux. L’hébreu nomme l’éléphant : « Pil » ou « Fil ». Différents jeux de mots tant en arabe qu’en hébreu s’appuient sur ce mot. L’année 575 de cet Éléphant-Roi (François Ier), correspond précisément à l’année 2069. En effet, François d'Orléans, futur François Ier naquit à Cognac le 12 septembre 1494.

« En 2011 Patrick Berlier découvrit sur le site de la B.M. de Lyon, la LETTRE A M. MULSANT A PROPROS DU MONT DU PILAT rédigée en 1867 par A. Péan. L’auteur évoquant les diverses étymologies relatives au Mont Pilat, paraît, sans vraiment l’affirmer non plus, privilégier la piste sémitique en évoquant le mot « Pil, Phil, éléphant ».

 

Extrait de la lettre de A. Péan
(Revue du Lyonnais, B.M. Lyon)

 

Les érudits locaux ne validèrent pas cette étymologie mais ne la rejetèrent pas non plus. Notre ami Patrick Berlier offrit au musée sa magnifique copie du tableau de la Madeleine. La copie réalisée par le Druide du Pilat, a permis de redécouvrir l’œuvre originelle visible dans la chapelle de la Madeleine en la commune de Pélussin. L’archéologue Sylvain Barri tourne son regard rayonnant vers Thierry Rollat bien assis dans son fauteuil :

« Thierry, notre mémoire vivante du Pilat, dans ton livre Sur les Traces de la Vérité, suite à une enquête très approfondie, tu nous as révélé l’identité du peintre qui réalisa cet énigmatique tableau. Il s’agit de Jean-Baptiste Bonnel, dit Jean Bonnel, né en 1861 au hameau de Vaubertrand où il décéda le 1er mars 1927. L’enquête que tu effectuas démontre que le peintre réalisa le tableau au 19e siècle. 

 

La copie du tableau de la chapelle Sainte-Madeleine

 

« Les parois de la grotte de Marie-Madeleine figurées sur le tableau, affectent curieusement la forme de l’éléphant… l’Éléphant du Pila ! Pil, l’éléphant est rapproché de la racine hébraïque Pala qui évoque l’émerveillement, l’étonnement. Associer comme le fit le Rosso l’éléphant et la cigogne, revient à associer Pala (Pila) à H’assida, la « piété ». Piété est le nom hébreu de la cigogne et c’est bien ce sens qui est donné à la cigogne de la fresque. Le prophète Jérémie au chapitre 8, verset 7 clamait : « Même la cigogne dans le ciel connaît SON MOED ». Le Moed biblique désigne la saison, le temps fixé ou le rendez-vous. La cigogne migre régulièrement vers la Palestine et la Syrie en mars/avril, environ six semaines, après avoir quitté ses quartiers d’hiver en Afrique équatoriale, puis elle poursuit sa route aérienne vers l’Europe.

 

L'éléphant du tableau de la chapelle Sainte-Madeleine

 

« Quelques Kabbalistes juifs ont disserté d’étrange façon sur la première partie du verset de Jérémie, affirmant notamment : ‘’Il y a aussi un sanctuaire dans le ciel connu par ses portes… ‘’ Le mot Tor qui ouvre la seconde séquence du verset et dont la signification est ‘’tourterelle’’ est lu comme le mot araméen biblique Téra, ‘’ouverture’’, ‘’porte’’. Ce sanctuaire aérien, dans une lecture toute juive se réfère au Temple de Jérusalem et précisément au 3e Temple… La lecture kabbalistique va plus loin encore. Ainsi le Sage Tzur affirmait que ce verset indiquait que la cigogne… connaîtra, mais aussi gardera ‘’ses trésors’’ pour ‘’sa saison’’ qui sera aux derniers jours, le ‘’temps du peuple de Dieu’’. La cigogne venue d’Afrique descendait à proximité de ce que l’on nomme aujourd’hui le Mur des Lamentations.

« Un autre récit kabbalistique très important affirme : ‘’La cigogne et les habitants du château connaissent bien leur temps et, l'un de l'autre, ils ont appris qu'il était possible de survivre et de vivre dans un endroit où l'amour, la bonté et la foi existent.’’ 

« Silvain ou Sylvanus, le premier des Rois Pilat, cher à notre ami Éric Charpentier, connaissait-il ses lectures kabbalistiques du verset de Jérémie ? L’inscription semble le démontrer. Notez que ce premier comte du Forez  dont je porte le prénom, associé à la Loi Gombette (502), ainsi que l’indique l’inscription, se rendit à Jérusalem (la Cité Sainte de la Cigogne en Sa Saison). Près du Mur des Lamentations, il rencontra le Mani Kongo ou Roi Kongo maître du nœud du monde au Cœur de l’Afrique, lieu où s’élevait le Temple du Soleil et où les Portugais édifieront leur capitale São Salvador. En ce VIe siècle le Royaume Kongo n’en était qu’à l’état embryonnaire. C’est seulement au Moyen-Âge que sa géographie sacrée se finalisera.

« Je vais à présent passer la parole à Michel Tio cousin de Monseigneur Luc Tio archevêque de Vienne et héritier en ligne directe du Mwene Kongo ou Roi Kongo, Nimi le Grand. »

Un homme grand et fort s’avança sur l’estrade où se trouvait Sylvain Barri. Il salua la foule avec un large sourire, puis entama son discours :

« Notre ami l’archéologue Sylvain Barri vient d’évoquer le ‘’nœud du monde’’. Dans la langue Kikongo nous le nommons Zita-Dya-Nza.  Ce lieu sacré avait un statut administratif particulier en tant que province-capitale appelée également Mbanza-Kongo, du nom de la ville où résidait le Mwene, et que les Portugais rebaptisèrent non sans raisons, São Salvador. Littéralement, Mbânza (ou Ngânda) signifie chef-lieu ou capitale. En sorte que Mbanza-Kongo se traduit par ‘’capitale de Kongo’’.

« Les fondateurs de Kongo ont conçu leur pays comme un grand cercle ayant quatre secteurs, et pourvu d’un gros noyau. Sa rotation symbolique se faisait dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Le premier des Mwene Kongo fut Nimi ya Lukeni, le Père Fondateur qui vécut vers 690. Il nomma la montagne sacrée où il établira sa capitale : Moongo Koongo, soit la montagne ‘’des rives unies’’.

« Ce grand cercle de quatre secteurs, le Royaume Kongo, son noyau (le nœud du monde) et sa montagne ‘’des rives unies’’, toutes proportions gardées, apparaît comme le miroir du Royaume Pila dont le centre symbolique n’est autre que le Cadran du Pilat. 

« Plusieurs rois ont dû se succéder durant des générations pour accomplir ce grand œuvre géographique que fut le Royaume Kongo. La mémoire collective n'a retenu que le plus illustre d'entre eux, Nimi le Grand. Les historiens du Congo, au vu des similitudes mythologiques, reconnaissent dans le roi Nimi une personnification de Narmer, premier roi de Kama, l'Égypte antique, dont l'image de “père fondateur de civilisations” a traversé les âges.

« Cet avatar du grand roi d’Égypte répond dans le Royaume Kongo à Sylvain le premier souverain du Royaume Pila. Sylvain Barri le dernier descendant de ce roi, fait sienne l’hypothèse de Noël Gardon qui affirmait que ce roi fut aussi connu sous le nom de AR–MEN–TAIRE, nom repris, quelques décennies plus tard par l’un de ses descendants. Nous pouvons affirmer que le MEN placé au cœur de l’ARTAIRE, s’il désigne ainsi que le pensait Noël Gardon l’Homme, désigne aussi, NEMES, le Pharaon unificateur de la Haute et de la Basse Égypte. La composition du nom ARMENTAIRE peut intriguer. Nous ne sommes plus ici dans l’étymologie essentiellement latine du nom porté par différents personnages mais dans une étymologie codifiée propre au Royaume Pila, première phase de l’Opération Narmer en Terre de Kal. Ainsi que me l’apprit Sylvain au cours de nos longues réflexions, si l’artaire désigne dès le Moyen Âge la veine dans laquelle circule le sang provenant du cœur, il avait en langue romane, sous la forme ARTERIA, le sens d’artère remplie d’air et désignait plus précisément la trachée artère où passait l’air qui se dirigeait ensuite vers les poumons, signification confirmée par son étymologie grecque aêr, air et têrein, conserver. ARMENTAIRE, le premier Roi Pila, affirme par son nom qu’il est le Roi d’un Royaume dont les artères souterraines (?) sont parcourues par l’air, le souffle – en quelque sorte l’esprit – du Roi Nemes !!!

« Nous ne pouvons encore tout affirmer, ni même révéler ce que représentent le Grand Cercle du Royaume Kongo ainsi que celui du Royaume Pila. Nous pouvons néanmoins vous affirmer qu’ils sont intimement liés au Messie… Le premier Roi Pilat fut au Moyen-Âge évoqué sous le nom d’Henri de Léon que Noël Gardon voulait entendre Henri de Noël. Il avait ô combien raison même s’il ne faut absolument pas mésestimer le Léon et son saint apôtre Paul, Poul ou Pou de Léon : le saint Pou Mon que l’on peut dans le Pila, dessiner géographiquement par les sites ô combien sacrés, de Saint-Paul-en-Jarez et de Saint-Chamond. Noël Gardon affirmait, vous le savez, que le saint Chamond en question n’était pas celui que l’on affirmait, il en va de même pour le saint Paul…

« Les traditions messianiques liées à la géographie sacrée du Royaume Kongo ont généré des dérives. C’est ainsi qu’en 1969 Ne Muanda N’semi fonda en RDC le Bundu dia Kongo mouvement politico-religieux visant à ressusciter le Royaume Kongo. Ce royaume et plus encore son noyau le Pays de la Promesse, ne fut pour les membres du BDK, que pour mieux recevoir durant l’Ère du Verseau, le GRAND MANI KONGO venu d’une lointaine étoile...

« Le Royaume Kongo en Afrique et le Royaume Pilat en Europe sont placés sous le sceau de Noël mais un Noël chrétien. La légende de Brun de la Montagne bien connue aujourd’hui nous le confirme bien quelle comporte une certaine ambiguïté ! Le fondateur du Royaume Pila y apparaît sous un visage messianique…

« Chanter le Pila, chanter le Kongo, c’est aussi chanter Noël ! Aussi allons-nous à présent nous diriger sous la conduite de Sylvain vers la Pierre des Trois Évêques où nous ont précédé les trois évêques. Nous ne devrions pas avoir de difficulté pour nous y rendre, le réchauffement inquiétant de la Terre toujours croissant en cette année 2069, fait que la neige tarde à tomber sur le Pila, ce qui, néanmoins nous facilitera l’accès à la Pierre.

 

Minuit : Noël au Cadran du Pilat

Sylvain Barri et ses hôtes parviennent à la Pierre des Trois Évêques. Les Trois Qadranniers diocésains après avoir circonféré autour du beau soleil que nous nommons aujourd’hui le Cadran du Pilat, ont enfoncé la pointe de l’ivoirine dent Nzau (l’autre nom de l’éléphant en Kikongo) du sage Khoro le roi des éléphants, au centre même de la croix centrale.

 

La croix centrale de la Pierre des Trois Évêques

 

Le Cadran poussa soudain un rugissement – si tant est qu’une pierre puisse rugir – ce rugissement s’unit comme par magie à la sonnerie des cloches des communes avoisinantes, annonçant la Nativité du Christ, le Chant Angélique de la Noël 2069. Soudain apparut dans le sol un escalier dont les marches se perdaient dans les ténèbres. La dent de Khoro aux pouvoirs insoupçonnés, telle un flambeau, illumina soudain l’escalier et permit à la petite troupe d’émerger dans un spacieux souterrain dont les lisses parois étaient recouvertes de fresques ressemblant étrangement aux fresques visibles dans les sépultures égyptiennes. Des défenses d’éléphants fixées aux murs s’illuminèrent au passage des visiteurs. Le souterrain fit soudain place à une crypte aux dimensions dignes d’une cathédrale. Des souterrains partaient de cette immense crypte. L’un d’eux, ainsi qu’on le découvrit plus tard, se dirigeait vers la Chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, et un autre vers cette crypte jamais découverte de Trèves, le Vieux Secret cher à Thierry Rollat.

Cette gigantesque crypte apparut aux yeux des visiteurs comme un Temple mais aussi et surtout comme un cimetière... Sylvain et ses amis venaient de découvrir le  Cœmeterio Elephantorum du Mont Pila évoqué dans l’inscription. Ici dormait à tout jamais les Fils de Khoro ayant traversé la Méditerranée sous la conduite des Fils de Kam afin d’accomplir en Terre de Kal, la Prophétie de Narmer. 

Dans les artères de la montagne du Pila, les Fils de Kam, années après années, siècles après siècles, ont, en étroite collaboration avec les Constructeurs de Mégalithes, puis avec les tribus Celtes, creusé puis aménagé le réseau souterrain, utilisant quelque fois, ainsi que pour cette crypte, l’espace vide préexistant depuis des milliers, voir des millions d’années.

L’Opération Narmer en Terre de Kal venait d’entrer dans sa phase ultime. Tout avait commencé dans l’île Éléphantine qui était considérée dans l’Antiquité, comme « la clef de l’Égypte ». En 1798, le général Bonaparte est envoyé dans l’ancienne Terre de Kam afin de s'emparer de l'Égypte et de l'Orient et ainsi bloquer la route des Indes à la Grande-Bretagne. Cette campagne d’Égypte se double d'une expédition scientifique. Le journaliste et homme politique Louis Reybaud entreprend en 1830, ce qui lui prendra six années, une Histoire de l’expédition française en Égypte. Dans le tome II, il s’attarde sur l’île Éléphantine que des vieux auteurs ont présentée comme un royaume. L. Reybaud ne peut accepter l’idée de ce royaume car ainsi qu’il l’écrit :

« Au premier coup-d’œil jeté aujourd’hui sur cette île, il est facile de voir que ce royaume, s’il a existé, ne pouvait être circonscrit dans une aussi étroite enceinte. Comment admettre en effet qu’un État, si petit qu’il soit, n’ait que quatorze cents mètres de long sur quatre cents mètres de large ? Serait-il resté indépendant durant neuf générations de rois, comme le dit Jules Africain, ou trente-une, d’après Eusèbe ? La supposition est absurde ; et, si ce royaume a existé, l’île d’Éléphantine aurait seulement été sa capitale, et aurait donné son nom à tout le territoire qui en dépendait, comme on à dit le royaume de Paris, le royaume de Soissons, le royaume d’Arles, etc. »

Les propos de Louis Reybaud, certes judicieux, sont ceux d’un homme qui ne possède pas tous les éléments. Sylvain et ses amis Congolais connaissent aujourd’hui l’énigme du Royaume d’Éléphantine. Le Roi Narmer avait établi dans l’île de l’Éléphant des prêtres de l’ancienne religion des Fils de Kam. Ce Royaume où s’élabora ce que l’on nommera plus tard le Code ou l’Opération Narmer, peut être comparé par delà les siècles à l’État du Vatican.

Comme l'a démontré Patrick Berlier dans le livre coécrit avec Thierry Rollat, Pilat terre de grands secrets, lorsque les Chartreux de Sainte-Croix-en-Jarez décorèrent leur maison de Prarouet, à Tarentaise, ils choisirent des tableaux peints d'après des gravures d'un artiste du XVIe siècle, Antoine Caron, membre de l'École de Fontainebleau. Ces gravures ornaient le livre Les images, ou tableaux de platte peinture des deux Philostrate paru en 1578, Le peintre inconnu, auteur de ces tableaux, n'avait pas hésité à transformer totalement l'une des gravures, tout en gardant sa composition. L'original représentait la statue de Vénus de l'île Éléphantine, entourée de jeunes femmes dénudées ; il en avait fait des moines Chartreux ! Mais l'important était l'allusion, particulièrement discrète, à cette île Éléphantine. Il est regrettable que ces tableaux aient disparu, mais fort heureusement il en existe des photos et des relevés.

 

La gravure originale de Caron (à gauche) et le tableau de Prarouet
(à droite – dessin plume et lavis de Patrick Berlier)

 

Les fresques visibles dans le Cimetière des Éléphants du Pilat évoquaient cette lointaine histoire ainsi que la venue des Hommes de la Terre de Kam conduisant en Terre de Kal d’imposants éléphants africains. Il semble ici, intéressant d’indiquer que, si Fila ou Pila, désigne l’éléphant dans les langues sémitiques, ce même mot Fila signifie « conduire » dans la langue Kikongo.

Une fresque de la crypte représentait la naissance de Sylvain le Roi Pila. Sur la fresque voisine était représenté le couronnement du père fondateur de la dynastie des Rois Pila sur le Crêt de la Perdrix où se dressait la Pierre du Sacre. L’image fantomatique du Pharaon Narmer apparaissait en médaillon. La filiation s’affirmait dans les montagnes du Pila. Une autre fresque représentait les épisodes édifiants du voyage de Sylvain le Forestier à Jérusalem. À droite Sylvain se voyait remettre par le Mani Kongo, la dent de Khoro. À gauche, le Roi Pila apparaissait en orant devant le Tombeau du Christ. Ces peintures représentaient un Sylvain christique. Sa naissance également figurée, ressemblait fort à un miracle. Mais les Rois Pila ne se considérèrent pas pour autant comme des Messies. Ils n’étaient que des instruments au service du Christ, de ce Messie déjà venu mais dont le Grand Retour était annoncé par d’anciennes prophéties.

L’intrépide Thierry Rollat exultait en cette nuit. Il ne regrettait pas d’avoir atteint cet âge record de 100 ans ! Son œuvre était enfin récompensée. Assurément, ainsi qu’il le clamait : « Vraiment, c’est NOËL ! »

Sylvain Barri... enfin Sylvain Roussyl, rentrait de plein pied dans l’Opération Narmer… Il s’écria à son tour, faisant échos aux paroles de Thierry : « Joyeux Noël à tous ! »

Royaume Kongo : L'histoire du peuple Kongo à travers ses rois
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