Dossier Mars 2008

"Un Trésor de symbolismes :
le portail roman de Bourg-Argental"



Sirène


 
Le Druide


Par
Patrick

Berlier



Basilic


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     Ce monument constitue le plus important vestige de l’Art Roman dans le Pilat, le seul surtout qui soit parvenu jusqu’à nous dans son intégralité, ou presque. J’ai déjà eu l’occasion d’en décrire et expliquer les éléments dans le numéro 7 de ma série de brochures Le guide du Pilat et du Jarez, ainsi que dans mon livre Avec les pèlerins de Compostelle, en Lyonnais, Pilat et Velay, tous les deux parus aux éditions Actes Graphiques à Saint-Étienne, et toujours disponibles dans le commerce (voir aussi en rubrique Librairie). Mes explications ont été reprises par le Guide Chamina consacré au Pilat, et plus récemment par des panneaux didactiques judicieusement placés devant l’église de Bourg-Argental, ou encore par le site Internet de la commune. Sauf que, si le Guide Chamina me citait en notifiant scrupuleusement ses sources, les responsables à l’origine de l’installation des panneaux n’ont pas eu cette délicatesse, constituant pourtant la plus élémentaire des politesses lorsqu’on emprunte texte et dessin à un auteur. Pour ma part je m’acquitterai de ce devoir en rendant une nouvelle fois hommage aux auteurs du XIXème siècle qui proposèrent une identification des décors du portail roman de Bourg-Argental, en particulier Félix Thiollier, auteur du Forez pittoresque et monumental.


Plutôt que de reprendre une longue description des éléments du portail, renvoyant pour cela mes lecteurs vers mes ouvrages et vers les fameux panneaux, j’essaierai plutôt ici de mettre en lumière les multiples facettes de son symbolisme et les différentes façons de l’interpréter.

            Rappelons en préambule qu’il y avait déjà une « basilique » à Bourg-Argental en 844, sans doute un édifice tout simple à une seule nef, qui fut agrandie au XIIème siècle par l’ajout de nefs latérales en s'adaptant au style roman alors en vigueur. Partiellement remaniée au XVIème siècle, l’église fut finalement totalement reconstruite au milieu du XIXème siècle et considérablement agrandie, ce qui nécessita de modifier son orientation pour mieux tirer profit de la surface du terrain disponible. À cette occasion, le portail fut démonté pierre par pierre et remonté à la nouvelle entrée de l’église.
 



Gravure ancienne montrant le portail à son emplacement primitif


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Ce monument du XIIème siècle (1142, d’après le Ministère de la Culture) se rattache à l’école romane provençale, et n’est pas sans rappeler en plusieurs points le portail roman de l’église Saint-Trophime, en Arles, ou la façade de la chapelle Saint-Gabriel près de Fontvieille, ou encore les chapiteaux du prieuré de Carluc près de Céreste (Alpes de Haute-Provence). Plusieurs éléments de Bourg-Argental se retrouvent également au Puy-en-Velay, ou à Vienne dans la cathédrale Saint-Maurice. Il faut hélas déplorer la détérioration de plusieurs statues : réalisées en grès, matériau facile à travailler mais fragile, elles n’ont pas résisté aux caprices du temps et surtout à ceux des hommes. Lors des guerres de religion les Protestants ont décapité toutes les statues accessibles, puis des paysans ignares ont fini de les mutiler en s’en servant pour aiguiser leurs couteaux... De fait, plusieurs scènes ou statues sont bien abîmées aujourd’hui. Fort heureusement, certains auteurs anciens (Félix Thiollier en particulier) en ont laissé une description précise, à laquelle il est parfois nécessaire de faire appel pour une meilleure compréhension. Lors de son déplacement, on rehaussa le portail de plus d’un mètre pour mettre son décor hors de portée, et une restauration récente, tout en lui rendant son éclat d’antan, l’a traité pour mieux résister à l’érosion.

            Nos ancêtres ne savaient pas lire, mais ils savaient parfaitement interpréter ces livres d’images que sont les portails romans. Le travail des sculpteurs ou imagiers ne devait rien au hasard, tout était codifié et le moindre détail avait une signification. L’ensemble était cohérent et pouvait offrir divers niveaux de compréhension, plusieurs messages étant délivrés par ce rébus de pierre, des plus visibles aux plus subtils. Le portail est composé de quatre colonnes, deux de chaque côté de la porte d’entrée. Il y en a six aujourd’hui, mais les deux colonnes extérieures sont des ajouts du XIXème siècle (ainsi que toute la partie supérieure). Chaque colonne possède une statue et un chapiteau historié. Elles supportent deux archivoltes ou voussures, arcs en demi-cercles concentriques présentant chacun une face tournée vers l’extérieur et une face tournée vers le bas. Les archivoltes entourent un tympan séparé en deux registres sur le plan vertical.


             À première vue, les divers éléments du portail s’opposent selon le schéma manichéen mal et bien, gauche et droite. C’est à cette distribution simpliste que je m’étais arrêté pour Le guide du Pilat et du Jarez, explication reprise par le Guide Chamina et les panneaux. La colonne de gauche montrant une femme nue allaitant des serpents, symbole du vice et de la luxure, s’oppose à la colonne de droite montrant une femme vêtue protégeant des enfants, symbole de la Charité. Les sept animaux diaboliques qui s’accrochent au corps de la femme de gauche correspondent évidemment, dans cette optique, aux sept péchés capitaux, qui s’opposent aux sept vertus (trois vertus théologales, quatre vertus cardinales) qu’évoque le personnage de la Charité. De même, le chapiteau de gauche évoquant le mauvais riche, qui refuse de se défaire ne serait ce que d’une miette de son repas, s’oppose à celui de droite illustrant la Charité qui donne pain et vêtement. Et les deux sculptures d’angles, au-dessus de la porte, opposent un personnage nu et tourmenté à un personnage vêtu et sage. Les éléments du mal sont évidemment à gauche, et ceux du bien à droite. Cet agencement satisfait sans doute la majorité des fidèles, qui voit dans le décor du portail une évocation des grands principes de la chrétienté, illustrée par l’exemple.

            Le seul élément incohérent, dans cette conception trop simpliste, est la présence du roi Nabuchodonosor, fou et nu, dans l’un des chapiteaux à droite du portail, car comment considérer ce symbole comme un élément du « bien » ? En fait, dans l’art roman un fou est aussi un jalon, une invitation à rechercher la Connaissance qui se trouve cachée dans l’ensemble de l’œuvre. Mais quelle Connaissance ? Pour mon livre Avec les pèlerins de Compostelle, j’allais plus loin dans le symbolisme, en reprenant alors les éléments point par point. Allons encore plus loin aujourd’hui… Selon la formule consacrée : « calez-vous bien confortablement dans votre meilleur fauteuil », le voyage initiatique commence.



      « Le pur lait spirituel »

    La colonne externe de gauche s’orne d’une statue très mutilée. Grâce aux descriptions anciennes on sait qu’il s’agit d’une « femme allaitant des serpents », figure très fréquente dans l’art roman. C’est une femme nue qui maintient de ses mains deux serpents qui s’accrochent à ses seins, quatre autres serpents s’enroulent autour de ses jambes et de ses bras, et un crapaud masque son pubis.




Statue de la femme aux serpents


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Le serpent est par définition un animal diabolique, mais la Genèse (III, 1) nous le présente aussi comme « la plus rusée de toutes les bêtes des champs ». Dans le récit biblique de la chute, il est doué de parole et connaît le secret de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Il s’oppose à Dieu, mais apporte à l’homme cette connaissance : ne peut-on pas considérer le péché originel comme nécessaire à la progression de l’homme ? Dans cette optique, le serpent devient l’animal de la Connaissance... Ensuite Dieu dit au serpent : « Maudit sois-tu entre tous les bestiaux et toutes les bêtes des champs ! Sur ton ventre tu marcheras et poussière tu mangeras » (Genèse, III, 14). Cette sentence signifie-t-elle qu’au préalable le serpent ne marchait pas sur son ventre ? Traditionnellement, pour perdre sa réputation d’animal diabolique et retrouver son état originel, le serpent doit subir plusieurs transformations. Ici, nous observons que les reptiles progressent du bas vers le haut, et expriment par ce mouvement ascendant l’amorce de leur métamorphose : le batracien constitue la seconde phase de cette longue transfiguration. Le serpent doit se nourrir de poussière, mais cette poussière n’est-elle pas l’homme lui-même ? « Car tu es poussière et à la poussière tu retourneras » (Genèse, III, 19).
 


Ainsi, cette femme n’est-elle pas la mère des vices luxure et volupté, comme on la présente habituellement, mais la dispensatrice d’une nourriture spirituelle permettant la transfiguration du serpent, qui en échange lui apporte la Connaissance : en serrant fermement les reptiles dans ses mains, elle démontre qu’elle maîtrise parfaitement cette Connaissance. Si elle est nue, comme Ève, ce n’est pas pour afficher une prétendue luxure. C'est pour montrer que le chrétien, s’il veut accéder à la lumière de Dieu, doit savoir se dénuder sur un plan spirituel et se défaire de tous ses biens terrestres. C'est la seule condition pour retrouver l’état d’esprit de l’homme avant le péché originel.

Le chapiteau de cette colonne est constitué de deux faces perpendiculaires. Elles se font suite et représentent le dernier repas et la mort du mauvais riche, scènes fréquentes elles aussi dans l’art roman (à Vézelay en particulier) et extraites de l’Évangile de saint Luc. La face gauche, tournée vers l’extérieur, est très érodée, on ne distingue plus que la trace des personnages. Un chapiteau représentant la même scène, mais intact, se retrouve sous la cathédrale du Puy-en-Velay, ce qui permet de mieux comprendre les éléments détériorés du chapiteau de Bourg-Argental. Le texte biblique constitue également un bon élément d’appréciation : « Il y avait un homme riche qui se revêtait de pourpre et de lin fin et qui festoyait chaque jour splendidement. Un pauvre du nom de Lazare gisait près de son portail, tout couvert d’ulcères. Et il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche... » (Luc, XVI, 19). Lazare le Pauvre est accroupi au pied de la table, à gauche, dans une position suppliante, quémandant quelques miettes que le mauvais riche, à droite, lui refuse. Entre les deux, on devine la silhouette d’un serviteur venant lui apporter ses plats.




Repas mauvais riche



Mort mauvais riche

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     L’autre face du chapiteau, mieux conservée, représente le mauvais riche mort, avec une énorme bourse suspendue à son cou, dont le poids l’entraîne en avant. Deux lions, symboles de l’orgueil humain, viennent tourmenter le personnage. Comme à Vézelay, un serpent se love autour de la bourse pour tenter de s’en emparer. À l’inverse de la femme qui a su se dénuder pour accéder à la Connaissance, le mauvais riche constitue au contraire l’exemple à ne pas suivre : il a conservé toutes ses richesses jusque dans la mort, et ce poids l’entraîne vers l’Enfer où son propre orgueil le tourmente, tandis qu’un serpent primaire récupère son or, dans un mouvement giratoire qui finalement retourne vers le bas, à l’inverse du mouvement élévatoire des autres serpents. Statue et chapiteau s’opposent, ou plutôt constituent en réalité deux modèles antagoniques, et le mouvement du dernier serpent nous invite à examiner la seconde colonne à gauche de la porte, de haut en bas.



    Le chapiteau de cette colonne, donc, reproduit sur trois faces les trois scènes de l’arrestation, du jugement, et de l’exécution de saint Jacques le Majeur, l’un des douze apôtres du Christ. Ces épisodes sont évoqués par la Bible : « Vers ce temps-là, le roi Hérode entreprit de maltraiter quelques-uns uns des membres de l’Église. Il tua par le glaive Jacques, le frère de Jean » (Actes des Apôtres, XII, 1-2). La face gauche représente l’arrestation de Jacques par un personnage qui lui attache les mains à l’aide d’une longue corde. Le roi Hérode sur son trône, brandissant son sceptre, sépare cette scène de la suivante, où l’on voit le bourreau agrippant Jacques par les cheveux, de la main gauche, et brandissant son glaive de la main droite, s’apprêtant à le décapiter.



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Arrestation Jacques



Exécution Jacques


    Le texte biblique narrant la mort de saint Jacques le Majeur est très succinct. Le sculpteur s’est donc inspiré, pour illustrer le chapiteau, des textes médiévaux racontant les vies des saints. Selon la légende, saint Jacques fut arrêté, ligoté, et amené prisonnier à Hérode par un scribe nommé Josias. En chemin, il prit le temps de guérir un paralytique, et ce miracle impressionna tant le scribe qu’il demanda à Jacques de lui pardonner. L’exiguïté du chapiteau n’a pas permis à l’artiste de représenter toute la scène, mais il a utilisé une étonnante subtilité pour l’évoquer : la corde servant à lier les mains de Jacques tombe à la verticale, puis se courbe et repart à l’horizontale, soulignant le niveau des genoux du scribe Josias. Dans l’art roman, un tel détail a toujours un sens caché, en l’occurrence il signifie que Josias se met symboliquement à genoux pour implorer le pardon, et Jacques, le lui accorde par un discret signe de la main. On remarque qu’il est souriant, car à l’inverse du mauvais riche il ne possède rien d’autre que sa foi, et s’apprête à retourner à la poussière en toute sérénité.


     Dans cette scène de la mort de saint Jacques, on observe que le bourreau utilise une épée à double tranchant, empruntant à la mythologie celtique le thème du bâton de Dagda, qui tue et ressuscite tout à la fois. À l’inverse de la mort du mauvais riche, qui marque le commencement des tourments, la mort du juste est le commencement de la vie. C’est une mort toute symbolique, qui précède une seconde naissance, un nouvel éveil, selon un cycle que l’art chrétien a souvent représenté.

     La statue située sous ce chapiteau constitue la suite de cet enseignement. On y voit un personnage habillé et aux pieds nus. Il tient contre lui un phylactère (ruban porteur d’inscriptions) sur lequel on peut déchiffrer une phrase latine dont plusieurs mots sont abrégés : INFIRMATVR QVIS IN VOB IDVCAT PSBOS ECCLE ET ORET (soit : infirmatur quis in vobis inducat presbyteros ecclesiae et orent). La suite est effacée mais la partie visible permet de reconnaître un verset de la Bible, extrait de l’Épître de Jacques : « L’un de vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Église, et qu’ils prient sur lui en l’oignant d’huile au nom du Seigneur » (Jacques, V, 14).
 




Statue de saint Jacques le Mineur


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          L’onction des malades et des blessés était jadis une pratique très courante. Ce texte semble s’adresser aux pèlerins de Compostelle qui transitaient par Bourg-Argental, et le personnage paraît donc être saint Jacques. Mais quel saint Jacques ? Car l’auteur de l’épître est l’apôtre Jacques le Mineur (le « frère » de Jésus) et non Jacques le Majeur honoré à Compostelle... Ainsi les deux Jacques seraient représentés par l’ensemble colonne et chapiteau.

            Ce verset extrait de l’Épître de Jacques est une invite à découvrir l’intégralité du texte, suite de sentences sur la conduite du chrétien. On y trouve en particulier ce passage sur les riches : « Votre richesse est pourrie et vos vêtements se trouvent mangés des vers. Votre or et votre argent sont rouillés, et leur rouille servira de témoignage contre vous et dévorera vos chairs comme un feu » (Jacques, V, 2-3).

            Saint Jacques est représenté vêtu mais les pieds nus. Dans l’art roman, cela signifie que ce personnage vit en harmonie avec la terre. Comme le serpent, il marche dans la poussière et a donc assimilé son enseignement. Saint Jacques tient le phylactère de la main gauche, la main de la Connaissance ; il avance le pied gauche, ce qui dans l’art roman est un symbole d’intériorisation. Pour ceux qui ont réussi à décrypter tous les symboles, ce message devient clair : « vous avez su vous dépouiller de vos écorces pour entrevoir la lumière de Dieu, et vous savez qu’une nouvelle vie vous est offerte, maintenant cette connaissance doit rester en vous ». Ceux qui savent lire peuvent également remarquer que l’index droit de saint Jacques semble désigner les deux mots IN VOBIS, qui pris isolément signifient simplement « en vous ». Plus tard viendra le temps du partage.


            La partie gauche du portail présente donc un mouvement giratoire, matérialisé par les serpents et commençant par eux. Il commence par le bas de la colonne externe, monte vers les chapiteaux et descend ensuite pour se terminer par le bas de la colonne interne. Il vient du sol, de la poussière, pour y retourner : à la vie succède la mort, mais la mort est le commencement de la vie. Dans la partie droite, un mouvement analogue mais inverse va générer un enseignement plus subtil, plus spirituel. Nous partons du chapiteau de la colonne externe, pour descendre par cette colonne, remonter par la colonne interne et terminer par son chapiteau. Le mouvement vient du ciel et retourne au ciel, comme Jésus qui a choisi de descendre sur terre pour y naître et y vivre une vie d’homme, avant de retourner au ciel. La mort et la naissance, étroitement liées.

            Le chapiteau de droite est orné de deux scènes perpendiculaires distinctes. Celle de gauche nous montre le Roi Nabuchodonosor, ainsi que l’indique l’inscription NABUCODONOSOR REX. C’est un personnage barbu et couronné mais nu, qui se baisse pour saisir à deux mains une sorte de plante qu’il mange avec avidité. Cette scène étonnante fait référence à la prophétie de Daniel, qui avait prédit au roi qu’il deviendrait fou s’il ne rachetait pas ses fautes par la justice : « Pour toi, on te chassera d’entre les hommes et avec les bêtes des champs sera ta demeure ; d’herbe, comme les bœufs, on te nourrira ; et de la rosée du ciel on te mouillera ; et sept temps passeront sur toi, jusqu’à que tu saches que le Très-Haut domine sur la royauté des hommes et qu’il la donne à qui il veut » (Daniel, IV, 22).

            L’histoire de Nabuchodonosor, telle qu’elle est contée par le Livre de Daniel, n’est pas sans rappeler les instructions données par le Livre de la Sagesse à l’intention des rois : « Écoutez donc, rois, et comprenez ! [...] c’est le Seigneur qui vous a donné la domination, et le Très-Haut le pouvoir [...] Si donc, étant serviteurs de son royaume, vous n’avez pas jugé adroitement [...] il fondra sur vous d’une manière terrifiante et rapide [...] Si donc trônes et sceptres vous plaisent, souverains des peuples, honorez la Sagesse afin de régner à jamais » (Sagesse, VI, 1 à 25 - extraits).
 




Charité



Nabuchodonosor

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     En vérité, dans une œuvre romane, le fou est souvent le symbole voilé de la Sagesse, plus exactement une image désignant ceux qui ont la charge de transmettre la sagesse : le roi Nabuchodonosor se tourne vers la droite, vers le personnage visible sur la face de droite du chapiteau. On reconnaît la sainte Charité grâce à l’inscription SCA KARITAS (Sancta Caritas). C’est une femme assise sur un trône, entourée de deux petits enfants, elle donne à celui de gauche un vêtement et à celui de droite un pain. Le second cycle est d’abord un rappel du premier et de ses valeurs : renoncement et partage des richesses. En donnant du pain aux enfants, la Charité leur transmet avant tout une nourriture spirituelle, un enseignement : « Comme des enfants nouveau-nés, désirez ardemment le pur lait spirituel, afin qu’il vous fasse grandir pour le salut, si vous avez goûté que le Seigneur est bon » (Première épître de saint Pierre, II, 2-3). En leur donnant un vêtement, elle leur permet de passer de la nudité originelle à l’habit de lumière de la transfiguration.




     Sous ce chapiteau, la colonne s’orne d’une statue représentant une personne vêtue d’une longue robe, tenant contre elle dans ses bras croisés une sorte de corbeille en forme de croissant, dans laquelle sont assis deux enfants. C’est à nouveau l’image classique de la Charité, l’une des trois vertus théologales (les deux autres étant la Foi et l’Espérance) filles de sainte Sophia (la Sagesse). On retrouve les deux enfants, dans la corbeille en forme de croissant de lune horizontal. C’est le symbole de la coupe, tournée vers le haut, recueillant la rosée céleste, c’est la communion apportant la lumière.





Deux colonnes à droite : La Charité (à droite) et saint Pierre (à gauche)


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     Passons à la colonne interne, dont la statue
représente un personnage vêtu, tenant un livre dans la main gauche. On devine encore la barbe qui devait orner son visage. Les descriptions anciennes assurent que cet homme tenait des clés dans la main droite, ce qui en ferait évidemment une représentation de saint Pierre, mais on n’en distingue plus rien. Cette statue constitue l’inverse parfait de celle de saint Jacques : Pierre tient dans la main droite un livre fermé (au lieu du phylactère déroulé, donc ouvert, tenu par la main gauche de Jacques), et c’est son pied droit qui est en avant. Cela signifie qu’il est temps de révéler la Connaissance, et que l’heure de la renaissance a sonné. Les clés du Paradis sont la promesse du monde meilleur promis au chrétien qui a suivi la voie.



      Le chapiteau présente une seule scène, se déroulant sur ses deux faces perpendiculaires. La face gauche représente cinq personnages dans un bateau, voguant sur les flots, et remorquant sur le côté droit un filet plein de poissons. Un homme imberbe, qui ne peut être que saint Jean, pointe son doigt et semble parler au personnage à l’avant, saint Pierre, qui paraît écouter. La scène se déroule ensuite comme une bande dessinée : on voit saint Pierre se jeter à l’eau pour aller rejoindre le Christ qui se tient sur la berge (face droite). On remarque encore deux poissons, tête-bêche comme les Poissons du zodiaque, sur la face du chapiteau contre le mur.





Pêche



Pierre et Jésus
Déroulement de la "bande dessinée"  du chapiteau : les disciples
péchant dans un bateau, saint Pierre se jetant à l'eau pour aller rejoindre Jésus

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           C’est à priori une représentation de la scène de la pêche miraculeuse, où Jésus ressuscité apparut à plusieurs disciples sur les bords de la mer de Tibériade. Il leur dit : « Jetez le filet du côté droit du bateau, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne parvenaient pas à le tirer, à cause de la multitude de poissons. Le disciple, celui que Jésus préférait, dit donc à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Simon-Pierre donc, apprenant que c’était le Seigneur, se noua un vêtement à la ceinture - car il était nu - et se jeta à la mer » (Jean, XXI, 6-7).

            Le « disciple que Jésus préférait » est Jean, qui se désigne toujours ainsi dans son Évangile. Cette scène cependant fait également référence, par un amalgame astucieux fréquent dans l’art roman, à celle de l’appel des quatre premiers disciples, Simon-Pierre et son frère André, Jacques et Jean les fils de Zébédée. Ces personnages exerçaient leur métier de pêcheur lorsque Jésus les appela : « En marchant le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André son frère, qui jetaient l’épervier ; car c’était des pêcheurs. Et il leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Eux, aussitôt laissant les filets, le suivirent » (Mathieu, IV, 18-20).


      C’est dans ce chapiteau qu’il faut chercher les images d’une seconde naissance. Les premiers disciples que Jésus appelle vont quitter leur vie de pêcheurs pour devenir apôtres. Après la crucifixion, alors qu’ils ont repris leur ancien métier, Jésus leur apparaît et Pierre, qui était nu, passe un vêtement (l’habit de la transfiguration) pour rejoindre le Seigneur. Jésus invite ensuite les apôtres à aller « proclamer l’Évangile à toute la création » (Marc, XVI, 15). Dans les deux cas, c’est une nouvelle existence qui commence pour eux. De même, le roi Nabuchodonosor après sa période de folie retrouvera toutes ses facultés et gouvernera dans la sagesse.

      Ce qui est en haut...

     Le tympan est constitué de deux registres superposés. Dans le registre inférieur, ou linteau, deux arcades romanes géminées triples, finement décorées, aux voûtes échiquetées, encadrent une scène centrale, l’ensemble constituant sept espaces ou compartiments où évoluent divers personnages. Pour en saisir le sens, il faut considérer d’abord les trois de droite, en les « lisant » de droite à gauche, puis la scène centrale, et enfin les trois de gauche qui se déroulent comme une bande dessinée de gauche à droite. On voit alors se raconter en images le cycle de la Nativité, emprunté aux Évangiles de Luc et de Mathieu.




Le linteau du portail roman de Bourg-Argental


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1. L’Annonciation (Luc, I, 26 à 38) : l’archange Gabriel apparaît à Marie, qui se tient debout à droite, pour lui annoncer qu’elle concevra et enfantera un fils qu’elle appellera du nom de Jésus.

2. La Visitation (Luc, I, 39 à 45) : Marie et Élisabeth, future mère de Jean le Baptiste, se rencontrent. Les deux femmes se tiennent dans les bras l’une de l’autre, ce que ne précise pas le texte biblique.




Pour comparaison : linteau semblable du portail roman de chapelle
Saint-Gabriel à Fontvieille, illustrant les scènes de l'Annonciation et de la Visitation



3. La Nativité (Luc, II, 1 à 7) : au premier plan Marie est couchée sur un lit (scène rarissime). Juste derrière un personnage (un berger ?) montre du doigt l’Enfant Jésus dans les bras de Joseph. À l’arrière plan Jésus est couché dans la mangeoire, réchauffé par l’âne et le bœuf.

4. La naissance de Jésus annoncée aux bergers (Luc, II, 8 à 20) : un ange descend d’une nuée et apparaît au-dessus de deux bergers qui surveillent leur troupeau de six moutons.




Détail du linteau de Bourg-Argental : de droite à gauche, la naissance de Jésus,
l'annonce aux bergers, Marie et l'Enfant Jésus tournés vers les Rois Mages




            5 à 7. La visite des Mages (Mathieu, II, 1 à 12) : dans le compartiment de gauche, un mage est à cheval, un second est à pied, à l’arrière plan. Le troisième mage, à cheval, occupe le compartiment suivant. L’étoile est présente dans les deux scènes, permettant son identification avec certitude : il ne s’agit pas de la fuite en Égypte, comme on l’affirme trop souvent. D’ailleurs une observation attentive permet de remarquer que les trois personnages sont couronnés et barbus. Le troisième compartiment montre Marie assise sur un trône, tenant l’Enfant Jésus sur ses genoux. Ils sont tournés vers les Mages et Jésus les bénit de la main. Cette scène est surmontée d’une fleur, habile subtilité de l’imagier qui pour représenter une perle, symbole traditionnel de Jésus conçu par la Vierge, a sculpté une marguerite, nom latin (margarita) de la perle...

            Le thème de l’Annonciation, très fréquent dans l’art roman, était une invitation à contourner l’église par la gauche pour y glaner d’autres indices, opération qui n’est plus possible aujourd’hui. Mais ces sept compartiments du cycle de la Nativité, dont six arcades qui classiquement représentent les portes du ciel, séparent le bas du portail (colonnes et chapiteaux), qui figure la terre, du haut (tympan et archivoltes), qui symbolise le ciel. Nous allons donc nous intéresser maintenant aux parties hautes.

Le registre supérieur du tympan représente Jésus, au centre, en Christ de Majesté, assis sur un trône, bénissant de la main droite et tenant dans la main gauche la boule du monde. Il est entouré d’un large trait elliptique, c’est la mandorle ou amande mystique, symbolisant à la fois le rayonnement du Christ et la vulve du monde par où naquit l’homme. Autour sont quatre créatures ailées, qu’il faut regarder dans le sens des aiguilles d’une montre, en commençant par l’animal en bas à droite, pour trouver l’ordre selon lequel saint Jean dans l’Apocalypse décrit ces « Vivants » : « ...et autour du trône, quatre Vivants pleins d’yeux par-devant et par-derrière : et le premier Vivant est semblable à un lion, et le deuxième Vivant est semblable à un jeune taureau, et le troisième Vivant a la face comme d’un homme, et le quatrième Vivant est semblable à un aigle qui vole (Apocalypse, IV, 6 – 7).



Détail du tympan : le Christ entouré des quatre "Vivants"


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    On en a fait également les symboles des quatre évangélistes, soit, dans l’ordre des Évangiles : Matthieu (l’homme, en haut à gauche), Marc (le lion, en bas à droite), Luc (le taureau, en bas à gauche), Jean (l’aigle, en haut à droite). Cette très classique « Cité céleste » est entourée par deux anges qui agitent des encensoirs.

            On ne distingue presque plus aujourd’hui les phrases latines qui marquaient le pourtour du tympan et l’étroit bandeau séparant les deux registres :

VOS QUI TRANSITIS CUR NON PROPERANDO VENITIS

AD ME DUM VENIENT DAMA FAMIS FUGIENT

ET VOS QUI BIBITIS MAGIS ATQUE BIBENDO SITITIS

SI DE ME BIBITIS NON ERIT ULTRA SITIS

Vous qui passez, pourquoi ne venez-vous pas en vous hâtant ? Quand ils viendront à moi, les dangers de la faim s’éloigneront. Et vous qui buvez, vous aurez encore soif en buvant, mais si vous buvez de moi vous n’aurez plus jamais soif (allusions aux enseignements du Christ sur l’Eucharistie et la vie éternelle, tels que saint Jean les rapporte dans son Évangile).

      L’archivolte interne présente une face tournée vers l’extérieur, composée à première vue de 26 médaillons, ornés chacun d’un buste d’homme nimbé. Mais une observation attentive permet de voir que deux médaillons sont en partie masqués par le personnage en clé de voûte, ce qui porte leur nombre à 28. La face tournée vers le bas est ornée de motifs floraux.




Vue globale du tympan et des archivoltes



     L’archivolte externe, en sa face tournée vers l’extérieur, se décompose en trois segments inégaux. Le segment central, décalé sur la gauche par rapport au centre de l’arc, est composé de sept personnages : un ange, placé au centre d’un orchestre de six musiciens, jouant chacun d’un instrument médiéval différent : tambour — harpe — viole ? — cithare ? — lyre — cor. Ce groupe est complété par le personnage placé en clé de voûte de l’archivolte inférieure, le roi David jouant d’une sorte de violon, figure très fréquente dans l’art roman. Elle évoque l’arrivée de David au service de Saül comme écuyer ménestrel, et jouant de son instrument pour chasser les mauvais esprits de Saül (Premier Livre de Samuel, XVI, 14 à 23).




Détail des archivoltes : l'orchestre des anges musiciens et le roi David



     Les deux autres segments se divisent chacun en sept compartiments. Six d’entre eux sont dédiés aux signes du zodiaque, la septième scène, en bas de chaque segment, est difficilement identifiable. Pour retrouver l’ordre naturel des signes, il faut appliquer la même clé de lecture que pour le cycle de la nativité, et commencer par le segment de droite, qui de droite à gauche nous fait découvrir : Verseau — Poissons — Bélier — Taureau — Gémeaux — Cancer. Puis le segment de gauche, de gauche à droite : Lion — Vierge — Balance — Scorpion — Sagittaire — Capricorne. À remarquer que ce zodiaque, comme beaucoup d’autres, commence par le Verseau, alors que traditionnellement c’est le Bélier qui ouvre l’année solaire.





Pour comparaison : le zodiaque de la cathédrale Saint-Maurice à Vienne



            La face tournée vers le bas de cette archivolte est décorée de médaillons représentant des animaux fantastiques ou des masques humains grimaçants.

            Cette partie haute du portail est une ode à l’harmonie de l’espace, du temps, et des éléments. Jésus tient dans sa main gauche le globe de la terre, autour de lui on remarque d’abord les quatre vivants qui sont également associés aux quatre éléments : lion = feu, taureau = eau, homme = terre, aigle = air.

            L’archivolte interne est dédiée au temps, ses vingt-huit médaillons rappelant les vingt-huit jours d’une lunaison. Les musiciens sont un signe d’harmonie, mais par leur nombre ils symbolisent aussi les sept corps célestes qui étaient censés tourner autour de la terre, selon les croyances médiévales. Le chef d’orchestre rythme le temps... Le zodiaque de l’archivolte externe est aussi un rappel des douze mois de l’année et du temps qui passe, mais il symbolise également l’espace et les douze constellations qui ceinturent la terre. En faisant commencer ce zodiaque par le Verseau, le maître d’œuvre le fait aussi reposer sur deux des branches de la « croix fixe » soutenant l’univers dans les croyances médiévales, et qui sont marquées par les signes du Verseau et du Lion. D’autre part, dans l’astrologie les signes placés aux quatre extrémités des segments contenant le zodiaque correspondent eux aussi aux quatre éléments : Verseau = air, Cancer = eau, Lion = feu, Capricorne = terre.

            Le chrétien ou l’initié qui a déchiffré l’ensemble de ces messages est prêt à entrer dans l’édifice. Aux deux angles supérieurs de la porte, des sculptures le dominent et l’interpellent.

À gauche : un personnage nu et hideux, à tête de lion et aux pieds de taureau, tord ses bras dans des directions opposées.

À droite : un personnage vêtu et bien humain cette fois, sagement assis, lève ses deux bras en l’air. C’est une figure que l’on rencontre très souvent, en particulier sur les chemins de Compostelle.




Pèlerins de Compostelle modernes, devant le portail de Bourg-Argental (2007)


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           Ces deux statues d’angle forment l’ultime avertissement avant de passer la porte. À gauche on reconnaît le personnage qui n’a pas su se départir de son orgueil (la tête de lion) ni de sa puissance (les pieds de taureau), et dont les bras tordus n’indiquent que les chemins de la perdition. À droite on reconnaît le sage dont les deux bras levés indiquent le chemin de la vie : « Entrez par la porte étroite, parce que large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et ils sont nombreux ceux qui s’y engagent ; parce qu’étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et ils sont peu nombreux ceux qui le trouvent ! » (Matthieu, VII, 13-14).

            Ce sera ma conclusion, en vous souhaitant de trouver le chemin.

Patrick BERLIER



Félicitations pour ce travail rare et remarquable !

     Il vaut le déplacement, ô combien ! Il faut se rendre sur place pour la contempler, cette merveille, unique dans le Pilat, et forcément peu courante à une échelle beaucoup plus élargie ! Patrick vient dans ce Dossier, peu singulier, de nous y transposer, avec brio, des précisions pointues, devant l'entrée de l'église de Bourg-Argental, face à ce portail roman vraiment exceptionnel, où il convient de s'incliner avec respect en songeant solennellement aussi ou surtout à ceux qui l'ont réalisé.

      Un grand coup de chapeau à mon ami, et j'appuie sa remarque, un reproche dont il n'est pas coutumier, vous l'aurez tous constaté, en le lisant depuis toutes ces années. Oui, il a été considérablement repris par ceux qui ont apposé les contenus des panneaux didactiques à proximité du bijou, certes les très bienvenus pour le grand public. Dommage alors, que les concepteurs de ces panneaux aient omis d'y ajouter une humble mention, une source essentielle ayant amené une partie de la matière : Patrick Berlier.

      Ceux qui nous liront et qui se rendront là-bas, pour la première fois ou pour une énième visite émerveillée, eh bien au moins, ils auront une certaine connaissance de la provenance de ce qu'ils pourront lire ou voir. Ce patrimoine, au delà d'être naturellement et légitimement reconnu, mérite d'être bien ou mieux connu ; évidemment préservé, pour le transmettre aux générations futures.

       Il est une autre initiative, qui visera ou viserait à pérenniser au moyen d'une petite brochure, un ensemble de données et de développements, dont dans ce Dossier vous n'aurez eu qu'une face explicative et déjà pourtant conséquente, si je puis me permettre, dont du reste Patrick propose dans ces ouvrages cités précédemment, une vision encore plus complète, car approchée sous d'autres angles, plus éloignés ou non du symbolisme, selon comment on s'y penche dessus.

          Il est des bonnes volontés, assez déterminées, surtout compétentes et humbles, souhaitant agir dans la discrétion, qui ont conscience de ce besoin contemporain, par conséquent de rédiger un petit dépliant, un modeste livret, le plus exhaustif possible. Par la force des choses, nous ne pouvons qu'encourager ce projet, car il fut ou est encore dans le même temps le nôtre ?

          Un rassemblement d'analyses comparées, d'un petit groupe hétérogène et restant efficace, aura notre soutien convivial et inconditionnel, à partir du seul moment où justement les sources seront citées. Il demeure simplement de rendre à César ce qui lui appartient et là on parle bien de temps et de travail, de recherches effectuées depuis 30 ans sur ce sujet, par Patrick Berlier.

Thierry Rollat



    Il est maintenant temps de retrouver notre nouvel invité. Après avoir passionnément dégusté ce fin Dossier, réalisé sous la plume du Secrétaire des Guides du Pilat, nous allons retrouver leur Président, qui a chaleureusement à répondu à nos questions.


NOTRE INVITÉ : PIERRE BESSENAY

     Pierre Bessenay est un amoureux du Pilat, qu'il parcourt en randonnée pédestre depuis des années. Entré en 2002 dans l'Association des Guides Animateurs du Pilat, il est devenu membre de son Conseil d'Administration l'année suivante, puis en a été élu le Président en décembre 2004. Il a su apporter à cette association son dynamisme, son sens de la diplomatie, son optimisme et sa bonne humeur aussi, servis par une longue expérience dans le domaine de l'Education Nationale. Acteur pilatois désormais incontournable, bien que discret, il se livre aujourd'hui un peu plus dans cette interview. C'est une personnalité attachante que nous vous invitons à découvrir.



Regards du Pilat : Pierre Bessenay, vous êtes le président de l’Association des Guides Animateurs du Parc Naturel Régional du Pilat, mais vous êtes sans doute un inconnu pour la plupart des internautes qui vous découvrent en ce moment sur notre site. Pouvez-vous d’abord vous présenter, résumer votre parcours, en quelques lignes ?

Pierre Bessenay : J’ai enseigné quelques années l’Histoire et la Géographie avant de me consacrer à l’administration dans l’Éducation Nationale. J’ai toujours aimé la nature et la marche. Ce penchant a évidemment pris toute sa place depuis que je suis en retraite.

Regards du Pilat : Le fait d’être membre, puis président, de l’association des Guides Animateurs du Pilat, implique nécessairement un attrait véritablement passionné pour le Pilat. Comment vous est venu cet attachement pour notre région ?

Pierre Bessenay : Je suis né à Saint-Étienne il y a déjà longtemps. La montagne du Pilat est un attrait de proximité pour les marcheurs ou promeneurs stéphanois. C’est un atout majeur pour l’agglomération.



Regards du Pilat : Parlez-nous maintenant de votre association. Quels sont ses buts, ses missions, ses activités ?

Pierre Bessenay : Les statuts de l’association des Guides Animateurs du Pilat précisent qu’elle « se propose de promouvoir et de faire découvrir au plus grand nombre » la nature et le patrimoine du Pilat. Notre activité consiste donc à guider et encadrer des groupes, de jeunes ou d’adultes, sur les sentiers du Pilat, et à nous entraîner tous les jeudis à une bonne réalisation de cet objectif. Nos prestations s’adressent à tout groupe constitué, école, centre social, maison de quartier, association, etc.

Regards du Pilat : L’association des Guides du Pilat joue sans doute un rôle non négligeable dans le développement touristique de la région, en étant partenaire de structures telles que le Parc Naturel Régional ou l’Office du Tourisme du Haut-Pilat. Comment se concrétise cette collaboration ?

Pierre Bessenay : Même si nos réunions hebdomadaires ont lieu à Saint-Étienne, le siège de l’association est celui du Parc Naturel Régional du Pilat, à Pélussin, où nous nous réunissons une fois par trimestre environ pour des séances de formation ou des causeries confiées à des intervenants extérieurs. Nous participons également aux réunions du Comité Syndical du Parc, sommes informés de ses objectifs, et nous tenons à sa disposition pour la réalisation de ses missions.

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Regards du Pilat : Parlez-nous plus précisément par exemple des « Marches de l’été » qui entraînent chaque année, en juillet et août, des centaines de marcheurs sur les sentiers du Pilat.

Pierre Bessenay : Les « Marches de l’été » sont une ancienne initiative de l’association. Pour des raisons juridiques, elles sont maintenant placées sous la responsabilité de l’Office du Tourisme du Haut-Pilat, à Saint-Genest-Malifaux. Ce sont des marches d’une demi-journée ou d’une journée, programmées tous les mercredis et les vendredis des mois de juillet et août. Elles connaissent beaucoup de succès. Le programme détaillé des marches 2008 sera disponible dès le mois de juin auprès de l’Office du Tourisme du Haut-Pilat.

Regards du Pilat : Pierre Bessenay, vous êtes aussi le vice-président des « Films du Hibou ». Pouvez-vous nous présenter en quelques lignes cette structure dans laquelle vous vous êtes également bien investi ?

Pierre Bessenay : Les Films du Hibou se proposent de filmer les évènements culturels locaux, de recueillir la mémoire des hommes, de témoigner de la vie et des atouts de l’espace régional. Cette association est dirigée par André Picon, le cinéaste stéphanois bien connu.



Regards du Pilat : Nous savons que vos deux associations, les Guides du Pilat et les Films du Hibou, collaborent actuellement au tournage d’un film, « le Druide du Pilat ». Comment est venue cette idée, où en est le tournage ?

Pierre Bessenay : L’idée de tourner un film sur le Pilat est ancienne. Il nous manquait le scénario. Il nous a été fourni par Patrick Berlier, dont la connaissance fine et approfondie des lieux a donné naissance à un projet puis à un scénario, dont nous avons déjà tourné quelques séquences, et qui fait vivre des contes et légendes de la montagne. Le tournage est difficile. Il est lié à la météo. Nous allons, cette année, nous organiser différemment.

Regards du Pilat : Le film évoquera, sous l’aspect d’une œuvre de fiction, les mystères du Pilat ; on y parlera d’une lignée de souverains gardiens d’un terrible secret, du séjour de Marie-Madeleine, de sociétés secrètes… Bref, un petit air de « Da Vinci Code », non ? Et quel est votre point de vue personnel sur cet aspect mystérieux, voire ésotérique, du Pilat ?

Pierre Bessenay : Patrick nous a montré les filiations nombreuses et surprenantes entre des lieux et personnages historiques du Pilat d’une part, et des évènements, des sociétés secrètes, des légendes médiévales d’autre part, comme la légende du roi Arthur. C’est fascinant. Nous essayons de nous en imprégner.

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Regards du Pilat : Quels sont vos projets d’avenir, en particulier pour l’association des Guides du Pilat ?

Pierre Bessenay : L’association va poursuivre sa mission. Le souci principal est d’assurer sa pérennité par l’arrivée de nouveaux membres, donc leur formation et leur intégration dans le groupe.

Regards du Pilat : Précisément, parmi les internautes qui nous lisent en ce moment, certains souhaitent peut-être devenir membres de cette association. Comment peuvent-ils s’y prendre ?

Pierre Bessenay : Il faut qu’ils sachent tout d’abord que l’Association des Guides Animateurs du Pilat n’est pas un club de marche. Devenir membre de l’association implique de devoir un jour accompagner un groupe sur les chemins du Pilat, le guider, le renseigner, l’informer. C’est un véritable engagement, qu’il faut considérer dès le départ. Cependant nos adhérents ne sont pas lâchés du jour au lendemain avec la responsabilité de l’encadrement d’un groupe. Les postulants passent par une phase « d’observation », puis ils sont guides aspirants durant au moins une année. Ils doivent faire la preuve de leurs capacités avant d’être admis guides titulaires. J’ajoute que la participation à notre association est entièrement placée sous le signe du bénévolat.

 

Regards du Pilat : Et pour les groupes qui souhaiteraient faire appel à vos services ?

Pierre Bessenay : Il leur suffit de nous appeler à notre permanence, au moins une quinzaine de jours avant la date prévue de la sortie que nous devrons encadrer. Pour ceux qui veulent seulement se renseigner sur nos prestations, nous tenons à leur disposition une brochure de quelques pages présentant notre association et ses activités.

Regards du Pilat : Question délicate, quels sont vos tarifs ?

Pierre Bessenay : Nous intervenons de manière bénévole. Cependant, les accompagnements entraînent pour nous des frais, de déplacements en particulier, car chaque sortie fait l’objet de reconnaissances préalables sur le terrain, de repérages. Alors un petit geste en faveur de l’association témoignera toujours de la satisfaction des personnes et groupes que nous encadrons.

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Regards du Pilat : Pierre Bessenay, il nous reste à vous remercier pour votre accueil et votre collaboration.

Pierre Bessenay : C’est moi qui vous remercie de m’avoir donné l’occasion de présenter nos activités. Et comme nous disons souvent, « à bientôt sur les chemins du Pilat ».

Association des Guides Animateurs du Parc Naturel Régional du Pilat

4 rue André Malraux

42000 Saint-Étienne

04 77 32 47 28

Permanence tous les mardis (sauf du 14 juillet au 31 août) de 14 h 30 à 17 h 00


En Juillet prochain, avec Patrick Berlier,nous étudierons :
Doizieu, un village singulier et pluriel














     Une deuxième fois consécutive, n'est toujours pas coutume ! Nous vous proposons exceptionnellement de rencontrer un second invité et ce dans un contexte tout particulier : la sortie de l'Encyclopédie de l'Affaire de Rennes-le-Château.

     Bienvenue sur nos colonnes, à son éditeur et initiateur, le chercheur avisé <Thierry Emmanuel Garnier>.





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