2020
















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      Chers Amis Internautes,

     Par Tradition, les Regards du Pilat ont le plaisir de vous présenter leurs bons vœux. C’est aussi l’occasion de faire le point avec vous concernant notre vécu en commun.


    
Une nouvelle belle année se termine. L’adhésion que vous nous manifestez par vos connections mensuelles nous encourage toujours davantage. Nous enregistrons régulièrement un nombre de connections supérieures à 7000 par mois. Cependant, nous n’avons jamais encore atteint les 8000.


    
La première richesse des Regards du Pilat demeure la qualité des travaux que nos nombreux intervenants vous proposent. Nous leur devons tout. Sans les généreux contributeurs qui nous font l’honneur de publier sur nos colonnes, la réussite ne pourrait pas être au rendez-vous.


    
C’est l’occasion ici-même de me tourner vers eux et une nouvelle fois de les remercier. De plus, sachez que les articles anciens sont toujours très visités. Il n’est pas rare que de nos articles se retrouvent bien référencés par Google lorsque nous recherchons des informations sur le Net sur tel ou tel sujet.


   
Nous avons la grande chance d’être proches d’Amis qui nous font souvent la primeur partager leurs recherches et leurs découvertes. 2020 de par les programmes de diffusion déjà validés sera riche, n’en doutez pas. Des découvertes importantes vont arriver sur la place publique.


    
L’Amitié est un Maitre mot chez nous. Nous allons accueillir de nouveaux contributeurs cette année. C’est important d’intégrer de nouvelles personnes. Cette diversité élargit sans cesse notre socle d’adhésion aux deux sites.


    
Chers Amis Internautes, je vous présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année ; une bonne santé à vous et à vos proches. Comptez sur la fidélité des Regards du Pilat qui chaque mois vous proposent des nouveautés et tous les deux mois avec notre site La Grande Affaire.


    
Le Massif du Pilat, Parc Naturel Régional, n’est pas un territoire anodin lorsqu’il s’agit de parler de Patrimoine et d’Histoire. En fouillant toujours et encore, nous avons matière à toujours mieux vous renseigner. Nous vous promettons donc d’ores et déjà un joli programme 2020.


    
Je laisse maintenant la parole à mes Amis, Patrick et Michel, qui nous gratifient une nouvelle fois chacun d’un nouveau conte de Noël et de leurs vœux respectifs.


    
Vive la nouvelle année.

  Thierry Rollat












































 

Chers amis internautes,

Le bonheur, c'est comme une bulle de savon : c'est beau, léger, brillant, on y voit mille reflets et autant de couleurs, et puis soudain... flop ! La bulle retombe en en une pluie de petites gouttes semblables à des larmes. Les instants de bonheur sont rares, et ils se terminent parfois par des larmes, alors sachons préserver et prolonger ces instants qui sont autant de bulles légères.

Mais heureusement, voici que se présente l'année 2020. Avez-vous remarqué comme ce millésime, avec ses deux zéros, semble contenir deux bulles de savon ? C'est le signe que cette année est une année de bonheur double. Deux fois deux, deux fois zéro, deux fois vingt, ou deux fois vins, deux fois vains... Deux mille vingt ou deux mille vins, deux mille vains. Il y a d'autres homophonies et assonances à trouver, essayez en famille, vous verrez...

Pour en revenir aux bulles de savon, il paraît que le fait d'ajouter de la glycérine, ou du sirop de sucre, au mélange savonneux, leur permet de durer plus longtemps. Alors puisque l'année 2020 nous promet deux fois plus de bulles de savons instants de bonheur, nous devrons expérimenter des formules analogues qui permettront aux bulles de durer plus longtemps, voire de devenir impérissables.

Tel sera mon souhait pour ce nouvel an !










NOËL AUX TROIS DENTS

 

Dans un futur indéterminé...

 

32 mars de l'an 875 de la Nouvelle ère

Dans la petite école du village qui avait été – il y a bien longtemps ! - Pélussin, une vingtaine d'élèves se bousculait pour entrer en classe, sous le regard bienveillant de leur enseignante. S'ils étaient aussi pressés, c'est que l'institutrice leur avait promis de commencer ce jour-là ses cours consacrés à l'Ancien monde, à la Grande fracture, et à l'avènement de la Nouvelle ère. Enfin, ce qu'elle en savait, c'est-à-dire peu de choses en vérité, mais c'était toujours mieux que l'ignorance totale dans laquelle la plupart de ses semblables étaient plongés.

 

L'école de Pélussin au début du XXe siècle... de l'Ancien monde

 

Il faut préciser que cette histoire est peut-être vraie, peut-être imaginaire, la seule certitude est qu'elle se déroule dans un avenir lointain, et si le conteur en a connaissance, c'est sans doute qu'il possède, comme disait Jules Verne, « comme une sorte de seconde vue qui lui permet d’écrire ce qu’il ne lui a pas été donné de voir ».

C'est une époque au cours de laquelle les hommes – ou le peu qu'il en reste – tentent de s'adapter à leur nouvel univers d'après la Grande fracture. Ils ne savent d'ailleurs pas très bien ce qui l'a causée, cette rupture dans l'ordre du Temps, cet effondrement de la civilisation, que l'on a pris l'habitude de nommer ainsi. Tout ce qu'ils savent, c'est qu'il y a eu un avant, qu'ils ont baptisé « l'Ancien monde » et un après, nommé « la Nouvelle ère ». À la fin du temps d'avant, il y a longtemps maintenant, le monde a sombré dans le chaos, brutalement, sans aucun signe avant-coureur. Était-ce une guerre nucléaire totale ? Était-ce un cataclysme naturel à l'échelle de la planète ? Peut-être un peu des deux, personne ne pouvait le dire. Il y eut quelques survivants, bien rares, qui tentèrent de s'organiser dans le temps d'après. Cela prit du temps, beaucoup de temps, des siècles. Aujourd'hui on était arrivé à une sorte de stabilité, même si le Temps lui-même n'avait plus la même valeur, la Grande fracture ayant légèrement déplacé notre planète sur son orbite, si bien qu'au jour où se déroule ce récit la terre met 378 jours pour faire le tour du soleil. De fait, les années de la Nouvelle ère sont un peu plus longues que celles de l'Ancien monde, et les 875 ans écoulés depuis son avènement équivalent à 906 ans de l'Ancien monde. L'année est toujours divisée en 12 mois, mais il y en a 6 de 31 jours et 6 de 32, raison pour laquelle on était ce jour-là :

 

Le 32 mars.

 

L'homme sage progresse à partir de ses erreurs, dit-on. Les hommes de l'Ancien monde en avaient commis de nombreuses. Ceux de la Nouvelle ère tentaient d'en tirer les enseignements, à partir des quelques bribes de ce que l'on savait.

Enfin calmés, les élèves s'assirent sagement derrière leurs bureaux, chacun d'eux sortit de son cartable un cahier tout neuf, sur lequel il avait collé une étiquette portant ces mots : « De l'Ancien monde à la Nouvelle ère ». S'ils savaient à peu près comment s'était déroulé le temps « d'après », ils ignoraient absolument tout du temps « d'avant », et aussi tout du « pendant », c'est-à-dire la Grande fracture. Leurs crayons à portée de main dans les plumiers, ils étaient prêts à écrire ce que leur dicterait l'enseignante. Celle-ci commença son cours.

« Comme vous le savez, notre monde d'aujourd'hui, ce que nous nommons la Nouvelle ère, est bien différent de l'Ancien monde, celui d'avant la Grande fracture. Qui peut me dire comment notre monde est organisé aujourd'hui ? »

Presque toutes les mains se levèrent, tant c'était un principe que l'on inculquait aux enfants dès leur plus jeune âge. Même ceux qui n'avaient pas levé la main connaissaient la réponse sans doute, c'est juste qu'ils n'avaient pas osé, ou pas été assez rapides. L'institutrice désigna un garçon, dans le milieu de la classe. Pas le meilleur élève, pas le pire non plus ; elle avait choisi dans la moyenne. C'était un garçon d'une dizaine d'années, éveillé et dégourdi, répondant au prénom de Golamnor.

« Une seule nation, une seule langue, une seule instruction, et surtout une seule croyance, totale et absolue, celle du respect de la vie et de la nature, récita-t-il d'une seule tirade.

– Très bien, Golamnor, je vois que tu as lu le Grand livre de la Nouvelle ère écrit par notre guide Harkam Nolastir, et que tu en as appris par cœur les préceptes. Mais aucun des livres que tu as lus n'a dû t'apprendre comment vivaient les humains de l'Ancien monde, et comment suite à la Grande fracture ils ont réussi à s'organiser dans une Nouvelle ère, car cette connaissance-là n'est n'est pas destinée aux jeunes enfants, on attend qu'ils aient atteint leur dixième année pour commencer à leur en parler. C'est que le sujet est grave, et que les temps de la Grande fracture furent tellement effroyables qu'il ne servirait à rien d'en informer les jeunes enfants, cela risquerait de trop les apeurer. Vous avez tous atteint cet âge de raison, et ainsi à partir d'aujourd'hui je vais vous apprendre ce que j'en sais ».

L'enseignante marqua une courte pause, puis elle reprit :

« Si aujourd'hui nous n'avons qu'une seule nation et qu'une seule langue, c'est seulement depuis la réorganisation de notre monde dans la Nouvelle ère, suite à la Grande fracture. Cet événement fut terrible, bien plus que ce que vous pouvez imaginer. Des continents entiers ont été ravagés, certains constituent encore aujourd'hui les Terres interdites, dans lesquelles il serait dangereux de s'aventurer. Près de 99 % de la population mondiale a péri en quelques jours. Des pans entiers de la connaissance humaine ont été perdus, des langues oubliées. Nous avons eu la chance que notre continent ait été à peu près épargné. C'est là qu'il y a eu le plus de survivants, et c'est là qu'ils se sont tous regroupés. Cent millions de personnes environ. Vous imaginez à quel point cela fut difficile pour eux. Le chaos était total. Pour tous les groupes humains, il fallut en priorité relancer la production énergétique, réorganiser les réseaux de transports et de télécommunications, et c'est ainsi que les différentes régions ont pu entrer en contact les unes avec les autres. Assez rapidement, un homme charismatique s'est imposé comme le rassembleur des groupes dispersés, c'est Harkam Nolastir, qui est devenu leur guide. Tous se sont unis derrière son nom et ses idées. La suite, vous la connaissez dans ses grandes lignes, c'est la Nouvelle ère dans laquelle nous vivons aujourd'hui.

– Vous voulez dire qu'avant la Grande fracture l'Ancien monde avait plusieurs nations et plusieurs langues ? On a de la peine à l'imaginer, firent en chœur plusieurs gamins.

– C'est vrai les enfants, mais vous devez bien comprendre que dans l'Ancien monde tout était organisé autrement. Il y avait plus de dix milliards d'êtres humains, répartis dans des quantités de nations différentes, et qui s'exprimaient en une multitude de langues. En conséquence, comme les hommes ont toujours voulu se rattacher à quelque chose de supérieur qui les dépassait, il y avait aussi de multiples croyances, de multiples religions, certaines croyant en un dieu unique, d'autres en des divinités multiples, ce qui ne facilitait pas les choses. Les dirigeants de ces pays étaient souvent en désaccord les uns avec les autres. Il y eut des affrontements, des guerres abominables et mondiales. Ces religions de l'Ancien monde ont disparu, et à vrai-dire nous ne savons rien de leurs principes, de leurs fêtes, de leurs sacrements, ni même de leurs dieux. Après la Grande fracture, le monde a évolué autrement. Les langues anciennes ont disparu, même si la langue que nous parlons aujourd'hui semble dérivée de celle en usage dans cette partie de notre continent. Cela signifie que nous pourrions peut-être comprendre dans les grandes lignes un écrit de l'Ancien monde, si jamais nous en trouvions un, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, même si nous avons bon espoir. Outre ce langage, depuis la Grande fracture tout a dû être réinventé, jusqu'à la façon de diviser le temps, alors la notion-même de déité a été oubliée.

« Mais il semblerait, d'après les bribes de ce que nous savons, et qui s'est transmis oralement de génération en génération, que vers la fin des temps de l'Ancien monde, une grande déesse ait supplanté toutes les autres divinités, car le monde entier ne jurait plus que par elle. On l'appelait la grande déesse Inter Nette. Les gens disposaient chez eux de petits oratoires, qui leur permettaient d'entrer en communication avec la déesse. Il y en avait de toutes les tailles, et même des portatifs, que l'on mettait dans la poche, permettant de se connecter n'importe où avec Inter Nette. La grande déesse disposait de multiples lieux de prière, que l'on nommait des sites, sur lesquels régnaient autant de petites servantes, des divinités inférieures que l'on nommait des Fées. Mais quelques unes étaient beaucoup plus importantes que les autres. D'abord la Fée Sbouke, qui permettait aux hommes d'entrer en réseau les uns avec les autres. Puis une Fée nommée Gougole, qui était un puissant oracle, à qui on pouvait poser n'importe quelle question, et elle y répondait toujours.

– Ça devait être pratique pour faire les devoirs, tout le monde devait avoir 20 sur 20, fit un gamin dissipé au fond de la classe.

– Oui c'était pratique, mais réfléchis un peu Braorlin, car en réalité Gougole ne savait que ce qu'elle avait appris des humains, ainsi les réponses qu'elle donnait on pouvait aussi les trouver dans des livres, c'était juste un peu plus long. Sans l'instruction, sans la connaissance, acquise par les humains, Gougole n'aurait rien su. Alors tu vois, quand je te donnerai un devoir, c'est avec la seule connaissance que tu auras acquise des autres que tu pourra le faire ».

Braorlin se tint coi, se disant que, tout de même, si la Fée Gougole était toujours là, il ne serait sûrement pas le dernier de la classe. Au lecteur, qui s'étonne peut-être de la naïveté de ces propos, le conteur précise qu'au moment où se déroule l'histoire, la Nouvelle ère est parvenue au niveau technologique qui était le nôtre au début des années quatre-vingts. Le microprocesseur venait juste d'être inventé, ce qui laissait présager un développement imminent de la micro-informatique, mais Internet, les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, le e-commerce, tout cela restait à inventer, et leur terminologie nous aurait paru un langage incompréhensible.

L'enseignante reprit :

« Pour finir avec les divinités de l'Ancien monde, je peux dire que l'on en connaît quelques autres, toutes des servantes de la déesse Inter Nette. Il y avait la Fée de l'Amas Zone, à qui l'on pouvait tout demander. Celle qui régnait sur cette zone, où étaient ainsi amassés tous les objets manufacturés possibles et imaginables, exauçait tous les vœux, pourvu qu'ils soient assortis d'une offrande suffisante. Et d'autres encore, je ne les citerai pas toutes aujourd'hui.

 

Les trois principales fées de l'Ancien monde

telles que Braorlin les imaginait :

Fée S'bouke, Fée Gougole et Fée de l'Amas zone

 

– On sait à quoi elles ressemblaient, toutes ces Fées ? Et pourquoi elles avaient ces drôles de noms ? demanda Sidorna, une ravissante blondinette un peu délurée.

– Personne ne les a jamais vues semble-t-il, alors j'ignore l'origine de ces noms. Il faut dire que tout ce que l'on sait de ces fées nous est parvenu par tradition orale, alors leurs noms ont pu être déformés au fil du temps. Tout a disparu avec la Grande fracture, les oratoires permettant la connexion avec la déesse, les livres, les enregistrements. Pourtant il est dit qu'un groupe d'humains, plus sages et plus prévoyants que le reste de la planète, a réussi à préserver toute cette connaissance à l'intérieur d'une Arche, qui résista à la Grande fracture. Mais à ce jour on ne l'a toujours pas retrouvée ».

Golamnor leva sagement la main pour poser une question :

« On ne sait vraiment pas où elle se trouve, cette Arche ? Pas la moindre idée ?

– Non, pas la moindre. Sauf peut-être un seul petit indice... Il paraît que lorsqu'on posait une question à Gougole, très souvent elle renvoyait au site d'une Fée qui avait pour nom Regards du Pilat.

– Le Pilat ? Qu'est-ce que c'est ?

– Nous l'ignorons Golamnor, mais certains pensent qu'il s'agissait du nom donné à l'Arche de la Connaissance. Ces Regards du Pilat permettaient donc peut-être de voir ce qu'il y avait dedans, un peu comme des fenêtres ouvertes sur une bibliothèque.

– Ce qui serait encore mieux, c'est d'en retrouver la porte, comme ça on pourrait entrer à l'intérieur. Ça me plairait bien de la chercher, cette porte, en espérant que l'Arche n'est pas située dans les Terres interdites. Comme ça on pourrait retrouver les connaissances perdues des anciens. Elles nous seraient bien utiles, non ?

– Certaines, oui sûrement. Grâce à quelques hommes clairvoyants, comme notre Guide Harkam Nolastir, notre monde vit en paix dans la Nouvelle ère. Personne n'a faim, notre économie se porte bien et c'est le plein emploi pour tout le monde. Les connaissances, la technologie, le savoir-faire des anciens, nous permettraient certainement d'améliorer encore nos conditions de vie, ne serait-ce que dans les domaines de la santé, des communications et des transports. Mais il nous faudrait faire très attention à ne pas sombrer dans les même erreurs que celles des humains de l'Ancien monde, car qui sait s'il ne l'ont pas détruit eux-même dans leur folie. Alors oui, Golamnor, lorsque tu seras un adulte, peut-être feras-tu partie de ceux qui mettront à jour l'Arche de la Connaissance des anciens ? C'est tout le bonheur que je te souhaite. Voilà les enfants, ce sera tout pour aujourd'hui. À partir de demain je reviendrai plus en détails sur certains points. Vous pouvez rentrer chez vous maintenant, réfléchissez à tout ce que je vous ai appris ».

 

10 octobre de l'an 892 de la Nouvelle ère

Quinze longues années s'étaient écoulées depuis ce matin où les enfants avaient appris de leur enseignante les quelques rudiments de connaissances concernant l'Ancien monde. Golamnor était maintenant un homme solide de vingt-sept ans. Il exerçait le métier de garde forestier, veillant à l'exploitation raisonnée des forêts nombreuses de la région, et recensant les différentes espèces végétales et animales composant la biodiversité. Il venait de s'installer dans une ravissante maison, avec Sidorna qui était devenue sa compagne. Le jeune couple y coulait des jours heureux, mais Golamnor n'avait jamais abandonné l'idée de retrouver l'Arche des anciens, totalement soutenu dans cette démarche par Sidorna. Il faut dire que la jeune femme, qui avait mûri avec les années, s'était spécialisée dans l'étude des langues de l'Ancien monde, depuis la découverte en 887 d'un petit lot de livres anciens, en exceptionnel état de conservation. Comme une sorte de petite Arche, dont les linguistes de la Nouvelle ère décryptaient patiemment les enseignements. Sidorna en faisait partie.

Un an plus tôt, alors qu'il venait de s'installer, le couple avait invité ses voisins à faire connaissance autour d'une petite collation apéritive. Naturellement Golamnor et sa compagne s'étaient ouverts auprès d'eux de leur passion pour la recherche de tout élément pouvant appartenir à l'Ancien monde. C'est ainsi qu'ils eurent connaissance, par un voisin déjà bien âgé, d'une certaine rumeur qui avait autrefois circulé dans le village. Selon ces racontars, dans les tous premiers jours de la Grande fracture, alors que des incendies s'étaient déclarés un peu partout, un homme qui possédait une maison avec piscine, dans le haut de la bourgade, avait dû employer toute l'eau de ce bassin pour lutter contre un feu de broussailles menaçant son habitation. Alors qu'il s'apprêtait à remplir à nouveau sa piscine, l'eau commença à manquer. Cet homme – prévoyant tout le tragique des événements qui débutaient – aurait alors eu l'idée d'y placer tous les livres de sa bibliothèque, bien protégés dans des sacs hermétiques, puis de déverser par dessus quelques tombereaux de terre et de cailloux. L'histoire avait marqué les esprits, au point de survivre à la Grande fracture, et d'être ensuite répétée de génération en génération.

Golamnor se dit qu'une telle histoire avait sûrement un fond de vérité. Dans les jours qui suivirent il se mit alors en tête de retrouver la cache. Même si ce n'était pas l'Arche des anciens, ce dépôt devait quand même avoir une valeur culturelle importante. Il serait trop long de raconter tous les épisodes de sa recherche, mais il faut dire que la chance fut de son côté.

Toujours est-il qu'en cette belle soirée d'automne, le couple admirait la vitrine pressurisée installée dans la plus grande pièce de la maison, où était exposés, dans une atmosphère contrôlée, une trentaine de vieux livres. Une trentaine seulement, les seuls qui fussent encore à peu près en état, sur les quelques six cents volumes qui avaient été cachés dans la piscine. Il faut dire que ces livres avaient plus de mille ans, et que les pluies acides qui s'étaient abattues sur le monde pendant la Grande fracture s'étaient infiltrées dans l'ancien bassin, sans pouvoir s'évacuer, et elles avaient eu raison de la matière plastique des sacs censés protéger les précieux ouvrages. Seule la masse compacte des livres superposés avait préservé ceux qui étaient au centre de chaque sac. Pour cette raison, c'était déjà miraculeux d'en récupérer autant. À vrai-dire, cette trouvaille était même la plus importante trace de l'Ancien monde jamais mise à jour, depuis la précédente découverte de 887, et Golamnor en tirait une fierté bien légitime. Et grâce à Sidorna, il était parvenu à saisir l'essentiel de leur contenu. En attendant la création d'un musée de l'Ancien monde où ils pourraient être exposés, les livres étaient en sécurité chez lui.

« Il faut bien comprendre, expliquait la jeune femme à son compagnon, qu'après la Grande fracture l'évolution humaine a été considérablement ralentie. Nous n'avons quasiment pas progressé durant les cinq ou six premiers siècles, et à peine plus rapidement durant les trois ou quatre siècles suivants. Il n'y a que depuis une cinquantaine d'années que le progrès est entré dans une courbe de développement exponentiel, avec la redécouverte de certaines technologies, comme tout ce qui touche au numérique. ».

Tous les livres avaient en effet été numérisés pour faciliter leur déchiffrement. Les chercheurs pouvaient ainsi les étudier à loisir, sans risquer de les détériorer. Sidorna faisait défiler sur un écran, comme si elle les avait feuilletées, les pages d'un livre à la couverture bleuâtre, dont le titre était prometteur : Mon Pilat, étymologies, rêves, légendes et réalités.

 

Le livre de Noël Gardon

 

« Génial ! Fit Golamnor. Nous allons enfin savoir ce que c'était que ce Pilat. Dis, il avait un drôle de nom, l'auteur, Noël Gardon. Bon, un gardon tu m'as expliqué que c'était le nom d'un poisson, mais Noël, qu'est-ce que ça veut dire ?

– Il donne sa version, page 60. Je cite : « Noël », ce qui veut dire « Nouveau dieu vivant » ou mieux « Nouveau soleil », à traduire évidemment, quand on connaît l'histoire du Forez, par « Orsolis », nom marqué sur les anciens itinéraires, près de Vienne, en Dauphiné, et qui veut dire « soleil levant », devenu aujourd'hui « Roussillon ». Orsolis, c'est du latin, une langue remontant aux premiers temps de l'Ancien monde, mais qui n'était plus en usage, depuis très longtemps, au moment de la Grande fracture. Ce que l'auteur n'explique pas, c'est comment ce mot est composé. En fait il est la contraction en un seul terme de deux mots latins, orsus qui veut dire commencement, et solis qui est le mot soleil décliné au génitif, le complément d'objet. Orsolis, ou Noël, c'est donc le commencement du soleil, ou le nouveau soleil.

– Ben dis donc, t'es drôlement calée !

– C'est mon boulot, qu'est-ce que tu crois ?

– Je m'incline ! De nous deux, c'est toi l'intellectuelle et moi l'homme de terrain...

– Oui, mais je voudrais ajouter quelque chose à propos de Noël. Mes recherches m'ont amenée à découvrir que c'était une fête des anciennes religions, principalement de celle qui voyait dans un homme nommé Jésus le fils de Dieu. Selon ces croyances, Jésus était né au moment où le soleil, finissant sa course hivernale, se stabilisait et renaissait pour annoncer une nouvelle année. C'est pourquoi Noël signifie à la fois nouveau dieu vivant et nouveau soleil. De plus, cette fête était l'occasion de se retrouver en famille, autour d'un bon repas, et de s'offrir des cadeaux. On faisait même croire aux enfants qu'un Père Noël descendait par la cheminée pour déposer les paquets dans leurs chaussures.

– Tout cela est très intéressant, mais dis-moi ce que l'auteur explique sur le Pilat. Est-ce qu'il nous dit ce que c'était, où cela se situait ?

– Après deux chapitres dédiés à la linguistique, il y consacre un chapitre entier. Mais ça commence par un paragraphe intitulé Le Pilat est perdu. Je cite encore : Pilat, un nom familier à nos oreilles de stéphanois, et autres habitants des départements environnants. Nom qui signifie encore quelque chose même aux parisiens. Mais où est le Pilat ? On connaît bien la « Grange de Pilat », appelée aujourd'hui, et à tort, la « Jasserie du Pilat ». On connaît aussi le « Parc régional du Pilat », le « massif du mont Pilat », mais nous ignorons l'emplacement de Pilat. Nous ignorons même si ce lieu a vraiment existé un jour.

– Hé ben, on est bien avancés ! Tout ce qu'il dit, c'est que le Pilat était un massif montagneux, mais il ne sait pas où il se situait.

– Pas tout à fait. En fait, pour Noël Gardon c'est le lieu nommé Mont Pilat qui est perdu, en ce sens que les cartes de son temps ne recensaient aucun endroit ainsi nommé, aucun  Pilat au sens strict. Mais pour l'auteur, ce nom doit se décomposer en Pi et lat. Le premier terme signifie sommets aigus, et le second doit se comprendre comme lès qui veut dire assemblée. Le Pilat, ce serait donc les sommets aigus assemblés, et pour l'auteur cela ne peut désigner qu'une montagne nommée Pic des Trois Dents, un nom relativement récent à son époque. Précédemment on disait Pic des Trois Têtes, ou encore Trident. Ce sommet était devenu emblématique, et son nom avait fini par être donné à l'ensemble de la région, au point que l'on avait fini par oublier où était LE Pilat. »

Mû par une inspiration subite, Golamnor entraîna Sidorna vers la fenêtre de leur salon, donnant sur la campagne environnante. Ce paysage champêtre était dominé par une ligne de montagnes, paraissant vouloir toucher le ciel, dont une qui, sur un fond de soleil couchant, dressait fièrement sa silhouette faite de trois pointes rapprochées.

 

Le Pic des Trois Dents dans le soleil couchant, vu de Pélussin

 

« Dis, regarde... Les sommets aigus rassemblés, les trois dents, est-ce que ce ne serait pas la bonne vieille montagne en face de notre maison ? Tu en connais beaucoup, des monts avec un sommet composé de trois pitons ?

– Non, je l'avoue... Mais alors, ça veut dire que le Pilat, c'est chez nous ? Ce serait extraordinaire, non ? Remarque, cette bibliothèque que tu as retrouvée était essentiellement composée d'ouvrages régionalistes, concernant le secteur qui est le nôtre, en conséquence il paraît logique que cette montagne soit bien l'ancien Pic des Trois Dents, et notre région le Pilat. »

Golamnor n'écoutait déjà plus sa compagne. Son esprit vagabondait vers ces sommets embrumés qui fermaient l'horizon face à lui, des sommets dont il était un familier car en garde forestier habitué à arpenter les forêts il avait maintes fois parcouru cette ligne de crête. Il se voyait déjà, un jour prochain, monter une expédition en direction de ces trois pitons érodés qui, dès lors, lui paraissaient auréolés de mystère. Il revint tout de même aux réalités.

« Qu'est-ce qu'il dit encore, ce Noël Gardon, à propos du Pic des Trois Dents ?

– Il y consacre un autre court chapitre, page 97. Il raconte qu'une enceinte de pierres sèches, vieille de deux mille ans, était encore visible de son temps. Elle était composée de deux murailles parallèles, entre les deux premières dents, enserrant un espace sacré. Pour lui c'était le but de fêtes liées au printemps, mais il est convaincu que les lieux ne faisait pas l'objet d'une occupation permanente.

 

L'enceinte des Trois Dents

 

– Je la connais bien, notre montagne, je peux te dire qu'il y a aussi entre les bases des deux premiers pitons un longue lignée de pierres sèches, trop rectiligne pour qu'elle soit naturelle, sans doute des traces d'une muraille. Ce doit être le dernier vestige de cette enceinte qui n'était déjà plus que ruines à l'époque où le livre a été publié. Ce qui confirme qu'il s'agit bien du Pic des Trois Dents.

– Noël Gardon conclut son chapitre en rappelant que depuis ce pic la vue est exceptionnelle.

– La vue... le regard... les regards du Pilat... »

L'esprit de Golamnor vagabondait à nouveau. Il en était convaincu maintenant, l'Arche de la Connaissance des anciens se trouvait quelque part là-haut dans les montagnes. Mais où ? Dans une grotte, un souterrain ?

« Tu as entendu dire qu'il y aurait une grotte, dans le secteur de ce pic ? demanda-t-il à sa compagne.

– Entendu, non... Mais attends... Je crois bien que j'ai lu quelque chose à propos des grottes de la région. Parmi les livres que tu as retrouvés, il y a une publication du Bureau de Recherches Géologiques et Minières, un inventaire des cavités ou souterrains autres que les mines. Voilà, je l'ai... Je fais une recherche avec le mot-clé Trois Dents et... effectivement, cette publication recense une grotte au Pic des Trois Dents. Il y a des coordonnées, mais comme j'ignore à quel système de géolocalisation elles font référence, je ne peux pas te dire plus précisément où elle se situe. Tu l'as déjà vue cette grotte ?

– Non, mais à vrai-dire je n'ai pas parcouru l'ensemble de la zone sommitale. C'est très escarpé, et il n'y a pas vraiment de sentier. Il suffira de suivre méthodiquement la base de chacun des pitons, car la grotte a dû se former à la jointure des couches géologiques. Il faudra que j'y monte pendant l'hiver, quand la végétation sera moins dense. Mon vieux copain Braorlin sera sûrement partant pour m'accompagner. »

 

24 décembre de la même année

Braorlin, qui avait usé ses fonds de culottes sur les mêmes bancs d'école, fut partant en effet, enthousiasmé par ce projet. Par ce beau jour d'hiver, froid mais sans neige, les deux hommes crapahutaient entre les pitons formant les sommets de cette montagne, qui avait jadis porté le nom de Pic des Trois Dents, Pic des Trois Têtes ou encore Trident. Ils étaient à la recherche de la moindre cavité, du moindre trou, pouvant être l'entrée d'un monde souterrain où avaient été amassées toutes les connaissances de l'Ancien monde. Leur progression était difficile, car si un sentier escarpé permettait d'accéder à la zone sommitale, ensuite aucun cheminement n'existait pour aller au pied des barres rocheuses composant le triple sommet. De plus la pente était particulièrement abrupte. Mais les deux amis étaient habitués à ce genre d'effort. Les falaises s'élevaient, presque verticales, et à leurs pieds s'étendaient de vastes zones de dangereux éboulis. Golamnor avait expliqué que l grotte ne devait pas être très grande, tout juste suffisante pour contenir une poignée d'hommes. Rien à voir avec les immenses cavernes existant dans les reliefs calcaires que l'on trouvait dans d'autres régions. Il suffirait de faire méthodiquement le tour des dents pour la trouver.

Dans le paysage aride et caillouteux du Pic des Trois Dents, aucune cavité d'aucune sorte ne s'était encore manifestée au pied des deux premières dents. À la mi-journée, les deux amis s'étaient arrêtés sur un espace dégagé et bien ensoleillé, pour savourer un casse-croûte bien mérité. Puis il reprirent leurs recherches autour de la troisième dent, explorant méthodiquement les anfractuosités nombreuses dans cette roche qui avait été compressée et plissée, comme on le ferait d'une pâte feuilletée, par un soulèvement géologique remontant certainement à plusieurs centaines de millions d'années.

 

La troisième dent

 

C'est finalement Braorlin qui le premier aperçut une étroite ouverture sombre au pied d'une paroi rocheuse. Il était tout excité de sa trouvaille. Ils se glissèrent par la chatière, pour découvrir une cavité, de petites dimensions en effet, tout juste assez grande pour contenir trois ou quatre personnes debout. Golamnor avait sorti deux lampes puissantes de son sac à dos, il en avait posée une au sol, pour éclairer le plafond, et il promenait le faisceau de l'autre sur les parois.

« Rien ! C'est juste une petite grotte naturelle », fit-il un peu déçu.

Braorlin était désespéré. Il avait tant cru à cette histoire de l'Arche des anciens, qu'il avait fini par se persuader qu'elle les attendait réellement dans la grotte du Pic des Trois Dents. Il s'était même imaginé se retrouver en face de la Fée Gougole, qui l'avait tant fait rêver quand il était gamin. Alors sa déconvenue, d'autant plus grande, le rendait hargneux. Dans un geste de de colère, il saisit un caillou et le projeta avec force contre la paroi du fond. Contre toute attente, le choc ne se traduisit pas par un bruit minéral, mais par un son métallique qui résonna longuement sous la voûte. Les deux amis s'approchèrent, examinant avec soin ce qui paraissait être une paroi rocheuse mais qui de toute évidence devait être plutôt une porte en fer soigneusement dissimulée.

« Ça alors ! s'exclama Braorlin, dis donc, c'est drôlement bien imité...

– En effet. Le métal est teinté dans la masse, en effet trompe-l'œil, il faut passer la main dessus pour s'en rendre compte. Bon, si c'est une porte, il doit y avoir une poignée, un mécanisme quelconque, pour l'ouvrir. Ah ! Là, un bouton.

– Ben vas-y, appuie dessus. »

Lorsque Golamnor posa son index sur cette petite surface ronde en légère saillie, une lumière se manifesta autour d'elle, et il sentit son doigt parcouru par une vibration. Il y eut un déclic, un bourdonnement, et la porte tourna sur des gonds invisibles pour révéler l'amorce d'un long escalier, paraissant s'enfoncer dans les profondeurs de la terre. Les deux hommes récupérèrent les lampes, en en prenant chacun une, et ils s'engagèrent dans la descente, non sans une certaine appréhension mêlée d'excitation. Au bas des marches il se retrouvèrent dans une pièce carrée aux murs lisses, et une nouvelle porte, non dissimulée celle-là, les attendait. Nouveau bouton à presser, et le même processus se déroula, la porte s'ouvrant sur une immense cave voûtée. L'Arche fabuleuse, l'Arche de la connaissance des anciens, les attendait. À perte de vue s'alignaient des armoires, chargées de livres, de documents, d'enregistrements, d'appareils de toute sorte.

« Incroyable ! C'est une montagne de connaissance. Nous n'aurons pas assez de tout le reste de notre vie pour inventorier tout ça...

– Non Braorlin, mais nous ne serons pas qu'une poignée d'humains à nous atteler à la tâche, il nous faudra constituer une commission, ou mieux un institut, qui devra recruter des linguistes, des scientifiques, et nous finirons bien par en venir à bout. C'est un avenir passionnant qui nous attend, notre civilisation va enfin redevenir ce qu'elle était.

– Il faudra recruter aussi des penseurs, des sages, des philosophes, pour que nous ne retombions pas dans les mêmes erreurs que celles qui ont précipité l'Ancien monde vers sa perte.

– Tu as raison, mon ami, mille fois raison ! Mais je me dis que si des hommes ont été suffisamment avisés pour créer cette Arche, il n'y ont peut-être pas déposé ces connaissances-là. J'en ai la tête qui tourne, à force de penser à tout le travail que nous avons sur les bras. Mais il nous faut rester raisonnables. Ce n'est pas aujourd'hui que nous allons nous atteler à la tâche, d'ailleurs la journée est déjà bien avancée, si nous voulons rentrer avant la nuit nous ne devons pas plus nous attarder. Bien sûr nous reviendrons !

– Dis, il y a quand même un truc qui me tracasse. Tu ne trouves pas que ça a été trop facile, pour ouvrir ces portes ? N'importe qui aurait pu le faire, non ?

– Moi aussi je me pose la question. Trop facile, en apparence du moins. Qui sait s'il n'y avait pas un système capable de ressentir nos intentions, pour déterminer si nous étions dignes d'entrer dans l'Arche. Oui, je suis sûr que c'est quelque chose dans ce goût-là... »

Ce soir-là, Golamnor et Sidorna eurent du mal à s'endormir. Tendrement enlacés dans les bras l'un de l'autre, ils pensaient à l'avenir radieux qui s'offrait à eux.

« Tu sais que demain c'est le jour de Noël, murmura la jeune femme à l'oreille de son compagnon. Tu as mis tes souliers devant la cheminée ?

Pas la peine, aujourd'hui j'ai déjà eu le plus beau, le plus merveilleux, le plus extraordinaire des cadeaux. Ah oui, je m'en souviendrai longtemps, de ce Noël aux Trois Dents... »

 
















Chers Amis Internautes,

Voici que l’année 2019 tire sa révérence. Bientôt apparaît l’année 2020. Effet miroir assurément, notre 20 se mire dans son Vin.

Effet dit vingt, possiblement ! Effet DiVin assurément ! Cette année divine nous apparaît sous les plus beaux auspices. Le vin par sa symbolique évoque la Connaissance. La Connaissance est fugitive, nous voudrions qu’elle nous tombe dans les bras vêtue de son plus beau millésime.

Il nous faut la mériter ! Ainsi que nous le disions par le passé : Impossible n’est pas français ! Aujourd’hui nous pouvons-nous ajouter : Impossible n’est pas divin !

Puisse cette année être pour vous, l’année des grandes réalisations. Puisse cette année 2020 être l’année où vous toucherez au Divin !

Bonne et heureuse année à tous.

Michel Barbot










Noël-Noël, vous avez chanté Noël ?

 

Du 1er au 4 juin 1944, après l’introduction musicale (les premières mesures de la Cinquième symphonie de Beethoven) et la formule légendaire « Ici Londres. Les Français parlent aux Français », Radio Londres par la voix des ondes, diffuse les trois vers de Paul Verlaine :

« Les sanglots longs

« Des violons

« De l'automne 

Ces vers du célèbre poète s'adressent aux résistants du réseau Ventriloquist, chargés de saboter les installations ferroviaires et téléphoniques encore en état de marche. Le débarquement des alliés sur les plages de Normandie est imminent.

Le 5 juin 1944, Radio Londres termine la strophe :

« Blessent mon cœur

« D'une langueur

« Monotone. 

Ces trois autres vers annoncent le passage à l'offensive, ce n’est plus qu’une question d’heures.

6 juin 1944 :

À 13 heures dans le café de Fontevraud (Maine-et-Loire) où l’équipe du film La Cage aux Rossignols a pris pour habitude depuis le 15 mai de se restaurer, l’agitation est à son comble. Le comédien Noël-Noël et le metteur en scène Jean Dréville, sans se soucier des soldats Allemands attablés dans ce bistrot, écoutent les messages et les nouvelles diffusées par Radio Londres. 

 « Ici Londres… […] De Marie-Thérèse à Marie Louise : ‘’Un ami viendra ce soir… le Quartier Général des Forces Suprêmes Expéditionnaires Alliées vient de publier le communiqué suivant : ‘’Sous le commandement du général Eisenhower les Forces Navales Alliées avec le soutien des Forces Aériennes, ont commencé ce matin le Débarquement des Armées Alliées sur les côtes Nord de la France''. »

Ce dernier message de Radio Londres fait l’effet d’une bombe. L’équipe du film apprend dans un premier temps avec joie le Débarquement des Alliés mais très vite il lui faut faire face à la situation qui ne joue guère en leur faveur. L’après-midi même le général Charles de Gaulle donnera de plus amples informations :

« La bataille suprême est engagée.

« Après tant de combats, de fureurs, de douleurs, voici venu le choc décisif, le choc tant espéré. Bien entendu, c'est la bataille de France, et c'est la bataille de la France ! »

Le général termine ainsi son discours :

« La bataille de France a commencé. Il n'y a plus, dans la nation, dans l'Empire, dans les armées, qu'une seule et même volonté, qu'une seule et même espérance. Derrière le nuage si lourd de notre sang et de nos larmes voici que reparaît le soleil de notre grandeur ! »

Les Allemands présents dans le café occupent la maison d’arrêt de Fontevraud, installée dans les communs de l'Abbaye Royale. L’équipe du film qui tournait jusqu’à ce jour les extérieurs de la maison de correction La Cage aux Rossignols, devait faire face quotidiennement aux Allemands. Mais Jean Dréville le metteur en scène et surtout Noël-Noël, l’acteur principal du film, n’hésitaient pas à les braver, allant jusqu’à leur dire lorsqu’ils se faisaient trop présents : « Raus, raus : poussez-vous ; vous nous gênez ! »

Il ne restait plus que huit jours de tournage mais la Gaumont ordonne de stopper immédiatement. L’équipe du film déserte alors Fontrevaud. Jean Dréville racontera : « Et là, il y a l’affaire du Vercors, Oradour et beaucoup de troubles. L’heure n’était plus aux bravades. » Le metteur en scène n’a plus aucune nouvelle de son acteur principal : « Le bruit court même que Noël-Noël a été tué. »

Mais où est donc passé Noël-Noël ? L’heure est grave assurément ! Le comédien a toujours affronté par le verbe les Allemands, n’hésitant pas à les brocarder lorsque assis au premier rang, ils venaient écouter son tour de chant à l’Étoile en mai 43. Ainsi que nous l’apprend l’auteur dramatique Michel Duran dans l’article Curieux bonhomme, ce Noël-Noël (revue Minerve du 21 septembre 1945 – extrait apparaissant dans la brochure du DVD), l’humoriste avait osé chanter « devant ces messieurs de la Propaganda Staffel, sa chanson d’Adémaï dont les couplets se terminaient par ‘’Vaches de Boches’’ ! ».

Ces messieurs de Propaganda Staffel, en allemand « escadron de propagande », surveillaient et censuraient les publications, les spectacles et les émissions radiophoniques.

Le comédien avait été convoqué dans les bureaux de la censure. L’Allemand qui se trouvait face à lui apparaissait enclin à la tolérance. Il lui demanda seulement de changer quelques mots. Noël-Noël proposa « Doryphore ? » Vert-de-gris ? Mange-tout ? Frisé ? « Nein ! » répondit son interlocuteur. Ils finirent par s’entendre sur le mot « frisou » !? Des témoignages divergents confirment que cette entrevue fut des plus surréalistes !

Noël-Noël continua sur scène ses bravades. Michel Duran écrit : « C’était en 1943 et on se doute du succès qu’il obtint. C’était des trépignements de joie, des applaudissements sans finir. Les couplets comiques et pacifiques devenaient une chanson frondeuse. Noël-Noël fut interdit naturellement. »

 

Noël-Noël jeune

 

Ce mardi 6 juin 1944, il ne restait plus qu’une semaine de tournage. Les semaines passent et Noël-Noël ne donne toujours pas signe de vie. Les choses s’étant calmées, dira plus tard Jean Dréville, et la Gaumont s’étant faite à l’idée que l’acteur avait été tué par les Allemands, dit : « Il faut terminer le film. »

« Comme on venait d’inventer la truca et ‘’simplifilm’’, dira Jean Dréville, j’ai habillé un figurant en Noël-Noël ; je prenais une tête de Noël dans un autre plan, et je raccordais tant bien que mal. Vous voyez ce que ça peut donner. J’ai tourné des trucs de sauvetage qui n’étaient pas bons, bien sûr. »

Stopper le tournage de « La Cage aux Rossignols » apparaissait pour Noël-Noël comme un crève-cœur. Depuis l’année 1920 il interprétait dans les cabarets, des couplets satiriques qu’il écrivait lui-même, s’accompagnant au piano, coiffé d’un chapeau posé sur la tête. Bien qu’il ait dû arrêter son tour de chant l’année précédente, il savait qu’il y reviendrait dès qu’il en aurait la possibilité. Mais avec La Cage aux Rossignols, il souhaitait orienter différemment sa carrière cinématographique, mettant de côté pour un temps la comédie. Il avait particulièrement apprécié le film de Jean Dréville Les Cadets de l’Océan tourné en 1942. La manière dont le cinéaste abordait l’adolescence, lui donnait à penser qu’il venait de trouver l’homme capable de porter au cinéma son projet La Cage aux Rossignols. Bien vite les deux hommes se découvrirent sur la même longueur d’onde.

Ce film lui permit de révéler au public son véritable visage dans tous les sens du terme. Souvent grimé ou vieilli pour interpréter ses rôles, il y apparaissait véritablement sous les traits de Lucien, le fils de sa tendre mère née Marie-Eugénie Mathieu. Il y apparaissait avec les qualités de sa mère, qualités qui faisaient de lui cet homme malicieux et tendre qu’il resterait tout au long de sa vie.

 

Noël-Noël dans La Cage aux Rossignols

 

En 1930, avec l’avènement du parlant, le cinéma l’appelait. Il devint un acteur populaire s’affirmant dans des comédies. Son succès allait grandir avant-guerre notamment grâce à son rôle d’Adémaï, nigaud sublime, sauvé in-extremis par son bon sens paysan. Il retrouva ce rôle à cinq reprises dans des courts ou longs métrages. En 1933 il partagea l’affiche avec Fernandel dans Adémaï aviateur.

Noël-Noël, comédien, chanteur, musicien et dessinateur, écrivait également. C’est ainsi qu’il a participé au scénario de La Cage aux Rossignols dont il a signé l’adaptation et les dialogues. Dans cette histoire basée sur des faits réels, il interprète le rôle du surveillant d’une maison de correction, répondant au nom de Clément Mathieu. Par ce nom Noël-Noël rend hommage à sa mère, née Mathieu, ainsi qu’il le refera dans son dernier film.

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Désireux de changer le quotidien de ces adolescents, le surveillant réussit avec patience et persévérance à apprivoiser ces têtes dures, en créant une chorale dont ils seront LES CHORISTES. Cette histoire ne nous est pas inconnue ? Effectivement, le réalisateur Christophe Barratier s’inspirera de ce film pour le remake LES CHORISTES sorti en 2004, avec Gérard Jugnot reprenant le rôle de Noël-Noël…

Mais où est donc passé Noël-Noël durant cette période de mise au vert ? Voici l’histoire que bien peu de personnes pourraient se vanter de connaître. Jean Dréville qui resta toujours l’ami de Noël-Noël, apprit rapidement l’incroyable vérité mais il ne parla jamais, si ce n’est par caméra interposée

L’acteur était remonté aussitôt à Paris. Sa petite famille s’était déjà repliée, sous bonne protection, en province. Un retour à Paris apparaissait comme un suicide. N’allait-il pas se jeter dans la gueule du loup ? En vérité, Noël-Noël, l’enfant du Temple, bénéficiait de protections…

Caché dans le véhicule qui remontait vers la capitale, le populaire acteur, se souvenait… Né Lucien Édouard Noël il vit le jour le 9 août 1897, jour de la saint Amour, dans un appartement parisien sis au numéro 55 de la rue du Temple. Son père, Monsieur Charles-Célestin Noël (1857-1934) fut tout d’abord marchand de vin, puis employé à la Banque de France. L’avenir du fiston était donc tout tracé !!! Sa mère, Marie-Eugénie Mathieu (1860-?) n’avait Dieu merci, pas la rigidité de son père.

Le jeune Lucien traîna son enfance dans les rues du quartier du Temple, un nom qui résonnait pour lui de bien étrange façon. N’était-il pas, lui aussi, enfant du Temple ?... un Templier ! Heureux temps de l’insouciance !

 

La rue du Temple à l'époque de la jeunesse de Noël-Noël

(carte postale ancienne)

 

Les années avaient passé mais le Templier Noël n’avait pas oublié en cette année 1914, ce temps de l’adolescent où étudiant au lycée Turgot, ses aspirations se tournaient avec délices et réussite, vers le piano et le dessin.

S’il était rentré à la Banque de France à l’âge de 16 ans, ce n’était que pour satisfaire le bon-vouloir de son père. Le 27 août 1917 (l’année 1916 est aussi évoquée), il partit au service militaire où il fut mobilisé en qualité de mécano-mitrailleur. Il aurait pu s’enorgueillir de sa participation à la Grande Guerre. Mais celui qui doubla son nom de famille pour en faire son nom d’artiste, n’en n’avait cure !

Bientôt le véhicule entra dans Paris. La prudence étant de mise, l’acteur se retrouva en un lieu jamais révélé, un Hôtel du vieux Paris où il fut accueilli par son ami René Barjavel. Ce dernier, journaliste, romancier et éditeur, venait de publier deux romans de science-fiction qui allaient le propulser au rang de Jules Verne du XXe siècle (Jessica Nelson, éditrice). Noël-Noël ne fut nullement surpris de retrouver son ami. Il connaissait l’homme mystérieux, ambigu à souhait…

« Entre mon ami, lui dit René, il fait trop chaud pour rester dehors en ce mois de juin ? »

Noël-Noël avait compris la subtilité des propos de son ami mais il ne put s’empêcher de lui répondre comme si tout allait très bien : « Chaud, tu rigoles… il ne fait pas plus de 17°, avec un vent... Je tire mon chapeau aux Alliés qui viennent de débarquer en Normandie !!! Ça devait être terrible ! »

René Barjavel invita son ami à le suivre jusqu’à un escalier qu’ils empruntèrent non pas vers les étages supérieurs de l’Hôtel mais bien pour descendre dans ses sous-sols. Au bas de l’escalier, les deux amis étaient attendus par un homme que l’auteur de science-fiction présenta comme « Le gardien de la porte, musicien à ses heures, ainsi que tu vas le découvrir très rapidement.  Mais la musique qu’il joue est la musique des sphères… »

Les trois hommes se trouvaient devant une porte blindée de couleur verte, un vert qui interpella spontanément le comédien :

« Cette porte, ce vert… il me fait penser… »

« …Oui, il te fait penser au scaphandre du temps, de couleur verte utilisé par Noël… Essaillon et par Pierre Saint-Menoux dans Le Voyageur imprudent. »

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Le comédien interrogea son ami : « Nous allons pénétrer dans une carrière du vieux Paris ? » La réponse du romancier fut surprenante : « Le bas de cet escalier se trouve effectivement dans une carrière du vieux Paris mais nous n’y pénétrerons pas. Cette porte est d’ailleurs un leurre. Regarde la bien cette porte, ou plutôt regarde bien notre gardien de la porte. » Celui-ci, avec un sourire énigmatique, rendit visible ce qui ne l’était jusqu’à présent. Soudain apparut au centre de la porte verte un étrange heurtoir affectant la forme d’une lyre. Noël-Noël qui vibrait quotidiennement au son de la musique, n’en n’éprouva pas moins une étrange sensation. Il lui revint à l’esprit ce sentiment partagé qu’il avait éprouvé en lisant le roman de George Sand LES SEPT CORDES DE LA LYRE. Le musicien de la porte, d’une main experte, tel le divin Apollon, fit vibrer les sept cordes du cordophone en une mélopée que seules les étoiles et les anges pouvaient connaître.

Soudain la porte verte s’effaça, comme si elle n’avait jamais existé. Le gardien de la porte les salua et souhaita à Noël-Noël un bon séjour au Chronogate.

Il est certain que ce lieu que découvrait à présent le comédien ne ressemblait en rien au Paris qu’il connaissait bien, et moins encore aux couloirs interminables du ventre de Paris où adolescent il osait s’aventurer avec ses copains du Temple. Tout autour de lui n'était que futur, un futur qu’il ne pouvait concevoir mais qui avait un je ne sais quoi de passé. Un monde que le regretté Maurice Renard aurait pu entrevoir... Il allait devenir, il le comprenait, l’acteur privilégié de l’un de ces récits qu’il avait pu lire ou peut-être, qu’il n’avait pas encore lu...

Dans ce complexe scientifique s’affairent des savants de renom triés sur le volet, venus travailler un temps, dans le plus grand secret, au Chronogate, la Porte du Temps. René Barjavel emmena son ami dans le bureau du Directeur. Ce dernier accueillit chaleureusement Noël-Noël, se présentant sous sa véritable identité tout en affirmant qu’il n’était autre que le fameux Fulcanelli.

« Je compte mon cher Noël-Noël sur votre entière discrétion quant à ma véritable identité qui fera, je le pense, couler beaucoup d’encre dans l’avenir. » Notre comédien assura le savant hermétiste de son entière discrétion. Fulcanelli poursuivit : « J’ai découvert ce lieu que nous appelons le Chronogate, il y a bien des années – si tant est que l’on puisse parler d’années en ce lieu – après avoir décrypté l’énigmatique inscription de la croix d’Hendaye érigée près de l’église Saint-Vincent. » Il invita le comédien à regarder l’un des tableaux fixés au mur : « Voici la représentation fidèle de l’inscription gravée sur la barre horizontale de la croix. » :

 

Croix d’Hendaye : Dessin de Julien Champagne

 

« Mon grand ami Julien Champagne, disparu en 1932, dessinateur et peintre de talent, croqua par le dessin, de façon admirable, les diverses inscriptions hermétiques de la croix d’Hendaye. J’ai rédigé il y a quelques années ma trilogie : Le Mystère des Cathédrales, Les Demeures Philosophales et le Finis Gloriae Mundi. Dans ce dernier devait figurer l’article La Croix Cyclique d’Hendaye. J’ai dû renoncer à la publication de l’ouvrage, le contenu des chapitres se rapporte à la prochaine destruction du monde. La précédente le fut par l’eau, la suivante le sera par le feu, ainsi que l’apôtre Pierre l’annonçait dans sa deuxième Épître. Le sujet reste terrible et je ne pense pas que nos contemporains peu versés dans l’hermétisme, soient prêts à prendre connaissance de ces heures ultimes. J’envisage à présent de ne publier que deux ou trois chapitres du livre dont celui de cette croix du Pays Basque. »

Et s’adressant une fois encore à Noël-Noël, mais le regard tourné vers René Barjavel, il dit : « Notre ami René Barjavel, avec qui j’ai beaucoup discuté ces derniers temps…, me confiait il y a peu, que vous souhaitiez écrire et porter à l’écran une histoire de science-fiction dans laquelle vous évoqueriez le voyage dans le temps avec ses paradoxes. Je vous invite durant le temps – aussi court sera-t-il – que vous passerez en ce lieu, à travailler déjà sur cette histoire. Je vais vous donner copie du chapitre La Croix Cyclique d’Hendaye. Je vous demanderai bien sûr de n’en divulguer à qui que se soit, son contenu dont vous êtes l’un des rares à qui il a été permis d’en prendre connaissance. Elle vous inspirera je ne puis en douter. Écrivez ce récit, il est important que vous le meniez à bien et surtout, dans les années futures ne baissez jamais les bras, même si son adaptation cinématographique n’était pas précisément celle que vous auriez souhaitée... 

« Ainsi que vous le découvrirez dans ce texte, les inscriptions de la croix évoquent un lieu unique. Et vous vous trouvez actuellement dans ce lieu unique… unique je puis vous l’assurer à bien des niveaux.

Noël-Noël avait l’impression de se trouver face à un homme qui connaissait déjà le futur. Bien que timide, le comédien avait toujours su se transcender, puisant au fond de lui la force nécessaire pour s’affirmer. C’est ainsi qu’il se lança dans une improvisation dont il avait le secret :

« Maître, je tiens tout d’abord à vous remercier pour la protection que vous m’offrez en ce lieu que je comprends difficilement. Il est certain que sans vous, homme traqué, je serais peut-être même déjà mort. J’ai bravé tant et tant de fois les Allemands que je n’aurais pu cette fois-ci passer entre les mailles du filet. Je n’ai rien d’un héros et je ne puis m’empêcher de penser à ma famille que je sais néanmoins en sécurité…

« Merci aussi pour vos encouragements concernant ce récit de science-fiction que je souhaite effectivement rédiger et porter à l’écran. Je n’ai assurément pas le talent de mon ami René mais je suis un touche-à-tout. Ce projet me tient à cœur et je compte bien le mener à bien. Merci bien entendu pour l’honneur que vous me faites, me permettre de prendre connaissance de ce chapitre La Croix Cyclique d’Hendaye qui je n’en doute pas me sera très utile.

« J’ai dû quitter précipitamment Fontevraud où je tournais quelques scènes du film La Cage aux Rossignols. Ce film est mon premier rôle dit sérieux. J’ai écrit ce film et participé à la mise en scène assurée par Jean Dréville, avec qui je me sens sur la même longueur d’onde. Il connaît mon désir d’écrire cette histoire de science-fiction. Nous avons déjà pris rendez-vous dans le futur pour la mise en scène. C’est dire la confiance mutuelle que nous avons l’un pour l’autre. Lorsque j’ai fui tel un voleur, Fontevraud, il ne restait plus que huit jours de tournage. Il faudra bien les finir un jour… Le bruit va rapidement courir que je suis mort, et c’est sans doute ce qu’il y a de mieux pour moi dans l’immédiat.

René Barjavel toujours présent dans le bureau du Maître Fulcanelli parla à son tour :

« Nous avons eu l’occasion, Noël-Noël et moi, de nous entretenir sur le roman de science-fiction qu’il souhaite écrire. Ses précédents livres, bien que les sujets soient différents, m’assurent que ce nouveau bébé tant désiré, sera un chef-d’œuvre. Le titre – je ne pense pas trahir un secret – sera Le Voyageur ses siècles. Ce récit apparaîtra ainsi dans la continuité de mon roman Le Voyageur imprudent, qui se voulait un hommage à H.-G. Wells. »

Le séjour  de Noël-Noël au Chronogate se déroula entre lecture, écriture et visite des lieux commentée principalement par le Maître :

« Non, le Chronogate n’est aucunement l’œuvre de scientifiques du XIXe ou du XXe siècle. Il existe en l’état depuis des milliers et des milliers d’années. Les Frères Aînés de la Rose+Croix, après les Templiers, ont affirmé qu’il était l’œuvre des Atlantes ! Pour certains de mes confrères, la Croix Cyclique d’Hendaye confirmerait cette origine. De nombreux Sages sont venus au cours des siècles dans ce lieu hors du temps. Je pensais être le premier à découvrir, ou plutôt redécouvrir ce lieu, mais je me trompais. Malgré toutes les connaissances de ces Sages venus en ce lieu, nous ne maîtrisions aucunement le Chronogate. Il nous a fallu approcher des savants de classe mondiale. C’est ainsi que nous avons fait appel aux connaissances d’Albert Einstein, de Thomas Edison mais aussi de Nicolas Tesla, pour ne citer que ces trois génies…

« Non bien sûr, Edison et Tesla n’ont pas travaillé ensemble dans le Chronogate, ils l’auraient refusé. C’est malgré tout Tesla qui nomma ce lieu le Chronogate. Il disait se sentir ici comme chez lui. Il aurait d’ailleurs aimé rester ici mais d’importantes recherches l’obligeaient à retourner chez l’Oncle Sam… Je dirai seulement qu’il nous a beaucoup apporté, comme nous ont apporté à leur niveau, chacun des scientifiques ayant œuvré dans cette Porte du Temps que nous avons pu réactiver. Mais vous comprendrez j’ose le penser que je ne puisse vous entretenir de ces expériences uniques.

Le moment pour Noël-Noël de quitter le Chronogate était arrivé. Le comédien pouvait à présent refaire surface dans un Paris libéré et retrouver sa famille. Les dernières scènes du film La Cage aux Rossignols furent tournées en automne 1944 et ce fut un grand succès populaire avec plus de cinq millions d’entrées.

 

Affiche du film La Cage aux Rossignols

 

L’année suivante le comédien porta à bout de bras un nouveau projet. Il s’agissait d’un sujet fort, celui du Père tranquille, chef d’un réseau de résistance. Noël-Noël essuya pas moins de cinq refus ! https://www.youtube.com/watch?v=A_1x_ZgBbSI Il n’abandonnait jamais, comme pour le film Les casse-pieds qui lui valut six refus ! Le film Le Père tranquille sorti le 12 novembre 1946, fut au final l’un des plus grands succès de sa carrière. Mis en scène par René Clément, il fut primé et les critiques louèrent la grande humanité de l’acteur dans ce film. Si dans le précédent film l’acteur apparaissait physiquement tel qu’il était, il fallu pour ce rôle qu’il se vieillisse. Qu’importe, le rôle en valait la peine ! Il devint un grand ami d'Ernest Kempnich, le véritable Père tranquille, horticulteur de la région de Metz. https://encinematheque.fr/acteurs/H27/index.php

 

Affiche du film Le Père tranquille

 

Combien de refus Noël-Noël dut-il affronter lorsqu’il présenta son récit Le Voyageur des siècles ? Assurément plus de six ! Car en fait, aucun producteur ne voulut porter sur grand écran cette histoire de science-fiction écrite par Noël-Noël. L’acteur abandonna définitivement l’idée d’une version cinéma de son roman.

 

Les vieux de la vielle

Jean Gabin – Noël-Noël – Pierre Fresnay

 

En 1966, soit six ans après l’énorme succès du film Les vieux de la vielle où il partageait la vedette avec Jean Gabin et Pierre Fresnay, le comédien âgé de 69 ans tourna son dernier film : La sentinelle endormie. Il en avait écrit le scénario et son vieil ami Jean Dréville le mit en scène. Nouvel hommage à sa mère, il interprétait le rôle du Docteur Mathieu chef de la conjuration opposée à Napoléon… La boucle était bouclée… le surveillant Clément Mathieu a vieilli, il fait place au Docteur Mathieu. L’heure était venue pour le comédien Noël-Noel de tirer sa révérence.

En 1970 la télévision française désirait adapter son roman Le Voyageur des siècles.  Noël-Noël n'était guère enthousiaste. Il faisait partie de ces acteurs qui ne juraient que par le cinéma, le grand écran, pas la petite lucarne ! Et puis les moyens n'étaient pas les mêmes ! Il accepta néanmoins. Son fidèle ami Jean Dréville allait mettre en scène comme il s’y était engagé, il y avait bien des années, ce voyage dans le temps. Noël-Noël aurait dû dans la version cinéma, qui ne fut et ne sera jamais réalisée, interpréter le rôle du professeur François d’Audigné mais l’acteur ne souhaitait pas tourner pour la télévision, et puis sa carrière de comédien était derrière lui !

Oh, si le film avait été tourné par la Gaumont avec une sortie ciné, c’eut été une autre histoire !

Ce voyage temporel raconte précisément l’histoire du jeune Philippe d’Audigné parti depuis l’année 1981 rejoindre son ancêtre le professeur François d’Audigné en 1884 à bord d’une machine à voyager dans le temps, le chronosphère. Ensemble ils partiront pour l’année 1788 rejoindre leur aïeul Xavier d’Audigné afin de sauver de la guillotine une belle jeune femme aperçue dans le vieux miroir du château de Sainte-Marie dont ils sont tous trois propriétaires mais à une époque différente… Bien sûr Philippe et François vont créer des bouleversements dans le temps… Dans la version roman qui précéda la version télé, l’histoire se termine plutôt bien mais il n’en va pas de même pour la version télévisée. On ne crée pas impunément des paradoxes temporels !

Noël-Noël proposa à son ami Robert Vattier le rôle du professeur. Ce dernier accepta, il avait pour partenaire dans le rôle de son arrière-petit-neveu, l’acteur Hervé Jolly.

Les diffuseurs de l’ORTF éprouvaient certaines craintes quant au moment de la diffusion dans l’année d’une série de science-fiction. La décision fut prise, la série serait diffusée en plein mois d’août sur la première chaîne. Noël-Noël l’avait pressenti et naturellement il n’appréciait guère ce choix, mais il ne pouvait influer sur la décision.

Le metteur en scène et le comédien éprouvèrent néanmoins un soulagement. Le film cinéma tant espéré n’avait pu se réaliser mais la version télé, à défaut d’avoir été un succès, était là pour leur rappeler qu’ils n’avaient jamais baissé les bras. Noël-Noël décida de fêter le soir de Noël de cette année 1971 l’aboutissement du projet porté depuis tant d’années. Le réveillon eut lieu dans son appartement parisien du 16e arrondissement en compagnie de ses vieux amis Jean Dréville et René Barjavel.

En ce vendredi, veille de Noël, Madame Noël s’affairait aux fourneaux pendant que Monsieur Noël méditait dans son bureau. René Barjavel avait informé son ami d’un invité surprise, lui demandant au préalable s’il ne voyait pas d’inconvénient pour un couvert supplémentaire. Si l’acteur accepta bien volontiers, il chercha, malgré tout, à savoir – en vain – quel serait cet invité surprise.

Voici que la sonnette de la porte d’entrée retentit. Monsieur et Madame Noël reçurent leurs invités. Messieurs Dréville, et Barjavel, accompagnés de leurs épouses, encadraient un personnage que Noël, après tant d’années reconnut immédiatement. Il s’agissait de l’énigmatique Fulcanelli. « Maître, vous ici… mais quel plaisir !... Pour une surprise, c’est une surprise ! Vous n’avez pas changé ! » Vingt-sept années c’étaient effectivement passées depuis que Noël-Noël avait dû se mettre au vert. L’homme à qui il devait la vie se trouvait-là, devant lui, en chair et en os, comme en ce jour de juin 1944.

Le comédien raconta à l’hermétiste son retour dans Paris après son séjour au Chronogate. Mais tout en racontant, il se disait que le Maître devait savoir… Qu’importe, il était heureux de pouvoir raconter. Le Maître prit ensuite la parole qu’il ne rendit, il faut bien le reconnaître, que peu mais les six autres personnes présentes dans la salle de séjour de l’appartement parisien, en étaient si heureux qu’ils ne s’en formalisèrent aucunement !

« Mon Cher Noël-Noël, j’aimerai tout d’abord que vous me racontiez comment d’un nom de famille qui est le votre, vous en avez fait en le doublant votre nom d’artiste. »

Le comédien répondit :

« Il est vrai que je me nomme à l’état civil, Lucien Édouard Noël. Noël était le nom de mon père, un homme au caractère bien trempé. Je préférai, je dois l’avouer ma mère si aimante. C’est ainsi, que pour que deux de mes films les plus importants – La Cage aux Rossignols et La sentinelle endormie – je me suis permis de donner au personnage que j’interprétai le nom de jeune fille de ma mère : Mathieu.

« J’ai pensé à mes débuts prendre ce nom mais il n’était pas question non plus que j’essuie les foudres de mon père… Et c’est ainsi que j’ai choisi de doubler le nom qu’il m’avait légué. Noël est devenu Noël-Noël, un nom assurément plein de promesse. Curieusement, la naissance de ce nom, n’est gère glorieuse pour moi. J’ai toujours été un grand timide. En 1930, face à un directeur de cinéma qui me demandait mon nom, je lui ai répondu en bafouillant : Noël Noël. Cette bafouille valait de l’or. »

Fulcanelli ajouta :

«  De l’or assurément, je dirai même : L’or des Mages. L’Or reçu de tradition par l’enfant Jésus. Vous m’avez lu, vous comprenez, je n’en doute pas, ce que je veux dire… 

« Je me permets maintenant, si vous l’acceptez, d’évoquer à présent Le Voyageur des siècles. Il m’a été donné de découvrir votre roman, avant de découvrir le feuilleton télévisé. Bien que le Chronogate soit un lieu situé hors du temps, nous ne sommes pas déconnectés quant aux événements qui animent notre Terre ainsi que cette chère France. J’ai donc eu le plaisir de découvrir ce que vous avez nommé une ‘’Julevernerie moderne’’. Ce néologisme se justifie assurément pour une série française même si vous auriez pu la nommer ‘’Wellserie moderne’’... Certains critiques plutôt élogieux n’ont pas hésité à comparer votre travail qui est aussi le votre, mon Cher Jean Dréville, aux séries britanniques ‘’Chapeau melon et bottes de cuir’’ et ‘’Docteur Who’’. Ci cette dernière est encore méconnue en France, je ne doute pas qu’elle obtienne dans l’avenir un bon succès. 

Noël-Noël et Jean Dréville remercièrent le Maître pour ses propos élogieux. Mais Noël-Noël ne put s’empêcher d’évoquer ses regrets :

« Jean a travaillé d’arrache-pied pour mener à bien Le Voyageur, le résultat est certes satisfaisant mais il me faut reconnaître et nous somme tous deux d’accord sur ce point, l’ORTF reste très frileuse en ce qui concerne le genre science-fiction. Je suis un homme de cinéma. Je voulais une version cinématographique de mon roman. Le film y aurait assurément gagné. Les moyens de la télévision ne sont en rien comparables à ceux du cinéma. Dans les années 60, le cinéma a commis d’excellents films de cape et d’épée souvent incarnés par Jean Marais. La télévision française en a également commis. Ils ne sont pas mauvais, mais quelle différence ! Déjà ils ont été tournés en noir et blanc, la couleur c’est autre chose ! Remarquez, j’ai dû par deux fois refuser, lorsque nous avons Jean et moi, monté La sentinelle endormie pour le cinéma, un tournage en noir et blanc. Au-delà de la couleur, le rythme d’un film tourné pour le petit écran n’a rien à voir avec celui d’un film pour le grand écran. Pour notre série de science-fiction, nous sommes dans la même problématique. Et pour ne rien arranger, l’ORTF a choisi de diffuser notre série en plein mois d’août ! Résultat, il n'y eut que peu de téléspectateurs devant leur télévision ! »

Fulcanelli comprenait le sentiment du comédien, sentiment partagé par le metteur en scène, mais pour lui, l’essentiel apparaissait dans les points forts du roman et du feuilleton. L’utilisation des miroirs pour découvrir l’image d’un personnage aujourd’hui disparu, lui parlait. Noël-Noël avait imaginé à l’aide d’un appareil futuriste, la possibilité d’observer et de photographier dans un miroir l’image d’un personnage s’y étant miré. Le miroir fut un thème important de l’alchimie. Il l’est aussi dans le roman et dans le feuilleton car il justifie et précède le voyage dans le temps qui se voit symbolisé par la Croix de Luzarches.

Noël-Noël comprit que le moment était venu pour lui d’évoquer cette croix :

« J’ai lu avec intérêt votre texte La Croix Cyclique d’Hendaye. Il est certain qu’il m’a inspiré pour mon roman et donc pour le feuilleton télévisé qui en découle. J’ai choisi la campagne environnante de Luzarches pour y placer dans une grotte, le chronosphère. Au pied des rochers à l’intérieur desquels est cachée la machine à voyager dans le temps, se trouve une croix en bordure de la vieille route empierrée. Pour les deux héros, la route pavée est une ‘’Route Royale’’ et ainsi que le dit François d’Audigné : « La preuve, le vieux calvaire qui la bordait. » Pour Philippe, l’arrière-petit-neveu, elle est la preuve du voyage dans le temps : juste le socle et le soubassement en son temps, morceau de croix à l’époque de son arrière-grand-oncle et croix complète à l’époque du grand-aïeul Xavier d’Audigné. François d’Audigné croit bon d’ajouter : « Elle semble dire gare. » Le mot ‘’gare’’ est à prendre ici à double sens, il y a bien sûr une mise en garde mais aussi une allusion à la gare, la station de départ ou d’arrivée… L’historicité de la gare de Luzarches est bien connue. La Route ou Voie Royale vous l’aviez compris, Cher Maître, est celle que suivent les Hermétistes. Mon choix pour la gare de Luzarches peut paraître curieux. En effet, Philippe d’Audigné remonte le temps pour rencontrer François d’Audigné qui réside tout comme lui, au château ancestral de Sainte-Marie dit aussi Roche Sainte-Marie. Et ce château où réside également Xavier d’Audigné, l’ancêtre de la famille, se situe en Bourgogne. J’avoue d’ailleurs avoir quelque peu brouillé les pistes le localisant à proximité de Lyon (ce qui n’est guère bourguignon), alors que dans le feuilleton, je le situe logiquement non loin de Dijon. Mais où se situe véritablement la logique ? J’aurai pu imaginer quelque grotte au-dessous du château, le voyage dans le temps eut été beaucoup plus rapide assurément ! En situant la gare permettant le voyage dans l’espace chronomique à Luzarches, ça me permet en fait de placer quelques chapitres dans le Paris du roi Louis XVI. Mais surtout, ça me permet par la même occasion, de glisser dans l’histoire la racine LUZ. La Croix Cyclique d’Hendaye se trouve à deux pas de Saint-Jean-de-Luz comme la croix du roman se trouve en fait  à deux pas de Luzarches qui devient pour l’histoire, l’Arche salvatrice… »

Fulcanelli ne pouvait qu’apprécier de tels propos, aussi, alors que minuit sonnait, il proposa de porter un toast à Noël-Noël – c’était de circonstance en cette nuit de Noël. Puis il ajouta :

« Ainsi que vous le savez, mon Cher Noël-Noël, mon chapitre La Croix Cyclique d’Hendaye devait figurer dans mon livre Finis Gloriae mundi. Bien que j’ai pris la décision irrévocable de ne pas publier cet ouvrage, je n’hésitais pas à glisser un signe s’y rapportant en 4e page de couverture des Demeures Philosophales (1930 et 1960),  la cloche du roi Marc joyau du VIe siècle, pièce majeure du Trésor de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Cette cloche, de tradition quitta la Cornouaille britannique du roi Marc pour un nouveau maître. Le prince du Léon, Withur l’offrit à son cousin saint Pol-Aurélien qui la placera dans son abbaye/cathédrale finistérienne du Léon. Cette cloche du Finistère (Finis Terrae) par sa symbolique sonne le glas de la Gloire du Monde… ou Finis Gloriae mundi ! Cette cloche telle le Graal possède deux pôles, l’un positif, l’autre négatif. La cloche du Léon lue de droite à gauche révèle la cloche de Noël !... Ne riez pas mon Cher Ami…

 

La cloche de Saint-Pol-de-Léon

en couverture des Demeures Philosophales

 

« Excusez-moi, Maître mais si je ris, c’est tout simplement parce que vous avez prononcé les mots : ‘’cloche de Noël’’. Suis-je une cloche ? Une bonne cloche j’espère… ? C’est d’ailleurs cette cloche que j’ai voulu faire sonner, et plus précisément que Lucien Mathieu a fait sonner dans La Cage aux Rossignols. Une cloche qui rappelle à la raison. Une cloche qui fait d’un homme ou d’un enfant révolté, un ange. Les idées politiques qui ont été les miennes tout au long de ma vie, ont considérablement changées aujourd’hui. Suis-je anticlérical pour autant ? Pas du tout ! Chaque être humain est libre de conduire sa vie comme il l’entend tant que cette vie ne vient pas nuire à celle d’autrui. Dans La Cage aux Rossignols Clément Mathieu se marie d’ailleurs à l’église…

« Son épouse née Lebeau, répond au prénom de Martine. Allez savoir pourquoi on trouve dans certaines copies le prénom de l’actrice Micheline Francey qui joue précisément le rôle. C’est regrettable en ce sens que dans le film on s’interroge  sur le pseudonyme choisit par Clément Mathieu pour la signature de son manuscrit La Cage aux Rossignols. Ce pseudonyme – Marcel Mettine – je l’ai créé en mélangeant le prénom du surveillant, Clément, avec celui de sa petite amie, Martine. C’est ainsi que de l’union de MARTINE et de CLEMENT est né sur le papier MARCEL METTINE. Vous noterez que l’un des deux N ne peut être utilisé.

Ce changement de prénom, bien qu’inexpliqué, se voit confirmé par différents sites Internet dont celui de la Gaumont : https://www.gaumont.fr/fr/film/La-cage-aux-rossignols.html Mais cette anomalie repérable n’est curieusement jamais relevée.

Il fut bientôt temps de se quitter, une dernier toast fut une fois encore porté en l’honneur de Noël-Noël qui n’en demandait pas tant :

« Noël, Noël, oui ! nous chantons NOËL ! »

 

Noël-Noël le Rossignol qui a su quitter sa Cage

 

 


 








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