VOL D’ARALEZ

AU-DESSUS DES AUTELS BRÛLANTS DE LA RÉJOUISSANCE

 
Par Michel BARBOT

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Avant-propos

 

Le texte que voici ne se veut aucunement une transcription rigoureuse et précise de faits historiques, religieux, voire mythologiques, inhérents aux monts du Pilat et plus précisément au Crêt de l’Airellier, l’Aralez des Anciens. Mais il se présente comme un voyage à l’intérieur du mot ARALEZ. À titre d’exemple, bien qu’évoquée dans ce voyage, nous n’affirmerons aucunement la présence au Moyen Âge de pèlerins venus d’Arménie dans cette montagne sacrée du Royaume de France. Nous présenterons néanmoins cette hypothèse car elle éclaire sous un angle nouveau l’Aralez des Gaulois et tribus sémites. Bien que ces dernières chères à F. Gabut aient peut-être – dans ce voyage – un rayonnement inattendu…

 

Dans son dernier livre « PILAT TERRE DE GRANDS SECRETS », Thierry Rollat consacre un chapitre « Au vrai pays des Druides » dans lequel il entraine le lecteur sur les pentes du Crêt de l’Airellier. Cette montagne oubliée des hommes et aujourd’hui noyée par la végétation, fut jusque vers l’année 120 avant J.-C., le siège primitif du rassemblement annuel des Druides.

 

Le Crêt de l’Airellier, vu du Mantel sur la D 63

 

Nous reviendrons et développerons plus avant sur cette importante révélation mais aborderons auparavant les pistes sémitique et arménienne de ce crêt mystérieux. Ces deux pistes puisent leur origine dans la figure mythique du patriarche Noé, premier Roi d’Arménie après le Déluge.

 

Dans le Livre de la Genèse 8-4 il est écrit : « Le septième mois, le dix-septième jour du mois, l’arche s’arrêta sur les monts Ararat. »

 

Rappelons ce que F. Gabut écrivait pour le Crêt de la Perdrix, montagne voisine du l’Aralez :

« Au crêt de la Perdrix, la montagne par sa forme se suffit à elle-même : cependant c'est un des hauts lieux par excellence, un bouton lithique qui distille aux esprits de l'air le lait mystique de la terre ; c'est une des montagnes sacrées sur lesquelles s'arrêtait l'arche de Noé, c'est-à-dire où hommes et animaux ont trouvé la sécurité, alors que les plaines étaient envahies par les eaux provenant de la fonte des grands glaciers. »

 

Pour cet auteur les habitants du Mont Pilat en cette époque postdiluvienne étaient des Philolithes, autrement-dit, ils appréciaient de vivre dans des lieux tel le Pilat marqué par la PIERRE.

 

F. Gabut avance au sujet de ces habitants de race noachique :

« Ces peuplades ou familles qu'on désigne sous le nom de sémites sortaient sans doute, dès leurs premiers pas, non de l'Ararat, sommet granitoïde où Noé, sa famille et les animaux qui l'entouraient furent assez heureux pour trouver un asile lors du déluge ou de l'inondation des plaines, provoquée par la fonte des grands glaciers, mais bien des vallées visant l'est ou le nord du plateau central de l'Asie. »

 

 

ARALEZ !

 

Le nom primitif de l’Airellier apparaît comme un cri jailli d’entre les eaux du Déluge et dont l’écho raisonne encore, bien qu’atténué dans l’inextricable végétation qui occupe aujourd’hui le crêt des anciens Rassemblements.

 

Lorsque les Sémites, fils du Grand Sem (hébreu Shem : le NOM…) sont venus sur les pentes du Mont Pilat, ils ont apporté dans leur bagage tout l’enseignement du grand ancêtre fils de Noé. Sem le patriarche, que d’aucuns au cours des siècles ont confondu avec le mystérieux Melkisédech, tant sa Sagesse était grande, avait, suivant la tradition pérennisée par les Rabbins, fondé une Grand École de Mystères que fréquenta notamment le patriarche Abraham.

 

Sur le Mont Pila(t), en hébreu la Montagne de l’Éléphant, les Fils de Sem vont apporter les antiques Mystères de l’Aralez.

 

Cet énigmatique nom héritage des temps les plus reculés, garde le souvenir d’une montagne de l’Orient que les Sémites quittèrent pour une autre montagne de l’Occident. Ont-ils également donné au Crêt de l’Arnica son nom ? Il serait bien tentant de l’affirmer. Et c’est bien ce que j’avançais à Patrick Berlier lorsqu’il me sollicita sur le sujet. AR NICA peut s’entendre en hébreu comme HAR NIKA : la « Montagne de la Justice ». Voir sur le sujet « LE ROYAL SECRET DES SIX CRÊTS » in « LA SOCIÉTÉ ANGÉLIQUE – éditions ARQA » et tout récemment, le dernier livre de Thierry Rollat.

 

L’HAR NIKA ou Montagne de la Justice pourrait plaider pour un HAR ALEZ hébraïque que les Gaulois successeurs des Fils de Sem auraient pu adopter. Cette lecture exotérique du lieu pourrait même cacher une lecture plus ésotérique : HAR-AL EZ sur laquelle nous développerons plus avant. Mais évoquons tout d’abord cette lecture exotérique qui a sa place dans cette étude.

 

HAR : la « Montagne » génère le nom de la célèbre montagne biblique de Méguido, l’HARMAGUEDON du Livre de l’Apocalypse.

 

ALEZ (bien prononcer le Z final), seconde partie du nom ancien du crêt pilatois de l’ARALEZ, renvoie aux mots hébreux ALATZ, ALAS ou ALAZ (initiale Ayin) dont la signification est « se réjouir », « triompher », et ALEZ, « joyeux ». La joie, le transport d'allégresse, l'exultation en question est dans le cas présent une joie divine donc religieuse. Cette joie, celle d’un peuple vers Dieu, apparait dans le verset 12 du Psaume 96. Le mot ALEZ est associé non pas à HAR la montagne mais à SADAI, le ou les champ(s). La symbolique est la même. Il est dit dans ce verset « que tous les arbres de la forêt chantent de joie » Le verbe traduit ici par « chanter » est aussi traduit pour ce verset, par « crier », « lancer des vivats ». N’était-ce pas de tels chants de joie qui retentissaient au sommet de l’Aralez en ces temps lointains ?

 

HAR ALEZ (חר עלז) dans sa lecture exotérique apparait ainsi comme la Montagne de la Réjouissance, la Montagne de la Joie.

 

Schéma de la zone des crêts du Pilat

 

De ARIEL à ARALEZ

 

La lecture ésotérique, ainsi qu’indiqué plus haut, fait apparaitre la forme HARAL EZ prononcée HAREL EZ. Intéressons-nous dans un premier temps à ce mot unique : le HAREL, soit l’Autel mais un autel ô combien particulier ! Ce mot unique dans la Bible apparait dans le Livre d’Ézéchiel 43-15. Il fait écho dans le verset avec le mot ARIEL. Le jeu de mots est volontaire. Il offre au lecteur un effet miroir, miroir à peine déformé mais déformé tout de même, bien que certaines traductions bibliques présentent un verset dans lequel figure en français deux fois le même mot : AUTEL ou FOYER, voir HARIEL avec un H initial (Bible David Martin 1744). On se rend compte, ainsi, combien les mots HAREL et ARIEL sont proches dans ce qu’ils représentent. Voici la très intéressante traduction de la Bible Annotée de Neufchâtel – 1899 ; traduction sur laquelle nous reviendrons :

« Le Harel a quatre coudées et de l'Ariel s'élèvent les quatre cornes. »

 

André Chouraqui dans sa traduction de la Bible éclaire ainsi ces deux termes :

« 15 Le Harél Le ‘’ mont d’ÉL ‘’, partie supérieure de l’autel ? 16 l’Ariél endroit où l’on brûle les victimes offertes en sacrifice. »

 

Le Harel, l’Autel, terme d’origine babylonienne, est donc mot-à-mot : le « Mont d’El » ou la « Montagne de Dieu ».

 

Cet autel à degrés, avait ou plutôt aura – puisqu’il s’agit du troisième Temple, le Temple des Temps Messianiques – la forme d’une ziggurat babylonienne ouverte à son sommet. Cette pyramide/autel (pur en grec = feu) est l’image de la montagne sacrée d’où son nom : « Montagne de Dieu ».

 

L’Ariel – ou l’autre côté du miroir – se trouve ainsi présenté dans le Dictionnaire d’hébreu/français biblique de Sander et Trenel : « (lion de Dieu ou lion fort) Héros, Jérusalem, Autel (…) Jérusalem, appelée ainsi, soit ville de l’autel, du temple, soit ville des héros ; (...) Ez. 43.16, l’autel avait douze coudées de longueur… »

 

Ariel apparaît dans la tradition hébraïque comme le nom d’un ange représenté avec un visage léonin ou accompagné d’un lion. Il tient dans sa droite une épée et dans sa gauche une flamme vivifiante car son nom, d’origine akkadienne, suivant les experts, signifie aussi « Feu de Dieu ».

 

Afin d’approfondir plus encore cette réflexion autour de l’Autel d’Ézéchiel, nous nous arrêterons sur les pertinents commentaires de la Bible Annotée, ou Bible de Neuchâtel. Ces commentaires toujours d’actualité et sans doute inégalés, ont été effectués sous la direction de Frédéric Godet du début de l’année 1879 au début de l’année 1900. Cet énorme travail effectué par des théologiens et des pasteurs, a été entièrement numérisé par le site Soleil d’Orient qui en autorise le téléchargement gratuit. Nous ne pouvons que remercier le Soleil d’Orient pour ce remarquable travail. http://epelorient.free.fr/ba_page.html.

 

Les commentaires de la Bible Annotée des versets 13 à 17 du chapitre 43 du Livre d’Ézéchiel nous livrent de brillantes réflexions :

« Il n’a été fait jusqu’ici mention qu’en passant de l’autel (40.47) qui apparaît dans notre passage comme le centre du nouveau culte, de même que matériellement parlant il occupe le centre du sanctuaire (comparez 40.47, note et Figure 1, O). »

 

Ces propos sont confirmés par le plan du Temple présenté par les auteurs des notes. L’autel et donc l’Harel se situe effectivement au centre même du Temple :

 

Plan du Temple d’Ézéchiel. L’autel est au centre (cerclé de rouge)

 

La position centrale de l’Harel, tant pour le nouveau culte que pour le Temple, devrait en toute logique, s’appliquer pareillement pour l’Arel Ez du Pila…

 

Viennent ensuite dans la Bible Annotée, les commentaires relatifs à l’Harel et à l’Ariel :

« Le Harel (H-J-L-N-O-Q-R-T). Il y a peut-être dans ce nom symbolique qui signifie montagne de Dieu, allusion à des passages tels que Esaïe 2.2 ; 66.20. Il faut distinguer le Harel qui, selon nous, désigne tout le cube supérieur, toute la masse du sommet de l'autel, de l'Ariel (N-O). L'Ariel (foyer de Dieu, voyez Esaïe 29.1, note) est la surface carrée et plane du sommet de l'autel. C'est sur l'Ariel que les victimes étaient consumées et que s'élevaient les quatre cornes (M-N et O-P). C'est sur les cornes que l'on faisait aspersion d'une partie du sang des victimes (verset 20 ; Lévitique 8.15) et il suffisait de les saisir pour être à l'abri de toute injuste vengeance. »

Voici le schéma de la représentation de l’autel qui accompagne ce commentaire :

 


L’Autel (vu en coupe)

Dans la Bible Annotée, les versets 15 et 16 sont ainsi traduits :

« 15. Le Harel a quatre coudées et de l’Ariel s’élèvent les quatre cornes. 16. L’Ariel a douze coudées de longueur sur douze coudées de largeur, il forme un carré parfait. »

 

Il y a assurément complémentarité du Harel et de l’Ariel. L’Ariel dont nous avons étudié les différentes traductions, est en premier lieu une dénomination symbolique biblique de Jérusalem, « la Cité de David ». À ce stade du commentaire, rien n’empêche de penser que le nom Harel qui précède Ariel, désigne lui aussi un nom de lieu. Ce lieu, pourquoi le taire plus longtemps, serait le Crêt de l’Aral-Ez ou Aralez. Les règles de l’AREL-EZ ou ARAL-EZ commencent à prendre place.

 
Pour les Druides qui occupèrent le crêt, le Nemeton, la clairière druidique se devait d’arborer quelques arbres. Ce temple à ciel ouvert apparait aujourd’hui comme la Belle au Bois Dormant qui dans les premières versions du conte apparait enfermée dans un château perdu au cœur d’une inextricable forêt dont seul le Prince  charmant, l’heure venue, muni de sa hache écartera les épines et en découvrira le chemin.

 

Bien sûr le Temple du crêt pilatois n’est fait de pierres taillées, pas plus que de cèdres du Liban, mais il apparait bien présent dans la pierre brute et les arbres jadis beaucoup moins nombreux ont assurément toujours été là.

 

Dans la Bible, le mot Temple traduit le mot Beth : « Maison ». Beth est aussi le nom de la seconde lettre de l’alphabet hébreu. Si cette lettre peut être associée à Jérusalem, elle ne peut aucunement l’être à l’Aralez du Pilat.

 

La seule lettre qui puisse être associée à l’Aralez du Pilat est le Shin (ש) qui signifie « dent ». Écoutons Gérald Scozzari  évoquer cette 21e et avant-dernière lettre de l’alphabet hébraïque (Apocalypses dans le ciel La Kabbale des Premiers et des Derniers Temps  – TSEDEK éditons) :

« Au niveau de la symbolique des Anciens, la dent est la première pierre de l’Homme. Le Shin correspond au Temple de pierre (construction) qui répond au Temple-Symbole (le Beith, symétriquement opposé : deuxième lettre de l’alphabet ; le Shin, deuxième lettre en partant de la fin)

« Le Shin c’est aussi la concrétisation de la Force, le Feu qui se matérialise.

 

Le dernier aspect du Shin évoqué par l’auteur apparait également particulièrement très intéressant :

« Au niveau des cycles, c’est la Pierre (pure comme à l’Origine, image des Lois Divines). La Pierre Royale, de Feu. La (Re) Construction du Royaume. »

 

Nous pouvons ici que penser au Crêt de la Perdrix, la Montagne des Rois, voisin du Crêt de l’Aralez. Mais le Shin qui est aussi le nombre 300 (les 300 guerriers de Gédéon évoqués dans notre article « La Croix St ADON et ZENON de Maclas ») et dont la signification est la « dent » nous rappelle pareillement le Pic des Trois Dents.

 

Suivant la tradition le Shin (ש) à l’origine n’avait pas 3 mais 4 branches. Cette branche supplémentaire représente le Olam haBa ou Monde Futur. Ce sont aussi les 4 cornes de l’autel du Temple d’Ézéchiel. Le Shin à 4 branches est appelé la Lettre Éternelle mais son absence de l’alphabet lui confère aussi le nom de Lettre du Monde à Venir. Spartakus FreeMann dans l’article « le Shin aux quatre branches » (http://www.elishean.fr/?p=2370) apporte de précieux renseignements sur cette lettre supplémentaire dite HaHot :

« Le HaOt fut créé lors du don de la Torah et des Commandements à Moise et les sages du Talmud nous disent que les Tables de la Loi furent en fait gravées dans la pierre et qu’une marque dans la pierre derrière la lettre Shin en modifia la forme afin de donner un Shin à quatre branches. »

 

Cette modification du Shin serait due au fait que les Tables étaient gravées des deux côtés et que la lecture de ces deux faces était possible en même temps. Ce miracle serait à l’origine de la quatrième branche du Shin.

 

Au sujet des 3 et des 4 branches, l’auteur de l’article écrit :

« Les trois branches du Shin et les quatre branches du HaOt font 7 : les sept jours de la Création, les 7 jours de la Paques, les 7 branches de la Menorah. »

 

La Menorah est le Chandelier à 7 branches qui fut déplacé du second Temple par Titus en 71. Les nombres 3, 4 et 7 se retrouvent, effet du hasard (?), dans l’étude de Patrick Berlier « Le Pic des Trois Dents » (le guide du Pilat et du Jarez 2 – Sur les sommets du Pilat – action graphique éditeur) : « si trois sommets dénudés se détachent des autres, la montagne est en fait composée de 7 dents ». 3 dents bien visibles + 4 moins visibles, soit les 7 Dents ou Branches…

 



La Menorah ou chandelier à sept branches (détail d’un vitrail dans l’église de Véranne)

 

Spartakus FreeMann ajoute :

« Celui qui retrouve la prononciation de cette lettre se sauve et sauve le monde. Peut-on dire alors que HaOt serait le symbole de la Parole Perdue de la Franc-Maçonnerie ? »

 

Noël Gardon dans son livre « Mon Pilat Etymologies Rêves et Légendeset Réalités – 1983) indique que le nom Aralez donné jadis au Crêt de l’Airellier, signifie « l’assemblée des autels » ou encore « les autels assemblés ». L’auteur n’avance aucunement l’origine de cette lecture, bien qu’il évoque sitôt après l’histoire gauloise et druidique de l’Aralez. À la vérité les dictionnaires gaulois ne semblent pas évoquer un ARA- gaulois signifiant « autel(s) ». Nous venons de voir que ARAL prononcé AREL signifie « Autel » en hébreu et c’est là, pensons-nous que se trouve l’origine de la signification proposée par N. Gardon. La tradition véhiculée par les Gaulois puis par les Pilatois du Moyen Âge nous aurait transmise un nom d’origine hébraïque. Reste cette « assemblée » évoquée par N. Gardon et dont nous verrons qu’elle semble bien également se trouver dans une origine hébraïque de ce nom de lieu.

 

EZ. Chapitre 43, verset 15.

L’AREL ou ARAL pilatois est prolongé par la syllabe EZ. Nous pourrions bien sûr y reconnaître l’hébreu EZ signifiant « force » et désignant la « chèvre », capridé dont le nom se retrouve, il est vrai, dans un crêt voisin. Le même mot prononcé OZ (comment ne pas penser ici au conte « Le Magicien d’Oz » de Lyman Frank Baum) signifie « puissance » et « forteresse ». Enfin, n’oublions surtout pas l’araméen ou chaldaïque AZA/AZI : « brûler », « chauffer » une fournaise ; verbe présent dans le Livre de Daniel 3. 19-22. Bien que ce verbe viendrait d’une certaine façon doubler l’AREL dans son étymologie akkadienne…

 

Arrêtons-nous un court instant et contemplons, sans nous y attarder, cet AREL-EZ ou ARAL-EZ pilatois qui soudain nous apparaît comme la « Montagne de Dieu (l’Autel) brûlante »… Contemplons seulement car il nous faudra auparavant entre-ouvrir les mystères unissant l’AREL/PILA à l’ARIEL/JÉRUSALEM.

 

Mais revenons auparavant sur ce brûlant final en EZ afin d’en présenter une dernière hypothèse jouant elle aussi sur les mots. Nous avons l’hébreu HOZÉ : le « Voyant », le « Prophète » mais aussi un « Traité », une « Alliance » ; l’alliance que l’on contracte avec Dieu ou avec les Enfers. Ces deux mots viennent de HAZA dont la signification est « oracle », « vision », « prophétie ». Nous avons ici une idée de ce qu’aurait pu être le Crêt de l’Aralez dans les temps anciens, avant même la venue des Romains.

 

Bien sûr les prophètes, il dut y en avoir quelque uns sur le Crêt de l’Aralez mais il y a un autre prophète qui subitement semble jaillir ou peut-être se cacher derrière cet EZ final. Oui ce prophète ne serait-il pas le grand ÉZÉCHIEL lui-même, le seul à nous parler de l’AREL ! Il ne convient sans doute pas de parler d’une présence physique du Prophète sur l’Aralez mais d’envisager pourquoi pas son… patronage ? Le terme EZ apparait bien pour les Occidentaux comme l’abréviation du nom d’ÉZÉCHIEL. Nous l’utilisons très souvent pour indiquer un extrait du livre de ce grand prophète ?

 

Le hic car il y a apparemment un hic ! Le nom de celui que l’on présente comme l’un des grand maitres de la Kabbale se dit en hébreu YÉHEZQEL, soit « Dieu rendra fort ». Une hésitation demeure sur la forme du nom de Dieu présente dans le prénom. Pour les uns il s’agit de Yah ou Yahou et pour les autres, tel André Chouraqui, il s’agit du El final. Bien que la forme occidentalisée de son nom soit une adaptation, l’hypothèse aussi aléatoire soit-elle, apparait des plus intéressante ! L’adaptation que nous connaissons de son nom ne tient pas compte de la lettre initiale, en hébreu un Yod. Ce nom est basé sur un verbe et l’ajout de la lettre Yod (י) devant ce verbe le conjugue au futur. Avec Ézéchiel ou Ézqel nous aurions, et nous avons, « Dieu rend fort », soit le présent de l’indicatif.

 

Faut-il envisager qu’à l’origine, l’ARALEZ ou AREL-EZ ait aussi été nommé AREL-YEZ (IEZ) ? Nous pouvons noter que ce « I » ou « Yod » demeure dans la forme AIRELLIER. Il se peut très bien qu’à l’origine l’une et l’autre forme, très proches, aient pu coexister. La Bible comporte différents exemples du même type.

 

Une telle hypothèse apparait vertigineuse ! Cet EZ et plus justement ce YEZ, non sans rappeler le Shin à trois branches cachant le Shin à quatre branches, deviendrait en quelque sorte une signature, la signature du Grand Prophète ÉZÉCHIEL ! Non le prophète biblique n’est pas venu en Gaule bien que dans son livre il évoque les curieux voyages qu’il effectua dans le temps à Jérusalem… précisément autour de l’AREL. Déporté à Babylone en 597 av. J.-C., c’est vers 593/592 av. J.-C. qu’il fut appelé par Dieu au ministère de prophétie. C’est à 30 ans suivant la tradition, après 5 années d’exil qu’il retourna à Jérusalem, effectuant plusieurs voyages à Babylone. C’est aussi à cette époque que suivant les historiens, les premiers Celtes arrivèrent dans ce qui deviendra la Gaule...

 

Pourrions-nous envisager quelques messagers du Grand Prophète venus de Jérusalem ou de Babylone vers « l’Assemblée des Autels » ? Cette Assemblée, nous dit Noël Gardon apparaît dans le nom même du crêt. Si l’ARELEZ ne permet pas sa présence, l’ARELIEZ permet quant à lui cette présence. En effet, les deux premières lettres du nom hébraïque d’ÉZÉCHIEL sont bien celles de la racine hébraïque Yod-Heth dont la signification, ainsi que le note Virya (OTIYOTH les lettres hébraïques) :

« Évoque l’entente particulière autour d’un sujet. De rassemblement de gens ayant les mêmes idées, d’une communion d’esprits isolés. »

 

EZ. Chapitre 43, verset 14. : Le Secret de l’Autel

Ce verset devient intéressant avec les deux premiers mots que seule la Bible œcuménique traduit au plus près de l’hébreu. Ces deux mots deviennent en français « du sein-de-la-terre ». Cette expression est généralement traduite : « depuis la base du sol ». Cette base est celle de l’Autel. Il s’agirait une fois encore d’un terme babylonien. Cet autel pyramidal prend racine dans « le sein de la terre ». L’expression n’est assurément pas anodine. Le mot ici traduit par « sein » devient dans le Livre des Proverbes 21-14 synonyme de « secret » et s’applique à un cadeau reçu « en secret », « sous le manteau », « dans la poche », ou « dans le sein ».

 

Le Prophète ÉZÉCHIEL nous révèle un SECRET résidant dans « le sein de la terre », secret partagé par ARIEL (Jérusalem) et par HAREL (l’ARALEZ ou l’AREL de EZ). Ce Secret venu du passé appartient au futur. C’est tout au moins ce que l’on est en droit de penser, sachant que le Temple d’ÉZÉCHIEL ou Troisième Temple n’a toujours pas été reconstruit. Le sera-t-il un jour ? À Jérusalem, beaucoup de Juifs le pensent et sans doute plus encore en ce 12 janvier 2014, jour où j’écris ces mots. Ce jour les médias nous ont annoncé le décès hier samedi d’Ariel Sharon. Une prophétie bien affirmée en Israël – mais non reçue dans son ensemble – annonce la venue du Messie après le décès de l’ancien premier ministre. Cette entrée dans l’Ère Messianique implique d’après la tradition, la reconstruction immédiate du Temple.

 

L’Institut du Temple à Jérusalem prépare aujourd’hui activement la reconstruction du Temple en recréant notamment tout le mobilier présent jadis dans le Temple (l’Arche de l’Alliance exceptée) ainsi que les vêtements des prêtres. Des Palestiniens de Jérusalem pensent ce jour très proche et des journalistes occidentaux s’interrogent aujourd’hui sur le sujet, tel Charles Henderlin, journaliste à France 2, envoyé spécial à Jérusalem et auteur de « AU NOM DU TEMPLE » aux éditions du Temple.

 

Le sujet est brûlant comme le ARIEL et il ne convient peut-être pas de pousser plus avant dans cette étude ce qui concerne Jérusalem. Moins brûlant sans doute se présente le HAREL et c’est sur le Crêt de l’ARALEZ que va se poursuivre cette étude.

 

 

L’ARALEZ GAULOIS

 

Vers le Ve siècle avant J.-C. voici qu’apparaissent les tribus gauloises venus de terres lointaines de l’Est. L’Aralez des Fils de Sem deviendra l’Aralez des Gaulois de la Celtide. Que sont devenues les tribus sémites établies autour des Monts Pil, l’Éléphant des Sémites ? Vivaient-ils toujours sur ces terres rocailleuses ? Se sont-ils fondus dans cette mouvance celtique nouvellement arrivée ? L’Histoire ne nous renseigne aucunement sur le sujet mais on peut penser qu’ils sont toujours restés très proches du Pila.

 

Aux yeux des nouveaux venus les Monts Pil apparaissent comme l’Olympe gauloise. Une fois l’an, les tribus de la Celtide ont rendez-vous au sommet de l’Aralez pour la grande Assemblée. Noël Gardon dans son livre « Mon Pilat Etymologies Rêves et Légendes… et Réalités – 1983) écrit :

« C’est à Pilat, au ‘’ Crêt de l’Airellier ’’ que se tenait, autrefois cette assemblée annuelle gauloise. Puis après la transformation en province romaine du territoire des Allobroges et de la Narbonnaise, il n’était plus concevable, ni logique de maintenir en ce lieu ces réunions ou les principaux chefs guerriers et religieux se trouvaient rassemblé. »

 

Ce fut, suivant N. Gardon, quelques 120 ans avant notre ère que le lieu de rassemblement des tribus celtes fut transféré à Chartres. L’Aralez s’effaça devant Autricôn, nom celtique de la cité de Chartres… autre lieu, autre histoire !

 

Thierry Rollat en compagnie de Jacques Patard est allé à la découverte de l’Aralez. Une véritable aventure les attendait dans ce lieu oublié des hommes. On comprend en lisant Thierry mais aussi en admirant les dessins de Jacques Patard figurant dans l’ouvrage, que les Romains se sont évertués à détruire l’ancien lieu de culte des Gaulois. La hache des légionnaires romains semble avoir fracassée les autels druidiques.

 

Noël Gardon raconte dans son livre les autels dressés sur le crêt de l’Aralez :

« Il y avait à l’Airellier trois pierres qui étaient les trois autels. L’une n’était, en réalité, qu’une table destinée à recevoir les offrandes, l’eau nécessaire aux ablutions et autres objets nécessaires au culte. La deuxième était l’autel de parfums où l’on faisait brûler l’huile aromatisée, enfin la troisième était l’autel des holocaustes. »

 

Telles sont apparemment ces pierres, mais roulées et cassées que découvrirent Thierry Rollat et Jacques Patard lors de leur excursion sur le Crêt de l’Airellier, antique Aralez. Noël Gardon rapporte lui-même : « Si vous montez, entre les branches rampantes, peut-être finirez vous par découvrir les deux ou trois pierres, patinées par les pieds des prêtres et qui forment encore comme les marches d’un autel, mais elles sont tellement mutilées qu’à peine en reste-t-il quelques décimètres carrés. »

 

Après le passage des Fils de la Louve, plus jamais ne retentirent les chants bardiques et les clameurs des guerriers Celtes sur le sommet sacré et secret de l’Aralez.

 

Thierry Rollat s’interroge sur ce passé éteint de l’Aralez et notamment sur le changement de son nom : « Pourquoi ce changement ? Je n’ai pas de réponse mais ce Crêt n’a jamais plu à personne, pas plus aux Romains, qu’aux Chrétiens. Ce lieu sacré ‘’ ne devait plus exister ‘’.

 

Le bois du Paradis voisin garderait au travers de son nom le souvenir des hommes sacrifiés de l’Ère Druidique car oui les Druides ont commis quelques sacrifices humains, pas aussi nombreux que les vieux historiens ont pu l’écrire mais ces sacrifices ont existé. L’Aralez fut une montagne des vivants mais elle fut aussi une montagne des morts.

 

Il convient ici de mentionner une nouvelle fois l’hébreu ALEZ. Ce mot signifie « joyeux » en tant qu’adjectif et « joie », « réjouissance » en tant que nom commun. Il apparait dans Ésaïe 5-14 comme nourriture du Shéol, des Enfers. Les « joyeuses » ou les « bruyantes », désignent ici des fêtes, des pompes, des tapages dont la seule issue est la bouche grande ouverte du monde des morts.

 

 

Le vol d’ARALEZ

 

F. Gabut, ainsi que nous l’avons vu plus haut, écrivait au sujet du Crêt de la Perdrix, voisin du Crêt de l’Aralez : « c'est une des montagnes sacrées sur lesquelles s'arrêtait l'arche de Noé ». Pour cet auteur, un peuple d’origine sémitique, descendant de Noé serait venu des plaines proches du Mont Ararat. Cette montagne sacrée située aujourd’hui en Turquie s’élevait jadis dans l’ancien royaume d’Arménie. Les noms ARALEZ, ARARAT et ARMÉNIE ont en commun la racine AR. Suivant la tradition cette racine rappellerait le nom du Roi Ara le Beau. Le nom de ce roi mythique de l’Arménie signifierait « soleil ». Ce « soleil » qui est aussi « lumière » baigne de ses rayons l’Ararat, montagne sacrée sur laquelle s’est échouée, suivant la Bible, l’arche de Noé.

 

Il n’est sans doute pas inopportun d’évoquer ici l’ancien Royaume puis Duché de Bretagne que les Bardes dans leurs chants ont nommés ARMONIE, jeu de mot axé sur l’ARMÉNIE, terre de l’Hermine… bretonne.

 

Nous apprenons dans le « Dictionnaire étymologique de la langue française – 1861 » de Barthélemy Morand, que, suivant Bochart « l'Arménie était appelée Mini ou Minni par les Hébreux et Haramini par les Chaldéens, et que Haramini, Arménie, signifie la montagne de Mini. En hébr. har montagne. »

 

Le nom biblique de l’Arménie est bien Mini ou Meni ainsi que le confirme le Dictionnaire Hébreu/Français de Sander et Trenel. L’exemple donné dans le dictionnaire apparaît avec le verset 27 du chapitre 51 du Livre de Jérémie où sont évoquées les « les royaumes Ararat Mini et Ashkénaze ». Nous avons ici un jeu de mots évoquant tout à la fois l’Arménie et sa montagne sacrée l’Ararat. Mais ce jeu de mots va beaucoup plus loin. En effet, suivant le même dictionnaire, Meni ou Mani, de même écriture hébraïque que Mini « Arménie » signifie « destin » ou « destinée » et désigne une divinité de ce nom à laquelle on offrait des coupes de vins (Isaïe 65-11). Le dictionnaire Sander/Trenel va plus loin encore en indiquant que Meni (Destin) a pour origine Mana (Compter) et s’applique ainsi : « à un certain nombre, à un groupe d’étoiles, aux planètes ; selon d’autres : Vénus. »

 

Cette dernière lecture éclaire à présent plus clairement la traduction quelque peu surprenante de ce verset d’Isaïe dans la Bible David Martin – 1744 : « (…) qui dressez la table à l’armée des cieux (les étoiles), et qui fournissez l’aspersion à autant qu’on en peut compter » ; là où, par exemple, la Bible Parole de vie – 2000 – traduit : « vous offrez de la nourriture à Gad, le dieu de la chance, vous offrez des vins mélangés à Méni, le dieu du destin. »

 

Toujours, en se rapprochant du Dictionnaire Sander/Trenel il apparaît qu’un nouveau jeu de mot peut s’appliquer à AR MENI. Il suffit à présent de lire MENA RA et nous obtenons ainsi le mot MENARA dont la signification est « caverne », « antre » et s’applique à « des antres dans les montagnes » (Juges 6-2). MENARA : la caverne, tire son nom, suivant le même dictionnaire, de NAHARA : « lumière », « parce qu’on y pratiquait des ouvertures pour avoir du jour ».

 

Pour André Chouraqui, ainsi qu’il apparaît dans sa traduction du verset, les antres sont des tunnels : « les Benéi Israël se sont fait les tunnels qui sont dans les montagnes, les grottes et les trappes ».

 

C’est donc en ce royaume d’Ararat Mini biblique que régnait Ara le Beau, fils d’Aram et petit-fils d’Haïk père des Arméniens. Ara le Beau était le vassal du roi assyrien Ninos. Sémiranis, femme de ce drnier, informée de la beauté d’Ara, le désira en secret. Après la mort du roi Ninos elle envoya des messagers chargés de cadeaux auprès d’Ara espérant ainsi que le bel Arménien vienne à Ninive et l’épouse.

 

Ara fidèle à son épouse rendit folle la reine Sémiranis qui lui déclara la guerre tout en ordonnant à ses soldats de l’épargner. Ara n’en trouva pas moins la mort. Sémiranis ordonna que le corps du roi Arménien fût placé sur la terrasse de son palais. Réputée magicienne, la reine fait appel aux dieux. Et voici, suivant la légende, que du ciel descendit un ARALEZ qui lui rendit la vie.

 

Cette créature mythologique fortement ancrée dans le légendaire arménien, perdura dans l’Arménie chrétienne. L’Aralez apparaissait sur les champs de batailles. Il s’approchait du héros mort dignement au combat, le léchait et ainsi lui rendait la vie. Cette étrange créature que l’on rapprochait des Devs ou Dives de la mythologie persane, avait la forme d’un chien ailé.

 

L’aralez mythologique

http://en.wikipedia.org/wiki/File:Aralez.jpg

 

L’origine de son nom, assyrien pour les uns (chaldaïque ou araméen) et arménien pour les autres, évoquerait dans sa première partie ARA le dieu soleil et le soleil lui-même et dans sa seconde partie, le thème de la « lèche » : LEZ. Avec cette créature surnaturelle liée aux combats héroïques, nous retrouvons en partie l’idée de la « lèche » évoquée dans notre précédent article « La croix St ADON ET ZENON de Maclas ». Dans cet article est évoqué AMALEK, l’ennemi héréditaire d’Israël dont la signification hébraïque retenue est : « le Peuple de la Lèche ». Mais cette « lèche » apparaît comme l’antithèse même de celle de l’Aralez. En effet, Amalek présenté par Rashi comme un chien de berger, était suivant la tradition, sur les champs de bataille, semblable au chien léchant le sang des victimes.

 

Dans cet article nous avions émis l’hypothèse suivant laquelle les Monts Amalek – différents du peuple du même nom – situés en Occident pouvaient correspondre aux Monts du Pilat. Dans cette hypothèse prenait place les 300, l’élite guerrière du Juge Gédéon dont la particularité était de laper ou lécher, telle le chien l’eau de la rivière…

 

De nos jours le Docteur Anna Kazanchyan a créé l’Aralez Pharmaceuticals qui met l'accent sur la revitalisation des produits pharmaceutiques pour répondre aux besoins médicaux d'aujourd'hui. Sa mission se veut identique à celle du dieu mythologique arménien Aralez, qui a insufflé une nouvelle vie aux guerriers tombés sur le champ de bataille. Aralez, le chien ailé divin figure le logo de l’Aralez Pharmaceuticals :

 

L’aralez pharmaceutiaque

http://www.aralezpharma.com/

 

Aralez, le chien ailé divin reste encore très présent chez les Arméniens, à tel point que l’ancienne cité de Gharabulag sise dans la région Ararat en République d’Arménie fut rebaptisée Aralez en 1978.

 

L’aura de ce chien divin est si forte qu’il devient aussi un puissant guerrier du jeu vidéo Monster-Blade sous le nom d‘ARALEZ PIR, le Godbeast du feu. Sa tanière se trouve parmi les chutes d’eau ardente dans ses grottes infernales entourées de ses proies. Il a le pouvoir de revenir d’entre les morts, plus fort que jamais. (http://monster-blade.wikia.com/wiki/Aralez_Pir)

 

 

SARQIS, le « SERVITEUR DE DIEU »

 

L’Arménie est bien loin de la France. Il existe cependant une curieuse inscription arménienne gravée « sur un pilier de la nef gauche en montant vers le chœur de la cathédrale de Bourges. » (Réf : Extrait du bulletin du diocèse de Bourges, 1872)

« Elle se compose de treize caractères formant trois mots en ligne… La première ligne contient un seul mot, Sarqis (Sargis = Serge)… la deuxième ligne contient deux mots : l’un TZARRAH, qui veut dire serviteur, l’autre, en abrégé, AZZEDOUTZO, qui vent dire de Dieu. L’histoire arménienne mentionne le passage de quelques Arméniens en France, vers le XIIe siècle. Ce serait donc à cette époque que remonterait l’inscription dont il s’agit, et qui constaterait le passage de Sarqis, serviteur de Dieu, alors qu’on édifiait la cathédrale de Bourges. » (Réf : Mosaïque orientale, Macler 1907)

 

Inscription arménienne dans la cathédrale de Bourges

Photo : Amis de la cathédrale de Bourges

 

Bien que cette inscription soit communément datée du XIIe siècle, J. Mathorez dans son ouvrage « Les Arméniens en France du XIIe siècle au XVIIIe siècle » (http://armenie.net.free.fr/arm1.pdf) en s’appuyant pareillement sur les propos de Macler, opte quant à lui pour le XIVe siècle :

« Un graffito de langue arménienne, signé de Sargis, figure sur un pilier de la cathédrale de Bourges. N’émanerait-il pas d’un compagnon de Léon VI qui, après la mort de son maître, aurait suivi Charles VII dans cette ville ? Siméon, évêque arménien de Sébaste, qui, le jour de Pâques 1388, célébra la messe dans l’abbaye de Grasse, en Languedoc, semble bien, si l’on rapproche les dates, avoir accompagné Léon VI en France. »

 

Léon VI, roi déchu d’Arménie venait chercher refuge en France. « Léon VI, roi d’Arménie, n’était pas de pur sang arménien ; il descendait des Lusignan, mais il était petit-fils de la reine Isabelle Hétoum-Rupen, femme d’Amaury de Lusignan.

 

Dans cette hypothèse, Sarqis, l’auteur de l’inscription arménienne de Bourges serait un membre de l’escorte du roi déchu Léon VI. Ce possible adjoint de Siméon, évêque arménien de Sébaste, se présente dans l’inscription comme un TZARRAH AZZEDOUTZO, soit un Serviteur de Dieu… Nous retrouvons dans ce « titre » toute la symbolique d’ABDON évoquée dans notre article « La croix ST ADON et ZENON de Maclas ».

 

La présence de Sarqis l’Arménien, « Serviteur de Dieu », dans la cathédrale de Bourges n’est assurément pas à prendre avec légèreté. L’inscription a peut-être plus encore à dire qu’il n’y paraît mais ne semble pas avoir fait l’objet de nouvelles études.

 

En 1383 ou 1384, le roi déchu Léon VI, s’en venant de Venise, est reçu à Avignon par le pape (ou antipape) Clément VII (1378-1394). Il est celui que la Prophétie des Papes dite de Saint Malachie présente ainsi : Devise 42. De cruce apostolica (De la croix apostolique). Clément VII, de son vrai nom Robert de Genève, fut élu pape le 20 septembre 1378 et exerça son ministère jusqu’en l’année 1394. Il fut avant d’être pape, nommé cardinal des Douze Apôtres, dont les armes portaient une croix : la cruce apostolica qui est la croix des 12 apôtres.

 

Lorsque le roi déchu d’Arménie fut assigné à résidence au Caire en Égypte, le pape d’Avignon fut avec le Grand-Maître de Rhodes, l’empereur de Byzance ou bien encore la reine de Naples, l’un des hauts personnages ayant œuvré pour sa libération. Nous lisons dans Wikipedia : « En mai 1383 Léon quitte Avignon pour une tournée de remerciements des souverains ibériques qui ont contribué à sa libération. » En juin 1384, installé à Paris il devient le conseiller du roi Charles VI pour lequel il effectuera quelques missions diplomatique à Londres.

 

Que devient pendant ce temps Sarqis le « Serviteur de Dieu » ? Naturellement l’Histoire ne le dit pas, d’autant plus que l’idée suivant laquelle cet énigmatique personnage  aurait été l’un des compagnons d’exil de Léon VI, reste aujourd’hui encore qu’une hypothèse assurément pas partagée par tous les historiens. Mais il n’est pas interdit de penser que ce « Serviteur de Dieu » après son séjour à Avignon ait pu, chemin faisant sur Bourges, pénétrer les Monts du Pilat. Auquel cas, nous pouvons nous le représenter faisant halte dans la paroisse Saint-Étienne de Furan dépendant à l’époque du mandement de Saint-Priest-en-Jarez et dont la géographie sacrée apparaît marquée par ses sept collines. Poursuivant son périple, Sarqis l’Arménien s’enfonce ensuite dans les Monts du Pilat, effectuant ainsi un pèlerinage aux sources ; des sources qui, bien que très éloignées de son Arménie natale, il reconnaît comme siennes. Voici qu’apparait enfin le Crêt de l’Aralez. Son dernier combat n’est pas terminé. Il sait que l’Aralez ne viendra pas lécher son visage se soir... Une mission l’attend dans Bourges l’ancienne capitale ésotérique de la Gaule mais auparavant il se doit de faire la montée de l’Aralez, la montagne du Rassemblement de cette ancienne Gaule. Et qui sait, peut-être, après sa mission accomplie dans la capitale secrète, en cette période de troubles, se verra-t-il dans l’obligation de reparaitre au sommet de l’Aralez où l’attendra peut-être le chien ailé… Sarqis a-t-il combattu le bon combat ? Dieu seul est Maître et l’homme est son Serviteur.

 

 

ARALEZ : de la Langue à l’Oreille

 

Patrick Berlier intéressé par cette possible présence symbolique de la langue ou de la lèche dans les Monts du Pilat, c’est pris au jeu et a tenté, carte en main, de débusquer cette organe de la parole. Patrick rappelle dans l’un de ses courriers : « en considérant que la lèche ou la langue pouvait aussi désigner les langages cryptés chers à Grasset d'Orcet comme le grimoire ou la langue des oiseaux, il me vient à l'idée que ce lieu pourrait être la Roche Anglaire, pointe située entre le Pic des Trois Dents et le Crêt de l'Oeillon. »

 

Le Pic des Trois Dents (vu du nord-est)

 

Nous aurions donc ici une Roche Anglée. Rappelons ici que la Roche désigne aussi pour les Hermétistes la Ruche des abeilles. Or, l’abeille en hébreu « Déborah », « Dvorah », par sa racine « Dabar » signifie aussi « Parole » !

 

Dans mon article « MADELEINE EN SON MIROIR : ÉCHEC ET MAT » (Regards du Pilat – décembre 2012), j’avançais l’hypothèse suivant laquelle le nom du Mont Ministre, forme plutôt récente  ayant succédée à l’antique Pérouse, serait l’œuvre des membres de la Société Angélique Lyonnaise. Se pourrait-il qu’il en fût de même pour la Roche Anglaire ?

 

Patrick indique : « On peut d'ailleurs réellement parler de langue de roche, géographiquement parlant, rattachant ledit pic au reste du massif. C’est par la Roche Anglaire que l’on accède au Pic des Trois Dents proprement dit : passage obligé, seuil presque initiatique ! », avant d’ajouter : « Je me suis demandé pendant longtemps quel pouvait être le sens de ce nom, avant de me rendre compte qu'il pourrait avoir un lien avec le langage anglé, anagramme phonétique de langue d'ailleurs»

 

Notre ami Stéphanois ajoute : « Aujourd'hui sur les dernières versions de la carte IGN ce nom a changé et est devenu Roche Anglane, ce qui d'ailleurs ne veut rien dire et semble n'être qu'une mauvaise graphie (volontaire, diront certains !). »

 

Le passage de AIRE à ANE peut-il être volontaire comme le diront certains ? Il est en cet instant, difficile de l’affirmer. Cette Roche Anglée devient aussi une Roche de la Langue… Patrick a réexaminé à la loupe la carte du Pilat, ainsi qu’il me l’indiqua, afin d’y découvrir le thème de la lèche ou de la langue dans le Pilat. Il s’est interrogé sur le Crêt de l’Airellier, curieusement orthographié sur les cartes (Aireiller), ce qui pour lui induit une prononciation différente (éréyé) et donc une signification différente :

« Cet Aireiller évoque peut-être le mot oreiller, et de l’oreille à la langue il n’y a sans doute pas loin ! Se faire lécher les oreilles permet de les déboucher et d’entendre d’autres langages comme celui des oiseaux, c’est un thème mythologique récurrent (Tirésias) souvent illustré par l’art roman. Aireiller ou Airellier est sans nul doute une version ‘’ compréhensible ‘’ d’un nom ancien incompris. »

 

L’idée de l’oreille avancée par Patrick et justifiée par l’aireiller devient intéressante si on la rapproche de la syllabe lane ou l’ane clôturant le nom de la Roche Anglane lorsqu’elle est ainsi orthographiée. Nous ne savons quand cette roche fut dénommée Anglane et donc si cette lecture récente serait l’œuvre des membres de la Société Angélique Lyonnaise.

 

Le prénom ANE ou ANNE a pour origine l’hébreu H’en : « Grâce ». La « Grâce » cher aux Hermétistes, devient intéressante en hébreu, en ce sens que sa guématrie hébraïque égale à 58 est aussi donnée comme étant celle de « Ozén » : l’Oreille !

 

Georges Lahy (Virya) dans son livre « La voix du corps » aux éditions Lahy, indique que H’en est un : « mot servant, dans la Kabbale, d’initiales pour ‘’ H’okhmah Nitsarah ‘’, la Sagesse cachée. » Cette « ane » devient ainsi le pont unissant la langue et l’oreille.

 

Puissions-nous un jour marcher dans les pas du Serviteur de Dieu montant vers la Sagesse cachée gravée à tout jamais dans la Roche de l’Anglaire et dans le Crêt pérenne de l’Aralez.



SUITE

<ARALEZ,
 
un passé ou le reflet d'un  avenir>

 
Par Michel BARBOT


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Il est maintenant temps de retrouver notre nouvel invité, notre ami Jacques Patard, non sans avoir vivement remercié Michel Barbot pour ce remarquable dossier qui nous vient tout droit d'un "total inédit". A lire et à relire. Allez en avant, Jacques nous attend.

  














Installé depuis une vingtaine d'années au coeur du Pilat, cet artiste authentique cumule passions et compétences. Dans cette interview nous allons avoir la chance de mieux le connaître, lui qui est toujours partant lorsqu'il s'agit de relever un défi artistisque. Très convivial, chaleureux et au carctère bien trempé. Le Pilat représente beaucoup pour lui ; il l'a pleinement adopté et aujourd'hui il le connaît bien. Intuitif, fidèle en amitié, il demeure un compagnon d'aventure très plaisant et efficace. Il est maintenant temps de s'entretenir avec lui.





1/ Vous êtes peintre, illustrateur et créateur de décors muraux. Parlez–nous de ce métier un peu spécial, de votre formation.

    J’ai souvenir que j’ai toujours voulu faire un métier artistique, dessinateur plus exactement, depuis tout petit. Aux Beaux-arts de Lyon, plus tard, j’ai touché à tout et essayer de multiples techniques, mais c’est à MUR’ART que j’ai véritablement appris à peindre. Une société où je fus d’abord stagiaire puis embauché comme graphiste de cette agence spécialisée dans l’art mural. Voilà comment je suis arrivé aux murs-peints, au hasard de mon parcours d’étudiant.

 

2/ Peut-on parler d’un « métier de voyageur, à la manière des compagnons ?

   Oui, c’est en effet de cette façon que je le perçois. Chaque bâtiment, chaque mur est unique. Il faut donc à chaque fois s’adapter. Seule une expérience acquise au pied du mur, si je puis dire, au fil du temps et des voyages peut nous donner les clés de cet art exigeant, tout à fait comparable au parcours d’un compagnon. Il est vrai.

3/ La région en particulier vous doit plusieurs peintures. Parlez-nous de celle qui vous a le plus marqué.

   Pour ce qui est de la région, j’ai surtout sévit dans la vallée du Gier et Lyon. Ces projets ont tous leurs exigences et sont tous à quelque part des performances.  Mais la plus belle, la plus complexe aussi, fut sans nul doute la fresque de Lorette près de Rive de Gier, que j’ai peinte en 1999. J’étais tout seul alors face à ce géant, près de 400 m² et si peu d’expérience. Quarante mètres de long sur une dizaine de haut. J’étais écrasé. 5 semaines plus tard, sorti indemne de cette épreuve, devant cette réussite et si peu d’erreurs, j’ai enfin réalisé que j’étais fait pour ce métier, je ne m’étais pas trompé.



4/ L’une de vos œuvres les plus saisissantes est cette grande fresque qui orne l’un des murs intérieurs de la chapelle privée du château du Buisson, à Maclas. Ce décor en trompe-l’œil prolonge véritablement la chapelle, en profondeur et en perspective. Cette chapelle virtuelle semble éclairée par des vitraux, dont certains projettent leur image sur le sol. On se rend compte alors que le premier vitrail reprend le thème du fameux tableau de la chapelle Sainte-Madeleine : derrière la pécheresse se profilent les sommets caractéristiques du Pilat, les Trois Dents et l’Œillon. Il s’agit manifestement d’un clin d’œil de votre part, non ? Mais ne passe-t-il pas inaperçu de la plupart des visiteurs ?

       Cette peinture dans la chapelle du Buisson à Véranne est un vrai trompe l’œil par définition : Ne trompe que celui qui ne veut pas voir, ne montre ce que l’on veut bien y voir. Trompe l’œil – clin d’œil ?  oui, un art de l’œil, celui du regard avant tout. Comme une invitation à utiliser ce sens. Ce sens si sollicité dans notre quotidien que l’on ne sait plus …voir. Dans ce lieu de recueillement et de silence, les choses se laissent simplement deviner. Voit celui qui veut voir !

5/ Apparemment vous souhaiteriez développer davantage la réalisation de tableaux. Qu’en est-il ?

       Je ne me sens pas la force de grimper, d’escalader des échafaudages toute ma vie. J’ai cinquante ans, et bientôt monter là-haut sur des châteaux d’eaux à  30 mètres  ou plus, ne sera plus de mon âge. Alors continuer à peindre en atelier, me parait une reconversion évidente.

6/ Manifestement, vous vous passionnez aussi pour le Pilat…. Quel regard portez-vous sur cette montagne ?

      Le Pilat n’est qu’un caillou à l’échelle de notre pays et donc quasiment inconnu de nos contemporains. Pas pour nos grands ancêtres, cette terre était pour eux absolument essentielle. Capitale même. Centrale. « Le point autour duquel ont oscillé les forces qui ont fait la France ». «  L’Olympe des Gaulois ».  « Le Mont Pilat est par excellence la montagne française ». «  Le plus ancien belvédère, sans rival ». Etc. Etc… voilà ce qu’en disaient des historiens et autres spécialistes qui nous contaient le Pilat. Racontars ? Balivernes ? …


Connaissez-vous alors la pierre des 3 évêques, près du col de la République ? Cette grande pierre plate au milieu de la forêt de St Sauveur en Rue, cette pierre est une borne. Depuis des millénaires sûrement, depuis la Gaulle celtique en tout cas, puis la romaine, jusqu’à la France du Moyen-âge, cette France d’alors était partagée en 3 immenses régions bien distinctes : la Narbonnaise, l’Aquitaine, la Lyonnaise. Le point de rencontre, de jonction de ces 3 régions, cet axe est là, ici, dans le Pilat. Incroyable, non ?..

 Mais pourquoi le Pilat ?  Voilà ce qui me passionne dans ce pays, sa beauté et son mystère.

7/ Quels sont aujourd’hui vos projets, dans le Pilat ou ailleurs, notamment en ce qui concerne le centenaire de la guerre 14/18, un sujet qui ne vous est pas insensible ?

       Ce centenaire en 2014 à l’avantage d’allier mes deux passions : mon métier et l’histoire. Pour la première fois je vais pouvoir les exercer ensemble. La guerre de 14 et son traumatisme  m’ont beaucoup marqué, j’ai même été collectionneur. Des collections aujourd’hui que nous prêtons, moi et deux amis passionnés, pour des expositions. Elles seront évidemment présentes, en partie, pour la grande exposition  au « Shed » de Pélussin en novembre 2014, sous la forme d’affiches, coiffures,  objets et documents de toutes sortes. Ceci  pour la partie 1914, d’intérêt historique. Le passé donc. Mais aujourd’hui, en 2014, quelle vision avons-nous de cette époque ? Pour la commémoration de ce centenaire, pour une telle exposition, ne serait-il pas intéressant et utile d’avoir aussi cette vision, ce regard ?  A travers  celui des enfants notamment ? Seul l’art, je pense, peut apporter une dimension contemporaine de ce conflit, en impliquant activement les écoles concernées du canton. Les impressions des enfants, leurs mots, mis en valeur par une vidéo par exemple, projetés sur un écran géant, vont créer cette dimension. Une dimension forte, attrayante, vivante. Une vraie expo.


8/ Pensez-vous que cette longue et meurtrière guerre aurait pu et dû être arrêtée avant ? Et pourquoi ?

       Je ne veux pas faire de l’uchronie , c'est-à-dire de l’histoire fictive, mais en effet tout n’a pas été tenté pour arrêter la course à la guerre, bien au contraire. Mis à part Jean Jaurès comme on le sait, nos politiciens d’alors sont de vieux messieurs revanchards, celle de la guerre de 1870 qu’ils ont connus. Poincaré, président de la république, est l’un d’entre eux. Celui-ci donc, part du 20 au 22 juillet 1914  à la rencontre de son allié russe pour le dissuader d’entrer en guerre … officiellement. Il n’en sera rien. En fait, Poincaré en profitera lors de cette visite pour réitérer à Nicolas II sa fidélité et son complet soutien en cas d’agression. Véritable blanc-seing qui donnera tout pouvoir d’agir à cet allié belliqueux. Quelque jours plus tard, la Russie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie… on connait la suite !

Jacques nous vous remercions.

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