2020
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Chers
Amis Internautes,
Par
Tradition, les Regards du Pilat ont le plaisir de vous présenter
leurs bons
vœux. C’est aussi l’occasion de faire le point avec vous concernant
notre vécu
en commun.
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Chers amis internautes, Le bonheur, c'est comme une
bulle de savon :
c'est beau, léger, brillant, on y voit mille reflets et autant
de couleurs, et
puis soudain... flop ! La bulle retombe en en une pluie de petites
gouttes
semblables à des larmes. Les instants de bonheur sont rares, et
ils se
terminent parfois par des larmes, alors sachons préserver et
prolonger ces
instants qui sont autant de bulles légères. Mais heureusement, voici que
se présente l'année
2020. Avez-vous remarqué comme ce millésime, avec ses
deux zéros, semble
contenir deux bulles de savon ? C'est le signe que cette
année est une
année de bonheur double. Deux fois deux, deux fois zéro,
deux fois vingt, ou
deux fois vins, deux fois vains... Deux mille vingt ou deux mille vins,
deux mille
vains. Il y a d'autres homophonies et assonances à trouver,
essayez en famille,
vous verrez... Pour en revenir aux bulles de
savon, il paraît
que le fait d'ajouter de la glycérine, ou du sirop de sucre, au
mélange
savonneux, leur permet de durer plus longtemps. Alors puisque
l'année 2020 nous
promet deux fois plus de bulles de savons instants de bonheur, nous
devrons
expérimenter des formules analogues qui permettront aux bulles
de durer plus
longtemps, voire de devenir impérissables. Tel sera mon souhait pour ce nouvel
an !
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NOËL AUX
TROIS DENTS Dans un futur
indéterminé... 32 mars de l'an 875 de la
Nouvelle ère Dans la petite école du
village qui avait été –
il y a bien longtemps ! - Pélussin, une vingtaine
d'élèves se bousculait
pour entrer en classe, sous le regard bienveillant de leur enseignante.
S'ils
étaient aussi pressés, c'est que l'institutrice leur
avait promis de commencer
ce jour-là ses cours consacrés à l'Ancien monde,
à la Grande fracture, et à
l'avènement de la Nouvelle ère. Enfin, ce qu'elle en
savait, c'est-à-dire peu
de choses en vérité, mais c'était toujours mieux
que l'ignorance totale dans
laquelle la plupart de ses semblables étaient plongés. L'école
de Pélussin au début du XXe siècle...
de l'Ancien monde Il faut préciser que
cette histoire est peut-être
vraie, peut-être imaginaire, la seule certitude est qu'elle se
déroule dans un
avenir lointain, et si le conteur en a connaissance, c'est sans doute
qu'il
possède, comme disait Jules Verne, « comme une sorte
de seconde vue qui
lui permet d’écrire ce qu’il ne lui a pas été
donné de voir ». C'est une époque au
cours de laquelle les hommes
– ou le peu qu'il en reste – tentent de s'adapter à leur nouvel
univers d'après
la Grande fracture. Ils ne savent d'ailleurs pas très bien ce
qui l'a causée,
cette rupture dans l'ordre du Temps, cet effondrement de la
civilisation, que
l'on a pris l'habitude de nommer ainsi. Tout ce qu'ils savent, c'est
qu'il y a
eu un avant, qu'ils ont baptisé « l'Ancien
monde » et un après,
nommé « la Nouvelle ère ». À
la fin du temps d'avant, il y a
longtemps maintenant, le monde a sombré dans le chaos,
brutalement, sans aucun
signe avant-coureur. Était-ce une guerre nucléaire
totale ? Était-ce un
cataclysme naturel à l'échelle de la
planète ? Peut-être un peu des deux,
personne ne pouvait le dire. Il y eut quelques survivants, bien rares,
qui
tentèrent de s'organiser dans le temps d'après.
Cela prit du temps,
beaucoup de temps, des siècles. Aujourd'hui on était
arrivé à une sorte de
stabilité, même si le Temps lui-même n'avait plus la
même valeur, la Grande
fracture ayant légèrement déplacé notre
planète sur son orbite, si bien qu'au
jour où se déroule ce récit la terre met 378 jours
pour faire le tour du
soleil. De fait, les années de la Nouvelle ère sont un
peu plus longues que
celles de l'Ancien monde, et les 875 ans écoulés depuis
son avènement
équivalent à 906 ans de l'Ancien monde. L'année
est toujours divisée en 12
mois, mais il y en a 6 de 31 jours et 6 de 32, raison pour laquelle on
était ce
jour-là : Le
32 mars. L'homme sage progresse
à partir de ses erreurs,
dit-on. Les hommes de l'Ancien monde en avaient commis de nombreuses.
Ceux de
la Nouvelle ère tentaient d'en tirer les enseignements, à
partir des quelques
bribes de ce que l'on savait. Enfin calmés, les
élèves s'assirent sagement
derrière leurs bureaux, chacun d'eux sortit de son cartable un
cahier tout
neuf, sur lequel il avait collé une étiquette portant ces
mots : « De
l'Ancien monde à la Nouvelle ère ». S'ils
savaient à peu près comment
s'était déroulé le temps
« d'après », ils ignoraient absolument
tout
du temps « d'avant », et aussi tout du
« pendant »,
c'est-à-dire la Grande fracture. Leurs crayons à
portée de main dans les
plumiers, ils étaient prêts à écrire ce que
leur dicterait l'enseignante.
Celle-ci commença son cours. « Comme vous le
savez, notre monde
d'aujourd'hui, ce que nous nommons la Nouvelle ère, est bien
différent de
l'Ancien monde, celui d'avant la Grande fracture. Qui peut me dire
comment
notre monde est organisé aujourd'hui ? » Presque toutes les mains se
levèrent, tant
c'était un principe que l'on inculquait aux enfants dès
leur plus jeune âge.
Même ceux qui n'avaient pas levé la main connaissaient la
réponse sans doute,
c'est juste qu'ils n'avaient pas osé, ou pas été
assez rapides. L'institutrice
désigna un garçon, dans le milieu de la classe. Pas le
meilleur élève, pas le
pire non plus ; elle avait choisi dans la moyenne. C'était
un garçon d'une
dizaine d'années, éveillé et dégourdi,
répondant au prénom de Golamnor. « Une seule nation,
une seule langue, une
seule instruction, et surtout une seule croyance, totale et absolue,
celle du
respect de la vie et de la nature, récita-t-il d'une seule
tirade. – Très bien, Golamnor,
je vois que tu as lu le Grand
livre de la Nouvelle ère écrit par notre guide Harkam
Nolastir, et que tu
en as appris par cœur les préceptes. Mais aucun des livres que
tu as lus n'a dû
t'apprendre comment vivaient les humains de l'Ancien monde, et comment
suite à
la Grande fracture ils ont réussi à s'organiser dans une
Nouvelle ère, car
cette connaissance-là n'est n'est pas destinée aux jeunes
enfants, on attend
qu'ils aient atteint leur dixième année pour commencer
à leur en parler. C'est
que le sujet est grave, et que les temps de la Grande fracture furent
tellement
effroyables qu'il ne servirait à rien d'en informer les jeunes
enfants, cela
risquerait de trop les apeurer. Vous avez tous atteint cet âge de
raison, et
ainsi à partir d'aujourd'hui je vais vous apprendre ce que j'en
sais ». L'enseignante marqua une
courte pause, puis elle
reprit : « Si aujourd'hui
nous n'avons qu'une seule
nation et qu'une seule langue, c'est seulement depuis la
réorganisation de
notre monde dans la Nouvelle ère, suite à la Grande
fracture. Cet événement fut
terrible, bien plus que ce que vous pouvez imaginer. Des continents
entiers ont
été ravagés, certains constituent encore
aujourd'hui les Terres interdites,
dans lesquelles il serait dangereux de s'aventurer. Près de 99 %
de la
population mondiale a péri en quelques jours. Des pans entiers
de la
connaissance humaine ont été perdus, des langues
oubliées. Nous avons eu la
chance que notre continent ait été à peu
près épargné. C'est là qu'il y a eu le
plus de survivants, et c'est là qu'ils se sont tous
regroupés. Cent millions de
personnes environ. Vous imaginez à quel point cela fut difficile
pour eux. Le
chaos était total. Pour tous les groupes humains, il fallut en
priorité
relancer la production énergétique, réorganiser
les réseaux de transports et de
télécommunications, et c'est ainsi que les
différentes régions ont pu entrer en
contact les unes avec les autres. Assez rapidement, un homme
charismatique
s'est imposé comme le rassembleur des groupes dispersés,
c'est Harkam Nolastir,
qui est devenu leur guide. Tous se sont unis derrière son nom et
ses idées. La
suite, vous la connaissez dans ses grandes lignes, c'est la Nouvelle
ère dans
laquelle nous vivons aujourd'hui. – Vous voulez dire qu'avant la
Grande fracture
l'Ancien monde avait plusieurs nations et plusieurs langues ? On a
de la
peine à l'imaginer, firent en chœur plusieurs gamins. – C'est vrai les enfants, mais
vous devez bien
comprendre que dans l'Ancien monde tout était organisé
autrement. Il y avait
plus de dix milliards d'êtres humains, répartis dans des
quantités de nations
différentes, et qui s'exprimaient en une multitude de langues.
En conséquence,
comme les hommes ont toujours voulu se rattacher à quelque chose
de supérieur
qui les dépassait, il y avait aussi de multiples croyances, de
multiples
religions, certaines croyant en un dieu unique, d'autres en des
divinités
multiples, ce qui ne facilitait pas les choses. Les dirigeants de ces
pays
étaient souvent en désaccord les uns avec les autres. Il
y eut des
affrontements, des guerres abominables et mondiales. Ces religions de
l'Ancien
monde ont disparu, et à vrai-dire nous ne savons rien de leurs
principes, de
leurs fêtes, de leurs sacrements, ni même de leurs dieux.
Après la Grande
fracture, le monde a évolué autrement. Les langues
anciennes ont disparu, même
si la langue que nous parlons aujourd'hui semble dérivée
de celle en usage dans
cette partie de notre continent. Cela signifie que nous pourrions
peut-être
comprendre dans les grandes lignes un écrit de l'Ancien monde,
si jamais nous
en trouvions un, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, même si
nous avons bon
espoir. Outre ce langage, depuis la Grande fracture tout a dû
être réinventé,
jusqu'à la façon de diviser le temps, alors la
notion-même de déité a été
oubliée. « Mais il
semblerait, d'après les bribes de
ce que nous savons, et qui s'est transmis oralement de
génération en
génération, que vers la fin des temps de l'Ancien monde,
une grande déesse ait
supplanté toutes les autres divinités, car le monde
entier ne jurait plus que
par elle. On l'appelait la grande déesse Inter Nette. Les gens
disposaient chez
eux de petits oratoires, qui leur permettaient d'entrer en
communication avec
la déesse. Il y en avait de toutes les tailles, et même
des portatifs, que l'on
mettait dans la poche, permettant de se connecter n'importe où
avec Inter
Nette. La grande déesse disposait de multiples lieux de
prière, que l'on
nommait des sites, sur lesquels régnaient autant de petites
servantes, des
divinités inférieures que l'on nommait des Fées.
Mais quelques unes étaient
beaucoup plus importantes que les autres. D'abord la Fée Sbouke,
qui permettait
aux hommes d'entrer en réseau les uns avec les autres. Puis une
Fée nommée
Gougole, qui était un puissant oracle, à qui on pouvait
poser n'importe quelle
question, et elle y répondait toujours. – Ça devait être
pratique pour faire les devoirs,
tout le monde devait avoir 20 sur 20, fit un gamin dissipé au
fond de la
classe. – Oui c'était pratique,
mais réfléchis un peu
Braorlin, car en réalité Gougole ne savait que ce qu'elle
avait appris des
humains, ainsi les réponses qu'elle donnait on pouvait aussi les
trouver dans
des livres, c'était juste un peu plus long. Sans l'instruction,
sans la
connaissance, acquise par les humains, Gougole n'aurait rien su. Alors
tu vois,
quand je te donnerai un devoir, c'est avec la seule connaissance que tu
auras
acquise des autres que tu pourra le faire ». Braorlin se tint coi, se
disant que, tout de
même, si la Fée Gougole était toujours là,
il ne serait sûrement pas le dernier
de la classe. Au lecteur, qui s'étonne peut-être de la
naïveté de ces propos,
le conteur précise qu'au moment où se déroule
l'histoire, la Nouvelle ère est
parvenue au niveau technologique qui était le nôtre au
début des années
quatre-vingts. Le microprocesseur venait juste d'être
inventé, ce qui laissait
présager un développement imminent de la
micro-informatique, mais Internet, les
moteurs de recherche, les réseaux sociaux, le e-commerce, tout
cela restait à
inventer, et leur terminologie nous aurait paru un langage
incompréhensible. L'enseignante reprit : « Pour finir avec
les divinités de l'Ancien
monde, je peux dire que l'on en connaît quelques autres, toutes
des servantes
de la déesse Inter Nette. Il y avait la Fée de l'Amas
Zone, à qui l'on pouvait
tout demander. Celle qui régnait sur cette zone, où
étaient ainsi amassés tous
les objets manufacturés possibles et imaginables,
exauçait tous les vœux,
pourvu qu'ils soient assortis d'une offrande suffisante. Et d'autres
encore, je
ne les citerai pas toutes aujourd'hui. Les
trois principales fées de l'Ancien monde telles
que Braorlin les imaginait : Fée
S'bouke, Fée Gougole et Fée de l'Amas zone – On sait à quoi elles
ressemblaient, toutes ces
Fées ? Et pourquoi elles avaient ces drôles de
noms ? demanda
Sidorna, une ravissante blondinette un peu délurée. – Personne ne les a jamais
vues semble-t-il,
alors j'ignore l'origine de ces noms. Il faut dire que tout ce que l'on
sait de
ces fées nous est parvenu par tradition orale, alors leurs noms
ont pu être
déformés au fil du temps. Tout a disparu avec la Grande
fracture, les oratoires
permettant la connexion avec la déesse, les livres, les
enregistrements.
Pourtant il est dit qu'un groupe d'humains, plus sages et plus
prévoyants que
le reste de la planète, a réussi à
préserver toute cette connaissance à
l'intérieur d'une Arche, qui résista à la Grande
fracture. Mais à ce jour on ne
l'a toujours pas retrouvée ». Golamnor leva sagement la main
pour poser une
question : « On ne sait
vraiment pas où elle se trouve,
cette Arche ? Pas la moindre idée ? – Non, pas la moindre. Sauf
peut-être un seul
petit indice... Il paraît que lorsqu'on posait une question
à Gougole, très
souvent elle renvoyait au site d'une Fée qui avait pour nom
Regards du Pilat. – Le Pilat ? Qu'est-ce
que c'est ? – Nous l'ignorons Golamnor,
mais certains pensent
qu'il s'agissait du nom donné à l'Arche de la
Connaissance. Ces Regards du
Pilat permettaient donc peut-être de voir ce qu'il y avait
dedans, un peu comme
des fenêtres ouvertes sur une bibliothèque. – Ce qui serait encore mieux,
c'est d'en
retrouver la porte, comme ça on pourrait entrer à
l'intérieur. Ça me plairait
bien de la chercher, cette porte, en espérant que l'Arche n'est
pas située dans
les Terres interdites. Comme ça on pourrait retrouver les
connaissances perdues
des anciens. Elles nous seraient bien utiles, non ? – Certaines, oui
sûrement. Grâce à quelques
hommes clairvoyants, comme notre Guide Harkam Nolastir, notre monde vit
en paix
dans la Nouvelle ère. Personne n'a faim, notre économie
se porte bien et c'est
le plein emploi pour tout le monde. Les connaissances, la technologie,
le
savoir-faire des anciens, nous permettraient certainement
d'améliorer encore
nos conditions de vie, ne serait-ce que dans les domaines de la
santé, des
communications et des transports. Mais il nous faudrait faire
très attention à
ne pas sombrer dans les même erreurs que celles des humains de
l'Ancien monde,
car qui sait s'il ne l'ont pas détruit eux-même dans leur
folie. Alors oui,
Golamnor, lorsque tu seras un adulte, peut-être feras-tu partie
de ceux qui
mettront à jour l'Arche de la Connaissance des anciens ?
C'est tout le
bonheur que je te souhaite. Voilà les enfants, ce sera tout pour
aujourd'hui. À
partir de demain je reviendrai plus en détails sur certains
points. Vous pouvez
rentrer chez vous maintenant, réfléchissez à tout
ce que je vous ai
appris ». 10 octobre de l'an 892 de la
Nouvelle ère Quinze longues années
s'étaient écoulées depuis
ce matin où les enfants avaient appris de leur enseignante les
quelques
rudiments de connaissances concernant l'Ancien monde. Golamnor
était maintenant
un homme solide de vingt-sept ans. Il exerçait le métier
de garde forestier,
veillant à l'exploitation raisonnée des forêts
nombreuses de la région, et
recensant les différentes espèces végétales
et animales composant la
biodiversité. Il venait de s'installer dans une ravissante
maison, avec Sidorna
qui était devenue sa compagne. Le jeune couple y coulait des
jours heureux,
mais Golamnor n'avait jamais abandonné l'idée de
retrouver l'Arche des anciens,
totalement soutenu dans cette démarche par Sidorna. Il faut dire
que la jeune
femme, qui avait mûri avec les années, s'était
spécialisée dans l'étude des
langues de l'Ancien monde, depuis la découverte en 887 d'un
petit lot de livres
anciens, en exceptionnel état de conservation. Comme une sorte
de petite Arche,
dont les linguistes de la Nouvelle ère décryptaient
patiemment les
enseignements. Sidorna en faisait partie. Un an plus tôt, alors
qu'il venait de
s'installer, le couple avait invité ses voisins à faire
connaissance autour
d'une petite collation apéritive. Naturellement Golamnor et sa
compagne
s'étaient ouverts auprès d'eux de leur passion pour la
recherche de tout
élément pouvant appartenir à l'Ancien monde. C'est
ainsi qu'ils eurent
connaissance, par un voisin déjà bien âgé,
d'une certaine rumeur qui avait
autrefois circulé dans le village. Selon ces racontars, dans les
tous premiers
jours de la Grande fracture, alors que des incendies s'étaient
déclarés un peu
partout, un homme qui possédait une maison avec piscine, dans le
haut de la
bourgade, avait dû employer toute l'eau de ce bassin pour lutter
contre un feu
de broussailles menaçant son habitation. Alors qu'il
s'apprêtait à remplir à
nouveau sa piscine, l'eau commença à manquer. Cet homme –
prévoyant tout le
tragique des événements qui débutaient – aurait
alors eu l'idée d'y placer tous
les livres de sa bibliothèque, bien protégés dans
des sacs hermétiques, puis de
déverser par dessus quelques tombereaux de terre et de cailloux.
L'histoire
avait marqué les esprits, au point de survivre à la
Grande fracture, et d'être
ensuite répétée de génération en
génération. Golamnor se dit qu'une telle
histoire avait
sûrement un fond de vérité. Dans les jours qui
suivirent il se mit alors en
tête de retrouver la cache. Même si ce n'était pas
l'Arche des anciens, ce
dépôt devait quand même avoir une valeur culturelle
importante. Il serait trop
long de raconter tous les épisodes de sa recherche, mais il faut
dire que la
chance fut de son côté. Toujours est-il qu'en cette
belle soirée
d'automne, le couple admirait la vitrine pressurisée
installée dans la plus
grande pièce de la maison, où était
exposés, dans une atmosphère contrôlée, une
trentaine de vieux livres. Une trentaine seulement, les seuls qui
fussent
encore à peu près en état, sur les quelques six
cents volumes qui avaient été
cachés dans la piscine. Il faut dire que ces livres avaient plus
de mille ans,
et que les pluies acides qui s'étaient abattues sur le monde
pendant la Grande
fracture s'étaient infiltrées dans l'ancien bassin, sans
pouvoir s'évacuer, et
elles avaient eu raison de la matière plastique des sacs
censés protéger les
précieux ouvrages. Seule la masse compacte des livres
superposés avait préservé
ceux qui étaient au centre de chaque sac. Pour cette raison,
c'était déjà
miraculeux d'en récupérer autant. À vrai-dire,
cette trouvaille était même la
plus importante trace de l'Ancien monde jamais mise à jour,
depuis la
précédente découverte de 887, et Golamnor en
tirait une fierté bien légitime.
Et grâce à Sidorna, il était parvenu à
saisir l'essentiel de leur contenu. En
attendant la création d'un musée de l'Ancien monde
où ils pourraient être
exposés, les livres étaient en sécurité
chez lui. « Il faut bien
comprendre, expliquait la
jeune femme à son compagnon, qu'après la Grande fracture
l'évolution humaine a
été considérablement ralentie. Nous n'avons
quasiment pas progressé durant les
cinq ou six premiers siècles, et à peine plus rapidement
durant les trois ou quatre
siècles suivants. Il n'y a que depuis une cinquantaine
d'années que le progrès
est entré dans une courbe de développement exponentiel,
avec la redécouverte de
certaines technologies, comme tout ce qui touche au
numérique. ». Tous les livres avaient en
effet été numérisés
pour faciliter leur déchiffrement. Les chercheurs pouvaient
ainsi les étudier à
loisir, sans risquer de les détériorer. Sidorna faisait
défiler sur un écran,
comme si elle les avait feuilletées, les pages d'un livre
à la couverture bleuâtre,
dont le titre était prometteur : Mon Pilat,
étymologies, rêves,
légendes et réalités. Le
livre de Noël Gardon « Génial !
Fit Golamnor. Nous allons
enfin savoir ce que c'était que ce Pilat. Dis, il avait un
drôle de nom,
l'auteur, Noël Gardon. Bon, un gardon tu m'as expliqué que
c'était le nom d'un
poisson, mais Noël, qu'est-ce que ça veut dire ? – Il donne sa version, page
60. Je cite : « Noël »,
ce qui veut dire « Nouveau dieu vivant » ou mieux
« Nouveau
soleil », à traduire évidemment, quand on
connaît l'histoire du Forez, par
« Orsolis », nom marqué sur les anciens
itinéraires, près de Vienne,
en Dauphiné, et qui veut dire « soleil
levant », devenu aujourd'hui
« Roussillon ». Orsolis, c'est du latin, une
langue remontant aux
premiers temps de l'Ancien monde, mais qui n'était plus en
usage, depuis très
longtemps, au moment de la Grande fracture. Ce que l'auteur n'explique
pas,
c'est comment ce mot est composé. En fait il est la contraction
en un seul
terme de deux mots latins, orsus qui veut dire commencement, et
solis
qui est le mot soleil décliné au génitif, le
complément d'objet. Orsolis,
ou Noël, c'est donc le commencement du soleil, ou le nouveau
soleil. – Ben dis donc, t'es
drôlement calée ! – C'est mon boulot, qu'est-ce
que tu crois ? – Je m'incline ! De nous
deux, c'est toi
l'intellectuelle et moi l'homme de terrain... – Oui, mais je voudrais
ajouter quelque chose à
propos de Noël. Mes recherches m'ont amenée à
découvrir que c'était une fête
des anciennes religions, principalement de celle qui voyait dans un
homme nommé
Jésus le fils de Dieu. Selon ces croyances, Jésus
était né au moment où le
soleil, finissant sa course hivernale, se stabilisait et renaissait
pour
annoncer une nouvelle année. C'est pourquoi Noël signifie
à la fois nouveau dieu
vivant et nouveau soleil. De plus, cette fête était
l'occasion de se retrouver
en famille, autour d'un bon repas, et de s'offrir des cadeaux. On
faisait même
croire aux enfants qu'un Père Noël descendait par la
cheminée pour déposer les
paquets dans leurs chaussures. – Tout cela est très
intéressant, mais dis-moi ce
que l'auteur explique sur le Pilat. Est-ce qu'il nous dit ce que
c'était, où
cela se situait ? – Après deux chapitres
dédiés à la linguistique,
il y consacre un chapitre entier. Mais ça commence par un
paragraphe intitulé Le
Pilat est perdu. Je cite encore : Pilat, un nom familier
à nos
oreilles de stéphanois, et autres habitants des
départements environnants. Nom
qui signifie encore quelque chose même aux parisiens. Mais
où est le
Pilat ? On connaît bien la « Grange de
Pilat », appelée
aujourd'hui, et à tort, la « Jasserie du
Pilat ». On connaît aussi le
« Parc régional du Pilat », le
« massif du mont Pilat »,
mais nous ignorons l'emplacement de Pilat. Nous ignorons même si
ce lieu a
vraiment existé un jour. – Hé ben, on est bien
avancés ! Tout ce
qu'il dit, c'est que le Pilat était un massif montagneux, mais
il ne sait pas
où il se situait. – Pas tout à fait. En
fait, pour Noël Gardon
c'est le lieu nommé Mont Pilat qui est perdu, en ce sens que les
cartes de son
temps ne recensaient aucun endroit ainsi nommé, aucun Pilat au sens strict. Mais pour l'auteur,
ce nom doit se décomposer en Pi et lat. Le
premier terme signifie
sommets aigus, et le second doit se comprendre comme lès
qui veut dire assemblée.
Le Pilat, ce serait donc les sommets aigus assemblés, et pour
l'auteur cela ne
peut désigner qu'une montagne nommée Pic des Trois Dents,
un nom relativement
récent à son époque. Précédemment on
disait Pic des Trois Têtes, ou encore
Trident. Ce sommet était devenu emblématique, et son nom
avait fini par être
donné à l'ensemble de la région, au point que l'on
avait fini par oublier où
était LE Pilat. » Mû par une inspiration
subite, Golamnor entraîna
Sidorna vers la fenêtre de leur salon, donnant sur la campagne
environnante. Ce
paysage champêtre était dominé par une ligne de
montagnes, paraissant vouloir
toucher le ciel, dont une qui, sur un fond de soleil couchant, dressait
fièrement sa silhouette faite de trois pointes
rapprochées. Le
Pic des Trois Dents dans le soleil couchant, vu de Pélussin « Dis, regarde...
Les sommets aigus
rassemblés, les trois dents, est-ce que ce ne serait pas la
bonne vieille
montagne en face de notre maison ? Tu en connais beaucoup, des
monts avec
un sommet composé de trois pitons ? – Non, je l'avoue... Mais
alors, ça veut dire que
le Pilat, c'est chez nous ? Ce serait extraordinaire, non ?
Remarque,
cette bibliothèque que tu as retrouvée était
essentiellement composée
d'ouvrages régionalistes, concernant le secteur qui est le
nôtre, en
conséquence il paraît logique que cette montagne soit bien
l'ancien Pic des
Trois Dents, et notre région le Pilat. » Golamnor n'écoutait
déjà plus sa compagne. Son
esprit vagabondait vers ces sommets embrumés qui fermaient
l'horizon face à
lui, des sommets dont il était un familier car en garde
forestier habitué à
arpenter les forêts il avait maintes fois parcouru cette ligne de
crête. Il se
voyait déjà, un jour prochain, monter une
expédition en direction de ces trois
pitons érodés qui, dès lors, lui paraissaient
auréolés de mystère. Il revint
tout de même aux réalités. « Qu'est-ce qu'il
dit encore, ce Noël
Gardon, à propos du Pic des Trois Dents ? – Il y consacre un autre court
chapitre, page 97.
Il raconte qu'une enceinte de pierres sèches, vieille de deux
mille ans, était
encore visible de son temps. Elle était composée de deux
murailles parallèles,
entre les deux premières dents, enserrant un espace
sacré. Pour lui c'était le
but de fêtes liées au printemps, mais il est convaincu que
les lieux ne faisait
pas l'objet d'une occupation permanente. L'enceinte
des Trois Dents – Je la connais bien, notre
montagne, je peux te
dire qu'il y a aussi entre les bases des deux premiers pitons un longue
lignée
de pierres sèches, trop rectiligne pour qu'elle soit naturelle,
sans doute des
traces d'une muraille. Ce doit être le dernier vestige de cette
enceinte qui
n'était déjà plus que ruines à
l'époque où le livre a été publié.
Ce qui
confirme qu'il s'agit bien du Pic des Trois Dents. – Noël Gardon conclut son
chapitre en rappelant
que depuis ce pic la vue est exceptionnelle. – La vue... le regard... les
regards du
Pilat... » L'esprit de Golamnor
vagabondait à nouveau. Il en
était convaincu maintenant, l'Arche de la Connaissance des
anciens se trouvait
quelque part là-haut dans les montagnes. Mais où ?
Dans une grotte, un
souterrain ? « Tu as entendu
dire qu'il y aurait une
grotte, dans le secteur de ce pic ? demanda-t-il à sa
compagne. – Entendu, non... Mais
attends... Je crois bien
que j'ai lu quelque chose à propos des grottes de la
région. Parmi les livres
que tu as retrouvés, il y a une publication du Bureau de
Recherches Géologiques
et Minières, un inventaire des cavités ou souterrains
autres que les mines.
Voilà, je l'ai... Je fais une recherche avec le mot-clé Trois
Dents
et... effectivement, cette publication recense une grotte au Pic des
Trois
Dents. Il y a des coordonnées, mais comme j'ignore à quel
système de
géolocalisation elles font référence, je ne peux
pas te dire plus précisément
où elle se situe. Tu l'as déjà vue cette
grotte ? – Non, mais à vrai-dire
je n'ai pas parcouru
l'ensemble de la zone sommitale. C'est très escarpé, et
il n'y a pas vraiment
de sentier. Il suffira de suivre méthodiquement la base de
chacun des pitons,
car la grotte a dû se former à la jointure des couches
géologiques. Il faudra
que j'y monte pendant l'hiver, quand la végétation sera
moins dense. Mon vieux
copain Braorlin sera sûrement partant pour
m'accompagner. » 24 décembre de la
même année Braorlin, qui avait usé
ses fonds de culottes sur
les mêmes bancs d'école, fut partant en effet,
enthousiasmé par ce projet. Par
ce beau jour d'hiver, froid mais sans neige, les deux hommes
crapahutaient
entre les pitons formant les sommets de cette montagne, qui avait jadis
porté
le nom de Pic des Trois Dents, Pic des Trois Têtes ou encore
Trident. Ils
étaient à la recherche de la moindre cavité, du
moindre trou, pouvant être
l'entrée d'un monde souterrain où avaient
été amassées toutes les connaissances
de l'Ancien monde. Leur progression était difficile, car si un
sentier escarpé
permettait d'accéder à la zone sommitale, ensuite aucun
cheminement n'existait
pour aller au pied des barres rocheuses composant le triple sommet. De
plus la
pente était particulièrement abrupte. Mais les deux amis
étaient habitués à ce
genre d'effort. Les falaises s'élevaient, presque verticales, et
à leurs pieds
s'étendaient de vastes zones de dangereux éboulis.
Golamnor avait expliqué que
l grotte ne devait pas être très grande, tout juste
suffisante pour contenir
une poignée d'hommes. Rien à voir avec les immenses
cavernes existant dans les
reliefs calcaires que l'on trouvait dans d'autres régions. Il
suffirait de
faire méthodiquement le tour des dents pour la trouver. Dans le paysage aride et
caillouteux du Pic des
Trois Dents, aucune cavité d'aucune sorte ne s'était
encore manifestée au pied
des deux premières dents. À la mi-journée, les
deux amis s'étaient arrêtés sur
un espace dégagé et bien ensoleillé, pour savourer
un casse-croûte bien mérité.
Puis il reprirent leurs recherches autour de la troisième dent,
explorant
méthodiquement les anfractuosités nombreuses dans cette
roche qui avait été
compressée et plissée, comme on le ferait d'une
pâte feuilletée, par un
soulèvement géologique remontant certainement à
plusieurs centaines de millions
d'années. La
troisième dent C'est finalement Braorlin qui
le premier aperçut
une étroite ouverture sombre au pied d'une paroi rocheuse. Il
était tout excité
de sa trouvaille. Ils se glissèrent par la chatière, pour
découvrir une cavité,
de petites dimensions en effet, tout juste assez grande pour contenir
trois ou
quatre personnes debout. Golamnor avait sorti deux lampes puissantes de
son sac
à dos, il en avait posée une au sol, pour éclairer
le plafond, et il promenait
le faisceau de l'autre sur les parois. « Rien ! C'est
juste une petite grotte
naturelle », fit-il un peu déçu. Braorlin était
désespéré. Il avait tant cru à
cette histoire de l'Arche des anciens, qu'il avait fini par se
persuader
qu'elle les attendait réellement dans la grotte du Pic des Trois
Dents. Il
s'était même imaginé se retrouver en face de la
Fée Gougole, qui l'avait tant
fait rêver quand il était gamin. Alors sa
déconvenue, d'autant plus grande, le
rendait hargneux. Dans un geste de de colère, il saisit un
caillou et le
projeta avec force contre la paroi du fond. Contre toute attente, le
choc ne se
traduisit pas par un bruit minéral, mais par un son
métallique qui résonna
longuement sous la voûte. Les deux amis s'approchèrent,
examinant avec soin ce
qui paraissait être une paroi rocheuse mais qui de toute
évidence devait être
plutôt une porte en fer soigneusement dissimulée. « Ça
alors ! s'exclama Braorlin, dis
donc, c'est drôlement bien imité... – En effet. Le métal
est teinté dans la masse, en
effet trompe-l'œil, il faut passer la main dessus pour s'en rendre
compte. Bon,
si c'est une porte, il doit y avoir une poignée, un
mécanisme quelconque, pour
l'ouvrir. Ah ! Là, un bouton. – Ben vas-y, appuie
dessus. » Lorsque Golamnor posa son
index sur cette petite
surface ronde en légère saillie, une lumière se
manifesta autour d'elle, et il
sentit son doigt parcouru par une vibration. Il y eut un déclic,
un
bourdonnement, et la porte tourna sur des gonds invisibles pour
révéler
l'amorce d'un long escalier, paraissant s'enfoncer dans les profondeurs
de la
terre. Les deux hommes récupérèrent les lampes, en
en prenant chacun une, et
ils s'engagèrent dans la descente, non sans une certaine
appréhension mêlée
d'excitation. Au bas des marches il se retrouvèrent dans une
pièce carrée aux
murs lisses, et une nouvelle porte, non dissimulée
celle-là, les attendait.
Nouveau bouton à presser, et le même processus se
déroula, la porte s'ouvrant
sur une immense cave voûtée. L'Arche fabuleuse, l'Arche de
la connaissance des
anciens, les attendait. À perte de vue s'alignaient des
armoires, chargées de
livres, de documents, d'enregistrements, d'appareils de toute sorte. « Incroyable !
C'est une montagne de
connaissance. Nous n'aurons pas assez de tout le reste de notre vie
pour
inventorier tout ça... – Non Braorlin, mais nous ne
serons pas qu'une
poignée d'humains à nous atteler à la tâche,
il nous faudra constituer une
commission, ou mieux un institut, qui devra recruter des linguistes,
des
scientifiques, et nous finirons bien par en venir à bout. C'est
un avenir
passionnant qui nous attend, notre civilisation va enfin redevenir ce
qu'elle
était. – Il faudra recruter aussi des
penseurs, des
sages, des philosophes, pour que nous ne retombions pas dans les
mêmes erreurs
que celles qui ont précipité l'Ancien monde vers sa perte. – Tu as raison, mon ami, mille
fois raison !
Mais je me dis que si des hommes ont été suffisamment
avisés pour créer cette
Arche, il n'y ont peut-être pas déposé ces
connaissances-là. J'en ai la tête
qui tourne, à force de penser à tout le travail que nous
avons sur les bras.
Mais il nous faut rester raisonnables. Ce n'est pas aujourd'hui que
nous allons
nous atteler à la tâche, d'ailleurs la journée est
déjà bien avancée, si nous
voulons rentrer avant la nuit nous ne devons pas plus nous attarder.
Bien sûr
nous reviendrons ! – Dis, il y a quand même
un truc qui me tracasse.
Tu ne trouves pas que ça a été trop facile, pour
ouvrir ces portes ?
N'importe qui aurait pu le faire, non ? – Moi aussi je me pose la
question. Trop facile,
en apparence du moins. Qui sait s'il n'y avait pas un système
capable de
ressentir nos intentions, pour déterminer si nous étions
dignes d'entrer dans
l'Arche. Oui, je suis sûr que c'est quelque chose dans ce
goût-là... » Ce soir-là, Golamnor et
Sidorna eurent du mal à
s'endormir. Tendrement enlacés dans les bras l'un de l'autre,
ils pensaient à
l'avenir radieux qui s'offrait à eux. « Tu sais que
demain c'est le jour de Noël,
murmura la jeune femme à l'oreille de son compagnon. Tu as mis
tes souliers
devant la cheminée ? Pas la peine, aujourd'hui j'ai
déjà eu le plus
beau, le plus merveilleux, le plus extraordinaire des cadeaux. Ah oui,
je m'en
souviendrai longtemps, de ce Noël aux Trois Dents... » |
Chers Amis Internautes, Voici que l’année 2019 tire sa révérence. Bientôt apparaît l’année 2020. Effet miroir assurément, notre 20 se mire dans son Vin. Effet dit vingt, possiblement ! Effet DiVin assurément ! Cette année divine nous apparaît sous les plus beaux auspices. Le vin par sa symbolique évoque la Connaissance. La Connaissance est fugitive, nous voudrions qu’elle nous tombe dans les bras vêtue de son plus beau millésime. Il
nous faut la mériter !
Ainsi que nous le disions par le passé : Impossible
n’est pas
français ! Aujourd’hui nous pouvons-nous ajouter :
Impossible
n’est pas divin ! Puisse cette année être pour vous, l’année des grandes réalisations. Puisse cette année 2020 être l’année où vous toucherez au Divin ! Bonne
et heureuse année à tous. Michel
Barbot
|
Noël-Noël,
vous avez chanté Noël ? Du 1er au 4 juin
1944, après
l’introduction musicale (les premières mesures de la
Cinquième symphonie de
Beethoven) et la formule légendaire « Ici Londres. Les
Français parlent aux
Français », Radio Londres par la voix des ondes, diffuse
les trois vers de Paul
Verlaine : « Les sanglots longs « Des violons « De l'automne Ces
vers du célèbre poète
s'adressent aux résistants du réseau Ventriloquist,
chargés de saboter les
installations ferroviaires et téléphoniques encore en
état de marche. Le
débarquement des alliés sur les plages de Normandie est
imminent. Le 5 juin 1944, Radio Londres
termine la
strophe : « Blessent mon cœur « D'une langueur « Monotone. Ces trois autres vers
annoncent le passage à
l'offensive, ce n’est plus qu’une question d’heures. 6 juin 1944 : À 13 heures dans le
café de Fontevraud
(Maine-et-Loire) où l’équipe du film La Cage aux
Rossignols a pris pour
habitude depuis le 15 mai de se restaurer, l’agitation est à son
comble. Le
comédien Noël-Noël et le metteur en scène Jean
Dréville, sans se soucier des
soldats Allemands attablés dans ce bistrot, écoutent les
messages et les
nouvelles diffusées par Radio Londres. « Ici
Londres… […] De Marie-Thérèse à Marie
Louise : ‘’Un ami viendra ce soir…
le Quartier Général des Forces Suprêmes
Expéditionnaires Alliées vient de
publier le communiqué suivant : ‘’Sous le commandement du
général
Eisenhower les Forces Navales Alliées avec le soutien des Forces
Aériennes, ont
commencé ce matin le Débarquement des Armées
Alliées sur les côtes Nord de la
France''. » Ce dernier message de Radio
Londres fait l’effet
d’une bombe. L’équipe du film apprend dans un premier temps avec
joie le
Débarquement des Alliés mais très vite il lui faut
faire face à la situation
qui ne joue guère en leur faveur. L’après-midi même
le général Charles de
Gaulle donnera de plus amples informations : « La bataille
suprême est engagée. « Après tant
de combats, de fureurs, de
douleurs, voici venu le choc décisif, le choc tant
espéré. Bien entendu, c'est
la bataille de France, et c'est la bataille de la
France ! » Le général
termine ainsi son discours : « La bataille de
France a commencé. Il n'y a
plus, dans la nation, dans l'Empire, dans les armées, qu'une
seule et même volonté,
qu'une seule et même espérance. Derrière le nuage
si lourd de notre sang et de
nos larmes voici que reparaît le soleil de notre grandeur
! » Les Allemands présents
dans le café occupent la
maison d’arrêt de Fontevraud, installée dans les communs
de l'Abbaye Royale.
L’équipe du film qui tournait jusqu’à ce jour les
extérieurs de la maison de
correction La Cage aux Rossignols, devait faire face
quotidiennement aux
Allemands. Mais Jean Dréville le metteur en scène et
surtout Noël-Noël,
l’acteur principal du film, n’hésitaient pas à les
braver, allant jusqu’à leur
dire lorsqu’ils se faisaient trop présents :
« Raus, raus :
poussez-vous ; vous nous gênez ! » Il ne restait plus que huit
jours de tournage
mais la Gaumont ordonne de stopper immédiatement.
L’équipe du film déserte
alors Fontrevaud. Jean Dréville racontera : « Et
là, il y a l’affaire
du Vercors, Oradour et beaucoup de troubles. L’heure n’était
plus aux
bravades. » Le metteur en scène n’a plus aucune
nouvelle de son acteur
principal : « Le bruit court même que
Noël-Noël a été tué. » Mais où est donc
passé Noël-Noël ? L’heure est
grave assurément ! Le comédien a toujours
affronté par le verbe les
Allemands, n’hésitant pas à les brocarder lorsque assis
au premier rang, ils
venaient écouter son tour de chant à l’Étoile en
mai 43. Ainsi que nous
l’apprend l’auteur dramatique Michel Duran dans l’article Curieux
bonhomme,
ce Noël-Noël (revue Minerve du 21 septembre 1945 –
extrait apparaissant
dans la brochure du DVD), l’humoriste avait osé chanter
« devant ces
messieurs de la Propaganda Staffel, sa chanson d’Adémaï
dont les couplets se
terminaient par ‘’Vaches de Boches’’ ! ». Ces messieurs de Propaganda
Staffel, en
allemand « escadron de propagande »,
surveillaient et censuraient les
publications, les spectacles et les émissions radiophoniques. Le comédien avait
été convoqué dans les bureaux
de la censure. L’Allemand qui se trouvait face à lui
apparaissait enclin à la
tolérance. Il lui demanda seulement de changer quelques mots.
Noël-Noël proposa
« Doryphore ? » Vert-de-gris ? Mange-tout ?
Frisé ? «
Nein ! » répondit son interlocuteur. Ils finirent par
s’entendre sur le
mot « frisou » !? Des témoignages divergents
confirment que cette entrevue
fut des plus surréalistes ! Noël-Noël continua
sur scène ses bravades. Michel
Duran écrit : « C’était en 1943 et on se
doute du succès qu’il
obtint. C’était des trépignements de joie, des
applaudissements sans finir. Les
couplets comiques et pacifiques devenaient une chanson frondeuse.
Noël-Noël fut
interdit naturellement. » Noël-Noël
jeune Ce mardi 6 juin 1944, il ne
restait plus qu’une
semaine de tournage. Les semaines passent et Noël-Noël ne
donne toujours pas
signe de vie. Les choses s’étant calmées, dira plus tard
Jean Dréville, et la
Gaumont s’étant faite à l’idée que l’acteur avait
été tué par les Allemands,
dit : « Il faut terminer le film. » « Comme on venait
d’inventer la truca et
‘’simplifilm’’, dira Jean Dréville, j’ai habillé
un figurant en
Noël-Noël ; je prenais une tête de Noël dans
un autre plan, et je
raccordais tant bien que mal. Vous voyez ce que ça peut donner.
J’ai tourné des
trucs de sauvetage qui n’étaient pas bons, bien
sûr. » Stopper le tournage de
« La Cage aux
Rossignols » apparaissait pour Noël-Noël comme un
crève-cœur. Depuis
l’année 1920 il interprétait dans les cabarets, des
couplets satiriques qu’il
écrivait lui-même, s’accompagnant au piano, coiffé
d’un chapeau posé sur la
tête. Bien qu’il ait dû arrêter son tour de chant
l’année précédente, il savait
qu’il y reviendrait dès qu’il en aurait la possibilité.
Mais avec La Cage
aux Rossignols, il souhaitait orienter différemment sa
carrière
cinématographique, mettant de côté pour un temps la
comédie. Il avait
particulièrement apprécié le film de Jean
Dréville Les Cadets de l’Océan
tourné en 1942. La manière dont le cinéaste
abordait l’adolescence, lui donnait
à penser qu’il venait de trouver l’homme capable de porter au
cinéma son projet La Cage aux Rossignols. Bien vite les
deux hommes se
découvrirent sur
la même longueur d’onde. Ce film lui permit de
révéler au public son
véritable visage dans tous les sens du terme. Souvent
grimé ou vieilli pour
interpréter ses rôles, il y apparaissait
véritablement sous les traits de
Lucien, le fils de sa tendre mère née
Marie-Eugénie Mathieu. Il y apparaissait
avec les qualités de sa mère, qualités qui
faisaient de lui cet homme malicieux
et tendre qu’il resterait tout au long de sa vie. Noël-Noël
dans La Cage aux Rossignols En 1930, avec
l’avènement du parlant, le cinéma
l’appelait. Il devint un acteur populaire s’affirmant dans des
comédies. Son
succès allait grandir avant-guerre notamment grâce
à son rôle d’Adémaï, nigaud
sublime, sauvé in-extremis par son bon sens paysan. Il retrouva
ce rôle à cinq
reprises dans des courts ou longs métrages. En 1933 il partagea
l’affiche avec
Fernandel dans Adémaï aviateur. Noël-Noël,
comédien, chanteur, musicien et
dessinateur, écrivait également. C’est ainsi qu’il a
participé au scénario de La
Cage aux Rossignols dont il a signé l’adaptation et les
dialogues. Dans cette
histoire basée sur des faits réels, il interprète
le rôle du surveillant d’une
maison de correction, répondant au nom de Clément
Mathieu. Par ce nom Noël-Noël
rend hommage à sa mère, née Mathieu, ainsi qu’il
le refera dans son dernier
film. http://img.over-blog-kiwi.com/1/58/91/76/20181011/ob_6210c9_la-cage-aux-rossignols.png Désireux de changer le
quotidien de ces
adolescents, le surveillant réussit avec patience et
persévérance à apprivoiser
ces têtes dures, en créant une chorale dont ils seront LES
CHORISTES. Cette
histoire ne nous est pas inconnue ? Effectivement, le
réalisateur
Christophe Barratier s’inspirera de ce film pour le remake LES
CHORISTES
sorti en 2004, avec Gérard Jugnot reprenant le rôle de
Noël-Noël… Mais où est
donc passé Noël-Noël
durant cette période de mise au vert ?
Voici l’histoire que
bien peu de personnes pourraient se vanter de connaître. Jean
Dréville qui
resta toujours l’ami de Noël-Noël, apprit rapidement
l’incroyable vérité mais
il ne parla jamais, si ce n’est par caméra interposée…
L’acteur était
remonté aussitôt à Paris. Sa
petite famille s’était déjà repliée, sous
bonne protection, en province. Un
retour à Paris apparaissait comme un suicide. N’allait-il pas se
jeter dans la
gueule du loup ? En vérité, Noël-Noël,
l’enfant du Temple,
bénéficiait de protections… Caché dans le
véhicule qui remontait vers la
capitale, le populaire acteur, se souvenait… Né Lucien
Édouard Noël il vit le
jour le 9 août 1897, jour de la saint Amour, dans un appartement
parisien sis
au numéro 55 de la rue du Temple. Son père, Monsieur
Charles-Célestin Noël
(1857-1934) fut tout d’abord marchand de vin, puis employé
à la Banque de
France. L’avenir du fiston était donc tout tracé !!!
Sa mère,
Marie-Eugénie Mathieu (1860-?) n’avait Dieu merci, pas la
rigidité de son père. Le jeune Lucien traîna
son enfance dans les rues
du quartier du Temple, un nom qui résonnait pour lui de bien
étrange façon. N’était-il
pas, lui aussi, enfant du Temple ?... un Templier !
Heureux
temps de l’insouciance ! La
rue du Temple à l'époque de la jeunesse de
Noël-Noël (carte
postale ancienne) Les années avaient
passé mais le Templier Noël
n’avait pas oublié en cette année 1914, ce temps de
l’adolescent où étudiant au
lycée Turgot, ses aspirations se tournaient avec délices
et réussite, vers le
piano et le dessin. S’il était
rentré à la Banque de France à l’âge
de 16 ans, ce n’était que pour satisfaire le bon-vouloir
de son père. Le
27 août 1917 (l’année 1916 est aussi
évoquée), il partit au service militaire
où il fut mobilisé en qualité de
mécano-mitrailleur. Il aurait pu
s’enorgueillir de sa participation à la Grande Guerre. Mais
celui qui doubla
son nom de famille pour en faire son nom d’artiste, n’en n’avait
cure ! Bientôt le
véhicule entra dans Paris. La prudence
étant de mise, l’acteur se retrouva en un lieu jamais
révélé, un Hôtel du vieux
Paris où il fut accueilli par son ami René Barjavel. Ce
dernier, journaliste,
romancier et éditeur, venait de publier deux romans de
science-fiction qui
allaient le propulser au rang de Jules Verne du XXe
siècle
(Jessica Nelson, éditrice). Noël-Noël ne fut nullement
surpris de retrouver son
ami. Il connaissait l’homme mystérieux, ambigu à souhait…
« Entre mon ami, lui
dit René, il
fait trop chaud pour rester dehors en ce mois de
juin ? » Noël-Noël avait
compris la subtilité des propos
de son ami mais il ne put s’empêcher de lui répondre comme
si tout allait très
bien : « Chaud, tu rigoles… il ne fait pas plus
de 17°, avec
un vent... Je tire mon chapeau aux Alliés qui viennent de
débarquer en
Normandie !!! Ça devait être
terrible ! » René Barjavel invita
son ami à le suivre jusqu’à
un escalier qu’ils empruntèrent non pas vers les étages
supérieurs de l’Hôtel
mais bien pour descendre dans ses sous-sols. Au bas de l’escalier, les
deux
amis étaient attendus par un homme que l’auteur de
science-fiction présenta
comme « Le gardien de la porte, musicien à
ses heures, ainsi
que tu vas le découvrir très rapidement. Mais la
musique qu’il joue est la
musique des sphères… » Les trois hommes se trouvaient
devant une porte
blindée de couleur verte, un vert qui interpella
spontanément le
comédien : « Cette porte, ce
vert… il me fait penser… » « …Oui, il te fait
penser au scaphandre du temps,
de couleur verte
utilisé par Noël… Essaillon et par Pierre Saint-Menoux dans
Le Voyageur
imprudent. » http://barjaweb.free.fr/SITE/ecrits/LVI/vert_anim1.gif Le comédien interrogea
son ami : « Nous
allons pénétrer dans une carrière du vieux
Paris ? » La réponse du
romancier fut surprenante : « Le bas de cet escalier se
trouve
effectivement dans une carrière du vieux Paris mais nous n’y
pénétrerons pas.
Cette porte est d’ailleurs un leurre. Regarde la bien cette porte, ou
plutôt
regarde bien notre gardien de la porte. » Celui-ci,
avec un sourire
énigmatique, rendit visible ce qui ne l’était
jusqu’à présent. Soudain apparut
au centre de la porte verte un étrange heurtoir affectant la
forme d’une lyre.
Noël-Noël qui vibrait quotidiennement au son de la musique,
n’en n’éprouva pas
moins une étrange sensation. Il lui revint à l’esprit ce
sentiment partagé
qu’il avait éprouvé en lisant le roman de George Sand LES
SEPT CORDES DE LA
LYRE. Le musicien de la porte, d’une main experte, tel le
divin
Apollon, fit vibrer les sept cordes du cordophone en une
mélopée que seules les
étoiles et les anges pouvaient connaître. Soudain la porte verte
s’effaça, comme si elle
n’avait jamais existé. Le gardien de la porte les salua et
souhaita à Noël-Noël
un bon séjour au Chronogate. Il est certain que ce lieu que
découvrait à
présent le comédien ne ressemblait en rien au Paris qu’il
connaissait bien, et
moins encore aux couloirs interminables du ventre de Paris où
adolescent il
osait s’aventurer avec ses copains du Temple. Tout autour de lui
n'était que
futur, un futur qu’il ne pouvait concevoir mais qui avait un je ne sais
quoi de
passé. Un monde que le regretté Maurice Renard aurait pu
entrevoir... Il allait
devenir, il le comprenait, l’acteur privilégié de
l’un de ces récits
qu’il avait pu lire ou peut-être, qu’il n’avait pas encore lu... Dans ce complexe scientifique
s’affairent des
savants de renom triés sur le volet, venus travailler un temps,
dans le plus
grand secret, au Chronogate, la Porte du Temps. René Barjavel
emmena son ami
dans le bureau du Directeur. Ce dernier accueillit chaleureusement
Noël-Noël,
se présentant sous sa véritable identité tout en
affirmant qu’il n’était autre
que le fameux Fulcanelli. « Je compte mon
cher Noël-Noël sur votre
entière discrétion quant à ma véritable
identité qui fera, je le pense, couler
beaucoup d’encre dans l’avenir. » Notre comédien
assura le savant
hermétiste de son entière discrétion. Fulcanelli
poursuivit : « J’ai
découvert ce lieu que nous appelons le Chronogate, il y a bien
des années – si
tant est que l’on puisse parler d’années en ce lieu –
après avoir décrypté
l’énigmatique inscription de la croix d’Hendaye
érigée près de l’église
Saint-Vincent. » Il invita le comédien à
regarder l’un des tableaux fixés
au mur : « Voici la représentation fidèle
de l’inscription gravée sur
la barre horizontale de la croix. » : Croix
d’Hendaye : Dessin de Julien Champagne « Mon grand ami Julien
Champagne, disparu en
1932, dessinateur et peintre de talent, croqua par le dessin, de
façon
admirable, les diverses inscriptions hermétiques de la croix
d’Hendaye. J’ai
rédigé il y a quelques années ma trilogie : Le
Mystère des Cathédrales, Les Demeures
Philosophales et le Finis Gloriae Mundi.
Dans ce
dernier devait figurer l’article La Croix Cyclique d’Hendaye.
J’ai dû
renoncer à la publication de l’ouvrage, le contenu des chapitres
se rapporte à
la prochaine destruction du monde. La précédente le fut
par l’eau, la suivante
le sera par le feu, ainsi que l’apôtre Pierre l’annonçait
dans sa deuxième
Épître. Le sujet reste terrible et je ne pense pas que nos
contemporains peu
versés dans l’hermétisme, soient prêts à
prendre connaissance de ces heures
ultimes. J’envisage à présent de ne publier que deux ou
trois chapitres du
livre dont celui de cette croix du Pays Basque. » Et s’adressant une fois encore
à Noël-Noël, mais
le regard tourné vers René Barjavel, il dit :
« Notre ami René Barjavel,
avec qui j’ai beaucoup discuté ces derniers temps…, me confiait
il y a peu, que
vous souhaitiez écrire et porter à l’écran une
histoire de science-fiction dans
laquelle vous évoqueriez le voyage dans le temps avec ses
paradoxes. Je vous
invite durant le temps – aussi court sera-t-il – que vous passerez en
ce lieu,
à travailler déjà sur cette histoire. Je vais vous
donner copie du chapitre La
Croix Cyclique d’Hendaye. Je vous demanderai bien sûr de n’en
divulguer à
qui que se soit, son contenu dont vous êtes l’un des rares
à qui il a été
permis d’en prendre connaissance. Elle vous inspirera je ne puis en
douter.
Écrivez ce récit, il est important que vous le meniez
à bien et surtout, dans
les années futures ne baissez jamais les bras, même si son
adaptation
cinématographique n’était pas précisément
celle que vous auriez
souhaitée... « Ainsi que vous le
découvrirez dans ce
texte, les inscriptions de la croix évoquent un lieu unique.
Et vous
vous trouvez actuellement dans ce lieu unique… unique je puis vous
l’assurer à
bien des niveaux. Noël-Noël avait
l’impression de se trouver face à
un homme qui connaissait déjà le futur. Bien que timide,
le comédien avait
toujours su se transcender, puisant au fond de lui la force
nécessaire pour
s’affirmer. C’est ainsi qu’il se lança dans une improvisation
dont il avait le
secret : « Maître, je
tiens tout d’abord à vous
remercier pour la protection que vous m’offrez en ce lieu que je
comprends
difficilement. Il est certain que sans vous, homme traqué, je
serais peut-être
même déjà mort. J’ai bravé tant et tant de
fois les Allemands que je n’aurais
pu cette fois-ci passer entre les mailles du filet. Je n’ai rien d’un
héros et
je ne puis m’empêcher de penser à ma famille que je sais
néanmoins en sécurité… « Merci aussi pour
vos encouragements
concernant ce récit de science-fiction que je souhaite
effectivement rédiger et
porter à l’écran. Je n’ai assurément pas le talent
de mon ami René mais je suis
un touche-à-tout. Ce projet me tient à cœur et je compte
bien le mener à bien.
Merci bien entendu pour l’honneur que vous me faites, me permettre de
prendre
connaissance de ce chapitre La Croix Cyclique d’Hendaye qui je
n’en
doute pas me sera très utile. « J’ai dû
quitter précipitamment Fontevraud
où je tournais quelques scènes du film La Cage aux
Rossignols. Ce film
est mon premier rôle dit sérieux. J’ai
écrit ce film et participé à la
mise en scène assurée par Jean Dréville, avec qui
je me sens sur la même
longueur d’onde. Il connaît mon désir d’écrire
cette histoire de science-fiction.
Nous avons déjà pris rendez-vous dans le futur pour la
mise en scène. C’est
dire la confiance mutuelle que nous avons l’un pour l’autre. Lorsque
j’ai fui
tel un voleur, Fontevraud, il ne restait plus que huit jours de
tournage. Il
faudra bien les finir un jour… Le bruit va rapidement courir que je
suis mort,
et c’est sans doute ce qu’il y a de mieux pour moi dans
l’immédiat. René Barjavel toujours
présent dans le bureau du
Maître Fulcanelli parla à son tour : « Nous avons eu
l’occasion, Noël-Noël et
moi, de nous entretenir sur le roman de science-fiction qu’il souhaite
écrire.
Ses précédents livres, bien que les sujets soient
différents, m’assurent que ce nouveau bébé
tant désiré, sera
un chef-d’œuvre. Le titre – je ne pense
pas trahir un secret – sera Le Voyageur ses siècles. Ce
récit apparaîtra
ainsi dans la continuité de mon roman Le Voyageur imprudent,
qui se
voulait un hommage à H.-G. Wells. » Le séjour
de Noël-Noël au Chronogate se déroula
entre lecture, écriture et visite
des lieux commentée principalement par le Maître : « Non, le
Chronogate n’est aucunement
l’œuvre de scientifiques du XIXe ou du XXe
siècle. Il
existe en l’état depuis des milliers et des milliers
d’années. Les Frères Aînés
de la Rose+Croix, après les Templiers, ont affirmé qu’il
était l’œuvre des
Atlantes ! Pour certains de mes confrères, la Croix
Cyclique d’Hendaye
confirmerait cette origine. De nombreux Sages sont venus au
cours des
siècles dans ce lieu hors du temps. Je pensais être le
premier à découvrir, ou
plutôt redécouvrir ce lieu, mais je me trompais.
Malgré toutes les
connaissances de ces Sages venus en ce lieu, nous ne maîtrisions
aucunement le
Chronogate. Il nous a fallu approcher des savants de classe mondiale.
C’est
ainsi que nous avons fait appel aux connaissances d’Albert Einstein, de
Thomas
Edison mais aussi de Nicolas Tesla, pour ne citer que ces trois
génies… « Non bien
sûr, Edison et Tesla n’ont pas
travaillé ensemble dans le Chronogate, ils l’auraient
refusé. C’est malgré tout
Tesla qui nomma ce lieu le Chronogate. Il disait se sentir ici comme
chez lui.
Il aurait d’ailleurs aimé rester ici mais d’importantes
recherches
l’obligeaient à retourner chez l’Oncle Sam… Je dirai seulement
qu’il nous a
beaucoup apporté, comme nous ont apporté à leur
niveau, chacun des
scientifiques ayant œuvré dans cette Porte du Temps que nous
avons pu
réactiver. Mais vous comprendrez j’ose le penser que je ne
puisse vous
entretenir de ces expériences uniques. Le moment pour
Noël-Noël de quitter le Chronogate
était arrivé. Le comédien pouvait à
présent refaire surface dans un Paris
libéré et retrouver sa famille. Les dernières
scènes du film La Cage aux
Rossignols furent tournées en automne 1944 et ce fut un
grand succès
populaire avec plus de cinq millions d’entrées. Affiche
du film La Cage aux Rossignols L’année suivante le
comédien porta à bout de bras
un nouveau projet. Il s’agissait d’un sujet fort, celui du Père
tranquille,
chef d’un réseau de résistance. Noël-Noël
essuya pas moins de cinq refus ! https://www.youtube.com/watch?v=A_1x_ZgBbSI Il
n’abandonnait jamais, comme pour le film Les casse-pieds qui
lui valut
six refus ! Le film Le Père tranquille sorti le 12
novembre 1946,
fut au final l’un des plus grands succès de sa carrière.
Mis en scène par René
Clément, il fut primé et les critiques louèrent la
grande humanité de l’acteur
dans ce film. Si dans le précédent film l’acteur
apparaissait physiquement tel
qu’il était, il fallu pour ce rôle qu’il se vieillisse.
Qu’importe, le rôle en
valait la peine ! Il devint un grand ami d'Ernest Kempnich, le
véritable Père
tranquille, horticulteur de la région de Metz. https://encinematheque.fr/acteurs/H27/index.php Affiche
du film Le Père tranquille Combien de refus
Noël-Noël dut-il affronter
lorsqu’il présenta son récit Le Voyageur des
siècles ? Assurément
plus de six ! Car en fait, aucun producteur ne voulut porter sur
grand
écran cette histoire de science-fiction écrite par
Noël-Noël. L’acteur
abandonna définitivement l’idée d’une version
cinéma de son roman. Les
vieux de la vielle Jean
Gabin – Noël-Noël – Pierre Fresnay En 1966, soit six ans
après l’énorme succès du
film Les vieux de la vielle où il partageait la vedette
avec Jean Gabin
et Pierre Fresnay, le comédien âgé de 69 ans tourna
son dernier film : La
sentinelle endormie. Il en avait écrit le scénario et
son vieil ami Jean
Dréville le mit en scène. Nouvel hommage à sa
mère, il interprétait le rôle du
Docteur Mathieu chef de la conjuration opposée à
Napoléon… La boucle
était bouclée… le surveillant Clément Mathieu
a vieilli, il fait
place au Docteur Mathieu. L’heure était venue pour le
comédien Noël-Noel
de tirer sa révérence. En 1970 la
télévision française désirait adapter
son roman Le Voyageur des siècles. Noël-Noël
n'était guère
enthousiaste. Il faisait partie de ces acteurs
qui ne juraient que par le cinéma, le grand écran, pas la
petite lucarne !
Et puis les moyens n'étaient pas les mêmes ! Il
accepta néanmoins. Son
fidèle ami Jean Dréville allait mettre en scène
comme il s’y était engagé, il y
avait bien des années, ce voyage dans le temps.
Noël-Noël aurait dû dans la
version cinéma, qui ne fut et ne sera jamais
réalisée, interpréter le rôle du
professeur François d’Audigné mais l’acteur ne souhaitait
pas tourner pour la
télévision, et puis sa carrière de comédien
était derrière lui ! Oh, si le film avait
été tourné par la Gaumont
avec une sortie ciné, c’eut été une autre
histoire ! Ce voyage temporel raconte
précisément l’histoire
du jeune Philippe d’Audigné parti depuis l’année 1981
rejoindre son ancêtre le
professeur François d’Audigné en 1884 à bord d’une
machine à voyager dans le
temps, le chronosphère. Ensemble ils partiront pour
l’année 1788 rejoindre leur
aïeul Xavier d’Audigné afin de sauver de la guillotine une
belle jeune femme
aperçue dans le vieux miroir du château de Sainte-Marie
dont ils sont tous
trois propriétaires mais à une époque
différente… Bien sûr Philippe et François
vont créer des bouleversements dans le temps… Dans la version
roman qui précéda
la version télé, l’histoire se termine plutôt bien
mais il n’en va pas de même
pour la version télévisée. On ne crée pas
impunément des paradoxes
temporels ! Noël-Noël proposa
à son ami Robert Vattier le
rôle du professeur. Ce dernier accepta, il avait pour partenaire
dans le rôle
de son arrière-petit-neveu, l’acteur Hervé Jolly. Les diffuseurs de l’ORTF
éprouvaient certaines
craintes quant au moment de la diffusion dans l’année d’une
série de
science-fiction. La décision fut prise, la série serait
diffusée en plein mois
d’août sur la première chaîne. Noël-Noël
l’avait pressenti et naturellement il
n’appréciait guère ce choix, mais il ne pouvait influer
sur la décision. Le metteur en scène et
le comédien éprouvèrent
néanmoins un soulagement. Le film cinéma tant
espéré n’avait pu se réaliser
mais la version télé, à défaut d’avoir
été un succès, était là pour leur
rappeler qu’ils n’avaient jamais baissé les bras.
Noël-Noël décida de fêter le
soir de Noël de cette année 1971 l’aboutissement du projet
porté depuis tant
d’années. Le réveillon eut lieu dans son appartement
parisien du 16e
arrondissement en compagnie de ses vieux amis Jean Dréville et
René Barjavel. En ce vendredi, veille de
Noël, Madame Noël
s’affairait aux fourneaux pendant que Monsieur Noël
méditait dans son bureau.
René Barjavel avait informé son ami d’un invité
surprise, lui demandant au
préalable s’il ne voyait pas d’inconvénient pour un
couvert supplémentaire. Si
l’acteur accepta bien volontiers, il chercha, malgré tout,
à savoir – en vain –
quel serait cet invité surprise. Voici que la sonnette de la
porte d’entrée
retentit. Monsieur et Madame Noël reçurent leurs
invités. Messieurs Dréville,
et Barjavel, accompagnés de leurs épouses, encadraient un
personnage que Noël,
après tant d’années reconnut immédiatement. Il
s’agissait de l’énigmatique
Fulcanelli. « Maître, vous ici… mais quel
plaisir !... Pour une
surprise, c’est une surprise ! Vous n’avez pas
changé ! »
Vingt-sept années c’étaient effectivement passées
depuis que Noël-Noël avait dû
se mettre au vert. L’homme à qui il devait la vie se
trouvait-là, devant
lui, en chair et en os, comme en ce jour de juin 1944. Le comédien raconta
à l’hermétiste son retour
dans Paris après son séjour au Chronogate. Mais tout en
racontant, il se disait
que le Maître devait savoir… Qu’importe, il était heureux
de pouvoir raconter.
Le Maître prit ensuite la parole qu’il ne rendit, il faut bien le
reconnaître,
que peu mais les six autres personnes présentes dans la salle de
séjour de
l’appartement parisien, en étaient si heureux qu’ils ne
s’en formalisèrent
aucunement ! « Mon Cher
Noël-Noël, j’aimerai tout d’abord
que vous me racontiez comment d’un nom de famille qui est le votre,
vous en
avez fait en le doublant votre nom d’artiste. » Le comédien
répondit : « Il est vrai que
je me nomme à l’état
civil, Lucien Édouard Noël. Noël était le nom
de mon père, un homme au
caractère bien trempé. Je préférai, je dois
l’avouer ma mère si aimante. C’est
ainsi, que pour que deux de mes films les plus importants – La Cage
aux
Rossignols et La sentinelle endormie – je me suis permis de
donner
au personnage que j’interprétai le nom de jeune fille de ma
mère : Mathieu. « J’ai pensé
à mes débuts prendre ce nom
mais il n’était pas question non plus que j’essuie les foudres
de mon père… Et
c’est ainsi que j’ai choisi de doubler le nom qu’il m’avait
légué. Noël est
devenu Noël-Noël, un nom assurément plein de promesse.
Curieusement, la
naissance de ce nom, n’est gère glorieuse pour moi. J’ai
toujours été un grand
timide. En 1930, face à un directeur de cinéma qui me
demandait mon nom, je lui
ai répondu en bafouillant : Noël Noël. Cette
bafouille valait de
l’or. » Fulcanelli ajouta : « De l’or
assurément, je dirai même :
L’or des Mages. L’Or reçu de tradition par l’enfant
Jésus. Vous m’avez lu, vous
comprenez, je n’en doute pas, ce que je veux dire… « Je me permets
maintenant, si vous
l’acceptez, d’évoquer à présent Le Voyageur
des siècles. Il m’a été
donné de découvrir votre roman, avant de découvrir
le feuilleton télévisé. Bien
que le Chronogate soit un lieu situé hors du temps, nous ne
sommes pas
déconnectés quant aux événements qui
animent notre Terre ainsi que cette chère
France. J’ai donc eu le plaisir de découvrir ce que vous avez
nommé une
‘’Julevernerie moderne’’. Ce néologisme se justifie
assurément pour une série
française même si vous auriez pu la nommer ‘’Wellserie
moderne’’... Certains
critiques plutôt élogieux n’ont pas hésité
à comparer votre travail qui est
aussi le votre, mon Cher Jean Dréville, aux séries
britanniques ‘’Chapeau melon
et bottes de cuir’’ et ‘’Docteur Who’’. Ci cette dernière est
encore méconnue
en France, je ne doute pas qu’elle obtienne dans l’avenir un bon
succès. Noël-Noël et Jean
Dréville remercièrent le Maître
pour ses propos élogieux. Mais Noël-Noël ne put
s’empêcher d’évoquer ses
regrets : « Jean a
travaillé d’arrache-pied pour mener
à bien Le Voyageur, le résultat est certes
satisfaisant mais il me faut
reconnaître et nous somme tous deux d’accord sur ce point, l’ORTF
reste très
frileuse en ce qui concerne le genre science-fiction. Je suis un homme
de
cinéma. Je voulais une version cinématographique de mon
roman. Le film y aurait
assurément gagné. Les moyens de la
télévision ne sont en rien comparables à
ceux du cinéma. Dans les années 60, le cinéma a
commis d’excellents films de
cape et d’épée souvent incarnés par Jean Marais.
La télévision française en a
également commis. Ils ne sont pas mauvais, mais quelle
différence ! Déjà
ils ont été tournés en noir et blanc, la couleur
c’est autre chose !
Remarquez, j’ai dû par deux fois refuser, lorsque nous avons Jean
et moi, monté La sentinelle endormie pour le
cinéma, un tournage
en noir et blanc.
Au-delà de la couleur, le rythme d’un film tourné pour le
petit écran n’a rien
à voir avec celui d’un film pour le grand écran. Pour
notre série de
science-fiction, nous sommes dans la même problématique.
Et pour ne rien
arranger, l’ORTF a choisi de diffuser notre série en plein mois
d’août ! Résultat, il n'y eut que peu de
téléspectateurs devant leur
télévision ! » Fulcanelli comprenait le
sentiment du comédien,
sentiment partagé par le metteur en scène, mais pour lui,
l’essentiel
apparaissait dans les points forts du roman et du feuilleton.
L’utilisation des
miroirs pour découvrir l’image d’un personnage aujourd’hui
disparu, lui
parlait. Noël-Noël avait imaginé à l’aide d’un
appareil futuriste, la
possibilité d’observer et de photographier dans un miroir
l’image d’un personnage
s’y étant miré. Le miroir fut un thème important
de l’alchimie. Il l’est aussi
dans le roman et dans le feuilleton car il justifie et
précède le voyage dans
le temps qui se voit symbolisé par la Croix de Luzarches. Noël-Noël comprit
que le moment était venu pour
lui d’évoquer cette croix : « J’ai lu avec
intérêt votre texte La
Croix Cyclique d’Hendaye. Il est certain qu’il m’a inspiré
pour mon roman
et donc pour le feuilleton télévisé qui en
découle. J’ai choisi la campagne
environnante de Luzarches pour y placer dans une grotte, le
chronosphère. Au
pied des rochers à l’intérieur desquels est cachée
la machine à voyager dans le
temps, se trouve une croix en bordure de la vieille route
empierrée. Pour les
deux héros, la route pavée est une ‘’Route
Royale’’ et ainsi que le dit
François d’Audigné : « La preuve, le
vieux calvaire qui la
bordait. » Pour Philippe, l’arrière-petit-neveu, elle
est la preuve du
voyage dans le temps : juste le socle et le soubassement en son
temps,
morceau de croix à l’époque de son
arrière-grand-oncle et croix complète à
l’époque du grand-aïeul Xavier d’Audigné.
François d’Audigné croit bon
d’ajouter : « Elle semble dire gare. » Le
mot ‘’gare’’ est à
prendre ici à double sens, il y a bien sûr une mise en
garde mais aussi une allusion
à la gare, la station de départ ou d’arrivée…
L’historicité de la gare de
Luzarches est bien connue. La Route ou Voie Royale vous l’aviez
compris, Cher
Maître, est celle que suivent les Hermétistes. Mon choix
pour la gare de
Luzarches peut paraître curieux. En effet, Philippe
d’Audigné remonte le temps
pour rencontrer François d’Audigné qui réside tout
comme lui, au château
ancestral de Sainte-Marie dit aussi Roche Sainte-Marie. Et ce
château où réside
également Xavier d’Audigné, l’ancêtre de la
famille, se situe en Bourgogne.
J’avoue d’ailleurs avoir quelque peu brouillé les pistes le
localisant à
proximité de Lyon (ce qui n’est guère bourguignon), alors
que dans le
feuilleton, je le situe logiquement non loin de Dijon. Mais où
se situe
véritablement la logique ? J’aurai pu imaginer quelque
grotte au-dessous
du château, le voyage dans le temps eut été
beaucoup plus rapide
assurément ! En situant la gare permettant le
voyage dans l’espace
chronomique à Luzarches, ça me permet en fait de
placer quelques chapitres
dans le Paris du roi Louis XVI. Mais surtout, ça me permet par
la même
occasion, de glisser dans l’histoire la racine LUZ. La Croix Cyclique
d’Hendaye
se trouve à deux pas de Saint-Jean-de-Luz comme la croix du
roman se trouve en
fait à deux pas de Luzarches
qui
devient pour l’histoire, l’Arche salvatrice… » Fulcanelli ne pouvait
qu’apprécier de tels
propos, aussi, alors que minuit sonnait, il proposa de porter un toast
à
Noël-Noël – c’était de circonstance en cette nuit de
Noël. Puis il ajouta : « Ainsi que vous le
savez, mon Cher
Noël-Noël, mon chapitre La Croix Cyclique d’Hendaye
devait figurer dans
mon livre Finis Gloriae mundi. Bien que j’ai pris la
décision
irrévocable de ne pas publier cet ouvrage, je n’hésitais
pas à glisser un signe
s’y rapportant en 4e page de couverture des Demeures
Philosophales (1930 et 1960), la
cloche du roi Marc joyau du VIe siècle,
pièce majeure du Trésor
de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Cette cloche, de
tradition quitta la
Cornouaille britannique du roi Marc pour un nouveau maître. Le
prince du Léon,
Withur l’offrit à son cousin saint Pol-Aurélien qui la
placera dans son
abbaye/cathédrale finistérienne du Léon. Cette
cloche du Finistère (Finis
Terrae) par sa symbolique sonne le glas de la Gloire du Monde…
ou Finis
Gloriae mundi ! Cette cloche telle le Graal possède
deux pôles, l’un
positif, l’autre négatif. La cloche du Léon lue de droite
à gauche révèle la
cloche de Noël !... Ne riez pas mon Cher Ami… La
cloche de Saint-Pol-de-Léon en
couverture des Demeures Philosophales « Excusez-moi,
Maître mais si je ris, c’est
tout simplement parce que vous avez prononcé les mots :
‘’cloche de
Noël’’. Suis-je une cloche ? Une bonne cloche
j’espère… ? C’est
d’ailleurs cette cloche que j’ai voulu faire sonner, et plus
précisément que
Lucien Mathieu a fait sonner dans La Cage aux Rossignols. Une
cloche qui
rappelle à la raison. Une cloche qui fait d’un homme ou d’un
enfant révolté, un
ange. Les idées politiques qui ont été les miennes
tout au long de ma vie, ont
considérablement changées aujourd’hui. Suis-je
anticlérical pour autant ?
Pas du tout ! Chaque être humain est libre de conduire sa
vie comme il
l’entend tant que cette vie ne vient pas nuire à celle d’autrui.
Dans La
Cage aux Rossignols Clément Mathieu se marie d’ailleurs
à l’église… « Son épouse
née Lebeau, répond au prénom de
Martine. Allez savoir pourquoi on trouve dans certaines copies le
prénom de
l’actrice Micheline Francey qui joue précisément le
rôle. C’est regrettable en
ce sens que dans le film on s’interroge sur
le pseudonyme choisit par Clément Mathieu pour
la signature de son
manuscrit La Cage aux Rossignols. Ce pseudonyme – Marcel
Mettine – je
l’ai créé en mélangeant le prénom du
surveillant, Clément, avec celui de sa
petite amie, Martine. C’est ainsi que de l’union de MARTINE et de
CLEMENT est
né sur le papier MARCEL METTINE. Vous noterez que l’un des deux
N ne peut être
utilisé. Ce changement de
prénom, bien qu’inexpliqué, se
voit confirmé par différents sites Internet dont celui de
la Gaumont : https://www.gaumont.fr/fr/film/La-cage-aux-rossignols.html Mais
cette anomalie repérable n’est curieusement jamais
relevée. Il fut bientôt temps de
se quitter, une dernier
toast fut une fois encore porté en l’honneur de
Noël-Noël qui n’en demandait
pas tant : « Noël,
Noël, oui ! nous chantons
NOËL ! » Noël-Noël
le Rossignol qui a su quitter sa Cage |