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2022











Chers Internautes, fidèles ou occasionnels,

L’année 2021 tire sa révérence et c’est encore une fois d’un point de vue général, une année contrastée que nous achevons.

Pour la deuxième année consécutive, la pandémie a contribué à entretenir une certaine morosité ambiante. Nous devons lutter contre cet état de fait qui n’est pas inéluctable.

Pour autant les Regards du Pilat sont restés très actifs et chaque mois nos colonnes ont été investies de nouveaux sujets tous plus intéressants les uns que les autres.

En 2020, nous tirions un bilan à plus de 80 000 connexions annuelles. Eh bien, nous pouvons vous annoncer avec plaisir que 2021 dépasse honorablement ce chiffre avec plus de 85 000 connexions annuelles.

Cette franche adhésion s’explique sans doute d’abord par la diversité de nos contributeurs et de leurs dossiers traités. Nous leur adressons une nouvelle fois tous nos remerciements.

Quelques sorties sur le terrain ont agrémenté 2021. Effectivement, il n’est pas forcément simple d’organiser des rassemblements, même modestes quand la contagion guette.

Aujourd’hui, nous nous voulons résolument optimistes en espérant vivement que le plus dur soit derrière nous. Nous sommes complètement nostalgiques de la vie d’avant le Covid.

Puisqu’arrive le temps des vœux alors nous vous souhaitons à tous le meilleur pour cette nouvelle année. Que 2022 réponde à vos attentes et souhaits les plus chers ; que la santé soit au beau fixe.

Nous saluons aussi une jeune Association, une remarquable initiative, qui vise à recenser et préserver tous les sites préhistoriques du Pilat. Des Pierres et des Hommes (http://despierresetdeshommes.fr/) sont sur le terrain toute l’année.

J’ai personnellement adhéré à cette Association novatrice. Je suis convaincu que cette dynamique courageuse amènera des résultats au service du Pilat jamais espérés auparavant.

J’ai naturellement aussi une pensée pour les courageuses associations qui luttent à armes inégales contre les éoliennes industrielles qui menacent le Pilat.

Que ce soit à Taillard ou à Doizieux le combat continue. On ne peut pas présager de l’issue finale de ces procédures mais gageons que le Pilat reste inviolé car une brèche en ouvrirait d’autres.

Ces procès coûtent cher. Soutenez-nous, faites un don, même modique. Ce geste salutaire adressez-le à Association Vent du Pilat Lieu-dit La Berlière le Haut 42740 Doizieux. (Ordre Vent du Pilat).

Je vous laisse maintenant en compagnie de Patrick Berlier et Michel Barbot qui vont à leur tour vous présenter leurs bons vœux et bien entendu leur traditionnel conte de Noël respectif.
Thierry Rollat





Chers amis internautes,

Que d'événements depuis deux ans...

Mais cette année nouvelle 2022 semble vouloir asseoir la puissance du nombre 22.

Les arcanes majeurs du tarot divinatoire, ou Tarot de Marseille, sont précisément au nombre de 22 : les lames numérotées de I à XXI, et la vingt-deuxième, le Mat. Dans le tarot à jouer, ces lames deviendront les cartes d'atout, également numérotées de 1 à 21, plus la vingt-deuxième, l'Excuse, que le joueur abat quand il ne peut pas faire autrement et demande donc qu'on l'en excuse.

Lorsque le tour est terminé, le cycle recommence, on bat les cartes, on les distribue, et chaque joueur va à nouveau, mentalement, compter les atouts, et tenter de « mener le petit au bout », c'est-à-dire, dans le cas où il aurait dans son jeu l'atout numéro 1, le garder comme dernière carte à abattre.

Dans le tarot divinatoire, le Mat ou vingt-deuxième arcane est un personnage qui ressemble à un vagabond, il a un baluchon sur l'épaule droite, dont il maintient le bâton de la main gauche, et une canne qu'il manie du bras droit. Ses culottes bleues sont déchirées, laissant voir la peau nue du haut de la cuisse droite. Un étrange animal, peut-être un chien, s'accroche à ses basques. On ne sait pas si c'est la bête qui a déchiré ses culottes, ou si au contraire c'est le fait de voir les fesses nues du personnage qui l'a attirée.

Notre année 2022 sera peut-être à cette image, et posera dans ce cas une semblable double interrogation. Est-ce un étrange animal (un nouveau variant du virus) qui va nous attaquer, ou est-ce parce que nous serons insuffisamment couverts (vaccinés) que nous allons attirer une nouvelle bête ?

À propos de variants... L'habitude a été prise de leur donner des noms tirés de l'alphabet grec, selon leur ordre d'apparition. Alpha pour le variant anglais, Bêta pour le variant sud-africain, Gamma pour le variant brésilien, et Delta pour le variant indien. Pourtant, l'aviez-vous remarqué, fin 2021 nous sommes passés soudainement au variant Omicron, alors que dix autres lettres existent dans l'alphabet grec entre le Delta et l'Omicron. Nous aurait-on caché les variants Epsilon, Zêta, Êta, Thêta, Iota, Kappa, Lambda, Mu, Nu, Ksi ? La réponse est oui. Enfin, plus exactement, si tous ces variants intermédiaires ont bien été répertoriés, considérés comme non préoccupants leur existence n'a fait l'objet d'aucune divulgation, sauf dans les milieux scientifiques. Ils sont donc passés inaperçus du grand public. On se prend à rêver que l'on est déjà arrivé au variant Oméga, histoire d'épuiser la liste des lettres grecques et d'en finir avec la pandémie.

Avec ce millésime 22, s'abattra la vingt-deuxième et dernière lame des arcanes majeurs du tarot, le cycle recommencera, le Mat laissera la place au Bateleur. Puisse ce Bateleur être aussi un Batelier, qui conduira notre barque vers un nouvel horizon....

C'est tout le bonheur que je vous souhaite.

Patrick Berlier




 

LE TRÈS CURIEUX NOËL DU FORGERON DE GRAIX

 

Je vous parle d'un temps, comme dit la chanson, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. C'était à l'époque où chaque village du Pilat possédait son atelier de forge, et donc son forgeron. Les forges étaient toujours implantées un peu à l'écart, et cela pour deux raisons. La première, c'était par sécurité, car qui dit forge dit feu, et le plus sûr moyen de préserver les maisons du village d'un éventuel incendie causé par ce feu était tout simplement d'installer la forge à quelque distance.

La seconde raison, c'était la superstition. La croyance populaire avait toujours soupçonné les forgerons – ces hommes qui travaillaient avec le feu – de quelque mystérieuse alliance avec le diable. Il faut dire que toutes ces lueurs rougeoyantes, ces gerbes d'étincelles, le ronflement du feu, tout cela évoquait un peu trop ce fameux Enfer dont le curé menaçait ses paroissiens, chaque dimanche à la messe, et dont on voyait de terribles images dans les livres de catéchisme. Alors on ne s'en approchait pas trop, de la forge, et la tenir à l'écart convenait bien à tout le monde. On entendait simplement le bruit familier – Kling ! Klang ! – et l'on savait que l'atelier fonctionnait normalement.

 

Un forgeron en action

 

Mais il arriva que cette réputation attachée aux forgerons, à force d'être répétée sans cesse au fil des décennies et des siècles, finit par arriver aux oreilles du Bon Dieu. Celui-ci demanda à saint Éloi, le patron des forgerons, de partir en inspection sur la terre et d'aller visiter chaque atelier de forge pour en rencontrer le forgeron, vérifier ses pratiques religieuses, et juger de sa connivence éventuelle avec le diable. Alors saint Éloi changea d''apparence pour ne pas être reconnu, car son portrait figurait sur les images pieuses glissées dans les missels, dans tous les bons livres sur les vies des saints, et souvent il ornait les vitraux des églises dans les régions industrielles.

Puis saint Éloi entreprit son voyage, tenant un registre précis dans lequel il évaluait chacun de ceux qu'il avait visités, registre dont transmettait régulièrement une copie à saint Pierre. Ainsi, chaque fois qu'un forgeron décédait et se présentait à la porte du Paradis, saint Pierre n'avait qu'à se reporter au registre pour décider s'il pouvait le laisser entrer, ou s'il devait le diriger vers le Purgatoire, ou pire vers l'Enfer.

 

Saint Éloi (image pieuse ancienne)

 

Arriva le moment où saint Éloi commença à arpenter le Pilat. Cela lui prit du temps, car le pays était industrieux. Un jour, c'était en décembre, un peu avant Noël, il se présenta à la forge du village de Graix, si joliment perché sur le coteau du versant sud du Pilat, sur la route entre la Croix de Chaubouret et Colombier. C'est en un lieu toujours nommé aujourd'hui la Ferrandière qu'était installé l'atelier de forge, car le forgeron faisait également office de maréchal ferrant, et en ce temps-là c'était un nommé Claude Martinon. Un bien brave homme, bon époux et bon père de famille. Son prénom, les gens le prononçaient Glaude, remplaçant le C par un G, comme c'est l'usage par chez nous, et l'on disait même familièrement « le Glaude », toujours selon la coutume locale que, pour ne pas faillir à la tradition, je vais adopter de bonne grâce.

C'était un plaisir que de voir le Glaude au travail. Avec une pince dans la main gauche, et un marteau dans la main droite, il manipulait la pièce de fer, chauffée à blanc dans son foyer, et sur son enclume ses gestes précis et maîtrisés donnaient au métal la forme désirée. Il ne restait plus qu'à le tremper dans un bain d'eau froide pour le raffermir brusquement. Cela faisait un grand « psssshhh », l'eau se mettait à bouillonner et un nuage de vapeur s'élevait du seau. Au bout d'un moment l'eau était toute noire, il fallait la changer, en tirer à nouveau de la fraîche du puits ou du ruisseau.

Le Glaude était un bon chrétien. Le dimanche il ne travaillait pas. Le matin il allait à la première messe, et ensuite il partait parcourir les bois du Pilat pour y cueillir des champignons, des myrtilles ou des châtaignes, selon la saison. À midi il s'asseyait sur une souche d'arbre, dans une clairière, et mangeait son casse-croûte. Et le lundi il rallumait son foyer, pour une nouvelle semaine de travail. Le labeur ne manquait pas, à la campagne il y avait toujours quelque chose à forger, des outils ou des ustensiles.

 

Une vue du village de Graix, perché sur son coteau

 

Quand arrivait l'hiver, les paysans tuaient le cochon et faisaient des saucissons. Le grand régal, c'était de préparer des saucissons frais pour les cuire dans un coin du foyer de la forge. Il fallait les entourer de feuilles de choux, puis les placer dans des fourreaux de papier sulfurisé, dans lesquels on versait un verre de vin, avant de les emballer dans du papier épais, et l'on ficelait le tout bien serré. C'était tout un rituel. Les saucissons ainsi préparés cuisaient dans ce que l'on nommait la mourine, en parler local, mélange ardent de charbon et de limaille de fer, ce qui leur donnait un goût particulier. Les « saucissons à la mourine » étaient alors célèbres, surtout sur le versant de la vallée du Gier. On ne manquait pas d'en laisser un pour le forgeron, en remerciement des services rendus tout au long de l'année.

Lorsque saint Éloi vint toquer à la porte de la forge de Graix, bien évidemment le Glaude ne reconnut pas, dans ce grand et bel homme, le saint patron des forgerons. L'inconnu s'adressa à lui d'une voix claire et décidée.

« Mon ami, on m'a beaucoup parlé de vous, et je voudrais vous commander un ouvrage. Pourriez-vous me forger une croix ?

– Comment ? Répétez s'il vous plaît !

– Une croix ! Me forger une croix ! C'est possible ?

– Oh pour sûr oui, c'est possible, quel genre de croix ?

--La croix du Christ, mon ami, la croix de notre sauveur. Si vous êtes bon chrétien cela sera pour vous une joie...

– Ah oui, ça sera plus solide qu'en bois... »

S'il s'était mieux renseigné sur le Glaude, saint Éloi aurait su que le forgeron, rendu à moitié sourd à force de taper sur son enclume, comprenait tout de travers. Pourtant, le fait qu'il lui ait demandé de répéter, et sa réponse à côté, aurait dû l'indiquer au saint visiteur, mais celui-ci n'y prêta pas attention. Était-ce par étourderie, ou par excès de zèle ? Jusque là, cela n'était pas bien méchant, pourtant le dialogue allait soudain prendre une tournure plus dramatique. Saint Éloi demanda :

« Vous allez souvent à la messe ? »

Et le Glaude répondit aussitôt :

« Ah diable non, jamais, quelle idée farfelue ! »

Le visiteur marqua la surprise. Qui était donc ce forgeron qui avouait spontanément ne jamais aller à la messe et trouvait même l'idée farfelue ? Mais le Glaude, lui, avait cru entendre :

« Vous vous brûlez souvent les fesses ? »

On comprend son étonnement et sa réponse. Non, le Glaude ne se brûlait jamais les fesses, et son visiteur inconnu avait vraiment eu là une drôle d'idée.

Saint Éloi voulut en avoir le cœur net, et posa une dernière question :

« Mais alors vous êtes un suppôt du démon ?

– Oh oui, le meilleur du canton ! »

Le Glaude avait répondu innocemment, ayant cru entendre :

« Vous avez l'air d'utiliser du bon charbon. »

Et comme il allait lui montrer pour qu'il pût juger de sa qualité, le visiteur s'enfuit brusquement. Le Glaude resta un moment sur le pas de sa porte, sans rien comprendre à ce qui était arrivé, puis il reprit son travail comme si de rien n'était, en se disant que les gens de la ville étaient parfois bien compliqués...

Et c'est ainsi, par suite d'un malentendu – au sens propre comme au figuré – que Claude Martinon, forgeron à Graix dans le Pilat, fut inscrit comme suppôt de Satan dans le registre de saint Éloi.

Deux jours plus tard, c'était la nuit de Noël. Comme chaque année, le Glaude alla assister, avec femme et enfants, à la messe de minuit dans la petite église de Graix. Il avait totalement oublié cette mésaventure avec son bien curieux visiteur. Puis il rentra chez lui et se coucha, s'endormant aussitôt. C'est alors qu'il se retrouva devant la porte du Paradis, comme le bon curé de Cucugnan immortalisé par Alphonse Daudet. Était-il vraiment mort, ou n'était-ce qu'un rêve ? Notre forgeron, lui, était persuadé d'être subitement passé de vie à trépas, et déplorant d'avoir laissé une veuve et des orphelins, dans son innocence il ne doutait pas de pouvoir entrer au Paradis.

 

L'église de Graix

 

Lorsque saint Pierre le vit arriver, il lui demanda de décliner nom et qualité.

« Je suis Glaude Martinon, forgeron à Graix dans le Pilat, répondit l'intéressé.

– Forgeron dites-vous ? Dans ce cas je dois consulter le registre spécial tenu par saint Éloi. Voyons, voyons... Martinon... Graix... Ah ! Par Jésus-Christ notre Sauveur, comment osez-vous vous présenter ici ? Arrière mécréant ! Arrière suppôt de Satan ! C'est en Enfer que votre place est réservée. Beaux anges de Dieu, conduisez donc cette âme perdue jusqu'à la porte noire d'en-bas... »

Et le pauvre Glaude, qui n'avait pas été guéri de sa surdité en mourant, se retrouva, sans avoir rien compris, conduit par deux anges aux ailes noires jusqu'à la porte de l'Enfer. Là, personne ne consultait de registre, on entrait sans aucune formalité. Tiré par un diable, poussé par un autre qui le piquait de sa fourche, le Glaude fut précipité au milieu des flammes et aussitôt condamné à forger, jusqu'à la fin des temps, les grilles de l'Enfer. Quelques coups de fourche bien placés surent lui faire comprendre, à défaut d'un long discours, ce que l'on attendait de lui.

Notre Glaude, qui avait de la conscience professionnelle, se mit aussitôt à la tâche. Il faut dire que l'atelier des forges de l'Enfer valait bien celui du village de Graix, que le feu y brûlait en permanence, et que la main d'œuvre de manquait pas, même si les coups de fourche étaient le seul salaire des ouvriers.

Bientôt l'Enfer résonna des Kling ! Klang ! familiers, et de magnifiques ouvrages de ferronnerie vinrent constituer la grille d'enceinte infernale. Le Glaude eut l'impression que cela durait des années, des siècles peut-être, comment savoir ? Tout en forgeant, il se demandait toujours ce qu'il avait fait pour atterrir ici, et il échafaudait des plans pour s'évader. Mais s'évade-t-on de l'Enfer ?

Un beau matin – ce qui n'est qu'une façon de parler car il n'y a pas de soleil en Enfer et donc ni matin ni soir – fut annoncée l'arrivée imminente d'un très grand pécheur, un suppôt du démon qui s'était fait remarquer par toute une vie de débauche. Il y eut un grand remue-ménage, Satan décida de sortir en personne, accompagné de tous ses démons, diables et diablotins, pour aller à la rencontre de son suppôt et lui faire un brin de conduite sur le chemin malaisé de l'Enfer. Si bien que pendant quelques heures, les âmes des damnés se retrouvèrent seules dans le Pandémonium, comme disait savamment Monsieur le curé.

Alors le Glaude en profita, saisissant ses pinces et son marteau, et il se mit à forger et à forger encore, aidé par tous les commis qu'il avait formés. Leurs Kling ! Kliang ! se firent aussi rapides que le tac-tac-tac du pivert dans les bois du Pilat. Mais que forgeaient-ils donc, me direz-vous ?

Des croix, bonnes gens, des croix en fer, oh ! simples et sans fioriture, juste deux bouts de fer assemblés, mais des croix du Christ quand même ! Et quand ils eurent forgé des centaines de croix, le Glaude et ses ouvriers les plantèrent tout autour de l'Enfer. Le travail fut rondement mené. Lorsque Satan et toute sa troupe s'en revinrent avec l'âme du pécheur, ils se trouvèrent face à cette barrière de croix, et restèrent cloués sur place, car il est bien connu qu'il n'y a rien de tel qu'une croix pour arrêter les démons.

Satan entra dans une rage folle, frappant le sol de sa fourche, il fit tout le tour de l'Enfer et chaque fois qu'il tentait d'y entrer il se retrouvait devant des croix. Sa colère était terrible, il poussait des cris inimaginables, imité par tous ses diables, et tout ce bruit finit par s'entendre jusqu'au Paradis.

Le Bon Dieu se demandait ce qui arrivait. Jamais un tel tumulte n'était venu troubler la quiétude du Saint des Saints. Il regarda d'où venait le bruit, et vit Satan et ses démons arrêtés par la barrière de croix plantées tout autour de l'Enfer.

« Qui donc a pu faire cela, se dit-il, ce ne peut être l'œuvre que d'un habile forgeron, injustement condamné, mais est-ce possible ? Il faut que j'aille voir cela de plus près. »

Et le Bon Dieu , sur un grand nuage blanc porté par des anges, arriva jusqu'à la porte de l'Enfer.

« Satan ! s'écria-t-il. Rends-moi l'âme qui a planté ces croix, elle ne peut être que celle d'un ami de Dieu !

– Je te le donnerai avec plaisir, ce maudit forgeron, mais je veux d'abord qu'il enlève et démolisse ces croix. »

Ainsi fut fait. Le Glaude, armé de sa masse, cassa toutes les croix qui ceinturaient l'Enfer, pour que Satan pût y entrer, et le Bon Dieu l'installa à côté de lui sur son nuage pour l'emmener au Paradis.

Là, il eut une sérieuse explication avec saint Éloi, qui passa un sale quart d'heure et dut regretter le temps où il avait juste à signaler au roi Dagobert que sa culotte était à l'envers ! Oui, saint Éloi avait voulu remplir sa mission avec un tel entêtement qu'il n'avait pas pris la peine de vérifier l'éventuelle surdité des forgerons qu'il avait visités. Il devrait refaire sa tournée en tenant compte de ce paramètre.

« Mon bon Claude Martinon, dit le Bon Dieu, tu as bien commis quelques petits péchés, mais tout ce temps passé injustement en Enfer t'a largement amendé, alors je vais t'accorder la faveur d'aller tout droit au Paradis.

– C'est vrai ? Vous m'autorisez à retourner au Bois Paradis ? » répondit tout joyeux le Glaude, toujours aussi sourd, et qui croyait qu'il allait revenir sur terre dans son cher Pilat.

Car il faut que je vous explique, à vous qui faites des yeux tout ronds, que le Bois Paradis est une forêt sur la commune de Graix, touchant à celle du Grand Bois.

 

Le Bois Paradis en hiver

 

Le Bon Dieu comprit immédiatement la méprise, il réalisa que ce forgerons, comme beaucoup de ses confrères, souffrait de surdité. Il réfléchit un instant, puis il se dit que le Pilat, cette montagne vers laquelle il avait guidé Noé et son arche, il y a bien longtemps, était, après tout, bien aussi joli que le Paradis...

« Oui mon bon Glaude, ton âme va retourner dans ton cher Pilat, sur lequel j'ai dû m'attarder un peu plus longuement, lorsque j'ai créé la terre. Et du même coup je te rends tes oreilles et ta jeunesse, ainsi tu pourras à nouveau entendre le frémissement du vent dans les arbres, le doux murmure des sources, et le chant délicat des oiseaux. »

Depuis ce jour, souvent le Bon Dieu a demandé à saint Sabin, lui qui connaît si bien notre vieille montagne, de lui en montrer toutes les beautés. Alors saint Sabin entonnait la chanson bien connue :

« Du Pilat j'aime les fougères, les cascades, les ravins,
J'aime aussi ses bois, ses bruyères, et ses monts couverts de sapins. »

Mais voilà, on ne peut pas avoir toutes les qualités, être à la fois un saint évêque et un bon chanteur. Car il chantait horriblement faux, saint Sabin, et dans sa bouche la belle chanson du Pilat devenait une cacophonie épouvantable.

C'était à tel point insupportable que cela réveilla Claude Martinon, lequel n'était pas mort mais seulement profondément endormi, et le forgeron de Graix comprit que tout cela n'était qu'un rêve. Quelle drôle de nuit de Noël avait-il passée ! Sa chère épouse était déjà levée, elle devait être occupée à déposer les cadeaux des enfants dans leurs chaussures, alignées devant la cheminée, en bas dans la grande pièce principale de la maison. Il descendit la rejoindre, tout heureux de vivre.

« Joyeux Noël ma chérie, lui lança-t-il.

– Joyeux Noël à toi, mon cher époux. Et joyeux Noël à tous ! »

 

 






Chers Amis Internautes, 

L’année 2021 se ferme à présent. Il nous faut découvrir l’année nouvelle quelque peu unique de 2022. Qu’aura-t-elle de si unique cette année 22 ?

Dans la tradition biblique, le nombre 22 désigne la Création dans sa totalité. En effet, l’alphabet hébreu se compose précisément de 22 lettres, les lettres créatrices sur lesquelles le monde est édifié.

Les premiers Chrétiens encore pétris de tradition hébraïque bientôt pénétrée par la tradition hellénique, ont souhaité intégrer le Livre de l’Apocalypse rédigé par l’apôtre Jean, dans une structure bâtie sur le nombre 22… les 22 chapitres de l’Univers. L’Aigle de Patmos dans sa grotte avait conclu sa Révélation, par cette lourde sentence : « Je déclare, moi, à quiconque écoute les paroles prophétiques de ce livre : ‘’Qui oserait y faire des surcharges, Dieu le chargera de tous les fléaux décrits dans ce livre !'' ». Autrement dit, 22 chapitres et non… 23 ! Respectons le conseil de l’apôtre Jean qui néanmoins, bien qu’il rédigeât son livre autour de proportions chiffrées exceptionnelles, ne l’avait aucunement ordonné en 22 chapitres…

Le nombre 22 apparaît comme le nombre de tous les possibles. Il nous appartient d’en saisir le meilleur du meilleur ! Je me souviens de ce vieux magnétoscope sur lequel s’affichait l’heure que je pensais exacte. Plutôt que de regarder la pendule située au-dessus du téléviseur, il m’arrivait de regarder cette heure située sous la télé. Étrange était le moment, où par hasard, je découvrais avec une indéfinissable sensation, le moment où le petit écran du lecteur VHS passait de 22. 21 à 22. 22…. Nombres en miroir, temps figé, porte vers un au-delà, un non-où, je ne sais !?

Choisissons de sourire avec le nombre 22 comme le faisait l’humoriste Fernand Raynaud avec le « 22 à Asnières » un numéro de téléphone qui cheminait dans le sketch avec cet autre numéro : « San Francisco, le 6307 X 7 ». Mystère des nombres, si l’on choisit l’option de la multiplication nous découvrons que 6307 X 7 révèle le nombre 44149 dont la somme est égale à… 22 !

Deux chemins se présentent à nous. L’un est hermétique, il s’agit du Chemin de l’Âne, l’Aliboron qui de son sabot foula le pavé du Temple de Salomon. Il donne son nom à Asnières. L’autre chemin est le Chemin de la Musique des Sphères, il mena certains voyageurs par des voies quelque peu psychédéliques vers l’envoûtant Hôtel California des Eagles chanté par le batteur Don Henley et joué de mains de maîtres par les incroyables guitaristes Don Felder et Joe Walsh…  Un Hollywood désenchanté des années 70 et une Highway One, la grand-route qui longe l’Océan Pacifique de Santa Monica à San Francisco…

L’Aigle de Patmos et les Eagles de Californie volent vers la mangeoire de l’Âne où jaillit la Lumière de la Nativité. Sachons cueillir cette Lumière aurifère, dépouillée de toute substance poudrée de blanc mais revêtue d’un blanc manteau poudré de neige.

Je vous souhaite, Cher Amis Internautes de revêtir ce lumineux manteau pour vivre une année 2022 pleine d’amour et d’espoir.

Bonne et heureuse année à tous.

Michel Barbot



 

Voyage Vers la fin d’un Monde

Ou l’Opération Nuit 2021

 

Un texte prophétique présent dans un almanach paroissial 1942 de Nantes, apparaît comme le support du récit de fiction que voici. Nous découvrons en page 3 ou Oméga, Le Comput Ecclésiastique, suivi de ladite prophétie. Si nombre d’événements évoqués sont véridiques, l’idée que les Allemands aient demandé à l’évêque de Nantes des explications sur cette prophétie, est infondée. Il n’en reste pas moins que ce texte s’avéra étonnement prophétique…

 

À ma mère, la jeune des Vannier

 

Nantes : 23 décembre 1941

L’abbé Louis Larose, curé fondateur en 1933 de la paroisse Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus à Nantes, enfourcha de bon matin sa bicyclette qui allait le conduire depuis son presbytère de l’avenue de la Chênaie, par delà les ponts, au presbytère de son ami l’abbé Pineau, curé de Saint-Sébastien-sur-Loire. Cet ancien vicaire arrivé dans le canton de Saint-Sé, le 2 septembre 1930, avait été récemment promu abbé de la paroisse, par son prédécesseur, l’emblématique abbé Pierre Auguste Guillou, représentant de Monseigneur l’évêque. L’âge avancé, contraint de passer le flambeau, le vieux prêtre avait quitté, le 23 mars 1941, non sans regret, sa paroisse bien-aimée après plus de 31 ans de service.

 

L'église de Saint-Sébastien-sur Loire (carte postale ancienne)

 

L’abbé Larose avait reçu, la veille au soir, un appel téléphonique de son Excellence Monseigneur Jean-Joseph Villepelet, évêque de Nantes. Le primat avait été convoqué l’après-midi même au 24 boulevard Gabriel Guist’hau à la Kommandantur, au service de la Direction des travaux de Nantes, désignation locale de l’Abwehr (service de renseignement de l’État-major allemand). Voici ce qui s'était passé.

Le Kapitan Korvetten Pussbach qui dirigeait d’une main de fer le service, eut du mal à tempérer son énervement lorsque Monseigneur Villepelet fit son entrée. Le Kapitan tenait, tout en le secouant, dans sa main gauche L’ALMANACH DE SAINTE-THÉRESSE DE L’ENFANT JÉSUS ~ 1942. D’une voix qui trahissait son énervement, il fit part à l’évêque de son mécontentement :

« Votre Excellence, je tenais à vous rencontrer afin que vous me donniez quelques explications concernant la page 3 du prochain almanach de la paroisse de Sainte-Thérèse ; page dans laquelle apparaît Une Prophétie pour 1943 ! Je soupçonne un texte codé porteur d’informations pour la Résistance. Une Résistance qui, vous le savez, nous cause bien des problèmes depuis juillet 1940. Nous avons réussi à neutraliser le mois dernier, le réseau de renseignement dirigé par *Jean-Baptiste Legeay. Mais tout nous laisse à croire que ce réseau s’est réorganisé et que les almanachs paroissiaux pourraient dissimuler des messages cryptés pour la Résistance. Nos meilleurs cryptanalystes de l’Abwehr travaillaient d’arrache-pied au déchiffrement de cet encart de l’Almanach de Sainte-Thérèse. Soyez certain, nous trouverons mais je souhaiterais avant de procéder à quelques arrestations – notamment au presbytère de Sainte-Thérèse – que vous jouiez franc-jeu avec moi. J’entends, Votre Excellence, que vous me donniez la clef du code !

*Jean-Baptiste Legeay (1897-1943) ou Frère Clair-Marie, Frère de l’instruction chrétienne de Ploërmel (en latin Institutum Fratrum instructionis christianae de Ploërmel), fut l’organisateur d’un réseau de renseignement en Loire-Inférieure. Repéré par la police allemande, il fut affecté à la direction de l’école du Roscoat à Pléhédel, d’où il reprit ses activités de résistance. Il reçut de Londres la mission de surveiller les mouvements de troupes et les points stratégiques de l’armée allemande sur les côtes bretonnes. Son réseau s’occupait de rapatrier les aviateurs alliés tombés dans la région. À la mi-novembre 1941, à la suite d’une dénonciation l’accusant d’espionnage, il fut déporté. Le 10 février 1943, le jour de ses 46 ans, Frère Clair-Marie fut décapité à la hache à Cologne.

L’heure était grave, aussi l’évêque de Nantes avait-il, avant même de se rendre à la Kommandantur, envoyé un télégramme à Son Éminence le Cardinal Suhard, archevêque de Paris. Ce dernier, fin stratège trouverait assurément une solution, on ne peut plus diplomatique pour tirer d’affaire l’évêque de Nantes d’un faux pas si besoin était. Monseigneur Villepelet n’hésita pas à en informer le Kapitan Korvetten Pussbach. Ce dernier baissa subitement le ton. Il se souvenait de l’intervention inattendue du Primat de Paris, effectuée dans le prolongement de celle courageuse de l’évêque de Nantes auprès de la Kommandantur. L’intervention parisienne annula la seconde liste de 50 otages promulguée par le Général Otto von Stülpnagel, chef des forces d’occupation allemandes en France et gouverneur de Paris. Cette liste était composée de Juifs et de Communistes emprisonnés, otages appelés à être exécutés si l’identité de *ceux qui avaient abattus le Feldkommandant Karl Hotz, commandant la place de Nantes et responsable des troupes d’occupation du département de la Loire-Inférieure, n’était pas révélée.    

* René Spartaco Guisco dit Spartaco, d’origine italienne né le 20 octobre 1911, fils de réfugiés venus en France en 1921 et naturalisés français, semble-t-il en 1932, était le chef du commando. Militant communiste, ancien combattant des Brigades internationales et Résistant, il avait été envoyé à Nantes avec Marcel Bourdarias et Gilbert Brustlein. Leur mission était de saboter une ligne de chemin de fer, d’abattre un officier Allemand, et ensuite de ramener à Paris des explosifs dérobés sur un chantier quelques semaines auparavant. L’exécution de Karl Hotz le lundi 20 octobre 1941 devant le N° 1 de la rue du Roi Albert près de la cathédrale de Nantes par Gilbert Brustlein, eut les terribles conséquences que nous connaissons…

 

Son Excellence Monseigneur Villepelet, Évêque de Nantes

 

Dans les instructifs Carnets de Mgr Villepelet évêque de Nantes (1940-1945) présentés et annotés en 2007 aux Éditions Opéra par Marcel Launay, professeur émérite à l’Université de Nantes, nous apprenons qu’au soir du samedi 25 octobre 1941 l’évêque de Nantes, envoie un télégramme au Cardinal Suhard, et plus tard dans la soirée, une lettre plus détaillée, dans lequel il sollicite l’aide de son ami. Le jeudi 23, en fin d’après-midi, les préfet, maire et évêque de Nantes, se rendent à la Kommandantur « en vue d’obtenir la grâce des otages désignés pour l’exécution prochaine. […] Nous sommes reçus par le Baron Von UND ZU BODMAN, felkcommandant intérimaire, qui a pris la succession du colonel HOTZ ; il était auparavant à Saint-Nazaire ». Leur requête est écoutée avec bienveillance et même avec émotion. Ils obtiennent la réponse suivante : « Je ferai tout ce que je pourrai… J’espère qu’une mesure de clémence interviendra… mais cela ne dépend pas de moi... » Le samedi 25, l’évêque et ses amis apprennent qu’un « sursis a été accordé par les autorités allemandes pour l’exécution de 50 otages supplémentaires ; il expire le lundi soir 27 octobre à minuit. D’ici là, il faut agir vite. Je signe aussitôt un télégramme au Cardinal ».

Le mardi 27 octobre au matin, le Cardinal Suhard envoie un courrier à l’évêque de Nantes : « J’ai bien reçu votre télégramme samedi soir en fin de journée, et de suite j’ai fait diligence pour entrer dans vos vues et travailler à une œuvre qui m’est chère à moi-même comme à vous tous. Toutes les démarches qui pouvaient être entreprises sont été faites, soit Samedi soir, soit hier Dimanche. Quel sera le résultat ? Dieu seul le sait. »

Durant cette nuit du samedi au dimanche, le Primat de Paris écrira une lettre au Général Von Stülpnagel et fit plus encore après avoir rencontré « un personnage officiel allemand, avec qui il est en relation pour toutes les affaires religieuses et qui lui conseilla, outre une démarche près du général VON STÜLPNAGEL, d’envoyer une dépêche à Hitler lui-même. Le Cardinal accueillit ce conseil à condition qu’il aurait la certitude que sa dépêche serait remise au chancelier en personne. On télégraphia d’abord à Berlin pour savoir si Hitler consentirait à recevoir un télégramme de l’Archevêque de Paris. La réponse fut affirmative, à condition que le Cardinal signerait de sa propre main, ce qui eut lieu. »

Les cinquante otages de la seconde liste ne furent pas exécutés…

Monseigneur Jean-Joseph Villepelet, bien que partisan du maréchal Pétain, dut composer avec les politiques mais refusa toute collaboration avec l’occupant.

Le Kapitan Korvetten Pussbach chef de l’Abwehr nantaise n’oubliait assurément pas ces événements proches de moins d’un mois, aussi préféra-t-il attendre quelques jours encore avant de mettre véritablement la pression sur Monseigneur Villepelet et sans aucun doute sur l’abbé Louis Larose de la paroisse Sainte-Thérèse.

C’est dans ce terrible climat, ce mardi 23 décembre, que Louis Larose allait retrouver au presbytère de Saint-Sébastien, outre l’abbé Pineau, l’abbé Joseph Robert, curé de Saint-Nicolas de Nantes, ainsi qu’un érudit de la paroisse nantaise voisine de Saint-Jacques de Pirmil.

 

Lyon : 23 décembre 2021

Pendant ce temps… quelques 80 ans plus tard…

Thierry Rollat, descendant de l’illustre imprimeur Anselme Rollat, actuel Grand Maître des Confréries de Sainte-Catherine et de Saint-Nicolas, et Ange du 9e Cercle de la Société Angélique depuis un an déjà, était monté à Fourvière dans l’Hôtel des Anges… Le Pélussinois apparut quelque peu tendu. L’année 2021 n'avait pas été la meilleure de sa vie, mais l’heure était venue pour lui de tourner la page.

La convocation au Bercail reçue quelques trois jours auparavant, lui donnait à penser que l’heure était venue pour lui de vivre sa première grande mission en qualité de Grand Maître des Confréries. Son baptême du feu n’allait-il pas se transformer en baptême du sang ? Telles sont les sombres pensées qui traversaient son esprit. Comme il eût aimé que Patrick Berlier, son ami, fût à ses côtés. Le Stéphanois il est vrai, possédait, pensait-il, une certaine expérience dans le domaine !

Thierry Rollat était arrivé à l’Hôtel des Anges, la veille dans l’après-midi. Il avait été immédiatement dirigé vers le bureau du COS ou Commandant des Opérations Spéciales au sein de l’Angélique. Patrick l’avait quelque peu rencardé au sujet de ce personnage clef de l’angélique édifice. Sa véritable identité était inconnue. L’un de ses collaborateurs, originaire de Haute-Loire, l’avait surnommé Le COSSANGE. Il est vrai que des Cossange, il y en avait quelques-uns du côté du Puy-en-Velay. Les étymologistes rapprochent cet anthroponyme du toponyme local Cossange qui s’interpréterait comme les Terres de Cossus… Bien que cette étymologie indifférât totalement le COS, il n’en appréciait pas moins le mot car ce mot prévalait aujourd’hui dans son équipe et il était mieux de se faire appeler Le Cossange plutôt que Le Vieux, tel le colonel Berthomieux de la série des Gorille, interprété au cinéma par Charles Vanel. Le COS ne ressemblait pas précisément à cet acteur mais il est vrai que ses quelques 70 printemps, ses cheveux poivre et sel et ses lunettes d’un autre temps, eussent pu lui valoir un tel sobriquet.

Face à cet homme, se trouvait un personnage assurément beaucoup plus jeune… facilement trente années de moins. Celui-ci salua chaleureusement l’éminence grise des Regards du Pilat. Ce qui eut un effet plutôt bénéfique, transformant le stress de Thierry en une relative quiétude. Le COS lança un…

« Bonjour Monsieur Thierry Rollat. Comment allez-vous ? »

Thierry n’eut guère le temps de répondre, que déjà le COSSANGE enchaînait :

« Je vous en prie asseyez-vous. Je vous présente Monsieur Franco Sparanero, un Nantais aux origines italiennes.

Le Nantais après un large sourire lança à Thierry : « Enchanté de vous connaître ! »

L’espace d’un instant Thierry s’interrogea sur le visage de cet homme, il lui sembla le reconnaître quelque peu ? Mais il n’eut guère le temps d’approfondir plus sa pensée, car le COS enchaîna :

« Monsieur Sparanero a fait l’acquisition, il y a un bon mois de cela, d’un vieil almanach : l’ALMANACH PAROISSIAL de SAINTE-THÉRÈSE de l’ENFANT-JÉSUS, année 1942… Racontez-nous, si vous le vous voulez bien, Monsieur Sparanero, comment cet almanach est arrivé entre vos mains. »

Se tournant vers Thierry Rollat, l’interpellé raconta l’événement, car il s’agissait bien d’un événement :

« J’habite effectivement dans la cité de Nantes. Un vendredi matin, le téléphone retentit dans mon appartement de la route de Saint-Joseph. Au bout du fil une certaine Madame Carole Painblanc, secrétaire à l’Évêché de Nantes, m’informa qu’elle devait me remettre une enveloppe sur laquelle il était écrit ‘’À remettre, ici-même à l’évêché le lundi 22 novembre 2021, au lendemain de la fête du Christ-Roi, à Monsieur Franco Sparanero demeurant au N°… de la route de Saint-Joseph’’. J’étais d’autant plus intrigué que cette dame refusa de me donner plus de renseignement et me demandait de me présenter ce lundi même à l’Évêché, soit le matin, soit l’après-midi. Je choisis le matin et fit mon entrée à 10 heures précises au 7 rue Cardinal Richard, muni de ma carte d’identité – que j’ai d’ailleurs toujours sur moi, sauf la nuit – et d’un justificatif de domicile, ainsi qu’elle me l’avait demandé.

« Madame Painblanc, la quarantaine bien avenante, me reçut ce lundi dans son bureau et me remit l’enveloppe. Ce qu’elle avait oublié de me dire, c’est que l’enveloppe portait le cachet de Jean-Joseph Villepelet, évêque de Nantes trente ans durant… de 1936 à 1966 ! Le chanoine qui lui avait remis l’enveloppe ne semblait suivant Madame Painblanc aucunement perturbé, malgré le cachet épiscopal et l’année 1941 bien lisible ! À croire, selon la secrétaire, que le chanoine n’était pas ignorant du mystère entourant cette enveloppe. En même temps, pourquoi ne me l’avait-il pas remis en mains propres ? Je lisais dans les yeux de secrétaire, combien elle aurait aimé que j’ouvre devant elle l’enveloppe mais je préférai attendre d’être rentré chez moi pour le faire. Je lui promettais néanmoins de revenir la voir car je me disais que peut-être, il me faudrait rencontrer le chanoine…

« C’est ainsi que quelques jours plus tard, plutôt que de passer un coup de fil à Madame Painblanc, ainsi que notre Commandant me l’avait demandé, je rendis visite à ladite Dame qui semblait aux anges me voyant pénétrer dans son bureau. Je l’informais que je souhaitais rencontrer le chanoine qui lui avait remis l’enveloppe. ‘’Mon pauvre Monsieur, me dit-elle, vous venez de louper Monsieur le Chanoine Boisvert qui a quitté l’Évêché il y a moins d’un quart d’heure. Il doit repasser cet après-midi, je lui ferai part de votre requête et je vous appellerai de suite pour vous informer de la réponse de Monsieur le Chanoine.’’ Je la remerciai et rentrai chez moi.

« Comme prévu Madame Painblanc me rappela dans l’après-midi. Je devinais à sa voix une certaine déception. Monsieur le Chanoine Boisvert ne pouvait me rencontrer dans l’immédiat mais dès qu’il aurait un créneau dans son agenda très chargé, il me le ferait savoir. Quelque peu contrarié je demandais à mon interlocutrice à quoi ressemblait cet homme. ‘’Monsieur le Chanoine Boisvert, me dit-elle, est un homme charmant. Il se dit qu’il aurait soixante-douze ans. Franchement il ne les fait pas ! On dit qu’il marche autant qu’il le peut. Telle doit-être la raison pour laquelle il présente encore bien !’’ Cette représentation du personnage n’arrangeait en rien le fait que je n’avais pas obtenu de rendez-vous ! L’Évêché pour moi se résumait présentement à une Dame Painblanc qui semblait heureuse de me voir et à un Chanoine Boisvert qui ne semblait quant à lui, que peu désireux de me voir, moi un Sparanero… Là était peut-être le problème, mon nom italien pouvait porter à confusion : ‘’Tirer du Noir’’. Si le noir et le blanc sont complémentaires, le vert l’est peut-être moins… Vous souriez Monsieur le Commandeur, et vous avez bien raison !

« Et donc pour en terminer avec cette enveloppe, je découvris à l’intérieur, outre l’almanach, une courte lettre signée par ‘’Monseigneur Jean-Joseph Villepelet, évêque de Nantes’’ et co-signée par un certain ‘’Il Gatto Nero’’. Voilà Monsieur le Commandeur, ce que je puis dire sur le sujet.

– Merci Monsieur Sparanero pour votre intervention qui était je pense nécessaire. Voici à présent pour vous, Monsieur Rollat, une photocopie de la page 3 de cet almanach. Non, attendez un peu pour la lire, s’il vous plaît.

 

Almanach, haut de la page 3

 

«Observez tout d'abord la partie supérieure de la page surmontée d’un chiffre 3 curieusement inversé et ressemblant ainsi à un Oméga. »

Le COS ressentit le besoin de dessiner de son index droit, dans l’espace, à la façon d’un Raymond Devos, la lettre grecque.

 

Almanach, bas de la page 3

 

« Observez maintenant la partie inférieure de la page avec cette fois-ci un trois, bien que difficilement lisible, mais confirmé par la page 2 qui précède, et cette fois-ci imprimé dans le bon sens.

« L’almanach en lui-même n’aurait rien de plus que les autres et même moins que certains de la même époque. On y découvre les habituels proverbes et dictons du mois, les conseils agricoles, les basses-mers pour l’année, très pratiques pour la pêche, n’est-pas Messieurs ? Oui, surtout lorsque que l’on demeure à proximité des côtes bien entendu ! On y découvre aussi les habituels contes et poèmes, ainsi que la lumière ou l’ombre bien (trop) présente du maréchal Pétain : Travail– Famille – Patrie…

« La première partie de la page composée de 9 lignes est titrée : Le Comput Ecclésiastique. La seconde, composée de 26 lignes, est titrée en caractères gras : Une Prophétie pour 1943 ? Et c’est bien cette prophétie qui attira l’attention de Monsieur Franco Sparanero.

« À présent considérez, Monsieur Rollat, la totalité de cette page, que nous appellerons la Page Oméga 3»

Une fois encore le COS joignit le geste à la parole… Après quelques minutes, le Commandant des Opérations Spéciales reprenant la parole, interrogea le Pélussinois : « Alors Monsieur Rollat, que pensez-vous de cet énigmatique texte ?

– Ce texte, oui, est assurément énigmatique ! Je découvre d’ailleurs ce curieux quatrain que nos aïeux auraient eu coutume d’utiliser. Bien que je ne sois pas particulièrement versé dans le domaine du Comput Ecclésiastique, je note d’un point de vue numérique, que ces trois jours, mettent en relief, bien que dans un ordre différent, les nombres 23, 24 et 25. Je ne saurais exprimer la raison de ces nombres dans cette énigme, mais j’ai idée qu’associés aux saints personnages qu’ils fixent dans le calendrier, ils nous révèlent, peut-être, quelque orientation à suivre. Voilà Commandant, ce que je puis dire à brûle-pourpoint. »

« Et c’est déjà très bien ! repris le COS. Laissons à présent Monsieur Sparanero nous exposer ses propres réflexions autour de ce texte.

« Mes premières réflexions, Monsieur le Commandant, me donnent à penser qu’il faille mettre en avant les animaux symboliquement associés aux trois saints dans la Légende dorée. À savoir, mon Cher Thierry, le Dragon de saint Georges, le Lion de l’Évangéliste saint Marc et l’aigle de l’apôtre Jean. La prophétie concerne l’année 1943. Cette année 1943 fut une année terrible pour la cité de Nantes. Les forces anglo-américaines fortes de 160 forteresses volantes ont bombardé à très haute altitude Nantes le 16 septembre 1943 à 13 h 35. Le 23 septembre, deux nouvelles attaques, à 8 h 55 et 18 h 45, détruisirent une bonne partie du centre-ville et du port. Le bilan des deux journées fut terrible : 1463 morts, 2500 blessés, 10000 familles sans logis et 513 hectares de la ville ravagés. La population ne comprenait pas ! L’aviation aurait pu être gênée aux dires de certains, par un brouillard artificiel créé par les Allemands. Monseigneur Villepelet donnera sur ces bombardements, un avis que l’on peut comprendre. Et une partie de son commentaire plutôt énigmatique s’appuie sur la Bible. Vichy récupéra cette détresse en dénonçant ce ‘’terrifiant holocauste’’ commis par les Alliés. Le général de Gaulle, le 14 janvier 1945 entra dans la Ville Martyr, ainsi désignée suite aux bombardements anglo-américains. Il lui remit la croix de Compagnon de la Libération ; croix qu’il lui décerna au lendemain de l’exécution des 48 otages les 20 et 22 octobre 1941…Voici une photo de la place Royale prise après les premiers bombardements…   

 

Immeubles de la place Royale détruits en septembre 1943

 

« Les survivants évoqueront un Déluge de feu ! Depuis les campagnes environnantes, le ciel nantais apparut comme un ciel rouge sang… en quelque sorte, le sang du dragon ?! le dragon de saint Georges, saint patron de l’Angleterre…

« Pour le journal Le Matin, les bombardements des Alliés, sur Nantes ou près de Paris – pour ne citer que ces deux villes – étaient l’œuvre des ‘’pirates anglo-américains’’… ‘’brutes aériennes d’Angleterre et d’Amérique […] jetant la mort et le feu’’. Le titre seul de l’article du Matin témoigne du ressentiment de son auteur :

 

Titre dans la presse au lendemain du bombardement

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k587830c

 

« Il convient de lire avec attention, sur le sujet, l’article NANTES ET LES BOMBARDEMENTS DE SEPTEMBRE 1943, publié par l’association EN ENVOR. Ce texte signé par l’historien Erwan Le Gall doctorant de l’université Rennes 2, comporte un document INA. Bien qu’émanant ‘’des actualités produites et contrôlées par le régime nazi et les autorités vichystes et diffusées en France de 1940 à 1944’’, ce film nous montre une cité de Nantes post-apocalyptique.

http://enenvor.fr/eeo_actu/wwii/nantes_et_les%20bombardements_de_septembre_1943.html 

« La nécessité de bombarder le port, les chantiers navals ou l’aéroport voisin de Château-Bougon, ne pouvait être comprise par ces pauvres Nantais hébétés contraints de quitter la cité en ruines de Nantes pour les communes environnantes. Pour Vichy, les bombardements ne pouvaient être justifiés : ‘’Nantes ne présentant aucun intérêt stratégique’’… Bien entendu, Vichy avait tort, la victoire des Alliés contre l’envahisseur passait par ses bombardements ô combien meurtriers. Le vieux Saint-Nazaire fut pareillement détruit et ce dans sa totalité… La guerre du Golfe, il y a 30 ans, nous a démontré combien les frappes aériennes n’avaient, aujourd’hui encore, rien de chirurgicales…

« Dans Les Carnets de Mgr VILLEPELET évêque de Nantes (1941-1945), précieux témoignage, l’évêque écrit : « 16 septembre 1943 Grande journée dans l’histoire de Nantes. Premier et très meurtrier bombardement. » Il raconte ce qu’il a vu et entendu. Tout n’est que désolation… Apocalypse puis Exode… Le 19 septembre à 14 heures eurent lieu des obsèques officielles à la Cathédrale. « Pour éviter un trop grand rassemblement, M. le Préfet a décidé qu’une trentaine de cercueils seulement entreraient à la Cathédrale ». Des offices semblables auront lieu dans dix autres églises de Nantes, le dimanche et les jours suivants. Le « Jeudi 23 septembre 1943 », nouveaux bombardements. L’évêque écrit : « la pauvre ville de Nantes venait de subir un terrible et second martyre. Des nuages artificiels rendaient le ciel lugubre et déjà des flammes d’incendie illuminaient ce crépuscule. Impossible d’oublier jamais la vision éprouvée vers 21 heures du haut de la terrasse du collège : un immense brasier lançant vers le Ciel des lueurs gigantesques, une scène de l’Apocalypse...’’ Le lendemain matin, l’évêque écrit : « je ne peux que lire le premier chapitre des Lamentations de Jérémie : ‘’Comment est-elle assise solitaire la Cité populeuse ! Elle est devenue une veuve, celle qui était grande parmi les nations… Elle pleure amèrement durant la nuit et les larmes couvrent ses joues.’’

« Ces nuages artificiels évoqués par l’évêque seraient l’œuvre selon certains observateurs (Nantais ou aviateurs), des Allemands eux-mêmes, bien qu’il soit plus juste de penser qu’ils soient tout simplement le résultat des bombardements anglo-américains. L’évêque écrit : ‘’On devinait les immeubles et les rues qui flambaient. Tous ces vieux quartiers de Nantes […] étaient la proie du feu. Encore une nuit, tout cela allait disparaître.’’

« Quant au Livre des Lamentations de Jérémie, il apparaît après vérification, que l’évêque cite la Bible de l’abbé Crampon, considérée comme la première traduction moderne. Elle (la ville) pleure durant la nuit dit le texte. Un rapprochement sera fait par certains commentateurs entre la prophétie mariale de Notre-Dame de la Salette (Marie Médiatrice à qui l’évêque adresse ses prières durant ces heures apocalyptiques) et ce verset du livre biblique. Bien que l’évêque dise avoir lu durant ce terrible soir le premier chapitre du Livre des Lamentations, il connaît assurément le verset suivant, premier verset du second chapitre, ainsi traduit par l’abbé Crampon : ‘’Comment le Seigneur, dans sa colère, a-t-il couvert d’un nuage la fille de Sion ? Il a précipité du ciel sur la terre la magnificence d’Israël ; il n’est plus soutenu de son marchepied, au jour de sa colère.’’ Il s’est assurément appuyé sur ce texte biblique pour tenter de comprendre les apocalyptiques bombardements de Nantes. Lorsqu’il évoque les nuages artificiels qui rendaient le ciel lugubre, il pense bien entendu au texte biblique dont le texte hébreu comporte un verbe que l’on traduit par couvert d’un nuage, ainsi que le fait l’abbé Crampon. Le nuage – les traducteurs hésitent entre le singulier et le pluriel – ainsi mentionné désigne en hébreu un nuage peu naturel, sombre, noir comme la nuit. L’évêque utilise les mots artificiels et lugubre. Ce nuage factice couvre le ciel de la fille de Sion (Jérusalem) parce que le marchepied de Dieu n’est plus là. 

« L’abbé Crampon, sa note le confirme, reprend pour le mot marchepied, le sens communément donné par les commentateurs juifs et chrétiens :

 

Note de l'abbé Crampon

 

« Le verset nous dit que Dieu a précipité du ciel sur la terre la magnificence d’Israël. L’étoile d’Israël, la bonne étoile d’Israël est tombée, elle n’éclaire plus de sa lumière. Cet extrait du verset répond au verset 6 du chapitre 1 dans lequel il est écrit ‘’Et la fille de Sion a perdu toute sa gloire’’. Ce dernier ainsi traduit par l’abbé Crampon – d’autres traduisent par splendeur ou éclat – correspond à l’hébreu HADARA. Ce mot s’écrit avec les lettres Hé (5) Daleth (4) Resh (200) Hé (5) = 214. Cette valeur numérique ou guématrie est aussi celle reconnue de YÉRÉD, descendre et de KOKHAV NOFÈL, étoile filante en sachant que Nofèl signifie tomber. 

« L’étoile tombée, également éteinte, le serait parce que le marchepied divin, ou Arche d’Alliance n’est plus là. En quoi cet épisode propre à Jérusalem peut-il avoir quelque lien avec Nantes, et surtout Monseigneur Villepet connaissait-il ce lien ?

« Il apparaît que les Allemands préparaient à cette époque dans la ville de Nantes, la venue d’un étrange personnage de la Société Thulé. L’une des missions de cet homme était de réactiver l’Étoile de Nantes, étoile symboliquement tombée du ciel, car elle ne se trouve non pas dans le ciel mais sur la terre. Sa réactivation permettrait, lorsque les Allemands l’auraient retrouvée, de réactiver pareillement le marchepied de Dieu… Voilà ce que je puis dire sur ce sujet brûlant. »

Le COS après cette intéressante intervention de Franco Sparanero, souhaita revenir sur les symboles animaliers des saints : « Le Lion devenu symbole de l’Évangéliste saint Marc, nous semble évoquer le Lion de Juda préfiguration du Messie. Quant à l’Aigle devenu symbole de l’Évangéliste Jean, l’Aigle de Patmos, il nous semble dans la perspective messianique du Lion, évoquer l’Aigle d’Édom ou Aigle de Rome, figure du Quatrième Royaume de la tradition hébraïque, royaume qui devrai faire place au Royaume du Christ-Roi ou Messie des Juifs. Notez, dit-il en s’adressant à Franco, que vous deviez prendre connaissance du contenu de l’enveloppe au lendemain de la fête du Christ-Roi !

« Il y a quelques minutes, Monsieur Rollat, vous attiriez notre attention sur les nombres 23, 24 et 25 – nombres qui rappelons-le, sont dans la section calendaire qui nous intéresse, disposés dans l’ordre suivant : 23, 25 et 24. En fait, notre réflexion porta dans un premier temps sur leur somme totale de 72. Ce nombre, multiple de 12, est considéré, ainsi que le rappelle le Kabbaliste Virya dans son livre LES 72 PUISSANCES DE LA KABBALE, comme l’un des nombres les plus mystérieux de la Kabbale hébraïque car il fait directement référence au Shem haMeforash (Nom Explicite), au temps hébreu et aux cycles. J’insiste sur ce mot, car oui, cette prophétie, nous pouvons aujourd’hui le penser, est liée aux cycles. Cet auteur ajoute : ‘’Par la connaissance de son secret : Moïse a ouvert la Mer Rouge’’. Ce mystère est contenu, suivant les Kabbalistes, dans les versets 19, 20, 21, du chapitre 14 du Livre de l’Exode, racontant l’ouverture de la Mer Rouge ou plus spécifiquement, suivant le texte biblique hébreu, de la Mer des Joncs, zone marécageuse toujours discutée quant à sa localisation. Les trois versets de ce chapitre se composent chacun de 72 lettres dans le texte hébreu. Une organisation précise de ces 72 lettres permet d’obtenir 72 noms de 3 lettres, connus comme les 72 Noms mystiques. Les Kabbalistes Chrétiens de la Renaissance ont ajouté à ces noms une terminaison en Yah ou en El : ‘’Dieu’’. Les 72 Noms mystiques devinrent ainsi, à tort, 72 anges.

« Pour obtenir les 72 noms, ainsi que le décrit Virya : ‘’il suffit d’écrire le premier verset (19), en hébreu sur une ligne, normalement de droite à gauche. Le second verset (20) doit être écrit à l’envers de gauche à droite, sur une ligne en dessous et le troisième (21), tel qu’il doit l’être, sur une troisième ligne, de droite à gauche. Cette manière d’écrire s’appelle en français un boustrophédon. Il suffit de lire verticalement de droite à gauche pour voir apparaître les 72 Noms.’’

« Virya poursuit : ‘’Pour obtenir les 72 Noms, il faut observer le mouvement décrit par le premier verset, qui parle de l’Ange d’Elohim qui va de l’avant vers l’arrière, puis de la nuée qui vient devant et repart derrière.’’ Soit : ‘’L’Ange d’Elohim partit de devant le camp d’Israël et se déplaça derrière eux, et la colonne de nuée vint devant eux, puis se tint derrière eux.’’

« Ce nombre 72 et plus précisément les nombres 23, 25 et 24 permettant d’y accéder dans l’almanach, présentent, au-delà d’une simple lecture calendaire, un algorithme incorrect, car ces trois nombres se terminent en produisant une mauvaise sortie. Bien qu’un tableau ne soit pas nécessaire pour établir un algorithme correct avec ces trois nombres, nous effectuons, ne serait-ce que mentalement, un tri bulles ou tri à bulles boustrophédon. Ce tri bidirectionnel, change de direction à chaque passe. Lors du premier parcours, on se déplace du début du tableau vers la fin. Puis du second parcours on part de la fin du tableau pour arriver au début. Au troisième parcours on part du début et ainsi de suite, suivant la suite de nombres incorrects présentée. Les plus grands éléments vont migrer vers la fin de la série.

« Les Kabbalistes juifs écrivent les 72 Noms mystiques en boustrophédon sur trois lignes dans le sens des flèches vertes que vous voyez ici. Il convient de se souvenir que l’hébreu s’écrit de la droite vers la gauche. L’algorithme 23, 25, 24, égal à 72, va s’écrire quant à lui, pour retrouver son aspect correct, sur deux lignes dans le sens des flèches bleues – tout au moins pour les nombres 24 et 25. Nous obtenons le tableau suivant dans lequel le nombre 24 aura retrouvé sa place :  

 

Le tableau

 

« Le nombre 24 apparaît assurément, dans ce trio numérique, comme le nombre pivot. Présenté ainsi, il est certain que ce trio numérique pourrait passer inaperçu, mais nous avons des raisons de penser, à la lumière du nombre 72, et du nombre 26 présent dans le nombre de lignes du texte Une Prophétie pour 1943 ? que nous pénétrons ici dans une opération de Haute Kabbale que seul un Kabbaliste pourra nous expliciter.

« Nous pensons par ailleurs que les événements de l’année 1943 pourraient avoir quelque répercussion dans l’avenir. Il y a un an, Monsieur Patrick Berlier fut envoyé en mission en 2160. C’est loin… et pourtant si près ! En cette année future la France notre bel Hexagone, n’est plus qu’une constellation d’archipels marqués par nos actuels reliefs montagneux. La Mer Forézienne que sillonna – ou sillonnera – notre ami, recouvrira suivant ce que ses cousins du XXIIe siècle lui ont appris, une partie de notre France, en 2095. Cette 95e année du XXIe siècle, par son nombre pascal sur lequel je reviens rapidement, n’est pas étrangère à la Prophétie pour 1943 ? Durant l’année 1943 – mauvais présage ! – le jour de Pâques tombe le 25 avril ! Les calculs démontrent que le jour de Pâques est tombé ou tombera huit fois un 25 avril depuis l’inauguration du calendrier grégorien en 1582 jusqu’en 2326 : 

1666 – *1743 – 1886 – 1943 – 2038 – 2190 – 2258 – 2326

*Certains Computs Ecclésiastiques évoquent non pas l’année 1743 mais l’année 1734 !?

« L’auteur de la prophétie tentait néanmoins – mais le croyait-il lui-même ? – à rassurer les paroissiens pour l’année 1943 au vu du nombre de fois où la fête de Pâques était tombée au plus tard le 25 avril.

« Je note avec perplexité les 95 années séparant l’année 1943 de l’année 2038. Faut-il s’en inquiéter ? Nous retrouvons ce cycle de 95 ans beaucoup plus souvent dans le calendrier grégorien lorsque que Pâques tombe à une date autre que le 25 avril et il ne convient pas de s’y attarder. Cette date ultime de la fête pascale dans l’année, a été pareillement observée dans le calendrier julien, ce à nombreuses reprises, ce qui se justifie par une période beaucoup plus étendue que celle du calendrier grégorien.

« Concernant les cycles de 95 ans, bien qu’ils relèvent aujourd’hui plus de l’Histoire, ils conservent de manière infraliminale, la mémoire d’une variante locale, le Comput pascal de 95 ans, qui dans l’ancienne Gaule, se perpétua quelques huit siècles durant jusqu’au XIIe siècle, ainsi que le démontre la table pascale perpétuelle gravée sur le mur sud du chœur de l’église Saint-Étienne-de-la-Cité, ancienne cathédrale de Périgueux. Cette variante locale, trouve une confirmation dans cette autre table de Pâques similaire, la pierre du calendrier de Ravenne estimée s’appliquer aux années 1501 à 1595.

http://www.ilya.it/chrono/enpages/Perigueux.html

 

Table pascale perpétuelle – église Saint-Étienne-de-la-Cité – Périgueux

https://monumentum.fr/eglise-saint-etienne-de-la-cite-pa00082729.html

 

« Il vous appartiendra à présent de confirmer ou d’infirmer durant votre mission, les hypothèses que nous avons pu avancer. Vous prendrez demain matin le TGV Lyon / Nantes de 7 h 34, arrivée prévue 5 h et 20 min plus tard à 12 h 54. Ces quelques cinq heures de train vous donneront tout loisir – bien que le mot ne soit peut-être pas très approprié – de consulter quelques documents qui vous permettront de mener à bien votre mission et de faire plus ample connaissance.

« Vous serez attendu à Nantes par l’un de nos membres. Il vous conduira à Saint-Sébastien-sur-Loire jusque dans l’île Pinette, qualifiée aujourd’hui avec ses voisines, Héron et Forget, comme le ‘’poumon vert de l’agglomération nantaise’’. L’heure ne sera pas à la promenade à pied ou à cheval, pas plus qu’à la pratique du golf, des activités qui font sa renommée. Notre agent vous conduira en un coin de l’île ignoré de tous – une porte invisible, un vortex – l’arbre aux trois canards.

« Franco Sparanero adepte du footing, connaît bien les Trois Îles de Saint-Sé, aussi me disait-il hier encore, lorsque nous évoquions cet aspect de votre mission, que ce type d’arbre couché apparaissait plus sûrement le long de l’Erdre affluent nantais de la Loire. Les canards, par deux ou par trois, aiment semble-t-il arpenter de leur marche dandinante le tronc couché de ces arbres.

« Mais n’en doutez pas cet arbre existe bel et bien, même si les promeneurs quotidiens n’en connaissent aucunement son existence. C’est à l’arbre aux trois canards que vous rencontrerez un personnage ô combien mystérieux mais bien réel. Il s’agit du légendaire, bien que méconnu Il Gatto Nero, en italien : Le Chat Noir… Si la Résistance, durant la Seconde Guerre Mondiale, s’est rapidement mise en place dans la cité de Nantes, c’est en grande partie principalement parce qu’au-dessus des différents groupes de résistants nantais, se trouvait ce Super Résistant. Ici à Lyon, légende urbaine pour certains, réalité pour *Jacques Bergier ancien résistant Lyonnais, perdure le souvenir dans les années 1943 / 1944 (peut-être même avant) du Cavalier Blanc, un être capable d’ouvrir et de fermer, tel Il Gatto Nero, quelques portes induites menant vers hier… ou vers demain.

*Cet ancien résistant Lyonnais, évoqua ce mystérieux personnage dans son livre Visa pour une autre terre. Il s’arrêta également sur ce thème en 1962 pour la RTBF dans un entretien placé tel un OVNI, dans le documentaire : La littérature fantastique. Cet ingénieur chimiste, aux multiples casquettes, affirma qu’en août 1943, la Gestapo qui réussit à localiser ce Super Résistant, investit la demeure de la banlieue lyonnaise où le Cavalier Blanc attendait onze personnages tout aussi mystérieux… Prévenus, ces onze personnages ne vinrent pas au rendez-vous secret. Les membres de la Gestapo pénétrèrent dans la maison, mais ne purent découvrir le Cavalier Blanc qu’ils y avaient pourtant vu s’y introduire. Aucun souterrain, aucune porte dérobée ne fut découvert. Le Cavalier Blanc put ainsi continuer sa haute mission de résistance. 

https://www.sonuma.be/archive/hors-texte-du-03011962

Thierry ne disait mot mais voici qu’inexorablement une chaleur montait lui ! Le bureau du COS était certes, bien chauffé, mais cette chaleur, le Pélussinois le savait, traduisait l’inquiétude qui l’empoignait. Il imaginait déjà le pire… le COS l’envoyait lui et Franco Sparanero dans une cité de Nantes occupée par des Nazis ! Aussi se décida-t-il à prendre la parole :

« Monsieur le Commandant des Opérations Spéciales, je vous écoute depuis déjà plusieurs minutes, et j’ai des doutes sur mes capacités à mener à bien cette mission… même assisté de Franco Sparanero. Je n’ai guère envie de perdre ma vie en 1941 dans un monde occupé par les Nazis. Qui sait, je pourrais même me retrouver dans un camp de concentration… Non je ne peux et ne veux y aller !

« Monsieur Rollat, reprit le COS, je comprends tout à fait votre réaction. Elle m’apparaît totalement justifiée. Mais je puis vous l’assurer, il ne peut rien vous arriver, mieux… il ne vous arrivera rien ! Comment puis-je l’affirmer ? Il y a deux raisons à cela. La première est que vous serez sous l’entière protection d’Il Gatto Nero. Nous possédons dans nos archives secrètes, un document – je devrais dire un certificat – rédigé par Il Gatto Nero en personne ; certificat dans lequel il affirme que les Gentiluomini (Messieurs ou Gentleman, en italien) Franco Sparanero et Thierry Rollat, ont rempli leur mission avant de repasser par l’Arbre aux trois canards. Lisez vous-même ce manuscrit que je vous certifie authentique ! et qui ne pourra que vous rassurer.

 

Le certificat rédigé par Il Gatto Nero

 

« Alors Monsieur Rollat quel est à présent votre sentiment ?

– Mon sentiment – si bien sûr vous me dites l’exacte vérité – est que ce document me rassure et me donne à penser que je puis effectuer aux côtés de Monsieur Franco Sparanero, cette mission. Mais vous avez évoqué deux raisons pouvant me rassurer totalement…

– Effectivement, la seconde est le petit courrier co-signé par l’évêque de Nantes Monseigneur Villepelet et par Il Gatto Nero ; courrier que Monsieur Sparanero vous montrera. Dans ce courrier il est indiqué que vous êtes venu l’un et l’autre à Nantes le 23 décembre 1941 et êtes repartis sains et saufs, au matin du 25 décembre. Vous voilà totalement rassuré… C’est important. Pouvez- vous me donnez à présent, Monsieur Rollat votre sentiment sur le certificat rédigé par Il Gatto Nero.

Il Gatto Nero, me paraît avoir rédigé ce document en qualité de membre de la Société Angélique. La masse d’arme ou Étoile du Matin, ainsi que les petits anges me le confirment. Je note également que le document, tout comme la page de l’almanach, est marqué du nombre 3, ainsi que d’un énigmatique Oméga 3. Là apparaît en fait la différence avec la page de l’almanach sur laquelle apparaît un 3 couché ou Oméga mais aucunement l’association de cette lettre grecque et de ce nombre 3. Ceci implique je pense que nous sommes bien allés – ou irons bien – à Nantes en l’année 1941. Cet Oméga 3 pourrait causer quelque problème en ce sens qu’Il Gatto Nero ne pouvait à cette époque connaître ce symbole. S’il l’a reproduit sur le document, ça ne peut être que parce qu’effectivement en 1941 nous avons évoqué – ou évoquerons – ce symbole et sa signification. Mais cet Oméga 3 ne peut y apparaître que dans un aspect prophétique, que seuls des hommes du XXIe siècle pourront pénétrer.

– Votre réflexion, reprit le COS, me convient parfaitement. Il me semble effectivement que la Prophétie comporte une entrée vers ces acides gras Oméga 3 que l’on retrouve dans les poissons gras vivant en eaux froides, tels l’anchois, le hareng, le maquereau, la sardine et les salmonidés tels le saumon et la truite, ainsi que dans les graines de chia, de lin, la noix, le colza ou le soja. Bien qu’on ne commence à les étudier pleinement que dans les années 1970 sous le nom de vitamine F, leur découverte en 1929 est due à George Burr et à sa femme Mildred, nutritionnistes de l’université de Minnesota. Mais ce n’est que dans les années 1940, que Georges Burr associé à Ralph Holman parvint à mesurer individuellement un acide gras dans un mélange.

« Des études, indépendantes vont démontrer dans les années 1971 / 1980 que les Esquimaux du Groenland, ou les Japonais de l’archipel d’Okinawa, de par leur forte consommation de poisson (400 g par jour en moyenne) ou de viande de mammifères marins, détiennent collectivement le record absolu de longévité de la planète. Les centenaires y sont 4 fois plus nombreux qu’en Occident, plus nombreux même à Okinawa que dans le reste du Japon.

https://www.lanutrition.fr/bien-dans-sa-sante/les-complements-alimentaires/les-principaux-complements-alimentaires/les-complements-correcteurs-de-l-alimentation/les-omega-3/petite-histoire-des-omega-3

« L’Oméga 3 ne serait rien de moins que le secret de la vie ! Lisez sur le sujet, si le cœur vous en dit, à votre retour de mission, l’intrigant livre de science-fiction ou de science et fiction Omega 3 du cardiologue et nutritionniste Frédéric Saldmann (Éditions Ramsay 1995). L’auteur écrit, non sans humour, ‘’Si Ève avait tendu un poisson au lieu d’une pomme au père Adam […] tout aurait été différent.’’ Plus loin il ajoute : ‘’En un mot, les Oméga-3, c’est la molécule première. L’alpha et l’oméga de la structure de nos membranes biologiques. L’origine même de la vie’’.

« Cette fascinante molécule, ‘’Cadeau du vieil océan et de Neptune’’ que l’auteur n’hésite pas à associer au partage eucharistique du pain et du vin, cette fascinante molécule apparaît même aux origines du Christianisme : Les premiers disciples… les deux pêches miraculeuses de Pierre le pêcheur d’hommes… les 153 poissons. Les évêques, ministres du porteur de l’Anneau du Pêcheur, seront coiffés de la mitre dont la forme rappelle la tête d’un poisson.

« Pour certains scientifiques, l’éradication de la Covid-19 passe par les Oméga 3 ! Le 14 octobre 2020, le journaliste de Ouest-France, Antoine Victot, dans un article titré Contre le Covid-19, le rôle des Oméga 3 au cœur d’une étude du CHU de Rennes, évoquait pour 2021 le commencement des travaux du Pr. Ronan Thibault, chef de l’unité de nutrition au CHU de Rennes, visant à évaluer le rôle préventif des Oméga 3. Cette étude ‘’doit montrer l’impact des Omega 3 sur le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), la pathologie la plus grave engendrée par le Covid-19.’

https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/une-etude-pour-mesurer-les-effets-des-omega-3-contre-le-covid-19-7014310

« Il faut lire également, l’article ‘’Pour la santé de la Terre, des animaux et des hommes’’ Alimentation : quelle importance face au covid-19 ? Dans cet article, nous trouvons un condensé de la première partie du symposium ONE HEALTH 2021 qui s’est déroulé le 8 juin avec un panel d’intervenants à la fois passionnants et passionnés parmi lesquels l’on retrouve le Pr. Ronan Thibault ainsi que le Pr. Philip Calder, professeur de médecine et d’immunologie à l’Université de Southampton.

« ‘’D’après Philip Calder, la nutrition devrait bien être au cœur des discussions quand on parle d’immunité. En cas d’agression (infection virale ou autre), les besoins du corps sont augmentés en énergie pour faire fonctionner le système immunitaire, en protéines pour fabriquer des anticorps ainsi qu’en éléments médiateurs de l’inflammation tels que les oméga 3. L’importance d’avoir un système immunitaire bien actif par les temps qui courent est à souligner comme en témoigne une étude parue dans Lancet qui a montré que les patients COVID-19 avec les symptômes associés les plus sévères ont une immunité plus faible (moins de marqueurs dans le sang) et une inflammation excessive.

https://bleu-blanc-coeur.org/actualites/pour-la-sante-de-la-terre-des-animaux-et-des-hommes/alimentation-quelle-importance-face-au-covid-19/ 

« J’insiste sur le sujet car d’après l’équipe de la Société Angélique qui a travaillé sur la Prophétie de l’Almanach, Covid-19 et Oméga 3 y sont bien présents. Dans la première partie de la page de l’almanach numérotée par un Oméga, nous découvrons une partie du texte entourée de violet : ‘nuit du 20 au 21’’. Avant de prendre la décision ultime qui consiste à vous envoyer à Nantes en 1941, il fallait que nous trouvions dans le texte de cette page une preuve irréfutable qu’il nous était bien destiné. Les deux textes ont été lus, relus, mais nous ne trouvions rien ! Pourquoi l’évêque avait-il entouré de violet cette partie du texte ? Et voici que l’un des membres de l’équipe eut la révélation. C’était évident ! Les nombres 20 et 21, au-delà de la fête pascale, pouvaient tout à la fois évoquer les années 2020 et 2021 mais aussi et surtout l’année 2021 ! Il restait le mot ‘’nuit’’, comment devions-nous l’interpréter ? Un autre membre de l’équipe eut l’idée de chercher sur le Net une connexion possible entre la Nuit et la Covid-19 et… miracle : Il a trouvé ! La réponse peut se trouver sur le site de France Culture dans un article de Frédéric Martel daté du 21 avril 2021 et titré Après le Covid, le retour des années folles ?

« Au lendemain de la Première Guerre mondiale, voici que s’ouvraient dix années d’insouciance que l’on appellera plus tard, en France, les années folles. L’auteur de l’article écrit au sujet de ces années : ‘’Elles font suite à l’un des conflits les plus meurtriers de l’histoire et précèdent la ‘’grande dépression’’ qui allait engendrer la montée du nazisme puis la Seconde Guerre mondiale. On ne peut donc guère se réjouir, ou prendre en exemple les ‘’années folles’’. Ces années folles sont loin de l’avoir été pour tout le monde ! Les années folles des années 20, c’est le charleston, le jazz, Joséphine Baker, Mistinguett, Maurice Chevalier, autrement-dit, ce que l’on appellera le monde de la Nuit

« S’appuyant sur les réflexions de sociologues, l’auteur de cet article, écrit : ‘’Les années 2020 et le retour des jours heureux ? Peut-on envisager que les années 2020, post-Covid, deviennent, à leur tour, des années folles ? Un siècle après, l’histoire peut-elle se répéter ? La fin de la pandémie sera-t-elle marquée par une libération sexuelle, une période festive et une nouvelle ruée vers l’art ?’’ Diverses hypothèses concernant le retour à la vie normale sont avancées. Le monde de la nuit qui a ses rois et ses reines, réfléchit à un après Covid. Il va falloir vivre la Nuit autrement… Plus d’endroits, moins de monde dans chaque endroit… ‘’Renouer avec la nuit sous les étoiles, les clubs de plein air, les clubs à l’extérieur. Réinventons le Drive-in en 2021 !’’

https://www.franceculture.fr/societe/apres-le-covid-le-retour-des-annees-folles

« Le retour des années folles serait-il la solution miracle pour se sortir de cette guerre que nous annonçait le Président Macron ? J’aurais du mal à l’affirmer, mais la notion de Nuit ne me paraît pas saugrenue. Nous sommes rentrés dans la Nuit, la Nuit 2021, et n’en sortirons que difficilement j’en ai bien peur.

« Messieurs, l’heure est venue de nous séparer. La mission que vous allez effectuer a pour nom : Opération Nuit 2021. Voici les documents que vous devrez consulter dans le TGV qui vous mènera à Nantes. N’oubliez pas avant d’arriver à Nantes de vous restaurer dans le wagon-restaurant. Bonne chance à tous les deux et que votre Nuit soit bonne ! Le COS avait un humour plutôt noir !

 

TGV Lyon / Nantes : 23 décembre 2021

Les quelques 5 h 20 de trajet séparant Lyon, la capitale des Gaules, de Nantes, la Galilée de l’Atlantique, passèrent bien rapidement pour les deux nouveaux amis. Car oui, il n’est pas excessif d’affirmer que ces deux hommes qui ne se connaissaient que peu, voire pas du tout, devinrent selon l’expression consacrée : amis pour la vie ! Thierry raconta sa vie dans ses montagnes du Pilat, sa volonté de mettre en valeur l’histoire mystérieuse de ses montagnes, au travers des Regards du Pilat. Il évoqua aussi ses amitiés : Patrick Berlier ou bien encore Éric Charpentier. Il s’arrêta aussi, non sans inquiétude – la tâche était assez lourde – sur sa volonté de sortir du long sommeil dans lequel elle s’était enfoncée, la Confrérie de Sainte-Catherine et de Saint-Nicolas.

Franco Sparanero raconta ses origines. En 1936, Vincenzo son grand-père fuit sa cité bien aimée de San Severo dans la province de Froggia dans les Pouilles. Benito Mussolini, le fondateur du fascisme, venait de se rapprocher du régime Nazi d’Adolf Hitler avec qui il établira en 1939 le .pacte d'acier L’aïeul de Franco quitta avec femme et enfants l’Italie pour la France et c’est ainsi qu’un beau matin il fit son entrée dans la cité de Nantes. Sa bonne connaissance du français et l’appui de quelques amis Nantais, lui permirent de vivre dignement dans la cité bretonne.

« Mes 41 ans, poursuivit Franco, ne m’ont pas permis de connaître mon grand-père. Curieusement mon propre père est resté très avare de renseignements sur la vie nantaise de de mon grand-père qui regagna peu après la guerre sa cité bien aimée de San Severo où il finit ses jours en 1970, non sans avoir effectué quelques réguliers mais curieux voyages ou pèlerinages, à Nantes… »

Rapidement le vouvoiement fit place au tutoiement. La discrétion était de mise chez Thierry mais il sentait que les révélations de Franco sur son grand-père cachaient un véritable mystère, un mystère comme il les aimait. Aussi sa curiosité s’intensifia, et c’est ainsi qu’il ne put résister à ce désir soudain de questionner Franco :

« Il y a tout de même une chose que je ne comprends pas. Tu me dis que ton grand-père est retourné au pays. Alors pourquoi, toi, son petit-fils, vis-tu à Nantes ? »

– Pourquoi je vis à Nantes ? Eh bien, tout simplement parce que mon père, Nino qui est né à Nantes en 1938, avait gardé une certaine nostalgie pour cette ville, et sans doute – sûrement même – quelques relations… Mais je ne puis te renseigner plus sur le sujet car il me faut encore taire certains aspects de la vie de mon père et de mon grand-père… »

Thierry qui ne laissa pas à Franco le loisir de poursuivre sa phrase, ajouta :

« De ton père et de ton grand-père, mais aussi, me semble-t-il, de toi-même ! Je n’insisterai donc pas sur ces secrets de famille, mais je souhaiterais comprendre pourquoi lorsque je t’ai rencontré dans le bureau du COS il m’a semblé que ton visage ne m’était pas inconnu, bien que nous ne nous connaissions pas absolument auparavant…

– Je vais te dire pourquoi mon visage ne te semble pas inconnu. Tout d’abord es-tu un cinéphile ?... Oui… eh bien sache que je suis apparenté par mon grand-père, à l’acteur italien Franco Nero. Ce nom te dit-il quelque chose ?

– Oui et non, en fait je pense connaître mieux le cinéma américain que le cinéma italien mais tu vas sûrement m’éclairer sur le sujet ?

– Je vais tout au moins essayer. L’acteur Franco Nero, dont voici la photo, de son vrai nom Francesco Sparanero, est né à Parme en 1941, précisément le 23 novembre. Autrement-dit, le 23 décembre 1941, date de notre mission, mon cousin a tout juste un mois… Franco, ainsi qu’il est surnommé dans la famille et par ses amis, est marié à l’actrice britannique Vanessa Redgrave. Franco est le beau gosse de la famille, homme à femmes c’est certain. Sa fidélité conjugale n’a assurément pas été sa vertu première ! Toujours est-il, le jeune acteur de théâtre qu’il était ne pouvait qu’intéresser Cinecittà, le Hollywood italien. Cantonné depuis l’année 1962 aux seconds rôles, il est contacté en 1965 par Sergio Corbucci qui lui propose d’interpréter le rôle-titre de son film Django. Le film faillit ne jamais se faire. Le tournage débutera tout de même en décembre 65. Le scénario est écrit au jour le jour. Le financement n’est pas à la hauteur de ce qui était prévu. Les capitaux espagnols attendus tardent à arriver et pour corser le tout, il pleut tous les jours. Le village de western où est sensé se dérouler l’histoire, devient très rapidement un terrain de boue. Il faudra braver les éléments et tourner ce film improbable.

« La scène générique durant laquelle Django, cavalier sans cheval, la selle dans le dos, traîne son cercueil contenant – les spectateurs ne le découvriront que plus tard dans le film – une mitrailleuse, eh bien cette scène ne pourra être tournée que lorsque la pluie aura cessé. Ce film aurait pu rejoindre la liste énorme des westerns spaghettis, navets parmi les navets, et pourtant le succès fut mondial. La présence de mon cousin à l’écran y est assurément pour beaucoup. Le metteur en scène Américain John Huston se rend sur le tournage de Django. Il pressent chez Franco Nero un acteur de talent. Il faut dire que c’est ce metteur en scène qui avait fait connaître mondialement mon cousin en lui offrant le rôle d’Abel dans sa fresque cinématographique LA BIBLE qu’il tourna de mai à décembre 1964.

 

Photo du film Django

 

« Franco refusa dans un premier temps le rôle de Django. Il vouait un véritable amour au western américain, aussi ne se voyait-il pas tourner dans ces westerns européens que l’on commença à tourner en Allemagne, ou en Espagne dans le désert d’Alméria. Au final il accepta le rôle de ce flingueur violent traînant un mystérieux cercueil. Ce rôle le hissa au rang de star et de figure emblématique du western spaghetti. Hollywood lui ouvrit ses portes mais il préférait son Italie. En France, pour ce film il fut doublé par le talentueux Jacques Deschamps qui prêta également sa voix, à la même époque, à Clint Eastwood pour ses westerns italiens tournés par Sergio Léone, et à Robert Stack, l’emblématique interprète dans Les Incorruptibles de l’agent du FBI Eliott Ness. 

« Franco a raconté que Sergio Corbucci le metteur en scène de Django et Sergio Léone bien que rivaux étaient amis. Corbucci invita le metteur en scène du film Pour une poignée de dollars sur le tournage. Il souhaitait connaître l’avis de Léone sur l’acteur qu’il avait choisi. Léone lui dit ‘’Tu as fait un bon choix car cet acteur va être très bon. Je ne sais pas qui va l’emporter, entre Clint et lui, mais tu as fait le bon choix.’’ Clint et Franco, sans être amis, se sont rencontrés à Rome lorsqu’ils tournaient sur des westerns. Franco raconte que lorsqu’il tournait à Hollywood le film Camelot (il y jouait le rôle de Lancelot du Lac) dans lequel il rencontra Vanessa Redgrave, Clint Eastwood vint le voir sur le plateau et lui dit : *‘’Regarde, tu es italien, tu fais un gros film hollywoodien, et moi je fais des films en Italie ! Et je me souviens lui avoir dit : ‘’ne t’inquiète pas, un jour, je vais rentrer en Italie, et toi tu seras une grande star ici !’’ Et bizarrement j’ai refusé La Kermesse de l’Ouest, je suis rentré en Europe, et Clint Eastwood a fait le film à ma place.’’

*Bonus DVD WILD SIDE Vidéo – DJANGO (version intégrale) : entretien avec Franco Nero.

« La Kermesse de l’Ouest avec Lee Marvin, ne fut pas le premier film que Clint Eastwood tourna après ces quatre films italiens. Un acteur ne connaît pas systématiquement la carrière film par film d’un rival, mais il me plaît de savoir que mon cousin, bien qu’indirectement, ne soit pas étranger, à la grande carrière que fera Clint Eastwood à Hollywood.

« Mon cousin, pour en terminer avec lui, a tourné plus de deux cents films ou téléfilms avec des metteurs en scène tels Bunuel, Fassbinder ou Chabrol. Tarantino lui rendra hommage en lui offrant un rôle dans son film Django Unchained. Sa carrière américaine ne fut pour lui aucunement une fin en soi, même s’il tourna plusieurs films à Hollywood. Il donnera la réplique à William Holden, Antony Quinn, ou Bruce Willis dans la suite de Piège de cristal. Le grand Laurence Olivier qu’il considère encore comme son mentor, lui avait donné un conseil avisé qu’il suivit tout au long de sa carrière : ‘’Ne pas se contenter de jouer le beau héros aux yeux bleus et au physique avantageux mais de toujours prendre des risques en multipliant les genres, les rôles et les apparences physiques.’’

« Franco rappelle souvent avec humour qu’au Japon sur les affiches de ces films, apparaît le nom de Django, tout comme en Allemagne, dans tous ces films il s’appelle Django ! Ainsi qu’il le rappelle : ‘’J’ai fait un super film sur la mafia sicilienne et ils l’ont appelé Django dans la mafia !’’

« Dans cet excellent film titré La mafia fait la loi, il affronta l’impressionnant Lee J. Cobb en chef maffieux. L’acteur français Serge Reggiani et la sublime Claudia Cardinal complètent le casting.

 

Claudia Cardinale et Franco Nero

dans le film La Mafia fait la loi, sorti en 1968

 

Thierry Rollat ne voyait pas le temps passer. Bien qu’il ne connût pas précisément cet acteur Italien, il se rendait compte qu’il avait dû en effet, le voir, soit à la télé, soit au cinéma dans quelques films, et la mémoire visuelle avait fait le reste. Il avait reconnu dans l’image de Franco Sparanero celle de cet acteur, que pourtant il ne connaissait guère. Franco n’avait plus l’âge de l’acteur qui tournait Django pas plus qu’il n’avait l’âge de ce même acteur qui aujourd’hui arbore la barbe d’un homme avancé en âge et qui continue encore et toujours à œuvrer pour le 7e Art. 

Les deux nouveaux amis, avant d’aller se restaurer, devaient à présent se replonger quelque peu dans la mission qui les attendait.

Franco sortit d’un attaché-case noir, quelques documents. L’un d’eux de couleur bleu-nuit, style BD plutôt naïve (mais à deux jours de Noël, on pouvait tout se permettre… ou presque !) comportait un chat noir à l’ombre blanche – quoi de plus naturel ! – placé entre un curieux tableau représentant l’Arbre aux Trois Canard, et une Nuée blanche. Des lettres d’or annonçaient : Quand l’Ombra bianca d’Il Gatto Nero tu verras à l’Arbre des Trois Canards, La Nuée t’emportera.

 

Le document

 

Au dos du document il était écrit : « Thierry, lorsque Il Gatto Nero te dira ‘’D’où vient Il Gatto Nero ?’’ Tu répondras : ‘’De la Botte noircie par les Chemises Noires du Duce.’’

Thierry tout exalté par ce flot de révélations se sentit soudain comme transporté par ce nom venu d’Italie : Nero ! Nero ! Nero ! Des Nero, des Noirs à n’en plus finir ! Et soudain, du fond de la Nuit, du Noir, sembla jaillir la Lumière !

« Franco, j’y suis ! Nero, Nero ! Noir, c’est Noir... Il Gatto Nero n’est en rien ton cousin qui a choisi la vie d’acteur mais bien ton propre grand-père ! Celui qui est venu à Nantes en 1936 pour fuir les forces noires de Mussolini et surtout pour y accomplir une mission. Ton grand-père est le Super Résistant de cette cité bretonne, une version nantaise du Cavalier Blanc de Lyon.

– Bravo Thierry. Tu comprends maintenant pourquoi j’ai évoqué mon grand-père mais aussi Franco Nero. Je savais qu’en évoquant mon cousin, il te serait plus facile d’aborder ce que tu vas découvrir. Si tu savais comme il me tarde de rencontrer mon grand-père, la légende de la famille !

« À la gare nous serons accueillis par un membre de la Société Angélique nantaise. Son rôle sera de nous conduire à Saint-Sébastien-sur-Loire dans l’île Pinette près de la porte, l’Arbre aux Trois Canards. Nous laisserons la voiture à proximité de l’île, puis tels les habituels marcheurs des Trois Îles de Saint-Sé, nous chausserons nos chaussures de marche et porterons un sac à dos. Dans ce sac se trouverons les affaires que nous devrons porter durant notre mission pour ne pas attirer l’attention.

 

La Loire entre les îles de Saint-Sébastien (carte postale ancienne)

 

12 h 54, peut-être 55, faisons grâce de la minute à la SNCF, les deux amis se retrouvèrent sur le quai où les attendait le chauffeur. « Bonjour Messieurs, je suis le Chanoine Boisvert… eh oui Monsieur Sparanero, ce rendez-vous que vous souhaitiez ardemment, je vous le devais bien ! Et c’est ce jour à cette heure qu’il était prévu, sur un quai de gare… quoi de plus banal j’en conviens ! Suivez-moi jusqu’à la voiture je vous révélerai certaines choses ».

Des choses furent effectivement révélées… puis ce fut la petite marche dans l’île Pinette. Et voici que soudain, sans que Thierry ne comprenne comment, l’Arbre aux Trois Canards apparut. Thierry aurait juré que l’instant d’avant l’arbre n’était pas là ! Et pourtant… Silencieusement, les deux amis enfilèrent les vêtements années 40 à leur taille... Le chauffeur ou plus justement le Chanoine Boisvert leur souhaita bon courage et disparut... Soudain surgit une nuée d’une blancheur que nul foulon sur terre n’aurait pu blanchir ainsi !

Aussi soudainement, de l’Ombra bianca apparut Il Gatto Nero. Le Chat Noir à l’ombre blanche, était-là devant eux. Le sourire du chat éclairé par des yeux verts intenses, impressionnait les deux amis. L’espace d’un instant, Thierry se souvint d’un autre Chat pris La Main au Collet ... Mais ce souvenir s’estompa devant une voix venue d’Italie : ‘’D’où vient Il Gatto Nero ?’’ Et Thierry de répondre non sans appréhension – il ne devait rater son entrée : ‘’De la Botte noircie par les Chemises Noires du Duce.’’

« Bienvenue à toi le Pélussinois et Ciao mio piccolo Franco. Tu as pris quelques années mais c’est bien toi… Non effectivement, nous ne nous sommes jamais vus mais ton père m’a montré une photo de toi. Eh non, tu n’es pas le premier de la famille à me rendre visite depuis le futur. Il ne t’avait rien dit ? Que veux-tu, nos vies ne nous permettent pas de tout dire même à nos proches.

Soudain Il Gatto Nero et les deux amis furent enveloppés par la Blanche Nuée.

 

Saint-Sébastien-sur-Loire vu des îles

 

Nantes : 23 décembre 1941

Voici que l’Arbre aux Trois Canards réapparut aux yeux des trois personnages. Tel ils l’avaient quitté, tel ils le retrouvaient... L’heure n’était pas aux questions. De la Blanche Nuée émergèrent les trois personnages. L’île Pinette différait assurément de celle que Thierry et Franco venaient de parcourir à pied. Plus sauvage, plus marécageuse, plus pastorale et surtout plus sombre dans la nuit qui tombait. Il Gatto Nero demanda aux deux amis de le suivre dans le plus grand silence. Les Allemands patrouillaient souvent dans les îles à proximité du pont SNCF de la Vendée enjambant la Loire.

 

Le pont de la Vendée (carte postale ancienne)

 

Il Gatto Nero conduisit les deux amis au presbytère de Saint-Sébastien-sur-Loire. L’abbé Pineau, curé de la paroisse recevait en ce mardi 23 décembre 1941, deux confrères Nantais, l’abbé Louis Larose curé de Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus et l’abbé Joseph Robert curé de Saint-Nicolas ainsi que l’énigmatique Érudit de Pirmil : Henri Barbot.

Le heurtoir de la porte du presbytère venait de cogner la porte. L’abbé Pineau fit entrer ces hôtes de dernière heure dont l’étrange venue avait été annoncée par Monseigneur Villepelet. Troublé il l’était assurément comme l’étaient ses amis qui se réchauffaient à proximité du feu de bois crépitant dans la cheminée. Après les présentations faites devant un bon café, les deux amis venus du futur, les trois ecclésiastiques et l’Érudit de Pirmil se placèrent comme un seul homme derrière Il Gatto Nero. Le Super Résistant de Nantes, dirigea la troupe, ainsi qu’il en informa Thierry et Franco, vers le Port de la Chaise dit aussi Portechaire, port oublié d’un possible évêque de Poitiers, de Nantes ou de Rezé, cité voisine dont l’Histoire évoque la présence d’un obscur mais bien réel primat gallo-romain.

 

Carte de Cassini – Saint-Sébastien : l’Ile Pinette et le Port de la Chaise

 

Arrivée au Port de la Chaire, la petite troupe pénétra en toute discrétion dans une habitation dont la cave donnait accès au Souterrain mystérieux des vieilles chroniques. Le Super Résistant apprit aux deux voyageurs venus du futur, qu’une tradition bien établie, confirmée par l’abbé Pineau, veut qu’un enfant sébastiénnais, il y a quelques décennies, jouant sur les bords de la Loire ou à proximité, fit une chute aux conséquences si mystérieuses (?) que… nul ne s’en souvient aujourd’hui ! Au fond du trou, suivant les érudits locaux, le jeune garçon découvrit une vieille grille millénaire ouvrant sur un souterrain de petit diamètre. Les portes évoquées dans de vieilles légendes locales, et découvertes par l’enfant, se seraient ouvertes. Il s’agirait du Souterrain mystérieux, qui ‘’aurait relié le château des Ducs de Bretagne et la cathédrale de Nantes à Saint-Sébastien-sur-Loire.’’

Certains membres de la troupe avançaient non sans appréhension dans le souterrain assez étroit creusé en des temps oubliés sous le lit de la Loire. Un soulagement les envahit lorsque apparurent soudain des grilles de fer donnant accès à un escalier qui les conduisit à un endroit secret de la cathédrale. Une bifurcation devait exister une centaine de mètres avant les grilles mais aucun ne la remarqua. Il apparaît que la Résistance avait condamné l’entrée et la sortie de cette bifurcation menant au château, pensons-nous à la demande de l’évêque. Nul doute que les Allemands l’auraient très vite découverte et les conséquences auraient été désastreuses pour la Résistance comme pour l’Évêché…

Au sommet de l’escalier, Il Gatto Nero, suivant une méthode bien rodée, toqua de façon précise contre la lourde porte de chêne. Une main encore inconnue tourna dans la serrure une lourde clé et la porte s’ouvrit faisant place à un long couloir. Monseigneur Jean-Joseph Villepelet accueillit en personne la petite troupe qu’il conduisit dans une pièce secrète où il savait ne pas être dérangé. Une collation les attendait. L’heure n’était pas aux agapes mais l’évêque savait que la journée avait été chargée en émotions pour chacun de ses hôtes aussi avait-il tenu à ce que soit servi un repas qui apaiserait les corps et les esprits : une soupe aux choux, de la charcuterie et du fromage. Le tout agrémenté d’un petit vin que l’évêque faisait venir, avant-guerre, de son Berry natal :

« Ce petit vin mes Cher Amis, vous revigorera. Gouttez sans en abuser, de ce nectar du Berry : un rouge de Reuilly… un vin tranquille, né d’un cépage unique, le Pinot Noir. 

« Vous le savez, je suis né à Saint-Amand-Montrond et j’y finirai sûrement mes jours. Mon sacerdoce me conduisit à Bourges, une cité qui m’a adopté et que j’ai adoptée. Mais aujourd’hui, je puis vous l’avouer, Nantes m’a pareillement adopté comme je l’ai moi-même pareillement adoptée. Mes profondes racines sont Bituriges, telle est l’une des raisons pour laquelle j’ai blasonné cette ascendance dans mes armoiries épiscopales ».

Joignant le geste à la parole, l’évêque montra ses armoiries ornant l’un des murs de la pièce secrète où ils se trouvaient.

 

Blason de Mgr Villepelet

Devise : Duc nos quo tendimus ad lucem quam inhabitas - Entraînez-nous vers la lumière

 

« Summa imperii penes bituriges : Le pouvoir suprême appartient aux Bitturiges. Telle était la fière devise de Bourges, phrase hermétique que l’on doit à Tite Live. L’écartelé de Bretagne et de Bourges renouvelle et prolonge au travers de mon épiscopat, après bien des siècles, l’hermétique présence sur le Siège Épiscopal de Nantes des Nonnechius, évêques ou comtes-évêques Bituriges dont le plus beau fleuron fut saint Félix. La Lumière Delphique ramenée par les Bituriges s’unit à la Lumière Bretonne dite aussi Nantaise, symbolisée par les hermines…

« Nous voici à présents rassasiés, l’heure est venue pour nous d’évoquer les raisons pour lesquelles nous sommes ici réunis ce soir. Certains d’entre vous le savent, j’ai été convoqué hier à la Kommandantur par le Kapitan Korvetten Pussbach, le maître de l’Abwehr nantaise. Nous savions que L’ALMANACH DE SAINTE-THÉRESSE DE L’ENFANT JÉSUS pour l’année 1942 passerait entre ses mains et qu’il lirait notre chronique Une Prophétie pour 1943 ?. Aussi ne sommes-nous pas surpris d’apprendre qu’il est persuadé que ce texte est crypté. Bien sûr je ne lui ai rien révélé. Ses cryptanalyses cherchent encore et chercheront assurément longtemps encore car il n’y a pas de clef même si ce texte cache assurément un message, ce n’est pas à vous que je l’apprendrai.

« Votre présence, ici-même, Messieurs Rollat et Sparanero démontre que ce texte a été compris et pris au sérieux à votre époque. Nous l’avons conçu sous la houlette de notre ami Henri Barbot ici présent. Il a d’ailleurs glissé son nom dans ce texte. Le mieux je pense, serait que notre ami raconte l’origine de cette chronique.

– Merci votre Excellence. Donc oui, j’ai signé mais de façon cachée cette chronique que nous avons d’ailleurs conçue tous ensemble. Mon nom – bien que je n’en aie pas respecté l’orthographe et c’est mieux ainsi – y apparaît en fait sous forme de métathèse au pluriel, avec le mot ‘’bobards’’ :

 

Extrait de l'Almanach

 

« La méthode est connue depuis le Moyen Âge. Béroul l’utilise dans Le Roman de Tristan et Iseut en transformant le prénom de Tristan en Tantris ; il s’agit en effet d’inverser les syllabes. En vogue aux XVIe et XVIIe siècle, puis chez les truands, il apparaît de plus en plus utilisé en ces temps difficiles, notamment par la Résistance depuis le début de cette terrible guerre.  Le ‘’Bobard’’ ou ‘’Barbot’’ que je suis ne court pas les rues – il y a Barbot et Barbot – pas plus que les marchés… ici la référence est subtile et touche à un autre Barbot… enfin non je ne cours pas ou plutôt ne cours plus les salons, ainsi que j’ai pu le faire lorsque j’habitais Paris. L’édition de mon roman d’anticipation : Paris en Feu ! (Ignis Ardens), juste avant que n’éclate la Première Guerre Mondiale, ne m’a pas valu que des amis et c’est ainsi que j’ai dû me replier sur Nantes. J’évoquais dans ce livre l’approche d’une flotte de zeppelins allemands prêts à bombarder Paris. J’avais écrit une suite : L'épée foudroyante, La revanche de Paris. Elle devait sortir en octobre 1914 mais elle se trouve encore dans mes tiroirs…

 

La Prophétie…  Paris en Feu ! de Henri BARBOT – 1914

 

« Je ne regrette pas ma vie nantaise, au-delà de ma vie privée, j’y ai trouvé de vrais amis, des hommes qui ont su comprendre mon chemin ; un chemin que j’arpentais depuis des années depuis Paris avec mon ami Léon Bloy. Ce chrétien mystique influencé par son ami Barbey d’Aurevilly, vouait une admiration à Notre-Dame de la Salette. Il travailla sur ce que l’on nomme le Premier Secret de la Salette. Il publia sur le sujet un livre majeur : Celle qui pleure (Notre-Dame de la Salette), moi-même j’écrivis sur ce thème La Vraie Lumière sur l’avenir (Prophéties de la Salette). En 1930, paraît mon livre NANTES EN FLANANT. Mon ami Paul Ladmirault, ce grand musicien natif de Nantes, totalement imprégné par l’imaginaire celtique, me fait l’honneur d’une belle préface dans lequel il n’hésite pas à citer mes livres en n’oubliant pas mon Saint-Front, consacré précisément à Léon Bloy que je surnommais ainsi avec quelques amis. Toutes les illustrations de ce livre consacré à Nantes sont signées par mon ami Rylem dont je dois taire encore la véritable identité.

« Mes détracteurs m’ont qualifié de prophète, mes amis l’ont pareillement fait. Le ton n’était assurément pas le même… ! Je ressens, c’est exact, certaines choses. Je ne m’étendrais pas sur le sujet mais Dieu m’a fait don de pouvoir pressentir des événements futurs. J’aimerais que ces événements soient heureux mais ils comportent le plus souvent une couleur toute apocalyptique. C’est ainsi que j’ai pressenti pour Nantes, cette cité qui est mienne à présent, de terribles événements pour l’année 1943. J’en informais notre ami Vicenzo Sparanero, l’inestimable Il Gatto Nero ici présent… »

Henri Barbot raconta mais sans trop s’y attarder, par manque de temps, la nature de cette Prophétie pour 1943. Les deux visiteurs du futur sans s’attarder dans les détails, indiquèrent au prophète que sa prophétie allait s’avérer terriblement juste… L’évêque Monseigneur Villepelet reprit la parole, avant de la donner à Il Gatto Nero :

« Mes Chers Amis, il me faut pour nos deux visiteurs du futur – mon petit-fils Franco et son ami Thierry – évoquer mon rôle dans cette affaire. Je suis né à San Severo dans province de Froggia dans les Pouilles. J’ai grandi et me suis marié dans ma cité bien-aimée. Diplômé d’un doctorat en Histoire médiévale à l’université de Bari, deux options s’offraient à moi. Soit j’acceptais le poste de professeur que l’on me proposait à Barri, soit je rentrais à San Severo et acceptais le poste d’archiviste qui s’offrait à moi à l’Évêché. C’est ce que je fis et je n’eus pas à le regretter.

« En 1920, âgé de 29 ans, tout juste marié avec Lucia, une ravissante brune Sanseverine de dix plus jeune, il me fallut pour l’Évêché, me rendre à Rome. C’est ainsi que j’y rencontrais celui qui deviendra en 1936, évêque de Nantes… oui il s’agit bien du futur évêque Monseigneur Villepelet. Ordonné prêtre en 1916 à Bourges. Jean-Joseph – excusez cette familiarité mais Monseigneur et moi sommes amis de longue date – est envoyé à Rome en 1918 où il poursuivit ses études afin d’y obtenir un doctorat en droit canonique. Il reviendra à Bourges en 1921. Ce fut donc ce brillant étudiant de 27 ans – ne souriez pas Monseigneur – qui fut chargé de faciliter mes recherches en m’ouvrant des portes secrètes et en me traduisant les textes latins que je lisais avec moins de facilité que notre ami.

« En 1936 décidé de quitter pour un temps San Severo face à la montée du fascisme, j’envoyais un courrier à mon ami à présent évêque de Nantes. En retour de courrier, Monseigneur, vous m’invitiez à venir à Nantes avec ma petite famille. Le dernier, Nino – ton père Franco – n’était pas encore né… Archiviste de l’Évêché de San Severo, je devins tout naturellement archiviste de l’Évêché de Nantes. J’avais pour chef le sémillant et énigmatique Chanoine Boisvert. Votre surprise que je lis sur vos visages, Chers Franco et Thierry, se comprend tout à fait ! Mon illustre Maître fut bien ce Chanoine que vous avez rencontré. Thibaud de Boisvert est le dernier descendant d’une illustre famille nantaise qui pour des raisons de haute sécurité, dut changer son illustre et antique nom de Bois-Tortu en celui moins parlant de Boisvert. Cette famille pérennise par-delà le temps l’un des plus grands secrets de l’Ordre du Temple. Maître Thibaud, ainsi que j’aime à l’appeler, a choisi de remonter le temps pour effectuer mieux encore sa mission. Mais il appartiendra, nous en sommes certains, à son fils ou à son petit-fils de réaliser le Grand-Œuvre des Templiers de Nantes. Je lis sur votre visage, mes Chers Franco et Thierry, une certaine consternation. Je tiens à vous rassurer tout de suite. Oui le Chanoine Boisvert s’est marié et oui il en avait le droit et même le devoir… L’Église de Nantes après la disparition de l’Ordre du Temple, a octroyé au fils aîné de cette antique famille nantaise, le titre et les honneurs de Chanoine héréditaire et honoraire ou plutôt Chanoine ad honores.

« Cette fonction honorifique remonte loin dans le temps. C’est ainsi que dans le cérémonial romain, l’Empereur était reçu Chanoine de Saint-Pierre de Rome et que le Roi de France, par droit de sa couronne, était premier Chanoine honoraire héréditaire des églises de Saint-Hilaire de Poitiers, de Saint-Julien du Mans, de Saint-Martin de Tours, d’Angers, de Lyon et de Châlon. Lorsqu’il faisait son entrée, on lui présentait l’aumusse. Les ducs de Berry étaient aussi Chanoines honoraires de Saint-Jean de Lyon.

« Le Chanoine Thibaud, mon Maître, maîtrisait ce que l’on nomme le Comput ou Composte des moines médiévaux. Le Comput concerne, ainsi que l’indiquait un vieux traité médiéval que je vous citerai en français d’aujourd’hui ; traité longtemps associé aux livres bleus et intitulé liber Aniani, qui Computus nuncupatur, cum commento. On y découvrait : ‘’la connaissance du cours de la lune, celle du cycle solaire, du lunaire autrement appelé le nombre d’or, de l’épacte, de l’indiction, etc’’. Ce contenu fit qu’il fut aussi nommé Compost Ecclésiastique, et même Compost des Bergers, rapport à l’usage que pouvaient faire d’un tel livre les personnes des champs.

« Mes études en Histoire médiévale m’ont permis de découvrir cette science. L’historien Belge Léon Leclère n’hésita pas dans un article Les limites chronologiques du moyen âge (Revue belge de Philologie et d’Histoire 1922), à déplacer les dates habituellement avancées pour délimiter cet âge central. Il fit commencer cette période en 395, lorsque Théodose mourant confia l’Occident et l’Orient à ses fils Honorius et Arcadius, et de la clore en 1492 lorsque Christophe Colomb découvrit l’Amérique… Bien que son hypothèse ne fît pas l’unanimité et ne le fera sans doute jamais, il faut reconnaître qu’elle se défend.

https://www.persee.fr/docAsPDF/rbph_0035-0818_1922_num_1_1_6156.pdf

« Cette extension temporelle peu académique du Moyen Âge me permet d’y intégrer les fondements historiques du Comput se rapportant aux calculs chronologiques nécessaires pour le calendrier. Le cycle de 95 ans, important pour la compréhension de la Prophétie de l’Almanach, correspond au Comput d’Anatole de Laodicée. Ce grand savant du IIIe siècle, titulaire à Alexandrie de la chaire de philosophie aristotélicienne, fut nommé évêque de Laodicée en Syrie, en remplacement d’Eusèbe. Sa table pascale, prend appui sur le Cycle de Méton, selon lequel 19 années civiles correspondent à 235 mois lunaires. Nous obtenons ainsi 5 cycles de 19 années formant un grand cycle de 95 ans. Bien que certains spécialistes ne reconnaissent pas à Anatole de Laodicée ces 5 cycles, il n’en demeure pas moins que ces 19 années du Cycle de Méton, devenues pierre maîtresse du Comput d’Anatole permettent à ce savant de concentrer toute l’histoire du monde dans une succession de cycles de 19 ans. S’appuyant pour le départ de son calcul, sur un grand cycle de 95 ans, commençant en l’an 258 de l’Ère chrétienne (ou Ère Dyonésienne, car instituée par *Denys le Petit) et finissant en l’an 353, il déterminera l’an 352 dernière année de ce grand cycle, comme se trouvant à la fin du onzième cycle de 532 ans (28x19), depuis la date de la création.

https://www.abitibi-orthodoxe.ca/page115.html#cple

*Denys le Petit moine scythe né vers 470, autre Computeur de génie, calcula l’Anno Domini et présenta son propre Comput pascal connu sous le nom de Liber de Paschale. Ce savant fut présenté comme un Passeur ; passeur entre les chrétientés orientales et occidentales mais aussi passeur temporel, car il détenait les clefs… qui ouvrent les portes du temps.

« Le Comput Ecclésiastique de cet almanach nantais se conçoit, il convient que vous le sachiez, dans l’optique du Comput d’Anatole. Il vous faudra en tenir compte dans le futur pour vos recherches.

« L’échelle cyclique présentée par Anatole de Laodicée diffère de celle de Denys le Petit, comme elle diffère de celle présentée par les Rabbins. Nous présentons d’ailleurs dans notre almanach paroissial de l’année 1942, l’année correspondante dans le calendrier juif, soit l’année 5702. Pour ne pas créer de polémiques chez certains de nos semblables, nous n’hésitons pas à évoquer également le nombre d’année par rapport à la mort de Jeanne d’Arc, la Première Croisade et même aussi… la découverte de la T.S.F. et de la télé ! C’est dire si nous sommes ouverts… 

« En vérité, ces échelles cycliques nous apparaissent comme des supports permettant de marquer dans le temps tel ou tel événement. Nous trouvons des Juifs et des Chrétiens qui affirment qu’avant Adam existaient ce que l’on nomme rapidement les Préadamites. L’affirmer n’est pas mon propos. Toujours est-il, au vu de l’échelle anatolienne, nous découvrons au soir du 13e cycle de 532 ans (année 1943) et dans la première moitié du 14e cycle (année 2038), un cycle pascal de 95 ans.

 

Les cycles

 

« Un cycle de 95 ans qui, je vous le rappelle est matérialisé par une fête de Pâques tombant un 25 avril jour de la Saint Marc. Je ne peux que vous conseiller – ou plutôt conseiller les computeurs de votre époque mes Chers Franco et Thierry – de travailler sur ces données mathématiques en sachant notamment que les années 1943 et 2038 de l’Ère Dyonisienne apparaissent respectivement comme les années 7445 et 7540 de l’Ère Anatolienne. Lorsque nous avons travaillé sur le texte de cette Prophétie pour l’année 1943, nous avons œuvré avec un Rabbin Kabbaliste, Maître des nombres, aujourd’hui réfugié au-delà de Toulouse. Notre ami Henri Barbot ici présent a écrit un livre sur Les nombres. Ce livre était annoncé en 1930, bien qu’étant encore en préparation, à la toute fin de cet autre livre NANTES EN FLANANT. Mais pour Henri faire éditer ses livres devient la croix et la bannière… Néanmoins ses connaissances, conjointes à celles du Rabbin Kabbaliste, dans la symbolique des nombres nous ont permis d’avancer dans le bon sens.

La nuit commençait également à s’avancer, aussi Monseigneur Villepelet prit la décision de clôturer les captivantes discussions, invitant tout le monde à aller dormir. Tout était prévu dans le domaine. Après un repos bien relatif, les discussions reprirent. L’évêque tenait à ce que Thierry en qualité de Grand Maître des Confréries de Sainte-Catherine et de Saint-Nicolas, prît connaissance des enseignements secrets que l’abbé Joseph Robert, curé de Saint-Nicolas de Nantes devait lui révéler sub rosa. Henri Barbot quant à lui, en début d’après-midi, enseigna les deux voyageurs du futur, mais son enseignement restera du domaine du Secret car il concernait précisément le Secret de Notre-Dame de la Salette, un secret aujourd’hui encore bien hermétique. Bien qu’il ne puisse le connaître, il aurait pu en un autre temps, évoquer Raoul Auclair spécialiste des Cycles sacrés qui publia en 1981 aux Éditions STELLA le livre LE SECRET DE LA SALLETTE. Cet auteur affirma précédemment que ce Secret trouvait un prolongement dans les apparitions mariales de l’Ile Bouchard en 1947, année clef… Elle prolongeait sur un plan ésotérique l’année 1917, si importante.

En ce mercredi 24 décembre 1941, Monseigneur Villepelet invita Franco et Thierry à la messe de minuit anticipée, qui eut lieu à 16 h 30. Ainsi que l’écrivit l’évêque le jour de Noël dans ses Carnets, ‘’Même prescription que l’an dernier. Pas de messes de minuit dans les paroisses, en raison de la défense passive. Hier soir, à 16 h 30, messe de minuit anticipée.’’ L’évêque évoque ensuite l’office pontifical du jour de Noël, mais nulle trace de la présence des deux amis venus du futur…

Franco et Thierry furent placés dans la cathédrale par Monseigneur Villepelet, hors de vue des Nantais, et surtout des Allemands venus à la messe de minuit. Il est certain, qu’à un moment donné, par leur méconnaissance logique des messes d’avant Vatican II, ils auraient attiré l’attention… Les deux amis éprouvèrent une étrange sensation, tout à la fois exaltés et inquiets. Ils découvraient cette foule ignorante de leur présence, tout en prenant conscience combien ce jour de défense passive était pour eux un jour historique !

Après la messe, Franco et Thierry, retrouvèrent ces amis d’hier qu’ils n’oublieront assurément jamais !

Le repas du réveillon fut servi dans la salle même où la petite troupe avait dîné la veille au soir. Thierry à l’invitation de l’évêque, admira les œuvres d’art fixées aux murs. Voici que soudain, à la stupéfaction des autres personnes présentes, il poussa un cri de surprise, comme si, il venait de découvrir en ce lieu, une girafe, un crocodile, enfin quelque chose de totalement impossible en un tel lieu ! Les discussions improvisées stoppèrent net ! Dans un renfoncement de la pièce, se trouvait dans un cadre, une photo bien agrandie représentant Jules Verne et l’ami Patrick Berlier.

 

Jules Verne et Patrick Berlier

 

« Je connais cette photo. J’étais là quand le grand photographe Nadar avait souhaité immortaliser la rencontre ! C’est incroyable ! Elle représente le grand Jules Verne, un Nantais, ainsi que mon ami Patrick Berlier !!! Elle a été prise le jour de Noël 1894. Nous avions rencontré, dans le Passage Pommeraye, des sommités ! J’en n’en reviens pas ! Que fait cette photo ici, Monseigneur ?

« Cette photo mon Cher Thierry, est exceptionnelle. Deux époques, deux siècles se font face ! Nadar laissa l’un des clichés au Grand Nord, l’étrange cénacle dans lequel Jules Verne fit ses classes. Non le Grand Nord et l’Évêché de Nantes n’étaient pas précisément en bon termes, mais en 1910, le Grand-Maître du Grand Nord dont il me faut taire le nom, offrit à l’évêque de Nantes Pierre-Émile Rouard, cette photo. Il se murmure que votre ami Patrick Berlier serait revenu à Nantes à cette époque. J’imagine qu’en 2021 votre ami n’a toujours pas effectué cette mission… Comment se fait-il que votre ami soit pris en photo par le grand Nadar et que vous, bien que présent, n’ayez pas eu ce privilège ?

– Il y a juste, Monseigneur, qu’il m’arrive assez souvent de m’éclipser quand les appareils photographiques crépitent, contrairement à mon ami Patrick plus à l’aise devant l’objectif.

– Mon Cher Thierry vous avez eu tort… Voir votre tête prête à surgir entre les deux têtes, c’eut été pas mal, non ? Bien ! Passons à présent à table, nous sommes attendus, comme vous pouvez le voir.

Bien que frugal, ce repas de réveillon restera à tout jamais gravé dans la mémoire de Thierry et de Franco. L’évêque souhaita un bon et joyeux Noël à ses hôtes. Un temps, Thierry pensa que l’évêque s’apprêtait à les bénir lui et Franco, mais non il les enserra dans ses bras en leur disant combien il avait été heureux de faire leur connaissance. Il leur souhaita un bon retour et surtout de préparer le futur en n’oubliant pas ce qu’ils avaient vu et entendu durant ces deux jours.

Il Gatto Nero raccompagna les deux amis à l’Arbre des Trois Canards. La blanche nuée enveloppa les trois personnages. L’heure de la séparation entre nonno Vincenzo et son nipote Franco ne fut pas simple. Mais le natif de San Severo promit à son petit-fils qu’il se reverraient.

« Bon Noël à toi Franco et bon Noël à toi Thierry. Mes amitiés à Maître Thibaud Boisvert… »

Et voici qu’apparut devant les deux amis le Chanoine Boisvert.

« Alors mes amis, tout s’est bien passé… Bon Noël à vous !... Au fait, Franco, la Chère Madame Painblanc aimerait que vous passiez la voir ! Ne tardez pas !  Quant à vous Thierry, retournez auprès des vôtres à Pélussin, un hélicoptère vous attend…

« J’ai idée que nous pourrions nous revoir un jour ou l’autre. 

« J’allais oublier. Le COS vous accorde quelques jours de repos. Mais il vous attend le second lundi de janvier…

« Encore joyeux Noël !




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