DOSSIER
MARS 2021 |
Michel Peyrard |
La
Galoche
|
HISTOIRE
D’UN PETIT
TRAIN NOMMÉ « LA GALOCHE » La
Galoche du Pilat c‘est le nom du petit train
qui relia Saint-Héand à Maclas de 1905 à 1931. Les
surnoms de « La Galoche, ou du Tacot » sont
donnés à beaucoup de petits trains qui circulaient dans
de nombreuses régions
de France, ce qui avant l’apparition des voitures individuelles
permettait
aux habitants des campagnes françaises d’aller de village en
village, ou de
descendre en ville. Ces petits trains assuraient aussi le transport des
marchandises.
La
Gare de départ
Le
nom de la Galoche : D’où
vient ce nom ? Des
noms beaucoup plus officiels, ont été
donnés à ce petit train : le tramway, le rapide (c’est
vrai que la moyenne
était de 18 km/h !), le départemental, l’express, le
chemin de fer. Mais
les noms les plus populaires (et les plus
affectueux) donnés à l’époque et restés
dans la mémoire collective, sont la
Galoche et le Tacot. L’origine
de ces noms (que l’on retrouve
ailleurs, dans d’autres régions pour désigner ce type de
petit train) n’est pas
certaine : Vague
ressemblance de forme de la locomotive
avec les chaussures d’alors, les galoches, à semelles de bois
que
portaient les
écoliers des campagnes ? Ou
peut-être un bruit caractéristique de ce
train rappelant celui d’un groupe d’individus « trainant leurs
galoches » ? Historique
de la Galoche Les
objectifs : En
1880, le ministre des transports décide
qu'il faut ajouter au grand réseau national tout un ensemble de
chemins de fer
secondaires pour désenclaver la France rurale…Ce train doit
permettre les
échanges de voyageurs et de marchandises entre les deux versants
du Pilat : St
Etienne à l’Ouest et Pélussin Maclas à l’Est. Qui
seront les voyageurs ? Tout
d’abord les nombreux ouvriers des
campagnes qui travaillent aux Aciéries de la Marine et dans les
nombreuses
usines de la vallée du Gier. Dans
la vallée du Dorlay la Galoche
transportera les ouvrières employées dans les usines de
textile installées le
long de la rivière. Il
faut aussi acheminer les matériaux
nécessaires aux industries locales : le charbon des nombreux
puits de mines
pour les fours des sociétés sidérurgiques et
métallurgiques, le bois du Pilat
pour étayer les galeries de mines, le quartz de la Terrasse sur
Dorlay en
direction des verreries de Rive de Gier. Sans oublier les autres
productions de
l’activité régionale : tresses et lacets, passementerie,
mais aussi le vin, la
farine etc… Les
projets d’extensions : Ce
type de réseau ferroviaire n’était pas le
seul. On envisageait de mailler les territoires ruraux par de petites
lignes et
de les relier entre elles pour faciliter les communications entre les
différents bassins d’activité. C’est
ainsi que plusieurs projets ont été
étudiés pour la Galoche, entre autres : extension vers
les monts du Lyonnais
par une ligne qui aurait relié Saint-Héand à Saint
Symphorien sur Coise, et
allongement de la voie à partir de Maclas en direction de la
Vallée du Rhône… Sur
les côteaux Nord de la vallée du Gier, près
du village de Saint-Joseph, une ligne de chemin de fer enjambait la
vallée du
Bozançon par le pont de la Boutonne. Ce parcours est aujourd’hui
converti en
sentier de promenade et permet de découvrir des vestiges des
travaux réalisés
alors, en particulier deux piles assez impressionnantes supportant un
tablier
destiné à supporter la voie ferrée. Contrairement
à notre Galoche la ligne de
la vallée du Bozancon ne sera jamais terminée, et elle ne
verra jamais circuler
de trains. Plus
loin de nous, dans la Haute Loire, c’est
la ligne dite La transcévénole qui devait relier le
Puy-en-Velay à Aubenas, qui
nous a laissé un magnifique ouvrage d’art, le viaduc de la
Recoumène. La
réalisation du projet : Le
tracé de la Galoche St Héand -Maclas fut
arrêté
en 1893 par le Conseil Général de la Loire, et le dernier
tronçon fut réalisé
en 1917. Ouverte en 1905, la voie fut exploitée jusqu'en 1931. L'inauguration
de la ligne de chemin de fer à
Pélussin a eu lieu le dimanche 6 aout 1905 en présence du
préfet de la Loire
qui s'est déplacé de Saint- Etienne mais n'a pas
daigné monter dans le train,
et a fait le trajet ...en calèche !
Le
parcours : Longueur
de la ligne : environ 53km. 20
arrêts La
vitesse était en moyenne de 18 km par heure. La
ligne partait de St Héand, où elle frôle les
clients du café Picard assis devant le bar. Dans la descente sur
l’Etrat se
trouvait le premier ouvrage d’art, un tunnel de courte distance, le
tunnel
toujours en place, bouché par la végétation. St
Etienne disposait d’un arrêt au Soleil. En
partant de Saint-Etienne, le train desservait La Talaudière, et
Sorbiers.
Vestige
de La Galoche
Pour
relier St Chamond à partir de Sorbiers la
ligne prenait la vallée du Langonand, longeait le champ de tir
puis coupait la
route pour suivre la rive droite de la rivière. Elle enjambait
le Langonand
pour passer sur la rive gauche peu après le Champ de Tir.
Après une dernière
courbe, la voie se confondait avec la route jusqu’au Champ du Geai.
Dans cette
vallée, la ligne disposait de deux arrêts un à la
guinguette sur la commune de
Sorbiers ; le deuxième aux aqueducs romains situés avant
St Chamond. Dans St
Chamond, un premier arrêt se trouvait au croisement de la rue
Wilson et de la
route de Lyon. Un second arrêt était situé
après le carrefour Lamartine. A
partir du Champ du Geai la Galoche utilisait les rails du tram. De St
Chamond à la Bachasse le tracé suit la route nationale. La
Grand-Croix possédait une gare. A
partir de la Bachasse la Galoche quittait la
voie du tramway pour monter en direction de la Croix de bois ; le mur
de
soutènement est toujours en bon état sur le
côté gauche de la route. A
cette époque au-dessus du carrefour de la
Bachasse se dressait l’imposant Chevalet de mine du puits Saint Louis,
et sur une autre carte postale nous pouvons apercevoir un wagon
chargé
de rondins de bois vraisemblablement destiné à
étayer les galeries de mines.
Après
le carrefour de la Croix de Bois le
chemin qui passe sous l’importante ferme du Mont existe toujours. Il
débouche à
la Merlanchonière, un arrêt qui desservait les usines
Gonin. Puis la voie se
dirige vers la gare de St Paul en Jarez. La
gare de Saint Paul était suivie d’un viaduc
de 5 arches sur le Dorlay. Il est maintenant réservé aux
marcheurs qui suivent
souvent sans le savoir le parcours de la Galoche le long du la
rivière. La
ligne suivait ensuite le Dorlay, passait par
le pont Désiré le long de usines Marquise. Sur la gauche
avant Moulin Payre il
reste les vestiges d’un petit arrêt pour les ouvrières des
usines textile de
Moulin Payre, étape importante avec une usine de tissage, un
moulin à farine et
une pillerie de quartz. Au
niveau du hameau des Granges, pour éviter
une courte mais importante côte, la ligne passe sous le
côté droit de la route,
et à ce niveau il existe encore une petite borne
kilométrique au pied du mur de
soutènement. Après
Moulin Payre, la voie quittait la vallée
en partant sur la gauche à l’assaut de la montagne en direction
de la Terrasse
sur Dorlay. Les murs de soutènement sont toujours en place et en
bon état.
L’arrivée sur La Terrasse sur Dorlay se trouve au niveau de la
mine de quartz
sur la route du col de Pavezin. Il faut descendre au centre du village
pour
trouver la gare qui existe toujours. En raison de
l'exiguïté de la vallée, il
était impossible d'aménager une boucle pour que la ligne
puisse suivre la route
vers le col de Pavezin et prendre de l'altitude. Il fallut donc
aménager un
rebroussement qui obligeait à des manœuvres et de grosses pertes
de temps. Au
fond de la place une citerne permettait le ravitaillement en eau de la
locomotive. Il
y avait un changement de locomotive, sur la
place de la Terrasse. Une locomotive attendait l’arrivée de la
Galoche de St
Héand, qui à cet endroit, tournait le dos au col de
Pavezin,
grâce à un
aiguillage, la locomotive en attente qui était, elle, dans le
bon
sens pouvait
accrocher les wagons et partir en direction de Pélussin Montant
ensuite vers le col de Pavezin le long
de la RD 7, la ligne passait au hameau du They. La
Croix du Mazet marque la fin de la montée la
plus raide de toute la ligne. Le parcours est presque plat jusqu’au col
de
Pavezin. Entre la Croix du Mazet et un petit tunnel se trouvait un
réservoir de
3000 litres alimenté par une petite rivière toute proche
pour faire le plein
d’eau de la locomotive. Le
trajet s’effectuait alors dans une forêt de
châtaigniers et de fayards sur les
flancs des Crêts de Montivert et de Baronnette. Aux
Maranches la ligne coupait un virage de la
route par le court tunnel courbe de grand Bois, de 40 m de long. Il est
en bord
de route, son accès est très facile ; il est en bon
état. La
gare du col de Pavezin était le point
culminant de la ligne. C’était une étape importante qui
desservait une colonie
de vacances et trois hôtels. La
gare est toujours visible, sur la droite de
la route avant le col. En plus, des travailleurs et des marchandises,
la Galoche a
permis à de nombreux touristes de venir au col de Pavezin, pour
profiter de la
campagne et des nombreux chemins de randonnées du massif du
Pilat. Puis,
on plongeait dans la vallée du Rhône en
direction de Pélussin en passant près de Chuyer. Des
arrêts aux hameaux de
Bourchargny, et de l’Ollagnière (hameau important qui
possédait autrefois une
école), Vaubertrand. Enfin, on arrivait à
Pélussin. Avant
le prolongement de la ligne la gare de
Pélussin était le lieu de retournement du train. Pour
éviter les conflits, la
gare est située au milieu du village pour que
l'accès
soit le même pour tous
les habitants du village. La
ligne sera prolongée jusqu’à Maclas grâce au
travail de prisonniers allemands qui travailleront sur les deux
aqueducs de
Pélussin. A
Maclas, la Galoche s’arrêtait à l’entrée du
village sur la place du 8 mai 1945 où l’ancienne gare existe
toujours
transformée en habitation. Une plaque tournante
permettait de
remettre la Galoche dans l’autre sens pour repartir à St
Héand avec une moyenne
de trois trains par jour. Les
viaducs : Lorsque
la ligne est prolongée de Pélussin à
Maclas en 1915, deux grands viaducs sont réalisés :
Les
deux viaducs
•Le
viaduc nord, dit de Pélussin, de 171 m de
long par 4 m de large franchit la vallée du Régrillon
à une hauteur de 45 m. Il
se compose d'une arche principale de 55 m de portée, et de six
arches de 10 m
d’ouverture côté Pélussin, plus quatre arches
identiques
côté Maclas. •Le
viaduc sud, dit de Charavine, franchit le
vallon du Charantonnet. Il est plus modeste avec ses 93 m de long, ses
22 m de
haut et ses 8 arches plein cintre de 10 mètres d'ouverture. La
ligne sera fermée en 1931 et les rails
retirés en 1934. Le tablier des deux viaducs sera alors
goudronné pour
faciliter l'accès piéton au village.
Le
matériel : Pour
assurer la circulation de ses trains la
Compagnie des Chemins de Fer Départementaux de la Loire
(C.F.D.L.) disposait de
douze locomotives de marque Pinguely fabriquées dans la
région lyonnaise. Ces
locomotives Pinguely type 1880, avaient un poids en charge de 28
à 35 tonnes,
elles tiraient soit des wagons (en bois) pour les voyageurs de 1ere et
2eme
classe, soit pour les marchandises des fourgons de wagons plats et
houillers et
d’un wagon postal. Les wagons de voyageurs étaient
équipés d’un éclairage,
assuré par des lampes à huile en applique, et d’un
chauffage grâce à de petits
poêles à bois disposés au centre du wagon. Certaines
de ces locomotives avaient été
baptisées et portaient le nom de : « Le Forez »,
« Le Furan », « Le Soleil ». Le
personnel : 33
personnes A
Pélussin 2 chefs de train 2 convoyeurs pour
la poste La
Grand-Croix : 2 équipes formées chacune d’un
mécanicien et d’un chauffeur. A
la Terrasse une équipe (mécanicien et
chauffeur) un chauffeur de nuit. Pour la voirie environ 18
employés.
Pélussin
Incidents
et accidents : Si
la période d’activité de la Galoche
n’atteignit pas trente ans, ce ne fut pas pour autant dans un contexte
de
sécurité absolue : pannes, déraillements,
collisions jalonnèrent la vie de ce
service de transport, avec des conséquences souvent
anecdotiques, mais parfois
dramatiques. En cause, souvent, le mauvais état des voies et
leur entretien
insuffisant. Des
retards à répétition, des dégâts
matériels
parfois spectaculaires par exemple à Pélussin en juin
1912, lorsque le train
heurte le buttoir de fin de ligne, le démolit et finit sa course
folle dans un
jardin, sept mètres en contrebas. Conséquences
dramatiques parfois, comme en mars
1917 où un train de marchandises s’emballe dans la vallée
du Langonand : les
trois mécaniciens impuissants sautent au sol ; l’un deux,
projeté sous les
roues du train, y perdra la vie. Le train poursuit sa course folle
jusqu’à
percuter une voiture, y faisant trois blessés. La
fin de la Galoche : Dès
1928 se pose la question de la pérennité du
service apporté par la galoche. Différentes solutions
sont étudiées :
électrification de la ligne, remplacement des locomotives
à vapeur par des
motrices à essence, abandon de la ligne pour des solutions comme
les
lignes d’autobus… Des
calculs économiques mettent en évidence le
faible coût de la solution routière par rapport au chemin
de fer. D’autre part,
cette solution se détache nettement pour la souplesse possible
et la facilité
d’adaptation aux besoins des usagers. Après
bien des débats, c’est finalement la
solution "autobus" qui fut retenue et actée en 1931. Avec le
soutien des
habitants de Chuyer et de la vallée du Dorlay, la Galoche
s’offrit un dernier
combat et fut rétablie quelque temps pour desservir les
habitués des marchés du
jeudi et du samedi. Quelques années virent un système
mixte entre train et
autobus. En
octobre 1936, la totalité de la ligne de
Saint-Héand à Maclas desservie par des trains à
vapeur avait fini de vivre. |
Saint-Héand
|
La Talaudière |
La Talaudière |
Saint Chamond |
La Grand Croix |
La Terrasse-sur-Dorlay |
Col de
Pavezin
|
Col de Pavezin |
Pélussin |
Pélussin |
Maclas
|
Maclas |
Vous
pouvez à présent retrouver notre nouvel invité :
<ICI>
Pierre-Alexandre-Nicolas |